bien confirmer indirectement l’implication
du syndrome X. On connaît en effet la liai-
son entre excrétion urinaire d’albumine, dom-
mage vasculaire et protéines de l’inflamma-
tion ; or, à l’heure actuelle, on explore très
activement les propriétés pro-inflammatoires
du tissu adipeux abdominal (12).
Le dépistage
de l’athérosclérose
infraclinique
Un stade de plus dans l’évaluation du risque
cardio-vasculaire d’un diabétique, au-delà de
l’établissement de son “profil de risque”, est
la recherche de lésions athéromateuses avé-
rées, mais sans manifestations cliniques.
L’objectif est double :
–pronostique, la présence de lésions signant
incontestablement un risque à court terme
sévère ;
–thérapeutique, la découverte d’une locali-
sation vasculaire amenant à mettre en œuvre
des mesures de protection spécifiques liées
au territoire atteint.
À l’heure actuelle, ce double objectif pour-
rait être satisfait dans le cas du dépistage de
l’artériopathie des membres inférieurs par la
mesure de l’index de pression systolique che-
ville-bras (IPS). Cet index est en effet sen-
sible et très pronostique, non seulement sur
le risque d’évolution locale, mais surtout sur
le risque cardio-vasculaire général (13). Une
étude écossaise a par exemple montré, chez
des non-diabétiques, que des patients asymp-
tomatiques à index bas (pathologique) pré-
sentaient un risque de complication coronaire
sur 5 ans presque identique à celui de patients
claudicants (14). Il serait sans doute souhai-
table que la mesure de l’IPS devienne plus
systématique, ou au moins que son intérêt soit
évalué chez les diabétiques, sachant qu’ils
sont très touchés par ce type de complication
vasculaire mais que l’IPS est peut-être moins
fiable du fait de l’existence d’artériopathies
à haut débit.
Le dépistage de l’ischémie myocardique si-
lencieuse part des mêmes principes (évaluer
le risque à court terme et intervenir pour pro-
téger les coronaires) mais soulève encore bien
des interrogations quant à son “rendement”,
donc son intérêt in fine (15). Le problème
vient principalement des moyens de dépis-
tage actuellement disponibles : l’épreuve
d’effort, relativement simple et peu coûteuse,
est souvent irréalisable en pratique et appa-
remment assez peu sensible ; à l’inverse, la
scintigraphie myocardique, plus sensible
(peut-être trop), est un examen beaucoup plus
lourd et plus coûteux, réservé de fait aux
centres spécialisés.
De plus, en termes strictement pronostiques,
la découverte d’une ischémie myocardique
silencieuse pourrait ne pas être plus prédic-
tive d’accident que le simple bilan des fac-
teurs de risque “classiques” associés éven-
tuellement au diabète (16) ! Des progrès sont
donc à faire, soit pour développer des mé-
thodes de dépistage simples et sensibles, soit
pour mieux cibler les diabétiques les plus sus-
ceptibles d’en bénéficier.
Conclusion
Au terme de cette revue, il nous semble avoir
fait le tour de quelques-uns des éléments prin-
cipaux permettant, à ce jour, d’évaluer le
risque cardio-vasculaire d’un diabétique :
–le fait qu’il soit diabétique ;
–la possibilité qu’il soit aussi hypertendu ou
hypercholestérolémique ;
–“l’intensité” de son syndrome X ;
–la présence, ou non, d’une microalbu-
minurie ;
–la présence, ou non, de lésions infracli-
niques (tableau III).
Évidemment, il n’existe pas de “combinai-
son pondérée idéale” qui pourrait transfor-
mer l’appréciation personnelle (et donc sub-
jective ?) de chacun au vu de ce profil de
risque en un chiffre “absolu”, valable pour
tous. Rappelons à ce sujet que les équations
de Framingham et dérivées (17, 18) ne pren-
nent en compte que les facteurs de risque
“classiques” associés au diabète, la variable
“diabète” de l’équation étant d’ailleurs défi-
nie sans référence à aucun des consensus of-
ficiels, passés ou présents. De toute façon, la
valeur de ces équations de risque est en fait...
toute relative, et les résultats difficiles à ex-
trapoler d’une population à une autre, à moins
de corrections continuelles de coefficients qui
vont à l’encontre exact de leur objectif dé-
claré “d’universalité” (18).
Rappelons également, pour conclure, que la
décision d’agir pour prévenir les accidents
cardio-vasculaires ne peut être uniquement
fondée sur la connaissance du “risque ab-
solu”. Si c’était le cas, la prévention serait
probablement jugée inutile chez les diabé-
tiques français, dont le risque cardio-
vasculaire absolu est au niveau de celui de la
population générale finlandaise (19) ! C’est
donc bien le risque relatif (environ deux fois
plus élevé chez les diabétiques, partout dans
le monde) qui nous incite à mettre en œuvre
au plus tôt, et sur le simple fait d’un dia-
gnostic de diabète, des mesures de préven-
tion énergiques.
●
Références
1. Haffner SM, Lehto S, Rönnemaa T, Pyörälä K,
Laakso M. Mortality from coronary heart disease in
subjects with type 2 diabetes and in non diabetic sub-
jects with and without prior myocardial infarction.
N Engl J Med 1998 ; 339 : 229-34.
2. Lotufo PA, Gaziano M, Chae CU et al. Diabetes
and all-cause and coronary heart disease mortality
among US male physicians. Arch Intern Med 2001 ;
161 : 242-7.
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Le Courrier de l’Arcol et de la SFA (4), n° 1, avril/mai/juin 2002
Tableau III. Principaux éléments à prendre en compte pour évaluer le risque cardio-vasculaire
d’un diabétique de type 2.
1. L’existence du diabète en lui-même
2. Les facteurs de risque “classiques” : – âge, sexe, antécédents familiaux
– tabac
– hypertension artérielle
– hyper-LDL-cholestérolémie
3. Les facteurs de risque “diabétiques” : – hyperglycémie
– hypertriglycéridémie/hypo-HDL-cholestérolémie
– obésité, en particulier abdominale
– microalbuminurie
4. Localisations athéromateuses infracliniques : – artériopathie des membres inférieurs
– ischémie myocardique silencieuse