MEDIAPLANET www.lesmaladieschroniques.be 5 expertise En Belgique, plus de 30 000 personnes souffrent de la maladie psoriasis. Plus de 60 % des patients font l’objet de discriminations injustifiées en raison de leur maladie. © Photos : Fonds Erasme Le psoriasis touche 3 % de la population L Comment la maladie évolue-telle ? e Docteur Farida Benhadou, chercheure au Fonds Erasme pour la recherche médicale est dermatologue à l’Hôpital Erasme. Elle mène une recherche sur le psoriasis, une maladie qui touche 3 % de la population. Le point sur la maladie et ses traitements… Quels sont les symptômes du psoriasis chez un patient ? Dr Farida Benhadou : « Il s’agit d’une maladie inflammatoire de la peau. Elle est relativement fréquente : elle touche jusqu’à 3 % de la population. Malheureusement, la plupart des gens - et même des médecins - la considèrent comme une maladie bénigne. Or, ce n’est pas le cas : hormis les atteintes au niveau de la peau, elle peut avoir des conséquences sur les articulations et provoquer d’autres maladies inflammatoires. De manière générale, le psoriasis se manifeste par la peau qui pèle et, dans la moitié des cas, par des démangeaisons. » Quels sont les différents types de psoriasis ? F. B. : « Le plus fréquent, qui concerne la majorité des patients, est le psoriasis en plaques ou « psoriasis vulgaire ». Il se caractérise par des plaques rouges et squameuses présentes à différents endroits du corps. Certains patients ne sont parfois touchés qu’à un seul niveau : les coudes, le cuir chevelu, les genoux, etc. À côté de cette présentation classique de la maladie, il en existe quelques formes plus rares, comme le psoriasis palmoplantaire, où seules la peau des mains et la plante des pieds sont atteintes. » Le Docteur Farida Benhadou Dermatologue à l’Hôpital Erasme Le plus fréquent est le psoriasis en plaques ou « psoriasis vulgaire ». Il se caractérise par des plaques rouges et squameuses présentes à différents endroits du corps. F. B. : « C’est variable d’un individu à l’autre. Un patient n’ayant qu’une seule petite plaque peut très bien vivre avec. Un autre ayant de nombreuses plaques verra sa qualité de vie considérablement impactée d’un point de vue esthétique d’abord et du point de ses relations sociales ensuite. En outre, sur le plan médical, lorsque plus de 30 % de la surface du corps est recouverte de telles plaques, outre les douleurs et souffrances que ressent le patient, les risques de maladies cardio-vasculaires, d’hypertension et autres sont plus importants. » Quelles sont les causes de la maladie ? F. B. : « Dans l’état actuel des recherches, il n’est pas évident d’identifier des causes précises. Mais on pense de plus en plus qu’il s’agit d’une maladie polygénique : plusieurs gènes sont impliqués… sans que l’on puisse pour autant procéder à un dépistage génétique avant que la maladie n’apparaisse. Au-delà de la prédisposition génétique, des facteurs extérieurs comme le stress, le mode de vie ou l’environnement favorisent le développement de la maladie. » Quelle est l’efficacité des traitements médicaux actuels ? Pour une analyse des vraies et fausses idées sur la maladie, visitez www.lesmaladieschroniques.be F. B. : « Ils ont tous pour but de traiter les symptômes de la maladie, à savoir diminuer l’inflammation qui l’accompagne. On n’a pas encore trouvé l’élément précis permettant de traiter la cause de la maladie. Cependant, même si la maladie n’est pas éradiquée en tant que telle, on parvient ainsi à considérablement augmenter la qualité de vie des patients. Les traitements actuels permettent aux patients d’être en rémission pendant de longues années avant de voir réapparaitre une poussée. » Quels sont ces traitements ? F. B. : « Plus le psoriasis est étendu, plus le traitement est lourd. Le patient n’ayant que quelques petites plaques bénéficie d’un traitement local via des lotions et crèmes, par exemple. Si la zone de plaques est plus étendue ou si le patient ne réagit pas à ce traitement local, on recourt à des traitements systémiques, c’est-à-dire soit des comprimés à ingurgiter soit des UV. Si tout cela ne fonctionne toujours pas, on passe aux biothérapies. Celles-ci - dont l’antiTNF - sont les derniers traitements en vogue : il s’agit d’immunorégulateurs qui, en régulant donc l’immunité, permettent d’obtenir des résultats spectaculaires, atteignant 70 à 75 % de rémissions. Cela dépend en réalité très fort du type de psoriasis et du type de patient. Au-delà des traitements existants, beaucoup de recherches actuelles, portant sur les différents types de gènes impliqués dans la maladie, nous donnent l’espoir de trouver, dans un avenir plus ou moins proche, la manière de bloquer les facteurs à l’origine de la maladie. » Philippe Van Lil [email protected]