32-705-A-10 Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître J. Tramalloni, J.L. Wémeau Les dernières recommandations de bonne pratique clinique sur la prise en charge du nodule thyroïdien dataient de 1995 avec le rapport de l’Agence nationale pour le développement de l’évaluation médicale (ANDEM). La Société française d’endocrinologie (SFE) vient de publier de nouvelles recommandations sur cette prise en charge. Le but de ce travail est d’exposer aux radiologistes, qui réalisent certainement la grande majorité des échographies thyroïdiennes, les recommandations qui concernent plus directement leur activité, mais aussi leur rappeler des aspects cliniques, physiopathologiques, cytologiques et thérapeutiques afin qu’ils produisent des examens pertinents, répondant bien aux exigences de leurs collègues cliniciens. Y sont traités l’épidémiologie, l’évaluation biologique, échographique et cytologique, la place actuelle des autres examens d’imagerie (dont la scintigraphie) et quelques situations particulières (nodules de l’enfant, de la femme enceinte, nodule au cours d’une maladie de Basedow, au cours d’une thyroïdite chronique lymphocytaire, incidentalomes). De nombreuses figures illustrent ces aspects et des tableaux et encadrés font ressortir les points les plus importants. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots-clés : Nodule ; Cancer thyroïdien ; Échographie ; Cytologie ; TI-RADS ; Forte hypoéchogénicité ; Microcalcifications ; Élastographie ; Adénopathies ; Scintigraphie ; TEP-18 FDG ; Incidentalome Plan ■ Introduction 2 ■ Épidémiologie et aspects cliniques Quels sont les facteurs favorisants ? Histoire naturelle des nodules thyroïdiens Évaluation clinique des nodules thyroïdiens Évaluation biologique initiale 2 2 3 3 4 Évaluation échographique Impératifs techniques Évaluation diagnostique et pronostique des nodules Inventaire nodulaire Détermination de la taille du nodule Échostructure Échogénicité Limites et forme du nodule Calcifications Aspect de la vascularisation Vélocimétrie Dureté Étude des ganglions lymphatiques de voisinage Résultat de l’étude échographique : la caractérisation nodulaire 4 4 4 4 5 6 6 6 6 7 7 7 8 9 ■ EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale Volume 0 > n◦ 0 > xxx 2012 http://dx.doi.org/10.1016/S1879-8535(12)60946-5 ■ Évaluation cytologique Quels nodules faut-il ponctionner ? Évaluation cytologique 9 9 10 ■ Place des autres examens d’imagerie Place de la scintigraphie Apport de l’imagerie TDM ou IRM et de la TEP au 18-FDG 11 11 12 ■ Stratégies thérapeutiques et de surveillance Qui opérer et comment Qui surveiller et comment Place de l’hormonothérapie frénatrice 12 12 12 13 ■ Situations particulières Nodules thyroïdiens de l’enfant Nodule thyroïdien de la femme enceinte Nodule survenant dans un contexte de maladie de Basedow Nodule survenant dans un contexte de thyroïdite lymphocytaire chronique (TLC) (hors maladie de Basedow) Nodules thyroïdiens occultes : incidentalomes Spécificité de prise en charge Qui opérer Qui surveiller 13 13 13 13 Conclusion 16 ■ 14 14 15 15 16 1 32-705-A-10 Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître Tableau 1. Nature des principaux nodules thyroïdiens. Nodules bénins Adénomes vésiculaires (colloïdes, macrovésiculaires, microvésiculaires et fœtaux) Kystes (simples et hémorragiques) Pseudonodules de thyroïdites (aiguës, subaiguës ou chroniques) Nodules malins Cancers (papillaire, vésiculaire, médullaire, anaplasique) Lymphomes Métastases Introduction Les dernières recommandations françaises sur la prise en charge du nodule thyroïdien dataient de 1995 (Agence nationale pour le développement de l’évaluation médicale [ANDEM]) [1] . La Société française d’endocrinologie (SFE) vient de publier un nouveau consensus sur le sujet. Il est indispensable que les radiologues, qui réalisent la majorité des échographies thyroïdiennes, en connaissent les résultats et les recommandations afin d’adapter leur pratique et produire des examens pertinents qui répondent aux attentes de leurs correspondants cliniciens. Le but de cet article est de mettre en évidence les points forts de ces recommandations et leur impact direct sur la réalisation des échographies thyroïdiennes, mais aussi de donner aux radiologues les informations cliniques, épidémiologiques, pathogéniques et thérapeutiques leur permettant de mieux comprendre les attentes des cliniciens et de mieux répondre aux nombreuses questions des patients pendant l’examen échographique. Rappelons que le radiologue, comme tout médecin, a envers son patient un devoir d’information « complète, loyale et exhaustive » sur son état et sur les constations qu’il fait au cours de son examen (Code de la santé publique, articles R.4127-1 à R.4127-112). La seule limite que reconnaît la loi à cette information est la révélation d’un diagnostic ou d’un pronostic grave. Celle-ci pourra être différée ou confiée au clinicien qui suit le patient et qui connaît mieux que le radiologue le contexte et la personnalité du patient. La communication entre les deux praticiens est alors un élément fondamental qui, en raison d’éventuelles répercussions médicolégales, devrait être écrite (cf. infra). Il s’agit de recommandations pour la pratique que la SFE a décidé de publier pour les mettre à la disposition de ses membres et de la communauté médicale. Ces recommandations ont tenu compte des données de la littérature internationale (articles, consensus, recommandations). Cette analyse et l’élaboration des recommandations ont été confiées à un groupe de médecins reconnus pour leur expertise de cette thématique et regroupant des endocrinologues, des chirurgiens, des cytopathologistes, des anatomopathologistes, des radiologues, des biologistes et des médecins de médecine nucléaire. Les premiers résultats ont été présentés au congrès annuel de la SFE à Nice en octobre 2009. Cette version a ensuite été mise en ligne sur le site internet de la SFE afin de recueillir les remarques et critiques des membres de la société. Le texte a été publié en anglais pour une reconnaissance internationale dans les Annales d’endocrinologie (Guidelines of the French society of endocrinology for the management of thyroid nodules) [2] et la version en français a été publiée dans la Presse médicale (« Recommandations de la société française d’endocrinologie pour la prise en charge des nodules thyroïdiens ») [3] . Par rapport au texte initial, les auteurs ont simplifié ou supprimé certaines notions qui présentent moins d’intérêt pour le radiologue et développé ou ajouté des points de technique échographique qui sont importants pour la réalisation d’échographies de qualité. Seront abordés successivement l’épidémiologie et les aspects cliniques, les mesures biologiques utiles puis l’échographie, la cytoponction, les traitements et enfin quelques cas particuliers. 2 Épidémiologie et aspects cliniques Un nodule est une hypertrophie localisée du parenchyme thyroïdien. Sa traduction palpatoire est celle d’une nodosité se distinguant du parenchyme sain par sa consistance différente ou par sa taille, déformant alors la glande. Il est admis que la nodulation constitue un phénomène du vieillissement physiologique de la thyroïde et que la très grande majorité de ces nodules sont et resteront bénins. Malgré tout le cancer thyroïdien a un très bon pronostic, d’autant plus favorable que le diagnostic est porté à un stade de nodule de taille moyenne (1 cm à 3 cm). Le clinicien balance donc entre le risque d’une médicalisation excessive de nodules bénins qui n’auront jamais de conséquence fâcheuse et celui de rater le diagnostic d’un cancer thyroïdien à un stade où la guérison est obtenue dans plus de 98 % des cas. La prévalence autopsique des nodules varie beaucoup (entre 8,2 et 65 %) selon les pays, l’âge, le sexe, la taille seuil. La prévalence clinique est estimée aux environs de 5 % chez les femmes aux États-Unis, trois fois moins chez les hommes [4] . La prévalence échographique était de 55 % avec une sonde 13 MHz chez les sujets des deux sexes de plus de 40 ans dans l’étude de Bruneton [5] . La prévalence des incidentalomes thyroïdiens est estimée à 9,4 % des échographies des vaisseaux du cou et à 16 % des tomodensitométries (TDM) et imagerie par résonance magnétique (IRM) incluant la région cervicale. La nature des nodules thyroïdiens est précisée dans le Tableau 1. La proportion de nodules malins est difficile à connaître avec précision car de nombreux nodules restent méconnus ou inexplorés. Les chiffres des séries chirurgicales sont majorés du fait de biais de recrutement. Un ordre de grandeur de 5 % est retenu par la plupart des experts. Si les cancers de la thyroïde ne représentent en France que 1,3 % de tous les cancers diagnostiqués, il faut noter la grande fréquence du cancer thyroïdien occulte (de 3 à 36 % de la population selon les séries). Ceci explique la grande proportion de microcancers (définis comme des tumeurs de 10 mm au plus) découverts histologiquement sur des pièces opératoires. Ces microcancers représentent actuellement environ la moitié des nouveaux cas de cancers diagnostiqués. La généralisation des thyroïdectomies totales et des coupes sériées de l’ensemble des pièces opératoires explique principalement l’augmentation de l’incidence du cancer thyroïdien constatée dans tous les pays développés. On estime que seul un cancer occulte sur 15 évoluera vers un cancer symptomatique. La proportion de cancers est analogue pour les nodules solitaires et pour les goitres multinodulaires. De même le risque de cancer est indépendant de la taille du nodule. En revanche, le pronostic du nodule cancéreux devient moins favorable avec la taille, d’où la prudence vis à vis des gros nodules) [4, 6–8] . Quels sont les facteurs favorisants ? Facteurs constitutionnels [7, 9] En ce qui concerne l’âge, la prévalence du nodule est environ égale à la décade (par exemple : 50 % à 50 ans). Le risque qu’un nodule soit cancéreux est multiplié par deux si le sujet a moins de EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître 32-705-A-10 20 ans ou plus de 60 ans ou s’il s’agit d’un homme. Malgré tout, comme la fréquence des nodules est quatre fois plus élevée chez la femme, la majorité des cancers survient dans le sexe féminin. On a également mis en évidence le rôle de la parité et de la surcharge pondérale. Facteurs environnementaux La carence iodée et le tabac ont un rôle clairement établi sur la prévalence des nodules. L’irradiation par radiothérapie externe accroît le risque de nodules et de cancers. La survenue de cancers (surtout papillaires) dépend de la dose (au-dessus de 10 cGy) et elle apparaît d’autant plus fréquente que l’irradiation a eu lieu dans le jeune âge [10–14] . L’irradiation accidentelle de Tchernobyl a provoqué une flambée de cancers papillaires radio-induits chez les enfants et les jeunes adolescents russes, biélorusses et ukrainiens [15] . Elle a aussi majoré l’incidence des nodules bénins [16] . Aucun argument scientifique ne peut actuellement faire retenir une influence de cet accident sur la pathologie thyroïdienne en France [17–19] . Tableau 2. Marqueurs cliniques du risque de cancer en présence d’un nodule thyroïdien. Âge Moins de 16 ans et plus de 65 ans Sexe Masculin Hérédité Cancer papillaire (plus de deux dans la famille) Cancer médullaire ou NEM 2 Coïncidence pathologique Maladie de Cowden Polyadénomatose colique familiale (isolée ou dans le cadre d’un syndrome de Gardner) Complexe de Carney Maladie de von Recklinghausen Antécédent personnel Irradiation cervicale Caractères du nodule Apparition récente, évolution rapide Consistance dure, irrégulière Autres facteurs Certaines affections héréditaires rares prédisposent au nodule et au cancer thyroïdien. On décrit des formes héréditaires de cancer papillaire (moins de 5 %), lorsque plus de deux membres de la même famille en sont atteints. L’acromégalie et l’accroissement de la thyroid stimulating hormone (TSH) favorisent la nodulogénèse et la cancérogénèse thyroïdienne. Fixation aux parties molles Signes locorégionaux Paralysie récurrentielle Adénopathie satellite NEM2 : néoplasies endocriniennes multiples de type 2. une baisse de TSH, puis une hyperhormonémie thyroïdienne : c’est alors le stade du classique nodule toxique de Plummer. Histoire naturelle des nodules thyroïdiens Évaluation clinique des nodules thyroïdiens Évolution de la taille du nodule Dans certains cas les circonstances de survenue du nodule orientent d’emblée vers une étiologie. Ces circonstances doivent être connues du radiologue car elles lui permettent d’orienter correctement son diagnostic et de limiter ses hypothèses. Ainsi, un nodule douloureux, d’apparition brutale perçu par le patient est très évocateur d’une hématocèle, qui peut être pure ou correspondre à des remaniements hémorragiques au sein d’une lésion préexistante. Alors que cette survenue brutale va inquiéter le patient, il faut d’emblée le rassurer car 90 % de ces lésions sont bénignes. Les 10 % restants sont des lésions cancéreuses qui se caractérisent par leur récidive rapide après évacuation. Leur existence justifie l’analyse cytologique de tout produit de ponction, même à visée évacuatrice. La thyroïdite aiguë est une situation rare, survenant dans un contexte particulier (immunodépression, enfant) associant une tuméfaction extrêmement douloureuse dans un contexte fébrile. La ponction permettra parfois l’identification du germe en cause. La thyroïdite subaiguë (ou maladie de Quervain-Crille) se traduit par une hyperthyroïdie avec effondrement de la TSH quelques jours après un épisode viral oto-rhino-laringologique, dans un contexte douloureux souvent au premier plan. La protéine C réactive (CRP) est très élevée. Dans les formes locales on peut croire palper un nodule. Dans la thyroïdite lymphocytaire chronique on palpe une accentuation de la lobulation thyroïdienne qui peut faire penser à un nodule. La TSH haute et la positivité des anticorps antithyroperoxydase (ATPO) permet le diagnostic, l’échographie permettant parfois de distinguer les pseudonodules (qui ne refoulent pas les vaisseaux) d’authentiques nodules associés. Le nodule autonome (nodule « chaud » de la scintigraphie) n’est cliniquement parlant qu’au stade de nodule toxique (hyperthyroïdie). Il existe un risque très faible mais démontré de cancer parmi les nodules fonctionnels [1, 7, 24, 26] . Certains signes cliniques sont d’emblée évocateurs de malignité.Ils sont rappelés dans le Tableau 2. Quand deux d’entre eux sont présents, le risque de malignité est très élevé [20] , mais en aucun cas cela ne dispense de réaliser une échographie thyroïdienne, des examens de laboratoire et une cytoponction. Aucune situation clinique inaugurale ne peut justifier de s’en tenir à une approche purement clinique. Les rares études disponibles sur l’évolution spontanée des nodules jugés bénins [20–24] montrent qu’environ un tiers d’entre eux présentera une régression spontanée de volume d’au moins 50 %, un tiers restera stable, le reste augmentant de volume. Évolution de la nature du nodule Un nodule bénin peut-il devenir cancéreux ? Il faut distinguer le risque de faux négatif de la cytoponction (le nodule était cancéreux mais la cytoponction ne l’a pas identifié correctement) de la vraie dégénérescence d’un nodule bénin. Le diagnostic cytologique de cancer après une première cytologie bénigne est rare. Il s’agit alors d’un faux négatif initial (environ 2 à 4 % des cytoponctions), justifiant la répétition systématique de la cytologie en cas d’augmentation de taille du nodule au cours de la surveillance. Dans des cas très rares, on peut penser que d’authentiques lésions bénignes ont un potentiel de transformation maligne [25] . Il s’agit dans ce cas de cancers vésiculaires (qui sont rares). La transformation des cancers papillaires en cancer anaplasique est possible. Enfin, il faut connaître la possibilité de foyers de cellules cancéreuses au sein d’un nodule bénin (dans environ 2 % des cas de certaines séries chirurgicales). Évolution du nombre de nodules L’apparition de nouveaux nodules au cours de la surveillance d’un lobe restant après lobectomie est observée chez 3 à 28 % des sujets selon les séries. La thyroxine administrée à doses modératrices de la TSH semble diminuer l’apparition de nouveaux nodules [21, 23] . Évolution de la sécrétion hormonale du nodule La survenue de nodules hyperfonctionnels est favorisée par la carence iodée. Elle se caractérise par l’apparition de mutations activatrices du récepteur de la TSH. Leur niveau de sécrétion est corrélé avec l’augmentation de leur taille. Longtemps sans influence sur l’état hormonal, ils déterminent progressivement EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale 3 32-705-A-10 Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître Évaluation biologique initiale Seul le dosage de la TSH suffit en première intention [1, 24, 27, 28] . Si la TSH est basse on effectuera alors le dosage des hormones T3 et T4 libres. Si la TSH est élevée on dosera le taux des anticorps ATPO. Il n’y a pas lieu de doser la thyroglobuline (sauf dans le contexte très particulier de néoplasie diffuse, éventuellement suspecte de relever d’un cancer thyroïdien). Le dosage de la calcitonine est recommandé avant toute intervention chirurgicale pour nodule ou goitre. L’augmentation très franche de son taux (> 100 ou 200 ng/ml) est en effet très suggestive de cancer médullaire. Évaluation échographique L’échographie est devenue l’imagerie de référence du nodule thyroïdien [1–4] , tant pour la détection, le diagnostic, la recherche de signes de malignité et la surveillance. Les échographies thyroïdiennes sont très majoritairement et très logiquement réalisées par les radiologues. Il est indispensable que le médecin qui réalise ces examens soit bien conscient que ses conclusions contribuent au schéma décisionnel. Le clinicien attend de l’échographie des informations qui doivent impérativement figurer dans le compte-rendu. Tous les consensus parus aux États-Unis, en Europe et en France sont en accord sur la nécessité d’un contenu minimum et d’une standardisation des examens. L’aboutissement logique de cette réflexion internationale est la mise en œuvre du système TI-RADS (Thyroid Imaging Report And Data System), développé initialement par E. Horwath [29] par comparaison avec le système BI-RADS pour le sein et perfectionné en France par G. Russ [30] . Nous exposerons ici en détail les impératifs techniques et la conduite de l’examen échographique d’une thyroïde nodulaire ainsi que le système TI-RADS. Impératifs techniques Un transducteur large bande émettant au moins à 12 MHz est nécessaire pour visualiser les microcalcifications dans les nodules. Un transducteur séquentiel à faible rayon et de fréquence suffisante (8 MHz) est nécessaire pour étudier la pathologie plongeante. Il est en outre parfois utilisé pour l’échoguidage des cytoponctions. Un module Doppler performant est nécessaire pour l’étude de la vascularisation nodulaire et ganglionnaire cervicale. L’élastographie thyroïdienne est encore en cours d’évaluation. L’examen thyroïdien doit toujours être complet, incluant une étude des aires ganglionnaires cervicales car la découverte d’un ganglion suspect satellite d’un nodule a une forte valeur de suspicion. Évaluation diagnostique et pronostique des nodules Une échographie thyroïdienne, quel qu’en soit le motif, doit toujours commencer par la détermination du volume glandulaire. Le volume glandulaire est la somme du volume de chacun des deux lobes et éventuellement de celui de l’isthme s’il est hypertrophié (en pratique, chaque fois que l’épaisseur de l’isthme mesurée sur la ligne médiane est supérieure à 5 millimètres on peut s’attendre à ce que son volume soit supérieur à 1 cm3 , valeur qu’on peut lui attribuer par défaut dans les autres cas). Chez l’adulte le volume thyroïdien usuel est inférieur à 18 ml chez la femme et 20 ml chez l’homme. Des tables de normalité sont disponibles pour l’enfant [31] . Il faut ensuite indiquer le niveau d’échogénicité du parenchyme par rapport aux muscles sous-hyoïdiens qui cheminent dans l’aponévrose cervicale moyenne au contact de la face antérieure de la thyroïde : une thyroïde normale est toujours plus échogène que ces muscles. On dit alors que le parenchyme est normoéchogène ou que le gradient musculoparenchymateux est 4 positif. Une thyroïde iso- ou hypoéchogène par rapport à ces muscles est toujours pathologique. Cela correspond le plus souvent à une pathologie inflammatoire ou auto-immune. Il faut le signaler. Toute échographie doit comporter une recherche systématique de nodules. Dans certains cas l’échographie permettra de redresser un diagnostic erroné de nodule : • masse préthyroïdienne (lipome) ; • nodule cervical non thyroïdien ; • faux nodule derrière un septum fibreux qui n’est pas retrouvé sur la coupe coronale ; • pseudonodule de thyroïdite. C’est un écueil majeur car la description abusive d’un nodule risque d’entraîner une cytoponction non justifiée. Le diagnostic, difficile, repose sur l’analyse des trajets vasculaires : un pseudonodule est une zone hypoéchogène qui ne dévie pas le trajet des vaisseaux car elle n’est pas expansive, comme une zone de stéatose hépatique ne refoule pas les veines sus-hépatiques. L’échographie est l’examen d’imagerie le plus sensible pour visualiser les nodules thyroïdiens et en faire l’inventaire. Inventaire nodulaire L’échographie permet de dénombrer les nodules présents (on admet qu’il faut négliger les nodules de moins de 5 mm de diamètre qu’on appelle micronodules car ils sont très fréquents, souvent transitoires et ordinairement sans risque pathologique) et de les localiser précisément dans la glande. Ceci permet de les reporter dans un schéma tridimensionnel afin que chaque nodule soit repéré sans ambiguïté. Ceci est particulièrement utile en cas de multinodularité. Ainsi chaque nodule bénéficiera d’une surveillance individuelle. Si une cytoponction est décidée, il faudra que le préleveur retrouve avec certitude le nodule à ponctionner : le schéma est alors indispensable. Nous avons publié dès 1994 un schéma qui répond à ces exigences [32] (Fig. 1). Ce schéma permet de se passer de périphrases lourdes et souvent imprécises pour localiser les nodules. Il allège ainsi le compterendu. Il faut rappeler que chaque nodule doit figurer à la fois sur la vue de face et sur une des vues de profil afin qu’il soit repéré sans ambiguïté dans la thyroïde. En cas de nodules multiples, il est commode de les numéroter. Le numéro est bien sûr reporté sur le schéma et il doit aussi figurer sur l’iconographie qui illustre chaque nodule. Quand le nombre de nodules est très important, il est impossible de tous les dénombrer. Il serait d’ailleurs tout aussi difficile de les retrouver avec certitude lors d’un examen ultérieur. Il faut alors décrire d’abord les éventuels nodules suspects ainsi que les plus gros, c’est à dire les nodules qui devront être ponctionnés. Dans ce type d’atteinte multinodulaire diffuse, de nombreux éléments sont isoéchogènes et plus ou moins coalescent. Il est inutile de tenter d’individualiser ces nombreux nodules car il est admis que le risque de cancer est presque inexistant pour ce type de nodules. Un numéro ne représente qu’un seul nodule. Si un nodule disparaît, son numéro ne sera pas réattribué. Chaque nouveau nodule reçoit un nouveau numéro. Il n’apparaît pas utile d’effectuer une numérotation par côté (par exemple : D1, D2, etc. et G1, G2, etc.). Il est également inutile et inopportun de faire précéder le chiffre de la lettre N (N1, N2, etc.) car la lettre N représente les ganglions dans la classification tumor, nodes, metastasis (TNM). Le chiffre seul suffit. On peut également schématiser sur le dessin l’aspect échographique du nodule, ce qui constitue une aide certaine pour les retrouver lors de l’échographie ultérieure. À chaque nouvelle échographie il faut reprendre la même numérotation nodulaire et modifier éventuellement le schéma en fonction de la disparition ou de l’apparition de nodules. Il est donc indispensable de disposer de la totalité de l’examen antérieur : compte-rendu, schéma et iconographie. Un exemple de schéma de repérage est donné par la Figure 2. EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître 32-705-A-10 Figure 1. Schéma de repérage nodulaire proposé par l’auteur : le dessin du centre représente la thyroïde en vue anatomique de face. Les deux dessins latéraux représentent chaque lobe en vue anatomique de profil, ce qui correspond à une coupe longitudinale échographique. H : haut ; B : bas ; Av : avant ; Ar : arrière ; D : droite ; G : gauche. Figure 2. Exemple de schéma de repérage nodulaire : chaque nodule est reporté à la fois sur la vue de face et sur une des vues de profil, permettant un repérage dans les trois dimensions de l’espace. Les nodules sont identifiés par un simple numéro, ce qui est suffisant. En représentant l’aspect échographique de chaque nodule sur le schéma, on aide à leur identification lors des échographies ultérieures. Ainsi les nodules 3, 5, 7 et 8 sont anéchogènes à l’échographie et représentés en noir sur le schéma ; le nodule 1 est hypoéchogène, le 6 isoéchogène. H : haut ; B : bas ; Av : avant ; Ar : arrière ; D : droite ; G : gauche. Le schéma permet également, par comparaison avec la scintigraphie, d’identifier les éventuels nodules autonomes qui ne sont habituellement pas ponctionnés et qui ont parfois un aspect échographique qui pourrait inquiéter à tort. Il faut connaître les particularités de certaines localisations : • du fait de l’origine embryologique des cellules C à calcitonine on trouve plus de cancers médullaires dans la partie externe du tiers moyen et de la jonction tiers moyen-tiers supérieur des lobes ; • du fait de la difficulté de leur étude échographique : ◦ dans le lobe pyramidal, qui doit toujours être examiné (même s’il n’est visible à l’échographie que dans un cas sur deux environ), car des nodules peuvent s’y trouver, et parmi eux des cancers, ◦ aux extrémités des lobes (pôles supérieur et inférieur) où les nodules ne sont pas entourés sur toute leur circonférence de tissu thyroïdien, ce qui peut rendre leur visualisation plus difficile, EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale ◦ sur des ectopies thyroïdiennes supérieures (canal thyréoglosse), ou inférieures, jusque dans le médiastin (il faut bien distinguer alors les nodules endothoraciques, sans connexion avec le lobe orthotopique et les nodules plongeants, qui se prolongent depuis le cou jusqu’au médiastin). On peut s’aider de la déglutition : les formations plongeantes ascensionnent à la déglutition avec la thyroïde, les formations ectopiques endothoraciques non, ◦ du fait de leur proximité avec des structures anatomiques de voisinage, source d’éventuelles compressions (trachée, œsophage, nerfs récurrents). Détermination de la taille du nodule Il est indispensable de donner les trois diamètres maximum (longueur, largeur, épaisseur) ainsi que le volume (qui est automatiquement calculé par tous les appareils selon la 5 32-705-A-10 Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître Figure 4. Nodule fortement hypoéchogène : échographie mode B, coupe longitudinale. Le nodule superficiel (tête de flèche) est moins échogène que le parenchyme thyroïdien mais plus échogène que les muscles sous-hyoïdiens (tête de flèche) : nodule hypoéchogène simple. Le nodule profond (flèche blanche) est moins échogène que les muscles sous-hyoïdiens : nodule fortement hypoéchogène. formule approchée du volume de l’ellipsoïde de révolution : V = L × l × h × 0,5). En effet, le grand diamètre fournit au clinicien une valeur proche de celle fournie par la palpation et lui est donc plus familière. Mais le volume représente mieux la taille du nodule et surtout permet une comparaison plus commode avec les valeurs antérieures au cours de la surveillance (la comparaison de deux chiffres est immédiate et indiscutable, celle de deux fois trois chiffres est plus compliquée). Pour être reproductible, la mesure doit toujours porter sur les trois diamètres maxima. En cas de halo périnodulaire, il faut indiquer si celui-ci a été inclus dans la mesure [33] . Lorsque le nodule est hétérogène, c’est l’échostructure la plus péjorative qui est retenue pour l’évaluation du nodule. Presque tous les cancers thyroïdiens sont hypoéchogènes mais la grande majorité des nodules hypoéchogènes correspond à des nodules bénins en histologie : il s’agit donc d’un signe sensible mais peu spécifique [34] . Afin d’améliorer la spécificité du signe, Kim en 2002 a proposé d’individualiser les nodules fortement hypoéchogènes [35] qui sont définis comme les nodules moins échogènes que les muscles préthyroïdiens (ou muscles de l’aponévrose cervicale moyenne ou muscles sous-hyoïdiens) qui sont au contact immédiat de la capsule thyroïdienne antérieure (Fig. 4). Des études ultérieures [30] ont montré que la valeur prédictive positive (VPP) de ce signe est supérieure à 70 %. Les nodules isoéchogène peuvent correspondre à des cancers vésiculaires. Les nodules hyperéchogènes ne sont presque jamais cancéreux (0 % de cancer dans l’étude de Russ). Échostructure Limites et forme du nodule Un nodule peut être solide, liquidien ou d’échostructure mixte. Dans ce dernier cas il faut préciser l’importance relative de la composante liquidienne. Les nodules à liquide épais (colloïde, sang) peuvent prendre un aspect solide hypoéchogène trompeur. Le Doppler couleur et l’élastographie sont alors très utiles : un nodule qui présente une vascularisation interne est forcément solide (mais tous les nodules avasculaires ne sont pas forcément liquidiens) et un nodule liquidien présente à l’élastographie une absence de signal caractéristique, les ondes de cisaillement ne se propageant pas dans un milieu liquide. Ce kyste apparaît donc sur la carte d’élastographie sans signal élastographique, ni valeur quantitative en kPa. (Fig. 3). Le risque de cancer est alors extrêmement faible (entre 0 et 2 %) quand un nodule présente en échographie mode B les quatre caractéristiques d’un nodule « purement kystique » : • anéchogène au réglage normal du gain ; • se remplissant d’échos fins et homogènes en saturation du gain ; • sans paroi propre ou avec une paroi fine et régulière ; • avec un renforcement postérieur. Les contours du nodule doivent être analysés minutieusement. Sont suspects des contours mal limités ou irréguliers, festonnés. La présence d’un halo hypoéchogène périnodulaire est rassurante s’il est complet. Dans son article fondamental de 2002 [35, 49] , Kim signalait comme suspect un nodule plus épais que large (dont le rapport A/T est supérieur à 1, avec A = diamètre antéropostérieur et T = diamètre transversal) (Fig. 5). Il faut rechercher une éventuelle interruption de la capsule thyroïdienne antérieure au contact du nodule qui peut traduire un début d’envahissement des parties molles. Il faut être prudent car des faux positifs sont possibles. Le plus souvent l’envahissement des parties molles est indiscutable. Figure 3. Élastographie par ondes de cisaillement d’un nodule liquidien : au niveau de la zone anéchogène de l’échographie mode B, on ne note aucun signal élastographique (cliché du docteur G. Russ). Échogénicité Elle concerne les nodules solides et mixtes. Elle se décrit en comparant le niveau d’échogénicité du nodule à celui du parenchyme thyroïdien adjacent : hypo-, iso- ou hyperéchogène. 6 Calcifications Il convient de distinguer les macrocalcifications, suffisamment larges pour déterminer un cône d’ombre acoustique, des microcalcifications plus fines, qui peuvent ne pas être visibles si le matériel échographique est médiocre ou si la fréquence du transducteur est trop faible (7,5 MHz par exemple). Macrocalcifications Leur présence multiplierait par deux le risque de cancer [36] . EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître 32-705-A-10 Figure 5. Nodule plus épais que large : échographie mode B, coupes longitudinale et transversale. L’épaisseur (2 = 6,8 mm) est supérieure à la largeur (3 = 6,5 mm). Le rapport E/T est égal à 1,04 donc supérieur à 1. Figure 7. Granulations colloïdales : échographie mode B, coupe longitudinale. On note de petits échos ronds avec artefact en queue de comète caractéristiques de granulations colloïdales. entrent en vibration lors de l’insonation par le faisceau ultrasonore, générant des échos retardataires à l’origine d’un artefact « en queue de comète » (Fig. 7). La distinction avec les microcalcifications est facile quand l’artefact est visible. Elle est très difficile voire impossible quand les granulations colloïdales siègent dans des zones microkystiques très petites et que l’artefact n’est pas visible. Elles sont alors le plus souvent confondues avec des microcalcifications, ce qui diminue la valeur de ce signe. Aspect de la vascularisation Figure 6. Microcalcifications, échographie mode B, coupe longitudinale. Semi de microcalcifications diffuses dans un nodule hypoéchogène : cancer papillaire en cytoponction et à l’histologie définitive. Il convient toutefois de distinguer les calcifications périnodulaires complètes, « en coquille d’œuf », qui ne sont pas péjoratives quand elles sont continues, de celles qui sont discontinues et qui peuvent se voir dans certains nodules cancéreux [50] . Quant aux macrocalcifications intranodulaires, elles augmentent nettement le risque de cancer. Elles sont notamment très fréquentes dans les cancers anaplasiques. Microcalcifications Il s’agit d’échos fortement hyperéchogènes, de petite taille (inférieure à 2 mm), isolées ou regroupées dans une zone du nodule. Peu nombreuses, elles sont plus difficiles à voir. Elles peuvent confluer et générer alors un cône d’ombre. Certains auteurs les assimilent aux calcosphérites ou psammomes décrites en histologie dans les cancers papillaires [37] . Toutefois les microcalcifications ne sont pas spécifiques du cancer papillaire. Si elles sont très rares dans les cancers vésiculaires, elles se rencontrent fréquemment dans les cancers médullaires et anaplasiques (Fig. 6). Il faut savoir distinguer les microcalcifications des granulations colloïdales que l’on peut voir dans les zones liquidiennes des nodules colloïdes bénins [38] . Il s’agit de cristaux de colloïde qui EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale Elle s’étudie en technique Doppler couleur ou énergie. La plupart des études publiées regroupent les aspects rencontrés en quatre catégories, désignés par des chiffres romains. Malheureusement tous les auteurs n’emploient pas la même classification (soit 0, I, II et III, soit I, II, III et IV). Il faut donc décrire le type de vascularisation et ne pas se contenter de donner sa classification seule. Ces quatre groupes sont (Fig. 8) : • absence de vascularisation ; • vascularisation périnodulaire ; • vascularisation mixte, péri- et intranodulaire ; • vascularisation intranodulaire prédominante ou exclusive. Pour parler de nodule hypervascularisé il faut que la vascularisation intranodulaire soit prédominante et que celle-ci soit plus marquée qu’au niveau du parenchyme non nodulaire [39] . Vélocimétrie Elle s’étudie en Doppler pulsé. Deux éléments doivent être connus et signalés : • l’index de résistance, mesuré au centre du nodule, aurait une valeur péjorative dans le cas de nodules folliculaires quand il est supérieur à 0,78 [40, 41] ; • une vitesse systolique intranodulaire, mesurée également au centre du nodule, très élevée (comparée à celle relevée dans le tronc des artères thyroïdiennes) oriente vers la possibilité d’un nodule autonome. Se pose alors l’opportunité de réaliser une scintigraphie avant une cytoponction [42–44] . Dureté L’élastographie permet d’apprécier la dureté d’un nodule sachant qu’un nodule dur est souvent cancéreux. Il s’agit soit d’une appréciation relative, l’appareil fournissant une évaluation par comparaison avec le tissu sain, soit d’une appréciation quantitative directe avec la technique d’élastographie transitoire (share wave) [45, 46] . 7 32-705-A-10 Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître A B C D Figure 8. Les quatre types de vascularisation nodulaire. A. Pas de vascularisation. B. Vascularisation périnodulaire nettement prédominante. C. Vascularisation péri- et intranodulaire. D. Vascularisation intranodulaire prédominante. Figure 9. Microcalcifications dans une adénopathie : échographie mode B, coupe longitudinale du secteur III. Le ganglion n’est pas structuré et on note la présence d’un amas de microcalcifications : métastase d’un cancer papillaire. Des études sont en cours pour dégager les indications de l’élastographie. Étude des ganglions lymphatiques de voisinage L’étude des chaînes lymphatiques cervicale doit être réalisée systématiquement en cas de nodule car la découverte d’un ganglion suspect satellite renforce la suspicion du nodule [47] . Il existe quatre signes majeurs de suspicion devant systématiquement faire évoquer une adénopathie métastatique d’un cancer thyroïdien : • la présence de microcalcifications (Fig. 9) ; • la présence de zones kystiques intraganglionnaires (Fig. 10) ; • un ganglion échogène, dont l’aspect rappelle celui d’un tissu thyroïdien normal (Fig. 11) ; 8 Figure 10. Zones kystiques intraganglionnaires : échographie mode B, coupe longitudinale, secteur IIB. Le ganglion n’est pas structuré et on note trois zones kystiques : métastase d’un cancer papillaire. • une vascularisation non rigoureusement centrale, qu’elle soit périphérique, pénétrant le ganglion par sa convexité, ou anarchique, irrégulière (Fig. 12). Ces quatre signes cardinaux ont tellement de valeur que si un seul d’entre eux est présent, le ganglion doit être considéré comme suspect et bénéficier d’une cytoponction avec dosage de la thyroglobuline sur le liquide de rinçage de l’aiguille. D’autres signes ont moins de valeur. Quand deux d’entre eux sont présents on parle alors de ganglion d’aspect intermédiaire : • une forme arrondie (alors que le ganglion normal est fusiforme). Ceci s’exprime par le rapport de Steinkamp L/S (longuest/shortest) qui est le rapport du plus grand sur le plus petit des trois diamètres. Supérieur à 2 il est en faveur d’un ganglion normal, inférieur à 2 en faveur d’une adénopathie ; • un plus petit diamètre supérieur à 7 ou 8 mm (selon les auteurs). EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître 32-705-A-10 * Figure 11. Ganglion échogène : coupe transversale du compartiment central en mode B. Présence d’une formation ovalaire préjugulocarotidienne droite dont l’aspect échographique est celui d’un tissu thyroïdien : métastase d’un cancer papillaire. Tête de flèche : veine jugulaire interne droite. Astérisque : carotide commune droite. Figure 12. Vascularisation anarchique : échodoppler énergie en coupe longitudinale. La vascularisation du ganglion n’est pas centrale mais anarchique, à la fois périphérique et intraganglionnaire : métastase d’un cancer médullaire de la thyroïde. Si la visibilité d’un hile central échogène est quasiment synonyme de ganglion normal, sa non-visibilité n’a pas de valeur car près de la moitié des ganglions normaux n’ont pas de hile visible. Dès les années 1990, les caractères suspects retenus étaient l’hypoéchogénicité, les microcalcifications, les contours flous et la vascularisation intranodulaire [48] . En 2002, Kim a publié un article fondateur qui définit quatre signes cardinaux de suspicion majeurs [35] : • forte hypoéchogénicité ; • contours irréguliers ; • microcalcifications ; • nodule plus épais que large. En s’inspirant du score BI-RADS du sein, Horvath en 2009 [29] a proposé l’utilisation de scores de risques échographiques qu’elle a appelé le système TI-RADS (Thyroid Imaging-Reporting and Database System). Ainsi à chaque aspect échographique est associé un risque de malignité d’où découle une attitude diagnostique ou thérapeutique adaptée. Ce système a été étoffé et précisé par Russ en France en 2011 [30] . L’intérêt de ce système est d’unifier et de standardiser les examens d’échographie afin de réduire l’opérateur-dépendance si souvent reprochée à l’échographie. Russ propose donc un système complet avec un atlas des aspects échographiques rencontrés et le risque de malignité associé, un lexique afin d’unifier le vocabulaire échographique et un plan logique d’examen et de compte-rendu. Le système TI-RADS comprend sept groupes numérotés de 0 à 6. Seuls les groupes 2 à 5 sont utilisés lors de l’examen échographique. Dans une nouvelle version récemment présentée, l’aspect dur en élastographie a été ajouté comme cinquième signe fort de suspicion, bien qu’il soit encore en évaluation. Un arbre décisionnel permet d’attribuer simplement à un nodule thyroïdien une catégorie TI-RADS (Fig. 13) L’utilisation systématique du système TI-RADS devrait aboutir à réduire le nombre des cytoponctions réalisées (d’environ 25 % à 30 % selon les utilisateurs de ce système). Il s’agit d’un système évolutif, susceptible de modification en fonction des retours d’expérience ultérieurs. C’est ainsi que la nouvelle version est simplifiée, avec disparition du groupe 4 C présent dans la première version. Il faut noter qu’il a été construit en se basant surtout sur la cytoponction, l’histologie n’intervenant que pour les nodules opérés selon les données de la cytoponction. En outre ce système est en accord avec les recommandations précédemment publiées. Le Tableau 3 résume les signes de suspicion de malignité retenus par les précédentes recommandations européennes et nord-américaines [3, 24, 27, 36, 47, 64] . À l’inverse, toutes ces études s’accordent pour définir des aspects échographiques très évocateurs de bénignité. Ils sont reportés dans le Tableau 4. Évaluation cytologique Quels nodules faut-il ponctionner ? “ Point fort Signes cardinaux de suspicion des ganglions cervicaux • Microcalcifications • Zones kystiques • Ganglion échogène • Vascularisation non centrale Résultat de l’étude échographique : la caractérisation nodulaire Certains aspects échographiques sont associés à un risque accru de cancer. Ceci a été montré par de nombreuses études. EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale L’analyse des données de la littérature conduit dans le cadre du consensus à recommander la cytoponction dans les circonstances suivantes. Contexte à risque • Antécédent de radiothérapie cervicale externe dans l’enfance. • Histoire familiale de cancer médullaire de la thyroïde (CMT) ou de néoplasies endocriniennes multiples de type 2 (NEM2). • Antécédent personnel ou familial de maladie de Cowden, de polypose familiale, de complexe de Carney, de syndrome de McCune-Albright. • Taux de calcitoninémie basale élevé à deux reprises. • Nodule avec adénopathie satellite. • Nodule découvert dans le cadre d’une métastase prévalente. 9 32-705-A-10 Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître Aspect fortement suspect Aspects bénins Constamment Très probablement Kyste simple Nodule spongiforme White knight Macrocalcification isolée Thyroïdite subaiguë typique Amas nodulaire isoéchogène confluent Aucun des 5 signes forts Isoéchogène Hyperéchogène Forte hypoéchogénicité Microcalcifications Contours anguleux ou lobulés Plus épais que large Dur en élastographie 1 ou 2 signes et pas de ganglion suspect 3 à 5 signes et/ou ganglion suspect Score 4b Score 5 Score 3 Score 2 A B Figure 13. Arbre décisionnel. Organigramme permettant de définir la catégorie TI-RADS d’un nodule. On sépare d’emblée les aspects bénins certains ou très probables (A), des aspects suspects ou presque certainement malins (B). Les nodules hypoéchogène à faible gradient sont classés en score 4a. Le signe le plus suspect l’emporte toujours. Tableau 3. Signes échographiques de suspicion de malignité retrouvés dans les grandes études des dix dernières années [34, 51] . Cas particulier : thyroïde multinodulaire complexe Nodule solide hypoéchogène Vascularisation intranodulaire prédominante Microcalcifications Forme quadrangulaire En cas de grande multinodularité, en l’absence de nodule à risque et de contexte à risque (cf. supra), on effectuera une cytoponction en cas de nodule de grand diamètre supérieur à 20 mm pour ne pas négliger l’évaluation d’une éventuelle tumeur vésiculaire pT2 dont l’aspect échographique peut être banal. Limites floues, festonnées, spiculées Macrocalcifications périphériques discontinues Évaluation cytologique Nodule plus épais que large Index de résistance (au centre du nodule) > 0,80 Effraction capsulaire Index de dureté élevé en élastographie Envahissement des structures adjacentes Disparition de la mobilité à la déglutition Adénopathie satellite Tableau 4. Signes échographiques évocateurs de bénignité. Nodules liquidiens Vascularisation périnodulaire Nodules hyperéchogènes ou microkystiques Absence d’antécédent personnel ou familial Halo périnodulaire fin et complet Absence d’adénopathie satellite Calcification périnodulaire complète Absence de dureté à l’élastographie Nodule à risque • Nodule cliniquement suspect : dur, adhérent, avec signes de compression, en augmentation de volume en quelques semaines. • Nodule présentant au moins deux des signes échographiques suivants : ◦ solide hypoéchogène ; ◦ microcalcifications ; ◦ limites floues ou irrégulières ; ◦ plus épais que large ; ◦ vascularisation intranodulaire prédominante. Nodule fixant lors d’une tomographie par émission de positons au 18-fluorodésoxyglucose (TEP-FDG). • Nodule ayant présenté au cours d’une cytoponction initiale un aspect non contributif ou un aspect de lésion vésiculaire de signification indéterminée. 10 La conférence de Bethesda (octobre 2007) [52] a réuni les experts mondiaux en cytologie thyroïdienne et a élaboré un système uniformisé de lecture et de compte-rendu cytologique afin d’uniformiser les pratiques. Comme pour le système TI-RADS décrit plus haut, à chaque classe cytologique est associé un risque de cancer et une conduite à tenir. Cette conférence a abouti à la publication de recommandations concernant la technique de prélèvement et la technique de lecture cytologique et de compte-rendu (conférence du National cancer institute [NCI], 2008) [53] . Technique de prélèvement Quelle que soit la technique de prélèvement utilisée (aidée de la palpation ou de l’échoguidage), le médecin préleveur doit être expérimenté : ses performances dans le choix du nodule à ponctionner et dans l’obtention d’un matériel cytologique adéquat doivent être évaluées. Il est indispensable pour cela de pouvoir vérifier régulièrement le taux de prélèvements non significatifs (un taux de 10 % est satisfaisant, un taux supérieur à 15 % est excessif). Il est également nécessaire de vérifier le taux de nodules à cytologie maligne (un taux inférieur à 3 % doit faire craindre un excès de faux négatifs). Les équipes les plus performantes sont celles utilisant un seul ou un petit nombre de préleveurs et un grand nombre de prélèvements. Le diamètre des aiguilles doit être compris entre 25 G et 27 G. La technique de référence est actuellement la technique sans aspiration, par capillarité, décrite initialement en France par Zajdela en 1987 [54] . L’aiguille est introduite dans le nodule pendant quelques secondes et des mouvements de va-et-vient sont appliqués (deux à trois par seconde) jusqu’à la remontée d’une sérosité dans l’embout de l’aiguille. Une à deux lames d’étalement sont obtenues à chaque passage. Les nodules majoritairement liquidiens peuvent être évacués avec des aiguilles de plus gros calibre en aspirant avec une seringue montée sur l’aiguille. L’évacuation doit, dans ce cas, être lente. Le nombre de passages par nodules dépend de la mise à disposition ou non d’une lecture extemporanée, en salle de prélèvement, ce qui suppose la présence simultanée du cytologiste. L’intérêt EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître 32-705-A-10 de cette lecture extemporanée est discuté. En son absence, il est recommandé de réaliser au minimum deux passages par nodule. L’utilisation d’une anesthésie locale (lidocaïne sous-cutanée à 1 ou 2 % ou pommade anesthésiante type Emla® faisant effet en une heure) est le plus souvent inutile avec les aiguilles de 27 G. Elle est à la discrétion du médecin préleveur en accord avec le patient. L’utilisation de l’échoguidage est obligatoire pour les nodules non palpables, pour les nodules mixtes contenant une composante kystique de plus de 25 %. Elle est classiquement recommandée après échec d’une cytoponction sous palpation. En cas d’échoguidage, l’aiguille ne doit pas traverser le gel de couplage échographique car si celui-ci se retrouve à l’état de traces sur les lames il peut empêcher la lecture cytologique. De nombreuses équipes utilisent à la place du gel de l’eau stérile ou le produit de désinfection cutanée. Technique de lecture La technique cytologique de référence est l’étalement direct sur lames effectué par un préleveur expérimenté. Les techniques de recueil en milieu liquide (LBC) et d’inclusion du culot cellulaire en paraffine (cellblock) sont plus longues, plus coûteuses et n’ont pas encore fait la preuve de leur supériorité. Le choix de la technique cytologique est de la responsabilité du cytopathologiste et non du préleveur. Il en est de même des colorations (May-Grünwald Giemsa [MGG], Papanicolaou ou équivalents). La significativité du prélèvement est jugée satisfaisante si le cytopathologiste dispose d’un nombre suffisant d’amas cellulaires (5 à 6) contenant chacun au moins 10 cellule thyroïdiennes. Un diagnostic de cancer peut parfois être porté sur un plus petit nombre de cellules, de même qu’un diagnostic de thyroïdite dans un contexte cytologique inflammatoire. Là encore, le cytopathologiste a seul la responsabilité de juger de la significativité du prélèvement. La présentation des résultats peut se faire sous forme de texte conventionnel ou de fiches. Répéter l’examen cytologique La question se pose dans deux situations différentes : • lorsque le prélèvement initial n’est pas contributif par cellularité insuffisante ou lorsque la réponse cytologique est une lésion vésiculaire de signification indéterminée, la cytoponction doit être renouvelée dans un délai de 3 à 6 mois pour les nodules solides et dans un délai de 6 à 18 mois pour les nodules à structure mixte ; • au cours de la surveillance des nodules à cytologie bénigne, une deuxième détermination cytologique peut être réalisée de principe, 6 mois à un an plus tard, ou seulement (mais alors obligatoirement) si des modifications cliniques ou échographiques suspectes sont notées (notamment une augmentation de volume de plus de 20 % en un an) [27, 55–59] . Place de l’immunocytochimie Les techniques immunocytochimiques peuvent être réalisées sur des étalements cellulaires classiques conservés à -20 ◦ C ou sur culot cellulaire inclus en paraffine. Elles peuvent également être réalisées à partir d’étalements monocouches, après validation spécifique. Il n’y a pas d’indication actuelle en routine de l’étude en biologie moléculaire. Place des autres examens d’imagerie Place de la scintigraphie La scintigraphie est moins efficace dans le diagnostic de malignité que le couple échographie-cytologie. Elle représente cependant la seule technique d’imagerie fonctionnelle de la thyroïde. Elle permet ainsi la détection des zones d’autonomisation et conserve donc des indications dans la recherche des nodules toxiques et prétoxiques. EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale Contexte La scintigraphie permet de distinguer les nodules hyperfonctionnels (hyperfixants ou chauds), les nodules hypofonctionnels (hypofixants ou froids) et les nodules indéterminés (isofixants). Si les nodules chauds ne correspondent pratiquement jamais à des nodules massivement malins, 3 à 15 % des nodules froids ou indéterminés sont de nature cancéreuse. Toutefois la grande majorité des nodules froids est de nature bénigne ; d’autre part, seuls 6 à 11 % des nodules solitaires sont hyperfixants. Ceci explique pourquoi la valeur prédictive de la scintigraphie pour la malignité est mauvaise, inférieure à celle de la cytologie. La scintigraphie est en outre moins performante que l’échographie pour l’étude morphologique de la thyroïde, sa résolution spatiale étant moins bonne. La scintigraphie conserve surtout des indications pour explorer une autonomisation (nodulaire ou focale non nodulaire) qui pourra aboutir à une hyperthyroïdie patente. Dans les régions de carence iodée relative (comme la France), la TSH peut être normale alors que des formations autonomes à risque d’hyperthyroïdie sont présentes. Ces foyers microscopiques autonomes apparaissent au sein de goitres euthyroïdiens carencés en iode (par acquisition de mutations activatrices du récepteur de la TSH). Leur développement est susceptible de déclencher une hyperthyroïdie patente, notamment en cas d’apport iodé inapproprié. C’est particulièrement le cas des injections de produit de contraste radiologiques qui contiennent des fortes quantités d’iode. Leur reconnaissance est utile, dépistée par la surveillance annuelle de la TSH. Elle conduit à éviter la prescription d’hormone thyroïdienne et à dégager un jour ou l’autre l’indication éventuelle d’un traitement isotopique. Des recommandations à l’usage des radiologistes sont disponibles concernant les précautions à respecter avant d’injecter un produit de contraste iodé à ces patients (disponibles sur les sites de la Société française de radiologie [SFR] et de la SFE : http://www.sfendocrino.org/ images/mediatheque/articles/pdf/ thyroide prod contraste iode.pdf). Indications de la scintigraphie L’exploration d’une thyroïde nodulaire commence toujours par un dosage de la TSH quelles que soient les circonstances de découverte. La scintigraphie est recommandée en première intention en cas d’hyperthyroïdie biologiquement avérée (TSH effondrée, tri-iodothyronine libre [T3L] et tétra-iodothyronine libre [T4L] supérieures à la normale). Elle est alors le seul examen qui permet : • d’affirmer le caractère fonctionnel du nodule, de préciser si le nodule hyperfonctionnel est partiellement extinctif vis-à-vis du parenchyme thyroïdien ; • d’écarter une hyperthyroïdie d’une autre origine, notamment d’une maladie de Basedow (permettant de préciser alors le degré de fixation du nodule) ; • de préciser l’indication actuelle ou future d’un traitement par le radio-iode. La scintigraphie peut être réalisée en deuxième intention dans les goitres multinodulaires (nodules > 1 cm), quel que soit le taux de TSH, lorsque les conditions anatomiques (goitres plongeants ou endothoraciques) ne permettent pas une exploration échographique complète ou lorsque certains nodules ne sont pas accessibles à l’examen cytologique du fait de leur situation. La scintigraphie permet alors : • de préciser une extension médiastinale éventuelle ; • d’aider (en complément de l’échographie) à la sélection des nodules à ponctionner (nodules hypofixants) ; • d’envisager un traitement isotopique. La scintigraphie peut se discuter au cas par cas chaque fois que l’identification d’un nodule hyperfixant aura des répercussions sur la prise en charge : • contre-indication à la cytoponction (certaines altérations de l’hémostase) ; • lorsqu’une intervention chirurgicale est envisagée en raison d’une cytologie non contributive à plusieurs reprises ou de 11 32-705-A-10 Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître classe intermédiaire (lésion vésiculaire de signification indéterminée) ou en cas d’augmentation volumétrique importante d’un nodule à cytologie non suspecte ; • lorsque l’aspect de la vascularisation en écho couleur et en Doppler pulsé est évocateur d’un nodule fonctionnel (aspect de nodule hypervascularisé et augmentation nette des vitesses systoliques au centre du nodule) ; • lorsque la TSH est régulièrement proche des valeurs inférieures de la normale, pour éliminer un nodule ou un thyroïde multinodulaire prétoxiques. La mise en évidence d’un ou plusieurs nodules hyperfonctionnels indique un risque d’évolution vers une hyperthyroïdie avérée, surtout en cas d’apport iodé et contre-indique un traitement par lévothyroxine. En l’absence de critère fort de suspicion, il n’y a pas d’indication à des cytoponctions et un traitement par l’iode radioactif peut être envisagé. La scintigraphie n’est pas un examen de surveillance. Elle n’a pas à être répétée quand le premier examen a montré un nodule hypo- ou isofixant. Le traceur de choix est l’123 I car il permet une quantification de l’image utile pour le diagnostic et le traitement des hyperthyroïdies [60] . S’il n’est pas disponible, l’123 I peut être remplacé par le 99m Tc, moins coûteux, qui permet le diagnostic dans les formes typiques [61, 62] . Le 99m Tc-MIBI ou le 201 Thalium peuvent être utilisés quand un nodule suspect en échographie est hypocontrasté à l’iode ou au technétium et que la cytologie est contre-indiquée ou non contributive. La fixation du MIBI ou du Thallium constitue un indice de la cellularité du nodule, présente notamment dans les tumeurs évolutives bénignes ou malignes, les nodules hyperfonctionnels. À l’inverse, l’absence de leur fixation est un argument précieux en faveur de la bénignité. Il s’agit d’examens coûteux, dont la valeur prédictive est bonne mais dont la spécificité est médiocre [63] . Pour éviter tout risque, la scintigraphie sera réalisée en première phase du cycle chez la femme jeune, ou après détermination du taux d’HCG. En cas d’injection accidentelle lors d’une grossesse, l’irradiation fœtale est très faible (environ 0,008 mSv/MBq) et négligeable avant le 3e mois au niveau de l’ébauche thyroïdienne du fœtus. L’allaitement contre-indique l’utilisation de l’123 I. Si la scintigraphie ne peut être différée à la fin de l’allaitement, elle peut être réalisée au 99m Tc, avec une interruption temporaire de l’allaitement de 24 heures. Apport de l’imagerie TDM ou IRM et de la TEP au 18-FDG La TDM et l’IRM ont des indications limitées aux nodules et aux goitres plongeants ou endothoraciques [20, 56, 64] . La TDM affirme l’existence éventuelle d’une compression trachéale ou œsophagienne. Elle précise bien les rapports anatomiques des thyroïdes plongeantes avec les structures médiastinales notamment vasculaires en préopératoire. Elle peut souvent être réalisée sans injection de produit de contraste. Elle peut être couplée à la scintigraphie fonctionnelle en utilisant une caméra hybride SPECT-TDM. L’IRM a l’avantage de ne pas être irradiante et de mieux visualiser les rapports vasculaires sans faire appel à des produits de contraste iodés mais elle est plus coûteuse. La TEP au 18-FDG n’a pas d’indication dans l’évaluation des nodules (ni dans celle des dysfonctionnements thyroïdiens) [27, 65, 66] . En cas de nodule cytologiquement suspect, son intérêt pour différencier le malin du bénin n’est pas démontré : la sensibilité est bonne mais la spécificité est médiocre. Il n’y a pas de corrélation entre l’intensité de la fixation et le risque de malignité (des foyers de forte intensité de fixation sont notamment notés en cas de thyroïdite). L’absence de fixation ne permet pas d’exclure formellement le risque de malignité. 12 Stratégies thérapeutiques et de surveillance Qui opérer et comment Une intervention chirurgicale doit être proposée à un patient devant : • un nodule malin ou suspect de malignité sur les données cliniques, échographiques ou cytologiques ; • une augmentation franche de la calcitonine sérique ; • un nodule volumineux authentiquement responsable de symptômes locaux de compression (troubles de la déglutition, dysphonie) ; • l’apparition secondaire de signes cliniquement, échographiquement ou cytologiquement suspects ; • un nodule entraînant un problème esthétique, une anxiété, une cancérophobie ; • un nodule solide ou mixte dont deux examens cytologiques ont montré un aspect non contributif ou de lésion folliculaire de signification indéterminée ; • un nodule hyperfonctionnel ou toxique en sachant que le traitement radiométabolique est une alternative thérapeutique possible ; • les nodules plongeants ou endothoraciques si leurs caractéristiques le justifient ; • une adhésion insuffisante à la surveillance proposée. Le patient doit être informé des risques opératoires (hématome compressif, atteinte récurrentielle, hypoparathyroïdie) et des inconvénients possibles (cicatrice, hormonothérapie postopératoire). Quelle intervention proposer ? L’énucléation ou la lobectomie subtotale ne sont pas recommandées. La lobectomie simple est inadaptée au traitement du cancer. Elle est envisagée dans les autres circonstances en cas d’intégrité échographique du lobe controlatéral. La thyroïdectomie totale est de plus en plus souvent pratiquée. Elle impose un traitement substitutif par la lévothyroxine. Qui surveiller et comment La surveillance s’adresse aux patients porteurs de nodules non suspects cliniquement et bénins en cytoponction. Dans ces cas l’évolution peut être marquée par l’apparition d’une hyperthyroïdie ou de symptômes compressifs en rapport avec l’augmentation importante du volume du nodule. La surveillance de ces patients doit permettre de : • dépister les cancers passé inaperçus (les faux négatifs de la cytoponction sont inférieurs à 5 %) ; • dépister l’apparition d’un dysfonctionnement thyroïdien ; • d’apprécier l’apparition d’une gène fonctionnelle. Elle repose sur : • un examen clinique avec recherche de signes fonctionnels ou physiques de dysfonctionnement thyroïdien, d’une augmentation du volume du nodule ou l’apparition de signes de compression (dysphonie, gène à la déglutition, dyspnée, circulation collatérale) ou la présence d’adénopathies cervicales antérieures ; • un contrôle de la TSH, éventuellement complété par un dosage de T3L ou de T4L en cas d’anomalie ; • une échographie thyroïdienne qui doit être rigoureusement comparative à l’examen précédent. Il faut notamment impérativement reprendre la numérotation initiale des nodules, ce qui suppose que l’on dispose de la totalité de l’examen précédent : iconographie complète, compte-rendu et schéma. Il faut, pour chaque nodule, se reporter à l’iconographie de l’examen précédent afin de mesurer le nodule dans les mêmes conditions (inclusion ou exclusion d’un éventuel halo par exemple). Il faut signaler tout changement d’aspect échographique : kystisation (banal), apparition de microcalcifications (suspect) ou modification de la vascularisation du nodule ; EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître 32-705-A-10 • une nouvelle cytoponction en cas d’apparition de signes cliniques ou échographiques de suspicion ou devant l’augmentation de volume significative (plus de 20 % du volume ou plus de 2 mm dans au moins deux diamètres) d’un nodule solide ou mixte. Quel rythme pour la surveillance ? Le premier examen de surveillance peut être réalisé à 6, 12 ou 18 mois du bilan initial puis régulièrement espacé en fonction de la vitesse d’évolution des nodules. La surveillance doit impliquer le patient et son médecin référent. Place de l’hormonothérapie frénatrice La TSH joue un rôle dans l’apparition et le développement des dystrophies et des nodules thyroïdiens. L’objectif du traitement par la lévothyroxine est de diminuer la concentration de TSH circulante afin d’arrêter ou de ralentir la croissance des nodules bénins existants et d’éviter l’apparition de nouveaux nodules. Les résultats des études cliniques randomisées et les métaanalyses ont donné des résultats disparates [23, 67, 68] . Elles suggèrent toutefois, dans les régions à carence iodée relative (comme en France), un effet bénéfique sur le volume des nodules (surtout s’ils sont petits, récents, colloïdes) et sur la prévention de l’apparition de nouveaux nodules [23] . Il ne faut pas chercher à freiner complètement la TSH car des effets délétères peuvent alors se manifester (cardiovasculaires et osseux notamment). Les traitements simplement modérateurs de la TSH (qui l’abaissent dans la zone inférieure de la normale) ont aussi montré leur efficacité. Ainsi une hormonothérapie modérément frénatrice (TSH comprise entre 0,6 mU/l et 0,2 mU/l) peut être indiquée chez : • les patients présentant un nodule récent, colloïde, stable ou évolutif, sans signe d’autonomisation, vivant dans une zone de carence iodée ; • les patients jeune ayant une dystrophie thyroïdienne nodulaire, en particulier les femmes ayant eu une grossesse et dans les familles où se constituent des goitres plurinodulaires ayant conduit à des interventions chirurgicales. Elle n’est pas justifiée dans la majorité des autres cas, en particulier chez les femmes post-ménopausiques. Elle est contre-indiquée chez les patients ayant une TSH inférieure à 0,5 mU/l, un goitre multinodulaire constitué ou une ostéoporose ou une pathologie cardiaque ou une affection chronique intercurrente. Situations particulières Nodules thyroïdiens de l’enfant La prévalence du nodule est plus faible chez l’enfant que chez l’adulte. Elle augmente avec l’âge et après la puberté. La majorité des nodules de l’enfant sont des lésions bénignes, mais la proportion des cancers parmi les nodules est plus élevée chez l’enfant que chez l’adulte. Les cancers sont très majoritairement différenciés de souche épithéliale (papillaires, vésiculaires), plus rarement médullaires ou des lymphomes. La séméiologie échographique est identique à celle de l’adulte. La cytoponction doit être échoguidée et pratiquée par des équipes entraînées à l’échographie pédiatrique. Les performances de la cytoponction chez l’enfant sont identiques à celles de l’adulte. Les enfants atteints d’un cancer thyroïdiens ont un risque plus élevé que l’adulte de présenter une atteinte ganglionnaire initiale et un risque plus élevé de récurrences. Malgré cela le risque de décès est faible, survenant surtout chez les enfants traités avant l’âge de 10 ans, le cancer papillaire étant plus agressif chez les enfants les plus jeunes. Nodule thyroïdien de la femme enceinte Plus de 10 % des femmes enceintes présentent un nodule thyroïdien palpable. EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale L’état de grossesse favorise la croissance des nodules existants (augmentation de 40 % à 50 % du volume nodulaire) et l’apparition de nouveaux nodules. Le volume glandulaire augmente d’environ 30 %. Le risque de cancer ne semble pas plus élevé du fait de la grossesse et le pronostic n’en n’est pas plus mauvais. Il n’y a donc pas à discuter dans ce cas d’interruption thérapeutique de grossesse. La prise en charge dans ce contexte est identique à celle du cas général, à l’exception de la scintigraphie qui est contre-indiquée. En cas de diagnostic de nodule suspect ou malin au cours de la grossesse, l’idéal est d’opérer au deuxième trimestre lorsque cela apparaît réellement nécessaire. On peut aussi décider d’attendre l’accouchement pour réaliser la thyroïdectomie. Le pronostic n’en n’est pas modifié. Nodule survenant dans un contexte de maladie de Basedow La maladie de Basedow (MB) est caractérisée par la production d’autoanticorps se fixant sur le récepteur de la TSH. Or, le récepteur de la TSH peut être considéré comme un proto-oncogène et les autoanticorps antirécepteurs de la TSH comme des facteurs promoteurs de la prolifération maligne. Épidémiologie Prévalence des nodules au cours des MB Les données épidémiologiques sont très variables selon les études du fait de variations méthodologiques. Selon une étude de 2008 [69] la prévalence échographique est comprise entre 34 et 50 %. Le syndrome de Marine-Lenhart, qui associe un nodule hyperfonctionnel et une maladie de Basedow, a une prévalence inférieure à 3 %. Prévalence des cancers au cours des MB Elle varie entre 0,3 et 16,6 % en fonction du statut iodé, du type de chirurgie proposée, de la minutie de lecture des pièces histologiques et de la nature clinique ou occulte du cancer. La présence d’un nodule palpable apparaît plus suspecte. La prévalence estimée du cancer est de 0,6 % avant 1998 et de 3,2 à 4,5 % après 1998 où on note une majorité de cancers infracentimétriques ou de découverte fortuite. Le caractère « chaud » du nodule n’élimine pas formellement le diagnostic de cancer [70, 71] . Risques Contrairement aux études plus anciennes [72–76] , des études récentes concluent à un pronostic identique des cancers thyroïdiens associés à une MB [77–81] , mais elles prennent en compte la présence en grand nombre de microcarcinomes, ce qui constitue un biais [82] . Spécificité d’évaluation et de prise en charge Il existe une difficulté de lecture des lames cytologiques du fait de la présence de modifications morphocytologiques qui sont proches de celles observées dans le cancer papillaire [83, 84] . En outre, le cancer papillaire associé à une MB présente un aspect cytologique particulier. Comment traiter ? Il apparaît qu’un nodule chez un patient atteint de MB a autant de chance d’être cancéreux qu’un nodule tout venant. Le cancer associé à la MB peut prendre deux aspects : • le microcancer est le plus fréquent. Son pronostic est excellent et il ne nécessite pas de prise en charge spécifique ; • le macronodule cancéreux a un potentiel évolutif plus important, surtout s’il dépasse 2 cm de grand axe. Son pronostic, moins favorable, est en outre aggravé par un âge supérieur à 45 ans, le caractère multifocal, une invasion extracapsulaire, des données cliniques suspectes. 13 32-705-A-10 Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître Il n’y a pas de différence de mortalité par rapport à la population générale [85] , c’est pourquoi il paraît raisonnable de proposer la même approche que pour tout nodule. Le dosage des anticorps antirécepteur de TSH (anti-rTSH) peut être utilisé dans la surveillance des cancers associés à la MB. Leur persistance devant alerter sur la majoration du risque de récidive. Épidémiologie un parenchyme lui aussi hypoéchogène. Les cancers présenteraient souvent des microcalcifications avec des modifications des contours nodulaires [89, 90] . Le caractère fortement hypoéchogène des lymphomes a été souligné [90] . Au plan de la cytologie on observe parfois des faux positifs et il est essentiel que le cytopathologiste soit informé du contexte de thyroïdite. En cas de forte infiltration lymphocytaire, la cytoponction peut à l’inverse aboutir à un faux négatif [91] . Le test de freinage par LT4 autrefois utilisé (les nodules régressant sous ce traitement étaient considérés comme bénins, les autres comme suspects et donc opérés) n’est plus recommandé car seuls 20 à 30 % des nodules bénins régressent alors que 13 % des carcinomes régressent sous LT4 [88, 92] . Il s’agit d’une pathologie fréquente : 45 % des femmes et 20 % des hommes selon une étude au Royaume-Uni [83, 86] . Nodules thyroïdiens occultes : incidentalomes Nodule survenant dans un contexte de thyroïdite lymphocytaire chronique (TLC) (hors maladie de Basedow) Nodules bénins et TLC Deux entités peuvent être rencontrées : • une zone pseudonodulaire de thyroïdite focale au sein d’une thyroïdite diffuse ou d’une thyroïde normale ; • un nodule d’une autre nature (hyperplasie, adénome, kyste, carcinome, lymphome) au sein d’une thyroïdite diffuse. Dans ce cas on ne retrouve pas de prédominance d’un type particulier par rapport au nodule sur thyroïde normale. Cancers thyroïdiens et TLC La présence d’une thyroïdite auto-immune serait un élément protecteur vis-à-vis du développement du cancer. À l’inverse, l’accroissement de la TSH stimule la mitogénèse et la stimulation de son récepteur favorise la croissance cellulaire voire la transformation maligne. Les études cliniques ont retenu la TSH comme facteur de risque indépendant de l’âge [6, 87] . Les mécanismes autocrines et paracrines (cytokines) pourraient également être impliqués dans les mécanismes de croissance cellulaire et de formation de nodules. Les études chirurgicales présentent un biais de sélection évident. Une étude observationnelle sur 15 ans n’a pas montré de survenue plus fréquente du cancer thyroïdien chez les patients avec thyroïdite [88] . L’infiltration de la capsule thyroïdienne et l’inflammation périthyroïdienne qui accompagnent la TLC sont considérées par les équipes chirurgicales spécialisées comme des facteurs d’accroissement du risque chirurgical chez ces patients (risques récurrentiel et parathyroïdien). Le risque de survenue d’un lymphome thyroïdien est accru chez ces patients, même si les formes nodulaires du lymphome sont rares. Les lymphomes prédominent dans le sexe féminin, surtout entre 65 et 75 ans. La TLC constitue le seul facteur prédisposant connu. La prévalence du cancer n’est pas modifiée chez les enfants présentant une TLC. Pronostic tumoral Il est le plus souvent bon du fait de la bonne différenciation du cancer (essentiellement de type papillaire). En outre, l’apoptose a un rôle inhibiteur sur la croissance du tissu tumoral (comme du tissu normal). Il faut cependant mettre à part l’épithélioma papillaire sclérosant diffus, de pronostic plus incertain, qui s’associe souvent à une TLC. Sa présentation de cancer diffus, parfois bilatéral, associé à un taux élevé d’anticorps anti-TPO retarde parfois le diagnostic qui doit être systématiquement évoqué à l’échographie lorsqu’elle montre un aspect de microcalcifications diffuses. Au stade nodulaire, les lymphomes lymphocytiques et de type mucosa-associated lymphoid tissue (MALT) sont de bon pronostic. Spécificité d’évaluation et de prise en charge Au plan clinique, les nodules sont souvent fermes à la palpation. Les adénopathies sont fréquentes. En échographie, il est souvent difficile de différencier les foyers pseudonodulaires de thyroïdites d’authentiques nodules. Toutes ces lésions sont hypoéchogènes et surviennent dans 14 On définit ainsi tout nodule de découverte fortuite lors d’un examen morphologique réalisé sans suspicion d’une maladie thyroïdienne : échographie, scintigraphie, TDM, IRM, TEP-FDG, à l’exclusion des lésions découvertes histologiquement sur des pièces opératoires. La grande majorité de ces lésions sont cliniquement inapparente (« nodules occultes ») car souvent de petite taille. Des lésions volumineuses sont plus rarement retrouvées (lésions postérieures, cou épais, cyphose dorsale, etc.). Ces incidentalomes sont de plus en plus fréquents avec les progrès de l’imagerie. Leur prise en charge constitue un problème clinique fréquent, source d’anxiété pour le patient, avec une incidence économique élevée. Il n’y a pas actuellement de recommandation claire de prise charge en l’absence de niveau de preuve de grade I ou II [1, 24, 93] . Épidémiologie Quelques séries autopsiques anciennes [94] ont montré la grande fréquence des formations nodulaires non palpables, sans relation avec le décès, présentes chez 50 % de la population. La prévalence échographique est fonction de l’âge, du sexe, des conditions techniques (opérateur, sonde) et de la taille minimale considérée. La très haute résolution de l’échographie permet actuellement de détecter des lésions millimétriques. En France, les valeurs retenues (cf. supra) oscillent entre 11 et 55 %. Une étude prospective comparant les résultats de l’examen clinique à ceux de l’échographie a montré que 46 % des nodules de plus de 1 cm découverts à l’échographie n’étaient pas palpables [95] . En Allemagne, une étude réalisée dans la population générale a rapporté la découverte d’incidentalomes en échographie chez 20 % des patients entre 20 et 79 ans [96] . La prévalence augmentait avec l’âge, atteignant respectivement 52 et 29 % des femmes et des hommes de 70 à 74 ans. Dans d’autres séries, 45 des femmes et 32 % des hommes présentaient un ou des nodules thyroïdiens [97] . Par scanner ou IRM, les incidentalomes thyroïdiens ont été rencontrés dans 16 % des examens cervicaux [98] . La découverte inattendue d’un incidentalome dans la thyroïde lors de réalisation d’un TEP au FDG à l’occasion d’une exploration d’un autre cancer n’est pas rare (1,2 à 2,3 %) et le risque de malignité apparaît alors traditionnellement élevé (25 à 50 %) [99] . Risques On ne dispose guère d’enquête prospective qui permettrait de préciser l’évolution spontanée de ces formations, leur capacité à progresser en formations nodulaires palpables et symptomatiques, ou au contraire à régresser. De même, le risque d’apparition d’une hyperthyroïdie, liée au développement de nodules fonctionnels, producteurs d’hormone, n’est pas connu. Risque de cancer Les interrogations ont surtout porté sur le risque de cancer thyroïdien. Les facteurs de risques du développement du carcinome thyroïdien en général peuvent être retenus pour les incidentalomes thyroïdiens : l’âge, le sexe, avec un taux de carcinome deux fois plus élevés chez l’homme que chez la femme, et l’exposition aux radiations ionisantes dans la région cervicale durant l’enfance et surtout avant l’âge de 2 ans. EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître 32-705-A-10 Cependant, la fréquence des incidentalomes thyroïdiens contraste avec la faible prévalence des cancers thyroïdiens diagnostiqués (cf. supra), suggérant que la très grande majorité des incidentalomes sont bénins. Cependant, de rares incidentalomes peuvent correspondre à des (ou évoluer en) microcarcinomes papillaires. La question de la malignité éventuelle des incidentalomes thyroïdiens rejoint celle du nodule en général. Devant un incidentalome, le risque de cancer apparaît au moins équivalent à celui des nodules symptomatiques [8, 100] . Ce risque de cancer est évalué dans différentes séries d’incidentalomes entre 10 et 15 % [27, 35, 36, 57, 101, 102] . Les études immunohistologiques et moléculaires suggèrent que quelques nodules bénins, les adénomes folliculaires encapsulés avec atypies cytologiques, certaines lésions hyperplasiques rencontrées dans les goitres multinodulaires et les tumeurs à cellules de Hürthle (tumeurs à cellules oxyphiles ou oncocytaires) ont un potentiel malin [25, 27, 103] . Bien qu’incertaine puisque échappant à la palpation, l’histoire naturelle des carcinomes thyroïdiens découverts de façon fortuite ne semble pas différer de celle de la population générale. Environ 15 % peuvent évoluer de façon agressive. Leur présentation initiale est invasive dans 15 à 50 % des cas : Yokosawa et al. en 1996 rapportent que 16 % des carcinomes inférieurs à 1 cm présentent une extension extrathyroïdienne, 33 % dans la série de Papini (2002) et 50 % dan la série de Nam Goong (2004) [57, 101, 104] . Ces données confirment que la petite taille du nodule ne garantit pas un faible risque évolutif et que certains petits cancers peuvent avoir une présentation initiale invasive. Cependant, la grande fréquence des incidentalomes, la faible incidence des cancers thyroïdiens cliniques, et leur très faible mortalité doivent tempérer ces données. Plusieurs séries dont celle de Pellegriti rappellent le bon pronostic des microcancers qu’ils soient infracentimétriques ou compris entre 11 mm et 15 mm [105] . Ainsi, si le risque de cancer de l’incidentalome semble équivalent à celui du nodule thyroïdien en général, le critère de « taille » de cet incidentalome en tempère la gravité. En effet, la taille de la tumeur est un élément essentiel du pronostic. Dans les cancers thyroïdiens différenciés, le pronostic se dégrade seulement pour les tumeurs de plus d’1 cm voire 1,5 cm, et les survies n’apparaissent nettement altérées qu’au-delà de 3 cm. Risque de médicalisation excessive La médicalisation excessive est anxiogène. Elle est à mettre en balance avec le risque lié au retard diagnostique. Il n’y a pas d’étude évaluant l’amélioration de l’espérance de vie permise par la reconnaissance des microcancers. Est-ce que le bénéfice supposé de leur exérèse surpasse les risques inhérents à leurs traitements ? Les programmes de détection des cancers à un stade précoce (poumon, sein, prostate, et neuroblastome) n’ont pas démontré de différences de mortalité entre les populations dépistées et celles non dépistées, malgré la détection d’une proportion plus importante de cancer à un stade précoce. Si les recommandations conduisent à une augmentation du nombre de patients soumis à la cytoponction et par ce biais des thyroïdectomies, quelles sont les conséquences en terme de rapport coût/bénéfice ? À l’opposé, les conséquences d’un retard à la prise en charge d’un incidentalome cancéreux de 10-14 mm sans métastases est mal connu [106] . Malgré l’absence de réponse scientifique à ces questions, les recommandations prendront en compte ces incertitudes. Spécificité de prise en charge La découverte fortuite d’un incidentalome thyroïdien doit conduire à la réalisation d’une échographie spécifique pour préciser les caractéristiques du nodule, du reste de la glande thyroïde et des aires ganglionnaires. Si la formation a été découverte en raison d’une fixation thyroïdienne au TEP-FDG, on sera conduit d’emblée à l’échographie thyroïdienne et à la cytoponction échoguidée, étant donnée la prévalence élevée des carcinomes thyroïdiens dans cette modalité de découverte. EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale Lesquels ponctionner ? La décision d’explorer un incidentalome thyroïdien repose sur un ensemble d’arguments de niveaux de preuves variables : • âge, sexe, contexte pathologique ; • existence de facteurs de risque de cancer thyroïdien : hérédité, antécédent d’irradiation cervicale dans l’enfance ; • taux de TSH ; • taille du nodule ; • caractéristiques échographiques du nodule (Tableaux 3 et 4) ; • caractère isolé, ou s’intégrant à une dystrophie plus diffuse de la glande. Les recommandations du National Cancer Institute (NCI) sur les indications de la cytologie dans le cas des incidentalomes, publiées en 2008, ont proposé d’effectuer une cytoponction si le nodule a un plus grand diamètre d’au moins 10-15 mm sauf s’il s’agit de kystes purs ou de kystes cloisonnés sans composante solide notable [107] . La cytoponction a aussi été conseillée, quelle que soit la taille du nodule, s’il présente échographiquement des signes évocateurs de malignité. Cette approche est discutée car le bénéfice apporté par le diagnostic cytologique des microcancers n’est pas démontré. L’American Thyroid Association (ATA), l’Academy of Clinical Thyroidologists (ACT), l’American Association of Clinical Endocrinologists (AACE) et la Society of Radiologists in Ultrasound (SRU) ont émis des recommandations plus nuancées [36, 107] , tenant compte des aspects échographiques. Deux séries récentes de McCartney 2008 et Horvath 2009 ont tenté de hiérarchiser les indications de cytoponction, en tenant compte de la rentabilité diagnostique de différentes approches diagnostiques [106] ou de scores de risque échographiques (TI-RADS) [29] . La cytoponction systématique de tout incidentalome supracentimétrique se révèle peu rentable [104] . En définitive, tenant compte de ces données bibliographiques, et sur la base d’un consensus professionnel, des recommandations concernant les indications de la cytoponction ont été formulées. Ponction déconseillée La cytoponction n’est pas conseillée dans les situations suivantes : • incidentalome < 1 cm et absence de facteurs de risque ; • kyste pur, quelle que soit sa taille. Performances de la cytoponction dans les incidentalomes de petite taille Les performances de l’examen sont liées à l’habileté du médecin réalisant la ponction, mais aussi à la taille de la formation ponctionnée [108] . Plus le volume du nodule est petit, plus s’accroît la proportion de prélèvements cytologiques non contributifs ou insuffisants. Ainsi pour un nodule d’un diamètre de 7 mm, la proportion d’échec de ponction était de 35,6 %. Cependant, dans la série de Nam Goong (2004), la taille moyenne des incidentalomes ponctionnés était de 0,9 ± 0,3 cm (limites = 0,2-1,5 cm) et la proportion d’échec de prélèvements variait de 30 % à 36 % sans différences significatives selon la classe de taille du nodules (< 5 mm, 0,5-1 cm et 1-1,5 cm), mais le critère taille était étudié en classes et non pas en variable continue [101] . Dans la série récente de Kim, les cytoponctions étaient moins contributives et la sensibilité diagnostique en faveur de la malignité moindre pour les nodules inférieurs à 5 mm que pour ceux de 5-10 mm et ceux supérieurs à 10 mm [109] . Qui opérer Lors d’incidentalomes thyroïdiens, les indications opératoires sont rares, limitées aux : • nodules dont la nature cancéreuse a été réellement authentifiée ; • nodules posant problème du fait de l’importance de leur volume ou de leur le caractère plongeant. L’intervention sera précédée par la mesure du taux de calcitonine. La thyroïdectomie totale sera privilégiée si la dystrophie nodulaire apparaît diffuse. 15 32-705-A-10 Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien : ce que le radiologue doit connaître Figure 14. Prise en charge des nodules thyroïdiens occultes. TSH : thyroid stimulating hormone. Échographie thyroïdienne spécifique Interrogatoire + examen clinique + TSH normale ≥ 7 mm Contexte et/ou nodule à risque ≥ 10 mm Cytoponction ≥ 20 mm Cytoponction systématique même s’il n’y a pas de facteurs de risque afin de ne pas méconnaître une tumeur pT2 Surveillance clinique et échographique Banal Surveillance clinique Surveillance clinique et échographique Qui surveiller La majorité des incidentalomes justifient simplement de la surveillance : • pour éviter une médicalisation excessive, est recommandée la surveillance clinique, par la palpation occasionnelle de la loge thyroïdienne, lorsque le contexte clinique et les aspects échographiques sont rassurants et que la taille de l’incidentalome est inférieure à 2 cm. Cette formation fortuitement découverte n’avait pas lieu d’être dépistée et ne justifie pas de surveillance différente de celle de la population générale. La réévaluation échographique est à envisager, si d’aventure apparaît une anomalie cervicale palpable ; • La surveillance sera clinique, échographique et cytologique, si à l’inverse existent des facteurs de risque de cancer, si le nodule est supérieur à 2 cm ou échographiquement plus ambigu, même s’il est apparu cytologiquement bénin (Fig. 14). Dans l’incidentalome banal, il n’est pas recommandé d’instituer une hormonothérapie thyroïdienne frénatrice dont le bien fondé, l’efficacité et la tolérance n’ont pas été évaluées dans ces circonstances. [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] Conclusion La conduite de l’examen, la rédaction du compte-rendu, l’élaboration d’un score de suspicion doivent être standardisés afin de diminuer le caractère opérateur-dépendant trop souvent reproché à l’échographie. Le système TI-RADS, dont l’équivalent en imagerie mammaire connaît un grand succès, devrait permettre de répondre à ces attentes. La bonne connaissance de l’histoire naturelle de la pathologie nodulaire aidera le radiologiste à réaliser des examens pertinents répondant aux attentes des cliniciens. [12] [13] [14] [15] [16] Conflit d’intérêt : aucun [17] Références [18] [1] [2] 16 ANDEM. La prise en charge diagnostique du nodule thyroïdien. Recommandations pour la pratique clinique. Paris: Editions Norbet Attali; 1997, 256p. Wémeau JL, Sadoul JL, d’Herbomez M. Guidelines of the French society of endocrinology for the management of thyroid nodules. Ann Endocrinol 2011;72:251–81. [19] Wémeau JL, Sadoul JL, d’Herbomez M. Recommandations de la société française d’endocrinologie pour la prise en charge des nodules thyroïdiens. Presse Med 2011;40:793–826. Mazzaferri EL. Management of a solitary thyroid nodule. N Engl J Med 1993;328:553–9. Bruneton JN, Balu-Maestro C, Marcy PY. Very high frequency (13 MHz) examination of the normal neck: detection of normal lymph nodes and thyroid nodules. J Ultrasound Med 1994;13:87–90. 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