ce sont les soignants de ville qui doivent, en priorité,
assurer cette éducation. » Il cite ainsi les médecins
généralistes, les infirmières, les podologues, les
diététiciennes et les pharmaciens.
•Compétence : l’éducation à la santé ne s’in-
vente pas. Les soignants doivent recevoir des
formations spécifiques dans ce domaine.
•Rémunération : «L’éducation doit être rétribuée
au même niveau que les soins traditionnels, selon des
modes qui peuvent être innovants », tient à préci-
ser le Dr Mollet.
•Structuration : des programmes adaptés aux
pratiques de ville doivent être créés. Ils seront ci-
blés sur les vrais besoins des patients, et validés
par des expérimentations évaluées.
•Précocité : les patients doivent pouvoir béné-
ficier d’une telle éducation dès le diagnostic du
diabète.
•Évolutivité : «L’éducation doit être poursuivie et
complétée tout au long de l’évolution de la maladie,
au fur et à mesure que de nouveaux problèmes ap-
paraissent. », spécifie le Dr Mollet.
Les possibilités actuelles en France
Depuis 1998, un modèle d’éducation est expéri-
menté sur trois sites (Jura, Pas-de-Calais, Sarthe)
par l’ASAVED (Association des structures d’aide
à la vie et à l’éducation des diabétiques). Il com-
porte la formation, en deux séminaires de deux
jours, de binômes de médecins généralistes,
d’infirmières libérales. Chaque binôme assure
ensuite l’éducation de groupes de six à huit dia-
bétiques, selon un programme structuré de
sept séances de deux heures. Les patients sont
suivis pendant deux ans. Ils sont comparés, de
façon randomisée, à des patients suivis selon
les méthodes “traditionnelles”. « L’évaluation porte
sur les paramètres bio-cliniques, la qualité de vie, les
aspects psycho-comportementaux, les aspects mé-
dico-économiques », explique le Dr Mollet. Cette
expérimentation est financée par l’assurance ma-
ladie. Cela permet de rétribuer les professionnels
sur la base de forfaits.
D’autres réseaux de soins se mettent en place.
Ils sont l’occasion d’appliquer ces principes à
plus grande échelle. «Tous les projets comportent,
à des degrés divers, une formation des profession-
nels, une coordination des acteurs, une évaluation
des résultats, poursuit-il. Mais la mise en place
d’une éducation thérapeutique des patients par les
professionnels de ville se heurte à l’impossibilité
d’offrir une rémunération en dehors des disposi-
tions dérogatoires.» Celles-ci ne peuvent être ob-
tenues que dans le cadre très restrictif des ré-
seaux expérimentaux dits “Soubie”. «Force est
donc d’attendre que les pouvoirs publics installent
de façon élargie les cadres réglementaires autori-
sant la généralisation de l’éducation thérapeutique
des patients. »
M.B.
(1) Le Dr Étienne Mollet présentait au Medec, le 13 mars 2001,
le thème suivant : “Éducation structurée en réseau : quelle ef-
ficacité pour une prévention des complications du diabète de
type 2 ?”.
(2) publiée dans Diabetes Care 1995 ; 19 : 927-33.
(3) Régine Borioek et Sylvie Brousse ont publié dans le supplé-
ment du n° 211 du trimestriel Équilibre, en septembre 1999,
un article intitulé “Soins infirmiers et diagnostic éducatif”.
19
Professions Santé Infirmier Infirmière - No30 - octobre 2001
Exemple infirmier no2
Exercice et diagnostic éducatif
«L’activité physique fait partie du traitement du
diabète non insulino-dépendant (DNID) », rappel-
lent Régine Borioek et Sylvie Brousse, infirmières.
Tout diabétique devrait le savoir. Chacun gagne-
rait à pratiquer un exercice physique adapté à ses
capacités. Il peut améliorer les glycémies, mais en-
traîner aussi des hypoglycémies. Chaque patient
doit ainsi connaître l’effet hypoglycémiant de
l’exercice physique et le prévenir. Grâce à l’édu-
cation du diabétique, celui-ci peut connaître les
activités physiques conseillées pour le DNID, ainsi
que les associations et organismes susceptibles de
soutenir et d’encadrer sa pratique régulière. Le
diabétique doit enfin savoir qu’un bilan cardiaque
et général reste nécessaire avant de pratiquer une
activité sportive.
«Est-il possible d’avoir les mêmes exigences avec
un agriculteur, une femme avec un surpoids qui
n’a jamais pratiqué de sport, une mère de famille
débordée ou une personne âgée handicapée ?
lancent Régine Borioek et Sylvie Brousse. C’est
pourquoi, lors des cycles d’éducation, nous prati-
quons l’exercice physique en essayant de trouver
pour chacun une activité adaptée. » Il faut savoir
utiliser une corvée comme le ménage, faire
quelques exercices au bon moment, préférer l’es-
calier à l’ascenseur.
Afin de faire des propositions précises aux dia-
bétiques, ce service de l’hôpital de Dole a
organisé un soutien avec un éducateur médico-
sportif. Il intervient lors des cycles d’éducation de
l’hôpital, au sein de l’association locale des
diabétiques, mais aussi des groupes d’éducation
expérimentale de l’Association des structures
d’aide à la vie et à l’éducation des diabétiques
(ASAVED), constitués de généralistes et d’infir-
mières libérales.