Qu’est-ce que la Trame Verte et Bleue ? La TVB sur le pourtour du massif de Haye La trame verte et bleue au secours de la biodiversité Un réseau entre les espaces protégés De plus, les espaces naturels petits et fragmentés sont moins accueillants pour la faune et la flore (il y a moins de ressources disponibles, et les problèmes génétiques apparaissent plus fréquemment). Aussi, la seule façon durable de stopper cette perte de biodiversité ne réside pas que dans la protection d’espèces ou d’espaces naturels, mais aussi et surtout dans le maintien de la fonctionnalité des écosystèmes, et passe donc par le maintien des connexions entre les écosystèmes semblables. UN RESEAU ECOLOGIQUE pour le massif forestier de Haye et bleue est issue du Grenelle de l’Environnement (2007), et doit être déclinée à l’échelle régionale par des Schémas Régionaux de Cohérence Écologique d’ici la fin 2012. Il semble que ce délai ne sera probablement pas respecté malgré des réflexions et des études qui ont déjà été engagées en ce sens par certaines collectivités : Conseils Régionaux, SCoT, communautés de communes, etc. Il n’est pas trop tard pour prendre la trame en marche! Point technique La trame verte et bleue possède deux composantes majeures : la trame verte pour les milieux terrestres, associée à la trame bleue pour les milieux aquatiques. Ensuite, différents continuums (appelés sous-trames) peuvent venir les préciser : la sous-trame forestière, la sous-trame des milieux agricoles extensifs, la sous-trame des zones humides… obstacle réservoir de biodiversité corridor écologique discontinu . Une préoccupation récente La Trame Verte et Bleue, qui est l’échelon français du Réseau Ecologique Paneuropéen créé en 1995, vise à « enrayer le déclin de la biodiversité au travers de la préservation et de la restauration des continuités écologiques ». Cette trame verte zone tampon Objectifs de la Trame Verte et Bleue Atteindre des objectifs écologiques... Diminuer la fragmentation et la vulnérabilité des habitats naturels ; Identifier, préserver et relier les espaces importants par des corridors écologiques ; Garantir la libre circulation des espèces et permettre leurs déplacements ; Faciliter les échanges génétiques nécessaires à la survie des espèces de la faune et de la flore sauvages ; Assurer la fourniture des services écologiques rendus par la biodiversité ; ...tout en... Améliorant la qualité et la diversité des paysages ; Prenant compte les activités économiques du territoire ; Favorisant un aménagement durable des territoires : orienter l’urbanisation et l’implantation des infrastructures et améliorer leur perméabilité . En se basant à la fois sur une modélisation informatique, mais aussi sur une série d’entretiens avec les acteurs locaux (collectivités, services de l’Etat, naturalistes et associatifs), une cartographie des différentes continuités et obstacles a été éditée, associée à un document technique précisant les actions à entreprendre pour préserver les continuités existantes et restaurer celles disparues. Pour en savoir plus : www.mirabel-lne.asso.fr/tvb www.flore54.org Contacts Le Flambé, Iphiclides podalirius corridor écologique MIRABEL - Lorraine Nature Environnement 01 rue des Récollets 57000 Metz - tel : 09.81.98.30.12 Représentation schématique de la TVB Situés aux portes de l’agglomération de Nancy, le massif forestier de Haye et ses alentours sont soumis à une pression urbaine importante, et sont de ce fait nettement fragmentés. Afin de protéger ces espaces, une réflexion a été menée depuis 2006 pour classer le massif en forêt de protection. Cependant, les milieux diversifiés et riches en biodiversité qui sont encore très présents aux abords du massif forestier de Haye ne peuvent pas être inclus dans ce périmètre de protection. C’est pourquoi cette étude de trame verte et bleue, initiée en 2008 par les associations, a pour objet de les mettre en évidence pour assurer leur prise en compte, voire leur protection dans les documents d'urbanisme. 09 Allée des Vosges 55000 Bar-le-Duc - tel : 09.50.30.95.60 Email : [email protected] FLORE 54 65 rue Léonard BOURCIER 54000 Nancy - tel : 03.83.98.12.44 Email : [email protected] Document réalisé avec le soutien financier de : Ne pas jeter sur la voie publique - Conception et réalisation : Julien PERL et Dempsey PRINCET- Photos : Olivier REMY pour Flore54 et Julien PERL - Impression : BIALEC Nancy Actuellement, on constate une perte globale de la biodiversité, qui s’explique principalement par l’impact des activités humaines. Bien plus que l’artificialisation des sols, c’est la fragmentation des habitats naturels qui est problématique, car en rompant les connexions entre les espaces naturels, elle les isole les uns des autres. Par conséquent, les espèces animales et végétales ne peuvent plus se déplacer de manière optimale, ce qui est problématique, car elles ont besoin d’utiliser différents milieux à différents moments de la journée, de l’année ou de leur vie. Tout comme l’Homme, elles doivent se déplacer pour se nourrir, se reproduire, se reposer ou échapper à des prédateurs, ce qui ne peut se faire de manière optimale que si les milieux qu’elles utilisent sont connectés par des corridors écologiques, qui assurent la réussite des déplacements. La Trame Verte et Bleue sur le pourtour du massif de Haye Septembre 2012 Fédérations d’associations de protection de la nature et de l’environnement Pourtour du Massif de Haye (54) La préservation des corridors Les petites communes sur les flancs du massif de Haye ont tendance à s’étendre, et on arrive parfois à une situation où la forêt se retrouve encerclée par des habitations. Dans le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de Messein, un corridor a été inscrit afin d’empêcher que les communes de Ludres et de Messein ne se rejoignent, évitant ainsi la formation d’une véritable barrière aux déplacements de la faune. Cependant une telle volonté ne peut avoir de résultat sans une réflexion globale, à l’échelle inter-communale. Les autoroutes, principales discontinuités Les deux autoroutes qui traversent le massif de Haye sont des véritables obstacles aux déplacements de la faune, car elles fragmentent les espaces naturels. La construction d’un passage spécifique pour les animaux, sous la forme d’une tranchée couverte par exemple, pourrait rétablir la continuité entre les différentes entités du massif ainsi isolées. Lutter contre l’expansion urbaine Entre 2000 et 2006, chaque année en Lorraine, ce sont 600ha de territoires agricoles et naturels qui ont été artificialisées. On comprend pourquoi l’expansion urbaine est actuellement une des causes majeures de l’artificialisation du territoire. Alors qu’à l’inverse, favoriser la densification urbaine permettrait de lutter contre l’étalement démesuré de certaines communes, et préserverait les zonestampon et les continuités écologiques. Préserver les zones tampon Les vergers et les espaces agricoles peuvent servir de zones tampon entre les zones urbaines et les espaces naturels. Ce sont des lieux de vie pour la biodiversité, dont le maintien est primordial car ils permettent également de contenir les débordements de la faune et de la flore à proximité des habitations. Les migrations d’amphibiens Les zones humides sont des écosystèmes très sensibles qui rendent de nombreux biens et services écologiques à l’Homme, comme l’épuration de l’eau, le recyclage des nutriments, … Il est donc indispensable de les protéger contre la destruction et les pollutions. De plus, ce sont de véritables réservoirs de biodiversité, qui abritent par exemple les Amphibiens. Lors de leur migration au début du printemps, la traversée des routes s’avère extrêmement dangereuse pour eux, et il est fréquent que de nombreuses collisions aient lieux avec les véhicules. Le long de la route des étangs du vallon de Bellefontaine, les opérations de ramassage d’Amphibiens ou la fermeture temporaire de la circulation peuvent représenter des solutions provisoires, mais seule la création de crapauducs permettrait d’assurer de manière durable la survie de ces espèces, et le fonctionnement de l’écosystème. Renaturer les cours d’eau canalisés L’agglomération nancéienne comporte de nombreuses sources et résurgences, mais la plupart des ruisseaux ont été canalisés au fur et à mesure de l’expansion urbaine. Aussi, lorsque c’est possible, il est utile de maintenir les cours d’eau à ciel ouvert et de renaturer ceux qui ont été busés, afin de restaurer les continuités aquatiques. Le ruisseau de l’Asnée pourrait par exemple être réhabilité sur certaines parties de son parcours urbain. De futures discontinuités… La RD92 traverse la forêt de Haye pour rejoindre Maron depuis Clairlieu. Un nouvel échangeur autoroutier étant projeté sur Villers, le trafic routier pourrait considérablement augmenter sur cette portion de route, créant ainsi une discontinuité supplémentaire au sein du massif et menaçant certaines espèces sensibles, telles que le chat forestier. Le plateau de Villers-Brabois Surplombant la vallée de la Meurthe et l’agglomération de Nancy, le plateau de Villers-Brabois est une vaste pelouse calcaire qui s’intègre dans la trame des milieux thermophiles (pelouses sèches) des côtes de la Moselle. Une biodiversité exceptionnelle s’y épanouit, favorisée par une gestion adaptée (Espace Naturel Sensible). Toutefois, il est nécessaire de protéger cet espace contre l’urbanisation, afin de préserver l’intégrité des continuités thermophiles, qui sont de plus en plus morcelées. Les zones d’activité et la biodiversité Les zones industrielles et commerciales sont très artificielles, et de par leurs conceptions et leurs superficies, créent des coupures dans les corridors de déplacements. Une réflexion globale pour la biodiversité, avec la création de noues, la plantation de haies, de prairies fleuries… rendrait ces espaces plus perméables aux déplacements de la faune et de la flore. Favoriser les zones agricoles extensives La partie Ouest de la zone étudiée est principalement composée de terres agricoles. Seulement, les grandes cultures céréalières intensives forment des obstacles au déplacement des espèces. Réimplanter un réseau de haies, des bosquets ou des bandes enherbées serait très favorable puisque ces éléments permettent de structurer les déplacements des petits mammifères ou des chauves-souris par exemple. Rupture de continuité et gestion des bords de route Les routes sont les principaux éléments fragmentant du paysage. Aussi, la RD974 entre Vandoeuvre et Chavigny draine un important trafic routier, qui est responsable de nombreuses collisions avec la faune forestière. Mais l’urbanisation des espaces agricoles bordant cette route risque de causer une rupture irrémédiable entre deux entités de la forêt de Haye, c’est pourquoi une réflexion doit être menée concernant les enjeux contradictoires de cette zone. La plantation de prairies fleuries, de haies ou d’alignements d’arbres en bord de route par exemple pourraient être des solutions pour rendre cette infrastructure plus perméable à la traversée des animaux. L’agriculture extensive en vallée de cours d’eau Les prairies alluviales sont des espaces naturels qui jouent un rôle essentiel dans la régulation des crues, en permettant aux cours d’eau de se répandre dans les zones cultivées, ce qui diminue leur énergie. Préserver ces écosystèmes et réhabiliter leurs fonctionnements permettrait de limiter les conséquences des crues, qui reflètent le fonctionnement normal des cours d’eau (en dehors des inondations-éclair causées par l’artificialisation excessive des sols). Forêt de protection et trame verte et bleue La démarche de Trame Verte et Bleue est complémentaire de celle visant le classement du massif de Haye en forêt de protection. Par conséquent, des pistes d’actions pourront être dégagées de la présente étude et intégrées aux réflexions concernant la forêt de protection, afin de rétablir les connexions écologiques entre les différentes entités du massif. Par exemple, en plus de la création de passages à faune pour les animaux à forte capacité de déplacement, le maintien d’un réseau d’arbres morts suffisamment dense et connecté est essentiel pour le déplacement des espèces qui décomposent le bois mort. La Moselle sauvage La navigation sur la Moselle a été favorisée par la canalisation d’une partie du fleuve. Seulement, les berges artificielles empêchent la traversée du cours d’eau par les castors par exemple, qui sont nombreux dans les boucles de la Moselle. Les seuils aussi sont problématiques pour la circulation des poissons : des passes à poissons devraient alors être aménagées sur les ouvrages incriminés. Cependant, il existe des tronçons de la Moselle qui sont restés à l’état naturel, conservant leurs ripisylves, leurs bandes enherbées... C’est dans ces rares portions d’écosystème préservé que l’on retrouve une grande biodiversité. Synthèse de l’état des lieux des continuités écologiques La protection des vergers Sur les coteaux du massif de Haye, comme bien ailleurs en Lorraine, les usages du passé ont façonné les paysages. Les vergers sont de moins en moins présents, car ils subissent de plein fouet les conséquences d’une urbanisation galopante. En revanche, ils accueillent une faune et une flore spécifique et diversifiée, et la diminution de la présence des vergers est dramatique pour ces espèces, qui ne peuvent plus trouver une continuité suffisante pour assurer leurs déplacements entre des milieux favorables. Trame d’espaces verts urbains Les jardins et vergers communaux comme ceux des particuliers, ainsi que les parcs, les espaces verts ou les alignements d’arbres peuvent former une trame au cœur des zones urbaines, qu’il est nécessaire de structurer. Celle-ci n’a pas pour but de faire venir les espèces forestières en ville, mais de favoriser les déplacements de celles qui vivent à proximité de l’Homme (écureuils, hérissons, …).