Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VIII), n° 4-5, juillet/octobre 2004
Ovaires polykystiques
Dossier
porteurs du glucose GLUT4, anoma-
lies dans la modulation de l’adéno-
sine de l’action de l’insuline (45),ou
phosphorylation excessive du récep-
teur de l’insuline sur ses résidus sérine.
Dunaif et al. (46) ont rapporté en effet
que beaucoup de patientes obèses
avec SOPMK auraient un défaut de
l’autophosphorylation des tyrosines
sur le récepteur de l’insuline. Le
mécanisme primaire serait l’aug-
mentation de l’autophosphorylation
basale du récepteur de l’insuline,
liée à l’augmentation de la sérine-
phosphorylation de sa sous-unité β.
En la déphosphorylant de façon
continue, elle amoindrit l’activité
tyrosine-kinase du récepteur stimulée
par sa liaison à l’insuline et diminue
ainsi les effets immédiatement post-
récepteurs (7). L’augmentation de la
sérine-phosphorylation aurait en outre
un effet amplificateur sur l’activité
17,20 desmolase du cytochrome P450
c 17α. Toutefois, la démonstration in
vitro d’une telle anomalie mixte n’a
pu être apportée (47). Cette théorie
pourtant uniciste liant l’hyperandro-
génie et l’IR semble donc devoir
être abandonnée.
Toutes les tentatives pour démontrer
une IR spécifique se sont soldées par
des résultats mitigés, voire négatifs,
et les données de la génétique vont
en ce sens. Il est vrai que la compré-
hension de cette composante est dif-
ficile car elle s’intrique avec l’obésité
et sa propre IR, ainsi qu’avec la sus-
ceptibilité vis-à-vis du diabète de
type 2.
Donc, à ce jour, rien n’indique que la
physiopathologie du syndrome méta-
bolique associé à la majorité des cas
de SOPMK soit différente de celle
du syndrome “commun”. La seule
différence réside dans le fait que, du
fait du rôle révélateur précoce des
symptômes du SOPMK, ce syndrome
est observé à un âge beaucoup plus
jeune qu’à l’âge habituel où appa-
raissent ses complications (HTA,
insuffisance coronaire, diabète de
type 2, etc.). On peut donc considé-
rer que le SOPMK offre l’occasion
unique d’analyser les tout premiers
mécanismes de ce syndrome, avant
qu’ils ne s’effacent ou ne se modi-
fient avec le temps. Dans des cas plus
rares, l’IR relève de mécanismes bien
précis et spécifiques de certaines cir-
constances (mais pas du SOPMK !) :
retard de croissance intra-utérin, ano-
malies du gène du récepteur de
l’insuline, médications, etc. Enfin,
certains ont récemment émis l’hypo-
thèse d’une “reprogrammation in
utero”, selon laquelle l’hyperandro-
génie liée à l’ovaire fœtal, programmé
génétiquement pour être hyperandro-
génique, influencerait le développe-
ment et la fonction ultérieure du tissu
adipeux et de l’hypothalamus, avec
pour conséquences, à la puberté, une
IR pathologique et une sécrétion
excessive de LH (48).
Conclusion
La physiopathologie du SOPMK ne
peut être résumée en quelques pages,
tant elle s’étend sur de nombreux
domaines de la gynécologie, de l’endo-
crinologie, de la diabétologie et de
la nutrition. L’anomalie “fondamen-
tale” reste pour l’instant méconnue,
mais existe-t-elle vraiment ? Les
OPMK ne seraient-ils pas tout bana-
lement une réaction ovarienne non
spécifique à diverses stimulations
dont le dénominateur commun serait
la création d’une hyperandrogénie
intraovarienne ? En ce cas, la
recherche frénétique du gène du
SOPMK, à laquelle on assiste actuel-
lement, risque d’en frustrer plus d’un...
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