en Corée, le général étasunien Matthew Ridgway. Une manifestation traditionnelle pour les libertés
emmenée notamment par le PCF et la CGT, et encadrant en n de cortège un regroupement d’Algériens,
est violemment réprimée sur la place de la Nation le 14 juillet 1953. Sept hommes, dont six Algériens,
sont tués. On le voit, avant le déclenchement de la guerre de libération des Algériens, la violence de l’État
français s’était déjà largement manifestée. Le 5 janvier 1955, François Mitterrand, qui est alors ministre de
l’Intérieur et qui sera un an plus tard Garde des Sceaux, défend la nécessité d’un surcroît de répression: ce
sera l’état d’urgence pour le territoire algérien voté le 3 avril. Le 12 mars 1956, les dispositions de la loi de
l’état d’urgence autorisent l’armée française stationnée en Algérie à bénécier de pouvoirs spéciaux incluant
la torture, en Algérie comme en France, des opposants algériens tout autant que français (à l’instar de celle
qui frappa à mort Maurice Audin et faillit ôter la vie à Henri Alleg). À cette occasion, les directions de la
SFIO et du PCF s’allient au gouvernement dirigé par le socialiste Guy Mollet au nom du consensus colonial
cimentant l’unité idéologique de «l’État impérial-républicain» [Olivier Le Cour Grandmaison]. Cette unité a
encore favorisé la répression de la manifestation prévue le 9 mars contre le vote des lois d’exception, dont le
nombre de victimes reste aujourd’hui toujours inconnu. L’extension des pouvoirs discrétionnaires s’exerçant
à l’encontre des Algériens vivant et travaillant en France est votée en juillet 1957, preuve de la reconduction
du principe juridique du «corps d’exception» au moment même où il est le plus contesté par ses victimes.
En septembre 1956, est enclenchée la « Bataille d’Alger » qui, remportée sur le terrain militaire par les
paras de l’Armée française, s’est dialectiquement renversé en victoire politique de l’ALN (l’Armée de Libération
Nationale, le bras armé du FLN) qui a su radicaliser chez le peuple algérien le désir de son indépendance. Le
coup d’état du 13 mai 1958 mené entre autres par les militaires Edmond Jouhaud, Jacques Massu et Raoul
Salan, légitime l’arrivée au pouvoir de Charles de Gaulle, investi par le parlement le 1er juin puis reconduit
dans ses fonctions par le référendum du 28 septembre instituant la Ve République. Entre le 22 et le 26 avril
1961 s’organise un nouveau putsch initié par les généraux Edmond Jouhand et Raoul Salan accompagnés des
généraux André Zeller et Maurice Challe qui, s’emparant du pouvoir à Alger pendant quatre jours, contestent
la politique gaullienne de l’autodétermination progressive de l’Algérie (accélérée notamment depuis le
référendum du 8 janvier 1961). Pendant que l’Organisation Armée Secrète (OAS) devient opérationnelle
le 5 mai 1961, la fédération française du FLN considère que la guerre doit également s’appliquer sur le
territoire métropolitain qui absorbait à cette époque toujours plus de migrants algériens. Ces « émigrés-
immigrés » (Abdelmalek Sayad) travaillaient, au mieux dans les usines métropolitaines, pour la plupart sur
les chantiers publics, quand ils n’étaient pas voués au chômage temporaire ou à l’instable de l’emploi. Ce
qui concernait 50 % des prolétaires algériens acculturés aux processus coloniaux de « déracinement » ayant
dévasté l’économie traditionnelle du pays d’origine (particulièrement la région de Kabylie). Dans un souci
d’élimination dénitive du concurrent dont il était pourtant issu, le MNA (Mouvement National Algérien)
créé par Messali Hadj à la suite du PPA en 1954, et dans une volonté drastique de contrôle de la population
algérienne émigrée-immigrée, la fédération française du FLN se lance dès août 1958 dans la mise en place
sur le sol métropolitain d’un second front de lutte. En 1960, l’organisation spéciale (OS), le bras armé de la
fédération française du FLN, a défait son rival le MNA, et, en réussissant à installer en région parisienne deux
wilayas (dénomination arabe désignant des divisions administratives), a parachevé sa volonté d’encadrer
autoritairement la vie quotidienne des Algériens. Cette guerre dans la guerre a coûté la vie à 4 000 personnes.