FOUSFUJFO Pour une surveillance pro-active du médicament Un entretien avec Anne Castot* Propos recueillis par Didier Touzeau et Patricia de Postis C’est au Carrefour Pleyel, à Saint-Denis, dans ces quartiers des communes du nord de Paris devenus la “Santé Publique Valley”, façon française. Parmi les tours et immeubles blancs … sanitaires, celui de l’Agence Française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), très fonctionnel. La création de cette agence, en janvier 1999, a constitué un des éléments clés du renforcement du dispositif français chargé de la sécurité sanitaire, avec l’Institut de veille sanitaire (dont l’objectif est de surveiller et d’observer l’état de santé de la population et de proposer des mesures préventives et curatives appropriées), l’Agence de sécurité sanitaire des aliments et l’Agence nationale pour l’accréditation et l’évaluation en santé (dont l’objectif est la sécurité des pratiques et des installations). Missions de l’Afssaps : améliorer la cohérence et l’efficacité de l’administration sanitaire, par la réunion au sein d’un même institut, des pouvoirs de police administrative en matière de produits de santé et de cosmétiques ; regrouper une expertise scientifique indépendante et de haut niveau et mettre en œuvre un dispositif réglementaire permettant de mieux garantir la sécurité et la qualité des produits de santé mis sur le marché ; engager de nouveaux moyens d’inspection et de contrôle. Depuis de nombreuses années, l’Afssaps fait profession es outils de gestion D à visée sécuritaire Le Courrier des addictions : Les plans de gestion des risques ont déjà deux ans d’existence. Quel bilan en tirez-vous ? Anne Castot : Très positif, même si tout n’est pas encore tout à fait “calé”, et s’il faut encore apporter bien des modifications à ce type de dispositif, dont l’essence même est d’être évolutif. Je voudrais les replacer dans leur histoire, très récente, et leur contexte. En effet, depuis les retraits du marché de la cérivastatine en de foi d’être la plus transparente possible vis-à-vis de la population et des professionnels. Et le prouve ! Son site d’information, très complet, est à bien des égards remarquable. Une vraie volonté de communiquer et d’informer qui ne peut se satisfaire de la langue de bois pour s’exprimer. Anne Castot, médecin de santé publique, pharmacologue, longtemps “basée” à Fernand-Widal, en témoigne. Elle n’a rien de ces grands commis de l’État qu’on imagine engoncés dans la lustrine de leurs certitudes. Et qui disposent de l’éternité comme dead-line pour décider ! Toujours en mouvement, au four et au moulin des commissions et réunions diverses, prête à prendre un vol pour s’exprimer dans une réunion internationale, un train pour partir en province, à travailler plus et plus, pour gagner plus… de temps, elle est comme montée sur ressort. À la tête du service qui met en place les fameux plans de gestion des risques des médicaments, et notamment les spécialités qui contiennent de la méthadone, de la buprénorphine haut dosage, de la fluoxétine et du méthylphénidate, elle sait de quoi elle parle. Elle connaît les pharmacodépendances : elle a travaillé à la consultation dépendances au tabac, aux médicaments, à l’alcool de Fernand-Widal, dans le service du Pr Fournier puis celui de Sylvain Dally. août 2001, puis de Vioxx® en octobre 2004, la réglementation communautaire portant sur la surveillance des médicaments a évolué. Elle a renforcé les obligations au titre des outils classiques de pharmacovigilance, mais elle s’appuie aussi désormais sur la mise en place de plans de gestion des risques (les PGR), concernant les catégories de produits suivantes : les médicaments nouveaux (contenant une substance active nouvelle ou biosimilaire) ; ceux qui ont déjà été commercialisés, mais dont la demande d’extension de l’autorisation de mise sur le marché entraîne des changements significatifs des conditions d’emploi (nouveaux dosage, voie d’administration, procédé de fabrication d’un produit issu de biotechnologies ou indication) ; les génériques lorsqu’un problème de sécurité a déjà été identifié avec le médicament princeps. En conséquence, l’Afssaps s’est dotée, en 2005, d’un département chargé de la surveillance des risques, du bon usage et de l’information sur les médicaments. Celui-ci a pour mission, notamment de mobiliser toutes les ressources permettant de mettre en œuvre, de manière coordonnée, ces outils de gestion à visée sécuritaire que sont les plans de gestion des risques (PGR). Ceuxci visent, dès la mise sur le marché de ces médicaments, à mieux connaître leur profil de sécurité pour entreprendre les actions per- * Chef du département de la Surveillance des risques, du bon usage et de l’information sur les médicaments à la direction de l’Évaluation des médicaments et des produits biologiques de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). mettant de maîtriser le risque. Ils obligent les industriels à anticiper de façon pro-active, en mettant en place toutes mesures pour identifier précocement les populations à risque (enfants, femmes enceintes, personnes âgées, jeunes…), ou les pratiques non conformes au bon usage du médicament, dans les conditions réelles d’utilisation. Par rapport à la démarche de pharmacovigilance classique, traditionnellement fondée sur le recueil et l’évaluation des signaux rapportés par les professionnels de santé, les PGR impliquent donc une surveillance en amont et orientée des risques, qui s’accompagne d’une évaluation constante du rapport bénéfice/risque. Mais un PGR va au-delà de cette identification puisqu’il peut in- Le Courrier des addictions (10) ­– n ° 2 – avril-mai-juin 2008 FOUSFUJFO clure, si nécessaire, un plan de minimisation du risque comprenant des actions de communication à destination des professionnels de santé et des patients, afin de favoriser le bon usage du produit et sa sécurité d’emploi. Le PGR inclut alors un plan d’information, de formation pour les professionnels de santé, voire d’éducation thérapeutique pour les patients, ou encore des restrictions d’accès au produit. C’est très exactement le cas de celui qui “couvre” la nouvelle forme galénique en gélules de la méthadone. Enfin, la conduite d’études pharmaco-épidémiologiques pourra être nécessaire pour certains produits présentant des enjeux particulièrement forts. C’est le cas de l’étude de cohorte observationnelle nationale demandée aux laboratoires pour toutes les spécialités à base de buprénorphine haut dosage. Le but est d’en cerner les modalités réelles de prescription et de délivrance et d’apprécier l’impact de l’arrivée des génériques sur le marché et les conséquences éventuelles sur le mésusage. C’est le cas aussi pour la méthadone en gélules. Deux ans après, on peut dire que le PGR national, lorsqu’il vient compléter un PGR européen, comprend en général un suivi renforcé de pharmacovigilance, une étude d’utilisation (si elle n’a pas été demandée dans le PGR européen) et des actions d’information/éducation des professionnels de santé et des patients. L’interaction avec nos partenaires, Haute Autorité de Santé, Direction générale de la Santé, notamment, s’est précisée. Nous avons aussi la satisfaction de voir que l’activité de développement de ces plans par les industriels et celle d’évaluation par l’agence s’est véritablement construite sur les principes de synergie et de transparence qui nous tiennent à cœur. Le Courrier des addictions : Les PGR français sont-ils toujours compatibles avec les européens et vice versa ? Mésusages et détournements : arrêté d’application de l’article 162-4-2 du code de la Sécurité sociale Pour renforcer la lutte contre le mésusage et le détournement de certains médicaments, améliorer le bon usage du médicament, la qualité des soins, réduire les coûts et renforcer le lien entre le médecin et le pharmacien, le directeur général de la Santé et le directeur de la Sécurité sociale ont publié, le 8 avril dernier, l’arrêté du 1er avril 2008 pris en application de l’article 162-4-2 du code de la Sécurité sociale. A Celui-ci fixe, après avis du directeur général de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), la liste des médicaments dont la prise en charge sera spécialement encadrée, c’està-dire l’ensemble des spécialités contenant les substances suivantes : buprénorphine haut dosage*, flunitrazépam, méthadone et méthylphénidate. Le choix des médicaments concernés a fait l’objet d’une large concertation, notamment au sein d’instances réunissant des professionnels et des représentants d’associations (Commission nationale des stupéfiants et des psychotropes de l’Afssaps, commission addictions du ministère de la Santé, de la Jeunesse, des sports et de la Vie associative). Cette prise en charge est subordonnée à deux conditions : – d’une part, l’inscription du nom du pharmacien désigné par le patient sur l’ordonnance, pour prétendre à la prise en charge par l’assurance maladie de ces médicaments ; – d’autre part, en cas d’usage abusif ou de mésusage (sur la base de critères intégrant notamment les quantités prescrites et le nombre de prescripteurs), l’établissement d’un protocole de soins entre le médecin traitant, qu’il exerce en ville ou en établissement, le médecin conseil de la caisse d’assurance maladie et le patient (article L.324-1 du code de la Sécurité sociale). Ce protocole devra être signé par le patient. A L’arrêté prévoit, en outre, l’établissement systématique d’un tel protocole pour tout traitement par méthadone sous forme de gélules et ce, dès son initiation. En effet, la mise sur le marché de cette nouvelle formulation galénique pourrait conduire à une augmentation des cas d’abus et de mésusage, entraînant des risques sanitaires plus importants. L’obligation d’établir un tel protocole est une des mesures de précaution qui ont été jugées nécessaires au stade de la délivrance de l’autorisation de mise sur le marché. * Définie comme la buprénorphine administrée par voie orale à des doses unitaires supérieures à 0,2 mg par prise. A.C. : Non, pas tout à fait justement, et l’application de la “règle du jeu” aux “27” ne va pas toujours de soi. Normalement, le laboratoire dépose son PGR auprès de l’Agence européenne du médicament, l’EMEA, et le Comité scientifique de celle-ci statue. S’il l’adopte, le PGR doit s’appliquer aux 27 pays européens. Or, l’uniformité européenne à tout prix est parfois difficile à respecter. Ainsi, l’Afssaps a identifié un certain nombre de problématiques particulières susceptibles d’être rencontrées en France : offre thérapeutique ou “cultures de consommations” très spécifiques, pratiques médicales ou conditions de délivrance différentes. J’ajouterai la nécessité de prendre en compte une sensibilisation particulière due à des problèmes de pharmacovigilance rencontrés antérieurement avec les produits d’une même classe. Ces situations expliquent que l’on soit parfois amené à mettre en place un PGR national, complétant ou prolongeant l’européen. Dans ce cas, celui-ci renforce encore les conditions de la vigilance concernant un médicament, en mettant en œuvre des réseaux spécifiques et les engagements de minimisation des risques. Conséquence de quoi, il faut aussi prévoir la communication, information et formation qui le rendront plus lisibles par tous en France, professionnels de santé et patients. Prenons l’exemple du tartrate de varénicline (Pfizer), qui est indiqué dans le sevrage tabagique chez l’adulte. Ce médicament, délivré sur prescription médicale, a obtenu une AMM européenne en septembre 2006 et est commercialisé en France depuis plus d’un an. Les principaux effets indésirables identifiés au cours des essais clini- Le Courrier des addictions (10) ­– n ° 2 – avril-mai-juin 2008 ques ont été des nausées, maux de tête et insomnies. Cependant, certaines populations n’ont pas été étudiées (en particulier les femmes enceintes, les sujets âgés de moins 18 ans et les patients ayant des antécédents cardiovasculaires). Le PGR européen comprend notamment une étude de pharmacocinétique chez le sujet âgé et plusieurs essais cliniques d’efficacité/sécurité dans les populations non étudiées. Dans le cadre de l’application de ce PGR en France, nous avons tenu à ajouter la mise en place d’un suivi national “renforcé” de pharmacovigilance. É largir le cadre de la pharmacovigilance Le Courrier des addictions : Qu’apporte ce nouveau dispositif des PGR par rapport à celui de vigilance spécifique déjà existant ? A.C. : Ce nouveau dispositif des PGR vient élargir et prolonger la démarche des systèmes actuels de vigilance, en dépassant la seule surveillance passive du médicament, avec recueil et détection des signaux d’alerte après sa mise sur le marché. Il implique, pour tenir sa promesse FOUSFUJFO d’amélioration de la maîtrise et de la surveillance du risque, une coopération sincère entre les industriels, les autorités sanitaires et les réseaux nationaux de vigilance existants. L’évaluation de la pharmacodépendance repose en France sur un réseau de vigilance très performant, coordonné par l’Afssaps : les Centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance (10 CEIP*), qui sont en fait l’outil de travail de la Commission nationale des stupéfiants et des psychotropes. Les CEIP et leurs correspondants ont chacun une zone géographique d’activité bien définie. Ils recueillent et évaluent les données cliniques sur la pharmacodépendance et l’abus de substances psychoactives et évaluent également le risque pour la santé publique. Ils exercent une activité de recherche et contribuent au développement de l’information sur le risque de pharmacodépendance et d’abus de ces substances. Il ont également une mission d’expertise et de conseil et réalisent les travaux et enquêtes demandés par l’Afssaps. Ce réseau est complémentaire de celui de la pharmacovigilance qui ne s’applique qu’aux médicaments et qui est un système de veille des effets “indésirables”, attendus ou inattendus, d’un traitement médicamenteux dans ses conditions normales d’utilisation et dans le cadre des mésusages (utilisation d’un médicament dans un but thérapeutique mais non conforme aux recommandations). Les CEIP ont donc pour mission de mettre en évidence le phénomène “caché” de la toxicomanie, échappant presque complètement à la notification spontanée. Ils se sont dotés pour cela de moyens de surveillance et d’évaluation spécifiques : – OSIAP (Ordonnances suspectes, indicateur d’abus possible), système qui repose sur le signalement des ordonnances suspectes par un réseau sentinelle de pharmaciens d’officine et constitue le pre- mier outil d’appréciation d’une toxicomanie ; – le dépouillement des questionnaires standard anonymes, OPPIDUM (Observation des produits psychotropes illicites ou détournés de leur utilisation médicamenteuse), remplis avec les patients traités “en ambulatoire”, fournit un marqueur d’usage abusif de produits psychoactifs. Son objectif final est de créer une banque de données de pharmacodépendance comparatives d’une année sur l’autre. Seuls deux autres pays au monde (États-Unis et Allemagne) disposent d’un tel outil ; – DRAMES (Décès en relation avec l’abus de médicaments et de substances) est l’identification des causes de décès en relation avec l’usage de substances qui ont fait l’objet d’abus ou dans le cadre d’une pharmacodépendance ; – NotS (Notification spontanée), est un recueil et une évaluation des notifications spontanées et des questions relatives à un abus ou une pharmacodépendance, qui a pour objectif de détecter des signaux émergents (exemple : alerte sur les nouveaux cas dans la base, analyse de tendances, etc). Avec tous ces éléments fournis par les CEIP, la Commission nationale des stupéfiants et psychotropes rend des avis préconisant des mesures de prévention et de réduction des risques d’abus et de détournements au directeur général de l’Afssaps ou au ministre de la Santé. Ils interviennent donc en amont en évaluant les potentiels d’abus et de dépendance des médicaments lors de nouvelles demandes d’AMM ou d’essais cliniques. Ils interviennent aussi en aval, en post-AMM, en réévaluant en continu le rapport bénéfice-risque des médicaments psychoactifs, afin d’en adapter les conditions de prescription et de délivrance. Les PGR, eux, élargissent et prolongent la démarche de ces systèmes de vigilance, en “mouillant” l’industriel en pré-AMM, en lui demandant de mieux appréhender le profil de sécurité de son médicament et d’en prévoir et gérer, de façon active, tous les aspects problématiques. Il s’engage donc à étudier la pharmacodépendance et l’abus possible de son médicament psychoactif, deux aspects préoccupants qui soulèvent, outre des problèmes de santé publique et individuelles, des risques d’utilisation criminelle dans le cas de soumission chimique et de trafic. Bien sûr, en post-AMM, l’industriel et les professionnels de santé doivent déclarer au plus vite (dans tous les cas, au plus tard, dans les quinze jours) au Centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de rattachement géographique tout effet indésirable grave ou inattendu susceptible d’être lié à la prise du médicament. De même, tout cas grave d’abus ou de pharmacodépendance doit être déclaré au Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance (CEIP) dont ils dépendent**. Enfin, des études seront faites pour évaluer l’impact des plans de minimisation des risques proposés. éthadone sèche M réussir le “switch” Le Courrier des addictions : Le PGR de la méthadone en gélule prévoit d’emblée les plus faibles dosages. N’estce pas contradictoire avec les données de la clinique ? Vous ne parlez pas non plus de maintenance avec cette nouvelle forme galénique… A.C. : Notre mission sanitaire est de faire des recommandations à un moment “M” , tout en sachant que, dans la vie réelle, la façon dont le prescripteur et le patient vont se comporter, a des probabilités d’en modifier, à terme, les conditions de prescription et de délivrance. Un produit, un médicament vit. Il évolue… Et nous devons nous adapter et évoluer nous aussi, quitte à revoir nos messages et nos préconisations. Cela nous impose justement d’assurer une veille et de rester à l’écoute de tout ce que nous font “remonter” les acteurs de santé… C’est précisément toute notre mission ! En ce qui concerne la méthadone sèche, nous voulons vérifier que l’encadrement prévu dans le PGR de la prescription et de la délivrance permettra de démarrer le “switch” de la forme sirop à la gélule dans les meilleures conditions. Nous espérons que cette nouvelle forme galénique a, comme pour la buprénorphine haut dosage des génériques, une vraie bioéquivalence et que l’on n’assistera pas à des augmentations de posologie “sauvages”, par défaut d’adaptation. Pour le moment, nous en sommes à la phase de surveillance “serrée” de l’arrivée sur le marché de cette méthadone sèche, pendant au moins six mois. On envisagera peut-être, ultérieurement, la problématique de la maintenance avec cette nouvelle forme galénique, voire la prescription renouvelable par le médecin généraliste, s’il y a lieu. Et, si au bout d’un an, nous devons revoir les conditions de l’AMM, dans un sens ou dans l’autre, nous reverrons également le PGR la concernant. Il faut bien admettre qu’un PGR ne répond pas tout de suite à toutes les questions et, qu’au-delà de celle du profil de sécurité d’un produit, est posée aussi celle des conditions d’accès aux traitements qui recourent à celui-ci. Le Courrier des addictions : Vous avez prévu dans le PGR une “étude observationnelle” sur les spécialités à base de buprénorphine haut dosage. C’est-à-dire ? A.C. : Chacun des laboratoires, Schering-Plough, Arrow et Merck, doit mettre en place une étude d’observation, en constituant une cohorte de patients Le Courrier des addictions (10) ­– n ° 2 – avril-mai-juin 2008 FOUSFUJFO identifiés, soit auprès des pharmaciens, soit auprès d’autres professionnels de santé. Le but en est de connaître la façon dont est utilisée et “mésusée” la buprénorphine haut dosage. Les “génériqueurs” ont aussi une obligation de surveiller leurs produits, au-delà de ce que nous savons de leur bioéquivalence par rapport au médicament princeps. Ils n’ont pas le choix : c’est une exigence de l’AMM à laquelle ils ne peuvent se soustraire. Pour le moment, plusieurs centaines de patients ont été inclus dans cette étude nationale et nous en attendons les premiers résultats. E ncore du pain sur la planche Le Courrier des addictions : Il n’y a pas de PGR pour les médicaments vendus sur Internet. Comment faire ? Les mesures mises en place dans le cadre du plan de gestion de risque (PGR national) – Méthadone AP-HP® gélule A Sécurisation du produit : mise sous blister sécurisé “child proof” ; introduction, dans la composition de la gélule, d’un agent aux propriétés gélifiantes, pour limiter le risque d’injection ; dosage maximum de 40 mg ; établissement d’un cadre strict d’accès à la gélule, soumis à prescription initiale semestrielle réservée aux médecins exerçant dans des lieux spécialisés dans la prise en charge des toxicomanes ; délivrance sur ordonnance dite “sécurisée” ; prescription pour une durée maximale de 14 jours, avec une dispensation fractionnée par période de 1 à 7 jours maximum ; application systématique du protocole L.324-1 du code de la Sécurité sociale entre le patient, le médecin traitant et le médecin conseil de l’assurance maladie avec établissement d’un protocole de soins (en vertu de l’article L.162-4-2 du code de la Sécurité sociale). A Une surveillance renforcée de pharmacovigilance et de pharmacodépendance, par le laboratoire. Avec, en particulier : transmission immédiate à l’Afssaps de tout effet indésirable grave ou abus grave, toute intoxication accidentelle et tout cas impliquant un enfant, transmission mensuelle à l’Afssaps d’un bilan. Celui-ci inclut : les cas notifiés de pharmacovigilance et de pharmacodépendance, le nombre de patients traités, pour chaque forme (sirop et gélule) de méthadone, des informations sur les pratiques de substitution et de mésusages, identifiées auprès d’intervenants en toxicomanie, et d’associations d’usagers et de patients. A Une étude observationnelle de cohorte, effectuée par le laboratoire, afin de suivre plus précisément les premiers patients passant du sirop à la gélule. A Un suivi national renforcé de pharmacovigilance, pharmacodépendance et toxicovigilance par l’Afssaps, en partenariat avec l’INVS. A Un plan de communication à destination des professionnels de santé (lettre d’information ; articles sur le bon usage dans des revues ciblées…) et des patients concernés (lettre d’accompagnement du traitement remise aux patients, lors de la primoprescription ou primo-délivrance). Le Courrier des addictions : Pour renforcer la gestion des risques, le dossier pharmaceutique et le dossier médical personnalisé ne sont-ils pas aussi de nouveaux outils ? A.C. : Oui, le dossier pharmaceutique (DP) est certainement un outil très intéressant, car il va permettre au pharmacien d’avoir accès à l’historique du traitement du patient sur les quatre derniers mois, et de mettre en évidence les redondances et interactions éventuelles. Mais il lui faudra obtenir l’autorisation du patient pour que figure dans son DP son traitement de substitution. On ne pourra donc pas véritablement contrôler ainsi le mésusage… Quant au dossier médical personnalisé (DMP), il constituera vraisemblablement un outil essentiel de contrôle de la iatrogénie des médicaments et aussi des mésusages. Il doit, en effet, établir un lien électronique entre tous les acteurs de santé : de D’après la fiche rédigée par F. Cardona, J.P. Fagot, C. Messina-Gourlot, F. Pons, A. Tricotel de l’Afssaps. Consulter sur : www.afssaps.sante.fr http://agmed.sante.gouv.fr/. Voir aussi laboratoires Bouchara-Recordati, 68, rue Marjolin, 92300 Levallois-Perret. Tél. : 01 45 19 10 59. Fax : 01 47 56 02 46. plus, les professionnels de santé recevront les alertes de l’Afssaps et des autres autorités sur les autres risques liés aux soins… Mais quand deviendra-t-il réalité ?… n P.d.P. Brèves A.C. : Je précise que la vente non autorisée sur Internet de médicaments, et de contrefaçons n’est pas directement de ma responsabilité. C’est un véritable problème, mais l’Afssaps ne peut guère contrôler que ce qu’elle maîtrise. Or, tous les médicaments qui se vendent sur la toile ne sont pas des produits dûment estampillés et autorisés. On ne peut pas faire grand chose a priori, d’autant moins que la plupart des sites sont étrangers. Si on repère un site français qui n’a pas statut d’établissement pharmaceutique, on prend alors des positions maximalistes. Dans un communiqué publié le 16 janvier 2006, l’Afssaps a souligné que ces achats sur Internet de médicaments, normalement obtenus sur prescription médicale, favorisaient les risques de mauvais usage : en ce qui concerne notamment les risques de contre-indications, interactions médicamenteuses, informations incomplètes. Par ailleurs, ces circuits de distribution n’offrent pas les garanties de qualité de la chaîne pharmaceutique régulièrement contrôlée par les autorités sanitaires (qualité des produits proposés, conditions de stockage…). Sans parler des contrefaçons, produits dont l’intérêt et l’innocuité n’ont pas été dûment évalués, ou relevant clairement du charlatanisme… Alcool au volant, stop ! légal d’alcoolémie était respecté). Le CISR a donc décidé qu’en cas de délit de conduite sous influence de l’alcool, les contrevenants seront astreints à installer un éthylotest antidémarrage. Les autocars affectés au transport d’enfants seront systématiquement équipés de ces éthylotests dès la rentrée scolaire 2009. Tous les établissements de loisirs servant de l’alcool devront aussi s’équiper d’éthylotests électroniques. La vente de toute boisson alcoolisée sera interdite dans les points de distribution de carburants (aménagements possibles en milieu rural). Pour parvenir à faire passer sous la barre de 3 000 le nombre des personnes tuées sur la route d’ici 2012, (il est actuellement de plus de 4 500 !), le Comité interministériel de la sécurité routière (CISR) du 13 février dernier a fait de la lutte contre l’alcool au volant une priorité absolue. Celui-ci est devenu, en effet, le premier facteur d’accident sur la route en 2006 (26,3 % des vies seraient sauvées si le taux Le Courrier des addictions (10) ­– n ° 2 – avril-mai-juin 2008 * Implantés à Bordeaux, Caen, Grenoble, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Nancy, Paris et Toulouse. Ils sont assistés de centres correspondants. ** Coordonnées disponibles sur le site Internet de l’Afssaps (www.afssaps.sante.fr), ou dans le dictionnaire Vidal.