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Transmission au moyen d'un «comportement normal» de l'hôte
Dans certains cas, la transmission du parasite suit les comportements «normaux»,
mais complexes de l'hôte (par exemple, le parasitisme des renards par les tiques en
relation avec le mode d'occupation des terriers) (8). Il est donc indispensable de bien
connaître l'écologie de l'hôte afin de comprendre comment un parasite peut passer d'un
individu à un autre. La transmission de la trichinellose, qui est causée par un parasite
monoxène, est accomplie seulement par prédation, cannibalisme ou nécrophagie. Les
études épidémiologiques ont démontré l'importance du renard comme réservoir de
Trichinella sp. Le renard n'est pas connu pour des tendances cannibales ; des tests
conduits par Macdonald ont montré que les renards répugnent à consommer la chair
d'autres renards (52). Toutefois, Rossi et coll. ont montré lors du Symposium de Nancy
que le froid hivernal peut tuer des renards dans les régions montagneuses, et la famine
peut pousser les renards survivants à manger ces carcasses (72). La rage canine a
également été évoquée au Symposium de Nancy, notamment dans la contribution de
Wandeler et coll. (90). Cette étude démontre la variabilité des réseaux de diffusion et de
persistance des zoonoses et montre que les connexions entre classes d'individus et entre
espèces différentes (chiens et hommes), interviennent souvent à plusieurs niveaux
d'organisation (c'est-à-dire culturel, comportemental, alimentaire). L'interruption des
cycles parasitaires
s'est
donc révélée plus difficile à réussir que ne l'avaient espéré les
autorités sanitaires.
Moyens de faciliter la transmission
Les parasites adoptent généralement des stratégies démographiques de type «r»
(fondées sur la prolifération des formes de diffusion, telles que les œufs, les larves et les
kystes). Toutefois, Combes a montré que de nombreuses espèces modifient ou
provoquent des comportements de l'hôte qui favorisent la transmission (22). En raison
de l'infection par le parasite, les mouvements de l'hôte sont orientés en direction de
points favorables au contact entre l'hôte et le parasite. Ou bien encore, l'infection par le
parasite crée des situations de contre-mimétisme qui facilitent l'ingestion d'un parasite
ou d'un hôte parasité par un prédateur.
De nombreuses études ont confirmé, par exemple, qu'un rongeur infesté par des
larves de Trichinella ou Toxoplasma adoptera un comportement qui facilitera sa
capture par un prédateur. Toutefois, la disponibilité de proies affaiblies par l'action du
parasite pose un dilemme au prédateur : en effet, un prédateur peut soit capturer une
proie affaiblie afin de dépenser moins d'énergie, mais il court le risque de devenir
infecté, soit dépenser de l'énergie en essayant de capturer une proie saine, mais il risque
alors de mourir de faim (58). D'autres exemples de changements de comportement
induits par les parasites sont illustrés par l'augmentation des niveaux d'activité (46), la
réduction de la vitesse des déplacements (67, 68) ou bien la perte des réflexes de
néophobie (47). Le rythme biologique des microfilaires, qui migrent à l'intérieur du
corps en traversant le réseau des capillaires sous-cutanés, est lié au rythme de l'activité
nycthémérale du vecteur, un moustique piqueur (11,19,45).
Ces types de comportement résultent-ils automatiquement de la spoliation ou des
lésions tissulaires induites par la présence du parasite (par exemple, les élans
lourdement infestés par des larves hépatiques d'Echinococcus granulosus sont plus
facilement capturés par les loups) (55), ou bien le comportement est-il modifié de façon
à favoriser la transmission à l'aide de médiateurs chimiques (c'est-à-dire : hormones,
neuromédiateurs), dont la sécrétion serait modifiée par le parasite ? Les trypanosomes
modifient la sécrétion de serotonine, ce qui change le rythme circadien de campagnols