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antagonistes : une culture scientifico-
technique (médicale), une culture carita-
tivo-humaniste (soignante) et une culture
budgétaire (administrative). Inutile de
rappeler l’extrême disparité de moyens
entre les secteurs, mal répartis entre le
Nord et le Sud, entre le public et le libé-
ral, et l’absence d’indicateurs qui permet-
tent de vérifier une corrélation éventuelle
entre les moyens et le niveau d’activité.
Parmi les difficultés méthodologiques les
plus nettes posées par cette évaluation,
on relève le parcours du patient souvent
long, à travers différentes structures, avec
une notion de séjour qui reflète très mal
l’activité de soins, le diagnostic qui ne
permet pas de présumer la durée de
séjour ainsi que la pluralité des tech-
niques et des références conceptuelles.
La réflexion qui porte sur les modalités
de création de nouveaux outils se pour-
suit selon deux axes : l’un transversal et
extensif, sur une brève durée, l’autre lon-
gitudinal et rétrospectif sur trois années
successives.
Premier axe de recherche
Une base de données a été constituée, du
1er au 15 décembre 1997 et du 12 au
25 janvier 1998, à partir d’un échantillon
d’établissements représentatifs des clien-
tèles et des prestations de soins. La sélec-
tion par volontariat et tirage au sort a été
effectuée au sein d’une présélection de
centres hospitaliers régionaux, de centres
hospitaliers spécialisés, d’hôpitaux psy-
chiatriques privés faisant, ou non, fonc-
tion d’hôpitaux publics – avec ou sans
hospitalisation complète, de petite,
moyenne ou grande taille – en psychia-
trie générale, psychiatrie infanto-juvé-
nile, psychiatrie en milieu pénitentiaire
et unité pour malades difficiles, ce qui
représente 204 unités (secteurs, services
ou établissements). Cette première
approche doit permettre :
–dans le soin séjour, de sélectionner
parmi les caractéristiques médico-
sociales (âge, sexe, antécédents psychia-
triques, diagnostics...), celles qui sont en
rapport avec une appréciation de la charge
en soins journalière par recueil d’activité
grâce à l’outil EDGARS (prononcez
entretien, démarche, groupe, accompa-
gnement, réunion, soins physiques) afin
de créer un recueil d’informations stan-
dard ;
–dans les soins ambulatoires, de défi-
nir une valorisation moyenne des presta-
tions assurées ; le recueil des actes sera
également nécessaire concernant les
actes dans la communauté, non en rap-
port direct avec un patient.
Le dernier objectif sera de mieux appré-
cier certains effets “parasites” comme les
effets structures (dispersion des lieux
d’intervention, taille des équipes).
Deuxième axe de recherche
Un deuxième axe de recherche, en cours
également, découle des spécificités de la
prise en charge psychiatrique (longue, asso-
ciant différentes modalités de soins). Il
s’agit de vérifier si l’évaluation du poids
économique d’une prise en charge longitu-
dinale est en relation avec certaines caracté-
ristiques médico-sociales. Dans cette
approche, la tentative de définition d’une
“typologie” des patients est fondée sur la
fiche patient qui permet de réaliser une
recomposition du parcours thérapeutique
pendant plusieurs années. Une base de don-
nées multicentrique et rétrospective est en
cours d’élaboration à partir des fichiers de
données médicalisées de tous les secteurs
adultes et des intersecteurs informatisés qui
ont accepté de participer à ce travail.
En somme, on assiste bien à une accélé-
ration du processus de PMSIsation
(imprononçable), même si aucun pays
appartenant au monde dit développé ne
dispose d’un outil d’allocation budgétai-
re psychiatrique pour les établissements
hospitaliers. De façon un peu technique,
on peut conjecturer deux orientations
méthodologiques :
– le paiement à la journée pondérée (uti-
lisé en long et, depuis peu, en moyen
séjours) avec quatre ou cinq types de
journées en hospitalisation temps plein,
et une modulation du coût des prestations
élémentaires en temps partiel ou ambula-
toire ;
– le paiement à la trajectoire de soins.
Cet outil d’évaluation semble devoir
moduler uniquement une partie (?) de la
répartition actuelle des allocations finan-
cières aux établissements de soins, du
moins au début de son application. Si une
décision politique finale était prise, le
PMSI-PSY devrait permettre la mise à
disposition d’un moyen d’appréciation
de la lourdeur des besoins en soins des
patients à l’horizon 2000.
La maîtrise des dépenses hospitalières
représente un impératif pour la survie du
dispositif actuel. Que cette recherche
aboutisse à un boulier amélioré, ou à une
usine à gaz, n’a qu’un intérêt limité si
l’autre volet tout à fait fondamental du
dispositif, appelé accréditation, se mue
peu à peu en arlésienne. La recherche
d’une efficience accrue n’est pas antino-
mique avec la quête de qualité, si la qua-
lité des liens qui peuvent unir la qualité et
la maîtrise des coûts paraissent se confir-
mer. Cependant, aucun référentiel d’ac-
créditation n’est publié à ce jour et les
hôpitaux n’ont reçu aucune directive
concernant le calendrier et la mise en
œuvre de l’accréditation qui, seule, est en
mesure de vaincre l’ambivalence des
psychiatres vis-à-vis de l’évaluation.
Le résumé de cet article a été publié dans le
SPEP Info de mars 98.