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Chimiothérapie du cancer de l’ovaire :
actualités sur Caelyx® en 2003-2004 et perspectives
Chemotherapy of ovarian cancer: Caelyx® new Trend
● H. Bourgeois1, L. Chauvenet 2, K. Djazouli3, J.M. Ferrero4, A. Floquet5, A.C. Hardy-Bessard 6, A. Lortholary 7, D. Mayeur 8,
P. Pautier 9, T. Petit10, S. Piperno-Neumann11, A. Ponzio-Prion 12, I. Ray-Coquard 13
e traitement de référence en première ligne de chimiothérapie peut être considéré en France comme étant
l’association carboplatine-paclitaxel. Ce protocole vient
d’être reconnu comme le standard européen en traitement de première intention par la Conférence de consensus qui s’est tenue à
Baden-Baden en septembre 2004. Quant aux lignes ultérieures
de traitement, il existe plusieurs possibilités, aboutissant à des
conduites thérapeutiques variables selon les équipes. Les résultats des études cliniques publiées en 2003 permettent cependant
de tirer certaines conclusions.
Les données récentes de Caelyx® sont intégrées dans cette revue
et serviront de base de discussion pour tenter de déterminer la
meilleure utilisation actuelle et future de ce médicament et les
éventuels essais à développer pour y parvenir. Cette discussion
a fait l’objet d’une réunion d’experts, signataires de cet article.
L
ACTUALITÉS EN 2003
Les études du GOG
Il faut noter que le GOG n’a “validé” l’utilisation du carboplatine
en première ligne qu’en 2003, avec la publication finale de l’étude
comparant l’association carboplatine ASC 7,5 + paclitaxel
175 mg/m2 versus cisplatine 75 mg/m2 sur 24 heures + paclitaxel
135 mg/m2. Un total de 792 patientes avec un cancer ovarien de
stade III et une masse résiduelle inférieure à 1 cm a été randomisé : la combinaison à base de carboplatine est moins toxique,
plus facile à administrer, et n’est pas inférieure à celle comprenant
le cisplatine (1).
La question du traitement d’entretien a été posée en comparant
3 à 12 cycles de paclitaxel 175 mg/m2 en monothérapie
(réduit en cours d’étude à 135 mg/m2) (2). Deux cent soixantedix-sept patientes en réponse clinique complète après 6 cycles
platine + paclitaxel ont été incluses. La survie sans progression
(SSP) (21 mois versus 28 mois) est en faveur de l’entretien, et
l’étude a été interrompue prématurément. Cependant, le taux de
CHU Bretonneau, Tours ; 2 Hôtel-Dieu, Paris ; 3 Schering-Plough, Levallois ;
Centre Antoine-Lacassagne, Nice ; 5 Institut Bergonié, Bordeaux ;
6
Clinique armoricaine, Saint-Brieuc ; 7 Catherine de Sienne, Nantes ;
8
Hôpital André-Mignot, Le Chesnay ; 9 Institut Gustave-Roussy, Villejuif ;
10
Centre Paul-Strauss, Strasbourg ; 11 Institut Curie, Paris ;
12
Institut Gustave-Roussy, Villejuif ; 13 Centre Léon-Bérard, Lyon.
1
4
La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 5 - septembre-octobre 2004
neuropathie sensitive (15 % versus 23 % de grade 2/3) est lui
aussi significativement majoré et ne permet pas de recommander
un tel traitement d’entretien : un traitement prolongé au-delà des
six cures initiales de carboplatine-paclitaxel, sans aller jusqu’à
12 cycles, mériterait d’être testé.
Quant à la dose recommandée de paclitaxel, elle est bien de
175 mg/m2. Omara et al. ont testé sur 449 patientes les doses de
paclitaxel administré sur 24 heures, toutes les 3 semaines, de
135 mg/m2, 175 mg/m2, 250 mg/m2 avec G-CSF 5 µg/kg/j ou
250 mg/m2 avec G-CSF 10 µg/kg/j (3). La survie globale (SG)
est la même dans les différents groupes, mais les hautes doses
sont significativement plus toxiques.
Chez 25 patientes réfractaires au platine, l’oxaliplatine 130 mg/m2
s’est révélé décevant, avec une seule réponse partielle et 9 stabilisations de 5 à 6 mois, au prix de toxicités neurologiques, hématologiques et gastro-intestinales assez conséquentes (4).
Enfin, sur 837 échantillons tumoraux étudiés, 95 (11,4 %) surexprimaient HER2 2+ ou 3+. Quarante et une patientes éligibles,
multitraitées pour la plupart, ont reçu le trastuzumab. Le taux de
réponse objective n’est que de 7,3 % pour une survie sans progression médiane de 2 mois (5).
Les études des autres groupes
ICON et AGO ont montré que le paclitaxel pouvait avoir une
place en deuxième ligne, plus de 6 mois après une chimiothérapie à base de platine, dont 40 % environ de patients, après
platine + paclitaxel, avec un gain de 10 % en SSP, de 7 % en
survie à 2 ans, de 5 mois en médiane de survie globale (6).
DIFFÉRENTES ÉTUDES PRÉSENTÉES À L’ASCO MÉRITENT
D’ÊTRE RELEVÉES
Le traitement séquentiel par 4 cycles de topotécan, après 6 cycles
de l’association carboplatine-paclitaxel, n’apporte rien (7). En
revanche, le schéma hebdomadaire à 4 mg/m2 aurait une myélotoxicité plus faible, avec 32 % de réponse objective (8, 9).
La reprise du platine, même en cas de rechute précoce, peut s’avérer supérieure à des protocoles sans platine : meilleur taux de
réponse et gain en SSP et SG (10).
Plusieurs études ont démontré l’intérêt du paclitaxel hebdoma205
I
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E
A
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daire en deuxième ligne chez des patientes sensibles (11-13).
Notons aussi que l’EPO administrée avant la chirurgie chez des
patientes modérément anémiques est créditée d’une tendance
(p = 0,053) à une meilleure SG (14).
Du congrès ECCO 2003, nous pouvons retenir l’intérêt potentiel de
l’association gemcitabine 1 000 mg/m2 (J1 et J8) + carboplatine
ASC 4 J1 (J1 = J21) chez des patientes en deuxième ligne rechutant plus de 6 mois après platine. Le taux de réponse objective est de
60 %, mais la toxicité hématologique n’est pas négligeable (15).
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100
90
80
70
Survie globale
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Caelyx®
SG : 63 sem.
60
50
Topotécan
SG : 60 sem.
HR = 0,82 (IC95 : 0,68-1,00)
p = 0,05
40
30
20
ACTUALITÉS CAELYX® EN 2003 ET 2004
Résultats
Quatre cent soixante-quatorze patientes ont été traitées. La majorité des patientes (90 %) avait un stade avancé de la maladie au
moment du diagnostic. La médiane de l’intervalle libre par
rapport à la chimiothérapie antérieure à base de platine est
d’environ 7 mois, même si certaines patientes ont rechuté près
de 9 ans après leur premier traitement. La majorité des patientes
était résistante au platine.
Résultats d’efficacité
L’actualisation des données confirme les premiers résultats et
démontre le bénéfice apporté par Caelyx® en termes de SG non
seulement pour les patientes sensibles, mais aussi pour l’ensemble
de la population en échec, avec 63 semaines versus 60 semaines ;
le risque de décès est réduit de 18 % avec Caelyx® ; hazard-ratio :
0,82 (0,68-1,00) ; p = 0,05 (figure 1).
Les survies à un an et à deux ans ont été respectivement de 56 %
et de 35 % pour les patientes traitées par Caelyx® versus 54 % et
24 % pour les patientes traitées par topotécan.
Dans le sous-groupe de patientes sensibles au platine, la SG a été
de 112 semaines dans le bras Caelyx® versus 77 semaines dans
le bras topotécan ; p = 0,02. La réduction du risque de décès était
de 37 %, avec un hazard-ratio de 0,63 (0,47-0,85).
Les survies à un an et à deux ans ont été respectivement de 79 %
et de 55 % pour les patientes sensibles au platine et traitées par
Caelyx® versus 68 % et 33 % pour les patientes sensibles et
traitées par topotécan (figure 2).
En revanche, aucune différence n’a été démontrée dans le sousgroupe des patientes réfractaires.
206
10
0
0
26
52
78
104
130
156
182
208
234
Semaines depuis le début du traitement
Figure 1. Caelyx® versus topotécan : survie globale, toutes patientes (16).
Les SG étaient identiques entre les deux bras, lorsque l’on considère la présence, ou non, d’une tumeur de plus de 5 cm.
La SSP des patientes sensibles a été significativement prolongée
avec Caelyx® : 28,9 et 23,1 semaines ; p = 0,046, avec une réduction
de 24 % du risque de récidive ; hazard-ratio : 0,76 (0,58-1,00).
La tolérance a été, dans l’ensemble, meilleure dans le bras
Caelyx® que dans le bras comparateur.
Une toxicité hématologique importante a été observée, notamment sous topotécan, nécessitant très souvent l’utilisation de
facteurs de croissance hématopoïétiques (29,1 % versus 4,6 %),
d’érythropoïétine (23,1 % versus 6,3 %) et de transfusions
globulaires (57,8 % versus 14,9 %).
En termes de tolérance extrahématologique, le topotécan a
entraîné plus d’alopécie : 48,9 %, dont 6 % d’alopécie sévère,
contre 16 % dans le bras Caelyx®, dont 1,3 % d’alopécie sévère.
Une érythrodysplasie palmoplantaire (EPP), liée à Caelyx®, a été
observée dans 48,9 % des cas, dont 22,8 % de cas sévères. La
mucite a également été plus fréquente sous Caelyx®.
Enfin, aucun signe ou symptôme d’insuffisance cardiaque n’a été
signalé dans l’ensemble de la population.
100
90
80
Caelyx®
70
Survie globale
Caelyx® a aussi fait l’objet de plusieurs travaux ; on retiendra
surtout l’amélioration significative de la SG chez les patientes
en deuxième ligne platino-sensibles, obtenue avec Caelyx® par
rapport au topotécan : 112 versus 77 semaines ; p = 0,002 (16).
Cette étude randomisée de phase III, multicentrique et internationale, ayant inclus 481 patientes, avait conduit à l’AMM pour
Caelyx® dans le cancer de l’ovaire en rechute (17).
Les patientes étaient stratifiées en fonction de la sensibilité au platine
et de la présence, ou non, d’une masse tumorale d’au moins 5 cm.
Les patientes étaient randomisées entre Caelyx® 50 mg/m2
toutes les 4 semaines et topotécan 1,5 mg/m2/j, 5 jours, toutes
les 3 semaines. Le traitement pouvait être maintenu en cas de
poursuite du bénéfice clinique.
L’objectif principal était l’évaluation de la SSP et de la SG.
Topotécan
112 sem. versus 77 sem. (p = 0,002)
60
50
40
30
20
10
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0
26
52
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Semaines depuis le début du traitement
Figure 2. Caelyx® versus topotécan : survie globale, patientes sensibles (16).
La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 5 - septembre-octobre 2004
Nouvelles associations à Caelyx® en deuxième intention
De nombreux essais de phase II ont été publiés ou présentés en
congrès, testant plusieurs associations selon des schémas divers.
✓ Associations avec le cyclophosphamide. L’efficacité paraît
prometteuse et le profil de tolérance favorable, avec notamment
l’absence de toxicité de grade sévère (18).
Une étude de phase I-II d’escalade de dose française (étude CACY)
est en cours à Bordeaux et sa région dont les résultats devraient
être rapportés courant 2005.
✓ Associations avec le carboplatine, protocole PACA (Caelyx®Paraplatine®). Plusieurs schémas et doses ont été développés
et sont recommandés selon que l’intervalle est de 4 ou de
3 semaines (19, 20). L’efficacité est tout à fait prometteuse
(21-24) (taux de réponse objective dépassant les 60 % et une SSP
de plus de 9 mois).
L’étude de phase II développée par le groupe GINECO (21) a
inclus 105 patientes traitées par Caelyx® 30 mg/m2 et carboplatine
ASC 5 toutes les 4 semaines. Soixante pour cent des patientes
avaient reçu une première ligne de chimiothérapie et 40 %
deux lignes. Le nombre de cycles administrés est variable de
1 à 10, avec une médiane de 6 cycles (1-10). Le profil de tolérance
a été marqué par une neutropénie grade 3/4 dans 23 % des cycles,
avec une neutropénie fébrile chez 3 % des patientes seulement.
Le support par G-CSF, transfusions globulaires et de plaquettes a
été nécessaire chez 16 %, 12 % et 3 % des patientes, respectivement.
Les réductions et les retards de doses ont été nécessaires dans
7 % et 20 % des cycles, respectivement. La tolérance non hématologique a été acceptable, avec 32 % de nausées/vomissements
grade 2-3, 12 % d’alopécie grade 1, 8 % de fatigue, 11 % d’EPP
grade 2 et 12 % de mucite grade 2-3.
Le taux de réponse est de 63 % (65 patientes sur 105), dont 38 %
de réponse complète.
La réponse sur le CA125 est de 65 % (figures 3 et 4).
La SSP est de 9 mois et la SG de 31,1 mois malgré le traitement
antérieur et le nombre de patientes ayant rechuté dans les 12 mois.
Ces résultats peuvent être favorablement comparés aux données
de l’association paclitaxel-carboplatine de l’ICON4.
L’équipe sud-africaine a également présenté les résultats récents
de son étude de phase II (24) : cet essai prévoyait l’association
de Caelyx® 50 mg/m2 et carboplatine ASC 5 toutes les 4 semaines
chez des patientes présentant un cancer de l’ovaire en rechute
avec un intervalle libre de 6 mois ou plus. Vingt-neuf patientes
ont ainsi reçu 133 cycles (médiane de 4 cycles, 1-8 cycles). Sur
21 patientes évaluables, 11 réponses complètes et 5 réponses partielles ont été observées ; 5 patientes ont vu leur cancer stabilisé.
La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 5 - septembre-octobre 2004
1,0
0,9
Survie globale (%)
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
0
10
20
30
40
Mois
Figure 3. Étude PACA : survie globale 31,2 mois.
1,0
0,9
TF1 ≥ 12 mois : 33 mois
0,8
Survie globale (%)
Conclusion
Cette analyse récente confirme l’efficacité de Caelyx® dans le
cancer de l’ovaire en échec d’un premier traitement à base de
platine. Une supériorité en SG de Caelyx® versus topotécan a été
démontrée sur l’ensemble de la population et sur le sous-groupe
de patientes sensibles au platine. De même, si une tendance a été
retrouvée en termes de SSP dans la population globale, cette
différence est statistiquement significative lorsque l’on compare
le sous-groupe des patientes sensibles au platine.
Les profils de tolérance sont différents.
0,7
0,6
TF1 < 12 mois : 24 mois
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
0
10
20
30
40
Mois
Figure 4. Étude PACA : survie globale en fonction de l’intervalle libre.
Le profil de tolérance est acceptable, avec une neutropénie grade
3/4 chez 8 et 3 patientes respectivement, une thrombopénie
grade 3 chez 8 patientes ; les EPP ont été peu fréquents, avec
seulement deux cas de toxicité grade 3.
Ces résultats viennent confirmer la tolérance et l’efficacité de
cette association.
✓ Association avec l’ifosfamide. Un essai de phase I IDOL
avait été réalisé et présenté à l’ASCO 2000 par le groupe
GINECO (25) ; la phase II est en cours. Le schéma de traitement
prévoit d’associer Caelyx® 40 mg/m2 à l’ifosfamide 1,7 g x 3/j i.v.
en continu toutes les 4 semaines. Les résultats de cette étude, qui
doit inclure 120 patientes, seront prochainement disponibles.
✓ Associations avec l’oxaliplatine (26). Schéma de traitement : Caelyx ® 40 mg/m 2 + oxaliplatine 120 mg/m 2 sur
3 semaines. L’efficacité, avec un taux de réponse objective de
plus de 50 % et une SSP dépassant les 9 mois, sur 20 patientes
lourdement prétraitées, mérite d’être confirmée.
✓ Associations avec la gemcitabine. Deux études portant sur
un faible effectif ont démontré une certaine efficacité, qu’il faut
confirmer (27, 28). Le schéma utilisé prévoyait l’administration
207
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toutes les 3 semaines de 25 mg/m2 ou 30 mg/m2 de Caelyx® et
650 mg/m2 J1 et J8 de gemcitabine.
Une troisième étude vient d’être présentée à l’ASCO 2004. Vingtsix patientes ont reçu un traitement associant Caelyx® 25 mg/m2
à J1 et gemcitabine 650 mg/m2 J1 et J8 (29). Les patientes, dont
68 % avaient une tumeur sensible au platine, avaient reçu
deux lignes de chimiothérapies antérieures (1-4 cycles). Un taux
de réponse objective de 64 % a été retrouvé, dont 7 réponses
complètes, et la SSP était de 7 mois (6-18 mois). Un cas de
thrombopénie grade 4 a été rapporté.
✓ Associations avec le topotécan (30-32). Trois études de
phase II sont encore préliminaires, mais semblent avoir démontré
une certaine efficacité en termes de réponse objective.
✓ Maintien de la réponse et tolérance de Caelyx® administré en
traitement de maintenance dans les tumeurs gynécologiques.
Une analyse rétrospective a été effectuée chez 18 patientes
traitées par des associations à base de Caelyx® et chez qui le traitement par Caelyx® a été poursuivi dans le but de prolonger
l’intervalle libre sans progression (33). Le traitement consistait
en Caelyx® 30 à 40 mg/m2 toutes les 4 à 6 semaines. Dix-sept
patientes avaient reçu antérieurement des traitements à base de
platine (1 à 3 lignes de chimiothérapie), et une patiente avait été
traitée par radiothérapie après la chirurgie. Dix patientes ont reçu
Caelyx® en maintenance. Aucune altération de la fonction cardiaque n’est survenue chez ces 10 patientes ; de même, il n’y a
pas eu de toxicité hématologique cumulative avec une dose cumulée médiane de 920 mg/m2 de Caelyx® (465-1715 mg/m2). Le
délai jusqu’à progression sous Caelyx® en maintenance a été comparable avec celui des traitements antérieurs chez les patientes
avec un cancer de l’ovaire, suggérant ainsi que cet agent a un
impact positif et prolonge la SSP.
ACTUALITÉS CAELYX® EN PREMIÈRE LIGNE
✓ Triplet en première ligne carboplatine-paclitaxel-Caelyx® :
le schéma est efficace. Le bénéfice de l’association carboplatineCaelyx® en efficacité est testé dans le cinquième bras du GOG avec
Caelyx® une cure sur deux, mais le profil de tolérance mérite
d’être amélioré.
✓ Caelyx®-carboplatine en consolidation après paclitaxelcarboplatine : l’intérêt d’un tel schéma reste à confirmer.
✓ La faisabilité de l’administration de Caelyx® en traitement
de consolidation en relais après une chimiothérapie par paclitaxel-platine semble être démontrée dans une étude ayant inclus
30 patientes de stades IIIC et IV en réponse complète après la
première chimiothérapie (34).
Données pharmaco-économiques
Une modélisation économique d’après l’étude de Gordon a été
réalisée dans différents pays, et notamment en France, dans les
centres de l’Assistance publique : Caelyx® est une option intéressante sur le plan économique.
Prise en charge des EPP
Un schéma bihebdomadaire de Caelyx® à la dose de 20 mg/m2/sem.
semble pouvoir réduire les incidents de type EPP chez des
208
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patientes lourdement prétraitées pour leur cancer de l’ovaire :
24 patientes sur 65 traitées selon ce protocole ont présenté une
toxicité cutanée, dont seulement 4 cas de grade 4 (35).
Une autre étude a mis en évidence une réduction des EPP grâce
au refroidissement des pieds et des mains et au respect d’une
hygiène adaptée stricte (36).
Conclusion
✓ Les platines et le paclitaxel restent des médicaments “incontournables” dans la prise en charge du cancer de l’ovaire en première ligne.
✓ L’intérêt des traitements d’entretien doit être rediscuté.
● Caelyx® consolide sa position et montre une supériorité en
deuxième ligne en monochimiothérapie par rapport au topotécan :
l’étude de Gordon confirme la place de leader de Caelyx® en échec
au platine, surtout chez les patientes sensibles.
● L’association Caelyx®-carboplatine paraît la plus prometteuse
des options thérapeutiques alternatives.
PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT POUR CAELYX®
Place des anthracyclines aujourd’hui en première ligne
L’adriamycine est l’anthracycline de référence. Elle est utilisée
dans les cancers de l’ovaire à des doses variant de 30 à 60 mg/m2.
Trois méta-analyses ont évalué l’addition de l’adriamycine à une
chimiothérapie en traitement initial, deux ont sélectionné les
essais comparant cisplatine-cyclophosphamide (CP) à cisplatinecyclophosphamide-adriamycine (CAP) (37, 38), et la troisième,
plus globale, a inclus tous les essais (39). Les méta-analyses montrent un bénéfice statistiquement significatif en termes de survie
globale en faveur de l’addition de la doxorubicine à l’association
cyclophosphamide-cisplatine. La méta-analyse de West a analysé les mêmes données que celles de la méta-analyse (40) de
Fanning avec une autre méthode statistique. Cette étude retrouve
un bénéfice en termes de SG en faveur du CAP (40,1 % pour le
CAP versus 36,6 % pour le CP ; p < 0,01 ; odds-ratio : 1,51 ;
IC95 : 1,07-2,21). La médiane de survie est augmentée de 1,9 mois
(25,6 versus 27,5).
La méta-analyse de Fanning a étudié l’effet propre de la doxorubicine : un effet qualitatif est suggéré par cette analyse. Cependant,
la toxicité supplémentaire liée à la doxorubicine n’a pas été
évaluée dans ces méta-analyses, et la question du bénéfice réel de
la doxorubicine reste posée compte tenu du faible gain de survie
médiane (1,9 mois) (41).
Deux études ont testé l’apport d’une anthracycline (épirubicine)
à l’association carboplatine-paclitaxel, dans une étude randomisée carboplatine-paclitaxel versus carboplatine-paclitaxelépirubicine (42, 43). Si les premiers résultats suggéraient un
gain en efficacité, il ne semble pas que la triple association se
traduise par un gain de survie sans progression (44), et la toxicité semble plus lourde que la bithérapie. Il est possible que
Caelyx®, dont le profil de toxicité est très différent de celui des
anthracyclines non liposomales, puisse apporter le même bénéfice avec une meilleure tolérance. Il faudra alors se reposer la
question de l’intérêt des anthracyclines dans le cadre d’un essai
clinique randomisé de phase III.
La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 5 - septembre-octobre 2004
Place de Caelyx® en deuxième ligne
Avec l’étude de Gordon, Caelyx® a montré son intérêt en deuxième
ligne pour les patientes réfractaires aux sels de platine ou non.
L’étude PACA du groupe GINECO, associant le carboplatine à
Caelyx®, a conforté la place de Caelyx® et montré sa bonne tolérance
en association avec le Paraplatine® (19, 45). Différentes études
préliminaires déjà rapportées ont montré les données de tolérance
de Caelyx® en association avec l’endoxan, l’oxaliplatine, le topotécan, la gemcitabine, les taxanes ou l’ifosfamide. On peut donc
s’interroger sur l’apport de ces différentes options thérapeutiques
pour les patientes réfractaires aux sels de platine. Dans ce cadre,
un schéma bihebdomadaire de Caelyx®-gemcitabine ou hebdomadaire de Caelyx®-cyclophosphamide pourrait être testé,
d’autant plus que, pour des raisons de tolérance, de commodité,
mais aussi d’efficacité, de nombreux traitements sont réalisés selon
des schémas hebdomadaires (46, 47), et que l’adriamycine hebdomadaire s’est avérée préalablement très intéressante (48). Ainsi,
des schémas hebdomadaires de Caelyx® associé au paclitaxel, par
exemple, paraissent promoteurs en termes de faisabilité (49). Il
reste à confirmer l’efficacité de ce schéma.
Chez les patientes sensibles, le protocole PACA mérite d’être
étudié dans une large étude de phase III. Une telle étude devrait
démarrer prochainement dans le cadre de l’International Gynecologic Study Group (IGSG).
Quant à la chimiothérapie en première intention, un schéma
séquentiel de type PACA après paclitaxel-carboplatine pourrait
également représenter une voie intéressante à explorer.
CONCLUSION
Cette revue des données scientifiques actuelles permet de montrer
les perspectives de développement possible de Caelyx® dans la prise
en charge du cancer de l’ovaire telle qu’elle est organisée aujourd’hui.
Caelyx®, par son excellente tolérance, notamment en association,
peut prétendre à se positionner en première ligne de traitement (si
l’adjonction des anthracyclines aux taxanes est confirmée), mais
aussi en deuxième ligne pour les patientes réfractaires (seul ou en
association à de nouvelles chimiothérapies) ou encore sensibles aux
sels de platine (en association avec le carboplatine). De nouvelles
modalités d’administration sont à évaluer. Concernant son intérêt en
association aux nouvelles thérapeutiques ciblées, si celles-ci sont
confirmées, son mode d’action, ses modalités d’administration et sa
tolérance peuvent en faire un partenaire intéressant.
■
R
É F É R E N C E S
B I B L I O G R A P H I Q U E S
1. Ozols RF, Bundy BN, Greer BE et al. Phase III trial of carboplatine and paclitaxel
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