Conf. OIE 2000, 253-261 MALADIE VÉSICULEUSE DU PORC :

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Conf. OIE 2000, 253-261
MALADIE VÉSICULEUSE DU PORC :
INCIDENCE, PATHOGÉNIE, ÉPIDÉMIOLOGIE, DIAGNOSTIC, IMPACT ÉCONOMIQUE
Kris De Clercq
Centre de recherche vétérinaire et agrochimique, Groeselenberg 99, B-1180 Bruxelles (Ukkel), Belgique.
Original : anglais
Résumé : La maladie vésiculeuse du porc est une maladie virale contagieuse des porcs figurant dans la
Liste A des maladies de l'Office international des épizooties (OIE), qui peut être confondue avec la fièvre
aphteuse. De nos jours, le diagnostic différentiel de cette maladie par rapport à la fièvre aphteuse et à la
stomatite vésiculeuse ne pose plus de problème en laboratoire. La virulence des souches du virus de la
maladie vésiculeuse du porc est variable et la maladie peut revêtir une forme infraclinique, discrète ou
sévère. La maladie vésiculeuse du porc est une maladie de porcherie qui se propage soit par contact
direct entre porcs, soit indirectement, par le contact avec des matières fécales contaminées ou par
l’ingestion de déchets alimentaires. La résistance du virus aux procédés d’inactivation peut permettre un
réveil de la maladie comme ce fût le cas aux Pays-Bas en 1992, d'où elle s'est propagée à plusieurs autres
pays européens. La maladie est encore présente en Italie, notamment à l'état enzootique dans le sud du
pays. Le coût des mesures de prophylaxie et des restrictions commerciales après un épisode de maladie
vésiculeuse du porc peut être très élevé. Un individu qui présente une réaction sérologique positive pose
de nombreux problèmes au niveau des tests et des échanges internationaux. Le questionnaire adressé aux
Pays Membres de l’OIE a montré que 80% d’entre eux estiment que la maladie vésiculeuse du porc
devrait être maintenue dans la Liste A de l’OIE. Certains pays font, cependant, observer qu’il serait
souhaitable de réviser les listes de l’OIE. Soixante-dix pour cent des pays estiment que le virus de la
maladie vésiculeuse du porc se propagerait à toute l’Europe si cette maladie était supprimée de la
Liste A. La plupart des pays sont également d’avis que la détection de la fièvre aphteuse sur le terrain en
serait retardée. C’est pourquoi les programmes de surveillance (clinique) devraient être maintenus. La
majorité des Pays Membres ne considère qu’il s’agit d’un foyer de maladie vésiculeuse du porc que si le
virus a été isolé. Il est alors procédé à l’abattage sanitaire de l’ensemble du troupeau, que les signes
cliniques soient présents ou non. Une zone de protection/surveillance doit être établie et 60% des pays
considèrent qu’une sérosurveillance devrait être appliquée pendant au moins un an. Les conséquences
économiques d’un foyer de maladie vésiculeuse du porc sont considérées comme très importantes pour la
filière porcine, selon la moitié des Pays Membres.
1. INTRODUCTION
En Europe, la maladie vésiculeuse du porc est une maladie virale contagieuse des porcs figurant dans la Liste A de
l'Office international des épizooties (OIE). La maladie vésiculeuse du porc peut être confondue avec la fièvre aphteuse,
d’où son importance pour le diagnostic différentiel de cette dernière.
Le virus de la maladie vésiculeuse du porc appartient au genre Enterovirus et à la famille des Picornaviridés. Il est très
résistant aux facteurs de l’environnement et à de nombreux désinfectants d’usage courant (14), ce qui revêt une
signification épidémiologique considérable. Il peut conserver son pouvoir infectieux pendant plus de quatre mois dans
des matières fécales contaminées. Il résiste aux méthodes de fermentation et de fumage et reste infectieux pendant des
mois dans les cadavres et la viande transformée (jambons, saucisses sèches, boyaux naturels traités utilisés pour la
charcuterie, etc.).
2. FRÉQUENCE DE LA MALADIE
La maladie a été observée pour la première fois en Italie en 1966 (25). Elle s’est répandue à plusieurs autres pays
européens au début des années 70 (1971-72 : Autriche, Bulgarie, Italie, Grande-Bretagne et Pologne) et y a persisté
jusqu’au début des années 1980. Par la suite, des foyers sporadiques ont été enregistrés et la maladie était presque
oubliée lorsqu’elle est réapparue en 1992 aux Pays-Bas. Elle s’est à nouveau propagée à plusieurs autres pays
européens tels que la Belgique, le Portugal et l’Espagne. Il est alors apparu clairement qu’elle était également présente
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en Italie, notamment sur un mode enzootique dans le sud du pays. En Europe, il existe deux variantes distinctes sur le
plan génétique et antigénique (4). Le Tableau 1 indique la dernière année où la maladie a été observée. Le virus a
également été identifié dans des prélèvements provenant de pays ou de provinces asiatiques. Certains virus de la
maladie vésiculeuse du porc isolés en Europe étaient étroitement apparentés à des virus asiatiques (27).
Tableau 1 : Dates des derniers foyers de
maladie vésiculeuse du porc (d’après Dekker, 2000)
Europe
Italie
Portugal
Pays-Bas
Belgique
Espagne
France
Allemagne
Roumanie
Royaume-Uni
Autriche
Grèce
Malte
Ukraine
Russie
Suisse
Pologne
Bulgarie
Année des derniers
foyers
Hors d’Europe
Année des derniers
foyers
2000
1995
1994
1993
1993
1983
1985
1985
1982
1979
1979
1978
1977
1975
1975
1972
1971
Taipei China
Liban
Bolivie
Hong Kong
Laos
Macao
Nicaragua
Corée
Japon
1998
1992
1991
1991
1991
1989
1986
1980
1975
Seuls Taipei China et l’Italie ont rapporté récemment des foyers de maladie vésiculeuse du porc, mais le virus est
probablement présent dans d’autres parties du monde. Dans la mesure où cette maladie ne provoque généralement pas
de problème grave, le nombre de cas déclarés est très probablement inférieur à la réalité. Les foyers de fièvre aphteuse
enregistrés en Italie en 1993 et à Taipei China en 1997 étaient concomitants à un accroissement de l’incidence de la
maladie vésiculeuse du porc. Cette constatation semble indiquer que les éleveurs qui connaissent bien les symptômes de
la maladie vésiculeuse du porc ne la déclarent que s’ils suspectent la fièvre aphteuse (8).
3. PATHOGÉNICITÉ
Après contamination par le virus de la maladie vésiculeuse du porc, seuls les porcs présentent des symptômes cliniques.
Le virus pénètre par la muqueuse digestive ou par des lésions cutanées (19, 22). La maladie vésiculeuse du porc a une
période d’incubation comprise entre 2 et 7 jours et peut s’accompagner d’une hyperthermie transitoire allant jusqu’à
41°C. La virulence des souches virales est variable et la maladie peut revêtir une forme infraclinique, discrète ou
sévère. Les formes sévères sont généralement limitées aux porcs élevés sur un sol dur et en atmosphère humide (14, 16,
18). Les porcs introduits dans un environnement contaminé peuvent présenter une virémie dès les 24 premières heures
et présenter des tests sérologiques positifs au bout de 3 à 4 jours (IgM) (9). Les vésicules apparaissent principalement
au niveau du bourrelet podal, y compris au niveau des doigts accessoires. L’ensemble du bourrelet peut être touché et
entraîner la chute de l’onglon. Les vésicules peuvent s’étendre à la peau des pattes arrière. Les animaux touchés
peuvent boiter et refuser de se nourrir pendant plusieurs jours. Des vésicules se développent occasionnellement sur le
groin mais rarement sur la langue. Chez les truies allaitantes, des lésions peuvent aussi être observées sur les mamelles
et les mamelons. La mort soudaine due à une dégénérescence du myocarde, fréquente chez les jeunes porcelets atteints
de fièvre aphteuse, ne s’observe pas dans la maladie vésiculeuse du porc. La récupération est généralement complète en
2 à 3 semaines, la seule séquelle de l’infection étant la présence d’une ligne foncée horizontale sur les onglons où la
croissance a été provisoirement interrompue. Les signes cliniques sévères de la maladie vésiculeuse du porc ne sont pas
différenciables de ceux de la fièvre aphteuse, de la stomatite vésiculeuse ou de l’exanthème vésiculeux. Les foyers
déclarés récemment en Europe se caractérisaient par l’absence ou une moindre sévérité des signes cliniques et le
diagnostic reposait fréquemment sur les tests sérologiques.
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4. ÉPIDÉMIOLOGIE
Les porcs touchés peuvent excréter le virus par le nez et la bouche, ainsi que dans les matières fécales, 48 heures avant
l’apparition des signes cliniques. La plupart des virus sont excrétés dans les sept premiers jours suivant la
contamination. Les virus ne sont plus excrétés par le nez et la bouche au bout de deux semaines mais peuvent encore
être mis en évidence pendant trois mois dans les matières fécales (1). La dissémination des virus par l’air est peu
importante. La maladie se propage par contact direct entre porcs ou, indirectement, par le contact avec des matières
fécales contaminées (dans l’étable, sur les foires ou dans des véhicules contaminés) ou par l’ingestion de déchets
alimentaires (12). Il a été montré que le contact avec un environnement contaminé par le virus est aussi infectieux
qu’un contact direct avec des porcs infectés, et qu’il en résulte une propagation rapide de la maladie (9). Les microtraumatismes cutanés provoqués, par exemple, par la marche sur le béton ou par un transport peuvent avoir des
répercussions significatives sur la sévérité de la maladie. Souvent, l’infection est suffisamment discrète pour passer
inaperçue et le transfert des porcs infectés (foires et centres de regroupement) joue un grand rôle dans la propagation de
la maladie à de nouveaux élevages.
La résistance du virus à l’inactivation favorise la propagation indirecte par les objets et peut aussi conduire à la
recrudescence de la maladie si les installations sont repeuplées après une désinfection insuffisante. La distribution aux
porcs de déchets alimentaires mal cuits est un mode de contamination important. La mise en évidence, en Europe, de
virus apparentés à des souches asiatiques montre l’importance épidémiologique de l’utilisation de déchets alimentaires
transportés par les avions.
La maladie se propage en principe rapidement entre des porcs qui sont en contact direct mais la propagation d’un
enclos à l’autre est plutôt lente (14) et ne concerne pas toujours l’ensemble de l’élevage. Les porteurs du virus de la
maladie vésiculeuse du porc sont très rares. Une seule étude expérimentale a permis de retrouver le virus pendant
126 jours (21).
Dans la plupart des maladies de la Liste A, les signes cliniques sont évidents en cas d’infection. Du fait que, dans ces
cas-là, la sérosurveillance continue ne raccourcit pas le délai entre l’introduction de l’agent pathogène et la détection
(période à haut risque), elle n’a pas d’utilité en tant que système d’alerte précoce. Dans le cas de la maladie vésiculeuse
du porc en revanche, les symptômes cliniques peuvent passer inaperçus et la sérosurveillance continue pourrait être
efficace. Toutefois, comme pour la peste porcine classique (6, 15), il a été conclu que le programme de sérosurveillance
n’a pas non plus contribué à la détection précoce de la maladie vésiculeuse du porc (8).
5. DIAGNOSTIC
En présence d’une symptomatologie évoquant la maladie vésiculeuse chez le porc, la fièvre aphteuse n’est jamais
exclue, et des précautions particulières doivent donc être prises pour l’expédition des prélèvements suspects (17). Pour
toutes les maladies virales vésiculeuses, le diagnostic biologique des cas cliniques doit être réalisé dans des installations
de biosécurité approuvées. Lorsque la présence du virus de la maladie vésiculeuse du porc est soupçonnée dans un
élevage, il convient de recueillir des prélèvements adaptés sur un groupe représentatif de porcs en vue des tests de
confirmation et du diagnostic différentiel. Il est préférable d’effectuer des prélèvements d’épithélium et de liquide
vésiculaire. Des prélèvements sanguins doivent être recueillis chez les porcs suspects et chez les animaux ayant été au
contact des animaux malades afin de réaliser des tests sérologiques. Des prélèvements de matières fécales recueillis sur
ces animaux et sur le sol de leur enclos sont nécessaires.
Des suspensions clarifiées préparées à partir des prélèvements sont inoculées sur des cultures cellulaires sensibles
(cellules IBRS-2, SK6 ou PK-15, par exemple) pour isoler et propager le virus. Si un effet cytopathogène se développe,
le surnageant est utilisé pour identifier le virus par une technique ELISA (dosage immuno-enzymatique). Un passage
aveugle est effectué sur les cultures n'ayant pas présenté aucun effet cytopathogène. En l’absence d’effet cytopathogène
après ce passage aveugle supplémentaire, le prélèvement peut être déclaré exempt de virus vivant.
Une méthode ELISA sandwich indirecte ou utilisant des anticorps monoclonaux peut être utilisée pour détecter
l’antigène viral et pour différencier la maladie vésiculeuse du porc de la fièvre aphteuse et de la stomatite vésiculeuse.
Ce test s’effectue directement sur le prélèvement clarifié ou après multiplication du virus en culture cellulaire.
Des méthodes de reconnaissance de l’acide nucléique peuvent être employées pour déceler le génome viral à l’aide de
l'amplification en chaîne par polymérase (PCR) afin de différencier la maladie de la fièvre aphteuse et de la stomatite
vésiculeuse et d’établir les relations entre les souches par séquençage nucléotidique. La PCR est rapide et suffisamment
sensible. Une technique améliorée de PCR à transcriptase inverse (5, 11, 20) offre un système de détection aussi
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sensible et beaucoup plus rapide que des passages multiples sur cultures cellulaires en cas de suspicion d’infection
infraclinique, de recueil de prélèvements après disparition des symptômes cliniques ou d’analyse d’échantillons de
matières fécales. La PCR associée à une technique immunologique (11) a été largement validée et s’est révélée plus
sensible que l’isolement du virus, notamment pour les échantillons de matières fécales.
Le diagnostic différentiel par rapport à la fièvre aphteuse et à la stomatite vésiculeuse ne pose, aujourd’hui, plus aucun
problème en laboratoire.
Une sérosurveillance de type non discriminatoire peut être effectuée en l’absence de maladie vésiculeuse du porc ou
dans les établissements se trouvant dans la zone de protection/surveillance, ou encore après un épisode de la maladie,
sur les animaux ayant été au contact des animaux malades. Des prélèvements sanguins doivent être recueillis pour les
tests sérologiques.
Le test de séroneutralisation virale (10, 13) sert de référence pour déceler les anticorps dirigés contre le virus de la
maladie vésiculeuse du porc. Il a pour inconvénients de durer deux à trois jours et de nécessiter des cultures cellulaires
ainsi que des virus vivants. Les anticorps peuvent également être décelés par une méthode ELISA compétitive utilisant
des anticorps monoclonaux (3). Une méthode ELISA de capture indirecte utilisant des anticorps monoclonaux
spécifiques de l’isotype pour détecter les IgM ou IgG de porc, spécifiques du virus de la maladie vésiculeuse du porc,
est utile pour déterminer le moment de la contamination des porcs ou des installations.
Lorsqu’un individu isolé présente une réaction sérologique positive, de nombreux problèmes s’ensuivent au niveau des
tests et des échanges internationaux. Il s’agit, en général, d’un cas unique de positivité des tests sérologiques
spécifiques de la maladie vésiculeuse du porc chez un animal n’ayant eu aucun contact avec le virus. Aucune donnée ne
prouve que l’infection puisse être propagée, par ce type de sujet, aux animaux qui se trouvent à son contact. La
prévalence de ces cas est d’environ 1 pour 1 000 mais cette fréquence diminue considérablement lorsqu’on combine les
résultats des trois tests sérologiques mentionnés (7). Si ce n’est pas le cas, l’animal doit faire l'objet d'un second test,
ainsi que les porcs se trouvant à son contact. Ce phénomène n’est très certainement pas dû à un autre entérovirus, mais
à une réaction entièrement non spécifique des IgM.
6. IMPACT ÉCONOMIQUE
Sauf en cas d’abattage sanitaire, les pertes économiques consécutives à un épisode sévère de maladie vésiculeuse du
porc au niveau d’une exploitation se limitent à la perte de poids des malades et au retard de finition des porcs à
l'engrais. Le coût des infections bactériennes secondaires et de leur traitement devrait également être pris en compte, ce
qui peut être difficile dans un système d'élevage industriel à faible marge bénéficiaire. En cas de lésion sur les mamelles
d’une truie allaitante, certains porcelets peuvent mourir.
Les formes mineures et infracliniques échappent fréquemment aux éleveurs et aux vétérinaires. Il peut en résulter la
contamination d’une partie importante de l’élevage et la propagation à d’autres exploitations et centres de
regroupement. Ces formes provoquent peu de pertes économiques directes. Étant donné que le virus est assez résistant
aux désinfectants, il est très difficile de l’éliminer. La maladie peut cependant, s'aggraver sous l’influence de facteurs
environnementaux ou d’une modification de la virulence du virus.
Les signes cliniques sévères de la maladie vésiculeuse du porc ne sont pas différenciables de ceux de la fièvre aphteuse,
de la stomatite vésiculeuse ou de l’exanthème vésiculeux. C’est pour cette raison qu’il est généralement reconnu que la
maladie vésiculeuse du porc ne peut être tolérée dans les pays indemnes de ces maladies et qu’elle a été placée sur la
Liste A de l’OIE, étant ainsi soumise à l’obligation de déclaration. Si un foyer apparaît dans l'Union européenne, la
maladie fait l’objet d’une procédure d’abattage stricte et de restrictions de déplacement des animaux d’élevage.
Plusieurs cas d’infection récurrente ont été rapportés après l’abattage sanitaire et la désinfection.
Dans l'Union européenne, si la sérosurveillance révèle la positivité des tests sérologiques dans un élevage porcin, avec
une recherche virale négative, et s’il existe un lien épidémiologique avec un foyer de maladie vésiculeuse du porc, cet
élevage est traité comme si le virus avait été isolé.
L’utilisation de vaccins à virus inactivés contre la maladie vésiculeuse du porc a été étudiée (23, 24) mais aucune
donnée n’a été publiée sur leur utilisation sur le terrain.
Le coût des mesures de prophylaxie et des restrictions commerciales peut être très élevé. Après le foyer de maladie
vésiculeuse du porc survenu en 1992 aux Pays-Bas, l’exportation des porcs a été bloquée pendant un mois, avec des
pertes estimées à environ 18 millions de dollars US (26). Pour prouver l’absence de maladie vésiculeuse du porc après
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l’épisode, les Pays-Bas ont adopté un programme de sérosurveillance en vertu duquel les élevages font l’objet
d’examens cliniques et sérologiques trois fois par an. À l’heure actuelle, le coût de la sérosurveillance dépasse
3,3 millions de dollars US par an (8) et environ 8 millions de dollars US sont dépensés chaque année pour un
programme européen visant à surveiller le virus de la maladie vésiculeuse du porc en Italie (chiffres de 1995 - EU
VI/7260/94-EN Rev. 1). L’abattage des animaux entraîne également des coûts supplémentaires (un foyer survenu en
1999 dans le nord de l’Italie a entraîné l’abattage de 65 000 animaux, pour un coût d’environ 7,3 millions de
dollars US). Dans les programmes de surveillance sérologique portant sur les populations porcines, quelques résultats
faussement positifs sont inévitablement enregistrés (animaux présentant, isolément, une réaction positive), y compris
dans les pays indemnes de la maladie. Ainsi, du temps, des ressources financières et des efforts considérables sont-ils
consacrés aux tests sérologiques de la maladie vésiculeuse du porc dans l'Union européenne.
Dans ce contexte, les représentants des Services vétérinaires de certains pays estiment que les répercussions
économiques subies par un pays qui déclare la maladie vésiculeuse du porc sont trop sévères et que cette maladie
devrait donc être supprimée de la Liste A de l’OIE. Une discussion s’en est suivie au sein du Groupe de recherche de
l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de l'Union européenne sur la fièvre
aphteuse (2). Les arguments suivants ont été avancés pour et contre la suppression de la maladie vésiculeuse du porc de
la Liste A de l’OIE :
En faveur de la suppression de la maladie de la liste A de l’OIE :
- Des efforts et des ressources financières considérables sont consacrées à la réalisation des tests sérologiques répétés.
Toutefois le bénéfice économique attendu de la suppression de la maladie vésiculeuse du porc de la Liste A dépendra
du consensus international concernant cette décision.
- Le préjudice commercial et économique est excessif pour les pays qui déclarent des foyers, notamment sur la seule
base des résultats sérologiques.
- La suppression de cette maladie de la Liste A n’entraînerait pas nécessairement l’arrêt des programmes de lutte
contre la maladie vésiculeuse du porc.
Contre la suppression de la maladie de la liste A de l’OIE :
- Si on laissait se propager la maladie vésiculeuse du porc, il en résulterait un relâchement de l’attention des éleveurs et
des vétérinaires, avec un risque accru de déclaration tardive de la fièvre aphteuse.
- La présence de la maladie vésiculeuse du porc sur la Liste A permet de justifier plus facilement le coût des
programmes de prophylaxie de la maladie vésiculeuse du porc et des laboratoires à haut niveau de confinement.
7. RÉSULTATS DU QUESTIONNAIRE : RÉSUMÉ
Les Pays Membres suivants ont répondu au questionnaire (Annexe 1) : Albanie, Allemagne, Arménie, Autriche,
Bélarus, Belgique, Chypre, Croatie, Espagne, Estonie, Finlande, France, Hongrie, Irlande, Islande, Israël, Italie,
Kirghizistan, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Moldavie, Norvège, Ouzbékistan, Pays-Bas, Pologne, Portugal,
Royaume-Uni, Russie, Slovaquie, Suède, Suisse, Tadjikistan et République tchèque. Les résultats sont présentés dans
le Tableau 2.
Épidémiologie de la maladie vésiculeuse du porc
Le Tableau 3 indique le nombre de foyers primaires/secondaires de maladie vésiculeuse du porc d’après les réponses
apportées au questionnaire. Les cas de suspicion de maladie vésiculeuse du porc sont rares et la majorité des Pays
Membres ne considère qu’il s’agit d’un foyer de maladie vésiculeuse du porc que si le virus a été isolé. Il existe un
risque modéré de propagation du virus de la maladie vésiculeuse du porc en Europe mais la plupart des Pays Membres
estime que cette maladie deviendra enzootique si aucun abattage sanitaire n’est effectué. Le principal risque de
propagation de la maladie provient de l’importation d’animaux vivants porteurs d’une infection infraclinique. Selon la
moitié des Pays Membres, les déchets alimentaires distribués aux porcs, les produits d’origine animale importés et les
bétaillères constituent des risques importants. Très souvent, les porcs continuent de recevoir des déchets alimentaires.
Le nettoyage des véhicules est une mesure préventive efficace s’il est effectué correctement. Dans la plupart des Pays
Membres, la surveillance de la maladie vésiculeuse du porc fait partie du programme général de surveillance des
animaux.
Laboratoires existant
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Conf. OIE 2000
Pratiquement tous les Pays Membres disposent d’un laboratoire, ou ont passé des accords avec un laboratoire d’un
autre Pays Membre, ce qui leur permet de diagnostiquer la maladie vésiculeuse du porc et de différencier ces cas de la
fièvre aphteuse (50% des laboratoires sont en mesure d’effectuer ces analyses en deux jours).
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Conf. OIE 2000
Tableau 2 : Réponses à certaines questions posées dans le questionnaire (identifiées par leurs numéros),
exprimées en pourcentage de Pays Membres ayant donné la réponse mentionnée dans la première colonne
Questions:
1.5.
1.6.
1.7.
1.7
1.7
1.7
déchets
alimentaires
animaux
importés
produits
importés
véhicules
53
23
23
81
16
3
44
28
28
47
38
16
3.4.
3.5.
1.8.
1.9.
1.10.
1.11.
1.12.
1.12
1.12
1.12
1 an
3 ans
irrégulièrement
jamais
63
3
25
9
2.1.
2.2.
2.2
2.2
virus de la
maladie
vésiculeuse
du porc
anticorps
PCR
85
84
97
57
2.3.
2.3
2.3
2 jours semaine
Réponses:
Oui
Élevé
Modéré
Faible
Questions:
22
63
13
66
22
3.3.
3.3
3.3
3.3
porcs
importés
porcs
exportés
produits
importés
produits
exportés
74
59
100
79
4.1.
74
4.2.
28
41
31
61
35
3
4.3.
4.4.
4.5.
4.6.
4.7.
4.8.
4.9.
4.10.
4.11.
91
94
82
85
15
62
63
79
84
4.12. 4.13.
59
41
4.14.
4.15.
ensemble de ensemble de
l’élevage
l’élevage
Réponses:
Oui
Élevé
Modéré
Faible
50
62
94
93
71
23
6
68
82
21
59
19
22
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Conf. OIE 2000
Tableau 3 : Nombre de foyers primaires/secondaires
de maladie vésiculeuse du porc d’après les réponses apportées au questionnaire
Allemagne
Belgique
Espagne
France
Italie
Pays-Bas
Pologne
Portugal
Royaume-Uni
Suisse
1960-69
1970-79
1980-89
1990-99
0
0
0
0
0
0
1/5
3/0
179/1/1
2/0
71/375
1/0
4/0
0
4/0
46/0
0
11/75
0
0
2/0
2/0
0
92/28
2/7
1/0
0
0
Filière porcine
Tous les Pays Membres importent des produits porcins. La plupart des Pays Membres importent également des porcs
sur pied et exportent des produits d’origine porcine. Soixante pour cent d’entre eux exportent des porcs sur pied. Les
conséquences économiques d’un foyer de maladie vésiculeuse du porc sont considérées comme très importantes pour la
filière porcine trop importantes selon la moitié des Pays Membres.
Prophylaxie de la maladie vésiculeuse du porc
La plupart des Pays Membres appliquent le plan d’urgence pour la peste porcine classique. La majorité des pays
procède à l’abattage sanitaire de l’ensemble du troupeau en cas d’isolement du virus de la maladie vésiculeuse du porc,
avec ou sans signes cliniques. Soixante pour cent des pays sont convaincus que cette procédure est acceptable par
l'opinion publique. Une zone de protection/surveillance est établie et 60% des Pays Membres estiment que la
sérosurveillance doit être appliquée pendant au moins un an.
Quatre-vingts pour cent des Pays Membres ont indiqué que la maladie vésiculeuse du porc devrait être maintenue sur
la Liste A de l’OIE. Certains pays ont cependant ajouté qu’il serait souhaitable de réviser les listes de l’OIE à
l’occasion de l’évaluation de la maladie vésiculeuse du porc. Soixante-dix pour cent des pays sont d’avis que le virus
de la maladie vésiculeuse du porc se propagerait en Europe si cette maladie était supprimée de la Liste A. La plupart
estime également que l’identification de la fièvre aphteuse sur le terrain en serait retardée. Aussi, les programmes de
surveillance (clinique) devraient-ils être maintenus, sans aucune vaccination contre la maladie vésiculeuse du porc.
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