soupçonnés d’additionner les complications. Les complica-
tions des associations radiochirurgicales sont effectivement
plus importantes si la radiothérapie à dose maximale s’ajoute
à une chirurgie d’exérèse large du paramètre. C’est pour ces
protocoles “d’addition” que les complications sont maxi-
males. Ils complètent un geste de dissection large de l’uretère,
par une irradiation pelvienne voisine de 45-50 Gy. Une
récente étude randomisée (29) compare, pour les stades Ib
avec facteurs de risque histologique, une exérèse distale
exclusive à la même chirurgie avec irradiation postopératoire
(46-50 Gy). La survie est supérieure dans le groupe irradié
(86,9 % versus 78,6 %). Le taux de complications de grade 3
et de décès est aussi supérieur dans ce groupe (8,5 versus
2,1 %).
La stratégie thérapeutique de l’Institut Curie en cas de cancer
invasif du col de stades Ib à IIb proximal relève d’une autre
optique. Elle a pour objectif d’obtenir, pour une efficacité
comparable, un taux de complications radiques et chirurgi-
cales moindre que celui des protocoles exclusifs ou de leur
addition, et d’associer pour cela deux thérapeutiques non
maximalistes.
Pour parvenir à un taux de séquelles de grade 3 de 0,6 % et de
grade 2 de 3 %, l’option retenue a été de pratiquer une exé-
rèse radicale étroite (Piver II), après réduction du volume
tumoral par une irradiation dosée pour respecter les organes
pelviens. Quel que soit le protocole de radiothérapie préopé-
ratoire (curiethérapie ou radiothérapie externe première), la
dosimétrie pelvienne est très inférieure à celle d’un protocole
d’irradiation exclusive. Dans cette série, la moyenne des
doses cumulées rectales est de 26 Gy (7-84) et la moyenne
des doses cumulées vésicales de 18 Gy (5-57).
Plus encore qu’une dosimétrie pelvienne tolérable par les
organes creux, c’est la poursuite du traitement par une hysté-
rectomie avec exérèse du paramètre proximal à l’aplomb de
l’uretère qui limite l’ischémie du bas uretère et du trigone.
Après une irradiation centro-pelvienne responsable d’une
sclérose de la microvascularisation du bas uretère, il importe
de limiter au maximum l’ischémie postopératoire de la paroi
urétérale et vésicale, qui est responsable de la constitution de
trajets fistuleux, en réséquant le moins possible de paramètres
(27). L’étroitesse de cette exérèse est rendue possible par le
très faible taux d’atteinte résiduelle du paramètre proximal
après irradiation (2 % dans notre série).
L’association d’une radiothérapie à dose préopératoire et
d’une hystérectomie élargie avec section proximale du para-
mètre paraît générer moins de séquelles que l’irradiation pel-
vienne exclusive ou que la chirurgie d’exérèse distale pre-
mière. Elle semble adaptée aux cancers étendus au paramètre
proximal. Elle permet la prise en charge de lésions de gros
volume limitées au col, mais les cancers de petit volume
(< 2 cm) sont pour la plupart stérilisés par la curiethérapie
première, et probablement “surtraités” par l’intervention qui
suit. Toutefois, nous pensons qu’une irradiation à une dose
permettant d’obtenir une réponse histologique complète dans
100 % des cas génère un taux de séquelles trop important
pour ces petites tumeurs. La chirurgie exclusive par une exé-
rèse large du paramètre paraît également inadaptée à la prise
en charge des petites tumeurs. Nous avons fait part plus haut
du risque de fistule, et l’efficacité thérapeutique d’une exérèse
paramétriale large n’est par ailleurs pas démontrée : Bur-
ghardt (3), comparant rétrospectivement les résultats de plu-
sieurs équipes pratiquant des hystérectomies élargies distales
et proximales exclusives, n’a pas mis en valeur de différence
significative de survie ni de contrôle pelvien pour les tumeur
de moins de 10 cm3(environ 3 cm de diamètre). Magrina rap-
porte une courte série de 16 patientes porteuses d’une tumeur
Ib < 2 cm opérées d’une hystérectomie élargie proximale
exclusive. La survie à 5 ans est de 100 % (15). Nous pensons
que l’hystérectomie élargie proximale exclusive avec lympha-
dénectomie iliaque externe est adaptée aux tumeurs Ib de
moins de 2 cm sous réserve de l’absence d’emboles lympha-
tiques et vasculaires péritumoraux, qui majorent le risque
d’atteinte ganglionnaire paramétriale distale (7). Nous appli-
quons ce protocole à l’Institut Curie depuis deux ans.
L’association d’une radiothérapie première à visée de réduc-
tion du volume tumoral et d’une hystérectomie élargie avec
section proximale des paramètres permet d’obtenir un
contrôle local et une survie globale équivalents à ceux de la
radiothérapie exclusive et de la chirurgie d’exérèse distale
première. Elle génère moins de séquelles digestives et uri-
naires et permet donc une qualité de survie supérieure. Elle
induit probablement un surtraitement des tumeurs de petit
volume, qui peuvent être traitées par une hystérectomie élar-
gie proximale exclusive. ■
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La Lettre du Gynécologue - n° 254 - septembre 2000
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