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modèle citoyen de bonne conduite eutha-
nasique aux personnes en proie à une
lente agonie).
En clinique, au fil de l’évolution de la
maladie des patients, nous voyons les
changements se faire. Les positions tran-
chées sur le “testament de vie, le droit à
l’euthanasie” n’ont rien à voir avec l’éva-
luation que fait le même patient à la fin de
sa vie sur ce qu’il juge acceptable comme
qualité de vie.
A la condition bien sûr que des soins pal-
liatifs soient réellement apportés à cette
personne.
De ce point de vue, l’ouvrage “Ethique et
fin de vie” est d’une aide précieuse. Fruit
de la réflexion d’un groupe de travail du
centre régional d’éthique (Midi-
Pyrénées), sous la direction du Dr
Marmet, chef de service d’une unité de
soins palliatifs, cet ouvrage interroge
notre pratique que l’on soit en cancérolo-
gie, chirurgie ou... psychiatrie. Son pro-
pos dépasse largement le problème de la
fin de vie et interroge notre position
éthique face à tout homme souffrant.
Mon vécu personnel est que la mise en
place des soins palliatifs n’évacue pas la
question du sens de la souffrance, de la
maladie.
Dans cet ouvrage, Pascal Dupont (7), phi-
losophe, nous rappelle à propos des
nécessaires traitements antalgiques que la
douleur prolongée se redouble en souf-
france car elle perturbe la présence au
monde du sujet, elle affecte la qualité
même de l’acte d’exister, elle rompt les
liens avec son semblable.
Comment alors faire du lien entre l’être et
sa souffrance ?
D’après P. Dupont (7) citant Ricoeur et
Levinas, la souffrance est “réfractaire à la
conscience”, elle provoque “une dissolu-
tion” de la conscience d’être à soi-même
et aux autres. Mais cette souffrance est
appel.
Si elle reçoit une réponse, si elle est écou-
tée “alors naît ce que Levinas appelle la
socialité” (n’est-ce pas une bonne défini-
tion des soins en psychiatrie ?).
A condition d’éviter que l’acte de soin
palliatif ne soit aussi une façon de fuir le
lieu, la présence soignante. Sinon le
symptôme resurgira déplacé et perturbant.
Cette attention à la souffrance, en évitant
l’activisme technique et sa limite extrême
l’euthanasie, permet avec compassion de
redonner le statut de sujet au malade en
ouvrant un espace de parole et de symbo-
lisation.
Ce pladoyer, axe-central des deux
ouvrages évoqués (d’un côté la mort et les
deuils, de l’autre la souffrance), permet
d’espérer être utile en allant faire de la
liaison (de la psychiatrie de...) chez nos
confrères somaticiens. Retrouver le sujet
à la place de l’organe ce serait peut-être
retrouver la Médecine à la place de la
Spécialité. Comment exiger de nos
confrères qu’ils le fassent, que le psy-
chiatre ne soit plus convoqué pour être
l’âme manquant au technicien.
Références
1) Parlons de la mort et du deuil : P. Cornillot,
M. Hanus, Ed. Frison Roche, 1997. Les enfants
en deuil. Morts et maladie du deuil.
2) In Parlons de la mort et du deuil. Vivre un
deuil à l’âge adulte. M.F. Bacque.
3) Deuil et spiritualité : J. Kammerer.
4) In Parlons de la mort et du deuil.
5) In Ethique et fin de vie. Th. Marmet, Erès,
1997.
6) In Ethique et fin de vie.
7) In Ethique et fin de vie. La souffrance a-t-
elle un sens ? L’homme malade et souffrant
perd-t-il sa dignité ?
ERRATUM
Dans la mise au point du n° 204 de
novembre 1997 intitulée : “Activation du
processus familial en thérapie systémique”,
l'auteur, Christian Legendre, nous signale
deux erreurs dans l'introduction page 3496 :
à la première ligne il fallait lire systémique et
non systématique et 13 lignes avant la fin du
paragraphe : observacteur et non observa-
teur.
Dans la 2epartie (parue page 3550 du n° 205
de décembre), le sous-titre Technique de
supervision ne s'applique qu'au test de liber-
té. La Rédaction prie les lecteurs de bien
vouloir excuser ces inexactitudes.
Des idées de Jackson à un modèle organo-dyna-
mique en psychiatrie
Henri Ey
L'Harmattan, collection “Psychanalyse et civilisa-
tions”, Paris, 1997, 308 pages.
Les passions du corps . La Psyché dans les
addictions et les maladies auto-immunes :
possessions et conflits d'altérité
Gérard Pirlot
PUF, le fil rouge, Paris, 1997, 323 pages.
Au-delà du rationalisme morbide
Eugène Minkowski
L'Harmattan, “Psychanalyse et Civilisations”,
Paris, 1997, 260 pages.
Dictionnaire fondamental de la psychologie
Larousse, “In Extenso”, Paris, 1997, 1440 pages.
Les livres suivants sont tous édités par l’Institut
Synthélabo pour le progrès de la connaissance, “Les
Empêcheurs de Penser en Rond”, Distributeur :
Distique - 1997
Henri Ey, 1900-1977, Cinquante ans de psychia-
trie en France
Patrick Clervoy
Bergson et les neurosciences
Sous la direction de Philippe Gallois et Gérard
Forzy
Bien que mon amour soit fou - Erotomanies : du
regard à une écoute
Benoît Dalle, Yves Edel et Alejandro Fernandez
Ne craignez rien, Docteur, je ne vous ferai aucun
mal
Didier Weil
Dis-moi comment tu dors. 12 000 personnes témoi-
gnent de leurs habitudes de sommeil en France, en
Grande-Bretagne et au Québec.
Maurice Ohayon et la collaboration de Catherine Bousquet
Livres