R É F É R E N C E

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U N E
R É F É R E N C E . . .
RÉFÉRENCE
Sherrid MV, Barac I, McKenna WJ et al.
Multicenter study of the efficacy and
safety of disopyramide in obstructive
hypertrophic cardiomyopathy. ❏ J Am
Coll Cardiol 2005;45:1251-8.
LE FOND
Cette étude rétrospective regroupant quatre
grands centres (aux États-Unis, en Pologne
et au Royaume-Uni) a évalué l’efficacité et
la tolérance du disopyramide pour une
population de 118 patients porteurs
d’une cardiomyopathie hypertrophique
obstructive (CHO) et traités par ce médicament sur décision de leur praticien.
Leur taux de mortalité a été également
comparé à celui de 373 patients ayant une
CHO, non traités par disopyramide.
Les patients traités par disopyramide (débuté à la dose de 200 à 250 mg x 2/j, sans
dépasser habituellement 600 mg/j, soit en
moyenne 432 ± 181 mg/j) ont été suivis
pendant 3,1 ± 2,6 ans ; 115 d’entre eux
(97 %) recevaient également un bêtabloquant. Soixante-dix-huit patients (66 %)
n’ont pas nécessité de procédure invasive
(myectomie, alcoolisation septale, pacemaker) pendant un suivi de 3,3 ans.
Leur gradient intraventriculaire gauche
de repos est passé de 75 à 40 mmHg
(p < 0,0001), et la classe fonctionnelle
NYHA de 2,3 à 1,7 (p < 0,0001).
Les 40 autres patients (34 %), qui n’ont pas
obtenu de résultats satisfaisants sous disopyramide (mauvais contrôle des symptômes
et du gradient intraventriculaire restant
≥ 50 mmHg, effets indésirables) ont requis
des interventions dans un délai moyen de
deux ans par rapport à l’instauration du traitement : 22 myectomies septales chirurgicales, 10 alcoolisations septales, 8 pacemakers double-chambre. Ces patients, dont les
caractéristiques de base n’étaient pas différentes de celles des répondeurs, avaient
conservé sous disopyramide des gradients
intraventriculaires gauches plus élevés (63
contre 40 mmHg pour le groupe répondeur ;
p = 0,001). Leur classe fonctionnelle NYHA
restait inchangée sous disopyramide.
La Lettre du Cardiologue - n° 396 - juin 2006
Cardiomyopathie
hypertrophique
obstructive : une place
pour le disopyramide
En ce qui concerne la comparaison des
118 patients sous disopyramide et des
373 patients porteurs de CHO non traités
par ce médicament, il n’y a pas de différence significative quant à la mortalité cardiaque annuelle (respectivement 1,4 % et 2,6 % par an ; p = 0,07).
Il en est de même pour la mortalité
subite (1 % et 1,8 % par an ; p = 0,08).
COMMENTAI RES
Antiarythmique de classe I, le disopyramide peut réduire le gradient intraventriculaire gauche et améliorer les symptômes
d’une CHO. Lors des recommandations
américaines et européennes 2003 concernant les cardiomyopathies hypertrophiques, le disopyramide côtoie dans l’arbre
décisionnel thérapeutique les bêtabloquants et le vérapamil pour traiter médicalement des patients symptomatiques ; il est
habituellement envisagé en seconde intention après échec d’une monothérapie. Son
rôle bénéfique est attribué à ses effets
inotropes négatifs.
Sous disopyramide (et bêtabloquant),
les deux tiers des patients étudiés ont pu
être équilibrés sur un suivi ≥ 3 ans, avec
une amélioration fonctionnelle significative et une réduction proche de 50 % de
leur gradient intraventriculaire gauche
au repos, qui devenait ainsi inférieur au
seuil interventionnel (50 mmHg).
La mortalité cardiaque globale ou subite
n’est pas différente pour les patients
porteurs de CHO qu’ils soient ou non
traités par disopyramide, alors même
que le disopyramide a été prescrit à
des patients plus symptomatiques et
aux gradients intraventriculaires de
repos plus élevés. Cela plaide pour
l’absence d’effets proarythmiques, le
disopyramide restant déconseillé en
présence d’amiodarone ou de sotalol.
On peut donc considérer l’introduction
du disopyramide en association avec
un bêtabloquant comme une option
thérapeutique à discuter pour les
patients porteurs de CHO restant
symptomatiques sous monothérapie,
avant d’envisager des procédures invasives (pacemaker, alcoolisation, myectomie).
BI BLI OGRAPHI E
Les 46 références annexées comportent
plusieurs études sur le disopyramide
dans le cadre des CHO. Sont citées les
recommandations communes américaines et européennes concernant les
cardiomyopathies hypertrophiques parues
en 2003 (J Am Coll Cardiol 2003;42:
1687-713 et Eur Heart J 2003;24: 196591), qui intègrent un arbre décisionnel
thérapeutique.
MOTS-CLÉS
Cardiomyopathie hypertrophique obstructive - Disopyramide - Traitement médical.
TI RÉS À PART
Dr. MV Sherrid, St. Luke’s-Roosevelt
Hospital Center, College of Physicians
and Surgeons, Columbia University, 1000
10th Avenue, 3B-30, New York 10019,
United States.
E-mail : [email protected]
C. Adams,
service de cardiologie, CH Argenteuil
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