Psoriasis Dr F. Benhadou - Sept`15

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expertise
En Belgique, plus de 30 000 personnes souffrent de la
maladie psoriasis. Plus de 60 % des patients font l’objet de
discriminations injustifiées en raison de leur maladie.
© Photos : Fonds Erasme
Le psoriasis touche
3 % de la population
L
Comment la maladie évolue-telle ?
e Docteur Farida Benhadou,
chercheure au Fonds Erasme
pour la recherche médicale
est dermatologue à l’Hôpital
Erasme. Elle mène une recherche sur le
psoriasis, une maladie qui touche 3 %
de la population. Le point sur la maladie et ses traitements…
Quels sont les symptômes du
psoriasis chez un patient ?
Dr Farida Benhadou : « Il s’agit d’une
maladie inflammatoire de la peau. Elle
est relativement fréquente : elle touche
jusqu’à 3 % de la population. Malheureusement, la plupart des gens - et même
des médecins - la considèrent comme
une maladie bénigne. Or, ce n’est pas le
cas : hormis les atteintes au niveau de la
peau, elle peut avoir des conséquences
sur les articulations et provoquer
d’autres maladies inflammatoires. De
manière générale, le psoriasis se manifeste par la peau qui pèle et, dans la moitié des cas, par des démangeaisons. »
Quels sont les différents types
de psoriasis ?
F. B. : « Le plus fréquent, qui concerne
la majorité des patients, est le psoriasis
en plaques ou « psoriasis vulgaire ». Il
se caractérise par des plaques rouges
et squameuses présentes à différents
endroits du corps. Certains patients ne
sont parfois touchés qu’à un seul niveau :
les coudes, le cuir chevelu, les genoux,
etc. À côté de cette présentation classique
de la maladie, il en existe quelques formes
plus rares, comme le psoriasis palmoplantaire, où seules la peau des mains et
la plante des pieds sont atteintes. »
Le Docteur Farida Benhadou
Dermatologue à l’Hôpital Erasme
Le plus fréquent est le
psoriasis en plaques ou
« psoriasis vulgaire ».
Il se caractérise par
des plaques rouges et
squameuses présentes
à différents endroits du
corps.
F. B. : « C’est variable d’un individu
à l’autre. Un patient n’ayant qu’une
seule petite plaque peut très bien
vivre avec. Un autre ayant de nombreuses plaques verra sa qualité de
vie considérablement impactée d’un
point de vue esthétique d’abord et du
point de ses relations sociales ensuite.
En outre, sur le plan médical, lorsque
plus de 30 % de la surface du corps est
recouverte de telles plaques, outre les
douleurs et souffrances que ressent
le patient, les risques de maladies
cardio-vasculaires, d’hypertension et
autres sont plus importants. »
Quelles sont les causes de la
maladie ?
F. B. : « Dans l’état actuel des
recherches, il n’est pas évident d’identifier des causes précises. Mais on
pense de plus en plus qu’il s’agit d’une
maladie polygénique : plusieurs gènes
sont impliqués… sans que l’on puisse
pour autant procéder à un dépistage
génétique avant que la maladie n’apparaisse. Au-delà de la prédisposition
génétique, des facteurs extérieurs
comme le stress, le mode de vie ou
l’environnement favorisent le développement de la maladie. »
Quelle est l’efficacité des
traitements médicaux actuels ?
Pour une analyse
des vraies et fausses idées
sur la maladie, visitez
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F. B. : « Ils ont tous pour but de traiter
les symptômes de la maladie, à savoir
diminuer l’inflammation qui l’accompagne. On n’a pas encore trouvé l’élément précis permettant de traiter
la cause de la maladie. Cependant,
même si la maladie n’est pas éradiquée en tant que telle, on parvient
ainsi à considérablement augmenter la qualité de vie des patients. Les
traitements actuels permettent aux
patients d’être en rémission pendant
de longues années avant de voir réapparaitre une poussée. »
Quels sont ces traitements ?
F. B. : « Plus le psoriasis est étendu,
plus le traitement est lourd. Le patient
n’ayant que quelques petites plaques
bénéficie d’un traitement local via des
lotions et crèmes, par exemple. Si la
zone de plaques est plus étendue ou si
le patient ne réagit pas à ce traitement
local, on recourt à des traitements systémiques, c’est-à-dire soit des comprimés à ingurgiter soit des UV. Si tout cela
ne fonctionne toujours pas, on passe
aux biothérapies. Celles-ci - dont l’antiTNF - sont les derniers traitements en
vogue : il s’agit d’immunorégulateurs
qui, en régulant donc l’immunité,
permettent d’obtenir des résultats
spectaculaires, atteignant 70 à 75 %
de rémissions. Cela dépend en réalité
très fort du type de psoriasis et du type
de patient. Au-delà des traitements
existants, beaucoup de recherches
actuelles, portant sur les différents
types de gènes impliqués dans la maladie, nous donnent l’espoir de trouver,
dans un avenir plus ou moins proche,
la manière de bloquer les facteurs à
l’origine de la maladie. »
Philippe Van Lil
[email protected]
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