La source de virus provient essentiellement des animaux en
incubation ou cliniquement malades par les secrétions et
excrétions, la viande et produits dérivés si le pH
est compris entre 6,0 et 9,0, les porteurs sains tels que les
animaux convalescents. L’animal en incubation excrète
le virus peu avant l’apparition des premiers symptômes et
jusqu’après la guérison clinique. Cependant il est rapporté
que le virus peut persister pendant 30 mois dans
l’oropharynx des bovins (base du test de Probang), plus
longtemps encore chez le buffle, environ neuf mois chez
les petits ruminants mais pas chez les porcins (4). Le buffle
africain (Syncerus caffer) est le principal hôte des sérotypes
SAT en Afrique australe et en Afrique de l’Est où il joue un
rôle important dans le maintien et la transmission du virus
dans les populations animales sensibles (2, 5, 14). Par
contre son rôle, en Afrique occidentale, n’est pas encore
élucidé et semble peu probable (12). Il en serait de même
du rôle attribué aux petits ruminants domestiques.
Le virus de la fièvre aphteuse est un virus assez résistant
dans le milieu extérieur mais est sensible au pH alcalin ou
acide et à la dessication. Cependant, l’infection se fait
essentiellement par la voie oro-nasale et la transmission
d’un animal malade à un animal sain se fait par contact
direct ou indirect par l’intermédiaire de gouttelettes
émises, de vecteurs vivants (personnes travaillant dans les
élevages contaminés), et de vecteurs inanimés tels que
véhicules et outils de travail. En Afrique de l’Ouest, la
transmission par contact direct est probablement la voie
majeure de contamination, même si le rôle des autres voies
ne peut pas être exclu.
Quatre des sept sérotypes du virus aphteux circulent
régulièrement en Afrique de l’Ouest (11, 14) mais avec une
distribution et une fréquence qui diffèrent selon le
sérotype. Ainsi 403 prélèvements biologiques ont
été collectés sur la période 1970-2003. Ils proviennent,
pour l’essentiel, de foyers identifiés dans les troupeaux de
bovins de tous âges et analysés, pour la plupart des cas, au
Laboratoire mondial de référence de la FAO/OIE pour la
fièvre aphteuse (Institute for Animal Health) à Pirbright,
Royaume-Uni ou au Laboratoire régional de la FAO pour
l’Afrique sub-saharienne (Botswana). Ces prélèvements ont
été effectués principalement sur les foyers de fièvre
aphteuse apparus sur ladite période par les laboratoires
et/ou par les agents de terrain des Services vétérinaires.
L’ analyse de ces prélèvements biologiques a permis
d’obtenir des résultats exploitables sur 198 d’entre
eux (dont 125 prélèvements issus de foyers rapportés à
partir de 1990) et qui se répartissent comme indiqué ci-
après pour l’ensemble des sept pays concernés :
type O : 62 prélèvements ; type A : 32 prélèvements ;
type C : 0 prélèvement ; type SAT 1 : 18 prélèvements ;
type SAT 2 : 86 prélèvements ; type SAT 3 : 0 prélèvement
(Tableau I).
Ces résultats montrent l’absence des sérotypes C et SAT 3
en Afrique de l’Ouest. Ils indiquent également que dans
une proportion élevée de prélèvements (50,1 %, soit
205 sur 403), aucun virus n’a pu être isolé. Ceci peut
s’expliquer par la collecte d’aphtes trop anciens, par
l’utilisation de milieu de transport inadéquat, par la
réalisation défectueuse de prélèvements, etc. Ces données
ne sont pas toutefois exhaustives et représentatives de la
réelle situation épidémiologique, car il existe une sous-
déclaration des foyers aphteux et les foyers identifiés ne
font pas toujours l’objet d’une confirmation au laboratoire.
Ces prélèvements ont été réalisés à l’occasion de foyers de
fièvre aphteuse mais aucune investigation plus approfondie
que le sérotypage n’a été effectuée.
S’appuyant sur les notifications faites à l’OIE, il ressort que
989 foyers de fièvre aphteuse ont été déclarés sur la
période 2000-2004 par les sept pays concernés
(Tableau II). Le nombre élevé de déclarations à l’OIE
pourrait s’expliquer par l’activité des réseaux de
surveillance épidémiologique mis en place dans les
différents pays dans le cadre du Programme panafricain
pour le contrôle des épizooties (PACE) visant l’éradication
de la peste bovine. Cependant, les sérotypes indiqués dans
les rapports faits par ces pays ouest-africains à l’OIE
(Handistatus II) de 2000 à 2004 n’ont pas pu être
confirmés par les laboratoires nationaux et internationaux
cités ci-dessus, ni par le laboratoire pour la fièvre aphteuse
de l’Onderstepoort Veterinary Institute (Afrique du Sud)
ou le Botswana Veterinary Institute, à l’exception de
prélèvements reçus du Ghana en 2004 au Laboratoire
central de pathologie animale de Bingerville (Côte d’Ivoire)
où le sérotype SAT 2 a été identifié par sérologie. L’origine
de ces résultats de sérotypage reste donc inexpliquée.
La maladie sévit en toutes saisons mais l’on remarque
cependant des périodes de forte recrudescence : en saison
sèche et froide (de décembre à février), où les lieux de
rassemblement tels que les points d’eau constituent un
facteur favorisant, et en saison des pluies (de juin/juillet à
septembre).
Des études moléculaires réalisées sur le gène 1D de la
protéine structurale VP1 ont révélé la circulation de
topotypes O, SAT 1 et SAT 2 spécifiques à la région ouest-
africaine (10, 11, 12, 14). À l’intérieur de cette région, il
peut y avoir des variations génétiques entre les épizooties
qui surviennent dans le temps. Cette spécificité des
topotypes est importante pour déterminer l’origine des
foyers aphteux à l’échelle du continent africain. Par contre,
à l’intérieur de l’Afrique de l’Ouest, il est plus important de
considérer l’année d’isolement du virus, donc d’apparition
des foyers, que sa localisation géographique parce que
cette région constitue un vaste territoire avec des
mouvements perpétuels d’animaux et de personnes
facilitant ainsi la diffusion des souches virales à l’intérieur
du même pays et d’un pays à un autre. Cela démontre
également que la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest est
une véritable maladie transfrontalière.
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz.,
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