Étude rétrospective de la fièvre aphteuse

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Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 2006, 25 (3), 1013-1024
Étude rétrospective de la fièvre aphteuse
en Afrique de l’Ouest de 1970 à 2003
E. Couacy-Hymann (1), G.-L. Aplogan (2), O. Sangaré (3), Z. Compaoré (4),
J. Karimu (5), K.A. Awoueme (6), A. Seini (7), V. Martin (8) & J.-F. Valarcher (9)
(1) Laboratoire national d’appui au développement agricole (LANADA)/Laboratoire central
de pathologie animale de Bingerville, B.P. 206, Bingerville, Côte d’Ivoire
(2) Laboratoire vétérinaire, B.P. 23, Parakou, Bénin
(3) Laboratoire central vétérinaire, B.P. 2295, Bamako, Mali
(4) Direction générale des Services vétérinaires, B.P. 7026, Ouagadougou, Burkina-Faso
(5) Veterinary Services Department, P.O. Box M161, Accra, Ghana
(6) Direction de l’Élevage et de la Pêche, B.P. 4041, Lomé, Togo
(7) Direction de la Santé animale/ministère des Ressources animales, B.P. 12091, Niamey, Niger
(8) Service de la santé animale (AGAH), Division de la production et de la santé animales, Organisation des
Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Viale delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie
(9) Laboratoire mondial de référence pour la fièvre aphteuse de l’Organisation mondiale de la santé animale
(OIE)/Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Institute for Animal Health,
Ash Road, Pirbright, Surrey GU 24 ONF, Royaume-Uni
Date de soumission : 18 septembre 2005
Date d’acceptation : 10 janvier 2006
Résumé
Une étude rétrospective de la fièvre aphteuse dans sept pays d’Afrique de
l’Ouest a été menée sur la période 1970-2003. Il s’agit de trois pays sahéliens,
exportateurs de bétail : Burkina-Faso, Mali, Niger et de quatre pays côtiers,
importateurs de bétail : Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo. La fièvre aphteuse est
devenue enzootique dans ces pays depuis 1990/1991. Quatre des sept sérotypes
sont régulièrement notifiés : O, A, SAT 1 et SAT 2. Dans l’ensemble des sept pays,
198 prélèvements biologiques issus de foyers identifiés ont permis de confirmer
les foyers de fièvre aphteuse avec les sérotypes suivants : O : 62 foyers ;
A : 32 foyers ; SAT 1 : 18 foyers ; SAT 2 : 86 foyers. Bien que largement sousestimé, ce résultat montre clairement l’importance de la fièvre aphteuse en
Afrique de l’Ouest. Sa diffusion y est essentiellement facilitée par le mode
d’élevage dominé par les mouvements perpétuels et non contrôlés des animaux.
Au contraire de l’Afrique australe, la lutte contre la fièvre aphteuse en Afrique de
l’Ouest nécessite d’emblée la mise en place d’une stratégie régionale qui
englobe tous les pays et qui prenne en compte les réalités du terrain que sont la
transhumance, le nomadisme et l’importation d’animaux vivants par les
pays côtiers.
Mots-clés
Afrique de l’Ouest – Aphthovirus – Épidémiologie – Fièvre aphteuse – Prophylaxie.
Introduction
La fièvre aphteuse est une maladie transfrontalière majeure
qui figure au premier rang des maladies à déclaration
obligatoire auprès de l’Organisation mondiale de la santé
animale (OIE) et pour laquelle l’OIE a officiellement établi
des zones ou régions au statut clairement défini.
En Afrique de l’Ouest, des cas sporadiques de fièvre
aphteuse ont été rapportés depuis des décennies dans les
différents pays. Cependant en 1990/1991, cette région a
connu une épizootie de fièvre aphteuse. Le sérotype SAT 2
(South African Territories) y a été isolé. Depuis cette
épizootie, la fièvre aphteuse y est devenue enzootique et de
nombreux foyers sont enregistrés chaque année. La
maladie entraîne une morbidité élevée et la mortalité est
1014
observée essentiellement chez les jeunes animaux,
particulièrement les jeunes bovins. Les animaux adultes se
remettent de leur maladie en 10 à 15 jours. L’ espèce
concernée est principalement l’espèce bovine même si des
cas ont été observés dans les populations ovine et porcine
(épizootie de 1990/1991 en Côte d’Ivoire [3]). Il n’a pas été
rapporté de cas de fièvre aphteuse dans l’espèce caprine.
Les sérotypes isolés au cours de la décennie sont les
suivants : O, A, SAT 1, SAT 2. Les sérotypes SAT 1, 2, 3
sont confinés à l’Afrique et n’ont fait que de très rares
incursions au Moyen-Orient ou en Europe (14).
La peste bovine qui était jusque-là la grande menace du
cheptel bovin au sud du Sahara est à présent sous contrôle
et l’Afrique de l’Ouest et du Centre en ont été déclarées
indemnes en 2004 par l’OIE et sont sur la voie de
l’éradication complète de cette maladie en suivant les
recommandations de l’OIE. Le Bénin, le Sénégal et le Togo
ont été reconnus indemnes d’infection bovipestique en mai
2005. Aussi est-il opportun de s’intéresser à cette autre
maladie grave des animaux qu’est la fièvre aphteuse dont
les conséquences sont de plus en plus perceptibles même
au niveau du paysan. Ceci s’est aggravé par le
désengagement de l’État et la suppression des subventions
dans les programmes de prophylaxie médicale et sanitaire
dans la plupart des pays.
Nous nous proposons de mener une synthèse rétrospective
sur les foyers de fièvre aphteuse apparus dans sept pays
d’Afrique de l’Ouest : Burkina-Faso, Mali, Niger, Bénin,
Côte d’Ivoire, Ghana et Togo. Cet échantillon est composé
de trois pays sahéliens, exportateurs de bétail et de quatre
pays côtiers, importateurs de bétail. Il semble représentatif
de la région ouest-africaine tant les systèmes d’élevage et
les conditions climatiques sont comparables pour
l’ensemble des pays sahéliens, d’une part et pour les pays
de la région côtière, d’autre part. Le vaste mouvement
d’animaux et de personnes dans ces deux milieux
différents mais totalement interpénétrés a amené
l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO), suite à une requête introduite par les
sept pays, à y financer un projet commun pour le contrôle
de la fièvre aphteuse (Programme de coopération
technique n° 2916 sur la fièvre aphteuse).
Impact économique
De par sa grande contagiosité, la fièvre aphteuse est une
maladie qui entraîne des conséquences économiques
considérables. En plus des pertes dues à la mortalité des
jeunes animaux, à la baisse, voire à l’arrêt de la production
laitière, à l’arrêt de la culture attelée, elle induit
systématiquement l’interdiction du commerce d’animaux
et de leurs produits avec la région ou le pays qui en est
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victime. L’apparition d’un foyer de fièvre aphteuse oblige à
prendre des mesures de lutte dont le coût est fort élevé. À
cela il convient d’ajouter le montant de la compensation
des éleveurs quand elle existe. À titre d’exemple et bien
que les systèmes de production ne soient pas comparables,
le coût de la récente épizootie de fièvre aphteuse survenue
en 2001 au Royaume-Uni a été estimé à 12,2 milliards de
dollars américains (6, 13).
Les autorités vétérinaires et les paysans accordaient peu
d’importance à la fièvre aphteuse compte tenu du type
d’élevage qui existe dans cette région. Cependant depuis
quelques années la situation a changé avec le constat d’une
mortalité élevée chez les jeunes animaux. En conséquence,
les paysans interpellent de plus en plus les autorités
vétérinaires afin qu’elles mènent une action contre cette
maladie. La fièvre aphteuse constitue, à ce jour, une
préoccupation majeure des Services vétérinaires et des
éleveurs. Pour les pays agricoles, la présence persistante de
la fièvre aphteuse pourrait constituer indirectement une
entrave à l’accès à certains marchés de leurs produits
agricoles.
Néanmoins aucune étude n’a été menée à ce jour sur
l’impact économique de la fièvre aphteuse en Afrique de
l’Ouest. Il est toutefois reconnu que la fièvre aphteuse,
étant une maladie transfrontalière redoutée, constitue l’une
des contraintes majeures dans les transactions
commerciales d’animaux et de produits animaux. En effet,
il y a interdiction formelle de toutes actions commerciales
avec les pays ou régions victimes de la fièvre aphteuse. Ce
cadre légal n’est pas respecté en Afrique de l’Ouest à cause
des mouvements incontrôlés des animaux et de la porosité
des frontières nationales. Des arrêtés d’interdiction
d’importation d’animaux vivants et produits animaux sont
pris à l’encontre de pays victimes de fièvre aphteuse
confirmée mais ces mesures restent peu efficaces parce que
peu mises en œuvre (3).
Au plan financier pour l’éleveur, il y a une perte de revenus
due à la dépréciation de la valeur marchande (pouvant
atteindre 50 %) des animaux et de leurs produits, la perte
des veaux et l’affaiblissement des animaux de trait. Pour la
communauté villageoise, l’on enregistre une baisse de
fréquentation des marchés à bétail, les troupeaux atteints
ne sont pas acceptés aux points d’eau ou aux pâturages.
Épidémiologie de la fièvre
aphteuse en Afrique de l’Ouest
Tous les animaux des espèces bovine, ovine, caprine et
porcine, ainsi que les ruminants et les suidés sauvages sont
sensibles aux virus aphteux alors que les camélidés sont
peu réceptifs (1).
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3)
La source de virus provient essentiellement des animaux en
incubation ou cliniquement malades par les secrétions et
excrétions, la viande et produits dérivés si le pH
est compris entre 6,0 et 9,0, les porteurs sains tels que les
animaux convalescents. L’ animal en incubation excrète
le virus peu avant l’apparition des premiers symptômes et
jusqu’après la guérison clinique. Cependant il est rapporté
que le virus peut persister pendant 30 mois dans
l’oropharynx des bovins (base du test de Probang), plus
longtemps encore chez le buffle, environ neuf mois chez
les petits ruminants mais pas chez les porcins (4). Le buffle
africain (Syncerus caffer) est le principal hôte des sérotypes
SAT en Afrique australe et en Afrique de l’Est où il joue un
rôle important dans le maintien et la transmission du virus
dans les populations animales sensibles (2, 5, 14). Par
contre son rôle, en Afrique occidentale, n’est pas encore
élucidé et semble peu probable (12). Il en serait de même
du rôle attribué aux petits ruminants domestiques.
Le virus de la fièvre aphteuse est un virus assez résistant
dans le milieu extérieur mais est sensible au pH alcalin ou
acide et à la dessication. Cependant, l’infection se fait
essentiellement par la voie oro-nasale et la transmission
d’un animal malade à un animal sain se fait par contact
direct ou indirect par l’intermédiaire de gouttelettes
émises, de vecteurs vivants (personnes travaillant dans les
élevages contaminés), et de vecteurs inanimés tels que
véhicules et outils de travail. En Afrique de l’Ouest, la
transmission par contact direct est probablement la voie
majeure de contamination, même si le rôle des autres voies
ne peut pas être exclu.
Quatre des sept sérotypes du virus aphteux circulent
régulièrement en Afrique de l’Ouest (11, 14) mais avec une
distribution et une fréquence qui diffèrent selon le
sérotype. Ainsi 403 prélèvements biologiques ont
été collectés sur la période 1970-2003. Ils proviennent,
pour l’essentiel, de foyers identifiés dans les troupeaux de
bovins de tous âges et analysés, pour la plupart des cas, au
Laboratoire mondial de référence de la FAO/OIE pour la
fièvre aphteuse (Institute for Animal Health) à Pirbright,
Royaume-Uni ou au Laboratoire régional de la FAO pour
l’Afrique sub-saharienne (Botswana). Ces prélèvements ont
été effectués principalement sur les foyers de fièvre
aphteuse apparus sur ladite période par les laboratoires
et/ou par les agents de terrain des Services vétérinaires.
L’ analyse de ces prélèvements biologiques a permis
d’obtenir des résultats exploitables sur 198 d’entre
eux (dont 125 prélèvements issus de foyers rapportés à
partir de 1990) et qui se répartissent comme indiqué ciaprès pour l’ensemble des sept pays concernés :
type O : 62 prélèvements ; type A : 32 prélèvements ;
type C : 0 prélèvement ; type SAT 1 : 18 prélèvements ;
type SAT 2 : 86 prélèvements ; type SAT 3 : 0 prélèvement
(Tableau I).
Ces résultats montrent l’absence des sérotypes C et SAT 3
en Afrique de l’Ouest. Ils indiquent également que dans
1015
une proportion élevée de prélèvements (50,1 %, soit
205 sur 403), aucun virus n’a pu être isolé. Ceci peut
s’expliquer par la collecte d’aphtes trop anciens, par
l’utilisation de milieu de transport inadéquat, par la
réalisation défectueuse de prélèvements, etc. Ces données
ne sont pas toutefois exhaustives et représentatives de la
réelle situation épidémiologique, car il existe une sousdéclaration des foyers aphteux et les foyers identifiés ne
font pas toujours l’objet d’une confirmation au laboratoire.
Ces prélèvements ont été réalisés à l’occasion de foyers de
fièvre aphteuse mais aucune investigation plus approfondie
que le sérotypage n’a été effectuée.
S’appuyant sur les notifications faites à l’OIE, il ressort que
989 foyers de fièvre aphteuse ont été déclarés sur la
période 2000-2004 par les sept pays concernés
(Tableau II). Le nombre élevé de déclarations à l’OIE
pourrait s’expliquer par l’activité des réseaux de
surveillance épidémiologique mis en place dans les
différents pays dans le cadre du Programme panafricain
pour le contrôle des épizooties (PACE) visant l’éradication
de la peste bovine. Cependant, les sérotypes indiqués dans
les rapports faits par ces pays ouest-africains à l’OIE
(Handistatus II) de 2000 à 2004 n’ont pas pu être
confirmés par les laboratoires nationaux et internationaux
cités ci-dessus, ni par le laboratoire pour la fièvre aphteuse
de l’Onderstepoort Veterinary Institute (Afrique du Sud)
ou le Botswana Veterinary Institute, à l’exception de
prélèvements reçus du Ghana en 2004 au Laboratoire
central de pathologie animale de Bingerville (Côte d’Ivoire)
où le sérotype SAT 2 a été identifié par sérologie. L’origine
de ces résultats de sérotypage reste donc inexpliquée.
La maladie sévit en toutes saisons mais l’on remarque
cependant des périodes de forte recrudescence : en saison
sèche et froide (de décembre à février), où les lieux de
rassemblement tels que les points d’eau constituent un
facteur favorisant, et en saison des pluies (de juin/juillet à
septembre).
Des études moléculaires réalisées sur le gène 1D de la
protéine structurale VP1 ont révélé la circulation de
topotypes O, SAT 1 et SAT 2 spécifiques à la région ouestafricaine (10, 11, 12, 14). À l’intérieur de cette région, il
peut y avoir des variations génétiques entre les épizooties
qui surviennent dans le temps. Cette spécificité des
topotypes est importante pour déterminer l’origine des
foyers aphteux à l’échelle du continent africain. Par contre,
à l’intérieur de l’Afrique de l’Ouest, il est plus important de
considérer l’année d’isolement du virus, donc d’apparition
des foyers, que sa localisation géographique parce que
cette région constitue un vaste territoire avec des
mouvements perpétuels d’animaux et de personnes
facilitant ainsi la diffusion des souches virales à l’intérieur
du même pays et d’un pays à un autre. Cela démontre
également que la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest est
une véritable maladie transfrontalière.
1016
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Tableau I
Sérotypes de virus de la fièvre aphteuse isolés ou identifiés dans les sept pays ouest-africains, de 1970 à 2003
Pays
Bénin
Burkina Faso
Côte d’Ivoire
Ghana
Mali
Niger
Togo
Total
Année de prélèvement
Nombre de prélèvements
1991
4
2003
2
1990
5
O
A
Sérotypes
C
SAT 1
VND
SAT 2
SAT 3
4
1*
5
1992
4
1994
20
3
1
1996
31
1998
9
1999
5
2002
3
1971
7
1974
16
8
8
1975
9
7
2
1976
5
1990
8
5
3
1991
39
1995
19
1996
16
1999
28
1970
2
1971
6
6
1972
6
2
1973
23
5
1974
15
2
1977
20
1
19
31
0
9
5
1
2
6
1
5
39
1
1
17
1
15
5
23
2
0
4
12
4
2
6
7
20
1990
3
1
2
1991
12
3
9
1993
9
7
2
1994
4
1
3
1996
4
2002
8
1991
7
1997
2
3
8
6
1
1
1999
3
1971
1
1
1973
6
2
1976
6
1988
3
1990
2
2001
30
1990
2
403
1
1
1
1
1
0
0
3
1
6
0
3
0
2
9
21
2
62
32
0
18
86
0
0
205
* sérotypage effectué au Laboraboire de Parakou (Bénin) par sérologie par E. Couacy-Hymann
SAT : South African Territories
VND : virus non déterminé
Sources : Laboratoire mondial de référence pour la fièvre aphteuse de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) / Organisation mondiale de la santé animale à
Pirbright (Royaume-Uni), 2004 ; Laboratoire régional de la FAO pour l’Afrique sub-saharienne (Botswana)
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Tableau II
Foyers de fièvre aphteuse déclarés à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) de 2000 à 2004 et sérotypes impliqués
Pays
Bénin
Burkina-Faso
2000
2001
Année
2002
23 (O)
34 (?)
22 (?)
2004
91
21
(O, A, SAT 1, SAT 2, SAT 3)
(O, A, SAT 1, SAT 2)
15 (?)
53 (?)
71 (?)
12
Côte d’Ivoire
3 (?)
? (SAT 1)
Non
Non
3 (?)
Ghana
18 (?)
2 (?)
12 (O)
4 (O)
17 (O)
Mali
Non
18 (O, A, C, SAT 2)
3 (?)
1 (?)
3 (?)
Niger
84 (?)
22 (O)
60 (?)
70
99
(O, SAT 1, SAT 2)
(O, SAT 1, SAT 2)
Togo
9 (?)
? (SAT 2)
39 (?)
45 (SAT 2)
84 (O, SAT 2)
Sous-total
208
88
197
226
270
Total général
61 (O)
2003
989 foyers
? : nombre de foyers/sérotypes non connus
Non : absence de données
SAT : South African Territories
Source : OIE, Handistatus II
Les résultats obtenus dans les sept pays mentionnés pour
la période 1970-2003 sont probablement extrapolables à
l’ensemble de la région ouest-africaine eu égard aux
systèmes et conditions d’élevage dominés par le
déplacement incessant des animaux d’une région à une
autre à la recherche d’eau, de pâturage et de marchés pour
la commercialisation du bétail.
– Ghana : régions de Bawku, Techiman, Tamalé, Ashiama.
La Figure 1 indique ces zones à risque de fièvre aphteuse
dans les Pays Membres.
Causes de la diffusion de la fièvre aphteuse
Mouvements d’animaux
Analyse de la situation
de la fièvre aphteuse
en Afrique de l’Ouest
Identification des zones à risque
Les zones à risque sont les zones à forte concentration
d’animaux : points d’eau, zones de pâturage, gros marchés
à bétail, régions à forte densité d’animaux. Elles se
repartissent à l’intérieur des pays comme suit :
– Côte d’Ivoire : régions Centre et Nord,
– Mali : régions de Sikasso, Bamako, Ségou, Mopti,
Asango et la frontière Mali-Niger-Burkina-Faso,
– Burkina-Faso : tout le pays,
– Niger : frontière avec le Nigéria, le Mali, le Tchad, zone
de la cure salée,
– Bénin : régions du Borgou, Atacora et Zou,
– Togo : régions maritime, des plateaux, des savanes
(frontière avec le Burkina-Faso),
Les mouvements perpétuels et incontrôlés des animaux
(transhumance, commerce, nomadisme) constituent la
cause essentielle de la diffusion des foyers de fièvre
aphteuse aussi bien à l’intérieur d’un pays que d’un pays à
un autre. À cela, il est nécessaire d’ajouter l’inefficacité des
postes frontière de surveillance, l’absence de quarantaine,
l’importation d’animaux vivants par les pays côtiers et la
notion de maladie « mineure » partagée par les autorités
vétérinaires et les paysans.
Deux types de mouvements d’animaux sont à distinguer.
Les mouvements dus aux animaux de commerce
Dans cette région, les mouvements s’effectuent à pied, par
voie routière ou par la voie ferrée.
Les transactions commerciales se passent à l’intérieur du
même pays et d’un pays à un autre, mais surtout des pays
sahéliens (Mali, Burkina-Faso, Niger) vers les pays côtiers
(Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo) qui demeurent les
marchés potentiels (Fig. 2). D’autre part, des échanges
commerciaux d’animaux vivants existent aussi entre le Mali
et l’Algérie et entre le Niger et la Libye et ce, à travers le
désert du Sahara.
1018
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3)
Mali
Zone Curé salée
Niger
Burkina
Faso
Bénin
Densité bovine
(animaux/km2) :
Ghana
Togo
Côte d’Ivoire
Zero
<1
1-5
5 - 10
10 - 20
20 - 50
50 - 75
75 - 100
> 100
Nigéria
Fig. 1
Zones à risques correspondant aux régions de fortes concentrations d’animaux (7)
Algérie
Fig. 2
Mouvements commerciaux entre les différents pays (8)
Libye
1019
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3)
Les mouvements dus à la transhumance
Sources d’infection
Ces mouvements s’effectuent entre les mois de novembre
et avril, des pays sahéliens vers les pays côtiers que sont le
Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo.
À l’intérieur des pays sahéliens existent également des
mouvements de transhumance d’une région à une autre.
Ainsi est-il observé :
– au Niger : une grande transhumance au mois de
septembre lors de la cure salée à Ingall (carrefour de
rassemblement des éleveurs de tous les pays frontaliers) ;
– au Mali : une forte concentration d’animaux dans la
région de Mopti de décembre à mai (fête du Bourgou).
Il existe, entre les mois de mars et juin, une transhumance
d’animaux du Niger et du Burkina-Faso vers la région du
parc W (ou région de la Tapoa).
Ces mouvements d’animaux sont accompagnés de
déplacements de personnes (propriétaires, bouviers,
marchands de bétail, négociants). Ils ont aussi lieu lors
d’événements sociaux tels que mariages, funérailles,
baptêmes, etc.
Les sources d’infection primaire
Des régions ont été reconnues comme étant
potentiellement des sources primaires d’infection de fièvre
aphteuse suite à des observations faites sur plusieurs
années dans chacun des pays indiqués ci-dessous. Elles
correspondent aux régions de densité élevée en bétail et de
regroupement d’animaux (Fig. 3) :
– la bande frontalière Bénin – Niger – Nigeria,
– la bande frontalière Niger – Mali – Burkina-Faso,
– la jonction Bénin – Burkina-Faso – Niger ou la région
du parc W.
Les sources secondaires d’infection
De ces sources primaires, l’infection diffuse à l’intérieur des
pays puis envahit toute la région ouest-africaine au travers
Libye
Algérie
Mauritanie
Certaines zones sont reconnues comme réservoir du virus
et considérées comme une source d’infection primaire. Ces
foyers sont à l’origine d’épizooties qui se propagent
occasionnellement à d’autres régions qui sont considérées
comme des sources d’infection secondaires.
Mali
Gao
•
Sénégal
Gambie
Tchad
Niger
Burkina
Faso
Guinée
Bissau
Bénin
Togo
Sierra
Leone
Côte d’Ivoire
Ghana
Nigéria
Libéria
Transhumance
Zones d’infection
Fig. 3
Zones d’infection primaire (9)
1020
de
moyens
directs
(mouvements
d’animaux,
rassemblements d’animaux) et indirects (véhicules,
hommes, matériels techniques, produits animaux).
D’après ces observations, les zones d’infection secondaire
et les zones à risques sont entretenues par les régions
d’infection primaire. L’ e nsemble de ces régions forme un
vaste territoire d’enzootie de fièvre aphteuse maintenue
principalement par la densité d’animaux sensibles, les
mouvements d’animaux, les mouvements de personnes et
secondairement, par les produits animaux. La source
d’infection en Afrique de l’Ouest serait donc uniquement
domestique et ne ferait pas intervenir la faune sauvage.
L’ e xistence de relations commerciales entre les pays du
Sahel (plus particulièrement le Mali et le Niger) et les pays
méditerranéens que sont l’Algérie et la Libye est également
établie. Le désert du Sahara ne constitue donc pas un
obstacle. En 1999, l’analyse phylogénétique des isolats de
sérotype O collectés en Côte d’Ivoire a montré l’existence
d’une forte similitude génétique avec le virus responsable
de foyers de fièvre aphteuse en Algérie, Tunisie et Maroc.
L’hypothèse de la diffusion de ce sérotype O à partir du
Mali avait été émise (R.P. Kitching, communication
personnelle).
Méthodes de lutte
et caractéristiques
de l’Afrique de l’Ouest
Considérations générales
La méthode de lutte est liée à plusieurs facteurs dont les
principaux sont la prévalence de l’infection, le système
d’élevage, les conditions climatiques, la densité animale,
l’espèce prédominante, etc. L’ o bjectif primordial est de
limiter la contamination des animaux sensibles par le virus
et de ce fait, la méthode de lutte est appelée à tenir compte
de ces facteurs pour être efficace sur le terrain. En l’absence
de maladie, il s’agit de prendre les mesures préventives
suivantes :
– contrôler les mouvements des animaux,
– interdire l’importation d’animaux vivants et de leurs
produits dérivés de pays atteints de fièvre aphteuse,
– imposer la quarantaine à l’importation,
– interdire la distribution de déchets alimentaires non
chauffés aux porcs,
– mener une véritable campagne de sensibilisation en
direction des éleveurs et agents de terrain.
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3)
En cas de foyer, les mesures d’urgence consistent à le
circonscrire en interdisant le mouvement du troupeau
atteint et, par la suite, à désinfecter les locaux et autres
outils de travail.
Ces mesures d’ordre sanitaire sont uniquement appliquées
dans les pays développés ou en Afrique australe et ont
montré leur efficacité. Elles paraissent bien difficiles à
mettre en œuvre en Afrique occidentale où les mesures
jusque-là recommandées ne sont pas suivies. Cependant il
est donné de voir quelques actions menées : limitation de
déplacements des animaux, abattage sanitaire de quelques
animaux gravement malades, traitement symptomatique
pour éviter les surinfections bactériennes et la vaccination
pratiquée par quelques éleveurs. Il faut noter que les
mouvements d’animaux semblent difficiles à contrôler à
l’intérieur d’un même pays et surtout d’un pays à un autre.
Cependant, le cantonnement des animaux a pu être
observé dans certains cas, mais seulement pour quelques
jours (deux à trois jours). En revanche, en Afrique australe,
les mesures de contention, de restriction de mouvements
des animaux, d’établissement de zones tampon, etc., sont
rigoureusement appliquées et des résultats très satisfaisants
sont obtenus (14).
La prophylaxie médicale ou sanitaire a été utilisée par
certains pays développés pour éradiquer la fièvre aphteuse,
comme par exemple respectivement la France et
l’Angleterre. Dans le premier cas la vaccination annuelle
des bovins a été pratiquée pendant de très nombreuses
années. Dans le second cas la prophylaxie a été basée sur
une politique d’abattage et de destruction des animaux et
de restriction des mouvements des animaux. La
prophylaxie médicale est mise en œuvre dans quelques
rares cas en Afrique de l’Ouest et se voit surtout dans des
élevages de haute valeur et ce, sans tenir réellement compte
des topotypes présents dans la région ou de la parenté
antigénique avec le vaccin, ce qui obère gravement les
résultats. La prophylaxie médicale en Afrique de l’Ouest est
une voie possible pour atteindre le contrôle de la fièvre
aphteuse. Il faudrait pour cela disposer d’une base de
données fiables pour les souches virales circulant dans
cette région afin d’adapter les formules vaccinales aux
topotypes existants. Mais la vaccination ne suffira pas à elle
seule si elle n’est pas appliquée parallèlement à des
mesures de restriction de mouvements des animaux pour
limiter la diffusion des foyers, à la prise en charge rapide et
efficace des cas de foyers par les agents de terrain et par les
autorités vétérinaires, et à un diagnostic fiable et rapide par
le laboratoire qui doit disposer de techniciens
correctement formés.
Maladie transfrontalière reconnue, la fièvre aphteuse, dans
les conditions d’élevage de l’Afrique de l’Ouest, nécessite
une approche de lutte régionale. Pour cela il faut, au
préalable, remédier aux difficultés qui participent à la
diffusion de la maladie et entravent, à la fois, la mise en
1021
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3)
place d’une stratégie commune de lutte qui soit efficace et
adéquate :
a) difficultés au plan national :
– absence d’application des textes législatifs de police
sanitaire (quand ils existent),
– insuffisance de ressources humaines et matérielles
entraînant une sous-déclaration des foyers et un retard
dans les déclarations réalisées. La conséquence immédiate
est l’insuffisance de données épidémiologiques sur la fièvre
aphteuse,
– insuffisance des ressources de l’État,
– insuffisance de formation et de sensibilisation des
acteurs de l’élevage,
– absence de politique d’indemnisation des éleveurs
victimes,
– absence d’un cadre de concertation entre
l’administration, les éleveurs et les autres acteurs du
monde de l’élevage,
– insuffisance (ou absence) de communication entre les
Services vétérinaires et le laboratoire national de diagnostic
des maladies animales,
– faible capacité de diagnostic des laboratoires nationaux,
– absence de contrôle des mouvements des animaux et
des personnes en raison du type d’élevage pratiqué ;
b) difficultés au plan régional :
– déficit de communication entre les différents pays,
– absence d’harmonisation des plans de lutte entre les
différents pays,
– absence de contrôle des mouvements de transhumance
et nomadisme entre les différents pays (non-application
des textes réglementaires quand ils existent).
Il est à noter que ces contraintes ne sont pas spécifiques au
seul cas de la fièvre aphteuse mais concernent l’ensemble
des maladies du bétail africain au sud du Sahara.
Conclusions et
recommandations
Recommandations générales
Il a été reconnu par les différents pays que la fièvre
aphteuse y existe à l’état d’enzootie au moins depuis
l’épizootie de 1990/1991. Les conséquences sont
visiblement lourdes bien qu’aucune étude précise sur son
impact économique dans le contexte de l’Afrique
de l’Ouest n’ait été entreprise à ce jour. Cette enzootie de
fièvre aphteuse est entretenue par des foyers primaires
disséminés dans les pays sahéliens où la densité animale est
forte. Par le mode d’élevage traditionnel de l’ouest africain,
dominé par la transhumance et le nomadisme non
contrôlés des animaux, la diffusion de la maladie est
hautement facilitée créant des foyers secondaires aussi bien
dans ces mêmes pays sahéliens que dans les pays côtiers,
importateurs de bétail sur pied.
En raison de l’absence de textes réglementaires de police
sanitaire (ou de la non-application de ces textes quand ils
existent), du manque de coordination des actions de lutte
au plan régional et de données épidémiologiques fiables, et
de la faible capacité d’intervention des agents de terrain et
des laboratoires nationaux de diagnostic des maladies
animales, la lutte contre la fièvre aphteuse s’avère difficile.
Aussi est-il nécessaire et urgent de répondre à certaines de
ces préoccupations pour permettre d’élaborer, dans un
proche avenir, une stratégie de lutte régionale contre la
fièvre aphteuse.
Les pays de l’Afrique de l’Ouest doivent s’engager
fermement compte tenu de la menace qui pèse sur leur
cheptel afin de contrôler efficacement la fièvre aphteuse au
niveau de ces foyers primaires et éviter de constituer une
menace pour l’Europe par l’intermédiaire des pays de la
Méditerranée (Algérie, Libye) avec lesquels des
transactions commerciales existent.
Au plan national
À l’intérieur de chaque pays, les autorités vétérinaires
doivent assurer la prévention au travers de leurs services
déconcentrés et des vétérinaires privés. Cette prévention
doit commencer par la formation des éleveurs,
propriétaires d’animaux et agents d’élevage afin qu’ils
puissent reconnaître la maladie et informer les Services
vétérinaires, soit directement, soit par l’intermédiaire des
agents techniques de terrain pour une intervention rapide.
Il est important d’obtenir la collaboration sincère des
éleveurs après leur avoir expliqué les risques de diffusion
de la fièvre aphteuse à tout le pays et à l’extérieur. Cette
formation concernera aussi les techniciens de laboratoire
pour une meilleure prise en charge de tels prélèvements
afin d’obtenir un diagnostic fiable.
Aux éleveurs péri-urbains de porcs, l’interdiction d’utiliser
de la nourriture sans traitement thermique préalable devra
être de rigueur.
La formation et l’information par tous les outils simples de
communication (affiches, radios communautaires,
cassettes audio en langues locales, séminaires, séances
d’animation dans les lieux reconnus de rencontre : marchés
à bétail, points d’eau, etc.) des acteurs de l’élevage sont
essentielles pour une bonne campagne de sensibilisation
1022
en vue de la prévention et du contrôle de la
fièvre aphteuse.
Une meilleure coordination entre les Services vétérinaires
et le laboratoire national se doit d’être effective pour le
travail sur le terrain et permettre une vérification des
données à envoyer à l’OIE. En matière de fièvre aphteuse,
il serait conseillé d’indiquer le laboratoire qui a effectué
le sérotypage et les techniques utilisées. Les foyers de fièvre
aphteuse signalés sur le terrain devraient être également
vérifiés avant leur prise en compte effective, afin d’éviter
des déclarations à l’OIE qui ne reflètent pas la réalité sur
le terrain.
Au plan régional
La fièvre aphteuse est enzootique dans la sous-région qui
diffuse à partir de foyers primaires potentiels identifiés.
Ceux-ci doivent être contrôlés afin d’en limiter la diffusion.
Comme toute maladie transfrontalière, il est indispensable
d’instituer des mesures de contrôle aux frontières donc à
l’importation avec la mise en place d’une quarantaine. De
telles mesures seraient inopérantes si elles venaient d’un
seul pays et difficiles d’exécution à cause des traditions
d’élevage (transhumance et nomadisme) et de la porosité
des frontières. C’est pourquoi, une stratégie de lutte ne
pourra réussir que si elle englobe tous les pays ouestafricains dans un programme régional de contrôle de la
fièvre aphteuse.
L’ information doit circuler entre les pays de l’Afrique de
l’Ouest sur l’état sanitaire du bétail par une concertation
permanente entre les Services vétérinaires et les
laboratoires de diagnostic des maladies animales. D’autre
part, la collaboration entre les coordinations nationales et
la coordination régionale basée à Bingerville (Côte d’Ivoire)
devrait être renforcée par la participation réelle de tous afin
d’aboutir à une banque de données fiables sur la fièvre
aphteuse en Afrique de l’Ouest.
Le foyer de fièvre aphteuse dépisté cliniquement doit faire
l’objet d’un prélèvement adéquat pour sa confirmation au
laboratoire et pour connaître la souche virale en cause.
Ainsi est-il demandé d’effectuer le maximum de
prélèvements biologiques pour le laboratoire qui assurera
le diagnostic et un sérotypage précis. Il est opportun de
rappeler que la collecte de tout échantillon sur le terrain,
son envoi au laboratoire national et/ou extérieur et leur
traitement ont un coût qui reste élevé. C’est pourquoi, il est
urgent de renforcer la formation des techniciens
et auxiliaires d’élevage et des agents de laboratoire sur la
clinique des maladies majeures animales de l’Afrique
de l’Ouest, dont la fièvre aphteuse, et sur les méthodes de
prélèvements d’échantillons de bonne qualité,
de conditionnement et de transport pour une utilisation
judicieuse au laboratoire.
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3)
Dès que le diagnostic clinique de fièvre aphteuse est fait, le
troupeau doit être cantonné afin d’éviter ou plutôt de
limiter la propagation de la maladie. Les autorités sanitaires
de chaque pays sont appelées à mettre en œuvre les règles
de police sanitaire et à déclarer le foyer aux régions
voisines, les autres pays du réseau et l’OIE.
La surveillance de la fièvre aphteuse doit utiliser le système
de surveillance des maladies animales mis en place au
cours du projet PACE. Aussi est-il demandé d’inclure la
fièvre aphteuse dans le processus de la surveillance active
de la peste bovine pendant la période destinée à cette
tâche, qui devra se poursuivre à la fin de la campagne
d’éradication de la peste bovine. Il en est de même lors
de la surveillance continue tout le long de l’année pour le
dépistage de tout foyer de fièvre aphteuse. Des zones
ont été identifiées comme lieux de concentration
d’animaux et pourraient faire l’objet d’un programme de
surveillance active.
Il serait judicieux de procéder à des prélèvements dans les
lieux d’infection primaire pour déterminer dans une phase
précoce les souches qui y circulent. Cette information
pourrait aider à la définition d’une politique régionale de
lutte contre la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest.
Dans nos conditions de terrain, la limitation voire
l’interdiction de mouvements des animaux et des
personnes en contact en cas de fièvre aphteuse, si elle est
effective, peut se révéler d’une grande efficacité. La
vaccination peut être envisagée dans un proche avenir
après avoir obtenu des données épidémiologiques fiables
sur la maladie dans la région ouest-africaine.
Remerciements
Les auteurs remercient l’ensemble des autorités vétérinaires
impliquées dans cette étude.
Les auteurs manifestent également leur gratitude à l’égard
des techniciens d’élevages et des paysans dont la
collaboration est indispensable pour la réussite d’un tel
projet de lutte.
Enfin, les auteurs remercient la FAO qui a financé le
programme de coopération technique n° 2916 sur la fièvre
aphteuse ainsi que la Commission européenne qui finance
le projet n° FP6-513755 relatif à la fièvre aphteuse et à la
peste porcine classique.
1023
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3)
Retrospective study of foot and mouth
disease in West Africa from 1970 to 2003
E. Couacy-Hymann, G.-L. Aplogan, O. Sangaré, Z. Compaoré, J. Karimu,
K.A. Awoueme, A. Seini, V. Martin & J.-F. Valarcher
Summary
A retrospective study of foot and mouth disease in seven West African countries
was conducted for the period 1970 to 2003. The study included three cattleexporting Sahel countries (Burkina-Faso, Mali and Niger) and four cattleimporting coastal countries (Benin, Côte d’Ivoire, Ghana and Togo). Foot and
mouth disease has been enzootic in these countries since 1990/1991. Four of the
seven serotypes are regularly notified (O, A, SAT 1 and SAT 2). In the seven
countries as a whole, 198 biological samples from identified foot and mouth
disease outbreaks confirmed the involvement of the following serotypes: O (62
outbreaks); A (32 outbreaks); SAT 1 (18 outbreaks); SAT 2 (86 outbreaks). This
result, which is largely underestimated, clearly demonstrates the seriousness of
foot and mouth disease in West Africa, whose livestock production system
characterised by continual uncontrolled animal movements facilitates the
spread of the disease. Unlike in Southern Africa, for foot and mouth disease to
be controlled in West Africa it is necessary immediately to introduce a regional
strategy involving all countries which takes into account the real situation in the
field: transhumance, nomadism and live-animal imports by coastal countries.
Keywords
Aphthovirus – Epidemiology – Foot and mouth disease – Prophylaxis – West Africa.
Estudio retrospectivo sobre la fiebre
aftosa en África Occidental de 1970 a 2003
E. Couacy-Hymann, G.-L. Aplogan, O. Sangaré, Z. Compaoré, J. Karimu,
K.A. Awoueme, A. Seini, V. Martin & J.-F. Valarcher
Resumen
Los autores describen un estudio retrospectivo sobre la fiebre aftosa que abarca
el periodo 1970-2003 en siete países del África Occidental: tres países del Sahel
que exportan ganado (Burkina Faso, Malí y Níger) y cuatro del litoral que lo
importan (Benin, Côte d’Ivoire, Ghana y Togo). La enfermedad es enzoótica en
todos ellos desde 1990-1991. Cuatro de los siete serotipos aparecen
regularmente en las notificaciones: O, A, SAT 1 y SAT 2. Globalmente, a partir de
198 muestras biológicas tomadas en focos de fiebre aftosa, se ha confirmado en
los siete países la presencia de los siguientes serotipos del virus: O (62 focos); A
(32 focos); SAT 1 (18 focos); y SAT 2 (86 focos). Aunque en buena medida
subestimado, este resultado pone claramente de relieve la importancia que tiene
la fiebre aftosa en África Occidental. Las prácticas ganaderas, caracterizadas
por el constante desplazamiento y la falta de control de los animales, son el
factor básico que facilita la propagación de la enfermedad. A diferencia de lo
1024
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3)
que ocurre en la parte austral del continente, la lucha contra la fiebre aftosa
requiere, ante todo, la aplicación de una estrategia regional que abarque todos
los países y tenga muy en cuenta la realidad de la situación sobre el terreno,
marcada por la trashumancia, el nomadismo y la importación de animales vivos
por los países costeros.
Palabras clave
África Occidental – Aftovirus – Epidemiología – Fiebre aftosa – Profilaxis.
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circulant dans la sous-région (E. Couacy-Hymann), 9-12
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