Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 2006, 25 (3), 1013-1024 Étude rétrospective de la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest de 1970 à 2003 E. Couacy-Hymann (1), G.-L. Aplogan (2), O. Sangaré (3), Z. Compaoré (4), J. Karimu (5), K.A. Awoueme (6), A. Seini (7), V. Martin (8) & J.-F. Valarcher (9) (1) Laboratoire national d’appui au développement agricole (LANADA)/Laboratoire central de pathologie animale de Bingerville, B.P. 206, Bingerville, Côte d’Ivoire (2) Laboratoire vétérinaire, B.P. 23, Parakou, Bénin (3) Laboratoire central vétérinaire, B.P. 2295, Bamako, Mali (4) Direction générale des Services vétérinaires, B.P. 7026, Ouagadougou, Burkina-Faso (5) Veterinary Services Department, P.O. Box M161, Accra, Ghana (6) Direction de l’Élevage et de la Pêche, B.P. 4041, Lomé, Togo (7) Direction de la Santé animale/ministère des Ressources animales, B.P. 12091, Niamey, Niger (8) Service de la santé animale (AGAH), Division de la production et de la santé animales, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Viale delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie (9) Laboratoire mondial de référence pour la fièvre aphteuse de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE)/Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Institute for Animal Health, Ash Road, Pirbright, Surrey GU 24 ONF, Royaume-Uni Date de soumission : 18 septembre 2005 Date d’acceptation : 10 janvier 2006 Résumé Une étude rétrospective de la fièvre aphteuse dans sept pays d’Afrique de l’Ouest a été menée sur la période 1970-2003. Il s’agit de trois pays sahéliens, exportateurs de bétail : Burkina-Faso, Mali, Niger et de quatre pays côtiers, importateurs de bétail : Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo. La fièvre aphteuse est devenue enzootique dans ces pays depuis 1990/1991. Quatre des sept sérotypes sont régulièrement notifiés : O, A, SAT 1 et SAT 2. Dans l’ensemble des sept pays, 198 prélèvements biologiques issus de foyers identifiés ont permis de confirmer les foyers de fièvre aphteuse avec les sérotypes suivants : O : 62 foyers ; A : 32 foyers ; SAT 1 : 18 foyers ; SAT 2 : 86 foyers. Bien que largement sousestimé, ce résultat montre clairement l’importance de la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest. Sa diffusion y est essentiellement facilitée par le mode d’élevage dominé par les mouvements perpétuels et non contrôlés des animaux. Au contraire de l’Afrique australe, la lutte contre la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest nécessite d’emblée la mise en place d’une stratégie régionale qui englobe tous les pays et qui prenne en compte les réalités du terrain que sont la transhumance, le nomadisme et l’importation d’animaux vivants par les pays côtiers. Mots-clés Afrique de l’Ouest – Aphthovirus – Épidémiologie – Fièvre aphteuse – Prophylaxie. Introduction La fièvre aphteuse est une maladie transfrontalière majeure qui figure au premier rang des maladies à déclaration obligatoire auprès de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et pour laquelle l’OIE a officiellement établi des zones ou régions au statut clairement défini. En Afrique de l’Ouest, des cas sporadiques de fièvre aphteuse ont été rapportés depuis des décennies dans les différents pays. Cependant en 1990/1991, cette région a connu une épizootie de fièvre aphteuse. Le sérotype SAT 2 (South African Territories) y a été isolé. Depuis cette épizootie, la fièvre aphteuse y est devenue enzootique et de nombreux foyers sont enregistrés chaque année. La maladie entraîne une morbidité élevée et la mortalité est 1014 observée essentiellement chez les jeunes animaux, particulièrement les jeunes bovins. Les animaux adultes se remettent de leur maladie en 10 à 15 jours. L’ espèce concernée est principalement l’espèce bovine même si des cas ont été observés dans les populations ovine et porcine (épizootie de 1990/1991 en Côte d’Ivoire [3]). Il n’a pas été rapporté de cas de fièvre aphteuse dans l’espèce caprine. Les sérotypes isolés au cours de la décennie sont les suivants : O, A, SAT 1, SAT 2. Les sérotypes SAT 1, 2, 3 sont confinés à l’Afrique et n’ont fait que de très rares incursions au Moyen-Orient ou en Europe (14). La peste bovine qui était jusque-là la grande menace du cheptel bovin au sud du Sahara est à présent sous contrôle et l’Afrique de l’Ouest et du Centre en ont été déclarées indemnes en 2004 par l’OIE et sont sur la voie de l’éradication complète de cette maladie en suivant les recommandations de l’OIE. Le Bénin, le Sénégal et le Togo ont été reconnus indemnes d’infection bovipestique en mai 2005. Aussi est-il opportun de s’intéresser à cette autre maladie grave des animaux qu’est la fièvre aphteuse dont les conséquences sont de plus en plus perceptibles même au niveau du paysan. Ceci s’est aggravé par le désengagement de l’État et la suppression des subventions dans les programmes de prophylaxie médicale et sanitaire dans la plupart des pays. Nous nous proposons de mener une synthèse rétrospective sur les foyers de fièvre aphteuse apparus dans sept pays d’Afrique de l’Ouest : Burkina-Faso, Mali, Niger, Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana et Togo. Cet échantillon est composé de trois pays sahéliens, exportateurs de bétail et de quatre pays côtiers, importateurs de bétail. Il semble représentatif de la région ouest-africaine tant les systèmes d’élevage et les conditions climatiques sont comparables pour l’ensemble des pays sahéliens, d’une part et pour les pays de la région côtière, d’autre part. Le vaste mouvement d’animaux et de personnes dans ces deux milieux différents mais totalement interpénétrés a amené l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), suite à une requête introduite par les sept pays, à y financer un projet commun pour le contrôle de la fièvre aphteuse (Programme de coopération technique n° 2916 sur la fièvre aphteuse). Impact économique De par sa grande contagiosité, la fièvre aphteuse est une maladie qui entraîne des conséquences économiques considérables. En plus des pertes dues à la mortalité des jeunes animaux, à la baisse, voire à l’arrêt de la production laitière, à l’arrêt de la culture attelée, elle induit systématiquement l’interdiction du commerce d’animaux et de leurs produits avec la région ou le pays qui en est Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3) victime. L’apparition d’un foyer de fièvre aphteuse oblige à prendre des mesures de lutte dont le coût est fort élevé. À cela il convient d’ajouter le montant de la compensation des éleveurs quand elle existe. À titre d’exemple et bien que les systèmes de production ne soient pas comparables, le coût de la récente épizootie de fièvre aphteuse survenue en 2001 au Royaume-Uni a été estimé à 12,2 milliards de dollars américains (6, 13). Les autorités vétérinaires et les paysans accordaient peu d’importance à la fièvre aphteuse compte tenu du type d’élevage qui existe dans cette région. Cependant depuis quelques années la situation a changé avec le constat d’une mortalité élevée chez les jeunes animaux. En conséquence, les paysans interpellent de plus en plus les autorités vétérinaires afin qu’elles mènent une action contre cette maladie. La fièvre aphteuse constitue, à ce jour, une préoccupation majeure des Services vétérinaires et des éleveurs. Pour les pays agricoles, la présence persistante de la fièvre aphteuse pourrait constituer indirectement une entrave à l’accès à certains marchés de leurs produits agricoles. Néanmoins aucune étude n’a été menée à ce jour sur l’impact économique de la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest. Il est toutefois reconnu que la fièvre aphteuse, étant une maladie transfrontalière redoutée, constitue l’une des contraintes majeures dans les transactions commerciales d’animaux et de produits animaux. En effet, il y a interdiction formelle de toutes actions commerciales avec les pays ou régions victimes de la fièvre aphteuse. Ce cadre légal n’est pas respecté en Afrique de l’Ouest à cause des mouvements incontrôlés des animaux et de la porosité des frontières nationales. Des arrêtés d’interdiction d’importation d’animaux vivants et produits animaux sont pris à l’encontre de pays victimes de fièvre aphteuse confirmée mais ces mesures restent peu efficaces parce que peu mises en œuvre (3). Au plan financier pour l’éleveur, il y a une perte de revenus due à la dépréciation de la valeur marchande (pouvant atteindre 50 %) des animaux et de leurs produits, la perte des veaux et l’affaiblissement des animaux de trait. Pour la communauté villageoise, l’on enregistre une baisse de fréquentation des marchés à bétail, les troupeaux atteints ne sont pas acceptés aux points d’eau ou aux pâturages. Épidémiologie de la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest Tous les animaux des espèces bovine, ovine, caprine et porcine, ainsi que les ruminants et les suidés sauvages sont sensibles aux virus aphteux alors que les camélidés sont peu réceptifs (1). Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3) La source de virus provient essentiellement des animaux en incubation ou cliniquement malades par les secrétions et excrétions, la viande et produits dérivés si le pH est compris entre 6,0 et 9,0, les porteurs sains tels que les animaux convalescents. L’ animal en incubation excrète le virus peu avant l’apparition des premiers symptômes et jusqu’après la guérison clinique. Cependant il est rapporté que le virus peut persister pendant 30 mois dans l’oropharynx des bovins (base du test de Probang), plus longtemps encore chez le buffle, environ neuf mois chez les petits ruminants mais pas chez les porcins (4). Le buffle africain (Syncerus caffer) est le principal hôte des sérotypes SAT en Afrique australe et en Afrique de l’Est où il joue un rôle important dans le maintien et la transmission du virus dans les populations animales sensibles (2, 5, 14). Par contre son rôle, en Afrique occidentale, n’est pas encore élucidé et semble peu probable (12). Il en serait de même du rôle attribué aux petits ruminants domestiques. Le virus de la fièvre aphteuse est un virus assez résistant dans le milieu extérieur mais est sensible au pH alcalin ou acide et à la dessication. Cependant, l’infection se fait essentiellement par la voie oro-nasale et la transmission d’un animal malade à un animal sain se fait par contact direct ou indirect par l’intermédiaire de gouttelettes émises, de vecteurs vivants (personnes travaillant dans les élevages contaminés), et de vecteurs inanimés tels que véhicules et outils de travail. En Afrique de l’Ouest, la transmission par contact direct est probablement la voie majeure de contamination, même si le rôle des autres voies ne peut pas être exclu. Quatre des sept sérotypes du virus aphteux circulent régulièrement en Afrique de l’Ouest (11, 14) mais avec une distribution et une fréquence qui diffèrent selon le sérotype. Ainsi 403 prélèvements biologiques ont été collectés sur la période 1970-2003. Ils proviennent, pour l’essentiel, de foyers identifiés dans les troupeaux de bovins de tous âges et analysés, pour la plupart des cas, au Laboratoire mondial de référence de la FAO/OIE pour la fièvre aphteuse (Institute for Animal Health) à Pirbright, Royaume-Uni ou au Laboratoire régional de la FAO pour l’Afrique sub-saharienne (Botswana). Ces prélèvements ont été effectués principalement sur les foyers de fièvre aphteuse apparus sur ladite période par les laboratoires et/ou par les agents de terrain des Services vétérinaires. L’ analyse de ces prélèvements biologiques a permis d’obtenir des résultats exploitables sur 198 d’entre eux (dont 125 prélèvements issus de foyers rapportés à partir de 1990) et qui se répartissent comme indiqué ciaprès pour l’ensemble des sept pays concernés : type O : 62 prélèvements ; type A : 32 prélèvements ; type C : 0 prélèvement ; type SAT 1 : 18 prélèvements ; type SAT 2 : 86 prélèvements ; type SAT 3 : 0 prélèvement (Tableau I). Ces résultats montrent l’absence des sérotypes C et SAT 3 en Afrique de l’Ouest. Ils indiquent également que dans 1015 une proportion élevée de prélèvements (50,1 %, soit 205 sur 403), aucun virus n’a pu être isolé. Ceci peut s’expliquer par la collecte d’aphtes trop anciens, par l’utilisation de milieu de transport inadéquat, par la réalisation défectueuse de prélèvements, etc. Ces données ne sont pas toutefois exhaustives et représentatives de la réelle situation épidémiologique, car il existe une sousdéclaration des foyers aphteux et les foyers identifiés ne font pas toujours l’objet d’une confirmation au laboratoire. Ces prélèvements ont été réalisés à l’occasion de foyers de fièvre aphteuse mais aucune investigation plus approfondie que le sérotypage n’a été effectuée. S’appuyant sur les notifications faites à l’OIE, il ressort que 989 foyers de fièvre aphteuse ont été déclarés sur la période 2000-2004 par les sept pays concernés (Tableau II). Le nombre élevé de déclarations à l’OIE pourrait s’expliquer par l’activité des réseaux de surveillance épidémiologique mis en place dans les différents pays dans le cadre du Programme panafricain pour le contrôle des épizooties (PACE) visant l’éradication de la peste bovine. Cependant, les sérotypes indiqués dans les rapports faits par ces pays ouest-africains à l’OIE (Handistatus II) de 2000 à 2004 n’ont pas pu être confirmés par les laboratoires nationaux et internationaux cités ci-dessus, ni par le laboratoire pour la fièvre aphteuse de l’Onderstepoort Veterinary Institute (Afrique du Sud) ou le Botswana Veterinary Institute, à l’exception de prélèvements reçus du Ghana en 2004 au Laboratoire central de pathologie animale de Bingerville (Côte d’Ivoire) où le sérotype SAT 2 a été identifié par sérologie. L’origine de ces résultats de sérotypage reste donc inexpliquée. La maladie sévit en toutes saisons mais l’on remarque cependant des périodes de forte recrudescence : en saison sèche et froide (de décembre à février), où les lieux de rassemblement tels que les points d’eau constituent un facteur favorisant, et en saison des pluies (de juin/juillet à septembre). Des études moléculaires réalisées sur le gène 1D de la protéine structurale VP1 ont révélé la circulation de topotypes O, SAT 1 et SAT 2 spécifiques à la région ouestafricaine (10, 11, 12, 14). À l’intérieur de cette région, il peut y avoir des variations génétiques entre les épizooties qui surviennent dans le temps. Cette spécificité des topotypes est importante pour déterminer l’origine des foyers aphteux à l’échelle du continent africain. Par contre, à l’intérieur de l’Afrique de l’Ouest, il est plus important de considérer l’année d’isolement du virus, donc d’apparition des foyers, que sa localisation géographique parce que cette région constitue un vaste territoire avec des mouvements perpétuels d’animaux et de personnes facilitant ainsi la diffusion des souches virales à l’intérieur du même pays et d’un pays à un autre. Cela démontre également que la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest est une véritable maladie transfrontalière. 1016 Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3) Tableau I Sérotypes de virus de la fièvre aphteuse isolés ou identifiés dans les sept pays ouest-africains, de 1970 à 2003 Pays Bénin Burkina Faso Côte d’Ivoire Ghana Mali Niger Togo Total Année de prélèvement Nombre de prélèvements 1991 4 2003 2 1990 5 O A Sérotypes C SAT 1 VND SAT 2 SAT 3 4 1* 5 1992 4 1994 20 3 1 1996 31 1998 9 1999 5 2002 3 1971 7 1974 16 8 8 1975 9 7 2 1976 5 1990 8 5 3 1991 39 1995 19 1996 16 1999 28 1970 2 1971 6 6 1972 6 2 1973 23 5 1974 15 2 1977 20 1 19 31 0 9 5 1 2 6 1 5 39 1 1 17 1 15 5 23 2 0 4 12 4 2 6 7 20 1990 3 1 2 1991 12 3 9 1993 9 7 2 1994 4 1 3 1996 4 2002 8 1991 7 1997 2 3 8 6 1 1 1999 3 1971 1 1 1973 6 2 1976 6 1988 3 1990 2 2001 30 1990 2 403 1 1 1 1 1 0 0 3 1 6 0 3 0 2 9 21 2 62 32 0 18 86 0 0 205 * sérotypage effectué au Laboraboire de Parakou (Bénin) par sérologie par E. Couacy-Hymann SAT : South African Territories VND : virus non déterminé Sources : Laboratoire mondial de référence pour la fièvre aphteuse de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) / Organisation mondiale de la santé animale à Pirbright (Royaume-Uni), 2004 ; Laboratoire régional de la FAO pour l’Afrique sub-saharienne (Botswana) 1017 Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3) Tableau II Foyers de fièvre aphteuse déclarés à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) de 2000 à 2004 et sérotypes impliqués Pays Bénin Burkina-Faso 2000 2001 Année 2002 23 (O) 34 (?) 22 (?) 2004 91 21 (O, A, SAT 1, SAT 2, SAT 3) (O, A, SAT 1, SAT 2) 15 (?) 53 (?) 71 (?) 12 Côte d’Ivoire 3 (?) ? (SAT 1) Non Non 3 (?) Ghana 18 (?) 2 (?) 12 (O) 4 (O) 17 (O) Mali Non 18 (O, A, C, SAT 2) 3 (?) 1 (?) 3 (?) Niger 84 (?) 22 (O) 60 (?) 70 99 (O, SAT 1, SAT 2) (O, SAT 1, SAT 2) Togo 9 (?) ? (SAT 2) 39 (?) 45 (SAT 2) 84 (O, SAT 2) Sous-total 208 88 197 226 270 Total général 61 (O) 2003 989 foyers ? : nombre de foyers/sérotypes non connus Non : absence de données SAT : South African Territories Source : OIE, Handistatus II Les résultats obtenus dans les sept pays mentionnés pour la période 1970-2003 sont probablement extrapolables à l’ensemble de la région ouest-africaine eu égard aux systèmes et conditions d’élevage dominés par le déplacement incessant des animaux d’une région à une autre à la recherche d’eau, de pâturage et de marchés pour la commercialisation du bétail. – Ghana : régions de Bawku, Techiman, Tamalé, Ashiama. La Figure 1 indique ces zones à risque de fièvre aphteuse dans les Pays Membres. Causes de la diffusion de la fièvre aphteuse Mouvements d’animaux Analyse de la situation de la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest Identification des zones à risque Les zones à risque sont les zones à forte concentration d’animaux : points d’eau, zones de pâturage, gros marchés à bétail, régions à forte densité d’animaux. Elles se repartissent à l’intérieur des pays comme suit : – Côte d’Ivoire : régions Centre et Nord, – Mali : régions de Sikasso, Bamako, Ségou, Mopti, Asango et la frontière Mali-Niger-Burkina-Faso, – Burkina-Faso : tout le pays, – Niger : frontière avec le Nigéria, le Mali, le Tchad, zone de la cure salée, – Bénin : régions du Borgou, Atacora et Zou, – Togo : régions maritime, des plateaux, des savanes (frontière avec le Burkina-Faso), Les mouvements perpétuels et incontrôlés des animaux (transhumance, commerce, nomadisme) constituent la cause essentielle de la diffusion des foyers de fièvre aphteuse aussi bien à l’intérieur d’un pays que d’un pays à un autre. À cela, il est nécessaire d’ajouter l’inefficacité des postes frontière de surveillance, l’absence de quarantaine, l’importation d’animaux vivants par les pays côtiers et la notion de maladie « mineure » partagée par les autorités vétérinaires et les paysans. Deux types de mouvements d’animaux sont à distinguer. Les mouvements dus aux animaux de commerce Dans cette région, les mouvements s’effectuent à pied, par voie routière ou par la voie ferrée. Les transactions commerciales se passent à l’intérieur du même pays et d’un pays à un autre, mais surtout des pays sahéliens (Mali, Burkina-Faso, Niger) vers les pays côtiers (Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo) qui demeurent les marchés potentiels (Fig. 2). D’autre part, des échanges commerciaux d’animaux vivants existent aussi entre le Mali et l’Algérie et entre le Niger et la Libye et ce, à travers le désert du Sahara. 1018 Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3) Mali Zone Curé salée Niger Burkina Faso Bénin Densité bovine (animaux/km2) : Ghana Togo Côte d’Ivoire Zero <1 1-5 5 - 10 10 - 20 20 - 50 50 - 75 75 - 100 > 100 Nigéria Fig. 1 Zones à risques correspondant aux régions de fortes concentrations d’animaux (7) Algérie Fig. 2 Mouvements commerciaux entre les différents pays (8) Libye 1019 Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3) Les mouvements dus à la transhumance Sources d’infection Ces mouvements s’effectuent entre les mois de novembre et avril, des pays sahéliens vers les pays côtiers que sont le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo. À l’intérieur des pays sahéliens existent également des mouvements de transhumance d’une région à une autre. Ainsi est-il observé : – au Niger : une grande transhumance au mois de septembre lors de la cure salée à Ingall (carrefour de rassemblement des éleveurs de tous les pays frontaliers) ; – au Mali : une forte concentration d’animaux dans la région de Mopti de décembre à mai (fête du Bourgou). Il existe, entre les mois de mars et juin, une transhumance d’animaux du Niger et du Burkina-Faso vers la région du parc W (ou région de la Tapoa). Ces mouvements d’animaux sont accompagnés de déplacements de personnes (propriétaires, bouviers, marchands de bétail, négociants). Ils ont aussi lieu lors d’événements sociaux tels que mariages, funérailles, baptêmes, etc. Les sources d’infection primaire Des régions ont été reconnues comme étant potentiellement des sources primaires d’infection de fièvre aphteuse suite à des observations faites sur plusieurs années dans chacun des pays indiqués ci-dessous. Elles correspondent aux régions de densité élevée en bétail et de regroupement d’animaux (Fig. 3) : – la bande frontalière Bénin – Niger – Nigeria, – la bande frontalière Niger – Mali – Burkina-Faso, – la jonction Bénin – Burkina-Faso – Niger ou la région du parc W. Les sources secondaires d’infection De ces sources primaires, l’infection diffuse à l’intérieur des pays puis envahit toute la région ouest-africaine au travers Libye Algérie Mauritanie Certaines zones sont reconnues comme réservoir du virus et considérées comme une source d’infection primaire. Ces foyers sont à l’origine d’épizooties qui se propagent occasionnellement à d’autres régions qui sont considérées comme des sources d’infection secondaires. Mali Gao • Sénégal Gambie Tchad Niger Burkina Faso Guinée Bissau Bénin Togo Sierra Leone Côte d’Ivoire Ghana Nigéria Libéria Transhumance Zones d’infection Fig. 3 Zones d’infection primaire (9) 1020 de moyens directs (mouvements d’animaux, rassemblements d’animaux) et indirects (véhicules, hommes, matériels techniques, produits animaux). D’après ces observations, les zones d’infection secondaire et les zones à risques sont entretenues par les régions d’infection primaire. L’ e nsemble de ces régions forme un vaste territoire d’enzootie de fièvre aphteuse maintenue principalement par la densité d’animaux sensibles, les mouvements d’animaux, les mouvements de personnes et secondairement, par les produits animaux. La source d’infection en Afrique de l’Ouest serait donc uniquement domestique et ne ferait pas intervenir la faune sauvage. L’ e xistence de relations commerciales entre les pays du Sahel (plus particulièrement le Mali et le Niger) et les pays méditerranéens que sont l’Algérie et la Libye est également établie. Le désert du Sahara ne constitue donc pas un obstacle. En 1999, l’analyse phylogénétique des isolats de sérotype O collectés en Côte d’Ivoire a montré l’existence d’une forte similitude génétique avec le virus responsable de foyers de fièvre aphteuse en Algérie, Tunisie et Maroc. L’hypothèse de la diffusion de ce sérotype O à partir du Mali avait été émise (R.P. Kitching, communication personnelle). Méthodes de lutte et caractéristiques de l’Afrique de l’Ouest Considérations générales La méthode de lutte est liée à plusieurs facteurs dont les principaux sont la prévalence de l’infection, le système d’élevage, les conditions climatiques, la densité animale, l’espèce prédominante, etc. L’ o bjectif primordial est de limiter la contamination des animaux sensibles par le virus et de ce fait, la méthode de lutte est appelée à tenir compte de ces facteurs pour être efficace sur le terrain. En l’absence de maladie, il s’agit de prendre les mesures préventives suivantes : – contrôler les mouvements des animaux, – interdire l’importation d’animaux vivants et de leurs produits dérivés de pays atteints de fièvre aphteuse, – imposer la quarantaine à l’importation, – interdire la distribution de déchets alimentaires non chauffés aux porcs, – mener une véritable campagne de sensibilisation en direction des éleveurs et agents de terrain. Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3) En cas de foyer, les mesures d’urgence consistent à le circonscrire en interdisant le mouvement du troupeau atteint et, par la suite, à désinfecter les locaux et autres outils de travail. Ces mesures d’ordre sanitaire sont uniquement appliquées dans les pays développés ou en Afrique australe et ont montré leur efficacité. Elles paraissent bien difficiles à mettre en œuvre en Afrique occidentale où les mesures jusque-là recommandées ne sont pas suivies. Cependant il est donné de voir quelques actions menées : limitation de déplacements des animaux, abattage sanitaire de quelques animaux gravement malades, traitement symptomatique pour éviter les surinfections bactériennes et la vaccination pratiquée par quelques éleveurs. Il faut noter que les mouvements d’animaux semblent difficiles à contrôler à l’intérieur d’un même pays et surtout d’un pays à un autre. Cependant, le cantonnement des animaux a pu être observé dans certains cas, mais seulement pour quelques jours (deux à trois jours). En revanche, en Afrique australe, les mesures de contention, de restriction de mouvements des animaux, d’établissement de zones tampon, etc., sont rigoureusement appliquées et des résultats très satisfaisants sont obtenus (14). La prophylaxie médicale ou sanitaire a été utilisée par certains pays développés pour éradiquer la fièvre aphteuse, comme par exemple respectivement la France et l’Angleterre. Dans le premier cas la vaccination annuelle des bovins a été pratiquée pendant de très nombreuses années. Dans le second cas la prophylaxie a été basée sur une politique d’abattage et de destruction des animaux et de restriction des mouvements des animaux. La prophylaxie médicale est mise en œuvre dans quelques rares cas en Afrique de l’Ouest et se voit surtout dans des élevages de haute valeur et ce, sans tenir réellement compte des topotypes présents dans la région ou de la parenté antigénique avec le vaccin, ce qui obère gravement les résultats. La prophylaxie médicale en Afrique de l’Ouest est une voie possible pour atteindre le contrôle de la fièvre aphteuse. Il faudrait pour cela disposer d’une base de données fiables pour les souches virales circulant dans cette région afin d’adapter les formules vaccinales aux topotypes existants. Mais la vaccination ne suffira pas à elle seule si elle n’est pas appliquée parallèlement à des mesures de restriction de mouvements des animaux pour limiter la diffusion des foyers, à la prise en charge rapide et efficace des cas de foyers par les agents de terrain et par les autorités vétérinaires, et à un diagnostic fiable et rapide par le laboratoire qui doit disposer de techniciens correctement formés. Maladie transfrontalière reconnue, la fièvre aphteuse, dans les conditions d’élevage de l’Afrique de l’Ouest, nécessite une approche de lutte régionale. Pour cela il faut, au préalable, remédier aux difficultés qui participent à la diffusion de la maladie et entravent, à la fois, la mise en 1021 Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3) place d’une stratégie commune de lutte qui soit efficace et adéquate : a) difficultés au plan national : – absence d’application des textes législatifs de police sanitaire (quand ils existent), – insuffisance de ressources humaines et matérielles entraînant une sous-déclaration des foyers et un retard dans les déclarations réalisées. La conséquence immédiate est l’insuffisance de données épidémiologiques sur la fièvre aphteuse, – insuffisance des ressources de l’État, – insuffisance de formation et de sensibilisation des acteurs de l’élevage, – absence de politique d’indemnisation des éleveurs victimes, – absence d’un cadre de concertation entre l’administration, les éleveurs et les autres acteurs du monde de l’élevage, – insuffisance (ou absence) de communication entre les Services vétérinaires et le laboratoire national de diagnostic des maladies animales, – faible capacité de diagnostic des laboratoires nationaux, – absence de contrôle des mouvements des animaux et des personnes en raison du type d’élevage pratiqué ; b) difficultés au plan régional : – déficit de communication entre les différents pays, – absence d’harmonisation des plans de lutte entre les différents pays, – absence de contrôle des mouvements de transhumance et nomadisme entre les différents pays (non-application des textes réglementaires quand ils existent). Il est à noter que ces contraintes ne sont pas spécifiques au seul cas de la fièvre aphteuse mais concernent l’ensemble des maladies du bétail africain au sud du Sahara. Conclusions et recommandations Recommandations générales Il a été reconnu par les différents pays que la fièvre aphteuse y existe à l’état d’enzootie au moins depuis l’épizootie de 1990/1991. Les conséquences sont visiblement lourdes bien qu’aucune étude précise sur son impact économique dans le contexte de l’Afrique de l’Ouest n’ait été entreprise à ce jour. Cette enzootie de fièvre aphteuse est entretenue par des foyers primaires disséminés dans les pays sahéliens où la densité animale est forte. Par le mode d’élevage traditionnel de l’ouest africain, dominé par la transhumance et le nomadisme non contrôlés des animaux, la diffusion de la maladie est hautement facilitée créant des foyers secondaires aussi bien dans ces mêmes pays sahéliens que dans les pays côtiers, importateurs de bétail sur pied. En raison de l’absence de textes réglementaires de police sanitaire (ou de la non-application de ces textes quand ils existent), du manque de coordination des actions de lutte au plan régional et de données épidémiologiques fiables, et de la faible capacité d’intervention des agents de terrain et des laboratoires nationaux de diagnostic des maladies animales, la lutte contre la fièvre aphteuse s’avère difficile. Aussi est-il nécessaire et urgent de répondre à certaines de ces préoccupations pour permettre d’élaborer, dans un proche avenir, une stratégie de lutte régionale contre la fièvre aphteuse. Les pays de l’Afrique de l’Ouest doivent s’engager fermement compte tenu de la menace qui pèse sur leur cheptel afin de contrôler efficacement la fièvre aphteuse au niveau de ces foyers primaires et éviter de constituer une menace pour l’Europe par l’intermédiaire des pays de la Méditerranée (Algérie, Libye) avec lesquels des transactions commerciales existent. Au plan national À l’intérieur de chaque pays, les autorités vétérinaires doivent assurer la prévention au travers de leurs services déconcentrés et des vétérinaires privés. Cette prévention doit commencer par la formation des éleveurs, propriétaires d’animaux et agents d’élevage afin qu’ils puissent reconnaître la maladie et informer les Services vétérinaires, soit directement, soit par l’intermédiaire des agents techniques de terrain pour une intervention rapide. Il est important d’obtenir la collaboration sincère des éleveurs après leur avoir expliqué les risques de diffusion de la fièvre aphteuse à tout le pays et à l’extérieur. Cette formation concernera aussi les techniciens de laboratoire pour une meilleure prise en charge de tels prélèvements afin d’obtenir un diagnostic fiable. Aux éleveurs péri-urbains de porcs, l’interdiction d’utiliser de la nourriture sans traitement thermique préalable devra être de rigueur. La formation et l’information par tous les outils simples de communication (affiches, radios communautaires, cassettes audio en langues locales, séminaires, séances d’animation dans les lieux reconnus de rencontre : marchés à bétail, points d’eau, etc.) des acteurs de l’élevage sont essentielles pour une bonne campagne de sensibilisation 1022 en vue de la prévention et du contrôle de la fièvre aphteuse. Une meilleure coordination entre les Services vétérinaires et le laboratoire national se doit d’être effective pour le travail sur le terrain et permettre une vérification des données à envoyer à l’OIE. En matière de fièvre aphteuse, il serait conseillé d’indiquer le laboratoire qui a effectué le sérotypage et les techniques utilisées. Les foyers de fièvre aphteuse signalés sur le terrain devraient être également vérifiés avant leur prise en compte effective, afin d’éviter des déclarations à l’OIE qui ne reflètent pas la réalité sur le terrain. Au plan régional La fièvre aphteuse est enzootique dans la sous-région qui diffuse à partir de foyers primaires potentiels identifiés. Ceux-ci doivent être contrôlés afin d’en limiter la diffusion. Comme toute maladie transfrontalière, il est indispensable d’instituer des mesures de contrôle aux frontières donc à l’importation avec la mise en place d’une quarantaine. De telles mesures seraient inopérantes si elles venaient d’un seul pays et difficiles d’exécution à cause des traditions d’élevage (transhumance et nomadisme) et de la porosité des frontières. C’est pourquoi, une stratégie de lutte ne pourra réussir que si elle englobe tous les pays ouestafricains dans un programme régional de contrôle de la fièvre aphteuse. L’ information doit circuler entre les pays de l’Afrique de l’Ouest sur l’état sanitaire du bétail par une concertation permanente entre les Services vétérinaires et les laboratoires de diagnostic des maladies animales. D’autre part, la collaboration entre les coordinations nationales et la coordination régionale basée à Bingerville (Côte d’Ivoire) devrait être renforcée par la participation réelle de tous afin d’aboutir à une banque de données fiables sur la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest. Le foyer de fièvre aphteuse dépisté cliniquement doit faire l’objet d’un prélèvement adéquat pour sa confirmation au laboratoire et pour connaître la souche virale en cause. Ainsi est-il demandé d’effectuer le maximum de prélèvements biologiques pour le laboratoire qui assurera le diagnostic et un sérotypage précis. Il est opportun de rappeler que la collecte de tout échantillon sur le terrain, son envoi au laboratoire national et/ou extérieur et leur traitement ont un coût qui reste élevé. C’est pourquoi, il est urgent de renforcer la formation des techniciens et auxiliaires d’élevage et des agents de laboratoire sur la clinique des maladies majeures animales de l’Afrique de l’Ouest, dont la fièvre aphteuse, et sur les méthodes de prélèvements d’échantillons de bonne qualité, de conditionnement et de transport pour une utilisation judicieuse au laboratoire. Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3) Dès que le diagnostic clinique de fièvre aphteuse est fait, le troupeau doit être cantonné afin d’éviter ou plutôt de limiter la propagation de la maladie. Les autorités sanitaires de chaque pays sont appelées à mettre en œuvre les règles de police sanitaire et à déclarer le foyer aux régions voisines, les autres pays du réseau et l’OIE. La surveillance de la fièvre aphteuse doit utiliser le système de surveillance des maladies animales mis en place au cours du projet PACE. Aussi est-il demandé d’inclure la fièvre aphteuse dans le processus de la surveillance active de la peste bovine pendant la période destinée à cette tâche, qui devra se poursuivre à la fin de la campagne d’éradication de la peste bovine. Il en est de même lors de la surveillance continue tout le long de l’année pour le dépistage de tout foyer de fièvre aphteuse. Des zones ont été identifiées comme lieux de concentration d’animaux et pourraient faire l’objet d’un programme de surveillance active. Il serait judicieux de procéder à des prélèvements dans les lieux d’infection primaire pour déterminer dans une phase précoce les souches qui y circulent. Cette information pourrait aider à la définition d’une politique régionale de lutte contre la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest. Dans nos conditions de terrain, la limitation voire l’interdiction de mouvements des animaux et des personnes en contact en cas de fièvre aphteuse, si elle est effective, peut se révéler d’une grande efficacité. La vaccination peut être envisagée dans un proche avenir après avoir obtenu des données épidémiologiques fiables sur la maladie dans la région ouest-africaine. Remerciements Les auteurs remercient l’ensemble des autorités vétérinaires impliquées dans cette étude. Les auteurs manifestent également leur gratitude à l’égard des techniciens d’élevages et des paysans dont la collaboration est indispensable pour la réussite d’un tel projet de lutte. Enfin, les auteurs remercient la FAO qui a financé le programme de coopération technique n° 2916 sur la fièvre aphteuse ainsi que la Commission européenne qui finance le projet n° FP6-513755 relatif à la fièvre aphteuse et à la peste porcine classique. 1023 Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3) Retrospective study of foot and mouth disease in West Africa from 1970 to 2003 E. Couacy-Hymann, G.-L. Aplogan, O. Sangaré, Z. Compaoré, J. Karimu, K.A. Awoueme, A. Seini, V. Martin & J.-F. Valarcher Summary A retrospective study of foot and mouth disease in seven West African countries was conducted for the period 1970 to 2003. The study included three cattleexporting Sahel countries (Burkina-Faso, Mali and Niger) and four cattleimporting coastal countries (Benin, Côte d’Ivoire, Ghana and Togo). Foot and mouth disease has been enzootic in these countries since 1990/1991. Four of the seven serotypes are regularly notified (O, A, SAT 1 and SAT 2). In the seven countries as a whole, 198 biological samples from identified foot and mouth disease outbreaks confirmed the involvement of the following serotypes: O (62 outbreaks); A (32 outbreaks); SAT 1 (18 outbreaks); SAT 2 (86 outbreaks). This result, which is largely underestimated, clearly demonstrates the seriousness of foot and mouth disease in West Africa, whose livestock production system characterised by continual uncontrolled animal movements facilitates the spread of the disease. Unlike in Southern Africa, for foot and mouth disease to be controlled in West Africa it is necessary immediately to introduce a regional strategy involving all countries which takes into account the real situation in the field: transhumance, nomadism and live-animal imports by coastal countries. Keywords Aphthovirus – Epidemiology – Foot and mouth disease – Prophylaxis – West Africa. Estudio retrospectivo sobre la fiebre aftosa en África Occidental de 1970 a 2003 E. Couacy-Hymann, G.-L. Aplogan, O. Sangaré, Z. Compaoré, J. Karimu, K.A. Awoueme, A. Seini, V. Martin & J.-F. Valarcher Resumen Los autores describen un estudio retrospectivo sobre la fiebre aftosa que abarca el periodo 1970-2003 en siete países del África Occidental: tres países del Sahel que exportan ganado (Burkina Faso, Malí y Níger) y cuatro del litoral que lo importan (Benin, Côte d’Ivoire, Ghana y Togo). La enfermedad es enzoótica en todos ellos desde 1990-1991. Cuatro de los siete serotipos aparecen regularmente en las notificaciones: O, A, SAT 1 y SAT 2. Globalmente, a partir de 198 muestras biológicas tomadas en focos de fiebre aftosa, se ha confirmado en los siete países la presencia de los siguientes serotipos del virus: O (62 focos); A (32 focos); SAT 1 (18 focos); y SAT 2 (86 focos). Aunque en buena medida subestimado, este resultado pone claramente de relieve la importancia que tiene la fiebre aftosa en África Occidental. Las prácticas ganaderas, caracterizadas por el constante desplazamiento y la falta de control de los animales, son el factor básico que facilita la propagación de la enfermedad. A diferencia de lo 1024 Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 25 (3) que ocurre en la parte austral del continente, la lucha contra la fiebre aftosa requiere, ante todo, la aplicación de una estrategia regional que abarque todos los países y tenga muy en cuenta la realidad de la situación sobre el terreno, marcada por la trashumancia, el nomadismo y la importación de animales vivos por los países costeros. Palabras clave África Occidental – Aftovirus – Epidemiología – Fiebre aftosa – Profilaxis. Références 1. Bachrach H.L. (1968). – Foot-and-mouth disease virus. Annu. Rev. Microbiol., 22, 201-244. 2. Condy J.B., Hedger R.S., Hamblin C. & Barnet I.T.R. (1985). – The duration of the foot-and-mouth disease carrier state in African buffalo (i) in the individual animal and (ii) in a freeliving herd. Comp. Immun. Microbiol. infect. Dis., 8, 259-265. 3. Couacy-Hymann E., Formenty P., Zigbe B., Ouattara M. & Cacou P.M. (1991). – Note sur une épizootie récente de fièvre aphteuse en Côte d’Ivoire. Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 44 (4), 423-424. 4. Geering W.A. & Lubroth J. (2002). – Preparation of foot-andmouth disease contingency plans. FAO Animal Health Manual no. 16. Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, Rome. 5. Hedger R.S. (1976). – Foot-and-mouth disease in wildlife with particular reference to the African buffalo (Syncerus caffer). In Wildlife diseases (L.A. Page, édit.). Plenum Press, New York, 235-244. 6. Kitching R.P., Hutber A.M. & Thrusfield M.V. (2005). – A review of foot-and-mouth disease with special consideration for the clinical and epidemiological factors relevant to predictive modelling of the disease. Vet. J., 169, 197-209. 7. Martin V. (2004). – Zones à risque de fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest. In Rapport de consultation de l’Atelier régional sur le contrôle de la FA en Afrique de l’Ouest – détermination et caractérisation des souches virales circulant dans la sous-région (E. Couacy-Hymann), 9-12 mars, Niamey-Niger, Annexe 1, 19. 8. Martin V. (2004). – Mouvements commerciaux entre les différents pays. In Rapport de consultation de l’Atelier régional sur le contrôle de la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest – détermination et caractérisation des souches virales circulant dans la sous-région (E. Couacy-Hymann), 9-12 mars, Niamey-Niger, Annexe 2, 20. 9. Martin V. (2004). – Zones d’infection primaire. In Rapport de consultation de l’atelier régional sur le contrôle de la fièvre aphteuse en Afrique de l’Ouest – Détermination et caractérisation des souches virales circulant dans la sousrégion (E. Couacy-Hymann), 9-12 mars, Niamey-Niger, Annexe 3, 21. 10. Sangaré O., Bastos A.D.S., Marquardt O., Venter E.H., Vosloo W. & Thomson G.R. (2001). – Molecular epidemiology of serotype O foot-and-mouth disease virus with emphasis on West Africa and South Africa. Virus Genes, 22 (3), 345-351. 11. Sangaré O., Bastos A.D.S., Venter H.E. & Vosloo W. (2003). – Retrospective genetic analysis of SAT-1 type foot-and-mouth disease outbreaks in West Africa (1975-1981). Vet. Microbiol., 93, 279-289. 12. Sangaré O., Bastos A.D.S., Venter H.E. & Vosloo W. (2004). – A first molecular epidemiological study of SAT-2 type footand-mouth disease viruses in West Africa. Epidemiol. Infect., 132, 525-532. 13. Thompson D., Muriel P., Russel D., Osborne P., Bromley A., Rowland M., Creigh-Tyte S. & Brown C. (2002). – Economic costs of the foot and mouth diseases outbreak in the United Kingdom in 2001. In Fièvre aphteuse : faire face aux nouveaux dilemmes (R.G. Thomson, coord.). Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 21 (3), 675-687. 14. Vosloo W., Bastos A.D.S., Sangaré O., Hargreaves S.K. & Thomson G.R. 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