La Lettre du Cardiologue - n° 367 - septembre 2003
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INFORMATIONS
Les deux études rapportent des résultats proches, avec en
moyenne un affinement des QRS stable dans le temps, une amé-
lioration du stade de NYHA, du périmètre de marche et de la qua-
lité de vie. Sur le plan hémodynamique, MUSTIC a individua-
lisé une augmentation de la FE de 24 à 31 % à 2 ans, ainsi qu’un
remodelage avec réduction des diamètres télédiastoliques (74 mm
à 68 mm) et télésystoliques (65 à 58 mm). Pour sa part, INSYNC
a relevé une progression de la FE de 22 à 26 %, ainsi qu’une amé-
lioration du remplissage du ventricule gauche, objectivée par
l’amélioration de l’intégrale temps/vitesse du flux transmitral. Ce
dernier point est expliqué par le fait que la contraction simulta-
née des parois ventriculaires améliore la fin de la systole, per-
mettant un allongement de la diastole.
Le bénéfice fonctionnel est obtenu même chez les patients dont
l’amélioration de la FE est faible. En fait, la stimulation n’agit
pas seulement grâce à l’amélioration de la contractilité, mais aussi
grâce à une variable espace-temps qui entraîne une synchronisa-
tion et une mobilisation simultanées des parois, malgré une ampli-
tude de déplacement identique.
De même, les bénéfices de la stimulation sur les paramètres fonc-
tionnels ne sont pas corrélés à l’affinement des QRS.
Enfin, l’étude MIRACLE randomise en parallèle des patients
aux caractéristiques proches des études précédentes, mais com-
portant des blocs de branches gauches de durée plus faible
(130 ms) ou des blocs de branches droits (en rapport dans 80 %
des cas avec des troubles conductifs intra-VG, notamment dans
les cardiopathies ischémiques). La proportion de ces dernières
est, en outre, plus importante. Dans cette étude, tous les patients
sont implantés et randomisés en patients stimulés. Des résultats
favorables ont été relevés tant sur le plan de la NYHA (16 % des
patients ont diminué leurs stades de deux classes, 52 % d’une
classe), de l’exercice réalisé, de l’amélioration de la FE (+ 4,6 %)
que sur la régression de l’insuffisance mitrale.
Trente-deux pour cent des patients du bras “non stimulé” se sont
sentis améliorés en l’absence de toute stimulation relevant d’un
effet placebo !
Une diminution des événements cardiovasculaires a cependant
été noté dans le bras stimulé.
Dans les deux premières études, et bien que la mortalité ne fût
pas un critère d’étude, 78 % des patients étaient encore en vie au
bout de 2 ans.
Une analyse plus fine des résultats de ces études a été nécessaire
pour déterminer quels étaient les critères permettant de dire que
les patients étaient répondeurs à la stimulation.
Différents critères peuvent être proposés :
– une amélioration du stade de la NYHA d’au moins une classe,
– une amélioration de la FE de 5 %,
– des critères combinés sur un gain d’une classe de la NYHA, de
20 % sur le score de qualité de vie, de 10 % sur le périmètre de
marche.
Le choix d’un critère, de deux critères sur trois, l’évaluation de
la dyspnée ou une analyse de la FE comme critères de succès
expliquent la grande variabilité sur le bénéfice de la stimulation.
En effet, avec les résultats de l’étude INSYNC, le choix d’un des
trois critères combinés apporte 83 % de réponses positives à la
stimulation, contre 57 % si l’on s’impose 2 critères sur 3 ou 51 %
si l’on choisit une élévation de 5 % de la FE. Cela explique l’im-
portance majeure de s’accorder sur des critères de réponses.
Néanmoins, les résultats globaux de ces études sont positifs et
font de la stimulation une arme de qualité égale aux traitements
médicamenteux dans l’arsenal thérapeutique de l’insuffisance
cardiaque. La complexité des interactions des traitements rend
nécessaire une prise en charge commune par les hémodyna-
miciens-électrostimulistes, afin d’optimiser le traitement de
l’insuffisant cardiaque.
SUPPLÉANCE CARDIAQUE ET GREFFE
CARDIAQUE : OÙ EN SOMMES-NOUS EN 2003 ?
À l’occasion de cette réunion, le Pr A. Pavie, chirurgien cardiaque
à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, a exposé les progrès de la prise
en charge des patients au stade avancé de la déchéance myocar-
dique, notamment l’aide que représentent les techniques d’assis-
tance circulatoire en attendant une greffe ou en cas d’impossibi-
lité de celle-ci.
En effet, depuis le 27 avril 1968, s’est développée en France la
transplantation cardiaque, seule prise en charge associée à une
survie prolongée. Malheureusement, l’information “grand public”
qui accompagne tout progrès scientifique a eu pour conséquence
une désaffection pour le don d’organe. Ainsi, actuellement, le
nombre de transplantations est en forte baisse.
Par ailleurs, la moyenne d’âge des donneurs est en progression
(45 ans contre 33 auparavant) ainsi que celle des receveurs
(48 ans contre 31).
Parmi les cardiopathies bénéficiant de la technique, on relève une
progression des cardiopathies ischémiques par rapport aux car-
diopathies dilatées.
Une autre évolution, également du fait de la pénurie de greffons,
consiste à ne pas toujours tenir compte du sexe et du groupe san-
guin du donneur par rapport aux receveurs, avec 30,3 % de mis-
match pour le sexe et 1,6 % pour le groupe sanguin.
Les délais d’attente sont en hausse, avec une moyenne à 3,7 mois
(de 1,1 à 12,2 mois), variable selon les groupes sanguins (3,2 mois
pour le groupe O, 3,4 mois pour le groupe A, 5 mois pour le groupe
B, 8,5 mois pour le groupe AB).
À l’heure actuelle, les durées de vie des greffons s’allongent,
30 % atteignant les 10 ans, voire même, pour 2 patients, les
20 ans, cela permettant de rappeler que cette efficacité est corré-
lée à la qualité du greffon ainsi qu’à une bonne sélection du rece-
veur. En effet, même porteur d’une cardiopathie évoluée, ce der-
nier aura un pronostic d’autant meilleur que l’inscription sur la
liste d’attente sera précoce avant une atteinte rénale, pulmonaire
ou hépatique irréversible.
Devant ces problèmes d’attente et de pénurie de greffon, une solu-
tion d’attente temporaire a été développée : les systèmes d’as-
sistance circulatoire externes et internes.
S’ils ne constituent pas à l’heure actuelle le remède miracle, ils
permettent à un quart des patients de parvenir à la greffe dans de
bonnes conditions, en constituant un véritable pont jusqu’au jour
de la chirurgie.