Mise s au p oint Mise s au p oint Psychotherapy, addictive behaviour, treatment model M. Facon La PNL et les addictions Michel Facon* La Programmation Neuro Linguistique (PNL) a pris naissance dans le décor de la Californie des années 1970 autour de deux institutions caractérisées par l’ouverture d’esprit, la créativité et la préoccupation constante de l’interdisciplinarité : l’Institut Esalen et l’université de Santa Cruz. Dans ce décor se croisent, dialoguent et cherchent des spécialistes d’origines très diverses : psychologues, linguistes, philosophes, mathématiciens, informaticiens, cybernéticiens, spécialistes des neurosciences et des sciences cognitives… pour n’en citer que quelques-uns. C’est sur ce terrain que deux universitaires de talent se rencontrent : Richard Bandler, psychologue, informaticien et mathématicien, et John Grinder, professeur de linguistique et élève de Noam Chomsky, linguiste de renommée internationale. Tous deux sont préoccupés par des questions épistémologiques communes. Il a fallu six années de collaboration étroite (1972 – 1978) pour que ces deux universitaires de haut niveau découvrent les fondements d’une nouvelle science qu’ils ont baptisée PNL en 1976 et qu’ils ont commencé à enseigner en 1977. Cette science, aujourd’hui présente sur les cinq continents, concerne la communication, l’apprentissage, le changement et s’adresse autant aux individus qu’aux groupes. Les réponses aux questions épistémologiques évoquées ci-dessus ont d’abord été obtenues par le biais de la modélisation d’experts réputés pour obtenir des résultats dans leur spécialité : Virginia Satir, thérapeute familiale, Frédéric Perls, père de la Gestaltthérapie, et Milton Erickson, psychiatre hypnothérapeute et père des thérapies brèves. On ignore les raisons exactes et sans doute complexes qui ont poussé Bandler et Grinder à commencer à enseigner la PNL hors du milieu universitaire. Mais c’est là une décision qu’ils ont prise en 1977, en accord avec la mission qu’ils s’étaient don* LESFPNL, 12, avenue Parmentier, 75011 Paris. née : faciliter le processus de transfert des compétences, donc le développement et l’acquisition de savoir-faire. La PNL est une science qualitative dont l’épistémologie constructiviste est résolument orientée vers l’action. C’est un modèle multidimensionnel qui s’inscrit dans un cadre éthique et qui articule étroitement un modèle intégral de la personnalité, des présupposés sur l’homme et la relation, des schémas d’excellence en matière de communication et des techniques de travail. En profondeur, et sous-jacents à ces quatre axes, on note la présence de fondements théoriques solides, des concepts et des outils d’analyse, une méthodologie de recherche et des options épistémologiques. Cette discipline ne s’oppose à aucune théorie actuellement en vigueur, et je pense profondément que les querelles de clocher auxquelles on assiste souvent lors des débats entre scientifiques et experts pourraient bien se comprendre à partir de la méconnaissance qu’ont souvent les uns et les autres des présupposés qui sont aux fondements des différentes sciences : les leurs et celles des autres… Pour sa part, l’addictologie n’échappe pas à cette caractéristique sans aucun doute sou- 15 The neurolinguistic programmation (NPL) took place first in the California of the seventies. The construction of the (NPL) model resumed hereby, started in 1988. The author insists on the process of change. Due to the directly operationnal character of its concepts. The NPL considerably facilitates the field practice Mise s au poin t Mots-clés : Interviews, Psychotherapy, Prevention. haitable, mais parfois trop freinante à l’égard des actions possibles… La PNL en addictologie Pluridisciplinaire de fait, le champ de l’addictologie est investi, comme chacun sait, par des professionnels divers, dont les pratiques découlent de savoirs de base engendrés par des épistémologies fort différentes. Ces dernières sont rarement interrogées quant à leurs fondements et à leurs visées. Il s’ensuit tout naturellement que chaque acteur de terrain a fortement tendance à ne voir midi qu’à son horloge et rencontre des difficultés à adopter une “multiperspective” pourtant nécessaire pour communiquer avec ses collègues de formations différentes. Je pense que ce problème est majeur et qu’il concerne plus particulièrement les spécialistes des sciences humaines entre eux, mais n’épargne pas non plus la communication entre sciences dites “dures” et sciences humaines. Les conséquences se font ressentir au niveau de la pratique des entretiens et des psychothérapies. Cela explique aussi, semble-t-il, les difficultés que rencontrent la constitution de réseaux performants et la mise en œuvre d’une prévention efficace. Sensible à ce problème, je propose d’adopter une position résolument pragmatique, c’est-à-dire orientée vers l’efficacité. Je rappelle que notre mission première d’addictologue est d’aider réellement la personne addictive à s’aider elle-même. Pour ce faire, il convient de s’inscrire dans un cadre éthique solide et de mettre en œuvre une technologie qui conduit à des résultats concrets et vérifiables sur le terrain. La pratique se trouve ainsi réorientée vers des résultats et non vers des tentatives de justification de théories avancées préalablement. J’ai maintes et maintes fois constaté que l’acteur de terrain privilégie les théories auxquelles il adhère au détriment de la Mise s au p oint t n i Mise s au p o pratique, et que “en savoir plus” ne conduit pas automatiquement à “savoir en faire plus”. Par ailleurs, savoir “ce qu’il faut faire” (le Quoi faire) ne renseigne pas sur la manière de le faire (le Comment faire). Sans piste valable et validée concernant le Comment faire, l’acteur de terrain n’obtient pas toujours les résultats escomptés. Au fil des années de pratique, il se surprend à “faire plus de la même chose” pour n’obtenir que… les mêmes résultats parfois décevants, quand il ne s’enlise pas dans un syndrome d’épuisement professionnel, le burnout des Anglo-Saxons. Je crois très sincèrement qu’il y a un réel problème de formation des addictologues, toutes professions confondues, ne serait-ce qu’au niveau des entretiens mis en œuvre. Les excellents théoriciens ne sont pas forcément les meilleurs praticiens en situation interactive avec la personne addictive. Savoir parler brillamment des personnes addictives n’a pas grand-chose à voir avec la pratique des entretiens avec elles. Les théories ne conduisent pas forcément à la mise en œuvre d’une aide efficace. Pourtant, des solutions existent dans la mesure où chacun peut constater que certains acteurs sont des “experts” reconnus pour obtenir des résultats vérifiables sur le terrain. Ces experts sont dotés de compétences réelles, mais le plus souvent inconscientes : l’expert sait qu’il obtient des résultats, mais ne sait plus comment il les obtient et par conséquent a du mal à enseigner son savoir-faire à d’autres. Inconsciente ou mal consciente, sa compétence demande d’abord à être modélisée avant d’être enseignée. Ce savoir-faire, ainsi repéré, décrypté, formalisé et organisé sous une forme transmissible, peut alors être transféré à d’autres qui obtiendront des résultats analogues ou très voisins. Le critère de cette modélisation réussie n’est pas le vrai ou le faux, mais la faisabilité. On comprend dès lors, que le “PNListe” qui est avant tout un modélisateur, peut apporter beaucoup en pratique addictologique… Les lignes qui suivent montrent que cette méthodologie s’est révélée “payante” en pratique quotidienne. Elle a même permis de faire quelques découvertes inattendues. Il ne s’agira ici, dans le cadre de cet article, que de donner un aperçu sur les résultats pratiques obtenus. Les présupposés des experts compétents Les modélisations ont conduit à mettre au jour les postulats ou axiomes à partir desquels opèrent les experts. Ces présupposés sont en fait des “croyances de base” qui guident leur pratique. Personne ne saurait démontrer leur véracité. En revanche, lorsqu’on les adopte, ils conduisent à des résultats et c’est cela qui fait toute la différence au niveau de la pratique. En voici quelques-uns parmi les plus productifs… 1) Une personne ne saurait être confondue avec les comportements qu’elle produit. C’est dire que le recours à l’alcool, à tout autre produit psychotrope ou à certaines conduites addictives (achat compulsif, automutilation, boulimie…) sont avant tout des comportements (3), c’est-à-dire quelque chose qu’une personne fait. Ce comportement est appris, observable, descriptible, explicitable et changeable. En ce sens, il est impropre de dire qu’une personne “est” alcoolique. Il est préférable de dire qu’elle s’alcoolise. Mais la notion de comportement est plus complexe qu’il n’y paraît. La face visible externe de ce comportement est étroitement reliée à l’état interne de la personne, c’est-à-dire à ce qu’elle ressent à un moment donné (sensations, émotions, sentiments). Comportement et état interne sont inséparables : ils sont comme les deux faces d’une pièce de monnaie. L’état interne, quant à lui, est le résultat des processus internes, c’est-à-dire des idées, pensées, croyances et valeurs du sujet. État interne et processus internes sont, eux aussi, inséparables. En d’autres termes, de manière simplifiée, s’il fallait à tout prix présenter les choses de manière séquentielle, on pourrait dire ceci : le comportement addictif est engendré par ce que l’on ressent, et ce que l’on ressent est fonction de ce que l’on pense. Cette manière de concevoir les choses doit impérativement se refléter dans les paroles de l’aidant et du thérapeute lorsqu’ils sont en situation interactive avec la personne dite addictive. S’adonner est dès lors un processus, c’està-dire quelque chose que l’on fait (en pensées, en émotions et en actes) et non quelque chose que l’on “est”. L’identité de Mise s au poin t Le Courrier des addictions (4), n° 1, Janvier/Février/Mars 2002 16 la personne se trouve ainsi radicalement séparée des comportements qu’elle met en place dans un contexte donné. On notera par ailleurs qu’il est plus facile d’aider un sujet à changer ses comportements que de l’aider à changer sa nature profonde. Cette conception du comportement, très proche de celle du cognitivo-comportementalisme, permet d’inclure ce que d’autres nomment “les conduites addictives”. 2) On l’a constaté précédemment, les addictions ne sont pas définies strictosensu comme étant des maladies. Cela n’exclut pas, bien entendu, que les comportements addictifs ne puissent pas, au fil du temps et selon la vulnérabilité du sujet, conduire à de vraies maladies nécessitant, elles, le recours obligé au médecin. 3) Dans le cadre d’un entretien ou d’une psychothérapie, le comportement addictif est conçu comme une solution mise en place par le sujet lui-même et non comme un problème (4). Pour installer une relation de confiance avec le sujet, il est en effet nécessaire d’envisager les choses de son point de vue (et seulement de son point de vue !). Cette position du “PNListe” ne souffre aucune exception : elle contribue à créer chez le sujet le sentiment d’être compris et évite à l’aidant d’avoir à se confronter avec le sujet en faisant naître des “résistances” (5), voire un phénomène de “déni”. 4) Non seulement le comportement addictif est présenté comme une solution, mais il s’agit de la meilleure solution (4) qu’a pu mettre en place le sujet, compte tenu des circonstances et des ressources dont il dispose. Bien sûr, chacun sait que cette solution risque fort d’entraîner, au fil du temps, des problèmes réels. On verra plus loin que le but de la thérapie n’est pas de priver le sujet de sa solution, mais plutôt de l’aider à en mettre d’autres en place, plus efficaces encore. Il ne s’agit pas de renoncer à faire X ou Y mais de faire mieux que X ou Y. Cette démarche, qui peut surprendre, se soutient à partir du présupposé suivant. 5) Le comportement addictif, en tant que meilleure solution adoptée par le sujet, vise des intentions positives. Le “PNListe” n’adhère pas un seul instant à l’idée que le comportement incriminé soit “auto-destructeur” comme on l’affirme trop souvent. Cette idée appartient à certains aidants et non à la personne addictive. D’où la question très classique que ne manquera pas de poser le “PNListe” : “En buvant Mise s au p oint Mise s au p oint comme tu le fais, que veux-tu faire de positif pour toi ?” Le comportement déjà séparé de la personne, se trouve ainsi relié à un service qu’elle veut se rendre à elle-même. Cette manière de faire s’est révélée l’une des plus payantes au cours des entretiens : le sujet se sent compris, déculpabilisé et s’installe dans un état interne favorable à la suite de l’entretien. Il prend conscience qu’il existe en lui un mécanisme qui, bien que critiqué négativement, ne cherche tout compte fait qu’à lui être utile. Il amorce de ce fait une sérieuse réconciliation avec lui-même et renforce du même coup son estime personnelle. Le mécanisme addictif est investi comme ayant été appris, utile et orienté vers la vie ou la survie. Il ne s’agira pas dans la thérapie de “désapprendre” ce mécanisme mais d’en apprendre d’autres, plus efficaces, toujours destinés à satisfaire les intentions positives du comportement mis en question. Plus on a de choix, mieux cela vaut ! Ce n’est en effet qu’à partir du moment où le sujet se verra proposer de meilleures solutions que le recours à l’addiction qu’il se motivera pour entamer une réelle démarche de changement et d’évolution. Encore une fois, la valeur des présupposés exposés ci-dessus ne se mesure pas par leur “vérité”. Ce sont ceux que mettent en jeu les experts efficaces. Leur valeur se mesure à l’aune de leur efficacité en pratique. L’exemple pris sera celui d’une personne en difficulté avec ses alcoolisations, mais chacune des propositions avancées pourra aisément être transférée aux autres addictions. Sans être tout à fait assimilable à une “personnalité multiple” (multi personnality disorders, ou MPD), il est opportun de concevoir la personne en difficulté avec l’alcool comme étant en quelque sorte clivée entre deux parties d’elle-même : une partie sobre (PS) et une partie alcoolique (PA). Il y a, d’un côté, celle qui veut boire (PA) et, de l’autre celle qui voudrait, soit ne pas boire, soit contrôler ses consommations “comme tout le monde” (PS). Ce concept de dissociation est au cœur du modèle PNL concernant les addictions. PA et PS sont observables et radicalement différentes l’une de l’autre. Leurs postures, gestes, intonations de voix, pensées, ressources, compétences. Sont différents. Comme il a été dit plus haut, les comportements produits par PA et PS sont conçus comme des moyens pour atteindre des objectifs positifs. Ce principe de base ne souffre aucune exception. Exemple : PA peut avoir pour intention de désangoisser le sujet. L’alcoolisation est alors un moyen, le meilleur à cet instant, pour atteindre cet objectif. Cette méthode de recadrage a pour résultat de dédramatiser, déculpabiliser et de réconcilier le sujet avec cette partie de lui-même qui le pousse à boire. On l’aura compris, cette dissociation est une manière d’exprimer le conflit intrapsychique essentiel. Nous n’avons jamais rencontré une personne dite “alcoolique” qui ne soit pas d’accord avec cette manière de présenter le conflit. La dissociation est séquentielle Il existe deux types de dissociation : séquentielle et simultanée. Dans la dissociation simultanée, les deux parties en conflit sont présentes en même temps. De nombreuses techniques de psychothérapie permettent de régler ce type de conflit. À l’opposé, la dissociation est dite séquentielle lorsque les deux parties ne sont jamais synchrones. C’est ce deuxième cas de figure qui se présente lorsqu’il s’agit de problématique de conduites addictives. Du point de vue de la communication avec le sujet “alcoolique”, cette dissociation séquentielle a des incidences qu’il est impossible d’ignorer : – Les deux parties PA et PS n’étant pas présentes en même temps, la communication entre elles est quasi inexistante. Le sujet est en quelque sorte dés-uni, chaque partie ignorant l’autre. – Lorsque le thérapeute communique avec la personne, il communique soit avec PA, soit avec PS, mais jamais avec les deux en même temps. On comprend aisément le dilemme dans lequel se trouve placé l’aidant s’il a conscience de cette dissociation. Si le thérapeute travaille avec PS, il ne travaille pas avec la partie qui a le problème : PA est alors absente. Au contraire, s’il travaille avec PA, c’est alors PS qui est absente ! La grande majorité des procédures thérapeutiques existantes actuellement ne sont pas conçues pour travailler dans ce cadre de la dissociation séquentielle et ne permettent de régler que les conflits engendrés par une dissociation simultanée. C’est ainsi que pour rester dans un cadre PNL, l’application directe de la PNL à la personne en difficulté avec l’alcool peut constituer un 17 leurre, car elle ne règle pas le noyau essentiel de la problématique. Par exemple, si le thérapeute en venait à travailler seulement avec PS, comme cela est souvent le cas, il renforce à son insu la position de PS à un tel point que la PA se sentant mise à l’écart déclenche une rechute (réaction polaire). Pour rester dans un cadre gagnant/gagnant, il convient de mettre en place une procédure d’intervention dont l’objectif est d’amener PA et PS à être présentes en même temps. En d’autres termes, il s’agit de transformer la dissociation séquentielle en une dissociation simultanée avant toute autre démarche. Cette procédure est une condition sine qua non de toute thérapie ultérieure. Cette intervention, une fois réalisée, rétablit la communication entre les deux parties et permet au thérapeute de travailler avec la nouvelle partie (NP) ainsi apparue. Sur le plan technique la mise en application de l’intervention précédente nécessite un thérapeute qui soit capable de faire émerger à volonté la PA. Cela peut se faire en employant tout un éventail de procédés aujourd’hui bien codifiés. Mise s au poin t La stratégie d’alcoolisation La stratégie d’alcoolisation, qui appartient au processus interne, décrit les opérations mentales effectuées par le sujet lorsqu’il se donne envie de boire. Précise et concrète, elle est décrite en termes de modalités sensorielles (le vu, l’entendu, le senti, l’olfactif et le gustatif). Elle n’est pas spécifique à “l’alcoolique” et n’a pas de caractère incoercible. En d’autres termes, elle n’explique que la simple envie de boire, laissant le sujet libre de boire ou de ne pas boire. Elle doit être impérativement distinguée du point de vue de l’intensité de la compulsion à s’alcooliser (paragraphe ci-après). Au fond, la stratégie d’alcoolisation représente la réponse à la question : “Comment fait une personne en son for intérieur pour se donner envie de boire ?” Stratégie d’alcoolisation et compulsion à s’alcooliser sont des mécanismes intriqués : si le premier s’explique en termes de modalités sensorielles, le second s’explique en termes de submodalités sensorielles (luminosité, brillance, distance…). La stratégie d’alcoolisation est le processus interne déclenché par la PS lorsqu’elle doit gérer émotionnel- Mise s au p oint t n i Mise s au p o lement un contexte difficile. Si elle est nécessaire pour déclencher la PA, elle n’est cependant pas suffisante. Elle comporte le plus souvent deux étapes finales au cours desquelles le sujet se voit boire dans un contexte donné (comme sur un écran mental) avant d’être en train de boire mentalement dans le même contexte (comme s’il était dans une réalité virtuelle). La stratégie d’alcoolisation est inconsciente ou mal consciente, mais il est possible techniquement de la mettre en évidence par l’observation attentive du sujet et par un jeu de questions très spécifiques. Une fois formalisée, elle peut être aisément déclenchée soit par le sujet lui-même, soit par l’intervenant. On notera que la question “pourquoi… ?” n’est pas pertinente pour mettre en œuvre une telle stratégie. La compulsion à s’alcooliser processus internes concomitants, certes, mais différents. La compulsion appartient à la PA. La compulsion, mécanisme très ponctuel et ultra-rapide, intervient au cours de la dernière étape de la stratégie d’alcoolisation, juste au moment précis où le sujet qui vient de se voir en train de boire se retrouve mentalement dans la situation même où il est en train de boire. On peut dire pour résumer : la PS est placée dans un contexte qui lui fait ressentir une émotion désagréable et difficilement gérable pour elle. Cette émotion (état interne) déclenche la stratégie d’alcoolisation et, par conséquent, l’envie de boire. En fin de stratégie, la compulsion intensifie considérablement cette envie de boire qui devient un besoin irrésistible de s’alcooliser. Tout se déroule comme si la PS avait passé le relais à la PA pour solutionner le problème qui se présente à elle. À ce stade, la personne en difficulté avec l’alcool n’a pas encore bu réellement. Elle n’a pas encore ingéré la molécule d’alcool. Cependant, l’expérience clinique force à constater que, même sans avoir encore bu, elle se sent déjà nettement mieux… Comment l’alcoolique pourrait-il se sentir déjà mieux sans avoir bu ? Mise s au poin t La compulsion en elle-même conduit à déclencher une attraction irrésistible pour l’alcool. Le sujet ne peut pas ne pas boire lorsque la compulsion se déclenche (“Il faut que je boive, je ne peux pas ne pas boire, c’est plus fort que moi…”). Le mécanisme ultra-précis de la compulsion se détecte aisément au niveau des submodalités sensorielles. Ce mécanisme est le plus souvent d’ordre visuel mais peut aussi, à l’occasion, être de nature auditive et même kinesthésique. Ce mécanisme compulsif comporte les éléments suivants : un objet (ici une boisson alcoolique), une distorsion au niveau de la représentation sensorielle (luminosité, brillance…), un ressenti dit compulsif et l’acte compulsif en lui-même (boire et ne pas pouvoir ne pas boire). La compulsion démultiplie la simple envie de boire engendrée par la stratégie d’alcoolisation pour en faire une attraction irrésistible à s’alcooliser. Dans le cadre de la PNL, il est possible : de diagnostiquer une compulsion ; d’en mettre en évidence le mécanisme précis ; d’éliminer cette compulsion. On notera bien que, lorsque le thérapeute a éliminé la compulsion, l’attraction irrésistible pour l’alcool a disparu définitivement. Toutefois, la simple envie de boire, à laquelle le sujet peut aisément surseoir, subsiste. La technique permet de bien distinguer qu’envie de boire (ou simple désir d’alcool) et attraction irrésistible sont le résultat de deux La séquence kinesthésique Il est bien évident que “l’alcoolique” ne boit pas en raison du caractère toxique de l’alcool, mais pour ressentir les effets psychotropes de l’alcool. Concernant ces derniers, les choses se passent comme si le cerveau avait codifié les souvenirs des effets psychotropes de l’alcool, c’est-à-dire la succession des ressentis de la PA. C’est cette succession que l’on nomme séquence kinesthésique (SKi). Il est possible de détecter cette séquence et de la formaliser de la manière suivante : K1 ➝ K2 ➝ K3 ➝ K4 ➝ K5. Dans cette séquence, chaque K représente un ressenti particulier. Une fois repérée, traduit en langage verbal le découpage du flux des éprouvés sensoriels du sujet en l’absence de toute consommation d’alcool. Cela signifie bien que le sujet (comme le thérapeute) peut alors déclencher à volonté et facilement les effets psychotropes de l’alcool sans en ingérer la molécule. Cette séquence peut se découper en 5 ou 6 éléments. Elle appartient à la PA et elle est caractéristique d’un sujet donné. En pratique, cette séquence peut être amé- Le Courrier des addictions (4), n° 1, Janvier/Février/Mars 2002 18 liorée (exemple : on peut en éliminer les effets secondaires indésirables !). Elle peut être accélérée (les effets psychotropes sont obtenus plus vite qu’avec une alcoolisation réelle !). Les effets psychotropes peuvent être intensifiés. Techniquement, elle est un des moyens que peut employer le thérapeute pour enclencher la PA en vue d’effectuer l’intervention destinée à réduire la dissociation séquentielle à la dissociation simultanée. (Cela veut également dire qu’il est relativement facile d’apprendre à un alcoolique ou à un toxicomane à obtenir les effets du produit sans en absorber la molécule). L’existence de la séquence SKi éclaire le phénomène du flash-back chez le toxicomane ou l’ivresse mentale (cuite sèche) chez l’alcoolique. Le comportement alcoolique, cas particulier de l’alcoolisation, peut être défini comme l’utilisation par le sujet d’une dissociation sévère dans les contextes de la vie quotidienne difficilement gérables autrement. La finalité d’un tel mécanisme est de l’ordre de l’évitement d’un état interne désagréable et de la mise en place d’un fonds émotionnel permettant la survie. Dans le cadre de ses objectifs positifs à l’égard du sujet dans sa globalité, la PA produit un comportement d’alcoolisation qui constitue un mécanisme de survie. C’est dans ce sens que le comportement alcoolique est plus une solution qu’un problème. On comprendra facilement que demander à un alcoolique de cesser de boire d’une manière ou d’une autre, sans autre forme de procès, c’est lui demander, voire exiger de lui, de renoncer à la meilleure des solutions qu’il a pu mettre en place jusqu’ici. Le système “causal” d’Aristote Il est possible de mettre un peu d’ordre dans le matériel conceptuel du champ alcoologique en faisant appel aux quatre causes chez Aristote. Ce dernier distingue en effet : Les causes formelles Elles sont liées aux définitions et présupposés posés par le spécialiste et à sa manière de percevoir les choses. La cause formelle est ce qui définit le caractère essentiel d’un phénomène. Les implications concernant les mesures à mettre en œuvre ne sont pas les Mise s au p oint Mise s au p oint mêmes si je définis l’alcoolisme comme une maladie, un comportement, un phénomène héréditaire, une sociopathie, etc. Autrement dit, la cause formelle en dit souvent plus sur les intentions de l’expert que sur le phénomène perçu en lui-même. rent ; pour organiser les informations de manière à apporter des solutions. Les causes antécédentes (ou mécaniques) C’est la forme de causalité à laquelle on pense le plus souvent pour décrire un phénomène. Alors que la cause formelle est hors du temps, la cause antécédente se rattache clairement au passé et évoque une chaîne d’actions, de décisions, d’événements, qui s’inscrivent dans une relation linéaire de cause à effet. En matière d’alcoolisme, faire appel à l’histoire personnelle du sujet pour expliquer les difficultés actuelles avec l’alcool relève de ce type de causes. Comme on a pu le constater, il est possible de recueillir un ensemble d’informations dans l’ici et maintenant (causes contraignantes) qui s’organisent en une sorte de système ayant “valeur explicative” : la stratégie d’alcoolisation, la séquence kinesthésique, la compulsion, le clivage PA/PS… Ce sont les aspects synchroniques de l’alcoolisme, les éléments et facteurs mis en jeu appartenant à un seul et même moment de la vie du sujet. Mais dès le moment où l’on se demande d’où vient la dissociation, comment s’estelle installée, on entre dans le domaine des causes antécédentes ou dans l’ordre diachronique. L’esprit est alors orienté vers le passé… Cette dissociation a-t-elle été causée par le produit alcool ? Était-elle présente avant l’alcoolisation ? Qu’est-ce qui rend compte que certaines personnes s’alcoolisent sans que cela ne leur pose de problème ? Qu’est-ce qui fait que d’autres, au contraire, éprouvent plus ou moins vite des difficultés avec l’alcool ? Dans mon expérience clinique personnelle, j’ai trouvé que, dans environ un tiers des cas de comportement addictif, on note la présence d’un ou plusieurs traumatismes extrêmement sévères (viols, incestes, enfants battus, deuils…). Ces traumatismes sont en grande majorité antérieurs à tout comportement addictif. Ils ont eu lieu dans l’enfance, l’adolescence ou même à l’âge adulte. Leur extrême sévérité est, souvent, le caractère socialement inacceptable de ces traumatismes qui doivent être estimés principalement en fonction de la mentalité du sujet à l’âge où ils sont survenus. C’est ainsi qu’il peut quelquefois s’agir de traumatismes qui pourraient paraître bénins aujourd’hui mais ne l’étaient manifestement pas à l’époque où ils sont survenus. Il apparaît alors que c’est au cours de ces traumatismes que le sujet a mis en place cette faculté extraordinaire de se dissocier afin de survivre. Vue sous cet angle, la dissociation peut être considérée comme un don ou un mécanisme de survie. C’est là, semble-t-il, que le futur “addictif ” aurait Les causes contraignantes (efficientes) Elles sont rattachées au présent et constituent un véritable système de paramètres qui jouent dans un sens ou dans un autre sur l’alcoolisme du sujet. Ces causes sont inscrites dans le contexte : réactions de l’entourage, lois et règlements sur l’alcool au travail, insertion ou non dans le corps social, etc. Ce sont des contraintes potentielles, présentes ou non, et qui maintiennent la structure du phénomène en place sans toutefois prendre en compte ses origines. Les causes finales Elles sont rattachées à l’objectif visé et aux effets escomptés et par conséquent reliées au futur. Elles guident et influencent l’état présent du système en lui donnant de la signification, de la pertinence ou une finalité. Aristote disait : “L’esprit fait ce qu’il fait pour une chose en soi, laquelle chose détient sa propre fin.” Les causes finales sont du domaine du rôle d’une chose ou de son identité en tenant compte du système plus vaste dans lequel s’inscrit la chose considérée. Par exemple, si j’avance que la dissociation séquentielle de la personne addictive assure sa survie, je suis dans le cadre des causes finales. Il en est de même si je dégage les intentions positives de la PS. Le système causal ainsi décrit est complexe mais permet à chaque instant de structurer un phénomène comme celui des addictions : pour tenir à son propos un discours cohé- D’où vient la dissociation séquentielle ? 19 appris, dans l’urgence, à gérer une émotion fortement désagréable. Que ce traumatisme, aussi sévère soit-il, puisse être considéré comme la seule et unique “cause” de l’addiction, je l’ignore totalement. D’ailleurs, cela est d’une importance secondaire en pratique. En revanche, l’expérience clinique faite dans le cadre de la PNL montre que, lorsque les aspects synchroniques du problème ont été solutionnés et que le sujet n’a pas encore tout à fait retrouvé son bien-être, il est utile, et même nécessaire, de rechercher et de traiter ces expériences traumatisantes. La PNL est une discipline très bien outillée pour atteindre cet objectif. Mise s au poin t L’empreinte d’alcoolisation Toujours dans le cadre des aspects diachroniques, on notera que les premières expériences d’alcoolisation constituent souvent, chez de nombreux sujets, des expériences hautement significatives. Ce sont elles qui installent l’urgence du recours à l’alcool en raison des modifications de la perception qu’entraîne l’usage de ce produit psychotrope. On nomme ici empreinte le souvenir inoubliable des effets ressentis dans un contexte émotionnel difficile (ou même, parfois, cet “en plus” de plaisir ressenti sans qu’il y ait forcément une émotion difficile à gérer). Il est clair que, si ces expériences de référence avec l’alcool n’avaient pas eu lieu, le rôle renforçateur des expériences répétées au fil du temps n’eût même pas à être évoqué. Dès lors, il y a tout intérêt à faire en sorte d’altérer la représentation mentale de ces expériences avec le psychotrope. C’est réalisable techniquement avec le même type d’outillage qu’au paragraphe précédent. Schéma général d’intervention pour addictions (SGIA) Ce SGIA est une procédure à géométrie variable, dont les grandes lignes peuvent être résumées de la manière suivante : L’entretien avec la personne addictive L’entretien a été inclus dans le SGIA et constituerait de manière avantageuse une sorte de “tronc commun” pour les différents professionnels de la santé, de l’éducation et du social. Il correspond à l’application des pré- Mise s au p oint t n i Mise s au p o supposés de la PNL en matière de communication efficace et tient compte au plus haut degré de la dissociation séquentielle décrite précédemment. Il consiste à établir une solide relation de confiance avec les trois instances qui caractérisent l’addictif : la personne totale, la partie addictive et la partie non addictive. Il est conduit de manière à éviter “résistance” et “déni” (6). Il vise aussi à repérer la stratégie mentale par laquelle le sujet se motive habituellement afin de l’utiliser pour l’aider à se motiver à mettre d’autres solutions plus efficaces que le comportement addictif (7). La pratique d’un tel entretien, de haute technicité, ne demande qu’une dizaine de jours de formation et un minimum d’entraînement supervisé. Il est rappelé que la PNL n’est pas une théorie mais un modèle : à ce titre, elle ne s’oppose à aucune théorie existante en matière d’addiction (8). L’entretien est conduit en accordant une grande importance au cadre temporel : les questions utilisées par l’aidant sont orientées vers le présent et surtout le futur, c’està-dire vers les solutions. addictif, ce qui garantit un travail qui ne soulève aucune “résistance”. – Une fois la (ré)intégration effectuée, il reste à aider le sujet à adopter des solutions meilleures que le recours au comportement addictif. Ici encore, une technique spécifique de PNL (10), impossible de décrire ici, permet d’effectuer ce travail. Les nouvelles solutions mises en place se caractérisent par les qualités suivantes : elles doivent être plus efficaces et plus rapides que le recours à l’alcool ou à tout autre produit. Elles doivent pouvoir être mises en œuvre à tout moment et en tout lieu. Ce travail doit ensuite être vérifié dans les contextes dans lesquels, auparavant, le sujet avait recours au comportement addictif. NB : La fréquente présence du mécanisme compulsif décrit plus haut oblige le thérapeute à éliminer la compulsion dès qu’il en détecte la présence. Cette intervention de PNL, dite compulsion blow out (11), doit être parfois réalisée au cours de la phase de l’entretien proprement dit. L’expérience a montré que si elle ne l’était pas, l’aidant serait susceptible de la déclencher à son insu ! Mise s au poin t La psychothérapie proprement dite Sa mise en œuvre nécessite une solide formation et un entraînement supervisé en PNL. L’approche peut être résumée selon les deux axes suivants : Axe synchronique Le travail, préparé au cours de l’entretien précédent, se fait en premier lieu dans “l’ici et maintenant” sans se préoccuper de la dimension diachronique (sauf toutefois lorsqu’apparaît un obstacle sérieux). Le travail psychothérapique sur le seul axe synchronique se révèle suffisant pour bon nombre de sujets. À lui seul, il permet de régler le noyau de la “problématique” du sujet au niveau de l’identité. – L’intervention essentielle et incontournable et la (ré)intégration des parties addictive (PA) et non addictive (PNA) dans un cadre gagnant/gagnant. Cette (ré)intégration est le résultat d’un processus de réconciliation, de recadrages et de négociations entre les deux polarités PA et PNA. Elle se fait en appliquant une technique PNL spécifique (9). Elle doit impérativement être réalisée de telle sorte que les PA et PNA “fusionnent” en une nouvelle partie (NP) qui contient à la fois les ressources de PA et de PNA. À aucun moment il n’est exigé du sujet qu’il abandonne son comportement Axe diachronique Comme on l’a vu, il n’est pas toujours nécessaire de travailler sur le passé de la personne addictive. Il convient cependant de le faire dans les circonstances suivantes : – Si on rencontre un obstacle majeur au cours du travail en synchronie, qu’il s’agisse de l’entretien ou du début de la psychothérapie. Il va de soi, dans ce cas, que si le professionnel effectuant l’entretien n’est pas psychothérapeute, il doit confier ce travail à un psychothérapeute entraîné. – Si les interventions effectuées sur l’axe synchronique s’avèrent insuffisantes. Dans ce cas, il convient, là aussi, de rechercher et de traiter efficacement les expériences traumatisantes ainsi que les empreintes des premiers recours au comportement addictif. Conclusion L’élaboration du modèle PNL résumé ici a commencé en mai 1988. Son créateur, Michel Facon, en a poursuivi l’élaboration pendant trois années consécutives. Il a été enseigné pour la première fois en 1991 et s’est considérablement perfectionné au fil Le Courrier des addictions (4), n° 1, Janvier/Février/Mars 2002 20 du temps et de la pratique. Il a été complété dernièrement par la prise en compte de la représentation mentale qu’a le sujet addictif de son système familial (d’origine et actuel). Il est aujourd’hui enseigné à des professionnels formés préalablement en PNL. Il présente des avantages considérables dont le moindre n’est pas de diminuer de façon très significative la démarche du changement. En raison du caractère directement opérationnel de ces concepts, la PNL facilite considérablement la pratique de terrain. Elle n’est pas une théorie nouvelle qui viendrait s’ajouter à celles qui existent déjà mais un ensemble de “savoir-faire” et de “comment faire” étroitement articulés en vue d’atteindre des objectifs préalablement fixés et vérifiables. À côté de ces avantages évidents, la PNL présente, bien sûr, des inconvénients surtout liés au paradigme actuellement en vigueur en addictologie. Parmi ceux-ci, il en est un que je regrette beaucoup pour ma part : certaines interventions paraissent “magiques” pour celui qui n’est pas formé à cette discipline et cela heurte parfois de manière frontale le système de croyances thérapeutiques de certains intervenants. En réalité, derrière cette magie apparente se cache une technologie très sophistiquée, précise et efficace. Et cela ne s’improvise pas… La puissance de cette technologie doit avoir pour contreparties une éthique rigoureuse et sans faille et un sens de la mission très développé. Albert Einstein soulignait déjà : “Vous ne pouvez pas résoudre un problème avec le même type de pensée que celle qui a conduit au problème”. Dès lors, on conçoit aisément que chaque école de psychothérapie ait sa propre manière de penser et que celle-ci puisse être utile pour traiter certains patients, certains types de problèmes ou certains niveaux de problèmes. La PNL n’est pas une nouvelle école de psychothérapie : elle a cherché à synthétiser et à utiliser, à des degrés divers, ce qu’il y a de commun à toutes ces psychothérapies (12) lorsqu’elles donnent des résultats. Elle a mis en évidence la “structure profonde” partagée par ces différentes approches lorsqu’elles se montrent efficaces. En ce sens, la PNL est une synthèse de ce qui fonctionne déjà. Il convient donc de bien comprendre qu’elle ne s’oppose à aucune école de psychothérapie existante. Affirmer le contraire Mise s au p oint Mise s au p oint serait méconnaître ses origines, son épistémologie, ses méthodes et son éthique. Références bibliographiques 1) On peut lire “Modeling with NLP” Robert Dilts, 1998, Metapublication. 2) L’article ne traite que de l’entretien et de la psychothérapie avec la personne addictive. On aurait pu y ajouter la pratique de la prévention, la formation des acteurs de terrain, la constitution d’un esprit d’équipe et la pratique des réseaux. 3) “Comportement addictif” a été préféré à “conduite addictive”. Il est accepté très largement par la communauté scientifique et évite, semble-t-il, tout glissement sémantique de jugement (bonne/mauvaise conduite, etc.). 4) Les notions de “problème” et de “solution” sont relatives. Il nous semble que la bonne question à se poser est : “problème/ solution, oui, mais pour qui ?” 5) Nous pensons que la “résistance” en apprend plus sur la façon dont le thérapeute communique que sur le patient lui-même. 6) S’il fallait vraiment conserver le terme de “déni”, il conviendrait de le rattacher à la dissociation séquentielle : la PNA déniant l’existence de la PA et vice versa. 7) La procédure est nommée “automodélisation” : la stratégie de motivation qui fonctionne bien dans un secteur est transférée dans un secteur dans lequel le sujet en a besoin. 8) Sur la structure générale de l’“Entretien en addictologie”, on peut lire l’article de l’auteur dans le numéro de la revue THS du dernier trimestre 2001. s Brèv es èv es r B s e e La circulaire DGS/DHOS n°2002/57 du 30 janvier 2002 définit les nouvelles conditions de la primo-prescription de la méthadone Brèv Brèv La nouvelle autorisation de mise sur le marché de la méthadone étend aux médecins exerçant en établissement de santé la possibilité de prescription, dans le cadre de l’initialisation d’un traitement de substitution pour les toxicomanes dépendants majeurs aux opiacés.(jusqu’alors réservée aux médecins des centres spécialisés de soins aux toxicomanes ). Cette évolution vise à favoriser l’accès aux traitements de substitution à base de méthadone, en diversifiant les lieux et les situations dans lesquels peut être entrepris un tel traitement, dans le cadre d’un suivi médico-psycho-social adapté. La mise en place du traitement correspond aux cas suivants : – à l’occasion d’une hospitalisation, notamment, pour suivi obstétrical, pathologies somatiques graves de type infectieux, soins psychiatriques, traumatologie et soins de suite ; – en milieu pénitentiaire, prescription par un médecin d’une équipe en charge des soins somatiques ou psychiatriques ; – en consultation à l’établissement de santé en ambulatoire. La circulaire du 30 janvier 2002 insiste particulièrement sur l'organisation du relais à l’issue de la prise en charge en établissement de santé ou en établissement pénitentiaire, soit vers un médecin de ville, soit vers un centre spécialisé. Ce relais constitue un aspect fondamental de la prise en charge et doit être envisagé, avec le patient, dès l’indication de la prescription. S’agissant d’un stupéfiant, la prescription doit être faite sur une ordonnance sécurisée. La durée maximale de prescription est limitée à 14 jours.La délivrance est fractionnée par périodes de 7 jours.Les conditions de délivrance, qui correspondent aux différents cas de prescription, sont les suivantes : – dans les cas où le patient est hospitalisé, le traitement est délivré quotidiennement en présence d’un infirmier, la méthadone étant fournie par 9) Pour des renseignements à ce sujet, consulter les articles disponibles sur http://lesfpnl.free.fr 10) Lire un exemple concret sur http://lesfpnl.free.fr (2 articles : “La Compulsion à s’alcooliser”). 11) Il serait aisé de montrer que la PNL a emprunté à Pavlov, au behaviorisme, aux thérapies cognitivo-comportementales, à la Gestalt-thérapie, la psychanalyse, la thérapie orientée sur le client, les thérapies familiales systémiques, les thérapies orientées sur la solution, l’hypnose éricksonienne… Mise s au poin t NB : Pour tous renseignements concernant la PNL, s’adresser à NLPNL, association francophone des certifiés en PNL (site Internet : www.nlpnl.net Tél./Fax/Rép : 01 69 01 62 66. la pharmacie à usage intérieur de l’établissement ; – en milieu pénitentiaire, la méthadone est délivrée conformément à la circulaire interministérielle du 5 décembre 1996 relative à la lutte contre l’infection par le VIH en milieu pénitentiaire, qui prévoit une administration à chaque prise par le personnel soignant ; – pour ce qui concerne la consultation externe, le médecin prescripteur devra déterminer, en accord avec le patient, le pharmacien d’officine qui réalisera la dispensation du traitement. Le pharmacien choisi doit être contacté par le médecin. Le nom du pharmacien qui assurera la dispensation sera inscrit sur l’ordonnance établie par le médecin. La prescription pourra, en cas de nécessité, préciser que la dispensation doit se faire quotidiennement. L’obésité pathologique et la toxicomanie ont des caractéristiques cérébrales communes Brèv s Brè ves e On savait qu’une réduction de l’activité cérébrale dopaminergique modifiait les sensations de plaisir, et pouvait contribuer à accroître l’obésité comme la toxicomanie. Les images cérébrales réalisées par caméra à positrons (PET-scan) sur 10 patients atteints d’une obésité sévère (5 hommes, 5 femmes), comparés à 10 sujets contrôle (7 hommes, 3 femmes), ont objectivé la relative pauvreté en récepteurs nerveux à la dopamine D2 dans le striatum des obèses : les sujets obèses avaient un indice de masse corporelle (IMC) de 51,2 et les sujets contrôle de 24,7 (l’obésité est avérée pour un IMC supérieur à 30). Ce déficit est impliqué également dans les addictions à la cocaïne, à l’héroïne et à bien d’autres drogues. A contrario, les drogues comme la cocaïne, qui bloquent la recapture de la dopamine dans l’espace intersynaptique, en augmentent donc la concentration, font baisser l’appétit. À l’inverse, celles qui verrouillent ces récepteurs augmentent l’appétit et provoquent un gain de poids. – Robert Mathias, staff writter Nida Notes. Étude de Wang G-J,Volkow N F. A.R. (New-York). Nida Notes octobre 2001; n° 4, 16 : 10-3. 21