1 Les végétaux des rochers du bord de mer Le perce-pierre ou criste marine a des feuilles charnues avec une pression interne élevée qui s’oppose à la sortie de l’eau ; en outre, des racines profondes lui permettent de récupérer l’eau de pluie enfouie dans les fentes, les failles JUILLET - SEPTEMBRE entre les rochers. a vie végétale doit composer avec un milieu sévère : une roche dure, une terre peu abondante localisée surtout dans des fentes, un soleil brûlant, une eau douce rare, une sécheresse estivale marquée, une humectation par les embruns salés et des vents violents. Les végétaux qui colonisent ces rochers sont dits : xérophiles « amis de la sécheresse » et héliophiles « amis du soleil ». L 5 Le perce-pierre D’autres espèces résistent à l’arrachement (le plantain 6 ) en adoptant un port caractéristique en « boule » et en développant un système de profondes racines. Les végétaux économisent l’eau en utilisant des moyens variés : Le plantain à feuilles en alêne - Les espèces annuelles (ex. le séneçon 1 ) ont un Le plantain à feuilles en alêne forme de cycle de vie court : elles croissent, fleurissent et petits coussinets hémisphériques de 15 cm de hauteur maximale. Ses feuilles étroites fructifient en quelques mois ; elles subsistent en et pointues sont situées à la base d’une été sous forme de graines. hampe florale. MAI - JUILLET 6 - Les espèces vivaces vivant plusieurs années limitent l’évapotranspiration par une disposition particulière des feuilles (la passerine 2 ), Une brousse littorale à affinités chaudes leur réduction (la lavande 3 ), des dispositifs particuliers (la carotte 4 ) ou par une pression ’est une formation végétale basse formée interne élevée (le perce-pierre 5 ). d’espèces vivaces arbustives ou grimpantes Le séneçon à feuilles de marguerite (lianes) qui la rendent impénétrable. Elle forme une ceinture plus ou moins continue en MARS - AVRIL arrière des rochers du bord de mer. Ces espèces qui affectionnent les stations les plus 1 chaudes et les plus ensoleillées de la Côte d’Azur La passerine hirsute possède des orifices de sont ici en limite occidentale. C sortie de l’eau (les stomates) qui sont protégés et situés sur de petites feuilles en écailles dont la face inférieure laineuse est appliquée contre la tige. OCTOBRE - MARS 2 Le pistachier lentisque est un arbrisseau toujours vert dont les feuilles composées ont un nombre pair de folioles. Ses fleurs petites, mâles ou femelles, sont portées par des pieds différents. Ses fruits sont rouges puis noirs. La dispersion des graines est assurée par les animaux qui consomment ses fruits. AVRIL - JUIN La passerine hirsute La lavande de mer La lavande de mer (ou saladelle) a de petites feuilles, serrées entre elles, disposées en rosette appliquée sur le rocher. Ses autres feuilles sont étroites. JUIN - AOÛT Cet arbrisseau reste toujours vert. Ses rameaux épineux ont des feuilles opposées, vertes sur la face supérieure et cotonneuses sur la face inférieure. Ses fleurs sont petites et blanches et ses fruits ou olives sont peu riches en huile. AVRIL - MAI 3 La carotte sauvage d’Espagne est une espèce bisannuelle à feuilles charnues, couverte de poils glanduleux qui limitent la MAI - JUILLET perte d’eau. 4 Le pistachier lentisque La carotte sauvage d’Espagne 4 L’oléastre ou olivier sauvage Le genévrier de Phénicie Arbuste toujours vert ; aux feuilles en écailles, il rappelle le cyprès. Ses fruits gros et rouges apparaissent en automne de la 2eme année. AVRIL - MAI C’est une liane vivace à tiges quadrangulaires munies de petits crochets. Ses feuilles sont disposées en cercle au même niveau autour de la tige et ses fleurs sont petites JUIN - AOÛT et jaunes. Sous-arbrisseau vivace, toujours vert, grimpant, qui comporte une tige anguleuse munie d’épines. Ses feuilles sont en forme de coeur et ses fruits sont de petites baies rouges consommées par les oiseaux mais qui sont toxiques pour l’homme. C’est aussi la nourriture préférée des petits personnages bleus créés par Peyo : les AOÛT - OCTOBRE Schtroumpfs ! La garance voyageuse Ce sont les animaux qui assurent la dispersion de ses boutures, fragments de tige feuillée, qu’ils transportent, accrochés à leurs poils par des aiguillons. La salsepareille 2 Panorama C’est enfin, semble-t-il, à la suite d’un effondrement et du réchauffement post-würmien (Quaternaire) que la lagune du Brusc s’est formée et que les îles de l’archipel des Embiez se sont isolées. Panorama topographique et géologique - Les vieux massifs cristallins d’âge primaire en bordure de mer comme le Massif de Sicié, l’archipel des Embiez ou la colline du Fort de Six-Fours, sont formés de roches d’origine détritique (du lat. détritus = débris) intensément plissées, fracturées et érodées où dominent les phyllades (sortes de schistes), les quartzophyllades et les quartzites plus riches en quartz et plus durs. On retrouve ces mêmes formations dans les massifs du Mourillon et du Cap Brun (Toulon), de la Colle Noire (Le Pradet), des Maures ou encore des îles d’Hyères ; ce fait suggère une communauté d’origine. Les sédiments (du lat. sedimentum = dépôts) qui leur ont donné naissance (sables, argiles, micas, quartz...) proviennent du démantèlement, au cours du Carbonifère et du Permien (-345 à -230 Ma), d’un vieux massif (équivalent des PyrénéesCorse-Sardaigne) qui se trouvait au sud de la Provence actuelle alors que la mer, dépendance de l’océan, se trouvait au nord ; ils se sont déposés à ses pieds dans l’actuelle dépression permienne qui va de Sanary à Fréjus-Saint-Raphaël. Ces formations constituent le socle de la région. Les plis, les feuillets et le débit en dalles, présents dans les phyllades, attestent que ces roches métamorphiques ou « roches transformées » l’ont été sous l’effet de contraintes orientées et de certaines conditions de température et de pression engendrées par les déplacements relatifs des blocs ibérique et européen qui constituaient la plaque européenne au cours des ères mésozoïque (secondaire) et cénozoïque (tertiaire et quaternaire). - Les massifs calcaires au nord, plus récents, d’âge secondaire (Jurassique et Crétacé entre 200 Ma et -85 Ma environ), constituent la couverture sédimentaire déposée sur le vieux socle cristallin. C’est lors de la formation des Alpes (début de l’ère tertiaire) qu’une écaille de ce socle a été entraînée vers le nord, en même temps qu’une partie de la couverture sédimentaire, en une vaste nappe de recouvrement qui s’est plissée et fracturée donnant les vieux massifs cristallins d’âge primaire. 5 3 L a b a t t e r i e e t l e Fo r t S a i n t - P i e r r e . L ’ I n s t i t u t o c é a n o g r a p h i q u e Pa u l R i c a r d . Le musée, l’aquarium. La batterie Saint-Pierre des Embiez. Elle comprenait en 1810 une plate-forme, un parapet en terre ou Les menaces. C’est la nécessité de protéger les biens et les personnes contre l’arrivée de vaisseaux ennemis ou barbaresques (les sarrasins montés sur des barques légères dès le VIII° siècle, puis les vaisseaux turcs et maures, les navires des corsaires, comme les fameux frères Barberousse) qui conduisit à la construction de feux de garde ou d’alerte puis de batteries marines de défense. Les premiers étaient situés dans des farots haut perchés sur le continent ou sur l’île même (Tour fondue). épaulement qui devait abriter un mortier de 12 pouces et 4 pièces d’artillerie de 18 et 24 pouces sur trois côtés, un fourneau à réverbère pour rougir les boulets métalliques et une guérite. Le fort Saint-Pierre des Embiez Il ne subsiste plus de cette batterie, située à 24 mètres au dessus du niveau de la mer, qu’un escalier menant à la plate-forme et le soubassement du parapet. Cet ouvrage “pour tirer vite, loin et à coup sûr contre l’agresseur” devait assurer la défense du mouillage de la rade du Brusc ; il faisait partie d’un ensemble de 9 batteries marines dont celle du Cap Nègre sur le continent et des nombreux ouvrages de défense établis sur le littoral toulonnais en 1763-1764. Dès 1694, un corps de canonniers garde-côtes servait une batterie d’artillerie pour assurer la surveillance et la défense des côtes de Six-FoursLe Brusc. La construction de l’actuel fort, décidée par une commission en 1810, ne débuta qu’en 1847-1848 ; une plaque visible au-dessus de l’entrée rappelle la date d’achèvement des travaux, 1863. Dix bouches à feu furent installées sous Napoléon III mais le fort fut désarmé en 1885. En fait, il ne participa à aucune grande bataille. Quelques dates marquantes - 1593. Faisant suites aux menaces de débarquements sur la côte des turcs et des pirates, Henri IV ordonne au seigneur de SainteCécile des Embiez, à qui il vient d’attribuer l’arrière-fief des Embiez, la construction sur l’île d’une zone fortifiée de surveillance et de défense de la rade du Brusc. - 1694. Vauban visite la 1ère batterie Saint-Pierre des Embiez. - 1791. Remise en état après adjonction d’une 2ème batterie dite de « l’île des Ambiers ». - 1793. L’armée républicaine s’empare de ces batteries lors du siège de Toulon. C’est au cours de ce siège qu’un jeune officier d’artillerie du nom de Napoléon Bonaparte fut remarqué ! - 1810. Réunion des 2 batteries devant une menace anglaise. - 1816. Désarmement après la chute de l’Empire. - 1853-1859. Nouvelle rénovation en raison d’une nouvelle menace anglaise. - 1877. Abandon définitif à la suite de la construction du Fort de Six-Fours (1875-1880). Le déclassement survint ensuite. Il comprend 3 niveaux dont un niveau inférieur qui abritait une citerne (1), des magasins (2) d’artillerie, à poudre, à vivres ; un niveau moyen voûté (3) pour résister “à la bombe” et un niveau supérieur (4) autrefois crénelé et surmonté d’une plate-forme. Seule la citerne subsiste. Le niveau 2 a été remblayé et la porte qui donne accès au fort se trouve aujourd’hui à l’opposé de la batterie contrairement à ce qui était prévu sur le plan. C’est logique, car c’est en effet d’une plage de la côte ouest ou du sud que pouvait arriver l’assaillant, la côte nord étant abrupte. Le fort ressemble à un château fort avec ses machicoulis (5), son pont-levis(6) et ses douves (8). Il était destiné à surveiller et à servir la batterie d'artillerie avec sa plate-forme (7) et son parapet (8) pour protéger les pièces d’artillerie. Aujourd’hui il est le siège de l’Institut Océanographique Paul Ricard. L’armement. Le canon de calibre 18 coulé en 1675 est en bronze ; il était servi par 10 hommes et avait une portée d’environ 1600 mètres. Il tirait des boulets métalliques pesant jusqu’à 36 livres, capables à 400 mètres de percer une paroi de chêne de 1 mètre d’épaisseur ; aucune coque de navire en bois ne lui résistait donc. 6 4 L ’ î l e d u Pe t i t Ro u v e a u , a i r e d e n i d i f i c a t i o n du Goéland leucophée. Le juvénile de première année a un plumage strié de brun. Il acquiert son plumage définitif au bout de la deuxième année. Il nage rapidement mais ne devient autonome qu’entre la 4ème et la 6ème semaine quand il aura appris à voler. Le goéland adulte Le goéland adulte est un robuste oiseau marin appelé « gabian » en Provence. Il fréquente les côtes du bassin méditerranéen, de l’Afrique du nord, de l’Atlantique et du sud de l’Europe. La tête est blanche, le dos et les ailes gris. Le bec et les pattes jaune à orangé vif. Le gabian niche en colonies sur les îlots rocheux et les falaises côtières. Œufs de goéland Tête de goéland Pour quémander leur nourriture, les oisillons encore au nid frappent du bec la tache rouge qui se trouve sur la mandibule inférieure de l’adulte ; ce dernier régurgite alors le poisson capturé. En mars-avril, la femelle pond 2 à 4 œufs dans un nid grossier sur le sol. Les adultes les couvent à tour de rôle pendant 2 à 4 semaines. Le juvénile Excellent voilier, il pratique un vol battu très puissant. Mais il utilise aussi le vol plané ; il est passé maître dans l’art d’utiliser les courants ascendants. Excellent nageur, il plonge rarement. Il hiverne près des sites de nidification ou migre en Atlantique ou en Mer du Nord. Le Poussin Le poussin né au début du printemps est couvert d’un duvet gris avec des taches foncées. Le cri d’alarme lancé par un adulte à l’approche d’un intrus provoque une véritable léthargie du poussin qui complètement immobile et profitant de son homochromie, c'est-à-dire de l’harmonisation de sa couleur avec le milieu, passe inaperçu aux yeux de l’assaillant. Le vol du goéland Actuellement, le goéland leucophée est en expansion dans le sud est de la France. Cette espèce n’hésite pas à coloniser l’intérieur des terres. 5 L ’ î l e d u G r a n d R o u v e a u . L e p h a r e . L e s n a u fr a g e s . L’île du Grand Rouveau L’île du Rouveau a été récemment acquise par le Conservatoire du Littoral créé en 1975 avec la mission d’acquérir des espaces naturels et des paysages sur les rivages maritimes et lacustres de France et d’outre-mer, afin d’assurer leur protection définitive. Le phare. Construit en 1861, par l’ingénieur Lonclas-Camme, sur le sommet de l’île à 49,50 mètres au dessus du niveau de la mer, il signale outre le mouillage du Brusc, les entrées des ports de Bandol, Sanary, La Coudoulière, des Embiez et la proximité d'écueils très dangereux sur une route maritime fréquentée depuis la plus haute antiquité, la route de Massalia (Marseille). 7 Ce fut par le passé un simple phare à feux dont la lanterne brulait de l’huile végétale (1863) puis de l’huile minérale (1875), enfin de la vapeur de pétrole (1904) avant qu’il ne soit électrifié et automatisé (1976). NB : le phare est classé dans l’inventaire du Patrimoine de France le goût subtil de certains vins "Antiques" soit précisément le fait de ce poissage appliqué aux Amphores. L’épave des Médailles ou « Il Ghiasone » Cette épave a été découverte en 1960 par deux plongeurs marseillais et son étude n’a débuté qu’en 1986-1987 par une équipe de plongeurs archéologues. Cette épave gisait par 36 mètres de profondeur à 900 mètres à l’ouest du Grand Rouveau. Le 19 novembre 1834, un brick napolitain « le Jason » partît de Marseille pour Naples et fît naufrage au cours d’une tempête qui lui brisa le gouvernail et le panneau arrière. Il y eu 5 victimes et 8 rescapés ; la chaloupe à bord de laquelle ils avaient pris place fut remorquée par une bombarde sarde jusqu’au port de La Ciotat. L’archipel des Embiez, un écueil sur la route commerciale de Massalia. Sa cargaison hétéroclite qui contenait des médailles, des crucifix, des bronzes, des faïences, des porcelaines, des fioles à parfums, des boutons en cuivre ou en nacre, de la quincaillerie, des bouteilles de vins de Bordeaux et de Champagne apporte de précieux renseignements sur le commerce maritime dit « de pacotille » à cette époque. Le cap Sicié et l’archipel des Embiez ont toujours représenté un danger pour la navigation lors des forts coups de vent. La rade de Sanary et celle du Brusc servaient de refuge à tous les navires marchands. C’est vraisemblablement pour cette raison que les phocéens avaient installés un comptoir au Brusc, connu sous le nom de Tauroentum. On retrouve sur les fonds marins autour des Embiez, des épaves que les sédiments ne parviennent pas à rendre muettes. Certaines sont déjà identifiées et appartiennent au monde antique, médiéval ou moderne. L’épave de verre Le gisement découvert en 1993 se situe à l'ouest de l'île des Embiez, par 56 mètres de fond. Le bateau, d’une quinzaine de mètres de long, transportait une cargaison essentiellement composée de produits verriers : blocs de verre brut, vaisselles et verre à vitre. Elle témoigne de façon éloquente des procédés de fabrication du verre et de son commerce, pratiqués il y a près de 1 800 ans. Plusieurs saisons de fouilles scientifiques, longues et périlleuses, sont organisées par le DRASSM (1). Ainsi, plusieurs milliers de pièces ont été remontées mais l’origine des verres de l’épave reste inconnue. On considère aujourd’hui que l’essentiel du verre brut provient de Méditerranée orientale ; la vaisselle de composition chimique similaire aurait la même origine. Quant aux vitres, elles sont principalement signalées en Occident, mais les textes certifient qu’elles étaient aussi fabriquées et commercialisées dans les provinces orientales. Le restant du mobilier de l’épave, en particulier les amphores et les céramiques communes, ne permet pas, pour l’instant, de retracer leur itinéraire. (1) Le DRASSM est en charge du patrimoine sous-marin français. Les naufrages Les épaves antiques Elles nous ont laissé un riche témoignage que les Archéologues s'attachent à mieux faire connaître. Les amphores, récipients universels du monde ancien, nous parviennent parfois dans un état de conservation tout à fait remarquable. Elles étaient généralement réalisées par tournage. Ainsi, la Panse qui est la partie la plus "dodue" était réalisée sur un tour. Les autres éléments étaient façonnées séparément, tels que le col, les anses et la pointe. Ce dernier élément remplissait un rôle majeur, servant notamment à la manipulation de l'objet fini. Les Amphores pouvaient contenir des denrées de toute sorte. Le vin, l'huile, les Saumures (jus à base de poissons) font partie des produits les plus courants. La paroi intérieure des amphores dîtes « vinaires » est tapissée de résine de pin chauffée. Ce qui les rendait plus étanche et préservait les liquides transportés comme le vin. Il semblerait que 8 6 La plage de la Gabrielle et l’herbier de posidonie. La posidonie est une plante à fleurs marines et non une algue qui pousse sur les fonds de sables et de graviers proches du rivage. La posidonie ou "herbe de Poséidon" est une endémique de Méditerranée (espèce qu’on ne trouve que dans cette mer) ; elle forme des prairies sous-marines appelées herbiers qu'on aperçoit facilement par beau temps grâce à la transparence des eaux. a plage de la Gabrielle. C’est la seule plage de l’île qui soit, en automne et au sortir de l'hiver, recouverte de hautes banquettes de feuilles de Posidonie. L Banquette de feuilles de posidonie La posidonie Les floraisons, qui sont rares, se font sur les secteurs les plus chauds du littoral ; les fleurs rappellent celles d'un iris et les fruits sont des baies appelées "olives de mer". On pourra récolter sur la plage des rhizomes, des feuilles et de curieuses pelotes (ægagropiles*). La posidonie est une espèce remarquable qui est protégée par la loi et sa destruction est interdite partout sur le littoral. Feuille Ægagropile Fibre Rhizome L’herbier de posidonie - Les rhizomes sont recouverts de restes fibreux et de cicatrices foliaires ; ces tiges plus ou moins enfoncées dans le sédiment, portent vers le bas des racines et vers le haut des longues feuilles rubanées, étroites, à nervures parallèles, groupées en faisceaux de quatre à sept . - Les feuilles sont caduques ; elles se renouvellent constamment, surtout en automne où elles s'accumulent alors en banquettes sur le rivage et notamment sur la plage de la Gabrielle qui est la seule ouverte largement au vent dominant, le mistral. - Les pelotes ou ægagropiles* proviennent des restes fibreux de la base des feuilles qui sont roulés sur le fond par les vagues. Gaine Racine 9 L’herbier de posidonie, un écosystème majeur en Méditerranée Schéma de fonctionnement de l'écosystème herbier de posidonie Rôles de l’herbier de posidonie Menaces sur l’herbier de posidonie. - Il joue un rôle fondamental dans les équilibres physiques du littoral et du linéaire côtier (stabilité des plages, réduction de l’érosion) - Il abrite une grande diversité d’habitats et d’espèces (biodiversité) - Il constitue une réserve génétique considérable - Il assure le maintien et le développement de nombreuses ressources vivantes : il sert de frayères et de nurseries à de nombreuses espèces d’invertébrés et de poissons. - Il favorise le développement du tourisme et des activités balnéaires en contribuant à la bonne qualité des eaux et à leur transparence Actuellement, en Provence, l'herbier est en régression dans de nombreux secteurs à proximité des agglomérations urbaines, sous les effets conjugués de la turbidité et de la pollution des eaux mais aussi des aménagements littoraux et les ancres des navires au mouillage. Au total, on évalue la diminution de la surface de l'herbier de posidonie selon les secteurs entre 10 et 30% depuis 1950. Schéma d’une remontée d’ancre d’après écogestes Fruits de Posidonie Graine de Posidonie 10 7 Impact du vent sur la végétation. Les anémomorphoses, monuments naturels. e mistral, vent dominant en Provence, qui souffle du Nord-Ouest, dessèche l’air et le sol, augmente la transpiration des végétaux et provoque la nécrose des jeunes pousses. De plus sous l’action mécanique du vent, les végétaux se déforment et se disposent les uns par rapport aux autres de manière à lui opposer une moindre résistance. L Port en boule Pin anémomorphosé Les arbres sont déformés, en particulier les pins d’Alep qui prennent un port caractéristique « en drapeau ». Ces morphoses végétales provoquées par le vent prennent le nom d’anémomorphoses. Les arbustes prennent la forme de coussinets hémisphériques. Ce port caractéristique « en boule » s’observe sur les côtes les plus exposées de l’île. Chargé d’embruns salés et quelquefois pollués (détergents, hydrocarbures flottants), le vent provoque une dessiccation poussée et une atteinte de la cuticule qui protège l’épiderme des végétaux. Les jeunes pousses les plus exposées qui croissent en période calme, meurent progressivement (1) alors que les parties en amont plus protégées sont préservées (2). Rose des vents Progressivement sous la violence du vent, l’arbre se couche ; son tronc ou ses branches ne se redresseront que s’ils sont protégés. Station Toulon période 1981-2000 Nombre de jours de vent fort annuel moyen : 118 (vitesse maximale instantanée du vent > 60 Km/heure) Nombre de jours de vent tempétueux annuel moyen : 9 jours dont 4,5 jours en hiver (vitesse maximale instantanée du vent >100 Km/heure) Quelques records : Vent secteur Ouest : 148 Km/h Vent secteur Est : 130 Km/h Vent secteur Nord : 130 Km/h Vent secteur Sud : 108 Km/h 11 8 Panorama sur le Château Sainte-Cécile. C'est en 1593 que l'île des Embiez est érigée par Henri IV en « arrière-fief » en faveur d'une famille Six-Fournaise, les Lombard, dont les membres qui prennent le titre de seigneurs de Sainte-Cécile des Embiez exploitent les salins. En 1602, le château est construit sur l'emplacement d'un fortin élevé sous François Ier, à la place, semble-t-il, d'une vigie et à proximité de la première église bâtie par les moines de Saint-Victor de Marseille. En 1720, le domaine appartient à la famille Sabran qui donne son nom au château. Aujourd'hui des ruines du château Sainte-Cécile il ne reste plus que le donjon en forme de tour crénelée qui domine toujours l'île ; mais vétuste, elle ne se visite pas. 9 Panorama. L a To u r d e l a m a r i n e . L a s é p u l t u re d e Pa u l R i ca rd . La nuit on pouvait communiquer par des feux avec les autres tours dispersées sur le territoire de la commune mais également avec les communes voisines comme par exemple La Tour romane de Sanary. La journée, on utilisait autant de colonnes de fumées, obtenues avec de la paille humide, qu’il y avait de vaisseaux en approche. C’est en 1302 que les premiers farots furent installés sur le sommet du massif de Sicié et l’île du Grand Rouveau. En 1530 , on construisit des tours en pierres près des farots pour abriter les guetteurs. Au XVII° siècle sont érigés les farots de la colline de Six-Fours et la Tour Fondue de l’Île des Embiez (1609). Au XIX° siècle, après la défaite de 1870, la marine française construit le Fort de Six-Fours (entre 1875 et 1880). L’actuelle Tour de la marine plus récente sert d’amer, c'est-à-dire de point de repère sur la côte pour les navires en mer. » La Tour de la marine Sur le sommet de la Pointe de Coucoussa culmine la Tour de la marine ; elle fut construite sur l’emplacement d’un ancien farot, c'est à dire un « feu de garde », une tour de guet qui était chargée de la surveillance des navires barbaresques, des vaisseaux ennemis ou des bateaux de commerce. D’après « Défense et fortifications des côtes et du territoire de Six-Fours Le Brusc » in « Regards sur un terroir Six-Fours-les-Plages » Editions du Foyer Pierre Singal. Juillet 2007. 12 PAUL RICARD, son île pour l’éternité Lundi 10 novembre 1997. Dans le ciel, les nuages s’étirent, se déchirent ; les rayons pâles du soleil couchant éclairent l’île des Embiez. Le vent qui vient du large fouette les visages des centaines de personnes venues rendre un dernier hommage à Paul Ricard. C’est là, sur les hauteurs de l’île, à la pointe du Coucoussa, qu’il a choisi de reposer. Face à la mer, en pleine nature, une simple pierre blanche qui provient de son domaine de Signes, porte son nom. Capitaine d’industrie, bâtisseur, mécène des arts et de l’environnement, Paul Ricard était un visionnaire et un humaniste : «Je n'ai voulu imiter personne, j'ai travaillé pour le bonheur des hommes et la qualité de la vie.» 10 Panorama “l’archipel des Embiez”. Il est formé de plusieurs îles, îlots et écueils - l'île des Embiez est en réalité constituée de deux îles, l'île de la Tour fondue au sud-est et l'île Saint-Pierre des Embiez au nord ; ces îles furent reliées l'une à l'autre par le comblement d'une partie des anciennes salines. Ses côtes nord et ouest, dangereuses et inhospitalières, sont rocheuses, abruptes, élevées, criblées d'écueils et de petites criques ; vers le sud et l’est, la côte, basse et sableuse, abrite les anciennes salines et la lagune du Brusc. - l’île du Grand Gaou est la promenade favorite des amoureux d'une nature pas trop artificialisée encore. Cette île est séparée de l’île des Embiez par une passe, le Grand Pas du Coq (1) qui alimente en eaux fraîches et pures la lagune du Brusc. - l'île du Petit Gaou, reliée artificiellement au continent par un pont qui enjambe la passe du Petit pas du Coq (2) est ornée d'une reproduction d’une statue du sculpteur Maillol. - l'île du Grand Rouveau et son phare à l'ouest, - l'île de Petit Rouveau, - enfin les îlots de La Cauvelle et des Mayons (au sud du Grand Rouveau) et de nombreux écueils. 13 11 Cistaie évoluée ou maquis bas ? Un taillis de chênes verts. Des espèces arbustives de la cistaie. La cistaie, au printemps, une formation somptueuse. Le filaire à feuilles larges a des fleurs, petites, à pétales jaunes verdâtres, en grappes à l'aisselle des feuilles. Le fruit est AVRIL - MAI une baie de couleur noire. C’est une formation végétale basse d’arbrisseaux et de sous-arbrisseaux vivaces où les cistes sont dominants au dessus d’une pelouse à brachypode et à quelques annuelles. Le ciste à feuilles de sauge a de grandes fleurs blanches de 4 à 5 cm de diamètre, éphémères et toujours renouvelées, des feuilles vert pâle non visqueuses, pétiolées, à MAI - JUIN nervures saillantes en réseau. Le ciste à feuilles de sauge Le ciste de Montpellier AVRIL - JUIN Le calicotome épineux ou Argeiras aux fleurs jaunes est un genêt très épineux, adapté à la sécheresse estivale ; en effet en été, ses feuilles noircissent en séchant puis tombent. Les fruits sont des gousses à deux AVRIL - JUIN ailes latérales. Le ciste blanc "messugo blanco" ou ciste cotonneux qu'on rencontre plus rarement sur l'île, a de grandes fleurs roses ! Il doit son nom au fait qu'il possède des feuilles MAI - JUIN recouvertes d'un duvet blanc. Le romarin officinal Le romarin officinal a des fleurs bleu pâle à deux lèvres. Arbrisseau aromatique dont les jeunes rameaux gris clair sont à section carrée ; les feuilles glanduleuses, persistantes, à bords enroulés, sont étroites, vertes dessus et blanches TOUTE L’ANNÉE cotonneuses dessous. Le calicotome épineux La lavande des Maures AVRIL - JUIN L’asperge à tiges blanches est une liane aux rameaux ou cladodes transformés en minuscules pointes qui ressemblent à des feuilles aiguës. Les feuilles sont transformées en épines. Les fleurs blanches, de sexe différent sont groupées sur 2 sortes de pieds ; le fruit est une baie rouge puis noire. Les jeunes pousses de l’asperge sauvage sans épines sont AOUT - OCTOBRE consommées au printemps. es espèces arbustives du maquis. Le maquis est une formation végétale plus ou moins élevée, caractéristique du midi méditerranéen ; il est constitué principalement d’arbustes adaptés à la sécheresse et de nombreuses lianes. D Le filaire à feuilles étroites est un arbuste dont les feuilles vertes, sans pétiole, sont persistantes et opposées ; elles ont une bordure mince et transparente. AVRIL - JUIN La lavande des Maures ou lavande à toupet est un sous-arbrisseau très aromatique, à épi carré surmonté d'un toupet de grandes bractées violettes. Les fleurs sont petites, à deux lèvres ; les feuilles étroites, gris vert, sont recouvertes de poils soyeux blancs. Le ciste blanc Le pistachier lentisque Le pistachier lentisque est un arbrisseau toujours vert dont les feuilles composées ont un nombre pair de folioles. Ses fleurs petites, mâles ou femelles, sont portées par des pieds différents. Ses fruits sont rouges puis noirs. La dispersion des graines est assurée par les animaux qui consomment ses fruits. Le ciste de Montpellier a des feuilles collantes, longues, plus étroites que dans l'espèce précédente, visqueuses, sans pétiole, à bords enroulés sous la face inférieure. Les fleurs sont blanches, petites de 2 à 3 cm seulement. MAI - JUIN Le filaire à feuilles larges L’asperge à tiges blanches Le chèvrefeuille à feuilles lisses Le chèvrefeuille à feuilles lisses a des tiges ligneuses portant des feuilles persistantes, opposées, soudées par deux par leur base. Les fleurs roses ou jaunes en tube, à deux lèvres sont odorantes ; les fruits sont des baies orangées situées à la base de deux MAI - JUIN bractées embrassantes. Le filaire à feuilles étroites 14 Le chêne vert, yeuse ou éouve, est un arbuste qui peut atteindre ici 3 à 4 mètres de hauteur; il est reconnaissable à ses feuilles alternes, persistantes, blanches en dessous, vertes luisantes dessus, à limbe de forme variable et parfois épineux. Le fruit est un gland à cupule portant des écailles MAI - JUILLET peu saillantes. Le brachypode rameux Le brachypode rameux est une herbe vivace à tiges rampantes très ramifiées dont les feuilles enroulées sur deux rangs sont terminées en pointe. Les fleurs sont groupées en épillets peu nombreux, courts, presque sessiles, à l'extrémité des tiges. La pollinisation est assurée par le vent. MAI - JUILLET Le chêne vert Le nerprun alaterne ou alaterne est un arbrisseau à feuilles alternes persistantes à limbe luisant sur la face supérieure, denté, bordé d'un liseré jaunâtre transparent. Les fleurs sont petites et jaunes ; le fruit est une drupe rouge puis noire. MARS - AVRIL Un taillis de chênes verts Relique de l'ancienne forêt qui recouvrait l'île ? Sur la pointe du Grand Gaou et au-dessus de la plage des sirènes qui se trouve au pied de la Tour de la marine subsistent de rares taillis de chênes verts, peut-être des vestiges d'une forêt séculaire que le pâturage et l’incendie auraient détruite ? Le nerprun alaterne Le petit houx ou fragon forme des touffes vert foncé; les tiges cylindriques portent des rameaux épineux, aplatis ressemblant à des feuilles, terminés en pointe et portant des fleurs puis des fruits (baies rouges). SEPTEMBRE - AVRIL Le petit houx 12 L a Po i n te d u G ra n d G a o u . Pe u p l e m e n t s m a r i n s r o c h e u x . Pourtant sur un même substrat (rocheux et siliceux ici), les espèces marines sont inféodées à des milieux très différents ; dans chacun de ces milieux les conditions de vie (ou écologiques) sont sensiblement constantes entre 2 niveaux critiques. En milieu marin on observe un étagement vertical dans la répartition des êtres vivants ; on distingue en allant du continent vers la mer : Répartition des êtres vivants La répartition des êtres vivants est déterminée par les interactions de facteurs physiques (lumière, température, vent, agitation de l’eau, nature du substrat), chimiques (eau, salinité, polluants, substrat) et biotiques (actions de l’homme et des animaux). Petite saladelle Frange littorale émergée Patelle Étage supra littoral 15 Balai de mer Étage infra littoral 16 Posidonie Etage infra littoral Basses eaux Niveau supérieur d'humectation Etage supra littoral Hautes eaux Etage médio littoral Frange littorale émergée Végétation littorale Oursin livide "Ortie" de mer Littorine Grapse marbré Troque en forme de toupie Rissoelle verruqueuse Perce-pierre Passerine hirsute Brousse chaude Taillis de chênes verts Petite Saladelle Plantain à feuilles en alêne Algues vertes Algues Padine des milieux "queue de paon" obscurs "Balai de mer" Patelle rugueuse Ligie d'Italie "Spaghetti de mer" Chthamale étoilé La vie marine sur les rochers éclairés en mode relativement calme 17 Climat méditerranéen avec influences maritimes Sur les stations les plus chaudes et les plus ensoleillées (ici en limite occidentale) Passage entre milieu continental et le milieu marin avec influence des embruns Conditions de vie sévères : manque d’eau douce, embruns salés, sècheresse, forte luminosité, vents violents Influence prépondérante de la mer : fortes variations de salinité, de température, dessiccation poussée Alternance d’émersions et d’immersions (zone de balancement des vagues et marées) Taillis Brousse littorale chaude : animaux. : algues. En rose En vert : Plantes à fleurs. En jaune Variations progressives de lumière, de température en fonction de la profondeur ; milieu plus clément Etage infralittoral toujours immergé Etage médiolittoral mouillé par les vagues à basses eaux et immergé par hautes eaux Etage supralittoral mouillé par les embruns et les vagues déferlantes Zone halophile Zone de transition Milieu de vie Zonation - Chthamale étoilé (9), Patelle rugueuse (10), - Rissoelle verruqueuse (11), « Spaghetti de mer » ou Némalion en forme de ver (12), Moule, Troque « en forme de toupie » (13), Grapse marbré (14), Patelle « bleue », Actinie rouge, - algues vertes : Entéromorphe « en forme d’intestin » (15), Ulve ou « laitue de mer » (16), Cladophore (17), - Céramium cilié, Rivularia « petite bulle », - Algues des milieux éclairés : Padine « queue de paon » (18), « balai de mer » ou Stypocaulon (19), Cystoseire comprimée, Liagore visqueux, Janie rouge, Coralline de Méditerranée, Dictyote dichotome, Laurencie obtuse, Amphiroa rigide - Algues des milieux obscurs (20) : Asparagopsis « armée », Udotée, Halimède, Peyssonnélie, « Fougère de mer », « Ortie de mer » ou anémone de mer (21), - Algues rouges encroûtantes et oursins (22) : Lithophyllum, Oursin violet, Oursin noir - Rochers ensablés : Posidonie (23), Cérithe commune, Columbelle rustique, Holothuries, Etoiles de mer, Pagure ou « Bernard l’ermite » Chênes verts et Pins d’alep (1) Olivier sauvage et Pistachier lentisque, Genévrier de Phénicie, Salsepareille (2) Passerine hirsute (3), Plantain à feuilles en alêne (4), Camphorine de Montpellier, Perce pierre (5), Petite saladelle (6), Euphorbe petit pin, Cinéraire maritime, Alysson maritime, Lotier faux cytise, Mésembryanthème Littorine à aspect de nérite (7), Ligie d’Italie (8), Fucélie maritime, Chthamale « déprimé », Espèces 13 Le vignoble, la vigne et le vin La vigne Le vin en Provence Le vignoble des Embiez Sur l’île des Embiez, l’implantation de la vigne apparaît sous Henri IV. Toutefois la véritable exploitation du vignoble remonte à 1902 et s’interrompt avec la dernière Guerre. Dès 1958, l’exploitation est remise en état par Paul Ricard, nouveau propriétaire de l’île. Aujourd’hui, seul domaine de Six-Fours-les-Plages, le vignoble couvre une dizaine d’hectares bien exposés au soleil. Chaque année, le personnel de l’île participe aux vendanges qui s’étalent de mi-août à fin septembre. De la récolte à la mise en bouteille, la vinification est réalisée sur l’île. Elle donne un vin de pays qui se décline en trois couleurs : le rosé, vin de plaisir aux arômes fruités (cépages Cinsault, Grenache et Cabernet sauvignon) avec une appellation « Côtes de Provence rosé » ; le blanc, vin aromatique aux notes d'agrumes (cépages Ugni et Sauvignon blanc) ; le rouge, vin intense à la belle robe rubis (mono cépage Merlot). La production annuelle représente environ 350 hectolitres que l’on peut déguster à la cave ou dans les restaurants de l’île. On est loin du temps où le vin était contenu dans des barils de six hectolitres, transportés par bateau jusqu’au Brusc. L’histoire du vin en Provence remonte à l’Antiquité. A partir du IIe siècle avant J.-C., les Romains s’installent sur les terres ligures colonisées quatre siècles plus tôt par les Phocéens. Ils développent la culture de la vigne et organisent la Provincia Romana : la Provence. Comme les Grecs, les Romains étaient des amateurs de vin. Les vestiges découverts dans le Var montrent l’existence d’une pratique élaborée de la vinification. Pour conserver le vin, on l’assaisonnait avec différentes épices et sels, de la résine et même de l'eau de mer. Après la chute de l'Empire romain, il faudra attendre le haut Moyen-Âge pour voir la vigne se développer à nouveau en Provence, sous l'influence cette fois des grands ordres monastiques comme l’abbaye de Saint-Victor à Marseille. La canne de Provence Les vignes sont entourées de hautes haies de cannes ou canniers qui les protègent du vent desséchant. La canne est une plante herbacée caractéristique de la région méditerranéenne. Elle ressemble à un bambou mais n’en a pas la consistance. Sa hauteur atteint d’un à six mètres selon les variétés. En hiver, elle prend une parure à l'aspect desséché, et ses chaumes n’ont ni la résistance ni la silhouette de ceux du bambou. Le bruissement du feuillage soumis au vent rappelle que la canne de Provence est mondialement connue. Quand vous entendez une clarinette, un saxophone ou tout autre instrument à vent, il y a de fortes chances que son anche provienne d’une roselière d’Hyères ou d’Ollioules. Depuis, la culture et la tradition viticoles ont fait du chemin. Toutefois, historiquement, la Provence demeure l’un des premiers vignobles de France. 18 La canne d'hiver La canne de printemps 14 La lagune du Brusc La lagune du Brusc Le plus beau récif - barrière de Posidonies de la côte méditerranéenne française. Les Posidonies ou "herbes de Formation d"un récif barrière" d'après Ch.F. Boudouresque & A. Meinez Poséidon" possèdent des tiges ou rhizomes susceptibles de croître dans le plan vertical, ce qui leur permet d'échapper à un ensevelissement total par les particules piégées par les frondes. Ce phénomène conduit à un lent exhaussement du fond. Ainsi s'édifie progressivement une formation que les pêcheurs appellent "matte" qui comprend une partie supérieure faite de Posidonies vivantes et une partie inférieure faite d'un enchevêtrement de rhizomes dont la partie basale meurt asphyxiée par le sédiment. C'est ainsi que progressivement l'herbier se rapproche de la surface et finit par émerger : il se forme alors un récif-frangeant. Peu à peu ce dernier joue le rôle de brise-lames et de piège à sédiment ; c'est alors un récif-barrière de Posidonie qui isole en arrière un lagon ou lagune. Ici, la circulation de l'eau indispensable au maintien d'un équilibre dynamique fragile, entre la pleine mer et la lagune, se fait par l'intermédiaire de 3 passes : le Grand Pas du Coq (entre l'île des Embiez et l'île du Grand Gaou), le Petit Pas du Coq (entre le Grand Gaou et le Petit Gaou) et enfin par l'isthme du Gaou, au sud (entre le Petit Gaou et le continent). Légende 1- Récif-frangeant 2- Récif-barrière 3- Lagune La lagune du Brusc 19 Importance de la lagune du Brusc. - La lagune est une zone de ponte et un refuge pour les juvéniles de nombreuses espèces de poissons et d’invertébrés (crustacés, mollusques notamment). - La lagune est une halte pour de nombreux oiseaux entre la Camargue et les salins d'Hyères, au cours de leur migration ou de leurs déplacements hivernaux : pour les chevaliers gambette, aigrettes, hérons, canards, mouettes rieuses, sternes. - La lagune est une zone de production primaire très importante pour l’élaboration de matières organiques qui sont à l'origine de nombreuses chaînes alimentaires. - La lagune est une zone naturelle d’un intérêt éducatif, culturel et social. La lagune du Brusc, une zone d’intérêt communautaire. Pour la soustraire aux agressions humaines, elle est inscrite à l'inventaire des sites d’importance communautaire comme une des zones de haute valeur écologique qui doivent être protégées par le Réseau de la Communauté Européenne Natura 2000, dont le but est de préserver la biodiversité des espèces et des habitats tout en valorisant ces territoires. Ce territoire de 507 hectares comprend : l’herbier de posidonie et le récif barrière, la lagune du Brusc et son herbier à cymodocées et zostères ainsi que les côtes rocheuses de l’archipel des Embiez. Les espèces remarquables de la lagune La zostère naine, plante à fleurs très menacée. Juin-Août Le mérou brun fait l’objet d’un moratoire le protégeant contre la chasse sous-marine et la pêche à l’hameçon. Le mérou brun Caulerpa taxifolia La posidonie La caulerpe à feuilles d’if est une algue redoutablement envahissante qui menace les écosystèmes locaux. Sa récolte est interdite. La posidonie est une espèce endémique de Méditerranée dont la destruction est interdite. SEPTEMBRE JUIN. Floraison rare La zostère naine La grande nacre ou pinne noble est une espèce endémique de la Méditerranée. C’est le plus grand bivalve au monde avec le bénitier des régions tropicales. Ce coquillage peut atteindre plus de 80 cm de long. La cymodocée La cymodocée est une plante à fleurs qui constitue une vaste prairie dans la lagune en arrière du récif-barrière. AVRIL-SEPTEMBRE Grande nacre Conclusion Nous espérons que la découverte de cette île* modelée par la mer, le soleil, le vent et la main de l’Homme vous aura fait sentir la richesse et la fragilité d’une nature qu’il faut protéger et préserver pour les générations futures. *Un troisième circuit découverte sera proposé l’an prochain sur les côtes sud et est de l’île des Embiez. 20 Crédits photos : Emulsion, Amelie Vuillon www.les-embiez.com www.institut-paul-ricard.org Papier Recyclé Auteurs : Manuel Gonzalès, Alain Riva et Patrick Longueville