Vie professionnelle L a rubrique "Vie professionnelle" est aussi la vôtre. En dehors des articles de fond, nous souhaitons qu’elle puisse aussi laisser la place à une tribune libre dans laquelle chacun des acteurs de notre spécialité s’exprime. Si donc vous voulez faire connaître vos idées, vos réflexions, si vous souhaitez communiquer des informations qui vous paraissent utiles pour nos collègues, n’hésitez pas à nous écrire : Charles-Siegfried Peretti, rédacteur en chef, revue Psychiatrie , Médica-Press, 62-64, rue Jean-Jaurès, 92800 Puteaux. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir à propos du PMSI-PSY sans avoir osé l’imaginer P. Basard* D’ origine anglo-saxonne, le PMSI (prononcez paix, aime, est-ce, scie) et son corollaire le point ISA (prononcez Indice Synthétique d’Activité) ont vu le jour en MCO (prononcez médecine, chirurgie, obstétrique) et en rééducation fonctionnelle à l’occasion de l’ordonnance ministérielle du 24 avril 1996 portant sur la comparaison entre les ressources et les moyens des unités de soins. Le succès a dépassé les espérances : certains directeurs, pour attirer les médecins qui commencent à devenir une denrée rare, vu la courbe de la démographie médicale, publient maintenant des annonces du type : “Directeur d’un * Centre hospitalier spécialisé, Plaisir. Act. Méd. Int. - Psychiatrie (16) - n° 4 - avril 1999 important centre hospitalier, 30 millions de points ISA, recherche praticien...” ; en prélude au dernier vote du budget de la Sécurité sociale au Palais-Bourbon, les députés ont reçu le taux du point ISA de leur région, et probablement de leur circonscription. Au-delà de ces aspects anecdotiques, on peut concevoir que la direction des hôpi- 134 taux souhaite étendre le dispositif de mesure de l’activité et des coûts hospitaliers à l’ensemble des secteurs de l’hospitalisation, et donc à la psychiatrie ; le contexte actuel de maîtrise des dépenses de santé ne peut que conforter cette démarche. Toutefois, un tel projet exige la création d’outils spécifiques à ce nouveau champ d’activité dans l’hôpital qui reste un lieu de coexistence de cultures antagonistes : une culture scientificotechnique (médicale), une culture caritativo-humaniste (soignante) et une culture budgétaire (administrative). Inutile de rappeler l’extrême disparité de moyens entre les secteurs, mal répartis entre le Nord et le Sud, entre le public et le libéral, et l’absence d’indicateurs qui permettent de vérifier une corrélation éventuelle entre les moyens et le niveau d’activité. Parmi les difficultés méthodologiques les plus nettes posées par cette évaluation, on relève le parcours du patient souvent long, à travers différentes structures, avec une notion de séjour qui reflète très mal l’activité de soins, le diagnostic qui ne permet pas de présumer la durée de séjour ainsi que la pluralité des techniques et des références conceptuelles. La réflexion qui porte sur les modalités de création de nouveaux outils se poursuit selon deux axes : l’un transversal et extensif, sur une brève durée, l’autre longitudinal et rétrospectif sur trois années successives. Premier axe de recherche Une base de données a été constituée, du 1er au 15 décembre 1997 et du 12 au 25 janvier 1998, à partir d’un échantillon d’établissements représentatifs des clientèles et des prestations de soins. La sélection par volontariat et tirage au sort a été effectuée au sein d’une présélection de centres hospitaliers régionaux, de centres hospitaliers spécialisés, d’hôpitaux psychiatriques privés faisant, ou non, fonction d’hôpitaux publics – avec ou sans hospitalisation complète, de petite, moyenne ou grande taille – en psychiatrie générale, psychiatrie infanto-juvénile, psychiatrie en milieu pénitentiaire et unité pour malades difficiles, ce qui représente 204 unités (secteurs, services ou établissements). Cette première approche doit permettre : – dans le soin séjour, de sélectionner parmi les caractéristiques médicosociales (âge, sexe, antécédents psychiatriques, diagnostics...), celles qui sont en rapport avec une appréciation de la charge en soins journalière par recueil d’activité grâce à l’outil EDGARS (prononcez entretien, démarche, groupe, accompagnement, réunion, soins physiques) afin de créer un recueil d’informations standard ; – dans les soins ambulatoires, de définir une valorisation moyenne des prestations assurées ; le recueil des actes sera également nécessaire concernant les actes dans la communauté, non en rapport direct avec un patient. Le dernier objectif sera de mieux apprécier certains effets “parasites” comme les effets structures (dispersion des lieux d’intervention, taille des équipes). Deuxième axe de recherche Un deuxième axe de recherche, en cours également, découle des spécificités de la prise en charge psychiatrique (longue, associant différentes modalités de soins). Il s’agit de vérifier si l’évaluation du poids économique d’une prise en charge longitudinale est en relation avec certaines caractéristiques médico-sociales. Dans cette approche, la tentative de définition d’une “typologie” des patients est fondée sur la fiche patient qui permet de réaliser une recomposition du parcours thérapeutique pendant plusieurs années. Une base de données multicentrique et rétrospective est en cours d’élaboration à partir des fichiers de données médicalisées de tous les secteurs adultes et des intersecteurs informatisés qui ont accepté de participer à ce travail. En somme, on assiste bien à une accélération du processus de PMSIsation (imprononçable), même si aucun pays appartenant au monde dit développé ne 135 dispose d’un outil d’allocation budgétaire psychiatrique pour les établissements hospitaliers. De façon un peu technique, on peut conjecturer deux orientations méthodologiques : – le paiement à la journée pondérée (utilisé en long et, depuis peu, en moyen séjours) avec quatre ou cinq types de journées en hospitalisation temps plein, et une modulation du coût des prestations élémentaires en temps partiel ou ambulatoire ; – le paiement à la trajectoire de soins. Cet outil d’évaluation semble devoir moduler uniquement une partie (?) de la répartition actuelle des allocations financières aux établissements de soins, du moins au début de son application. Si une décision politique finale était prise, le PMSI-PSY devrait permettre la mise à disposition d’un moyen d’appréciation de la lourdeur des besoins en soins des patients à l’horizon 2000. La maîtrise des dépenses hospitalières représente un impératif pour la survie du dispositif actuel. Que cette recherche aboutisse à un boulier amélioré, ou à une usine à gaz, n’a qu’un intérêt limité si l’autre volet tout à fait fondamental du dispositif, appelé accréditation, se mue peu à peu en arlésienne. La recherche d’une efficience accrue n’est pas antinomique avec la quête de qualité, si la qualité des liens qui peuvent unir la qualité et la maîtrise des coûts paraissent se confirmer. Cependant, aucun référentiel d’accréditation n’est publié à ce jour et les hôpitaux n’ont reçu aucune directive concernant le calendrier et la mise en œuvre de l’accréditation qui, seule, est en mesure de vaincre l’ambivalence des psychiatres vis-à-vis de l’évaluation. Le résumé de cet article a été publié dans le SPEP Info de mars 98.