In the sumertime (4) par Pascal Reichler
Apports des néo- Babyloniens à l'astronomie (de -626 à -539)
Bulletin de la Société Astronomique du Valais Romand Page 10
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La période d'or de Babylone aura duré moins de
cent ans, mais marque l'Histoire aujourd'hui en-
core. Puissance, magnificence, débauche tout se-
ra attribué à la mégalopole au cours des siècles
par les savants qui se penchèrent sur cette pé-
riode : des jardins suspendus dont on ne trouve
pas trace et qui vraisemblablement furent ceux de
Ninive, des connaissances astronomiques supé-
rieures en particulier dans la prévision des éclip-
ses solaires et lunaires et une fascination envieuse
et critique chez le poète Jérémie qui parle de
"Babylone, une coupe d'or dans les mains de Yah-
vé qui enivrait toute la terre". A l'apogée de sa
puissance, sous le roi Nabuchodonosor II, la civi-
lisation chaldéenne (dite néo-babylonienne) avait
soumis tous les peuples en Mésopotamie et sur la
côte méditerranéenne jusqu'à Gaza. Le royaume
de Juda entre autres fut vidé de ses habitants,
conduits en exil à Babylone puis renvoyés chez
eux. C'est le thème du Nabucco de Verdi. Cette
période de l'histoire a connu six rois, aux durées
de règne très disparates. Trois passèrent à la pos-
térité : Nabopolassar, libérateur de Babylone, son
fils Nabuchodonosor II dont le règne de qua-
rante-trois ans constitue l'apogée de Babylone, et l'étrange et
illégitime Nabonide, arrivé au pouvoir suite à une série de
complots. Ce sera le dernier roi d'une Mésopotamie autonome
et le plus mystique adorateur de la Lune.
L'ordonnance du Zodiac semble à nos amis ésotériques et au-
tres adeptes du Poil Occulte l'apport principal des astronomes
mésopotamiens. On le sait, cette civilisation mathématisait
en base 60 et tout naturellement leurs astronomes divisèrent
le ciel en 12 secteurs couvrant chacun 30 degrés d'angle.
Cette volonté d'organiser la représentation de la voûte céleste
répondait à un besoin : relever les déplacements des planètes
par rapport aux étoiles fixes et pouvoir en interpréter la signi-
fication astrologique. Un autre impératif de l'astronomie ba-
bylonienne était la fixation de calendriers nécessaires à la vie
sociale et religieuse. Jusqu'à cette période de nombreux textes
décrivaient les phénomènes célestes : éclipses, parhélies, ha-
los, nuages. Les Assyriens avaient compulsé des relevés dé-
taillés des apparitions et disparitions de la Lune et de Vénus.
Mais sous le règne de Nabuchodonosor, une intense activité
astronomique se développe. En témoigne un almanach retrou-
vé, traitant de la 37ème année de ce règne. La tablette montre
l'attention pointilleuse portée au cheminement des planètes.
On le sait, le jour, l'an et les lunaisons ne sont pas commensu-
rables, n'ont donc pas d'unité commune. Les tablettes à notre
disposition montrent que les Babyloniens n'ont comptabilisé
que des mois lunaires. La mise au point d'un calendrier fiable
a permis le développement d'outils mathématiques à même de
décrire la périodicité des phénomènes célestes. Le mois com-
mençait à la première apparition du croissant lunaire. Le jour
Tablette, mesurant 45 x 54 mm conservée au British Museum. C'est
une chronique, datant des dernières années du règne de Nabopolas-
sar, narrant les guerres des Babyloniens pour le contrôle de l'ancien
empire assyrien.
Reproduction d'une tablette babylonienne sur laquelle
sont consignées des observation de la planète Saturne.