
La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 6 - juin 2010 | 369
MISE AU POINT
En post-thérapeutique immédiate, la QDV était
altérée pour les 3 traitements avec une récupéra-
tion partielle de certaines fonctions à 2 ans. Des
domaines restaient donc perturbés : on retrouve
les troubles urinaires, sexuels et digestifs connus
comme effets indésirables possibles de la curie-
thérapie, chirurgie et radiothérapie. Cependant,
quel que soit le traitement, les échelles de QDV
globale (14) ne mettent pas en évidence une dégra-
dation du quotidien des patients par comparaison
avec la population générale.
En résumé, malgré l’augmentation des troubles
digestifs, urinaires ou sexuels induits par ces trai-
tements (informations indispensables à donner pour
éclairer le choix des patients), il est important de
rassurer le patient quant au maintien de sa qualité
de vie globale à long terme. Cette situation peut en
partie s’expliquer par un comportement d’adapta-
tion des patients, qui donnent à ces symptômes un
caractère mineur dans leur vie quotidienne.
Situation palliative :
cancer du pancréas métastatique
L’objectif de la chimiothérapie des cancers du pancréas
métastatique est d’améliorer la survie médiane mais
surtout d’améliorer le confort quotidien du patient.
C’est dans le cadre du cancer du pancréas que l’on
a défini la notion de “bénéfice clinique” reposant
sur 3 paramètres évalués à chaque cycle de chimio-
thérapie (15) :
➤l’évaluation de la douleur (par l’échelle EVA) ;
➤la consommation d’antalgiques ;
➤la variation de l’indice de Karnofsky.
Il s’agit donc d’une appréciation objective par le
médecin de l’amélioration clinique. C’est l’étude de
Burris (16) qui a principalement permis à la gemcita-
bine de devenir le standard de chimiothérapie dans
cette indication. Le critère principal de jugement
était le bénéfice clinique. Ce dernier, score prag-
matique et outil simple de mesure, ne prend pas
en compte la QDV dans sa dimension globale, telle
qu’appréciée par le patient.
Dans un essai randomisé de phase III comparant
la chimiothérapie (5-FUFOL ± VP16) à un trai-
tement symptomatique, l’allongement de la
survie globale avec la chimiothérapie était accom-
pagné d’une amélioration de la QDV évaluée par
le QLQ-C30 (17) : 36 % des patients traités par
chimiothérapie présentaient une amélioration ou
une stabilité de leur QDV contre 10 % lors de trai-
tement symptomatique (p < 0,01).
La chimiothérapie des stades avancés a donc établi
sa supériorité comparativement à des soins de
conforts seuls en termes de survie mais surtout
de QDV.
Soins de support : exemple de la fatigue
L’asthénie est le symptôme le plus fréquemment
cité parmi ceux altérant la QDV des patients atteints
de cancer (18, 19). Son caractère subjectif et son
étiologie multidimensionnelle la rendent toutefois
difficile à évaluer.
Dans l’étude de Stone (19), seulement 22 % des
patients estiment que la fatigue pourrait faire l’objet
de traitements et 52 % des patients se plaignant de
ce symptôme n’en ont jamais informé leur médecin.
En règle générale, de nombreux patients atteints
de cancer considèrent la fatigue comme une consé-
quence normale de leur maladie et s’abstiennent
d’en parler à leur médecin. Par ailleurs, le retentis-
sement de la fatigue est fréquemment mésestimé
par les médecins, et sa banalisation rend le symp-
tôme difficile à dépister. Or, des instruments validés
existent pour dépister et mesurer la fatigue. Les plus
utilisés sont le FACT-Fatigue (20), le MFSI (Multi-
dimensional Fatigue Symptom Inventory) [21], le FSI
(Fatigue Symptom Inventory) [22], le FAQ (Fatigue
Assessment Questionnaire) [23] et le MFI (Multidi-
mensional Fatigue Inventory) [24].
L’utilisation de ces échelles permet d’objectiver
l’asthénie et d’instaurer les traitements spécifiques.
L’un des avantages notables est également de faire
prendre conscience au malade que sa fatigue n’est
pas une fatalité.
Valeurs pronostiques
de la qualité de vie
Corrélation entre qualité de vie et survie
Une méta-analyse de 2009 (25), portant sur 30 essais
randomisés concernant 10 108 patients atteints de
cancer, a évalué la QDV de façon spécifique ainsi que
son impact pronostique. Le questionnaire d’évalua-
tion utilisé était le QLQ-C30. La QDV physique est
apparue comme un facteur pronostique indépendant
déterminant pour la survie globale, comme l’âge
ou la présence de métastases. Ces résultats confir-
ment l’importance d’une évaluation systématique
de la QDV dans les études cliniques comme l’un des
éléments prédictifs de la survie du patient.