Les migrations d’amphibiens
Les zones humides sont des écosystèmes très sensibles qui rendent de nombreux biens et services
écologiques à l’Homme, comme l’épuration de l’eau, le recyclage des nutriments, … Il est donc
indispensable de les protéger contre la destruction et les pollutions. De plus, ce sont de véritables
réservoirs de biodiversité, qui abritent par exemple les Amphibiens. Lors de leur migration au début
du printemps, la traversée des routes s’avère extrêmement dangereuse pour eux, et il est fréquent
que de nombreuses collisions aient lieux avec les véhicules. Le long de la route des étangs du vallon
de Bellefontaine, les opérations de ramassage d’Amphibiens ou la fermeture temporaire de la
circulation peuvent représenter des solutions provisoires, mais seule la création de crapauducs
permettrait d’assurer de manière durable la survie de ces espèces, et le fonctionnement de l’écosystème.
Forêt de protection et trame verte et bleue
La démarche de Trame Verte et Bleue est complémentaire de celle visant le classement
du massif de Haye en forêt de protection. Par conséquent, des pistes d’actions pourront
être dégagées de la présente étude et intégrées aux réflexions concernant la forêt de
protection, afin de rétablir les connexions écologiques entre les différentes entités du
massif. Par exemple, en plus de la création de passages à faune pour les animaux à
forte capacité de déplacement, le maintien d’un réseau d’arbres morts
suffisamment dense et connecté est essentiel pour le déplacement des
espèces qui décomposent le bois mort.
Rupture de continuité et gestion des bords de route
Les routes sont les principaux éléments fragmentant du paysage. Aussi, la RD974 entre Vandoeuvre et
Chavigny draine un important trafic routier, qui est responsable de nombreuses collisions avec la faune
forestière. Mais l’urbanisation des espaces agricoles bordant cette route risque de causer une rupture
irrémédiable entre deux entités de la forêt de Haye, c’est pourquoi une réflexion doit être menée concernant les
enjeux contradictoires de cette zone. La plantation de prairies fleuries, de haies ou d’alignements d’arbres en bord
de route par exemple pourraient être des solutions pour rendre cette infrastructure plus perméable à la traversée
des animaux.
L’agriculture extensive en vallée de cours d’eau
Les prairies alluviales sont des espaces naturels qui jouent un rôle essentiel dans la régulation des
crues, en permettant aux cours d’eau de se répandre dans les zones cultivées, ce qui diminue leur
énergie. Préserver ces écosystèmes et réhabiliter leurs fonctionnements permettrait de limiter les
conséquences des crues, qui reflètent le fonctionnement normal des cours d’eau (en dehors des
inondations-éclair causées par l’artificialisation excessive des sols).
Le plateau de Villers-Brabois
Surplombant la vallée de la Meurthe et l’agglomération
de Nancy, le plateau de Villers-Brabois est une vaste pelouse
calcaire qui s’intègre dans la trame des milieux thermophiles
(pelouses sèches) des côtes de la Moselle. Une biodiversité
exceptionnelle s’y épanouit, favorisée par une gestion adaptée
(Espace Naturel Sensible). Toutefois, il est nécessaire de protéger cet
espace contre l’urbanisation, afin de préserver l’intégrité des continuités
thermophiles, qui sont de plus en plus morcelées.
Les zones d’activité et la biodiversité
Les zones industrielles et commerciales sont très artificielles, et de par
leurs conceptions et leurs superficies, créent des coupures dans les corridors
de déplacements. Une réflexion globale pour la biodiversité, avec la création de
noues, la plantation de haies, de prairies fleuries… rendrait ces espaces plus
perméables aux déplacements de la faune et de la flore.
De futures discontinuités…
La RD92 traverse la forêt de Haye pour rejoindre
Maron depuis Clairlieu. Un nouvel échangeur
autoroutier étant projeté sur Villers, le trafic routier
pourrait considérablement augmenter sur cette portion
de route, créant ainsi une discontinuité supplémentaire au
sein du massif et menaçant certaines espèces sensibles,
telles que le chat forestier.
La protection des vergers
Sur les coteaux du massif de Haye, comme bien ailleurs en Lorraine, les usages du passé ont
façonné les paysages. Les vergers sont de moins en moins présents, car ils subissent de plein fouet
les conséquences d’une urbanisation galopante. En revanche, ils accueillent une faune et une flore
spécifique et diversifiée, et la diminution de la présence des vergers est dramatique pour ces
espèces, qui ne peuvent plus trouver une continuité suffisante pour assurer leurs déplacements
entre des milieux favorables.
Préserver les zones tampon
Les vergers et les espaces agricoles peuvent servir
de zones tampon entre les zones urbaines et les
espaces naturels. Ce sont des lieux de vie pour la
biodiversité, dont le maintien est primordial car ils
permettent également de contenir les débordements
de la faune et de la flore à proximité des habitations.
Renaturer les cours d’eau canalisés
L’agglomération nancéienne comporte de nombreuses
sources et résurgences, mais la plupart des ruisseaux ont été
canalisés au fur et à mesure de l’expansion urbaine. Aussi,
lorsque c’est possible, il est utile de maintenir les cours d’eau à
ciel ouvert et de renaturer ceux qui ont été busés, afin de
restaurer les continuités aquatiques. Le ruisseau de l’Asnée
pourrait par exemple être réhabilité sur certaines parties de son
parcours urbain.
Les autoroutes, principales discontinuités
Les deux autoroutes qui traversent le massif de Haye
sont des véritables obstacles aux déplacements de la
faune, car elles fragmentent les espaces naturels. La
construction d’un passage spécifique pour les animaux,
sous la forme d’une tranchée couverte par exemple,
pourrait rétablir la continuité entre les différentes entités
du massif ainsi isolées.
Trame d’espaces verts urbains
Les jardins et vergers communaux comme ceux des particuliers, ainsi que les parcs, les
espaces verts ou les alignements d’arbres peuvent former une trame au cœur des zones
urbaines, qu’il est nécessaire de structurer. Celle-ci n’a pas pour but de faire venir les
espèces forestières en ville, mais de favoriser les déplacements de celles qui vivent à
proximité de l’Homme (écureuils, hérissons, …).
Favoriser les zones agricoles extensives
La partie Ouest de la zone étudiée est principalement composée de terres agricoles. Seulement, les
grandes cultures céréalières intensives forment des obstacles au déplacement des espèces. Réimplanter un
réseau de haies, des bosquets ou des bandes enherbées serait très favorable puisque ces éléments
permettent de structurer les déplacements des petits mammifères ou des chauves-souris par exemple.
La préservation des corridors
Les petites communes sur les flancs du massif de Haye ont tendance à s’étendre, et on arrive parfois à
une situation où la forêt se retrouve encerclée par des habitations. Dans le Plan Local d’Urbanisme (PLU)
de Messein, un corridor a été inscrit afin d’empêcher que les communes de Ludres et de Messein ne se
rejoignent, évitant ainsi la formation d’une véritable barrière aux déplacements de la faune. Cependant
une telle volonté ne peut avoir de résultat sans une réflexion globale, à l’échelle inter-communale.
La Moselle sauvage
La navigation sur la Moselle a été favorisée par la canalisation d’une partie du fleuve.
Seulement, les berges artificielles empêchent la traversée du cours d’eau par les castors par
exemple, qui sont nombreux dans les boucles de la Moselle. Les seuils aussi sont
problématiques pour la circulation des poissons : des passes à poissons devraient alors être
aménagées sur les ouvrages incriminés. Cependant, il existe des tronçons de la Moselle qui
sont restés à l’état naturel, conservant leurs ripisylves, leurs bandes enherbées... C’est dans ces
rares portions d’écosystème préservé que l’on retrouve une grande biodiversité.
Lutter contre l’expansion urbaine
Entre 2000 et 2006, chaque année en Lorraine, ce sont 600ha de territoires agricoles et naturels qui
ont été artificialisées. On comprend pourquoi l’expansion urbaine est actuellement une des causes
majeures de l’artificialisation du territoire. Alors qu’à l’inverse, favoriser la densification urbaine
permettrait de lutter contre l’étalement démesuré de certaines communes, et préserverait les zones-
tampon et les continuités écologiques.
Pourtour du Massif de Haye (54)
Synthèse de l’état
des lieux des
continuités
écologiques