La Lettre du Cardiologue - n° 318 - octobre 1999
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2 950 patients recrutés pendant un mois dans toute l’Italie. L’âge
moyen des patients était de 61 ans, avec 83 % des patients qui
étaient encore sous bêtabloquants à six mois. Aucun bénéfice cli-
nique n’était observé à six mois. Cela pourrait être expliqué par
la brièveté du délai, qui comprenait la période de mise en route.
✔L’étude RUSSLAN a analysé les effets du levosimendan chez
des patients ayant une dysfonction ventriculaire dans les suites
d’un infarctus du myocarde (moins de cinq jours) et nécessitant
un traitement par inotrope positif. Le levosimendan est un cal-
cium-sensibilisateur qui augmente le débit cardiaque et diminue
la pression capillaire pulmonaire sans aggravation de la consom-
mation d’oxygène du myocarde. Plus de 500 patients ont été étu-
diés, avec 5 groupes (un groupe placebo et 4 doses de levosi-
mendan). L’objectif principal de l’étude était la survenue d’une
hypotension ou d’une ischémie cliniquement significative.
Aucune détérioration n’a été observée avec le levosimendan par
rapport au placebo. Pour les critères secondaires, une améliora-
tion significative a été constatée avec le levosimendan (dyspnée,
mortalité, aggravation de l’insuffisance cardiaque, et mortalité
pendant les 72 premières heures ou les 14 premiers jours).
Certains points restent néanmoins à préciser : la fonction ventri-
culaire n’a pas été mesurée, et on ne sait donc pas la part des dys-
fonctions systoliques ; le pourcentage de patients du groupe pla-
cebo ayant finalement nécessité un inotrope positif a été de
seulement 5 %, ce qui pose le problème de l’indication même du
traitement. Cette première étude portait principalement sur la tolé-
rance. Il faudra attendre les études sur l’efficacité.
✔L’étude MOXCON a testé les effets de la moxonidine sur la
mortalité globale de patients en insuffisance cardiaque en classe
II à IV de la NYHA. Cette étude a inclus 2 449 patients dont la
majorité était en classe II/III de la NYHA, provenant de
425 centres et avec une posologie de moxonidine qui variait de
0,25 à 1,25 mg/jour. Les principaux résultats sont indiqués dans
le tableau V.
Les résultats n’étaient pas en faveur d’un bénéfice de la moxoni-
dine et, bien que le comité de surveillance des données n’ait pas
envisagé l’interruption de l’étude, le promoteur a décidé son arrêt.
La noradrénalinémie a diminué de moitié dans le groupe moxo-
nidine. L’explication de l’augmentation de la morbi-mortalité n’est
pas claire : diminution trop importante de la noradrénalinémie,
titration trop rapide, doses trop élevées ? Il faudra attendre les
résultats définitifs, mais il n’est pas sûr que l’analyse complète
des données permette de déterminer les mécanismes en jeu.
R. Doughty a présenté les résultats d’une prise en charge glo-
bale et concertée de patients adressés pour insuffisance car-
diaque (Auckland Heart Failure Management Study). L’objec-
tif principal était les décès, les réadmissions et la qualité de vie
mesurée selon le questionnaire Minnesota (Minnesota Living
With Heart Failure Questionnaire). Les patients étaient rando-
misés entre prise en charge habituelle et prise en charge “glo-
bale”. La prise en charge comprenait l’éducation des patients et
des consultations régulières programmées. Le suivi a été de 12 mois
(tableau VI).
Ces résultats ne montrent pas d’amélioration dans le groupe “prise
en charge globale” pour les paramètres mesurés, notamment la
classe NYHA et les décès. Les raisons de cette absence d’amé-
lioration ne sont pas encore élucidées, car seuls les résultats pré-
liminaires ont été présentés. L’inclusion de patients ayant une
insuffisance cardiaque peu grave et le faible effectif expliquent
probablement cette absence de différence significative, alors que
la plupart des études publiées démontrent une amélioration des
patients, notamment pour ce qui concerne les réhospitalisations.
ENDOTHÉLINES
L’endothéline est une neurohormone particulièrement importante
dans la physiopathologie de l’insuffisance cardiaque. Son taux est
d’autant plus augmenté que la pathologie est grave. La mortalité
est d’autant plus importante que les taux d’endothéline 1 ou de
big-endothéline sont augmentés. Ainsi, l’endothéline est un bon
facteur pronostique. Les antagonistes, notamment le bosentan, ont
montré qu’ils amélioraient les courbes pression-volume, le taux
de mortalité et les taux de norépinéphrine dans un modèle expé-
rimental d’insuffisance cardiaque chez le rat. Chez l’homme, les
études préliminaires, notamment l’étude REACH-1 chez des insuf-
fisants cardiaques sévères (classes IIIb et IV de la NYHA), ont
montré une amélioration des symptômes et des durées d’hospita-
lisation. Malheureusement, la mauvaise tolérance hépatique de
INFORMATIONS
Placebo Moxonidine
Mortalité globale (%) 2,8 5
Aggravation de l’insuffisance cardiaque (%) 4,0 5,1
Infarctus du myocarde (%) 0,5 0,7
Effets indésirables graves cardiaques (%) 2,2 4,5
Ensemble des événements (%) 9,5 15,3
Tableau V. Principaux résultats de l’étude MOXCON.
Prise en charge Prise en charge
globale usuelle
Nombre de patients 97 90
Âge moyen (ans) 72,5 73,5
Sexe féminin (%) 36 40
Fibrillation auriculaire (%) 34 31
À un an
réhospitalisations 1/ 2 27/32 27/37
nombre total de journées
d’hospitalisation 528 733
Coût en dollars 456 255 467 180
Tableau VI. Résultats de l’étude Auckland Heart Failure Management.