Esclavage     et   Traite  des  Esclaves    

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 Esclavage et Traite des Esclaves chez les Arabo-­Musulmans Compilation dǯarticles divers [1] ‡•±‰”‹‡”•‡‡””‡†ǯ•Žƒ Jacques Heers. Professeur honoraire d'histoire à l'Université Paris IV-­‐Sorbonne. Auteur de nombreux ouvrages, dont, notamment, Christophe Colomb, Hachette, Paris, 1981 ; Marco Polo, Fayard, Paris, 1983 ; Machiavel, Fayard, Paris, 1985 ; Gilles de Rais, Perrin, Paris, 1994 ; Jacques Coeur, Perrin, Paris, 1997 ; Les Barbaresques, Perrin, Paris, 2001 ; Les négriers en terre d'Islam, Perrin, Paris, 2001. 1 Les blancs, captifs et esclaves La guerre pourvoyeuse de captifs (VIIe-­‐Xe siècle) Les conquêtes musulmanes, du VIIe au VIIIe siècle, si brutales et d'une telle ampleur que le monde méditerranéen n'avait jamais rien connu de tel, provoquèrent un nombre considérable de captures et, aussitôt, un très important trafic d'hommes et de femmes, conduits en troupes sur les marchés des grandes cités. L'esclavage devint alors un phénomène de masse affectant tous les rouages sociaux, hors de proportion avec ce qu'il avait été dans l'Empire byzantin. Dans les tout premiers temps de l'islam, les es-­‐
claves étaient, comme dans l'Antiquité romaine ou du temps de Byzance, essentiellement des Blancs, raflés lors des expéditions ou exposés sur les marchés par des trafiquants qui allaient les acheter en de lointains pays, très loin même des terres d'Islam. Les négriers en terres d'Islam, p. 11 2 En Orient : captifs grecs et perses La flotte du calife de Bagdad assiège Constantinople en 673. Elle trouve les murailles de la ville renforcées par d'impressionnants fortins et les redoutables vaisseaux grecs siphonophores, capables de lancer le terrible feu grégeois, prêts au combat. Cette résis-­‐
tance byzantine ruine l'enthousiasme des assaillants qui se replient et ne tentent plus de fortes attaques avant plusieurs décennies. En 716, ils mènent leurs troupes à travers l'Anatolie, passent les Détroits et pénètrent jusqu'en Thrace tandis qu'une flotte de mille vaisseaux cerne de nouveau Constantinople. Mais, attaqués par les Bulgares au nord, [2] décimés sur mer par le feu grégeois, les musulmans abandonnent, cette fois encore, le siège après un an de durs combats. Ces premiers élans brisés, la guerre ne fut plus dès lors que raids de cavalerie, raids sauvages, inopinés, non pour conquérir ou établir des colonies militaires, centres de garnisons pour d'autres offensives, mais simplement pour le butin et la chasse aux esclaves. Chez les chrétiens, les populations se réfugiaient dans des camps fortifiés, à Dorylée, à Smyrne, à Milet. Sur ce front mouvant et incertain, har-­‐
diment défendu par les colonies des acrites, soldats et paysans, les chefs guerriers se retranchaient, sentinelles hasardées, dans leurs palais ceints de hautes murailles. Les poèmes épiques, souvent d'origine populaire, modèles peut-­‐être de nos chansons de geste, content les hauts faits d'armes des héros, capitaines des châteaux dressés sur les rives de l'Euphrate, mais disent aussi, en d'autres accents, les angoisses et les peines des petites gens, paysans, villageois, surpris au travail, incapables de fuir assez tôt, emmenés captifs pour servir en des terres lointaines d'Arabie ou d'Irak. Ibidem, pp. 15-­‐16 3 Les premiers grands marchés d'esclaves (IXe-­Xe siècle) Esclaves saxons, marchands juifs et chrétiens Pendant longtemps, les géographes, les voyageurs et les marchands musulmans te-­‐
naient pour «Slaves» tous les hommes qui vivaient hors de leurs Etats, de l'Espagne aux steppes de la Russie et de l'Asie centrale et, plus loin encore, sur les terres inconnues, contrées réputées rebelles de Gog et Magog. Les conquérants musulmans n'ont tenté que très rarement des raids aussi loin de leurs bases et les esclaves slaves ne pouvaient être qu'objets de traite. Ceux de Bohême étaient régulièrement conduits à Prague, centre de castration pour les hommes, puis à Ratisbonne. Ceux des pays plus au nord, avec les Saxons faits prisonniers lors des cam-­‐
pagnes de Charlemagne des années 780, furent expédiés vers les gros bourgs fortifiés de la route germanique pour finir sur le marché de Verdun. De là, on les menait à Lyon, autre grand carrefour pour ce négoce des captifs, puis à Arles et Narbonne et, enfin, vers les ports d'Espagne, du Maghreb ou, directement, de l'Orient. Ce n'était ni affaires de peu ni d'un court moment: au xe siècle encore, Liutprand, évêque de Crémone (920-­‐972), ne cessait de dénoncer et de condamner les profits énormes, proprement scandaleux, que réalisaient les marchands de Verdun. A la même époque, les recensements des Slaves amenés sur le marché musulman de Cordoue don-­‐
nent un chiffre de plus de dix mille en l'espace de cinquante années, de 912 à 961. Ils ont très vite formé, comme les Turcs en Orient, peuple non encore islamisé, une part impor-­‐
tante des troupes et du corps des officiers au service du calife. Au temps de la décadence de ce califat de Cordoue et de l'éparpillement des pouvoirs, dans les années 1000, plusieurs d'entre eux, notamment dans le Levant ibérique, prirent la tête d'un petit royaume, alors complètement indépendant. Les marchands des pays d'islam, eux non plus, ne se risquaient pas volontiers hors du monde méditerranéen et répugnaient à se rendre en Gaule où ils ne rencontraient que des populations hostiles. On ne les y voyait pas fréquenter les marchés d'esclaves alors que les Juifs étaient, eux, communément montrés comme les maîtres de ce malheureux commerce. [3] Certains n'étaient que de petites gens, colporteurs errants, vendeurs de bibelots et de pacotille qui ne prenaient à leur suite qu'un ou deux captifs. D'autres, au contraire, bien en place auprès des palais des rois francs, maîtres d'entreprises implantées dans tout le pays, convoyaient vers les ports de la Méditerranée de nombreuses troupes de prison-­‐
niers, embarquées vers l'Orient. « Ils rapportent d'Occident des eunuques, des esclaves des deux sexes, du brocart, des peaux de castor, des pelisses de martre et des autres fourrures et des armes.» Nos auteurs, musulmans et chrétiens, insistent particulièrement sur le rôle des Juifs qui, dans l'Espagne musulmane, formaient souvent la majorité de la population dans les grandes villes, notamment à Grenade, appelée communément, au VIIIe siècle, la « ville des Juifs». Négociants en produits de luxe, métaux, bijoux et soieries, plus rarement prêteurs sur gages, ils se groupaient en petites sociétés de parents et d'amis, les uns établis dans une des cités proches de la frontière castillane, les autres dans les ports d'Ibérie et d'Afrique du Nord, et prenaient à leur compte certainement une bonne part des transactions entre les deux mondes. On assurait aussi que, les musulmans s'y refusant, ces trafiquants israélites veillaient à la bonne tenue des centres de castration. Cependant, des marchands gaulois et chrétiens, de Verdun surtout, allaient eux aussi régulièrement commercer à Saragosse et dans les autres cités musulmanes d'Espagne pour y présenter et y vendre des captifs. L'abbé Jean de Gorze, chargé de mission par l'empereur germanique Otton 1er auprès du calife de Cordoue, se fit accompagner par un de ces négociants chrétiens de Verdun qui connaissait bien l'Espagne. Les Mozarabes, chrétiens demeurés en Espagne sous la domination musulmane, ne demeuraient pas inactifs; ils passaient les Pyrénées, fréquentaient les marchés, à Verdun bien sûr et jusque dans les cités des rives du Rhin. Pour l'Italie, les mêmes auteurs parlent beaucoup moins des Juifs mais plus souvent des marchands chrétiens, hommes de vilaines mains, pillards et complices, meneurs de raids au-­‐delà des Alpes ou sur l'autre rive de l' Adriatique, tous trafiquants d'esclaves, capables de faire prisonniers et de ramener hommes et femmes sans regarder à leurs origines ou à leur religion. Les hommes d'affaires vénitiens, ceux-­‐ci mieux organisés et plus honorablement con-­‐
nus, armant des navires à leurs noms, y prenaient part. Soumise alors à Byzance, Venise bravait les empereurs de Constantinople qui avaient formellement condamné cette traite et menacé les coupables de dures sanctions. Pour mettre un terme à ces sinistres négoces ou, du moins, en limiter les profits, Léon V l'Arménien, empereur (813820), interdit à tous ses sujets, plus particulièrement aux Vénitiens, de commercer dans les ports d'Egypte et de Syrie. L'on vit pourtant d'auda-­‐
cieux trafiquants traquer des esclaves dans les Abruzzes et le Latium pour les revendre dans le Maghreb. Ibidem, pp. 16-­‐18 4 [4] Les Russes et les Bulgares de la Volga Le Livre sur la clairvoyance en matière commerciale, attribué à l'écrivain al-­‐Djahiz (d. 669), faisait déjà mention d'esclaves des deux sexes importés du pays des Khazares sur les rives de la Volga, près de son embouchure. Cependant, les trafics marchands avec les villes de Russie ne prirent un bel essor que plus tard, au temps où la dynastie des Sassanides puis celle des Bouyides, toutes deux originaires de Perse, régnèrent à Bagdad. Le célèbre lettré athTha' alibi imagine une conversation entre deux courtisans du roi bouyide Adud al-­‐Dawla (977-­‐983) et les fait parler de jeunes esclaves turcs, de concu-­‐
bines de Boukhara et de servantes de Samarkand. Sur les lointains marchés de Kiev et de Bulghar, la capitale des Bulgares, les mar-­‐
chands musulmans étaient presque tous originaires ou de la Transoxiane ou du Kharas-­‐
san, au nord-­‐est de l'Iran. Les trafiquants de la ville de Mechhed venaient, chaque saison, au retour de leurs ex-­‐
péditions dans le Nord et les pays des steppes, vendre à Bagdad diverses sortes de four-­‐
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esclaves. Pour se procurer ces hommes et ces femmes, de plus en plus nombreux et d'origines de plus en plus lointaines, les musulmans de Perse traitaient avec les Bulgares ou avec les Russes, intermédiaires obligés, convoyeurs de captifs. L'année 921, le calife abbasside de Bagdad, Muqtadir, envoya une ambassade au roi des Bulgares de la Volga. Le secrétaire de l'expédition, Ahmed ibn Fodlan, tenait, au jour le jour, registre des marches de la caravane et des étapes, jusque très loin dans des pays Œ—•“—̵ƒŽ‘”• ‹…‘—•Ǣ ‹Ž •̵ƒ––ƒ”†‡ Ž‘‰—‡‡–  †±…”‹”‡ Ž‡• à—”• ‡– Ž‡• —•ƒ‰‡• ’‘Ži-­‐
tiques de ces peuples, si différents de ceux de son monde. « La coutume est que le roi des Khazares ait vingtcinq femmes dont chacune est la fille d'un des rois des pays voisins. Il les prend de gré ou de force. Il a aussi des esclaves con-­‐
cubines pour sa couche au nombre de soixante qui sont toutes d'une extrême beauté. Toutes ces femmes, libres ou esclaves, sont dans un château isolé dans lequel chacune a un pavillon à coupole recouvert de bois de teck. Chacune d'elles a un eunuque qui la soustrait aux regards. » Et encore : « Quand un grand personnage meurt, les gens de sa famille disent à ses filles esclaves et à ses garçons esclaves: " Qui d'entre vous mourra avec lui? " » Pour eux, c'est un honneur que de se sacrifier. Ibn Fodlan voit aussi, à leur campement au bord du fleuve, des Russes, « les plus mal-­‐
propres des créatures de Dieu », qui ancrent leurs bateaux sur les berges et construisent de grandes maisons de bois. Dans chacune de ces maisons, sont réunies de dix à vingt personnes. « Avec eux sont de belles jeunes filles esclaves destinées aux marchands. Chacun d'entre eux, sous les yeux de son compagnon, a des rapports sexuels avec une esclave. Parfois tout un groupe d'entre eux s'unissent de cette manière, les uns en face des autres. Si un marchand entre à ce moment, pour acheter à l'un d'eux une jeune fille et le trouve en train de cohabiter avec elle, l'homme ne se détache pas d'elle avant d'avoir satisfait son besoin. » Ce fut, au long des temps, un négoce tout ordinaire, quasi routinier, soumis aux cou-­‐
tumes, aux règles et aux taxes. «Quand les Russes ou les gens d'autres races arrivent [5] dans le pays des Bulgares avec des esclaves, le roi a le droit de choisir pour lui un esclave sur dix. » Les Russes s'aventuraient très loin et, des régions les plus éloignées du « pays des Slaves », ramenaient des captifs, hommes et femmes des deux sexes, et des fourrures précieuses, peaux de castor et de renard noir. Deux cents ans après Ibn Fodlan, Abu Hamid de Grenade, lors d'un long et pénible voyage en Europe de l'Est, trouve les Russes partout sur son chemin. Ils lui parlent des Wisu, peuple de la région du lac Ladoga où les hommes chassent le castor, et des Arw du pays des grands fleuves qui, eux, chassent 1 'hermine et le petit-­‐gris. Au-­‐delà des Wisu, près de la mer Arctique, «la mer des ténèbres », vit un peuple de nomades, les Yura, qui, contre des épées, livrent aux Russes des peaux de zibeline et des esclaves. Ces deux négoces, peaux de bêtes et bétail humain, allaient partout de pair. Là aussi, les Juifs assuraient certainement une part importante des échanges, en par-­‐
ticulier à l'est, pour les produits de la lointaine Asie ou des steppes et déserts des hauts plateaux. L'historien et géographe Ibn Khurdadhbeth consacre un long passage de sa description du monde à ces Juifs Radhanites et décrit, noms de nombreux fleuves, de villes et de peuples à l'appui, quatre de leurs grands itinéraires : l'un arrivant de l'ouest, par mer, vers Antioche, un autre le long de la côte méridionale de la Perse, un autre en-­‐
core par la mer Rouge et la mer d'Oman jusqu'en Inde, et le dernier, le plus important, vers l'Europe centrale et les pays du Nord. Ibidem, pp. 18-­‐21 5 La ruée des Ottomans (XIIe-­XVIe siècle) En pays d'islam, principalement en Orient, les esclaves ne fondaient pas de familles et n'avaient pas ou peu d'enfants. Le nombre relativement important d'eunuques, l'inter-­‐
diction faite, bien souvent, aux femmes de se marier, les mortalités terriblement élevées du fait des conditions de travail sur les grands domaines et dans les mines, des guerres entre souverains, peuples et factions, des maladies et des épidémies, firent que les maîtres voyaient leur cheptel humain sans cesse s'affaiblir et devaient le renouveler. Cependant, dès le IXe siècle, les conquêtes se sont essoufflées et les peuples déjà soumis et convertis n'étaient plus territoires de chasse. Pendant plusieurs siècles, les musulmans ont cessé de lancer leurs troupes loin de leurs Etats et la traite fournit alors, de très loin sans doute, le plus grand nombre de captifs. Les grandes offensives n'ont repris que quelque trois cents ans après celles des pre-­‐
miers conquérants lorsque les Turcs ottomans venus d'Asie centrale, convertis à l'islam, lancèrent de nouvelles attaques contre les chrétiens en Anatolie : sur Erzeroum dès 1048, sur Sébaste l'an suivant. En 1071, à Mantzikiert, au nord du lac de Van, ils infligent une retentissante défaite aux troupes de Byzance, font prisonnier l'empereur Romain Diogène, s'ouvrent la route de Constantinople, installent leur capitale à Brousse et un •—Ž–ƒƒ–‘›ƒǡ‡’Ž‡‹…à—”†—’ƒ›•Ǥ Ce fut, de nouveau, le temps des chasses aux esclaves, sur mer et sur terre. Les poètes de cour, à la solde des émirs ottomans d'Anatolie, chantaient les exploits des pirates de Smyrne et d' Alania qui enlevaient les femmes et les enfants de « ces chiens de mé-­‐
[6] créants ». De 1327 à 1348, Umur Pacha, l'un des cinq fils de l'émir d'Aydin 21, lui-­‐même émir de Smyrne et pirate à tous vents, sema la terreur dans tout l'Orient méditerranéen, dans les îles de Chio et de Samos, et jusque sur les côtes du Péloponnèse. Non pour con-­‐
quérir des terres, non même pour établir des guerriers et des marchands en quelques comptoirs, mais pour ramener, chaque saison, de merveilleux butins et des centaines de captifs. Ses hommes « capturèrent beaux garçons et belles filles sans nombre au cours de cette chasse et les emmenèrent. Ils mirent le feu à tous les villages ... Au retour, riches et pauvres furent remplis de joie par ses présents. Tout le pays d'Aydin fut comblé de ri-­‐
chesses et de biens et la gaieté régna partout. Filles et garçons, agneaux, moutons, oies, canards rôtis et le vin étaient débarqués en abondance. A son frère, il donna en cadeau nombre de vierges aux visages de lune, chacune sans pareille entre mille; il lui donna aussi de beaux garçons francs pour qu'il dénoue les tresses de leurs cheveux. A ces ca-­‐
deaux, il ajouta de l'or, de l'argent et des coupes innombrables ». Ce n'étaient pas simples brigandages, expéditions de forbans, de hors-­‐la-­‐loi, mais une guerre encouragée par les chefs religieux, aventures bien codifiées, menées selon la Loi et les règles de l'islam, en tous points une guerre sainte : la cinquième part du butin, « part de Dieu », allait aux orphelins, aux pauvres et aux voyageurs. Les armées ottomanes franchissent les Détroits vers 1350, s'établissent à Andrinople, défont les Serbes à Kossovo (1389) puis les princes et les chevaliers de la croisade de Sigismond de Hongrie à Nicopolis (1396). Pendant plus d'un siècle, elles allèrent de plus en plus loin à la chasse au butin et aux esclaves. En 1432, Bertrandon de La Broquière, conseiller du duc de Bourgogne et chargé de mission en Orient, par ailleurs tout à fait capable de s'entendre avec les Turcs au cours de son voyage en Anatolie, croise sur sa route, dans les Balkans, plus d'une troupe misérable de captifs menés par des guerriers au retour d'une razzia chez les chrétiens et prend alors conscience de la manière dont les Turcs traitent leurs prisonniers, tous voués à l'esclavage: « Je vis quinze hommes qui étaient attachés ensemble par de grosses chaînes par le cou et bien dix femmes, qui avaient été pris peu auparavant dans une course que les Turcs avaient faite dans le royaume de Bosnie et qu'ils conduisaient pour les vendre à Andrinople. Ces malheureux demandaient l'aumône aux portes de la ville; c'était une grande pitié que de voir les maux dont ils souffraient. » Ils prenaient les enfants pour les convertir de force et les initier très jeunes au métier des armes, les soumettre à un dur entraînement pour en faire ces janissaires, corps d'élite de leur armée. Partout où passaient leurs troupes ou leurs galères de combat ce n'étaient que rafles de prisonniers, butin de guerre. Et pas seulement en pays des « chiens de mécréants » : en 1517, entrant dans Le Caire, vainqueurs de l'empire mamelouk d'Egypte et de Syrie, empire musulman bien sûr, ils enlevèrent nombre de jeunes garçons imberbes et des esclaves noirs. A la même époque et jusqu'à leur retentissante défaite de Lépante (7 octobre 1571), où plus d'une centaine de leurs galères de combat furent envoyées par le fond ou prises d'assaut, les Turcs ne cessèrent de lancer chaque année vers l'Occident, Espagne et Italie surtout, de fortes escadres chargées de nombreuses pièces d'artillerie. Les sultans criaient leur détermination de prendre Rome et d'anéantir les Etats chrétiens, ceux du roi d'Espagne en premier. [7] Ils échouèrent et cet acharnement à poursuivre leurs attaques si loin de leurs bases du Bosphore et d'Asie n'eut pour eux d'autres profits que de ramener régulièrement des troupes d 'hommes et de femmes, de jeunes gens surtout, pris lors des sièges de villes pourtant puissamment fortifiées ou razziés au long des côtes. De telle sorte que cette guerre des sultans ottomans de Constantinople, de Sélim 1er et de Soliman le Magni-­‐
fique, s'est le plus souvent ramenée à de misérables et cruelles rafles d'hommes. Dans un des gros bourgs de la Riviera génoise, en 1531, un homme sur cinq se trouvait alors es-­‐
clave chez les Turcs. Dans Alger, où l'on ne comptait pas moins de six ou sept bagnes pour les chrétiens prisonniers, plusieurs centaines de captifs, peut-­‐être un millier, étaient entassés dans †‡• …‘†‹–‹‘• ±’‘—˜ƒ–ƒ„Ž‡•ǡ †ƒ• Ž‡ ’Ž—• ‰”ƒ† „ƒ‰‡ǡ •‹–—± ‡ ’Ž‡‹ …à—” †— –‹••—
urbain, sur le souk principal qui courait d'une porte à l'autre. C'était un vaste édifice de soixante-­‐dix pieds de long et quarante de large, ordonné autour d'une cour et d'une ci-­‐
terne. Au temps d'Hassan Pacha, dans les années 1540, deux mille hommes logeaient dans un bagne plus petit et, un peu plus tard, encore quatre cents dans celui dit « de la Bâ-­‐
tarde ». A Tunis, demeurée longtemps indépendante sous un roi maure, la conquête de la ville par les Turcs, en 1574, fit que l'on bâtit en toute hâte huit ou neuf bagnes qui suffi-­‐
rent à peine à y entasser les prises de guerre; les hommes s'y pressaient jusqu'à dix ou quinze dans des chambres minuscules, voûtées et sombres. Toute conquête s'accompagnait inévitablement, sur des territoires de plus en plus étendus, d'une chasse aux esclaves, bien souvent but principal de l'expédition. « Les Turcs, voisins des chrétiens, envahissent souvent les terres de ces derniers, non telle-­‐
ment par haine de la croix et de la foi, non pour s'emparer de l'or et de l'argent, mais pour faire la chasse aux hommes et les emmener en servitude. Lorsqu'ils envahissent à l'improviste des fermes, ils emportent non seulement les adultes mais encore les bébés non encore sevrés qu'ils trouvent abandonnés par leurs parents en fuite; ils les empor-­‐
tent dans des sacs, et les nourrissent avec grand soin. » Aux raids des Ottomans en Occident et en Afrique, répondaient, à la même époque, ceux des sultans musulmans du Deccan qui, pour la cour et les armées comme pour le service domestique, lançaient en Inde razzia sur razzia contre les Infidèles. Pendant son séjour à Delhi, Ibn Battuta assiste au retour d'une chasse: « Il était arrivé des captives indiennes non musulmanes. Le vizir m'en avait donné dix. J'en donnai une à celui qui me les avait amenées mais il ne l'accepta pas; mes compagnons en prirent trois jeunes et, quant aux autres, je ne sais ce qu'elles sont devenues. » Il lui fit aussi présent de plusieurs villages, dont les revenus s'élevaient à cinq mille dinars par an. Ces expéditions n'étaient pas des aventures menées seulement par quelques hommes mais bel et bien de vastes opérations qui mobilisaient de grands moyens que seuls les chefs de guerre, les sultans et les vizirs pouvaient réunir: les non-­‐
musulmans se retranchaient dans d'épaisses forêts de bambous « qui les protégeaient comme un rempart et d'où l'on ne pouvait les déloger qu'avec des troupes puissantes et des hommes qui peuvent entrer dans ces forêts et couper ces bambous avec des outils particuliers ». Ibidem, pp. 21-­‐24 6 [8] Les raids des musulmans: l'Egypte, le Maghreb et les oasis « Les janissaires et autres soldats turcs, en garnison au pays d'Egypte, s'associent en certain temps de l'année plusieurs ensemble et, prenant des guides et provisions de vivres, s'en vont au désert de Libye, à la chasse de ces nègres. On leur baille au Caire, lorsqu'ils sont mis en vente, une pièce de toile qui leur couvre les parties honteuses. » Au sud de la Nubie et à l'ouest de l'Ethiopie, le trafic des esclaves du Darfur, absolu-­‐
ment crucial pour l'économie des sultans musulmans, résultait soit des ventes par les trafiquants installés sur place, Arabes pour la plupart, qui ne pratiquaient que d'assez pauvres razzias sur les villages des environs, soit des raids directement placés sous l' autorité du sultan du Caire. Ces chasses aux hommes se pliaient à des règles parfaitement définies, impliquant des accords constants entre le pouvoir, les notables et les marchands. Celui qui prenait la tête d'une razzia, d'un ghazwa, devait d'abord solliciter la salatiya, autorisation du sul-­‐
tan. Celui-­‐ci définissait très exactement le territoire de chasse et prenait, en quelque sorte, les chasseurs et les négociants sous sa protection. Il prêtait une escorte armée et interdisait à d'autres d'aller courir aux Noirs dans les mêmes pays. Le chef de raid avait tous pouvoirs, disposait de la même autorité que le sultan dans ses villes et ses Etats et, effectivement, on le disait bien sultan al-­‐ghazwa, « sultan » maître du raid. Il réunissait ses fidèles, plus ou moins nombreux selon sa renommée, en fait selon le succès de ses entreprises les années précédentes, et négociait avec des groupes de marchands qui fournissaient les vivres nécessaires à de longs jours de route contre l'engagement de recevoir, en échange, un certain nombre de captifs. Chaque année le sultan autorisait plusieurs dizaines de razzias, jusqu'à soixante par-­‐
fois; les hommes partaient avant les pluies, de juin à août, et suivaient toujours, sans s'en éloigner, une route fixée à l'avance, tant pour l'aller que pour le retour. Les contrats souscrits par les négociants stipulaient que ceux qui accompagnaient le raid très loin dans le Sud et se chargeaient de convoyer les captifs jusque sur les marchés des villes en recevraient deux fois plus que ceux qui attendaient simplement le retour de la razzia dans le Nord. Ces raids ne tournaient pas forcément aux affrontements guerriers. On traitait avec des rabatteurs ou avec des chefs de tribus eux-­‐mêmes chasseurs d'hommes dans le voi-­‐
sinage. Les Noirs surpris n'étaient certainement pas en mesure de résister les armes à la main et l'on savait qu'une bonne expédition pouvait ramener de cinq à six cents es-­‐
claves. Le plus souvent les chasseurs opéraient, en toute quiétude, dans la région même du Darfur, plus particulièrement au sud et au sud-­‐ouest. D'autres se risquaient beaucoup plus loin et l'on parle d 'hommes qui demeurèrent six mois en route avant de renoncer, ayant atteint un fleuve qu'ils n'osèrent franchir. Ibidem, pp. 65-­‐66 7 Portugais, Américains et Juifs Parler de la traite des chrétiens et taire les musulmanes, ou les réduire à trop peu, était déjà travestir la vérité. Fallait-­‐il, de plus, pour cette traite atlantique, ne citer que les armateurs de France ou accessoirement d'Angleterre et ne rien dire des autres, no-­‐
[9] tamment des Portugais qui furent, et de très loin, les plus actifs sur place, solidement implantés, agents d'un commerce pionnier et maintenu en pleine activité bien plus long-­‐
temps ? Arrivés les premiers sur les côtes d'Afrique et sur les rives des fleuves, ils furent bien les seuls, avec les Américains, à s'établir à demeure dans les postes de traite à l'intérieur du continent, là où les Noirs étaient livrés sur le marché bien plus nombreux qu'ailleurs. Ces hommes n'étaient pas seulement capitaines de navires jetant l'ancre pour de courtes escales, le temps d'embarquer les esclaves que d'autres Noirs leur vendaient, mais des résidents, chefs d'entreprises florissantes, négriers au sol, propriétaires de fac-­‐
toreries, d'entrepôts et même de troupes de rabatteurs. -­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐ Peut-­‐on imaginer que les Américains se soient contentés de recevoir des navires d'Europe chargés de Noirs captifs? Ils furent, au contraire, parmi les plus actifs des armateurs et capitaines négriers. Leurs bâtiments de Maryland, de Georgie et de Caroline allaient régulièrement en Afrique, plus particulièrement sur la côte de Guinée qu'ils appelaient tout ordinairement la «Côte des esclaves». Ils avaient conclu des accords avec les rois de ce littoral et avec ceux du Togo qui en-­‐
voyaient leurs guerriers razzier à l'intérieur du continent et livraient leurs prisonniers à Anecho (actuellement à la frontière du Togo et du Dahomey), à Porto Novo et à Ouidah, sites portuaires fortifiés. Au temps le plus fort de la traite, au début du XVIIIe siècle, l'on comptait plus de cent vingt vaisseaux négriers, pour le plus grand nombre propriété de négociants et arma-­‐
teurs juifs de Charleston en Caroline du Sud et de Newport dans la baie de Chesapeake en Virginie (Moses Levy, Isaac Levy, Abraham AlI, Aaron Lopez, San Levey), ou de Portugais, juifs aus-­‐
si, établis en Amérique (David Gomez, Felix de Sou-­‐
za), qui, eux, avaient des parents au Brésil. A Charleston, une vingtaine d'établissements, nullement clandestins, distillaient un mauvais al-­‐
cool, principal produit proposé en Afrique pour la traite des Noirs esclaves. Certains négriers américains, et non des moindres, se sont, à la manière des Portugais et par-­‐
fois de concert avec, eux, solidement établis en Afrique, sur la côte et même à l'intérieur, gérant alors en toute franche propriété d'importants postes de traite, entrepôts et embarcadères pour les loin-­‐
tains voyages. Ce que n'ont fait ni les Anglais ni les Français. Ibidem, pp. 255, 258 http://www.denistouret.net/textes/Heers_Jacqu
es.html [10] L'esclavage musulman ŽǯŠ‡—”‡‘•–‡–ƒ–‹˜‡•†‡…—Ž’ƒ„‹Ž‹•ƒ–‹‘†‡Žǯ……‹†‡–•‡ˆ‘–†±Ži-­
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vendications communautaristes, elle est falsifiée pour introduire la seule critique de Žǯ……‹†‡–Ǥ‡’‘—˜ƒ–’ƒ•”‡’”‡†”‡–‘—–‡ŽǯŠ‹•–‘‹”‡†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǡŒ‡”ƒ’’‡ŽŽ‡”ƒ‹”ƒ’i-­‐
dement quelques données élémentaires. ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡•‡’‡”††ƒ•Žƒ—‹–†‡•–‡’•‡–Ž‡•‘‹”•ǯ‡‘–’ƒ•±–±Ž‡••‡—Ž‡•˜‹c-­‐
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vient du mot «Slave», les Slaves païens ont en effet fourni les contingents les plus nom-­‐
„”‡—š †ǯ‡•…Žƒ˜‡• ’‡†ƒ– Ž‡ Šƒ—– ‘›‡-­‐âge, vendus par les Vénitiens aux arabo-­‐
musulmans. Si esclavage et colonisation se sont rejoints aux XVIIe et XVIIIe dans le …‘‡”…‡–”‹ƒ‰—Žƒ‹”‡’”ƒ–‹“—±’ƒ”†‡•…‘‡”­ƒ–•ǡ‡–‘’ƒ”†‡•…‘Ž‘•ǡŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡
ǯ‡•–’ƒ•‹Š±”‡–Žƒ…‘Ž‘‹•ƒ–‹‘‘……‹†‡–ƒŽ‡ǡ‹Ž‡š‹•–ƒ‹–†‡•‹ŽŽ±ƒ‹”‡•ƒ˜ƒ–‡–‡šista ƒ’”°•Ǥ ‹‡ ƒ— …‘–”ƒ‹”‡ǡ Žƒ …‘Ž‘‹•ƒ–‹‘ ‡–”ƒÁƒ Žƒ †‹•’ƒ”‹–‹‘ †‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ †ƒ• Ž‡•
…‘Ž‘‹‡•Ǥ˜ƒ–²‡Žƒ…‘Ž‘‹•ƒ–‹‘†‡Žǯˆ”‹“—‡ǡŽ‡•—”‘’±‡•ƒ˜ƒ‹‡–ƒ‰‹’‘—”ˆƒ‹”‡
•—’’”‹‡”Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡—‹•‹‡ǣǼ’”°•Ž‡•–”‘‹•‘‹•†‡”°‰‡†‡•‘ˆrère Othman, le fils de Mohammed bey, Mahmoud bey (1914-­‐1824), se vit contraint par les puissances ‡—”‘’±‡‡•  •—’’”‹‡” Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǡ ƒŽ‰”± Žƒ ’‡”–—”„ƒ–‹‘ ±…‘‘‹“—‡ “—‡ †‡˜ƒ‹–
entraîner cette brusque mesure (1819).» . Lorsque les Français sont arrivés en Afrique †—‘”†‡–‡ˆ”‹“—‡‘‹”‡ƒ—‡•‹°…Ž‡ǡ‹Ž•‘––”‘—˜±†‡•‡•…Žƒ˜‡•Ǥǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡±–ƒ‹–
pratiqué par les Arabes et les noirs depuis des siècles. Les ethnies noires se réduisaient en esclavage entre elles et ce sont des chefs noirs qui par des razzias alimentaient les ±‰”‹‡”•‘……‹†‡–ƒ—šƒ—š‡‡–‡•‹°…Ž‡•ǡ…‡“—ǯ‘‘—„Ž‹‡–”‘’•‘—˜‡–†‡”ƒ’’e-­‐
ler. On estime que fin XVIIIe et au début du XIXe en Afrique noire, un quart des hommes avaient un statut d'esclave ou de travailleur forcé. C'étaient des prisonniers de guerre ou des prisonniers pour dettes. La guerre et les dettes étaient les sources traditionnelles où •ǯƒ’’”‘˜‹•‹‘ƒ‹‡– Ž‡• ƒ”…Šƒ†• †ǯ‡•…Žƒ˜‡•Ǥ ƒ‹•ǡ •‹ Ž‡• ……‹†‡–ƒ—š •—’’”‹°”‡–
Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǡ‹Ž•Žƒ‹••°”‡–Ž‡–”ƒ˜ƒ‹Žˆ‘”cé. Les Arabes réduisirent en esclavage pendant des siècles, non seulement des noirs, mais aussi des chrétiens par des razzias sur les côtes occidentales et la piraterie barba-­‐
resque: «Plus que des marchandises pillées, les Barbaresques tiraient profit des captifs. ‡Š”±–‹‡…‡••ƒ‹–†ǯ²–”‡—‹ˆ‹†°Ž‡“—ǯ‘ƒ””ƒ…Šƒ‹–•‘’ƒ›•’‘—”†‡˜‡‹”—‘„Œ‡–†‡
±‰‘…‡ǡ†‘–‘‡••ƒ›ƒ‹–†‡•‡†±„ƒ””ƒ••‡”Ž‡’Ž—•˜‹–‡‡–Ž‡’Ž—•…Š‡”’‘••‹„Ž‡ǤǽǤǯ±‰Ž‹•‡
…ƒ–Š‘Ž‹“—‡Ž‡•”ƒ…Š‡–ƒ’‡†ƒ–†‡••‹°…Ž‡•Ǥǯ‡•–…‡––‡’‹”ƒ–‡rie qui fut un le motif essen-­‐
–‹‡Ž†‡Žƒ…‘Ž‘‹•ƒ–‹‘†‡ŽǯŽ‰±”‹‡Ǥ Pour illustrer ces propos, je vous propose de lire un texte écrit par le général E. Dau-­‐
ƒ•‡–Ǥ†‡Šƒ…‡Žǡ’—„Ž‹±‡ͳͺͷ͸Ǥƒ’’‡Ž‘•“—ǯ…‡––‡±’‘“—‡ǡŽƒ”ƒ…‡ǯ‡•–’”é-­‐
sente en Afriqu‡“—‡•—”Ž‡Ž‹––‘”ƒŽƒŽ‰±”‹‡‡–“—ǯ…‡––‡†ƒ–‡‡ŽŽ‡ƒ˜ƒ‹–ƒ„‘Ž‹Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡
†‡’—‹•Š—‹–ƒ•ǡ‡ͳͺͶͺǤ‡ƒŠƒ”ƒǯ‡•–’ƒ•‡…‘”‡„‹‡‡š’Ž‘”±‡–‹Žǯ‡š‹•–ƒ‹–…‡––‡
date aucune colonie française en Afrique noire. Le général Daumas dont le but était de ”‡…—‡‹ŽŽ‹” †‡• ‹ˆ‘”ƒ–‹‘• •—” Ž‡• ’‡—’Ž‡• †— •—† •ƒŠƒ”‹‡ǡ •ǯ±–ƒ‹– ‹–”‘†—‹– †ƒ• —‡
caravane qui partait de Metlily, en Algérie, pour se diriger vers un royaume musulman †— •—† •ƒŠƒ”‹‡ǡ †— ‘ †ǯƒ‘—••ƒǡ ƒ›ƒ– ’‘—” …Š‡ˆ Ž‡ •—Ž–ƒ ‡ŽŽ‘— Ž‡ ‹…–‘”‹‡—š et [11] ’‘—”…ƒ’‹–ƒŽ‡ƒ…Š‡ƒǡŽ‡—”•Šƒ„‹–ƒ–•ƒ’’‡Ž±•Žǯ±’‘“—‡‘—ŽŽƒ‡•±–ƒ‹‡–ƒ”ƒ„‡•Ǥ‡•
caravanes trans-­‐•ƒŠƒ”‹‡‡•ˆ—”‡–Ž‡•’‘—”˜‘›‡—•‡•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•’‘—”Ž‡„ƒ••‹±†‹–‡r-­‐
ranéen et les Arabes du nord pendant des siècles. Les Foullanes avaient soumis tous les ”‘›ƒ—‡•‘‹”•±…Š‡Ž‘±••—”Ž‡•ˆŽ‡—˜‡•‹‰‡”‡–±±‰ƒŽǤ—Œ‘—”†ǯŠ—‹ǡ…‡”‘›ƒ—‡•‡
situerait sur la frontière entre le Niger et le Nigeria. Dans un passage de son livre, il rela-­‐
tait les informations sur les conditions et les préceptes régleme–ƒ–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡…Š‡œŽ‡•
—•—Žƒ•Ǥǯ‡•–…‡’ƒ••ƒ‰‡“—‡Œǯ‘ˆˆ”‡˜‘–”‡Ž‡…–—”‡ǤŽ•‡’Žƒ…‡†ƒ•Žǯ‡•’”‹–†‡•‰‡•
“—ǯ‹Žƒ……‘’ƒ‰‡‡–“—ǯ‹Ž”‡…‘–”‡ǡ‹Ž—–‹Ž‹•‡Ž‡’”‘‘Ǽ‘—•ǽ’‘—””‡’”±•‡–‡”‡ˆƒ‹–
les algériens de la caravane ou les habitants d‡ Žƒ ”±‰‹‘Ǥ ‡ ǯƒ‹ ’ƒ• ƒ…–—ƒŽ‹•±
Žǯ‘”–Š‘‰”ƒ’Š‡‡–Žǯƒ‹Žƒ‹••±‡–‡ŽŽ‡“—‡Ž‡‰±±”ƒŽƒ—ƒ•Žǯ—–‹Ž‹•ƒǣ Ǽ—…‡–”‡†‡Žƒ’Žƒ…‡±–ƒ‹–’‘•±’ƒ”–‡””‡—±‘”‡–ƒ„‘—”“—ǯ—˜‹‰‘—”‡—š°‰”‡
„ƒ––ƒ‹––‘—”†‡„”ƒ•ƒ˜‡…—„Ÿ–‘–ƒ’‘±ǤȋǥȌǯ‡•–Ž‡–ƒ„‘—”du sultan; jamais il ǯ‡•–„ƒ––—“—‡’‘—”…‘˜‘“—‡”Žǯƒ”±‡ǤȋǥȌ « Voici la volonté du serki : « Au nom du sultan Bellou le Victorieux, que la bénédiction de Dieu soit sur lui, vous tous, gens du Moutanin, êtes appelés à vous trouver ici demain au jour levant, en armes et montés, avec des provisions suffisantes pour aller, les uns dans le Zenfa , les autres dans le Zendeur , à la chasse des Koholanes idolâtres, ennemis du glorieux sultan notre maître. ȂQue Dieu les maudisse !» Ǽ‘—–…‡“—ǯ‘”†‘‡Ž‡•—Ž–ƒ‡•–„‘ǡ”±’‘†‹”‡–Ž‡••‘Ž†ƒ–•Ǣ“—ǯ‹Ž•‘‹–ˆƒ‹–•‡Ž‘Žƒ
volonté de notre seigneur et maître!» Le lendemain, en effet, les Mekhazenia , exacts au rendez-­‐vous, se partagèrent en †‡—š‰‘—•ǡ†‘–Žǯ—’”‹–Žǯ•–‡–Žǯƒ—–”‡ƒ—•—†-­‐ouest, avec mission de tomber sur les ’‘‹–••ƒ•†±ˆ‡•‡ǡ†ǯ‡‡Ž‡˜‡”Ž‡•Šƒ„‹–ƒ–•ǡ‡–†‡•ƒ‹•‹”–‘—•Ž‡•’ƒ›•ƒ•‘……—’±•Žƒ
culture de leurs champs; en même temps, des ordres étaient donnés pour traquer à Žǯ‹–±”‹‡—”Ž‡•‘Š‘Žƒ‡•‹†‘ŽŸ–”‡•ǤȋǥȌ En attendant le retour des ‰‘—•“—ǯƒ”ƒ˜ƒ‹–‡˜‘›±•Žƒ…Šƒ••‡ƒ—š°‰”‡•ǡ‘—•
nous rendions tous les jours au marché des esclaves, Barka, où nous achetâmes aux prix suivants: Un nègre avec sa barbe ǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǤ10 ou 15,000 Oudâas On ne les estime point comme marchandiseǡ ’ƒ”…‡ “—ǯ‘ ƒ ’‡— †‡ …Šƒ…‡ ’‘—” Ž‡•
‡’²…Š‡”†‡•ǯ±…Šƒ’’‡”Ǥ Une négresse faite, même prix pour les mêmes raisons ǥǥǥǥ..ǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǤ10 ou 15,000 Un Nègre adolescentǥǥǥǥǥǥ..ǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥ30,000 ‡Œ‡—‡±‰”‡••‡ǡŽ‡’”‹š˜ƒ”‹‡•‡Ž‘“—ǯ‡ŽŽ‡‡•–’Ž—•‘—‘‹•„‡ŽŽeǥǥǤ 50 à 60,000 ±‰”‹ŽŽ‘ǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥ.ǥǥǥǥǤǤǤͶͷǡͲͲͲ ‡±‰”‹ŽŽ‘‡ǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥǥ..ǥǥǥǥǥǥǥǤǤ͵ͷͶͲǡͲͲͲ ‡˜‡†‡—”†‘‡Žǯƒ…Š‡–‡—”Ž‡•’Ž—•‰”ƒ†‡•ˆƒ…‹Ž‹–±•’‘—”‡šƒ‹‡”Ž‡•‡•…Žƒ˜‡•ǡ‡–
Žǯ‘ƒ–”‘‹•Œ‘—”•’‘—”…‘•–ƒ–‡”Ž‡•…ƒ•”±†Š‹„‹–‘‹”‡•Ǥ’‡—–”‡†”‡ƒ˜ƒnt ce temps ex-­‐
piré: [12] Celui qui se coupe avec ses chevilles en marchant; Celui dont le cordon ombilical est trop exubérant; Celui qui a les yeux ou les dents en mauvais état; Celui qui se salit comme un enfant en dormant; La négresse qui a le même défaut ou qui ronfle; Celle ou celui qui a les cheveux courts ou entortillés (la plique). Ž ‡ ‡•– †ǯƒ‹ŽŽ‡—”• “—‡ ‘—• ǯƒ…Š‡–‘• Œƒƒ‹•ǡ …‡—šǡ ’ƒ” ‡š‡’Ž‡ “—‹ •‘– ƒ––ƒ“—±•
†ǯ—‡ƒŽƒ†‹‡•‹‰—Ž‹°”‡“—‡Žǯ‘ƒ’’‡ŽŽ‡•‡‰Š‡‘—. Ȃ ȋǥȌǤ ǯƒ…Š°–‡’ƒ•‘’Ž—•…‡—š“ui, étant âgés, ne sont pas circoncis; ‹…‡—š“—‹˜‹‡‡–†ǯ—’ƒ›••‹–—±ƒ—•—††‡‘—ˆ‹ǣ‹Ž•ǯ‘–Œƒƒ‹•ƒ‰±†‡•‡Žǡ‡–
ils résistent difficilement au changement obligé de régime; ‹ …‡—š †ǯ—‡ ‡•’°…‡ ’ƒ”–‹…—Ž‹°”‡ “—‹ ˜‹‡‡– †— •—† †‡ ƒ‘—ǣ ‹Ž• •ont anthropo-­‐
’Šƒ‰‡•ǤŽ‡•”‡…‘ƒÁ–Ž‡—”•†‡–•“—ǯ‹Ž•ƒ‹‰—‹•‡–‡–“—‹•‘–’‘‹–—‡•…‘‡…‡ŽŽ‡•
des chiens. Nous craindrions pour nos enfants.-­‐ ‹Ž•ƒ‰‡–†ǯƒ‹ŽŽ‡—”•ǡ•ƒ•”±’—‰ƒ…‡
les animaux morts de mort naturelle (djifa, charognes). ȂOn dit quǯ‹Ž• ‘—• –”ƒ‹–‡– †‡
païens, parce que nous ne voulons que les animaux saignés par la loi ; car disent-­‐ils, vous mangez ce que vous tuez, et vous refusez de manger ce que Dieu a tué. ‘—•ǯƒ…Š‡–‘•’ƒ•‘’Ž—•…‡—šƒ’’‡Ž±•ƒ„‹‡‡Žƒ‘—ŽǤŽ•’ƒ••‡–pour avoir la ’—‹••ƒ…‡†ǯƒ„•‘”„‡”Žƒ•ƒ–±†ǯ—Š‘‡‡Ž‡”‡‰ƒ”†ƒ–ǡ‡–†‡Ž‡ˆƒ‹”‡‘—”‹”†‡…‘n-­‐
somption. On les reconnaît à leurs cheveux tressés en deux longues nattes de chaque côté de la tête. ǯƒ…Šƒ– †‡• ‘—ŽŽƒ‡•ǡ †‡• ±‰”‡••‡• ‡…‡‹–‡• ‡– †‡• ègres juifs est sévèrement ’”‘Š‹„±’ƒ”‘”†”‡†—•—Ž–ƒǤǯƒ…Šƒ–†‡•‘—ŽŽƒ‡•ǡ’ƒ”…‡“—ǯ‹Ž••‡˜ƒ–‡–†ǯ²–”‡„Žƒ…•Ǣ
†‡• ±‰”‡••‡• ‡…‡‹–‡•ǡ ’ƒ”…‡ “—‡ Žǯ‡ˆƒ– “—‹ ƒÁ–”ƒ †ǯ‡ŽŽ‡• •‡”ƒ ’”‘’”‹±–± †— •—Ž–ƒǡ
•ǯ‹Ž ‡•– ‹†‘ŽŸ–”‡ǡ ‡– Ž‹„”‡ •ǯ‹Ž ‡•– —•—ŽƒǢ †‡s Nègres juifs, parce que tous sont bijou-­‐
tiers, tailleurs, artisans utiles ou courtiers indispensables pour les transactions commer-­‐
ciales; car sous la peau noire ou sous la peau blanche dans le Soudan , dans le Sahara, dans les villes du littoral, partout les juifs ont les mêmes instincts et le double génie des langues et du commerce. Pour éviter la fraude, une caravane ne sort point à Haoussa sans que les esclaves “—ǯ‡ŽŽ‡‡°‡ƒ‹‡–±–±ƒ––‡–‹˜‡‡–‡šƒ‹±•Ǣ‡–‹Ž‡‡•–†‡²‡‡…‘”‡ƒ‘—s-­‐
sa, à Damergou et à Aguedeuz, chez les Touareug, où Bellou a des oukils chargés des ²‡• •‘‹•Ǥ ‡ ƒ”…Šƒ† “—‹ …‘–”‡˜‹‡†”ƒ‹–  …‡• ‘”†”‡• •ǯ‡š’‘•‡”ƒ‹–  ˜‘‹” –‘—–‡•
ses marchandises confisquées. En un mot, les esclaves proviennent des ghazias [razzias] faites sur les Etats nègres voisins avec lesquels Haoussa est en guerre, et dans les montagnes du pays, où se sont ”‡–‹”±•Ž‡•‘Š‘Žƒ‡•“—‹ǯ‘–’ƒ• ˜‘—Ž— ”‡…‘ƒÁ–”‡Žƒ”‡Ž‹‰‹‘ —•—Žƒ‡Ǣ†‡• ‡Žè-­‐
vements de ceux qui, observant la religion nouvelle, paraissent ”‡‰”‡––‡” Žǯƒ…‹‡‡ǡ ‡–
sont hostiles au pouvoir ou commettent quelques fautes. ȋǥȌ [13] ‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡…Š‡œŽ‡•—•—Žƒ•Ǥ ƒŽ‘‹’‡”‡–Žƒ˜‡–‡†‡•‡•…Žƒ˜‡•ǡ’ƒ”…‡“—ǯ‡‰±±”ƒŽ‹Ž••‘–‹ˆ‹†°Ž‡•Ǥ «Dieu a dit: «Faites la guerre à ceux qui ne croient point en Dieu ni au jour du juge-­‐
ment.» Le Koran, chap. IX, verset 29. «Dites aux prisonniers qui sont entre vos mains; «Si Dieu voit la droiture dans vos …à—”•ǡ‹Ž˜‘—•’ƒ”†‘‡”ƒǡ…ƒ”‹Ž‡•–…Ž±‡–‡–‹•±”‹…‘”†‹‡—šǤǽ‡‘”ƒǡ…Šƒ’Ǥǡ˜‡r-­‐
set 70, Les docteurs ont toutefois diversement interprété cette parole du Koran. Les uns veu-­‐
Ž‡–“—‡Ž‡ƒÁ–”‡†ǯ—‹ˆ‹†°Ž‡‡Žǯ‘„Ž‹‰‡’‘‹–‡„”ƒ••‡”Žǯ‹•Žƒ‹•‡‡–Ž‡Žƒ‹••‡ƒ‰‹”
selon sa propre impulsion. ǯƒ—–”‡•ƒ—…‘–”ƒ‹”‡‘–†‹–ǣŽ‹’‘”–‡“—ǯ—ƒÁ–”‡‡•‡‹gne à son esclave les prin-­‐
…‹’‡•†‡Žƒ”‡Ž‹‰‹‘‡–Ž‡•†‡˜‘‹”•†‹…–±•’ƒ”‹‡—ƒ—šŠ‘‡•Ǣ‹Ž†‘‹–Žǯ‘„Ž‹‰‡”ƒ—Œ‡ð‡‡–
à la prière, et tendre par tous les moyens à le rendre incapable de nuire aux musulmans, dût-­‐il, pour atteindre ce but, employer la rigueur. ǯƒ—–”‡•‡ˆ‹ǡ‡–”‡…‡•†‡—š‘’‹‹‘•ǡ‡‘–‹•—‡–”‘‹•‹°‡ǣ Ǽƒ–“—ǯ—‡•…Žƒ˜‡‹ˆ‹†°Ž‡‡•–Œ‡—‡ǡ†‹•‡–-­‐ils, son maître est tenu de chercher à le convertir; plus tard, il peut le laisser libre de faire à son propre gré.» Il résulte de ces av‹•†‹˜‡”•“—ǯ——•—Žƒ †‘‹–ƒ‰‹”ƒ˜‡…•‘‡•…Žƒ˜‡•‡Ž‘“—‡•ƒ
…‘•…‹‡…‡ƒ’ƒ”Ž±Ǣƒ‹•‹Ž‡•–‡‹ŽŽ‡—”“—ǯ‹Ž‡••ƒ›‡†ǯ‡ˆƒ‹”‡—•‡”˜‹–‡—”†‡‹‡—Ǥ —” “—‘‹ –‘—• Ž‡• †‘…–‡—”• •‘– †ǯƒ……‘”†ǡ …ǯ‡•– “—‡ Žǯ‡•…Žƒ˜‡ —•—Žƒǡ ŸŽ‡ ‘— ˆe-­‐
melle, soit traité avec ménagement et même avec bonté. «Vêtissez vos esclaves de votre habillement et nourrissez-­‐les de vos aliments,» a dit le Prophète. Et nous lisons dans les hadites [hadiths] (conversations de Sidna-­‐Mohammed), que Žǯ‘ †‘‹– ˆ‘—”‹” …‘•…‹‡…‹‡—•‡‡–  Žǯ‡–”‡–‹‡ ‡–  Žƒ ‘—””‹–—”‡ †‡ Žǯ‡•…Žƒ˜‡ǡ †‡
²‡“—ǯ‹Ž‡ˆƒ—–’ƒ•Ž—‹‹’‘•‡”—‡–Ÿ…Š‡ƒ—-­‐dessus de ses forces. Sidi Khelil a écrit: «Si vous ne pouvez pas entretenir vos esclaves, vendez-­‐les.» Le chef du pays est chargé de veiller à cette règle, et de faire procéder à la vente des ‡•…Žƒ˜‡••‹Ž‡—”ƒÁ–”‡‡’‘—”˜‘‹–’ƒ•Ž‡—”•„‡•‘‹•†‡’”‡‹°”‡±…‡••‹–±‘—•ǯ‹ŽŽ‡•
ˆƒ‹––”ƒ˜ƒ‹ŽŽ‡”’Ž—•“—ǯ‹Ž‡Ž‡†‡˜”ƒ‹–Ǥ ƒŽ‡ǡ ‹–‡””‘‰± •—” …‡––‡ “—‡•–‹‘ǡ •ƒ˜‘‹”ǣ •‹ Žǯ‘ ’‡—– ˆ‘”…‡” — ‡•…Žƒ˜‡  ‘—†”‡
pendant la —‹–ƒ”±’‘†—ǣǼǯ‹Ž–”ƒ˜ƒ‹ŽŽ‡Ž‡Œ‘—”ǡ“—ǯ‹Ž•‡”‡’‘•‡’‡†ƒ–Žƒ—‹–ǡ‘‹•
“—‡Žǯ‘……—’ƒ–‹‘’”‡•…”‹–‡•‘‹–†‡’‡—†ǯ‹’‘”–ƒ…‡‡–†ǯƒ„•‘Ž—‡±…‡••‹–±Ǥǽ Ainsi un serviteur ne peut travailler la nuit entière auprès de son maître; on admet seulement q—ǯ‹ŽŽ—‹†‘‡†‡•˜²–‡‡–•±…‡••ƒ‹”‡•’‘—”Ž‡…‘—˜”‹”ǡ†‡Žǯ‡ƒ—’‘—”„‘‹”‡ǡ
“—ǯ‹ŽŽ—‹”‡†‡‡ˆ‹†‡…‡••‡”˜‹…‡•“—‹ǡ•‡”±‹–±”ƒ–’‡—•‘—˜‡–ǡ’‡”‡––‡–Ž‡”‡’‘•Ǣ‡–
•ǯ‹Ž‡•–”‡…‘—“—ǯ—‡•…Žƒ˜‡ƒ‹–•‘—ˆˆ‡”–†‡Žƒˆƒ‹‘—†‡Žǯ‡š…°•†‡–”ƒ˜ƒ‹Žǡ‹Žest vendu même malgré son maître. Abou Messaoul a laissé ces paroles : Ǽǯƒ‹ˆ”ƒ’’±‘‡•…Žƒ˜‡‡–Œǯƒ‹‡–‡†——‡˜‘‹š…”‹‡”ƒ—••‹–Ø–ǣǼ‹‡—‡•–’Ž—•’—‹s-­‐
sant vis-­‐à-­‐˜‹•†‡–‘‹“—‡–—‡Žǯ‡•˜‹•-­‐à-­‐˜‹•†‡–‘•‡”˜‹–‡—”ǨǼ‡‡•—‹•”‡–‘—”±ǡŒǯƒ‹”e-­‐
[14] connu le Prophète et je me suis écrié: «Mon esclave est dès à présent affranchi pour Žǯƒ‘—”†‡‹‡—Ǥǽ –‘Šƒ‡†ǯƒ”±’‘†—ǣǼ‹–—ǯƒ˜ƒ‹•’ƒ•ƒ‰‹ƒ‹•‹ǡŽ‡ˆ‡—–ǯƒ—”ƒ‹–†±˜‘”±Ǥǽ Selon Ibn Omar, un homme vint un jour auprès du Prophète en lui disant: «Combien †‡ˆ‘‹•ǯƒ‹-­‐je pas pardonné à mon esclave!». Mais Mohammed ne lui répondit point. Et deux fois encore cet homme répéta la même plainte sans obtenir un mot de blâme ou de …‘•‡‹ŽǤ Žƒ “—ƒ–”‹°‡ ˆ‘‹• ‡ˆ‹ǡ Žǯ‡˜‘›± †‡ ‹‡— •ǯ±…”‹ƒǣ Ǽƒ”†‘‡  –‘ ‡•…Žave soixante-­‐dix fois par jour, si tu veux mériter la bonté divine.» En souvenir de ces enseignements, les docteurs musulmans se sont appliqués à régir par des lois équitables tout ce qui concerne les esclaves et à leur assurer une constante protection. La ±…Šƒ…‡–±ǡŽǯƒ˜ƒ”‹…‡ǡŽƒ†±„ƒ—…Š‡ ‡–Žƒ’ƒ—˜”‡–± ²‡†‡ Ž‡—”•ƒÁ–”‡• ‡’‡u-­‐
vent rien contre eux. ‡•ˆ‘”‡•†‡˜‡–‡‡–†ǯƒ…Šƒ–•‘–†±ˆ‹‹‡•Ǥ Un bien-­‐être au moins suffisant leur est assuré. Leurs mariages et leurs divorces sont réglementés. Les modes †ǯƒˆˆ”ƒ…Š‹••‡‡–‘„”‡—šǡŽ‡•’”‘‡••‡•†ǯƒˆˆ”ƒ…Š‹••‡‡– •ƒ…”±‡•ǡ
‡–Žǯƒˆˆ”ƒ…Š‹ǡ•‡ˆ‘††ƒ•Žƒ’‘’—Žƒ–‹‘ˆ”ƒ…Š‡•ƒ•“—‡•‘‘”‹‰‹‡•‘‹–Œƒƒ‹•’‘—”Ž—‹
—•—Œ‡–†ǯŠ—‹Ž‹ƒ–‹‘Ǥ ƒ ±‰”‡••‡ǡ “—‡ •‘ ƒÁ–”‡ ƒ ˆƒ‹– °”‡ǡ ’”‡† Ž‡ –‹–”‡ †ǯ‘— ‡Ž-­‐ouled (la mère de Žǯ‡ˆƒ–Ȍ‡–Œ‘—‹–†‡–‘—•Ž‡•±‰ƒ”†•†—•ƒ—šˆ‡‡•Ž±‰‹–‹‡•Ǥ‘ˆ‹Ž•ǯ‡•–’‘‹–„Ÿ–ƒ”†ǡ
ƒ‹• Žǯ±‰ƒŽ †‡ •‡• †‡‹-­‐frères; il hérite comme eux, comme eux appartient à la tente: aussi ne voit-­‐on pas de mulâtres esclaves.  ”ƒ…‘–‡ “—ǯ— Œour un musulman ayant dit devant Abou Bekr et Abdallah Ibn ƒ”ǣǼ‡…‘’ƒ”‡†‡•—Ž‡–•Ž‡•‡ˆƒ–•†ǯ—‡±‰”‡••‡‡–†ǯ—Š‘‡†‡”ƒ…‡ǣŽ‡—”
°”‡‡•–—‡Œ—‡–‡–Ž‡—”’°”‡—Ÿ‡Ǣǯƒ›‡œ’‘‹–…‘ˆ‹ƒ…‡‡‡—šǤ -­‐‘—• •‘‡• …‡”–ƒ‹•ǡ …ƒ” ‘—• Žǯƒ˜‘• vu, lui répondirent ses auditeurs, que ces gens-­‐là sont au combat aussi courageux sur leurs chevaux que les enfants de race pure. ‡†‹–‡•†‘…Œƒƒ‹•ǣ—–‡Ž‡•–—ˆ‹Ž•†ǯ—‡±‰”‡••‡ǡ‡–…‡Ž—‹-­‐Ž†ǯ—‡ˆ‡‡†‡”ƒ…‡ǢŽ‡
champ de bataille, voilà ce qui doit les faire juger.» Enfin, chez tous les hommes craignant Dieu, les esclaves font à certains égards partie †‡Žƒˆƒ‹ŽŽ‡Ǣ‡–Žǯ‘‡˜‘‹–•‘—˜‡–“—‹”‡ˆ—•‡–†ǯ²–”‡ƒˆˆ”ƒ…Š‹•ǡ…‘‡Ž‡ˆ‹–…‡Ž—‹†‡
notre seigneur Mohammed. ǯ±–ƒ‹–—Œ‡—‡°‰”‡“—‹ƒvait été donné à Khedija, la femme du Prophète, et dont ‡ŽŽ‡ ƒ˜ƒ‹– ˆƒ‹– ’”±•‡–  •‘ ƒ”‹Ǥ Ž •‡ ‘ƒ‹– ‡Ã† „ ƒ”‡–Ǥ ‘ ’°”‡ǡ Žǯƒ”‰‡–  Žƒ
ƒ‹ǡ˜‹–—Œ‘—”’‘—”Ž‡”ƒ…Š‡–‡”ǤǼ‹–‘ˆ‹Ž•˜‡—––‡•—‹˜”‡ǡŒǯ›…‘•‡•ǡ†‹–‘Šƒ‡†ǡ
emmène-­‐le.» Mais Žǯ‡ˆƒ–ǡ …‘•—Ž–±ǡ ”±’‘†‹–ǣ Ǽ‘ ’°”‡ǡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ƒ˜‡… Ž‡ ”‘’Š°–‡
˜ƒ—–‹‡—š“—‡ŽƒŽ‹„‡”–±ƒ˜‡…˜‘—•ǤǽǤ‡––‡”±’‘•‡±—–Žǯ‡˜‘›±†‡‹‡—ǡ“—‹ǡ‡˜‘u-­‐
lant pas rester en générosité au-­‐†‡••‘—•†ǯ—‡•…Žƒ˜‡ǡŽǯƒˆˆ”ƒ…Š‹–‡–Ž‡ƒ”‹ƒǤ Votre religion, à ˜‘—•…Š”±–‹‡•ǡ˜‘—•†±ˆ‡††ǯƒ˜‘‹”†‡•‡•…Žƒ˜‡•ǡŒ‡Žǯƒ‹‡–‡†—†‹”‡
Ž‰‡”ǡ‡–ǡ‡‡ˆˆ‡–ǡŒ‡‡˜‘—•‡˜‘‹•’ƒ•Ǥƒ…Š‡ƒǡ‘ǯƒ˜ƒ‹–ƒ••—”±…‡’‡†ƒ–“—‡Ž‡•
”‘‹•°‰”‡•†—•—††—‹‰‡”‡–†‡•„‘”†•†‡Žƒ‰”ƒ†‡‡”ǡŽǯ—‡•–ǡ˜‘—•‡˜‡†ƒ‹‡–
de pleins vaisseaux. On ajoutait, il est vrai, que le commerce avait à peu près cessé de-­‐
[15] puis quelques années, et que le sort des Nègres enlevés dans les guerres en était devenu „‡ƒ—…‘—’’Ž—•”‹‰‘—”‡—šǤ‘”•“—ǯ‹Ž•’‘—˜ƒ‹‡–˜‡†”‡Ž‡—”•’”‹•‘‹‡”•ǡŽ‡•”‘‹•Žes en-­‐
‰”ƒ‹••ƒ‹‡–ǡ‡’”‡ƒ‹‡–•‘‹‡–Ž‡•ˆƒ‹•ƒ‹‡–’‡—–”ƒ˜ƒ‹ŽŽ‡”Ǣ’”±•‡–ǡǯ‡•ƒ…Šƒ–“—‡
faire, ils les égorgent par milliers pour ne pas les nourrir, ou les parquent près de leurs cases, enchaînés, sans vêtements, sans un grain de maïs, en attenda–Ž‡—”Œ‘—”Ǥǯ‹Ž•Ž‡•
ˆ‘––”ƒ˜ƒ‹ŽŽ‡”ǡ…ǯ‡•–…‘—’•†‡„Ÿ–‘ǡ…ƒ”Ž‡•ƒŽŠ‡—”‡—š•‘––”‘’ˆƒ‹„Ž‡•ǡ‡˜‹˜ƒ–“—‡
†‡ ”ƒ…‹‡•ǡ †ǯŠ‡”„‡• ‘— †‡ ˆ‡—‹ŽŽ‡• †ǯƒ”„”‡•ǡ ’‘—” ˆƒ‹”‡ — „‘ •‡”˜‹…‡Ǥ Ž ‡ •‡”ƒ •ƒ•
†‘—–‡ƒ‹•‹Œ—•“—ǯ…‡“—‡–‘—–Ž‡’ƒ›••‡•‘‹–ˆƒit musulman. Que Dieu allonge assez mon ‡š‹•–‡…‡’‘—”“—‡Œǯ‡•‘‹•–±‘‹Ǩ Ž˜‘—•”±’—‰‡†ǯƒ˜‘‹”†‡•‡•…Žƒ˜‡•ǫƒ‹•“—‡‘••‡”˜‹–‡—”••‘‹‡–‘–”‡’”‘’”‹±–±
‡–“—‡Ž‡•˜Ø–”‡••‘‹‡–Ž‹„”‡•ǡ‡–”‡‡—šŽ‡‘•‡—Ž‡•–…Šƒ‰±Ǥ—ǯ—†‘‡•–‹“—‡…Š”é-­‐
tien a‹–Ž‡†”‘‹–†‡…Šƒ‰‡”†‡ƒÁ–”‡•‹„‘Ž—‹•‡„Ž‡ǡ‹Žǯ‡•‡”ƒ’ƒ•‘‹•’‘—”–‘—–‡
sa vie domestique, et par conséquent, esclave, moins le nom. Quand nos Nègres sont ˜‹‡—šǡ‘—•Ž‡•ƒˆˆ”ƒ…Š‹••‘•Ǣ‹Ž••‘–‡…‘”‡†‡‘—•ǡ†‡‘–”‡–‡–‡Ǣ“—ƒ†ŽǯŸ‰‡ƒpris ˜‘••‡”˜‹–‡—”•ǡ“—ǯ‡ˆƒ‹–‡•-­‐˜‘—•ǫ‡ǯ‡˜‘‹•’ƒ•—•‡—Ž„ƒ”„‡„Žƒ…Š‡Ǥ Chez vous, la femme du mariage a mépris pour la femme servante à qui son maître a †‘±—‡ˆƒ–Ǥ‘—”˜‹˜”‡ǡ‹Žˆƒ—–“—ǯ‡ŽŽ‡‡†‹•‡Œƒƒ‹•‘ǤŠ‡œ‘—•ǡ‡ŽŽ‡‡•–‘—‡Ž-­‐
ouled; elle a son logement; son fils est honoré; tous les deux sont de la famille. Ǽ‘—•²–‡•–”‘’‘”‰—‡‹ŽŽ‡—šǡ‡–˜‘—•ǯ²–‡•’ƒ•ƒ••‡œ†‹‰‡•Ǥǽ Pour tous les vrais musulmans, Bou Houira a posé cette sentence: «Ne dites jamais: mon esclave, car nous sommes tous les esclaves de Dieu, dites: mon serviteur ou ma servante.» (fin de citation). ‡––‡ Ž‘‰—‡ …‹–ƒ–‹‘ ±…Žƒ‹”‡ Ž‡• ’”‹…‹’‡• “—‹ ”±‰‹••‡– ‡– Œ—•–‹ˆ‹‡– Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ …Š‡œ
les musulmans. Ceux-­‐…‹•‘––‘—Œ‘—”•ƒ…–—‡Ž•’—‹•“—ǯ‹Ž•’”‘˜‹‡‡–†—‘”ƒ‡–des Ha-­‐
†‹–Š•ǡ …ǯ‡•–-­‐à-­‐†‹”‡ “—‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ”±•—Ž–‡ †‡ Žƒ ˜‘Ž‘–± †‡ ‹‡—ǣ Ǽ—‡ …‡—š “—‹ ‘– ±–±
favorisés ne reversent pas ce qui leur a été accordé à leurs esclaves, au point que ceux-­‐ci deviennent leurs égaux. ȂNieront-­‐ils les bienfaits de Dieu?» sourate XVI, verset 71 ; «Ne forcez pas vos femmes esclaves à se prostituer pour vous procurer les biens de la vie de …‡ ‘†‡ǡ ƒŽ‘”• “—ǯ‡ŽŽ‡• ˜‘—†”ƒ‹‡– ”‡•–‡” Š‘²–‡•Ǥ ƒ‹• •‹ “—‡Ž“—ǯ— Ž‡• › …‘–”ƒi-­‐
‰ƒ‹–ǥ —ƒ† ‡ŽŽ‡• ‘– ±–± …‘–”ƒ‹–‡•ǡ ‹‡— ‡•– …‡Ž—‹ “—‹ ’ƒ”donne, il est miséricor-­‐
dieux.» sourate XXIV, verset 33. ǯ‹•Žƒ‡•–†‘…—‡‹†±‘Ž‘‰‹‡’‘Ž‹–‹…‘-­‐”‡Ž‹‰‹‡—•‡‡•…Žƒ˜ƒ‰‹•–‡Ǥǯƒ‹ŽŽ‡—”•Ž‡•”‡Žƒ–‹‘•
sexuelles entre le maître et ses femmes esclaves sont les seules relations sexuelles hors mariage acceptées pƒ” Ž‡ ‘”ƒǣ Ǽ Žǯ‡š…‡’–‹‘ †‡• Š‘‡• …Šƒ•–‡• “—‹ ǯ‘– †‡ ”ƒp-­‐
’‘”–•“—ǯƒ˜‡…Ž‡—”•±’‘—•‡•‡–ƒ˜‡…Ž‡—”•…ƒ’–‹˜‡•†‡‰—‡””‡Ǣ -­‐ils ne sont donc pas blâ-­‐
ƒ„Ž‡•ǡ –ƒ†‹• “—‡ …‡—š “—‹ ‡ …‘˜‘‹–‡– †ǯƒ—–”‡• •‘– –”ƒ•‰”‡••‡—”•ǽǡ •‘—”ƒ–‡ ǡ
verset 29-­‐31. Grâce aux pressions internationales, les pays arabo-­‐musulmans à connaître encore Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†—”‡–Žǯƒ„ƒ†‘‡”ǡƒ‹•‹Žǯ”ƒ„‹‡ƒ‘—†‹–‡ǡ–”°•‡ƒ˜ƒ…‡•—”Ž‡•†”‘‹–•†‡
ŽǯŠ‘‡ǡ…‘‡…Šƒ…—•ƒ‹–ǡƒ„‘Ž‹–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡ͳͻ͸ʹǨ—‹’‡•‡Ž‡Ž—‹”‡’”‘…Š‡”ǫ Puis“—ǯ‹Ž ‡•– †‡ƒ†±  Žƒ ”ƒ…‡ †‡ •‡ ”‡’‡–‹”ǡ ‹Ž •‡”ƒ‹– ‘”ƒŽ “—‡ …‡ •‘‹– ”±…i-­‐
proque et élargi à tous les acteurs esclavagistes. Je propose donc que la France demande  ŽǯŽ‰±”‹‡ †‡ •‡ ”‡’‡–‹” ’‘—” –‘—• Ž‡• Š”±–‹‡• “—‡ •‡• „ƒ”„ƒ”‡•“—‡• ‘– ”±†—‹–• ‡
e•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥ—‡ƒŠ†‹„†—Žƒœ‹œŽƒ‘—†ǡ”‘‹†ǯ”ƒ„‹‡ƒ‘—†‹–‡•‡”‡’‡–‡‘ˆˆ‹…‹‡ŽŽe-­‐
‡–’ƒ”…‡“—‡•‘”‘›ƒ—‡ǯƒƒ„‘Ž‹Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡“—ǯ‡ͳͻ͸ʹǤ [16] Mais il y a pire et le silence sur cette situation est assourdissant! Aujourd'hui, 12.3 millions de personnes sont victimes du travail forcé dans les pays en voie de dévelop-­‐
pement. C'est l'estimation faite par le Bureau International du Travail (B.I.T.) dans un rapport publié au mois de mai 2005. Il y a encore pire: après la décolonisation, Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ”‡˜‹– †ƒs certains pays africains. La République Islamique de Mauritanie •ǯ‹ŽŽ—•–”‡ †ƒ• …‡––‡ …ƒ–±‰‘”‹‡Ǥ ‘—• Ž‡• ’”‡••‹‘• ‹–‡”ƒ–‹‘ƒŽ‡•ǡ …‡ ’ƒ›• ƒ ƒ„‘Ž‹
Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ‡ǥǤͳͻͺͳǨ ƒ‹• Ž‡• †±…”‡–• †ǯƒ’’Ž‹…ƒ–‹‘ ‡ ˆ—”‡– Œƒƒ‹• ’”‘—Ž‰—±•Ǩ u-­‐
Œ‘—”†ǯŠ—‹ǡŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ existe donc toujours dans ce pays! Quel intellectuel ou homme po-­‐
Ž‹–‹“—‡ ˆ”ƒ­ƒ‹• ‘•‡ †‡ƒ†‡” †‡• …‘’–‡•  Ǥ ƒƒ‘—›ƒ —Ž† ‹†ǯŠ‡† ƒ›ƒǡ ’”±•i-­‐
dent de la République Islamique de Mauritanie? Personne! Est-­‐ce que Madame Taubira †‡ƒ†‡  …‡“—ǯ‹Ž•‘‹– –”ƒduit devant une cours de justice internationale pour «crime …‘–”‡ŽǯŠ—ƒ‹–±ǽǫƒ•†—–‘—–ǨƒŽ‘‹‡‡…‘†ƒƒ–“—‡Ž‡•‡—Ž‡•…Žƒ˜ƒ‰‡’”ƒ–‹“—±
’ƒ”Ž‡• ……‹†‡–ƒ—šƒŽ‘”•“—ǯ‹Žǯ‡š‹•–‡ ’Ž—•†‡’—‹•’Ž—•†‡ ͳͷͲƒ•ǡŽ±‰‹–‹‡‹’Ž‹…‹–e-­‐
‡–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ƒ”ƒbo-­‐musulman qui existe toujours en Afrique, la loi Taubira de 2001 est, par conséquent, une loi anti-­‐humanitariste et parfaitement scandaleuse. ‘—– …‡…‹ †±‘–”‡ “—‡ Ž‡• …ƒ’ƒ‰‡• †‡ ˆƒŽ•‹ˆ‹…ƒ–‹‘• Š‹•–‘”‹“—‡• •—” Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǡ
lancées par certains communa—–ƒ”‹•–‡• ǯ‘– ’ƒ• ’‘—” ‘„Œ‡…–‹ˆ Žƒ Ž—––‡ …‘–”‡
Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‹•‡ǡƒ‹•†ǯƒ••‡‘‹”Ž‡—”•”‡˜‡†‹…ƒ–‹‘•…‘—ƒ—–ƒ‹”‡•ǡ„”‹•ƒ–—’‡—’Ž—•
Žƒ…‹–‘›‡‡–±ˆ”ƒ­ƒ‹•‡Ǥǯ‘„Œ‡…–‹ˆ”‡•–‡‡†±ˆ‹‹–‹˜‡–‘—Œ‘—”•Ž‡²‡ǣ•ƒŽ‹”Žƒ…‹˜‹Ž‹•a-­‐
tion occidentale pour mieux la soumettre. Louis Chagnon pour Libertyvox. Notes: 1 Charles-­‐†”± —Ž‹‡ǡ ‹•–‘‹”‡ †‡ Žǯˆ”‹“—‡ †— ‘”†ǡ †‡ Žƒ …‘“—²–‡ ƒ”ƒ„‡  ͳͺ͵Ͳǡ
Paris, Payot, 1978, t. II p. 301. 2 Charles-­‐†”± —Ž‹‡ǡ ‹•–‘‹”‡ †‡ Žǯˆ”‹“—‡ †— ‘”†ǡ †‡ Žƒ …‘“—²–‡ ƒ”ƒ„‡  ͳͺ͵Ͳǡ Paris, Payot, 1978, t. II p. 279. 3 Le général E. Daumas et A. de Chancel, Le grand désert du Sahara au pays des Nègres, Paris, Michel Lévy, libraires-­‐éditeurs, 1856. Ͷ—Œ‘—”†ǯŠ—‹‘”–Š‘‰”ƒ’Š‹±‡ƒ–•‹ƒǤ 5 De Kachena. 6 Mohammed Omar, calife responsable de la région vis-­‐vis du sultan. ͹—Œ‘—”†ǯŠ—‹ǡŽƒ”±‰‹‘•‹–—±‡‡–”‡
—•ƒ—‡–ƒ‘ƒ—‹‰‡”‹ƒǤ ͺ—Œ‘—”†ǯŠ—‹ǡŽƒ”±‰‹‘†‡‹†‡”ƒ—‹‰‡”Ǥ 9 Membres des tribus Makhzen traditionnellement chargés de la police et de prélever les impôts. 10 Un goum est une troupe de cavaliers. 11 Ethnie noire animiste. ͳʹŽˆƒ—–’”‡†”‡…‡––‡‡š’”‡••‹‘…‘‡—‡•‹’Ž‡ˆ‹‰—”‡†‡•–›Ž‡ƒˆ‹†ǯ‹–”‘†—‹”‡
Ž‡–ƒ”‹ˆ†‡•†‹ˆˆ±”‡–•–›’‡•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•Ǥ 13 Coquillages du Niger servant de monnaie. 14 Maladie tropicale. [17] 15 La viande hallal. 16 A cette époque on appelait Soudan tout le sud du Sahara. 17 Hadith. 18 Les citations du Coran sont tirées de la traduction de Denise Masson publiée dans la Pléiade. http://www.libertyvox.com/article.php?id=149
[18] Esclaves en ter re d'islam
F rédéric V alloire, le 21-03-2008
Ils furent deux fois plus nombreux que les esclaves des traites atlantiques. Ils ˜‡ƒ‹‡–•—”–‘—–†ǯ—”‘’‡‡–†ǯˆ”‹“—‡Ǥǯ±ƒ…‹’ƒ–‹‘†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ƒ—”ƒ’”‹•—
•‹°…Ž‡‡–†‡‹ǤŽŽ‡ǯ‡•–’ƒ•ƒ…Š‡˜±‡Ǥ –‘ƒ–”‡–‘—”†‡•…Š‘•‡•ǣŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǡŽƒ–”ƒ‹–‡±‰”‹°”‡‡…‘…‡”ƒ‹‡–Œ—•“—ǯƒŽ‘”•
“—‡ Žǯ……‹†‡– ‡– •‡• ”‡’‡–ƒ…‡•Ǥ  ƒ˜ƒ‹– ±‰Ž‹‰±ǡ •…‹‡‡– ‘— ’ƒ•ǡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ‡
–‡””‡†ǯ•ŽƒǤǯ‡•–ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹—’Š±‘°‡†‡Ž‹„”ƒ‹”‹‡Ǥ‘’‘—”†‹•…—Ž’‡”Ž‡•ƒ…–‹˜i-­‐
tés européennes, mais pour explorer un champ historique sous-­‐estimé. Il y a quinze ans, le grand islamologue Bernard Lewis notait Ǽ“—ǯ‡–‡””‡†ǯ‹•ŽƒǡŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡”‡•–‡—•—Œ‡–
à la fois obscur et hypersensible »Ǥ‡•’‹‘‹‡”•Žǯƒ˜ƒ‹‡–†±ˆ”‹…Š±ǣƒ…“—‡•‡‡”•ǡ†ƒ•
Ž‡•±‰”‹‡”•‡–‡””‡•†ǯ‹•Žƒ,Olivier Pétré-­‐ Grenouilleau avec Traites négrières,qui envi-­‐
sageait pour la première fois le phénomène dans sa globalité, Robert C.Davies, avec Es-­
claves chrétiens,Maîtres musulmans, “—‹±–—†‹ƒ‹–Ž‡–”ƒˆ‹…†ǯ‡•…Žƒ˜‡•„Žƒ…•‡±†‹–‡””a-­‐
±‡ǣͳǡʹͷ‹ŽŽ‹‘•†ǯ—”‘’±‡•†‡Žǯ—‡•–asservis du Maroc à la Libye de 1530 à 1780 ! ƒ‘—˜‡ƒ—–±˜‹‡–†±•‘”ƒ‹•†‡•ƒ—–‡—”•‡–†‡Žǯƒ”–‹…—Žƒ–‹‘‡–”‡”‡Ž‹‰‹‘‡–‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥ ‡• ƒ—–‡—”• ǫ Ž• •‘– ƒ”‘…ƒ‹• …‘‡ ‘Šƒ‡† ƒŒ‹ǡ ’”‘ˆ‡••‡—”  Žǯ—‹˜‡”•‹–±
Mohamed-­‐ †‡ ƒ„ƒ–ǡ †ǯ‘”‹‰‹‡ •±±‰ƒŽƒ‹•‡ …‘‡ ‹†‹ƒ‡ ǯ‹ƒ›‡ǡƒ–Š”‘’‘Ž‘‰—‡ ‡–
…ƒ†”‡  Žǯ•‡‡ǡ ‘— ±  ‹†ƒ …‘‡ ƒŽ‡ Š‡„‡Ž ƒ–Š”‘’‘Ž‘‰—‡ ˆ”ƒ…‘-­‐algérien. ǯƒ”–‹…—Žƒ–‹‘‡–”‡”‡Ž‹‰‹‘‡–‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǫǯ‡•–…‡“—ǯ‡šƒ‹‡–
—‹ŽŽƒ—‡‡”˜‹‡—š‡–
Malek Chebel. Cette articulation constitue un fait nouveau. Avant le christianisme et Žǯ‹•Žƒǡ Žƒ •±’ƒ”ƒ–‹‘ ‡–”‡ Ž‡ ƒÁ–”‡ ‡– Žǯ‡•…Žƒ˜‡ •‡ ˆ‘†‡ •—” — …”‹–°”‡ Œ—”‹†‹“—‡ ǣ Ž‡
’”‡‹‡”‡•–Ž‹„”‡ǡŽ‡•‡…‘†ȋ“—‡ŽŽ‡“—‡•‘‹–•‘‘”‹‰‹‡Ȍ‡•–’”‹˜±†‡Ž‹„‡”–±ǡ†ǯ‹†‡–‹–±ǡ
de famille, de cité et appartient à un individu ou à une collectivité.Personne ne songe à •—’’”‹‡”Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǡ›…‘’”‹•Ž‡•‡•…Žƒ˜‡•”±˜‘Ž–±•–‡ŽŽ‡ˆƒ‡—š’ƒ”–ƒ…—•Ǥƒ‹•“—‡
se passe-­‐t-­‐il si celui qui est réduit en esclavage est de la même religion que son maître ? La Bible ne l‡…‘†ƒ‡’ƒ•ǢŽ‡Œ—†ƒÃ•‡ƒ–‹“—‡‡Žǯƒ„‘Ž‹–’ƒ•Žǯ‡š…‡’–‹‘†‡…‡r-­‐
taines sectes, celle des thérapeutes, celle des esséniens, considérées comme des com-­‐
munautés exotiques, en marge de la société normale. Cependant, la Bible formule une distinction th鑔‹“—‡‡–”‡Žǯ‡•…Žƒ˜‡Š±„”‡—ǡ“—‹‡’‡—–²–”‡˜‡†——’‡—’Ž‡±–”ƒn-­‐
‰‡”ǡ“—‹‡’‡—–†‡‡—”‡”’Ž—•†‡•‹šƒ±‡•‡•…Žƒ˜‡ȋ•ƒ—ˆ•ǯ‹ŽŽ‡†‡ƒ†‡‡–†ƒ•…‡…ƒ•
‘Ž—‹’‡”…‡ Žǯ‘”‡‹ŽŽ‡Ȍ‡–“—‡Žǯ‘ ‡’‡—– ‹•±’ƒ”‡”†‡• •‹‡• ‹„”—–ƒŽ‹•‡”ǡ ‡–Žǯ‡•…Žƒ˜‡
non juif, provenant des peuples qui entourent Israël, esclave à vie, soumis à la loi mo-­‐
saïque (il ne peut être tué ou estropié) et qui bénéficie du repos du septième jour. ‡—š‘”‹‰‹ƒŽ‹–±•†ƒ•Ž‡‘†‡ƒ–‹“—‡ǣŽǯ‡•…Žƒ˜‡ˆ—‰‹–‹ˆǯ‡•–’ƒ•Ž‹˜”±•‘ƒÁ–re, ƒ‹• Šƒ„‹–‡ …Š‡œ…‡Ž—‹“—‹Ž‡”‡…—‡‹ŽŽ‡ǢŽǯƒ”‰‡– ’—„Ž‹…ǡ²‡†‡•–‹±  Žƒ…‘•–”—…–‹‘
†ǯ—‡ •›ƒ‰‘‰—‡ǡ ’‡—– ²–”‡ —–‹Ž‹•± ’‘—” ”ƒ…Š‡–‡” †‡• …ƒ’–‹ˆ• Œ—‹ˆ•Ǥ ‡• ”ƒ…Šƒ–• “—‹
•ǯ‹–‡•‹ˆ‹‡–ƒ—š‡‡–‡•‹°…Ž‡•Žƒ•—‹–‡†‡Žƒ’‹”ƒ–‡”‹‡ƒ—”‡•“—‡‡éditerranée ‘”‹‡–ƒŽ‡Ǥ—’‘‹–†‡†‡˜‡‹”—†‡˜‘‹””‡Ž‹‰‹‡—šƒŒ‡—”ƒ—‡•‹°…Ž‡Ǥǯ‡•–“—‡ǡ’ƒ”ƒl-­‐
Ž°Ž‡‡–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡“—‹‡š‹•–‡…‡––‡±’‘“—‡†ƒ•Ž‡•’ƒ›•‡—”‘’±‡•…Š”±–‹‡•ǡƒl-­‐
gré le Nouveau Testament où Paul abolit implicitement la séparation entre hommes Ž‹„”‡•‡–‡•…Žƒ˜‡•ǡ—‡‘—˜‡ŽŽ‡ˆ‘”‡†ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‰”ƒ†‡±…Š‡ŽŽ‡‡•–ƒ’’ƒ”—‡ǡ…‡ŽŽ‡“—‡
’”ƒ–‹“—‡–Ž‡•’ƒ›•…‘˜‡”–‹•’ƒ”Ž‡•…ƒ˜ƒŽ‹‡”•†‡Žǯ‹•ŽƒǤ ǯ—‹˜‡”•†ƒ•Ž‡“—‡ŽŽ‡–‡š–‡…‘”ƒ‹“—‡‡•–±Žƒ„‘”±‡–”‡Ž‡‡‡–Ž‡‡•‹°…Ž‡‡•–—
‘†‡ ‘î Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ’ƒ”ƒÁ– — ±–ƒ– ‘”ƒŽǡŠ±”‹–‹‡” †‹”‡…– †‡• …‹˜‹Ž‹•ƒ–‹‘• ƒ–‹“—‡• ǣ
[19] Mahomet luimême a des esclaves.Que le Coran pérennise cet usage traditionnel ne peut surprendre. Comme cela existait dans la tradition stoïcienne, puis chrétienne, il associe ±–ƒ’Š‘”‹“—‡‡–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Žƒ•‹–—ƒ–‹‘†‡ŽǯŠ‘‡˜‹•-­‐à-­‐vis de son Créateur ou à sa dépendance physique et morale aux plaisirs. Mais le Coran définit également dans 29 ˜‡”•‡–• — •–ƒ–—– Œ—”‹†‹“—‡ ‡– •‘…‹ƒŽ †‡ Žǯ‡•…Žƒ˜‡Ǥ ‘‡ ‹Ž •ǯ‹•…”‹– †ƒ• Žǯ‘”†”‡ †—
‘†‡ –‡Ž “—‡ Žǯƒ ˜‘—Ž— ‹‡—ǡ …‡––‡ †‹•–‹…–‹‘ ‡–”‡ Ž‡• ²–”‡• Š—ƒ‹• ‡ ’‡—– ²–”‡ ‹
condamnée, ni critiquée. Un musulman libre ne peut être réduit en esclavage, aurait édicté le deuxième calife, Omar, sous son califat (634-­‐644). Cela encourage très vite les musulmans à •ǯƒ’’”‘˜‹•‹‘‡”‡‡•…Žƒ˜‡•ǣŽƒ–”ƒ‹–‡†‡•‡•…Žƒ˜‡•‘‹”•…‘ƒÁ–•‘’”‡‹‡”‰”ƒ††é-­‐
veloppement avec la conquête arabe de la Méditerranée. Dès le VIIe siècle, on signale une révolte des Zanjs, des esclaves noirs capturés s—”Ž‡•…Ø–‡•†‡Žǯˆ”‹“—‡†‡Žǯ•–“—‹
–”ƒ˜ƒ‹ŽŽ‡–†ƒ•†‡˜ƒ•–‡•†‘ƒ‹‡•†—•—††‡Žǯ”ƒǤ—‡•‹°…Ž‡ǡŽ‡•…‘”•ƒ‹”‡•„ƒ”„a-­‐
resques enlèvent plus de chrétiens en un seul raid sur les côtes de Sicile, des Baléares ou †‡ ƒŽ‡…‡ “—ǯ‹Ž ǯ› ƒ˜ƒ‹– †ǯˆ”‹…ƒ‹ns déportés chaque année dans la traite transatlan-­‐
tique, relative-­‐ ‡–’‡—‹’‘”–ƒ–‡‹Ž‡•–˜”ƒ‹Ǥ–Œ—•“—ǯƒ—‡•‹°…Ž‡ǡŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡”‡•–‡
Žǯ—‡†‡•„ƒ•‡•‡••‡–‹‡ŽŽ‡•†—’‘—˜‘‹”†‡Žǯ’‹”‡‘––‘ƒǣŽ‡•‡•…Žƒ˜‡•†—•—Ž–ƒˆ‘r-­‐
‡–Žǯƒ”ƒ–—”‡†‡Žǯƒ†‹‹•–”ƒ–‹‘‡–†‡Žǯƒ”±‡Ǥ ‹—‡•…Žƒ˜‡•‡–”‘—˜‡²–”‡—•—Žƒǡ‹ŽŽǯ‡•–•‘‹–’ƒ”…‡“—ǯ‹Ž•ǯ‡•–…‘˜‡”–‹Žǯ‹•Žƒǡ
•‘‹– ’ƒ”…‡ “—ǯ‹Ž ‡•– ± ‡•…Žƒ˜‡Ǥ ˜ƒ–ƒ‰‡ ǣ Žǯ‡•…Žƒ˜‡ —•—Žƒ ‡•– •—’±”‹‡—”  Žǯ‡•…Žƒ˜‡
non musulman. Il peut en effet être associé à la prière collective et même la diriger, se marier à des musulmans de condition libre ou servile. De plus, il est interdit de le vendre à des non-­‐musulmans. Dans tous les cas, le Coran recommande au maître de bien le trai-­‐
ter et de pourvoir à son entretien. Lǯ‡•…Žƒ˜‡‡’‘••°†‡ƒ—…—„‹‡ǡ•ƒ—ˆ—’±…—Ž‡‡–•‘ƒÁ–”‡‡š‡”…‡—‡–—–‡ŽŽ‡•—”
–‘—–‡••‡•ƒ…–‹˜‹–±•Ǥ—”Ž‡’Žƒ’±ƒŽǡŽǯ‡•…Žƒ˜‡‡•––”ƒ‹–±…‘‡—‹†‹˜‹†—†‡”ƒ‰‹n-­‐
ˆ±”‹‡—”†‘–Ž‡–±‘‹‰ƒ‰‡ǯƒ ƒ—…—‡˜ƒŽ‡—”ˆƒ…‡ …‡Ž—‹†ǯ— Š‘‡Ž‹„”‡Ǥ– — mu-­‐
•—Žƒ‡’‡—–²–”‡…‘†ƒ±‘”–•ǯ‹Žƒ–—±—‡•…Žƒ˜‡Ǥ—–”‡‡–†‹–ǡŽ‡’”‹š†—•ƒ‰
ǯ‡•–’ƒ•Ž‡²‡Ǥˆ‹ǡ—‡ˆƒ–‹••—†ǯ—‡‡•…Žƒ˜‡ǡ…‘…—„‹‡Ž±‰ƒŽ‡†ǯ——•—Žƒǡ
ƒÁ–Ž‹„”‡Ǥ–Š±‘”‹‡ǡ…‡•†‹•’‘•‹–‹‘••‘–”‡Žƒ–‹˜‡‡–ˆƒ˜‘”ƒ„Ž‡•Žǯ‡•clave, surtout si …‡†‡”‹‡”‡•–—•—ŽƒǤƒ‹•Œƒƒ‹•Ž‡‘”ƒǯ±‡–—‡…‘†ƒƒ–‹‘†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥ
Au contraire, des hadiths, le fikh (le droit musulman) et la charia (la loi de dieu) complè-­‐
tent et affinent ces dispositions. Les conditions de vie de Žǯ‡•…Žƒ˜‡•‘–†‡•’Ž—•…‘–”ƒ•–±‡•Ǥ‡Ž‘•ƒ…‘—Ž‡—”ǡ•ƒ„‡ƒu-­‐
–±ǡ•‘Ÿ‰‡ǡ•ƒ…‘†‹–‹‘•‘…‹ƒŽ‡ǡ•‡•…ƒ’ƒ…‹–±•ǡ•ƒ”‡Ž‹‰‹‘ǡŽǯ±’‘“—‡ǡŽ‡’ƒ›•‡–Ž‡Ž‹‡—‘î‹Ž
•‡”–ǡ•‘•‘”– ˜ƒ”‹‡†—–‘—–ƒ—–‘—–Ǥ±…—’±”±ƒ—šƒ”‰‡• †‡ Žǯ’‹”‡ǡ‹Ž‡•–˜‡†—ƒ—š
enchèresǤ ǯ‡•– ‡–”‡ Ž‡• ƒ‹• ‡– •‘—• Ž‡ ˆ‘—‡– †‡• …Šƒ••‡—”• ‡– †‡• ƒ”…Šƒ†•
†ǯ‡•…Žƒ˜‡•“—‡…‡•’ƒ—˜”‡•‰‡••‘—ˆˆ”ƒ‹‡–Ž‡’Ž—•Ǥ‡•ˆ‡‡•ȋŽ‡•‹”…ƒ••‹‡‡••‘–
très appréciées pour leur beauté) et les enfants servent comme domestiques ou concu-­‐
bines dans les cours de Cordoue, de Constantinople ou de Bagdad. Les hommes devien-­‐
nent soldats, artisans, galériens, fonctionnaires, chambellans ou sont parqués dans des „ƒ‰‡•ƒ„‘‹ƒ„Ž‡••‹Ž‡—”•”ƒ˜‹••‡—”•’‡•‡–“—ǯ‹Ž•‡‘„–‹‡†”‘–—‡”ƒ­‘Ǥ‡—Ž‡
civilisation à avoir systématiquement prélevé des enfants pour en faire des mercenaires, Ž‡•Œƒ‹••ƒ‹”‡•ǡŽǯ’‹”‡–—”……‘ˆ‹‡†‡•ƒ”±‡•‡–†‡•’”‘˜‹…‡•†‡•‡•…Žƒ˜‡•‹Ž‹–ƒ‹”‡•ǡ
les mamelouks, qui restent néanmoins une exception. La traite islamique aura duré treize siècles [20] Entre le VIIe siècle et les années 1920, plus de 21 millions de personnes auraient été ˜‹…–‹‡•†‡Žƒ–”ƒ‹–‡†ǯ‡•…Žƒ˜‡•‡’ƒ›•†ǯ‹•ŽƒǤ‡•—”…•’”±Ž‡˜°”‡–‡˜‹”‘Ͷ‹ŽŽ‹‘•
†ǯ‡•…Žƒ˜‡•‡—”‘’‡ǡ–ƒ†‹•“—‡Žƒ•‡—Ž‡ˆ”‹“—‡‘‹”‡•‡˜‹–’‘nctionnée de près de 17 ‹ŽŽ‹‘•†ǯŠƒ„‹–ƒ–•ǡ•‘‹–„‡ƒ—…‘—’’Ž—•“—‡Žǯ‡•‡„Ž‡†‡•–”ƒ‹–‡•ƒ–Žƒ–‹“—‡•ȋͳͳ‹l-­‐
lions). Si la traite commença au VIIe siècle dans sa partie orientale, elle connut son apo-­‐
‰±‡ ƒ— ‡ •‹°…Ž‡ǡ ƒ˜‡… ’‘—” Žǯˆ”‹“—‡ ‘‹”‡ …‘–‹‡–ale des estimations comprises ‡–”‡Ͷǡͷ‡–͸ǡʹ‹ŽŽ‹‘•†‡’‡”•‘‡•Ǥ‡––‡‹’‘”–ƒ…‡’”‹•‡’ƒ”Žǯˆ”‹“—‡‘‹”‡”±•—Ž–‡
en partie de la conquête par la Russie de la Crimée et du Caucase, qui ferme au monde musulman de vastes régions où depuis des siècles il se procurait des captifs. ǯƒŒ‘—–‡–…‡ŽƒŽǯƒ±Ž‹‘”ƒ–‹‘†‡•‘›‡•†‡–”ƒ•’‘”–ǡŽƒ†±•‡”–‹ˆ‹…ƒ–‹‘†—ƒŠƒ”ƒ
qui poussent les nomades à intervenir dans les affaires des paysans noirs, la demande †‡•†‡•‡–Žǯ‡••‘”†—…‘–‘‡2‰›’–‡Ǥ‡“—‹‡•–”emarquable, malgré les différences ”±‰‹‘ƒŽ‡•ǡ…ǯ‡•– Žƒ”±‰—Žƒ”‹–± †‡• ’”±Ž°˜‡‡–•Ǥ ‘—–”‡ǡƒŽ‘”•“—ǯƒ—”±•‹Žǡƒ—š2–ƒ–•-­‐
‹• ‘—†ƒ•Ž‡•–‹ŽŽ‡•ǡ˜‹˜‡–†‡• †‡•…‡†ƒ–•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•ǡ†ƒ•Ž‡•’ƒ›•—•—Žƒ•ǡ
ces descendants sont rares, en particulier pour ceux dont les ancêtres avaient la peau ‘‹”‡ǡ”‡ƒ”“—‡‹†‹ƒ‡ǯ‹ƒ›‡Ǥƒ•–”±•ǡ‡——“—‡•ǡ‹Ž•‡’‘—˜ƒ‹‡–’”‘…”±‡”Ǥ‰±o-­‐
cide, donc. ƒ‹•ǡ‡–…ǯ‡•–…‡“—‡‘–”‡‘Šƒ‡†ƒŒ‹ǡŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǯ‡•–’ƒ•“—‡ŽǯŠ±”‹–‹‡”†ǯ—
monde antérieur. Il imprègne –‘—–‡Žƒ‡–ƒŽ‹–±†‡Žǯ2–ƒ–—•—ŽƒǡŽƒ…‘…‡’–‹‘†ǯ—
’‘—˜‘‹”’”±•‡–±…‘‡—‡‹ƒ‰‡†‡Žƒ”‡Žƒ–‹‘‡–”‡Ž‡ƒÁ–”‡‡–Žǯ‡•…Žƒ˜‡ǤǼǯŠ‹•–‘‹”‡
du monde arabe, écrit-­‐il, est prisonnière du discours religieux et de ses représentations. » Est-­‐ce la rai•‘ˆ‘†ƒ‡–ƒŽ‡“—‹‡š’Ž‹“—‡”ƒ‹–ŽƒŽ‡–‡—”†‡Žǯ±ƒ…‹’ƒ–‹‘ǫ‘”…±‡‡
ͳͺͶ͸ƒ˜‡…Žƒ—‹•‹‡ǡ‡ŽŽ‡•ǯƒ…Š°˜‡‡ͳͻͺͳŽ‘”•“—‡Žƒƒ—”‹–ƒ‹‡’”‘—Ž‰—‡Žǯƒ„‘Ž‹–‹‘
‘ˆˆ‹…‹‡ŽŽ‡†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǣ—•‹°…Ž‡‡–†‡‹’Ž—•–ƒ”†Ǩ–ƒŽ‡Š‡„‡Žƒˆˆ‹”‡“—‡–”‘‹•
‹ŽŽ‹‘•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•˜‹˜”ƒ‹‡–‡…‘”‡‡–‡””‡‹•Žƒ‹“—‡ǥ À lire L'Esclavage en terre d'islam, de Malek Chebel, Fayard, 506 pages, 24 Euros. http://www.valeursactuelles.com/public/valeurs-­‐
actuelles/html/fr/articles.php?article_id=2127 [21] /¶HVFODYDJHHQWHUUHG¶,VODP :
un musulman libéral secoue le tabou Louis-­‐Bernard Robitaille jeudi 22 novembre 2007.
ǯ±–ƒ‹– ‡ ʹͲͲͶ ǣ Žǯ—‹˜‡”•‹–ƒ‹”‡ Ž‹˜‹‡” Pétré-­‐
Grenouilleau, dans un gros livre savant, expliquait “—‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ǯƒ˜ƒ‹– ’ƒ• ±–± —‡ ‡š…Žusivité oc-­‐
cidentale. – “—ǯ‘ ”‡–”‘—˜ƒ‹– †‡• Ǽ traites négrières » comparables ou même plus importantes dans ŽǯŠ‹•–‘‹”‡†‡Žǯˆ”‹“—‡‘—†—‘†‡ƒ”ƒ„‡Ǥ Quelques jours après la sortie du livre, le dis-­‐
cret universitaire avait reçu des menaces de mort -­‐ prises au sérieux par la police -­‐ et préféré ne plus paraître en public. ǯ‡•– †‘… •—” — –‡””ƒ‹ ‹± “—‡ Žǯ‡••ƒ›‹•–‡ ˆ”ƒ…‘-­‐algérien Malek Chebel •ǯƒ˜‡–—”‡…‡• jours-­‐ci avec un ouvrage sur « Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–‡””‡†ǯ•Žƒ ». « Un dossier délicat, admet-­‐il avec un fatalisme tranquille lorsque je le rencontre dans Ž‡ “—ƒ”–‹‡” †‡ Žƒ ƒ•–‹ŽŽ‡Ǥ ǯ‡•– ’‘—”“—‘‹ Œǯƒ––‡†• — ’‡— ƒ˜ƒ– †‡ †‘‡” †‡• …‘ˆé-­‐
rences à Paris. Mais à la différence de Pétré-­‐
”‡‘—‹ŽŽ‡ƒ—‘—†ǯƒ—–”‡•ǡ…ǯ‡•–†‡Žǯ‹–±”‹‡—”
“—‡Œ‡…”‹–‹“—‡Ž‡•†±”‹˜‡•†‡Žǯ‹•ŽƒǡŽ‡•‡š–”±‹•‡•‡–Ž‡••‡…–ƒ”‹•‡•Ǥ » Auteur prolifique depuis 25 ans, Malek Chebel se veut à la fois un musulman irrépro-­‐
chable, fin connaisseur du Coran, et un libéral sans concession, partisan de la laïcité et hostile au porte du voile. Un adversaire résolu de « Žǯ•Žƒ’‘Ž‹–‹“—‡ » et de ses préten-­‐
tions à « régenter la société ». Avec cette nuance : « ‘–”ƒ‹”‡‡–  †ǯƒ—–”‡•ǡ Œǯƒ‹ Ž‡ •‘—…‹ †ǯ²–”‡ ƒ—†‹„Ž‡ ‡– †‘…
†ǯ±˜‹–‡” Ž‡• ’”‘˜‘…ƒ–‹‘• ‹—–‹Ž‡• ǣ Œ‡ ’”‡†• †‘… •‘‹ †‡ ǯ‹•—Ž–‡” ’‡”•‘‡Ǥ » Dans Žǯƒˆˆƒ‹”‡†‡•…ƒ”‹…ƒ–—”‡•†‡ƒŠ‘‡–ǡ‹Žƒ•—”–‘—–‡••ƒ›±†‡Ǽ calmer le jeu ». ƒ‹• …‡––‡ ˆ‘‹•ǡ …ǯ‡•– Ž‡ •—Œ‡– Ž—‹-­‐même qui est tabou. Et Malek Chebel, après avoir pendant trois ans fouillé dans les textes et enquêté dans une quinzaine de pays, dresse un constat sévère. ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†ƒ•Ž‡‘†‡—•—Žƒǡ–”‘‹•ˆ‘‹•’Ž—•±–ƒŽ±†ƒ•Ž‡–‡’•“—ǯ‡……i-­‐
†‡–ǡƒƒ—••‹–‘—…Š±†‡—šˆ‘‹•’Ž—•†ǯ‹†‹˜‹†—•ǡ même si les formes de la servitude étaient parfois plus « humaines ». « Cet esclavage a touché plus de 20 millions de personnes sur 10 siècles, explique Chebel. Il a duré officiellement jusque dans les premières décennies du XXe siècle, une •‘‹šƒ–ƒ‹‡ †ǯannées après son abolition en Occident. Jamais aucun responsable reli-­‐
‰‹‡—š—•—Žƒ‡•ǯ‡•–’”‘‘…±’‘—”•‘ƒ„‘Ž‹–‹‘Ǥ « ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†‹•…”‡–‡–’‡‹‡ƒ––±—±•‡’‡”’±–—‡ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹ǡ‡”ƒ„‹‡ƒ‘—†‹–‡ǡ
par exemple. Au Niger ou au Mali, vous pouvez acheter -­‐ à lunité -­‐ un enfant de 10 ans dont vous ferez ce que vous voudrez. [22] Alors que les autorités religieuses en Occident ont fini par basculer dans le camp des ƒ„‘Ž‹–‹‘‹•–‡•ƒ—‡•‹°…Ž‡‡–ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹‡…‘”‡„ƒ––‡–Ž‡—”…‘—Ž’‡’‘—”Ž‡•…”‹‡•
pas•±•ǡŒ‡ǯ‡–‡†•ƒ—…—’”±†‹…ƒ–‡—”†ǯŽ-­‐Jazira condamner ces pratiques. » — Šƒ•ƒ”† †‡ •‡• †±ƒ„—Žƒ–‹‘• ‡– ”‡…Š‡”…Š‡•ǡ Žǯƒ—–‡—” †±…‘—˜”‡ †‡• …Š‘•‡• ±–‘n-­‐
nantes ǣ—‡Ž‘‹•—”Žǯƒˆˆ”ƒ…Š‹••‡‡–†‡•‡•…Žƒ˜‡•‡ƒ—”‹–ƒ‹‡†ƒ–ƒ–†‡ʹͲͲ͵ ! Des zones de non-­‐droit absolu en Arabie Saoudite et dans certains pays du Golfe. Trois codes †‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡’ƒ›•—•—Žƒ•†ƒ–ƒ–†—‡•‹°…Ž‡Ǥƒ‹•ƒ—••‹ǡ†ƒ•ŽǯŠ‹•–‘‹”‡†‡Žƒ
—”“—‹‡ ‡– †‡ Žǯ2‰›’–‡ǡ †ǯ±–‘ƒ–‡• ’”ƒ–‹“—‡• ’‡”‡––ƒ–  †‡• ‡•…Žƒ˜‡• ƒˆˆ”ƒ…Š‹•
†ǯ‘……—’‡”†‡Šƒ—–‡•ˆ‘…–‹‘•†ƒ•Žǯ2–ƒ–ȋ‡—”“—‹‡Ȍǡ‘—†‡ˆ‘”‡”—‡‘—˜‡ŽŽ‡…ƒ•–‡
privilégiée, tels les Mamelouks en Égypte). « Ce qui me révolte au-­‐†‡Ž†‡–‘—–ǡ†‹–ƒŽ‡Š‡„‡Žǡ…ǯ‡•–“—‡ǡ’Ž—•‘—‘‹•‡š’Ž‹…i-­‐
–‡‡–ǡ‘‹˜‘“—‡Žǯ‹•Žƒ’‘—”Œ—•–‹ˆ‹‡”Žǯƒ••‡”˜‹••‡‡–ǡŽǯ‹±‰ƒŽ‹–±ˆ‘…‹°”‡‡–”‡Šu-­‐
ƒ‹•ǡŽ‡•”ƒ’’‘”–•†‡ƒÁ–”‡•‡”˜‹–‡—”Ǥ‡“—‡Œǯƒ’’‡ŽŽ‡Žƒ’‘Ž‹–‹“—‡†—„ƒ‹•‡ƒ‹Ǥ Or, sur les seuls 25 versets du Coran qui évoquent le sujet, presque tous penchent du …Ø–±†‡Žǯƒˆˆ”ƒ…Š‹••‡‡–Ǥ–”‹…–‡‡t rien dans les textes ne justifie le système escla-­‐
˜ƒ‰‹•–‡Ǥƒ‹•…ǯ‡•–ƒ‹•‹ : sous diverses formes, une coterie religieuse vénale, aux ordres †‡•†‹…–ƒ–—”‡•ǡ…‘•‡”˜‡—‡‡’”‹•‡–‘–ƒŽ‡•—”Žǯ‹•Žƒ‡–•‘‹–‡”’”±–ƒ–‹‘ǤŽ›ƒ͵Ͳ‘—
ͶͲƒ•‡…‘”‡ǡŽǯ•Žƒm des Lumières auquel je me réfère était en plein progrès, en Égypte notamment, et la démocratie était en vue. —Œ‘—”†ǯŠ—‹ǡ‘‡•–‡’Ž‡‹‡”±‰”‡••‹‘ ǣ•‹Žǯ‘ˆƒ‹•ƒ‹–ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹†‡•±Ž‡…–‹‘•Ž‹„”‡•
dans le monde arabo-­‐—•—ŽƒǡŽ‡•‹•Žƒ‹•–‡•Žǯ‡’‘”–eraient presque partout. Cela dit, je ne crois pas que ce soit irréversible ǣ Žǯ2‰›’–‡ ’‘—””ƒ‹– ”‡†‡˜‡‹” —‡ –‡””‡ †‡• u-­‐
mières. Et il y a des frissonnements démocratiques au Maghreb ou ailleurs. » Pour certains esprits critiques, Malek Chebel, auteur médiatique et parfois un peu –”‘’Šƒ„‹Ž‡ǡ‡•–‘‹•…‘–‡•–ƒ–ƒ‹”‡“—ǯ‹Ž‡Ž‡’”±–‡†Ǥ‡•–‡“—‡Ž‡•‡—Žˆƒ‹–†‡•‘—Ž‡˜‡”
une question aussi taboue et de dénoncer la collusion entre le haut clergé musulman et les régimes dictatoriaux demande un certain courage. ƒ”ƒ…‡‡•–ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹†‡Ž‘‹Ž‡’”‡‹‡”’ƒ›•‹•Žƒ‹“—‡†ǯ—”‘’‡ǡƒ˜‡……‹“‹l-­‐
lions de musulmans. Avec des organisations intégristes extrêmement puissantes et structurées. « ‹ Œƒƒ‹•‘Žƒ­ƒ‹–—‡ˆƒ–™ƒ …‘–”‡‘‹ǡŒ‡ ǯ‡’”‡••‡”ƒ‹•†ǯƒŽŽ‡” Žƒ télé et de leur dire ǣ˜‘—•ǯƒ˜‡œ…‘†ƒ±‘”–ǡƒ‹•˜‘—•ǯ²–‡•“—‡†‡•˜‘›‘—•ǡ†‡•…”‹‹‡Ž•
’ƒ••‹„Ž‡• †— –”‹„—ƒŽ †‡ ƒ ƒ›‡Ǥ ‘—• ǯ²–‡• ’ƒ• †‡• —•—Žƒ• ƒ‹• †‡• ƒ••ƒ••‹•ǡ
˜‘—•’‘—˜‡œǯ‡˜‘›‡”ͳͲ…‘ƒ†‘•†‡–—‡—”••‹˜‘—•˜‘—Ž‡œǡƒ‹•Œ‡‡e cacherai pas ! » Et Malek Chebel ajoute : « Ces gens ont peut-­‐être des tueurs à leur service, mais moi je …”‘‹•“—ǯ‡—–‹Ž‹•ƒ–Ž‡•ƒ”‡•†‡Žƒ…‘—‹…ƒ–‹‘ǡ‘’‡—–Ž‡•ˆƒ‹”‡”‡…—Ž‡”Ǥ » ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–‡””‡†ǯ•ŽƒǡͶͻͺ’ƒ‰‡•ǡ†Ǥƒ›ƒ”† Malek Chebel a ±…”‹– —‡ ˜‹‰–ƒ‹‡ †ǯ‘—˜”ƒ‰‡•ǡ †‘– ‡ ‹…–‹‘ƒ‹”‡ ƒ‘—”‡—š †‡
Žǯ•Žƒ‡–ƒ‹ˆ‡•–‡’‘—”—•Žƒ†‡•—‹°”‡•‡ʹͲͲͶǤ [23] ISL A M E T ESC L A V A G E
mercredi 7 mai 2008 à 08:00 ::
L'affranchissement est recommandé au croyant dont il favorise l'accès au Paradis. Le prophète Mohammed n'avait-il pas donné l'exemple en la matière ?
«Le Coran n'étant pas contraignant, l'abolition relève de la seule initiative personnelle du
maître. Cette ambiguïté est constitutive de l'approche coranique : encourager ceux qui font le
bien, mais ne pas alourdir la peine de ceux qui ne font rien», écrit Malek Chebel. «Plusieurs
versets entérinent au demeurant l'infériorité de l'esclave par rapport à son maître».
JEUNE Afrique DU 18 AU 24 NOVEMBRE 2007 N°2445
DOMINIQUE MATAILLET
TABOU, Au terme d'une longue enquête qui l'a mené de Nouakchott Brunei, Malek CHEBEL dresse un constat accablant : l'esclavage a été et reste un fait musulman
Le mot le plus courant, en arabe, pour désigner l'esclave est 'abd, duquel dérivent des
termes comme 'ubudiyya (« esclavage »).D'autres vocables sont encore utilisés, tels que raqîq
(« mis en servitude »), jâriya (« esclave femme »), ghulîm (« esclave homme »).Et ce n'est pas
tout. Au Proche-Orient, zandj (probablement de Zanzibar) et aswad désignent l'esclave noir,
alors que mamlûk (littéralement « possédé ») s'applique à une catégorie particulière, la caste
militaire servile.
Ce n'est donc pas le vocabulaire qui manque en terre d'Islam pour parler de l'esclavage.
Cette richesse sémantique tranche toutefois avec le mutisme qui entoure le phénomène. Un
mutisme d'autant plus choquant, aux yeux de Malek CHEBEL, que l'esclavage a pris des dimensions considérables tout au long de l'histoire de cette région du monde et qu'il reste à bien
des égards très présent dans le quotidien de centaines de millions de gens.
C'est pour briser ce silence assourdissant que l'anthropologue algérien, bien connu des lecteurs de Jeune Afrique pour ses nombreux ouvrages autour de l'islam, s'est livré à une longue
enquête. Fruit d'innombrables lectures, son pavé de 500 pages est aussi et surtout le compte
rendu d'un voyage de plusieurs mois qui l'a conduit des rives de l'Atlantique au fin fond du
Sud-Est asiatique en passant par les pays du Golfe, l'Asie mineure, l'Afrique saharienne.
Le constat final est accablant : « À Brunei, au Yémen, dans les pays du Sahel, chez les
Touaregs, en Libye, dans le Sahel tunisien, en Égypte, en Arabie, en Mésopotamie, au Soudan
ou à Djibouti, il n'est pas un lieu gagné par l'islam où ne se soit jamais pratiqué le commerce
d'esclaves
Encore convient-il d'établir des distinctions entre pays et de relever les caractéristiques
propres des différentes contrées concernées. La Libye et l'Algérie, par exemple, débouchés
naturel des routes commerciales transsahariennes, ont surtout servi de voies de transit. Des
pays tels q l'Égypte ou l'Arabie saoudite actuelles étaient, eux, de gros consommateurs, oserat-on dire. Idem pour la Turquie. Les Européens ont fantasmé sur les odalisques des harems
d'Istanbul, sujet de prédilection pour les peintres orientalistes, et se sont extasiés sur les ex[24] ploits militaires des janissaires de l'Empire ottoman. Faut il rappeler que les premières comme
les seconds étaient des captifs?
En Afrique, on le sait, c'est à la lisière du monde
QRLUTXHO¶HVFODYDJHSULWOHVSOXVJUDQGHVSURSRUWLRQV
Au Maroc où la composante négroïde de la population
saute aux yeux du voyageur les traces sont manifestes.
Que sont les musiciens gnaouas sinon les descendants
des Noirs importés » de la zone soudanienne au temps
où le Maroc était une grande puissance régionale? Et
puis, il y a le cas de la Mauritanie, où, malgré les démentis, l'esclavage reste une réalité manifeste. La
preuve en est que le Parlement a voté à plusieurs reprises des textes l'interdisant. Malek Chebel rappelle
un indice qui ne trompe pas: de nombreuses associations d'affranchis tentent de se constituer en force politique. « En attendant, commente l'auteur, chaque foyer
de Beidane ("Blancs") entretient des harratine noirs,
fils d'anciens esclaves auxquels il donne le nom de
"serviteurs", un peu comme on faisait naguère à la
Barbade, où l'on gratifiait pudiquement du nom d'apprentis" les esclaves fraîchement libérés
de leurs chaînes. »
Ainsi donc, une bonne part de la main-d'oeuvre servile utilisée dans le monde arabe venait
d'Afrique subsaharienne - en Tunisie, le même mot, abîd, désigne indistinctement l'esclave et
le Noir... - et tout particulièrement du Sahel, de l'Éthiopie ainsi que de la côte orientale du
continent. Mais les Balkans et les steppes de l'Asie centrale furent également d'importants
bassins pourvoyeurs.
Combien furent-ils? Dans le cas de la traite occidentale, les éléments de chiffrage existent:
les négriers tenaient des journaux de bord dans lesquels était reporté le détail de leur commerce honteux. Rien de tel avec la traite orientale. Confrontant les diverses sources, Malek
Chebel estime à plus de 20 millions le « volume total de l'esclavage en terres arabes et musulmanes ». Ce nombre englobe aussi bien les captifs de guerre slaves, les concubines et les
domestiques circassiennes, que les domestiques noirs achetés à des négriers ou razziés dans
les villages du Sahel, les marins chrétiens capturés par les corsaires barbaresques en Méditerranée. Les négriers arabes auraient donc fait « mieux » que leurs homologues européens. Les
uns ont, il est vrai, sévi pendant quatorze siècles, contre moins de quatre pour les autres.
Faut-il chercher dans le Coran la cause du mal? Le Livre, certes, accepte que la condition
de sujétion des esclaves par rapport aux maîtres soit maintenue en l'état. Car l'islam est né
dans une région du monde où l'esclavage était quasiment un mode de production. Mais il tente
d'en limiter les abus;'tout comme il apporte un progrès incontestable à la situation des femmes
(notamment en limitant à quatre le nombre des épouses autorisé).
Par ailleurs, l'affranchissement est recommandé au croyant dont il favorise l'accès au Paradis. Le prophète Mohammed n'avait-il pas donné l'exemple en la matière?
Vivement encouragé en théorie, l'affranchissement n'a, hélas, guère été suivi en pratique.
De siècle en siècle, l'esclavage est devenu un fait musulman, s'inscrivant profondément dans
les habitudes. Pourtant, c'est un sujet dont on ne parle pas. En dehors de l'Égyptien Mohamed
Abdou, du Syrien Rachid Ridha, de l'Iranien Mirza Ah Mohamed, fondateur, au XIXe siècle,
du bâbisme, qui a fermement condamné cette pratique, la plupart des réformateurs sont restés
étonnamment discrets sur la question.
[25] Et que dire des islamologues ! Louis MASSIGNON, Vincent MONTEIL ou Jacques
BERQUE disposaient des informations qui leur auraient permis, en plein XXe siècle, de tirer
la sonnette d'alarme. Peut-être ont-ils préféré, écrit Malek CHEBEL, « la hauteur mystique
des grands penseurs, des philosophes et des théosophes de l'islam aux réalités scabreuses des
marchands de chair humaine ». Ils savaient, mais leur empathie pour l'islam les inclinait à
trouver à cette religion et aux hommes qui s'en réclament des excuses qui ne sont en rien justifiées.
Quand bien même la réalité de l'esclavage arabe est reconnue, c'est souvent pour en atténuer la rudesse : il n'aurait pas abouti à la dépersonnalisation de l'esclave, comme cela a été le
cas avec le commerce triangulaire Afrique-Amérique-Europe, affirme-t-on. Comme s'il pouvait y avoir une graduation dans l'infamie...
Mais le pire est peut-rWUH GDQV O
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monde arabe. Dans un livre tout récent*, l'universitaire marocain Mohammed ENNAJI explique en quoi il a fondé le rapport au pouvoir et donc l'absolutisme qui est encore souvent la
règle dans cette partie du monde.
Une fois le livre de Malek CHEBEL - dont, curieusement, les médias ont peu parlé - fermé, on ne voit plus la civilisation islamique de la même façon. Comme l'auteur lui-même, qui,
pour, cette étude a dû « parcourir au moins 120000 kilomètres » pour en arriver à cette terrible
conclusion: « L'islam dit l'inverse de ce que les musulmans pratiquent, et c'est une énigme en
soi. La duplicité humaine qui consiste à transformer un message d'émancipation en goulag
humain fait partie intégrante de ce paradoxe. » ∎
x
Le Sujet et le Mamelouk. Esclavage, pouvoir et religion dans le monde arabe, éd. Mille et une nuits, 368 pages, 16 euros. M alek C hebel : « j'ai voulu briser le silence» Propos recueillis par Dominique MATAILLET
J E U N E A F R I Q U E : Pourquoi ce livre, et pourquoi maintenant?
M A L E K C H E B E L &
HVW XQH TXHVWLRQ TXL PH WHQDLW j F°XU GHSXLV ORQJWHPSV 3RXU
écrire mes livres, je constitue des dossiers richement documentés. La prise de conscience,
tardive, hélas, du phénomène de l'esclavage dans le monde islamique m'a laissé penser que
l'opinion était assez bien préparée. Compte tenu de la surface que j'ai acquise dans le domaine
des études sur l'islam, je me suis dit: c'est un discours qui peut passer maintenant.
Est-ce que ce discours passe effectivement? Il semble qu' il crée beaucoup de gêne.
[26] S'il dérange, c'est que je touche quelque chose de fondamental et de vrai. C'est qu'il y a encore des esclaves. Tant mieux donc si mon livre gêne, car j'ai voulu briser l'opacité qui entoure cette question de l'esclavage.
Avez-vous eu vent de réactions hostiles?
Il y a eu un mouvement dans les chancelleries arabes, qui a été vite éteint. Ils ont compris
que, médiatiquement parlant, cela aurait été très mauvais pour eux d'enclencher une offensive.
Les médias vous suivent-ils ?
Je constate une gêne, une retenue de leur part, ici, en France. Les journalistes sont circonspects. Ils ne savent pas comment prendre l'information.
Au Maghreb, mis à part un papier, en août, donc avant la sortie du livre, dans Le Quotidien
d'Oran, c'est motus et bouche cousue. Même au Maroc, d'habitude plus ouvert, aucun écho
dans les médias non plus. En clair, il y a un blocage maghrébin.
Dans quels pays l'esclavage a-t-il gardé le plus de réalité ?
L'esclavage est encore sensible en Mauritanie. Mais l'État fait des efforts assez importants
pour se débarrasser de cet héritage scandaleux. Le phénomène des petites bonnes au Maroc
est aussi à prendre en considération. Un secrétariat d'État a d'ailleurs été créé pour recenser les
jeunes filles et leur donner un statut. Il y a évidemment tout un esclavage invisible dans les
monarchies et les sultanats du Golfe. À quoi s'ajoute, dans les mêmes pays, un nouvel esclavage économique. Dans l'Afrique moyenne, au Mali, au Tchad et ailleurs, subsistent de multiples formes d'esclavage, liées cette fois à la pauvreté. On ,m,',a parlé de vente d'enfants ici
ou là. Il faut mentionner également les intouchables en Inde.
Vous décrivez la société touarègue comme l'une des pires sociétés esclavagistes...
Les rapports esclavagistes ont été à peu près maintenus. Il y a, bien sûr, eu une atténuation
avec l'apparition des États-nations dans les ` cinq pays africains où vivent les Touaregs.
'L'existence d'une police nationale, d'une justice relativement distincte des ethnies et des oligarchies est un progrès incontestable. Mais, sous cape, les aristocrates touaregs sont toujours
des aristocrates et les esclaves, les harratine, sont toujours leurs serviteurs.
Pourquoi les mentalités évoluent-elles si lentement?
Parce que tout le monde, à commencer par les élites religieuses, se tait. Quand on pose la
question, on dit qu'il y a bien d'autres problèmes tels que la pauvreté, les maladies. Moi, je
dis: sur le plan moral, ce n'est pas acceptable en 2007 qu'il y ait encore des esclaves.
[27] Comment expliquer ce silence dans le monde arabo-musulman?
Pour beaucoup de gens, l'esclavage, ça n'existe pas. Même quand tu dis à un esclavagiste:
« Tu as des esclaves. » Il te répond: « Mais non, ce sont mes enfants adoptifs. Je les aime
comme mes fils. »
On dit aussi que l'esclavage dans le monde arabe n' a rien à voir avec l'esclavage occidental...
C'est vrai que la traite négrière occidentale était strictement économique, puisqu'elle consistait à transporter des Africains dans les plantations en Amérique, alors que l'esclavage
oriental était plus diversifié. Les captifs étaient utilisés dans l'agriculture, mais aussi comme
soldats ou pour servir dans les palais.
Si la traite occidentale a duré moins de quatre siècles, la traite orientale s'est étalée sur quatorze siècles, puisque j'en situe les débuts avec la naissance de l'islam. Le fait que le phénomène soit dilué dans le temps et qu'il n'y ait pas eu de bateau négrier donne le sentiment que
c'est différent. Le volume total de l'esclavage dans le monde arabo-islamique atteint pourtant,
selon les estimations les plus sérieuses, les 20 millions, soit plus que le nombre d'Africains
déportés dans les Amériques. Alors, pour moi, aujourd'hui, c'est pareil.
http://blog.francetv.fr/Faawru/index.php/2008/05/07/71997-islam-et-esclavage
[28] Esclaves noirs en Méditerranée Jean-­‐Michel Deveau Plan I -­‐ Qui sont ces esclaves ? II -­‐ Zones de capture et itinéraires de traite III -­‐ Fluctuations du système et incertitude des nombres Conclusion ͳƒ•Ž‡…ƒ†”‡†ǯ—‡”‡…‘–”‡…‘•ƒ…”±‡Žǯ±–—†‡†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡±†‹–‡””ƒnée, il était difficile de laisser sous silence une des pages les plus méconnues, mais peut aussi Žǯ—‡ †‡• ’Ž—• ‹’‘”–ƒ–‡• “—‹ ƒ ƒˆˆ‡…–± Ž‡• ”‡Žƒ–‹‘• ‡–”‡ Ž‡• ”‹˜‡• †‡ …‡––‡ ‡” ‡–
Žǯˆ”‹“—‡•ƒŠ±Ž‹‡‡Ǥ ”‡•–‡ •—”Ž‡•”‡–”ƒ…Š‡‡–• †ǯ— –ƒ„‘—’‘—”—ne histoire qui †±„—–‡ ƒ˜‡… Žƒ …‘“—²–‡ ƒ”ƒ„‡ ‡– ‡ •ǯƒ…Š°˜‡ ‘ˆˆ‹…‹‡ŽŽ‡‡– “—‡ †ƒ• — –ƒ”†‹ˆ
XIXe siècle. 2 Ž ǯ‡•– ’ƒ• “—‡•–‹‘ †ƒ• …‡ „”‡ˆ ƒ”–‹…Ž‡ †ǯ‹‘˜‡” •—” Žƒ „ƒ•‡ †‡ ‘—˜‡ŽŽ‡• ”e-­‐
cherches en archives, mais simplement de dresser un bilan historiographique. ǯ‹’—Ž•‹‘ †‘±‡ †‡’—‹• —‡ †‹œƒ‹‡ †ǯƒ±‡ ’ƒ” Žǯ ƒ—š ”‡…Š‡”…Š‡• •—”
Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡•ǯ‡•–Š‡—”–±‡—‡ˆ‹†‡‘”‡…‡˜‘‹”’‘—”…‡“—‹…‘…‡”ƒ‹–…‡•—Œ‡–Ǥ—••‹
ǯ‡ –”‘—˜‡-­‐t-­‐on que des bribes éparses dans une somme de publications dont cette …‘—‹…ƒ–‹‘–‡–‡†‡”‡’”‡†”‡Žǯ‡••‡–‹‡ŽǤ 3 ƒ’”±•‡…‡†ǯ‡•…Žƒ˜‡•‘‹”•‡•–ƒ––‡•–±‡†°•Žƒ’Ž—•Šƒ—–‡ƒ–‹“—‹–±•—”Ž‡•”‹˜‡•†‡
Žƒ ±†‹–‡””ƒ±‡ǡ ‡– Ž‘”•“—‡ •ǯƒ…Š°˜‡ Žǯ±’‘“—‡ ‘†‡”‡ ‹Ž• •‘– ‡…‘”‡ Ž±‰‹‘• •—”
Žǯ‡•‡„Ž‡†‡•”‹˜ƒ‰‡•†—‘†‡ —•—ŽƒǤ”…‡––‡…‘•–ƒ–‡†‡ŽǯŠ‹•–‘‹”‡±†‹–‡””a-­‐
±‡‡ǯƒŽƒ‹••±“—‡†‡•–”ƒ…‡•ƒ—••‹–±—‡•“—ǯ±’ƒ”•‡•†ƒ•Ž‡••‘—”…‡•ǡ†ǯ‘†‹ˆˆi-­‐
culté de cerner avec précision son ampleur et les mécanismes de son fonctionnement. 4 Paradoxalement les sources médiévales sont beaucoup plus abondantes, surtout grâce aux chroniques des empires du Mali, édifiés sur le bassin du Niger à partir de la pénétration musulmane au sud du Sahara. Le Tarikh el-­‐Fettach et le Tarikh el-­‐Soudan, en particulier, renseignent abondamment sur les captures, sur les ventes et sur la traite transsaharienne à partir de Djenné ou de Tombouctou1Ǥ ‡’‡†ƒ– ŽǯŠ‹•–‘”‹‘‰”ƒ’Š‹‡
semble encore balbutier dans une enfance très ignoran–‡ †‡ Žǯƒ”ƒ„‡ ‡– †— –—”…ǡ …ƒ”ǡ
semble-­‐t-­‐il, de nombreux manuscrits dorment encore dans les archives des pays qui ont ”‡Ž‡˜±†‡Žƒ‘—˜ƒ…‡†‡Žǯƒ…‹‡‡’‹”‡–—”…Ǥ 5 Ž•‡„Ž‡±‰ƒŽ‡‡–“—ǯ—…‡”–ƒ‹–ƒ„‘—”‡Žƒ–‹ˆ…‡•—Œ‡–ǯ‡…‘—”ƒ‰‡’ƒ•’ƒ”–‹…u-­‐
lièreme– Ž‡• ”‡…Š‡”…Š‡•Ǥ ‡’‡†ƒ– “—‡Ž“—‡• ƒ—–‡—”• …‘‡…‡–  •ǯ› ƒ˜‡–—”‡”
…‡”–‡•ƒ˜‡…’”—†‡…‡ǡƒ‹•ƒ—••‹ƒ˜‡…—‡Ž‹„‡”–±†ǯ‡•’”‹–“—‹‡’‡—–“—ǯ‡…‘—”ƒ‰‡”Ž‡•
‘—˜‡ŽŽ‡• ‰±±”ƒ–‹‘• †ǯŠ‹•–‘”‹‡•2. En revanche si les sources occidentales ont été beaucoup plus sollicitées, les chercheurs ont plutôt centré leur problématique générale †‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†ƒ•Ž‡‘†‡±†‹–‡””ƒ±‡ǡ‡–”ƒ˜ƒ‹ŽŽƒ–“—‡’ƒ”‹…‹†‡…‡•—”Žƒ•’é-­‐
cificité sub-­‐saharienne. 6 ‡†ƒ– Ž‘‰–‡’• ‘ ƒ ±˜ƒ…—± Ž‡ ’”‘„Ž°‡ ‡ …‘•‹†±”ƒ– “—ǯ ’ƒ”–‹” †—
XVIe siècle, la traite atlantique avait tari le flux médiéval transsaharien. Cette thèse, pré-­‐
•‡–±‡…‘‡—ƒš‹‘‡ǡƒ””ƒ‰‡ƒ‹–Žǯ±…‘Ž‡Š‹•–‘”‹“—‡†‡–‡†ƒ…‡–‹‡”•-­‐mondiste qui la r±’±–ƒ‹–  Ž‘‰—‡—” †ǯ‘—˜”ƒ‰‡• •ƒ• •‡ ’‘•‡” ’Ž—• †‡ ’”‘„Ž°‡ •—” …‡––‡ ˜‹•‹‘ †‡•
[29] …Š‘•‡• ±”‹‰±‡‡†‘‰‡ǤŽ‡•–†‘…‹–±”‡••ƒ–†‡ •ǯ‹–‡””‘‰‡”•—”Žƒ”±ƒŽ‹–±†‡ Žƒ’”é-­‐
•‡…‡†‡…‡•‘‹”•“—‹•ǯ‹•…”‹–‡…‘–‹—•—”Ž‡•”‹˜ƒ‰‡•±†‹–‡””ƒ±‡•†‡’—‹•Žƒˆin du XVe •‹°…Ž‡ǡ ƒŽ‘”• “—‡ Ž‡• …ƒ”ƒ˜‡ŽŽ‡• †ǯ‡”‹ Ž‡ ƒ˜‹‰ƒ–‡—” †±„ƒ”“—°”‡– Ž‡—”• ’”e-­‐
‹°”‡•˜‹…–‹‡••—”Ž‡•ƒ”…Š±•†—‘”–—‰ƒŽǡŒ—•“—ǯƒ—e •‹°…Ž‡ƒ”“—±’ƒ”Žǯƒ„‘Ž‹–‹‘
de la traite en 1815. 7 Là encore, sans preuve scientifique, on a longtemps admis que cette abolition avait ”±ƒ…–‹˜±Ž‡•…‘—”ƒ–•…ƒ”ƒ˜ƒ‹‡”•†‡Žƒ–”ƒ‹–‡–”ƒ••ƒŠƒ”‹‡‡Ǥƒ‹•…ǯ‡•–‡–”‡”†ƒ•—‡
nouvelle problématique qui dépasse les limites chronologiques de cette étude centrée sur la période moderne. I -­ Qui sont ces esclaves ? 8 ǯ‹ƒ‰‡ †ǯ’‹ƒŽ –”ƒ†‹–‹‘‡ŽŽ‡ ƒ ’‘’—Žƒ”‹•± Žǯ‡•…Žƒ˜‡ †‘‡•–‹“—‡ Œ—•“—ǯ ˆƒ‹”‡ †‡
Žǯ‘†ƒŽ‹•“—‡—ƒ”…Š±–›’‡†‡Žƒ’‡‹–—”‡‘”‹‡–ƒŽ‹•–‡†‡•e et XIXe siècles. Elle donne au tableau la tache sombre qui rehausse le chatoiement lumineux où se prélassent des Žƒ…Š‡•ƒ—šŽ‹‰‡•‘’—Ž‡–‡•Ǥ‡—š•‹°…Ž‡•’Ž—•–Ø–…ǯ±–ƒ‹‡–†‡•Š‘‡•“—‹Œ‘—ƒ‹‡–…‡
rôle. Les traits franchement négroïdes du visage surmontaient la livrée princière de leur ƒÁ–”‡“—ǯ‹Ž••‡”˜ƒ‹‡––ƒ„Ž‡‘—ƒ‹†ƒ‹‡–†ƒ•—‡•…°‡†‹’Ž‘ƒ–ique ou militaire. 9 ‡• ˜‹•‹‘• — ’‡— ”±†—…–”‹…‡• ’ƒ” Žƒ •‡—Ž‡ ”‡’”±•‡–ƒ–‹‘ †‘‡•–‹“—‡ ǯ‡ ˆ‹‰u-­‐
”ƒ‹‡–’ƒ•‘‹•—‡”±ƒŽ‹–±Žƒ”‰‡‡–”±’ƒ†—‡Ǥ±†‹–‡””ƒ±‡—•—Žƒ‡ǡŽǯ‡•…Žƒ˜‡
‡•–†ǯƒ„‘”†—†‘‡•–‹“—‡ǡ•ƒ•“—‡Žǯ‘’—‹••‡ƒ…–—‡ŽŽ‡‡–ƒ˜ƒ…‡”aucune statistique sur son importance relative. Domesticité semble-­‐t-­‐il nombreuse dans les familles riches ’—‹•“—ǯ‹Ž‡•–†‡…‘—–—‡†ǯ‘ˆˆ”‹”—‡‡•…Žƒ˜‡‘‹”‡‡…ƒ†‡ƒ—†‡‘…‡•°•ƒ—e siècle. 10 Selon Haëdo deux siècles plus tard, à Alger : « les principales dames qui sortent, mènent avec elles autant de négresses (elles en ont plusieurs qui valent de 25 à 30 écus chacune) que de blanches chrétiennes dont elles ‘–ƒ—••‹„‡ƒ—…‘—’ȋǥȌǤŽ›‡ƒ“—‹‘–—‡‡•…‘”–‡†‡“—ƒ–”‡ǡ†‡•‹š‡–²‡†‡†‹š‡s-­‐
claves3 ». 11 Selon la tradition, toutes ces esclaves auraient été traitées avec la plus grande bon-­‐
té, étant parfois même considérées comme membres de la famille, sortes de parents pauvres ac…ƒ„Ž±•’ƒ”Ž‡†‡•–‹Ǥƒ•Ž‡•˜‹ŽŽ‡•ǡ‘Ž‡—”‡•‡‹‰ƒ‹–Žǯƒ”ƒ„‡ǡ‡–‡‰±±”ƒŽ‘
‡••ƒ›ƒ‹–†‡…‘˜‡”–‹”Ž‡•‘‹”‡•Žǯ•ŽƒǤ‘˜‡”•‹‘••—’‡”ˆ‹…‹‡ŽŽ‡•ǡ‹’‘••‹„Ž‡•…ƒ–a-­‐
Ž‘‰—‡”†ƒ•Ž‡…ƒ†”‡†ǯ—‡ƒ……—Ž–—”ƒ–‹‘”±—••‹‡Ǥ 12 A la première occasion le vernis islamique craquait, laissant place à un retour aux coutumes sub-­‐•ƒŠƒ”‹‡‡•ǡ…‘‡‘’‘—˜ƒ‹–Ž‡…‘•–ƒ–‡”ǡ’ƒ”‡š‡’Ž‡Žǯ‘……ƒ•‹‘†‡•
mariages. En effet, avec le consentement de leur maître ces femmes pouvaient épouser un esclave. 13 Plus au sud, dans le désert presque toutes les tribus nomades ont à leur service de nombreuses femmes noires, toujours aussi bien traitées, dit-­‐on. Certaines, après une période de bons et loyaux services, retrouvaient la liberté au sein de la tribu avec les mêmes droits que les autres membres. 14 Ce discours, repris dans la seule analyse herméneutique des textes sacrés, deman-­‐
derait une étude de cas vécus, encore impossible à faire faute de sources en langue ƒ”ƒ„‡ǡ•‹–‘—–‡ˆ‘‹•‡ŽŽ‡•‡š‹•–‡–ǡ…ƒ”ǡ’‘—”Žǯ‹•–ƒ–ǡƒ—…—‡ǯƒ‡…‘”‡±–±‹•‡Œ‘—”Ǥ
”‡˜ƒ…Š‡ǡ Ž‡• ±–—†‡• †‡ …ƒ• ”‡Žƒ–±‡• ’ƒ” Žƒ—†‡ ‡‹ŽŽƒ••‘—• ’‘—” Žǯ±’‘“—‡ …‘–‡’o-­‐
[30] ”ƒ‹‡ǡ•—”Žƒ„ƒ•‡†ǯ‡“—²–‡•‘”ƒŽ‡•Žƒ‹••‡–‡–”‡˜‘‹”—‡”±ƒŽ‹–±„‡ƒ—…‘—’’Ž—••‘”†‹†‡
dans le monde des Touareg. Alors peut-­‐on extrapoler dƒ•Ž‡–‡’•‡–†ƒ•Žǯ‡•’ƒ…‡ ?4 15 Beaucoup de Noires furent enfermées comme concubines dans les maisonnées. Elles avaient auprès des Arabes une réputation de beauté et de performances physiques “—‹Ž‡•ˆƒ‹•ƒ‹‡–”‡…Š‡”…Š‡”“—‡Ž“—ǯ‡ˆð–Ž‡’”‹šǤ‡—”‘„”‡”‡•–‡ –‘—–ƒ—••‹›•–é-­‐
”‹‡—š “—‡ Ž‡ •‡…”‡– †‡• Šƒ”‡•ǡ ƒ‹• ‘ ’‡—– Žǯ‡•–‹‡” •—ˆˆ‹•ƒ‡– ‹’‘”–ƒ– ’—‹s-­‐
“—ǯ‡ŽŽ‡•‘–”±—••‹±–‹••‡”—‡„‘‡’ƒ”–‹‡†‡Žƒ’‘’—Žƒ–‹‘•—”—‡•’ƒ…‡“—‹ joint la zone des oasis à la latitude de Warghla aux centres de redistribution comme Sidjil-­‐
massa ou Fés. 16 —…Šƒ’‹–”‡†‡Žƒ†‘‡•–‹…‹–±ǡŽ‡•‡——“—‡•‘‹”•‘––”‘—„Ž±Žǯ‹ƒ‰‹ƒ‹”‡‘……‹†‡n-­‐
–ƒŽǡƒ‹•Žǯƒ’’”‘…Š‡•–ƒ–‹•–‹“—‡”‡•–‡ƒ—••‹‹’”‡••‹‘‹•–‡“—‡la précédente. Les Noirs ǯ‘–’ƒ•±–±Ž‡••‡—Ž•ƒ‹•‹Ž••‡„Ž‡–†‡Ž‘‹Ž‡•’Ž—•‘„”‡—šǤ”‡˜ƒ…Š‡ǡŽƒ”±ƒŽi-­‐
té sociologique a pris un relief, certes poétique, mais probablement très voisine du vécu avec la traduction des Mille et une Nuits par Galla†Žǯƒ—„‡†—e siècle5. 17 Sans égard pour la misère de ces malheureux, on distinguait ceux qui avaient subi Žǯƒ„Žƒ–‹‘†‡••‡—Ž•–‡•–‹…—Ž‡•‡–…‡—š†‘–‘ƒ˜ƒ‹–…‘—’±Žƒ–‘–ƒŽ‹–±†‡s organes sexuels. ǯ‘’±”ƒ–‹‘±–ƒ‹–’”ƒ–‹“—±‡ƒ’”°•Žƒ–”ƒ˜‡”•±‡†—ƒŠƒ”ƒǡ–”°••‘—˜‡–‡‰›’–‡‘•
‘‹‡• …‘’–‡• •ǯ‡ ±–ƒ‹‡– ˆƒ‹– —‡ •’±…‹ƒŽ‹–±Ǥ Seuls ceux de la deuxième catégorie étaient commis à la garde des harems, car les autres conservaient une capacité †ǯ±”‡…–‹‘ǡ “—‹ •‡Ž‘ Žƒ ”—‡—” ’—„Ž‹“—‡ǡ Ž‡• ”‡†ƒ‹– ‡…‘”‡ ’Ž—• †±•‹”ƒ„Ž‡•Ǥ ƒ ˆ‹†±Ž‹–±
des uns et des autres valait toutes les gardes prétoriennes. Sachant que le reste de la société les rejetait sans appel, ils ne trouvaient de compensation affective que dans la ”‡…‘ƒ‹••ƒ…‡†‡Ž‡—”ƒÁ–”‡Ǥ˜±”‹–ƒ„Ž‡–”ƒ•ˆ‡”–ƒ—•‡•ˆ”‡—†‹‡•ǯ‘’±”ƒ‹–“—‹ǯƒ
pas encore été étudié par les psychanalystes. 18 —‘‹ “—ǯ‹Ž ‡ •‘‹–ǡ Žǯ‡——“—‡ ±–ƒ‹– •›„‘Ž‡ †‡ ”‹…Š‡••‡ ’—‹•“—ǯ‹Ž ˜ƒŽƒ‹– ’Ž—• †—
double de Žǯ‡•…Žƒ˜‡‘”†‹ƒ‹”‡Ǥ’ƒ”–‹”†—e siècle leur nombre se multiplie dans les pa-­‐
lais princiers. Le calife Al-­‐Muqtadir (908-­‐932) en aurait possédé 11000 dont 7000 Noirs, ”ƒ’’‘”–—±”‹“—‡“—‹•‡’ƒ••‡†‡…‘‡–ƒ‹”‡•—”Žǯ±…”ƒ•ƒ–‡ƒŒ‘”‹–±†‡•ˆ”‹…ƒ‹•Ǥ
La cour ottomane allait les chercher en Egypte. Certains ont rempli de très hautes fonc-­‐
tions, et, à partir de 1582, les Noirs supplantent définitivement les eunuques blancs dans la fonction publique. En Arabie, on en trouvait beaucoup employés sur les lieux saints où …‡”–ƒ‹•‘–”±ƒŽ‹•±†ǯ±‘”‡•ˆ‘”–—‡•Ǥ 19 Pour être complet il faudrait ajouter ceux qui assuraient un simple service domes-­‐
–‹“—‡ǡ‘—…‡—š“—‹ƒ˜ƒ‹‡–†‡•ˆ‘…–‹‘•†ƒ•Žǯ±…‘‘‹‡ǡ‘—†ƒ•Žǯƒ”±‡…‘‡‘—•
allons le voir. 20 Les gardes noires apparaissent dès le début de la conquête islamique en Tunisie et en Egypte. 21 ƒ•…‡†‡”‹‡”’ƒ›•ǡ‡ŽŽ‡…‘’–‡”ƒŒ—•“—ǯͶͲͲͲͲŠ‘‡•Žƒˆ‹†— e siècle et ƒ—–ƒ–ƒ—†±„—–†—ιǡ‡–ˆ‹‹”ƒ’ƒ”Œ‘—‡”—”ØŽ‡•‹‹’‘”–ƒ–“—ǯ‘Žǯ‡•–‹‡”ƒ†ƒ‰e-­‐
reuse. A plusieurs reprises le pouvoir encouragea la foule à les massacrer. En 1169, lors †ǯ—‡†‡”‹°”‡–‡–ƒ–‹˜‡†‡•‘—Ž°˜‡‡–ǡͷ‘‹”•ˆ—”‡–‹•Š‘”•†‡…‘„ƒ–ǡƒ‹•
ŽǯƒŽ‡”–‡ƒ˜ƒ‹–±–±•‹…Šƒ—†‡“—‡Žƒ‰ƒ”†‡ˆ—–†±ˆ‹‹–‹˜‡‡–•—’’”‹±‡ǡ…‡“—‹ǯ‡’²…Šƒ
pas de continuer à enrôler des Africains dans les autres corps de troupe. 22 — ƒ”‘…ǡ …‡ …‘”’• †ǯ±Ž‹–‡ †—”ƒ „‡ƒ—…‘—’ ’Ž—• Ž‘‰–‡’•Ǥ —Žƒ› •ƒǯ‹Ž ȋͳ͸͹ʹ-­‐
1727) organisa même non plus un corps de garde, mais une véritable armée noire. A partir de 1672, les expéditions se multiplient vers le sud pour razzier les Noirs ou en [31] acheter sur les grands marchés du Soudan, à Djenné ou à Tombouctou. Très vite cette armée devient si nombreuse que le sultan bâtit une ville pour la loger. Les soldats sont encouragés à se marier et leurs enfants deviennent à leur tour soldats-­‐esclaves. A 16 ans ils achèvent leur formation et épousent une jeune négresse afin que leurs enfants les ”‡’Žƒ…‡– —Œ‘—”Ǥ‡•›•–°‡ˆ‘…–‹‘ƒ•‹„‹‡ “—ǯ— •‹°…Ž‡’Ž—•–ƒ”†…‡…‘”’•±–ƒit †‡˜‡—Žƒ’”‡‹°”‡ˆ‘”…‡†‡Žǯ–ƒ–‡–†±…‹†ƒ‹–†—ƒ‹–‹‡‘—†‡Žƒ…Š—–‡†—•‘—˜‡”ƒ‹‡–
†‡ •‡• …‘ŽŽƒ„‘”ƒ–‡—”•Ǥ ƒ†‹ —ƒƒ†ǡ ‡ƒ…± †ǯ—‡ ‘—˜‡ŽŽ‡ ”±˜‘Ž–‡ †‹••‘—– †±ˆ‹‹–i-­‐
˜‡‡–Ž‡…‘”’•‡–‡†‹•’‡”•ƒŽ‡•Š‘‡••—”Žǯ‡•‡„Ž‡†—”‘›ƒ—‡Ǥ 23 Le système productif méditerranéen ne semble pas avoir retenu une foule †ǯ‡•…Žƒ˜‡• …‘‡ …‡Žƒ ˆ—– Ž‡ …ƒ• †ƒ• Žƒ ƒ”ƒÃ„‡ ‘— ƒ—š –ƒ–•-­‐Unis par exemple. Seul Žǯ‘”‹‡–±•‘’‘–ƒ‹‡•‡„Ž‡ƒ˜‘‹”—–‹Ž‹•±Ž‡–”ƒ˜ƒ‹Ž•‡”˜‹Ž‡•—”—‡±…Š‡ŽŽ‡…‘’ƒ”ƒ„Ž‡
 …‡ŽŽ‡ †‡ Žǯ±”‹que. Les itinéraires de cette traite passaient par le Sahara et par les berges méditerranéennes autant que par celles de la mer Rouge. 24 ‡•–”ƒ˜ƒ—š†ǯŽ‡šƒ†”‡‘’‘˜‹…•—”Ž‡•‰”ƒ†‡•”±˜‘Ž–‡•†‡•e et IXe siècles en ”±˜°Ž‡–Žǯƒ’Ž‡—”ǡƒ‹•”‹‡†‡…‘’ƒ”ƒ„Ž‡ǯƒ‡…‘”‡±–±‡–”‡’”‹•’‘—”Žǯ±’‘“—‡o-­‐
†‡”‡ ‡±†‹–‡””ƒ±‡Ǥ…‘ƒÁ–…‡’‡†ƒ– Žǯ‹’‘”–ƒ…‡ †‡• ’Žƒ–ƒ–‹‘• †‡ …ƒ‡
•—…”‡†—ƒ”‘…†‘–Žǯ‡••‡–‹‡Ž†‡Žƒƒ‹-­‐†ǯà—˜”‡’”‘˜‡ƒ‹–†—•—††—ƒŠƒ”ƒǤ‡n-­‐
core de sérieuses révoltes dans les années 1576-­‐1598 ont dû ébranler le système, mais on en ignore à peu près tout, aussi bien des conditions que du déroulement. 25 Hors de ce cas, semble-­‐t-­‐il marginal du Maroc, le travail des esclaves noirs relève beaucoup plus du saupoudrage artisanal que de la concentration industrielle. Ce qui ǯ‡š…Ž—–’ƒ•—–‘–ƒŽ‹’‘”–ƒ–†ǯŠ‘‡•‘—†‡ˆ‡‡•‹•ƒ—•‡”˜‹…‡†ǯ—•—’‡”ˆŽ—ǤŽ
˜ƒ—†”ƒ‹–†‘…‹‡—š’ƒ”Ž‡”†ǯ—‡•‘…‹±–±†ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡“—‡†ǯ—‡•‘…‹±–±‡•…Žƒ˜ƒ‰‹•–‡Ǥ II -­ Zones de capture et itinéraires de traite 26 Depuis que les musulmans ont investi la traite transsaharienne, deux grandes œ‘‡•†ǯƒ’’”‘˜‹•‹‘‡‡–†‹˜‹•‡–Žƒ”±‰‹‘†—ƒŠ‡ŽǤ 27 -­‐ Žǯ‡•–ǡ•—”—‡„ƒ†‡“—‹‡‰Ž‘„‡Žǯƒ…–—‡Ž‘—†ƒ‡–Ž‡•ƒ”‰‡•†‡Žǯ”›–Š”±‡‡–
†‡Žǯ–Š‹‘’‹‡ǡŽƒ–”ƒ†‹–‹‘n des razzias remontaient à une époque très ancienne. Les Pha-­‐
raons souvent en guerre contre ces turbulents voisins leur imposaient déjà des tributs ‡‡•…Žƒ˜‡•Ǥ‡–”ƒ‹–±†‡͸ͷͳƒ˜ǤŽ‡•‘„Ž‹‰‡ƒ‹–‡Ž‹˜”‡”͵͸Ͳ’ƒ”ƒ‡–’”±…‹•ƒ‹–“—ǯ‹Ž•
devaient tous être de magnifiques spécimens humains, en excellente forme, ni impu-­‐
„°”‡•ǡ‹–”‘’˜‹‡—šǤŽǯ‡š–”²‡‡•–ǡŽƒ…‘”‡†‡Žǯˆ”‹“—‡ƒŽ‹‡–ƒ‹–—ˆ‘”–…‘—”ƒ–‡
†‹”‡…–‹‘ †‡ Žǯ”ƒ„‹‡ ‡– †— ‘Žˆ‡ ‡”•‹“—‡ǡ …‘‡ ‘—• Žǯƒ˜‘• ˜—• ’‘—” —‡ ’±”‹‘†‡
ultérieure au moment des révoltes de Basra. 28 -­‐ ƒ•‡…‘†‡œ‘‡Žǯ‘—‡•–•ǯ±–‡†•—”Žƒ˜ƒŽŽ±‡†—‹‰‡”‡–’‘—••‡†‡•‡š–‡•‹‘•
en direction de la Sénégambie et du golfe de Guinée. Sur cette immense région à échelle continentale, une continuité opiniâtre de rafles trƒ˜‡”•ŽǯŠ‹•–‘‹”‡†—e •‹°…Ž‡Œ—•“—ǯ—
tardif XIXe †‘–‘ǯ‡•–’ƒ•…‡”–ƒ‹“—ǯ‹Ž‡•‡’”‘Ž‘‰‡’ƒ•‡’Ž‡‹ιǨ 29 Restons sur la ligne de partage ethnique entre nomades et sédentaires, entre agri-­‐
…—Ž–‡—”• ‡– ±Ž‡˜‡—”•ǡ ‡–”‡ Žƒ…• ‡– ‘‹”• ‡– Žǯ‡semble des conflits et des stratégies •ǯ±…Žƒ‹”‡†ƒ•†‡•ƒ˜ƒ–•±“—‹Ž‹„”‡•‘î‹Ž•ǯƒ‰‹–†ǯ‡š’Ž‘‹–‡”Žǯƒ—–”‡Œ—•“—ǯƒ—’‘‹–†‡”—p-­‐
–—”‡ “—‹ ”‹•“—‡”ƒ‹– †‡ Ž‡ ˆƒ‹”‡ †‹•’ƒ”ƒÁ–”‡Ǥ ”ƒ…Š‹” …‡––‡ Ž‹‹–‡ …ǯ‡•– –ƒ”‹” Žƒ •‘—”…‡ †‡
richesse, aussi, alternent guerres et longues périodes de collaborations favorables à tous les métissages physiques et culturels. Les Tarikh en relatent les débuts, mais la plupart [32] échappent au scriptural et ne peut être relaté que dans une tradition orale en voie de disparition. 30 Quoi q—ǯ‹Ž‡•‘‹–ǡ†‡‡—”‡Žǯ‹•‘Ž—„Ž‡’”‘„Ž°‡•–ƒ–‹•–‹“—‡ǡ…Ž‡ˆ†‡Žǯ±˜‘Ž—–‹‘†é-­‐
‘‰”ƒ’Š‹“—‡ †‡ –‘—–‡ Žƒ ”±‰‹‘ǡ ‡– ’ƒ”–ƒ– †‡• ’‘••‹„‹Ž‹–±• †‡ ’‘…–‹‘Ǥ ǯƒ”…Š±‘Ž‘‰‹‡
†‡˜”ƒ‹–ˆ‘—”‹”†‡•‘Ž‹†‡•„ƒ•‡•’ƒ”–‹”†‡Žǯ‡š–‡•‹‘†‡Žƒ†±•‡”–‹ˆ‹…ƒ–‹‘†—‡–”°••‘u-­‐
˜‡–ƒ—š˜ƒ”‹ƒ–‹‘•…Ž‹ƒ–‹“—‡•ˆƒ…‹Ž‡‡–”‡’±”ƒ„Ž‡•ǡƒ‹•Ž‘”•“—‡…‡ǯ‡•–’ƒ•Ž‡…ƒ•ǡ‹Ž
•ǯƒ‰‹–†‡Žǯ‡š‘†‡†‡’‘’—Žƒ–‹‘•“—‹ǯ‡’‡—˜‡–ƒ‹•†‡˜ƒ–Žƒ–”ƒ‰±†‹‡†‡•”ƒˆŽ‡•Ǥƒ
Ž‹‹–‡‡š–”²‡‡•–ƒ––‡‹–‡Ž‘”•“—‡Žǯ‹•±…—”‹–±‡Žƒ‹••‡’Ž—•Žƒ’‘••‹„‹Ž‹–±†ǯ—‡’”‘†—c-­‐
tion agricole. 31 ǯ‡•–…‡“—‡”±˜°Ž‡Ž‡ –”°•„‡ƒ—–”ƒ˜ƒ‹Ž…‘†—‹– ƒ—±±‰ƒŽŽ‡Ž‘‰†‡ Žƒ ˜ƒŽŽ±‡†—
ˆŽ‡—˜‡’ƒ”Ž‡•…Š‡”…Š‡—”•†‡ŽǯǤƒ‹•–‘—–”‡•–‡ˆƒ‹”‡’‘—”Žƒ˜ƒŽŽ±‡‡–Ž‡†‡Ž–ƒ‹–é-­‐
rieur du Niger. Il faut croire que les prédat‡—”• ‘– ”ƒ–‹••± ƒ˜‡… Žǯ‡ˆˆ‹…ƒ…‹–± ƒš‹ƒŽ‡
’—‹•“—‡…‡”–ƒ‹••‘–ƒŽŽ±•Œ—•“—ǯƒ—‘”††‡Žǯƒ…–—‡Ž
Šƒƒ‘—Ž‡Ž‘‰†ǯ—‡Ž‹‰‡“—‹•‡”–
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long de laquelle les Musulma• ˜‡—• †— ‘”†ǡ …‘˜‡”–‹••ƒ‹‡– ‡ ²‡ –‡’• “—ǯ‹Ž•
”ƒ••‡„Žƒ‹‡–Ž‡—”•…ƒ”ƒ˜ƒ‡•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•†‡•–‹±‡•Œ±±‡‡–‘„‘—…–‘—Ǥ—‡Žǯ‘
”±ƒŽ‹•‡„‹‡Žƒ†‹•–ƒ…‡†‡’”°•†‡‹ŽŽ‡‹Ž‘°–”‡•ƒ˜ƒ–†ǯƒ––‡‹†”‡…‡––‡†‡”‹°”‡“—‹
ǯ±–ƒ‹–“—‡Ž‡’”±Ž—†‡ la traversée du Sahara. 32 ƒŠƒŽ–‡•ǯ‹’‘•ƒ‹–’Ž—•‘—‘‹•Ž‘‰—‡•—”…‡•ƒ”…Š±•‹‰±”‹‡•ǡ’‘‹–†‡”—p-­‐
–—”‡†‡•…ƒ”ƒ˜ƒ‡•Ǥ‡•‡•…Žƒ˜‡•›±–ƒ‹‡–˜‡†—•†ǯƒ—–”‡•ƒ”…Šƒ†•”‘—–‹‡”•†—†é-­‐
sert. Il fallait constituer de nouveaux convois, ce qui pouvait prendre plusieurs mois. 33 Ces énormes marchés avaient gonflé la population des cités devenues également des centres majeurs de la culture musulmane. Autour des mosquées, de puissantes uni-­‐
˜‡”•‹–±•†±„ƒ––ƒ‹‡–†‡ŽƒŽ±‰‹–‹‹–±†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥƒ‡†ƒ„ƒ enseignait à Tombouc-­‐
–‘— “—‡ Žƒ •‡”˜‹–—†‡ †‡ Žǯ‹…”‘›ƒ– ‡ ’‘•ƒ‹– ƒ—…— ’”‘„Ž°‡ †‡ …‘•…‹‡…‡Ǥ ‘—–
Žǯƒ”‰—‡–ƒ‹”‡”‡’‘•ƒ‹–•—”Ž‡•…ƒ•Ž‹‹–‡•†—…ƒ’–‹ˆ†‡‰—‡””‡…‘˜‡”–‹ƒ—‘‡–†‡•ƒ
défaite et autres hypothèses formalistes où la science coranique sǯ±’—‹•ƒ‹– ‡ †±„ƒ–•
aussi vains que ceux des scolastiques formalistes de nos universités médiévales. De tout …‡Žƒ•—„•‹•–‡Ž‡•‡–‹‡–†ǯ—‡ƒ—˜ƒ‹•‡…‘•…‹‡…‡…‘’ƒ”ƒ„Ž‡…‡ŽŽ‡“—‡…‘ƒÁ–”ƒ
Žǯ—”‘’‡ƒ—e •‹°…Ž‡Ǥǯ•Žƒƒ—”‡•–‡ǯƒ’’‘”–ƒ–’ƒ•’lus de solution humaniste que la Chrétienté. 34 ‡–‡‘•†‡–‘—–…‡Žƒ“—‡Ž‡–”ƒˆ‹…±‰”‹‡”’‘—”•—•…‹–‡”†‡–‡Ž•†±„ƒ–•ǯƒ˜ƒ‹–”‹‡
†ǯƒ‡…†‘–‹“—‡ǡƒ‹•…‘†ƒƒ‹–…Šƒ“—‡ƒ±‡†‡•‹ŽŽ‹‡”•†‡˜‹…–‹‡•ˆ”ƒ…Š‹”Ž‡†é-­‐
sert. 35 La traversée suivait trois itinéraires principaux : x
x
1 -­‐ …‡Ž—‹†‡Žǯ‘—‡•–Œ‘‹‰ƒ‹–Ž‡‹‰‡”‡–Žƒ”‹’‘Ž‹–ƒ‹‡‡’ƒ••ƒ–’ƒ”ƒŠ‡”–ǡƒ™i-­‐
la, le Fezzan et le Kanen. De Tripoli une partie des esclaves repartait à Alexandrie ‡–ƒ—ƒ‹”‡†ǯ‘î‹Ž•±–ƒ‹‡–”‡†‹•–”‹„—±•†ƒ•Žǯ‘”‹‡–ƒ”ƒ„‡ ‡–Žǯ‡•–†‡Žƒ±†‹–‡r-­‐
ranée. El Bekri en 1068 décrit ce flux traversant des marchés très actifs du Caire, Žǯ‘„”‡†‡Žƒ‰”ƒ†‡‘•“—±‡‘•‡•…Žƒ˜‡••ǯ±…Šƒ‰‡ƒ‹‡–…‘–”‡†‡•±–‘ˆˆ‡•
”‘—‰‡•ǡ –ƒ†‹• “—ǯƒ—–‘—” •ǯ±’Ž‘›ƒ‹‡– Œƒ”†‹• ‹””‹‰—±• ‡– ’ƒŽ‡”ƒ‹es surgies en plein désert. 2 -­‐ par Warghla Tadmekket on rejoignait Tunis ou Bougie. Axe qui semble avoir ±–± ‘‹• ˆ”±“—‡–± “—‡ Ž‡ ’”±…±†‡– †‘– Ž‡ •—……°• ±–ƒ‹– †ð  Žǯ‹’‘”–ƒ…‡ †‡
Tripoli comme plaque tournante. [33] x
3 -­‐  Žǯ‡•–ǡ Ž‡ ƒ”‘… …‘—‹“—ƒ‹– ƒ˜‡… le Soudan par Ouadane. Les caravanes traversaient Sidjilmassa avant de gagner Fès. A partir de 1591, cette route connut — –”ƒˆ‹… ‹–‡•‡ ƒ˜‡… Žƒ …‘“—²–‡ †‡ Žǯ‡’‹”‡ ‘‰Šƒ› ’ƒ” Ž‡• –”‘—’‡• ƒ”o-­‐
…ƒ‹‡•“—‹‘……—’°”‡–Ž‡’ƒ›•Œ—•“—ǯŽƒˆ‹†—e siècl‡Ǥǯ‹Ž•ǯƒ‰‹••ƒ‹–†ƒ•—
’”‡‹‡”–‡’•†‡…‘–”ØŽ‡”Ž‡…‘‡”…‡†—•‡Ž•ƒŠƒ”‹‡ǡŽǯ±…Šƒ‰‡†ǯ‡•…Žƒ˜‡••‡
”±˜±Žƒ –”°• ˜‹–‡ Ž‡ ‡‹ŽŽ‡—” ‘›‡ †‡ ’ƒ‹‡‡–ǡ …‡ “—‹ ‡š’Ž‹“—‡ Žǯƒ„‘†ƒ…‡ †‡
•‘Ž†ƒ–•ƒˆ”‹…ƒ‹•†ƒ•Žǯƒ”±‡ƒ”‘…ƒ‹‡Ǥ 36 —‡Ž“—‡ˆ—–Žǯ‹–‹±”ƒ‹”‡ǡŽ‡•‡•…Žƒ˜‡•…‘—”‡–Žǯ—†‡•’‹”‡•ƒ”–›”ƒ—…‘—”•†‡
ces traversées. Dans un mémoire daté de 1697, Petis de la Croix suit une caravane entre Tripoli et Tombouctou. Traditionnellement en octobre, 400 à 4000 personnes selon les années partent accompagnées de 3 à 4000 chameaux. Elles arrivent au Fezzan deux mois plus tard, et il leur en faudra encore deux pour gagner le Bornou où elles séjourne-­‐
ront six autres mois avant de rentrer à Tripoli au printemps suivant. 37 On retrouve les délais de la traite atŽƒ–‹“—‡Ǥƒ”‘‹š‘–‡“—ǯƒ—…‘—”•†‡…‡”‡–‘—”
« ‹Ž‡—”–„‡ƒ—…‘—’†ǯ‡•…Žƒ˜‡•†‡‹•°”‡‡–†‡ƒ“—‡†ǯ‡ƒ— ». Dans ces conditions il ne ˆƒ—– ’ƒ• •ǯ±–‘‡” †‡• ±‘”‡• ’Ž—•-­‐values Ǣ Žǯ‡•…Žƒ˜‡ ƒ…Š‡–± ͺ ’‹ƒ•–”‡• ƒ— ‘”‘— ‡•–
revendu entre 40 et 60 piastres6Ǥ‡–‹•ƒŒ‘—–‡“—‡ǡ–‘—•Ž‡•ƒ•ǡ†ǯƒ—–”‡•…ƒ”ƒ˜ƒ‡•’Ž—•
modestes, de 15 à 20 hommes partaient aussi de Tripoli. 38 Toujours au XVIIe siècle, chaque année, de Tunis partaient deux caravanes qui re-­‐
venaient vendre les esclaves sur le marché de Souk al Barka construit à cet effet entre ͳ͸ͳͲ‡–ͳ͸͵͹ǤŽ‡•–…‡”–ƒ‹“—‡Žǯ‹˜‡•–‹••‡‡–±–ƒ‹–‡…‘”‡”‡–ƒ„Ž‡‡†±’‹–†‡Žƒ…‘n-­‐
currence de la traite atlantique. III -­ Fluctuations du système et incertitude des nombres 39 Vaste problème que ce détournement du commerce transsaharien par la traite ƒ–Žƒ–‹“—‡Ǥƒ••ǯƒ’’—›‡”•—”†ǯƒ—–”‡••‘—”…‡•“—‡Ž‡„‘•‡•ǡŽ‡•Š‹•–‘”‹‡•ƒˆˆ‹”‡–
“—‡Žƒ•‡…‘†‡ƒ”—‹±Ž‡’”‡‹‡”ǡ•ƒ•“—‘‹Žǯˆ”‹“—‡ǯƒ—”ƒ‹–’as pu supporter une telle ponction. Peut-­‐être, au regard de certains indices faut-­‐il nuancer ce propos. 40 ‡”•‘‡‡‹‡“—ǯƒ—e •‹°…Ž‡Žǯƒ””‹˜±‡†‡•‘”–—‰ƒ‹••—”Ž‡•…Ø–‡•‘……‹†‡–ƒŽ‡•
†‡Žǯˆ”‹“—‡„”‹•‡‡’ƒ”–‹‡…‡•ƒ…‹‡•”±•‡ƒ—šǤ Le commerce des esclaves se détourne ƒ••‹˜‡‡–˜‡”•Žǯ–Žƒ–‹“—‡•—”Ž‡•…Ø–‡•†‡±±‰ƒ„‹‡‡–•—”…‡ŽŽ‡•†—‰‘Žˆ‡†‡
—i-­‐
née. Le choc fut assez rude pour que la guerre dite des Marabouts ensanglante le nord de la Sénégambie entre 1637 et 1677. 41 Sous couvert de ramener les populations à une stricte orthodoxie religieuse Nassir al Din déclencha un vaste mouvement anti-­‐français. Il voulait en réalité les chasser de Saint-­‐‘—‹•†ǯ‘î‹Ž•†”ƒ‹ƒ‹‡–—ˆ‘”–…‘—”ƒ–‡•…Žƒ˜ƒ‰‹•–‡†‡•–‹±ƒ—š–‹ŽŽ‡•Ǥ‡‘–
†ǯ‘”†”‡±–ƒ‹– clair : ne plus livrer un seul esclave. Ce fut un échec. Dans ses troupes les ‡—Ž•ǡˆ‡”˜‡–•‹•Žƒ‹•–‡•ǡ•ǯ±–ƒ‹‡–‡‰ƒ‰±•‡ƒ••‡Ǥ’”°•Žƒ†±ˆƒ‹–‡‹Ž••‡”‡–‹”°”‡–ƒ—
Fouta-­‐Djallon où ils fondèrent un solide royaume, véritable plaque tournante de la traite. ‡”‡˜‹”‡‡–•ǯ‡š’Ž‹“—‡ƒ‹•±‡–•‹Žǯ‘ƒ†‡–“—ǯ‹Ž•ƒÁ–”‹•ƒ‹‡–†±•‘”ƒ‹•Ž‡•”ƒœœ‹ƒ•
•—”Žǯ‡•‡„Ž‡†‡Žƒœ‘‡‹‰±”‹‡‡†‘–‹Ž•†‹˜‹•ƒ‹‡–Ž‡•˜‹…–‹‡•‡–”‡Ž‡•ƒ”…Š±•†‡
Tombouctou et ceux du Galam destinés à Saint-­‐Louis. [34] 42 Par la suite il ne fut plus jamais question de conflit avec les Musulmans, le partage assurait de nouveau le ravitaillement des caravanes transsahariennes. On peut même supposer que les Européens qui déportaient en gros trois hommes pour une femme, abandonnaient ces dernières aux Musulmans qui travaillaient dans la proportion in-­‐
˜‡”•‡Ǥ‡ǯ‡•–“—ǯ—‡Š›’‘–Š°•‡ǡƒ‹•‡ŽŽ‡†‡ƒ†‡”±ˆŽ‡š‹‘Ǥ 43 ‘‡ …ǯ‡•– –‘—Œ‘—”• Ž‡ …ƒ• †ƒ• …‡––‡ Š‹•–‘‹”‡ǡ ‘ „—–‡ •—” Ž‡• †‘±‡• •–ƒ–‹s-­‐
tiques qui nous donneraient la clef du problème. ǯ‹…‡”–‹–—†‡ Žƒ’Ž—•ˆ‘”–‡‡•–†—…Ø–±
—•—ŽƒǤ†‹•’‘•‡ †ǯ‹†‹…‡••ƒ•’Ž—•Ǥ‹•‹ „ ƒ––—–ƒ†‹–ƒ˜‘‹””‡Œ‘‹–ǡ‡ͳ͵ͷ͵ǡ
une caravane traînant 600 femmes de Takada au Maroc. Le Polonais Radziwill qui sé-­‐
journe au Caire en 1582/83 voyait régulièrement des marchés présentant 2000 esclaves  †‡• ’”‹š –”°• „ƒ•Ǥ ǯŠ‹•–‘”‹‡ ƒ›‘† ƒ—› “—‹ ±–—†‹± Ž‡ ’”‘„Ž°‡ •ƒ ˜‹‡ †—”ƒ–ǡ
arrive à une estimation de 20 000 Noirs déportés chaque année à travers le désert, soit deux millions par siècle du VIIIe au XIX°. 44 Après une analyse fine Ralph Austen propose la fourchette de 1000 à 6000 par an entre 600 et 1700, soit un total fluctuant de un à six millions, à quoi il ajoutait 1 290 000 autre de 1700 à 1890. Herbert Klein remontait ce bilan de 5000 à 10 000 par an. Fran-­‐
çois Renault, pour le XVIIIe siècle estime à150 000 les arrivées à Tripoli et 650 000 celles †‡Žǯ‰›’–‡Ǥ 45 On entre dans une précision plus fiable pour Tripoli car fondée sur les correspon-­‐
dances consulaires. Autre indice, Tripoli réexportait une partie de ces Noirs à Constanti-­‐
‘’Ž‡ǡ‡ ”°…‡‡–†ƒ•Ž‡•ÁŽ‡• †‡ Žǯ‰±‡‡ ‘Ž‹•ƒ– †‡• ƒ˜‹”‡•…Š”±–‹‡• †‘–Ž‡•ƒr-­‐
chives subsistent. Elles dénoncent clairement la continuation du trafic par les Français ƒ’”°• Žǯƒ„‘Ž‹–‹‘ ’”‘‘…±‡ ’ƒ” Žƒ ‘˜‡–‹‘ ‡ ͳ͹ͻͶǤ ‡ •…‘”‡ ǯ±–ƒ‹– ’ƒ• ‹…‡
puisque chaque navire embarquait en moyenne 200 à 250 esclaves. Au fil des ans le tra-­‐
Œ‡–•ǯ±–ƒ‹– †±’‘”–±†‡ ‘„‘—…–‘—˜‡”•Ž‡‡œœƒ†‘–Ž‡…Š‡‹ǡ†‡’—‹• ͳ͸ʹ͸ǡ’ƒ›ƒ‹–—
tribut annuel de 4000 mitkals payables moitié en pou†”‡†ǯ‘”‡–‘‹–‹±‡‡•…Žƒ˜‡•ȋ‡n-­‐
viron 70 esclaves). 46 —‘‹ “—ǯ‹Ž ‡ •‘‹– –‘—• Ž‡• ‹†‹…‡• …‘˜‡”‰‡– ’‘—” ƒ––‡•–‡” Žƒ …‘–‹—ƒ–‹‘ †ǯ—‡
–”ƒ‹–‡“—‡Ž‡•—”‘’±‡•ǯ‘–Œƒƒ‹•–ƒ”‹‡ǡ–‘—–ƒ—’Ž—•Žǯ‘–-­‐ils ralentie. Conclusion 47 Notre propos focalisé s—”Ž‡•‡•…Žƒ˜‡•ǯƒ’ƒ•–‡—…‘’–‡†—…‘‡”…‡…‘Œ‘‹–
†‡Žǯ‘”‡–Ž‡Žǯ‹˜‘‹”‡ƒˆ”‹…ƒ‹ǡ–‘—Œ‘—”•ƒ…–‹ˆǤƒ±†‹–‡””ƒ±‡•‡–”‘—˜‡ƒ‹•‹ƒ—…‡–”‡†ǯ—
double courant, celui bien connu qui alimente les flux de Chrétienté en Islam et celui plus mystérieux †ǯˆ”‹“—‡‘‹”‡‡’ƒ›•ƒ”ƒ„‡•‡––—”…•Ǥ 48 ŽŽ‡ ǯƒ †‘… ’ƒ• ’‡”†— •‘ ”ØŽ‡ †‡ …‡–”‡ †ƒ• —‡ ±…‘‘‹‡ ‹–‡”…‘–‹‡–ƒŽ‡
foulant aux pieds le plus élémentaire humanisme et plaçant à égalité deux mondes reli-­‐
gieux théoriquement assoiffés de la grandeur de ŽǯŠ‘‡ǡƒ‹•“—‹ǯ‘–”‹‡•ǯ‡˜‹‡”
•—”Ž‡…Šƒ’‹–”‡†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥ Notes 1 -­‐ Le texte arabe et la traduction de ces deux ouvrages publiés pour la première fois en 1913-­‐ͳͻͳͶ ‘– ±–± ”±±†‹–±• ‡ ͳͻͺͳ ’ƒ” Žƒ ‹„”ƒ‹”‹‡ †ǯ±”‹“—‡ ‡– †ǯ”‹‡– †”‹‡
Maisonneuve, Paris. 2 -­‐ Ennaji (M), ‘Ž†ƒ–•ǡ†‘‡•–‹“—‡•‡–…‘…—„‹‡•Ǥǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ƒ—ƒ”‘…ƒ—ν•‹°…Ž‡, Casablanca, EDDIF, 1997 [35] 3 -­‐ Diego de Haëdo, ‘’‘‰”ƒ’Š‹‡‡–Š‹•–‘‹”‡‰±±”ƒŽ‡†ǯŽ‰‡”, Editions Bouchène, 1998, p. 145 4 -­‐ Meillassoux (C), ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡ˆ”‹“—‡’”±…‘Ž‘‹ƒŽ‡, Paris, Maspéro, 1975. 5 -­‐ Parue en 12 volumes de 1704 à 1712. 6 -­‐ Lange (D), « Un document de la fin du XVIIe siècle sur la traite transsaharienne », RHFOM, 1979, n° 242-­‐243, p 211-­‐219. Bibliographie Abréviations : A.E.S.C = Annales, Economie, Société. C.T = Cahiers de la Tunisie. J. A. H = Journal of African History. R. H = Revue Historique. R. T =Revue Tunisienne. R.T.S.S = Revue tunisienne de Sciences sociales. Histoire chronologique du royaume de Tripoli, B.N. Paris, Ms fs n°12 219, ff 10et 108 et n°12 220 ff 56 et 261 (écrit par un chirurgien français esclave à Tripoli de 1668 à1676) ABIR (G), "Slavery in nineteenth Century Egypt", J.A.H., vol 8 n°3, 1967. ARANDA (E), Relation de la captivité et liberté du Sieur Emmanuel d'Aranda, Paris, 1657, nou-­‐
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˜‘›ƒ‰‡ ’‘—” Žƒ ”±†‡’–‹‘ †‡• …ƒ’–‹ˆ• ƒ—š ”‘›ƒ—‡• †‡ ƒ”‘… ‡– †ǯŽ‰‡” ’‡†ƒ– Ž‡• ƒ±‡•
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vrier 2009. Auteur Jean-­Michel Deveau C.M.M.C -­‐ Université de Nice-­‐Sophia-­‐Antipolis Paru dans Cahiers de la Méditerranée, vol. 65, L'esclavage en Méditerranée à l'époque moderne , 2002 [39] L'esclavage des Noirs en terre d'islam « Il est en islam un clivage choquant que nul n'ose dénoncer, de peur sans doute de soulever le couvercle qui couvre le puits : celui de la couleur de peau des esclaves. Certes, l'islam rappelle aussi clairement que possible à ses adeptes qu'il n'est fait au-­
cune différence entre un Arabe et un Barbare (A'jami), si ce n'est le degré de foi de chacun. Mais la réalité est plus complexe. Sur le plan des représentations, on doit constater que le regard négatif porté sur le Noir s'est cristallisé depuis l'Antiquité, ce que la tradition arabe, puis la doxa musulmane n'ont fait qu'entériner. [...] Si nombre de musulmans ne voient là qu'une vétille qui ne mérite pas qu'on s'y attarde et la prenne au sérieux, beaucoup d'autres, noirs de peau ceux-­là, en souffrent terrible-­
ment et commencent à le dire. Ce tabou se dissimule dans les replis d'une fausse certi-­
tude selon laquelle, en islam, il n'y aurait ni esclavagisme, ni ostracisme, ni même ra-­
cisme, hypothèse naïve, à l'évidence, qu'un auteur comme Bernard Lewis dans "Race et couleur en islam" déconstruit avec son habituelle dextérité [...] » Malek Chebel Partie 1 -­‐ L'esclavage des Noirs en terre d'islam Partie 2 -­‐ Le racisme antinoir ordinaire Partie 3 -­‐ A l'assaut de l'Afrique Partie 4 -­‐ La traite des Blancs en Europe Partie 5 -­‐ L'esclavage sexuel Partie 6 -­‐ Esclaves militaires, chasses aux nègres et razzias Partie 7 -­‐ Conclusion Avant propos Pour prévenir les éventuelles récupérations de cet article à des fins diverses, il con-­‐
vient d'expliquer que ce qui a motivé son écriture. Cet article est né de la volonté de ré-­‐
futer les mensonges affirmés de manière péremptoire sur la question de l'esclavage des Noirs en terre musulmane pendant plusieurs siècles. Beaucoup de prosélytes musul-­‐
mans se permettent en effet de réécrire l'Histoire de la traite et de l'esclavage des Noirs en pays d'islam en retranchant cyniquement la vérité historique afin de mieux la rem-­‐
placer par des mythes. À les entendre, les esclaves noirs étaient bien traités et pas le moindre racisme n'est venu obscurcir ce magnifique tableau. Ça en devient même pathé-­‐
tique de voir le surgissement de ce négationnisme et de voir la masse d'arguties réquisi-­‐
tionnées pour en constituer le socle. Cet article démontrera par conséquent qu'il n'y a pas de quoi fanfaronner vis-­‐à-­‐vis de ce que les Africains déportés ont dû subir en Afrique du nord ou au Moyen-­‐Orient. Et surtout que le racisme, la bêtise et le racisme ordinaires étaient leur lot quotidien bien avant que les Européens ne s'y mettent. Ceux qui défen-­‐
daient jusqu'ici cette théorie de l'esclavage « jovial et humain » en terre d'islam sans sa-­‐
voir de quoi il retournait, tout comme ceux qui se contentaient de répéter bêtement des inepties inventées de toutes pièces par des théologiens qui confondent leur ego avec la vérité historique, vont vraiment tomber de haut. Mais alors de très très haut. [40] Introduction Depuis toujours, on nous a affirmés avec une certaine assurance péremptoire que la traite et l'esclave institués dans les pays arabes étaient différents de ce qui s'était passé aux Amériques. Pour preuve, on démontrait cette différence fondamentale avec un ar-­‐
gument imparable : les Arabes réduisaient en esclavage tout le monde, sans distinction de couleur alors que les Européens s'étaient racialement spécialisés sur les Africains. Mais est-­‐ce que cela signifie pour autant que la race n'a joué aucun rôle tout au long de l'histoire dans les pays musulmans dans lesquels une forte population servile existait ? À l'origine, les Arabes sont uniquement les habitants de la péninsule arabique. C'est grâce à la révélation du Coran qu'ils partent à la conquête, d'abord du Proche-­‐Orient, puis de l'Afrique, de l'Europe et du monde. Lors de ces conquêtes militaires, ils rencon-­‐
trent d'autres peuples qu'ils soumettent et auxquels ils imposent, très souvent, leur langue. Ces peuples -­‐ parfois sémites, parfois pas du tout -­‐ sont automatiquement quali-­‐
fiés à leur tour d'« Arabes » par les Européens à partir du moment où ils parlent la langue des conquérants de la péninsule arabique. D'où la confusion constante entre « Arabes » et « musulmans ». Une exposition sur l'ancienne Nubie à Paris ? Et c'est L'Ins-­
titut du monde arabe qui l'organise. Or la Nubie légendaire n'a rien à voir avec le monde arabe, ni de près ni de loin. Mais la confusion s'opère du seul fait que les Nubiens con-­‐
temporains parlent aujourd'hui l'arabe et sont en majorité musulmans. C'est un peu comme si on disait que la civilisation inca était espagnole sous prétexte que les descen-­‐
dants de ces Incas sont devenus chrétiens et parlent de nos jours l'espagnol pour une bonne partie d'entre eux. Les Mésopotamiens (d'Irak) de l'époque de Nabuchodonosor II, par exemple, étaient des Sémites, mais pas des Arabes. À cette époque, les tribus sé-­‐
mites du Moyen-­‐Orient étaient des tribus cousines, parlant une langue voisine, ayant des us et coutumes très proches mais on ne les qualifiait pas encore d'arabes. On ne parlera des peuples sémites d'Irak, de Syrie, du Liban etc. comme étant des « Arabes » que lors-­‐
que l'expansion des tribus bédouines d'Arabie, portant le fer au nom de l'islam, les ara-­‐
biseront en imposant leur langue et leur religion. Des peuples non-­‐sémites, comme les Kurdes, les Perses (ces deux peuples sont cou-­‐
sins et parlent des langues indo-­‐européennes) et les Berbères d'Afrique du nord s'isla-­‐
miseront et adopteront la langue arabe, ce qui fera, qu'à leur tour, on les assimilera aux originaires de la péninsule arabique bien qu'ils ne soient pas sémites sur un plan an-­‐
thropologique. Les Turcs ottomans s'islamiseront eux aussi sans pour autant être assi-­‐
milés à des « Arabes ». Comme préciser à l'instant, les Arabes, dans le cadre qui nous intéresse ici, sont intimement liés à l'islam puisque c'est en son nom qu'ils partent à la conquête du monde. Lorsque le mot « islam » ne prend pas la capitale, il s'agit explicite-­‐
ment de la religion en tant que telle. Lorsqu'il prend la majuscule, le terme « Islam » dé-­‐
signe l'ensemble des populations musulmanes ainsi que la civilisation et les sociétés islamiques. Les Africains rencontreront donc tous ces peuples durant l'Histoire mais nous nous concentrerons sur la période située entre le 7ème et le 20ème siècle en prê-­‐
tant une attention toute particulière sur le traitement réservé aux Africains et aux métis d'Africains dans un contexte d'asservissement. L'esclavage dans les textes Que disent les textes au sujet de l'esclavage ? En fait, l'esclavage est une pratique mil-­‐
lénaire qui existait sur tous les continents. La Bible et le Talmud acceptent l'esclavage, [41] tout comme le Coran. Talmud, Bible et Coran réclament que les esclaves soient bien trai-­‐
tés -­‐ on imagine, certes, mal lire le contraire. Cependant, aucun d'entre eux ne le con-­‐
damne fermement, ni ne l'interdit. Dans le Talmud, pour inciter les juifs à bien traiter leurs esclaves, il leur est rappelé la période où ils furent eux-­‐mêmes « esclaves en Égypte ». Dans le nouveau Testament, les traducteurs ont parfois remplacé le terme « esclave » par le mot « serviteur » pour des raisons « morales ». On lit dans Éphésiens (VI, 6) : « Serviteurs, obéissez à vos maîtres selon Žƒ …Šƒ‹”ǡ ƒ˜‡… …”ƒ‹–‡ ‡– –”‡„Ž‡‡–ǡ †ƒ• Žƒ •‹’Ž‹…‹–± †‡ ˜‘–”‡ …à—”ǡ …‘‡  Š”‹•– ǽ. Puis plus bas, le mot « serviteur » disparait soudainement : « sachant que chacun, soit es-­
clave, soit libre, recevra du Seigneur, selon ce qu'il aura fait » (Éphésiens, VI, 8). On remarque que dans le premier cas, c'est une injonction à servir le maître sans re-­‐
chigner : les traducteurs ont donc volontairement employé le mot « serviteur » afin de ne pas contredire le message biblique qui prétend libérer l'Homme. Or le terme grec qui est traduit ici est doulos. Dans le deuxième cas, afin de démontrer l'ouverture du chris-­‐
tianisme, les traducteurs ont, cette fois, laissé le mot « esclave » car, dans ce contexte, la phrase évoque un aspect positif du Livre qui ne distingue pas les êtres selon leurs condi-­‐
tions. Pourtant, ici aussi c'est le terme grec doulos qui a été employé pour désigner des esclaves. En somme, le terme doulos a été employé dans les deux cas mais selon l'image qu'ils voulaient donner, les traducteurs ont transposé le terme doulos, soit en serviteur, soit en esclave. Dans l'Arabie préislamique, l'asservissement est, comme dans beaucoup d'endroits †— ‘†‡ǡ ƒ— …à—” †‡• •‘…‹±–±• ’ƒ•–‘”ƒŽ‡• †‡s bédouins du désert. Le prophète de l'islam se chargera d'« adoucir » l'esclavage en lui donnant un cadre plus « humain ». Il appelle les musulmans à traiter leurs esclaves avec bonté, à bien les nourrir, à partager la nourriture avec eux, à ne pas être démesurément sévères dans les punitions infligées en cas de faute et à les affranchir dans certaines conditions. Tous ces versets existent dans le Coran. Cependant, rien n'est exigé. Ce ne sont pas des sommations mais des re-­‐
commandations : il n'est, à aucun moment, question d'ériger l'esclavage en interdit abso-­‐
lu. Pourtant, on trouvera des théologiens pour jouer sur les mots et faire passer ce mes-­‐
sage, en faveur du bon traitement des esclaves, pour un message abolitionniste exigeant l'abrogation de l'esclavage. Or remettre en cause le traitement d'un homme exploité n'est pas la même chose que de dénoncer sa condition servile à telle enseigne qu'un par-­‐
tisan de l'esclavage peut, pour des raisons morales, refuser que des abus soient perpé-­‐
trés contre des gens en servitude sans pour autant considérer cette servitude comme une aberration morale. Visiblement, certains n'arrivent pas à appréhender cette com-­‐
plexité sémantique et en profitent pour semer la confusion là où elle n'a pas lieu d'être. Extraits du Coran : « Ceux qui parmi vos esclaves demandent [leur affranchissement] par écrit, donnez-­le-­
leur si vous avez une bonne opinion d'eux et faites leur des largesses avec les biens dont Allah vous a comblé ; [La voie droite], c'est de libérer ceux qui sont captifs »[i] L'affranchissement est ici conditionné (par la phrase « si vous avez une bonne opinion d'eux ») à un jugement fondé sur le mérite. On retrouvera cette condition dans un autre verset du Coran cité par M. Chebel : « Quant à ceux de vos captifs qui désirent s'affranchir, rédigez en leur faveur un accord qui stipule leur liberté, pour autant qu'ils l'aient méritée » (XXIV, 33). Là aussi, la condition de l'affranchissement est claire : on incite à libérer les esclaves tant que ceux-­‐ci le méritent mais ce n'est pas une injonction. Un autre passage est encore plus en contradiction ave le mythe de l'abolitionnisme contenu dans le Co-­‐
[42] ran : « Dieu a favorisé les uns par rapport aux autres en matière de richesse et de biens. Ceux qui ont été favorisés vont-­ils jusqu'à partager leurs biens avec leurs esclaves de sorte qu'ils deviennent leurs égaux ? Douteraient-­ils des bienfaits de Dieu ? » (XVI, 73). Ce pas-­‐
sage du Coran dit que si Dieu a choisi de faire des inégaux en richesse ce n'est pas pour que les riches aillent ensuite, d'eux-­‐mêmes, partager leurs biens avec les pauvres ou leurs esclaves. Le faire, c'est tout simplement douter de celui qui établit cette hiérarchie de classe. Donc, douter de dieu. Alors certains s'offusqueront : si l'esclavage est si inhumain, pourquoi ne pas avoir exprimé explicitement son interdiction en faisant de ses partisans des ennemis de l'islam, tout simplement ? Le Coran est rempli d'interdits d'ordre sexuel et alimentaire, pourquoi pas un interdit sur cette question bien précise si elle était si importante ? En fait, pour se distinguer de la traite et de l'esclavage occidental, certains théologiens mu-­‐
sulmans ont réécrit l'Histoire en leur faveur afin de faire dire à des versets du Coran ce qu'ils n'ont jamais voulu dire. Là où il n'était question que d'invitation à un affranchis-­‐
sement très souvent conditionné, ils ont traduit cela par un rejet total de l'esclavage. Et dans cette opposition comparative, perpétuelle et concurrentielle avec la traite et l'es-­‐
clavage des Noirs par l'Occident, on a cherché à établir un « pire » et un « moins pire », tout en faisant de ce « moins pire » un modèle comparé au « pire ». Sauf que ce qui fonde la nature d'une bonne conduite, ce n'est pas son opposition au « pire » mais bien ce qui la constitue intrinsèquement, en tant que telle. On ne peut par conséquent affirmer sentencieusement que le « Coran prône l'abolition de l'esclavage » que s'il le prône concrètement, effectivement et non pas parce que sa position est « moins pire » que celle des autres Livres. Ainsi, l'affirmation selon laquelle le Coran prône l'abolition de l'esclavage est fausse. Tout simplement fausse. On peut jouer sur les mots, détourner les débats, faire des pirouettes rhétoriques, tout cela n'y changera rien. Les mots ont un sens bien précis. Autre point à préciser : les esclaves dont il est question dans le Coran ne sont pas que des Noirs mais sont constitués de Noirs, de Perses, comme de membres d'autres tribus arabes. Pourtant, là aussi, on a tendance à croire que, dès qu'il est question d'esclaves, il s'agit forcément d'Africains et d'eux seuls. Les premiers esclaves des Arabes sont d'autres Arabes. « L'abolition, affirme Malek Chebel, n'est pas un système étatique, structuré comme tel, non plus qu'un puissant leitmotiv du Coran. Le Coran n'étant pas contraignant, l'abolition relève de la seule initiative personnelle du maître. Cette ambiguïté est constructive de l'approche coranique : encourager ceux qui font le bien, mais ne pas alourdir la peine de ceux qui ne font rien. Plusieurs versets entérinent au demeurant l'infériorité de l'esclave par rapport à son maître. [...] Il faut rappeler que l'islam des débuts était infiniment plus humaniste, et sans doute aussi plus spirituel, que celui des siècles ultérieurs. L'esclavage y était considéré comme une calamité naturelle dont il fallait prémunir sa famille et la grande famille des croyants -­ hormis toutefois la servitude de l'ennemi, celle du captif, celle que l'on acquiert par suite d'un achat, d'une guerre, d'une razzia ou d'un troc. Mais la jurisprudence est floue, nuan-­
cée, alambiquée. En réalité, deux doctrines tranchées s'affrontent en islam : la première est celle des féodaux qui distordent le sens des versets coraniques pour les rendre plus favo-­
rables à leur commerce ; la seconde est celle des abolitionnistes qui prennent prétexte de la loi coranique pour affranchir à bon prix leurs esclaves ou parfois affranchir les esclaves des [43] autres. Car certains ne touchent pas aux leurs, qu'ils appellent tantôt "enfants", tantôt "fils" ou "filles " et qu'ils regardent comme de véritables enfants adoptifs [...] Si l'islam interdit vraiment l'esclavage, pourquoi le Prophète aurait-­il "détaxé" la pro-­
priété de l'esclave ? C'est ce que nous apprend un théologien comme El-­Bokhari (Traditions islamiques, t. I, p. 477), qui dit tenir le propos d'Abû Horaira (VIIème siècle), l'une des sources les plus fiables de la Tradition. Après l'avoir entendu du Prophète en personne, ce-­
lui-­ci aurait dit que "Le Musulman ne doit pas la dîme, ni pour son cheval, ni pour son es-­
clave". Aussi, les grands seigneurs n'hésitaient-­ils pas à garnir leurs palais d'esclaves, au même titre que de tapis somptueux ou de marbres les plus chers »[ii] Le droit musulman (la charia) réglementait les peines infligées aux esclaves reconnus de délits ou de crimes. Pour un esclave reconnu du délit de fornication, le tarif était de 50 coups de fouet alors que pour un Arabe libre il était de 100 coups. Le faux témoignage d'un esclave se voyait puni de 40 coups de fouet alors que celui d'un homme libre l'était de 80. Magnanimité vis-­‐à-­‐vis des esclaves ? Absolument pas. Pour le droit musulman, l'esclave est une sorte d'être irresponsable de ses actes. Il est en dehors de la raison hu-­‐
maine et on lui concède une faiblesse d'esprit telle qu'on ne lui reconnait qu'une semi-­‐
responsabilité. Le mépris vis-­‐à-­‐vis des esclaves est tel que, comme le note L. Franck au sujet de l'esclavage en Tunisie en 1810, « tant qu'une négresse est esclave, elle peut aller dans les rues à visage découvert ; mais dès qu'elle est devenue libre, la décence exige qu'elle se couvre d'un voile, comme les femmes mauresques »[iii]. Tout cela pour dire que l'escla-­‐
vage en tant quel tel ne posait aucun problème sur le plan de sa réalité sociale ni à la population ni aux théologiens de l'islam. Ils ont codifié tout un tas de règles dont le but n'a jamais été d'abolir l'esclavage mais bien de le cadrer afin que cet état, ainsi que le commerce qui en découle, perdure au bénéfice de toute la société et en particulier aux Jellab, un des noms donnés chez les Arabes aux marchands d'esclaves. Au Caire, au 19ème siècle, les imams couvrent ouvertement le trafic d'esclaves par des fatwas et ils ferment les yeux sur l'ignoble trafic tant qu'ils y trouvent un intérêt. Il se créa effectivement un office spécialement dédié à la question du trafic d'esclaves, constituant une preuve de la reconnaissance morale et religieuse de ce trafic. Il se nom-­‐
mait Service des esclaves auprès de la corporation des esclavagistes (meslahat ar-­raqîq bi-­
wakalat al jallaba). Sa mission était « de surveiller les transactions et les rentrées massives d'argent [et] fut dirigé successivement pa” ƒŒŒ ǮŽ‹ ȋͷ;͸ͼȌǡ •ƒ‹̹‹Ž „‡ ƒ†‹ ȋ†‡ ͷ;͹͹ 
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1852 »[iv] Malek Chebel précise encore : « de fait, les anciens théologiens décrètent que tel ou tel métier manuel est vil -­ ainsi ventouseur, sacrificateur, phlébotomiste, tisserand, marchand de linceuls, coiffeur, tanneur, cordonnier, etc. -­ mais se refusent à inclure parmi eux le commerce d'esclaves. L'explication que l'on peut en donner tient au fait que les souverains eux-­mêmes sont esclavagistes. Par conséquent, ils font appel aux services de marchands d'esclaves qui leur fournissent le quota qui les intéresse. Ni l'autorité publique, ni l'instance religieuse n'ont rien trouvé à y redire, les maîtres du pays eux-­mêmes se livrent à ce trafic »[v] Les trois religions sont donc d'accord sur ce point : l'esclavage est partie intégrante des sociétés contemporaines à la naissance de l'islam, du judaïsme et du christianisme. Murray Gordon, professeur de science politique à la City University et auteur du livre L'esclavage dans le monde arabe, voit donc le prophète de l'islam plus comme un « ré-­
formiste » qu'un « révolutionnaire ». Il s'étonne d'ailleurs de voir certains penseurs mu-­‐
[44] sulmans utiliser cet alibi pour « soutenir que son véritable objectif était l'élimination gra-­
duelle de l'esclavage »[vi]. Car, en effet, face à lui, Mohammed avait une société dans la-­‐
quelle l'esclavage était la norme et, de peur de s'aliéner un maximum d'esclavagistes, il lui était impossible de condamner fermement cette pratique et d'en interdire l'usage alors qu'il était déjà marginalisé par les tribus païennes d'Arabie qu'il désirait ramener à sa foi. Mais bien évidemment, en l'adoucissant, il le légitimait en lui donnant un cadre légal. Ironie de l'histoire : c'est ce désir d'humaniser le statut de l'esclave qui va ensuite servir de prétexte aux musulmans pro-­‐esclavagistes pour justifier le fait qu'ils possèdent des esclaves puisque, selon eux, le Coran ne remettait pas en cause ce droit. « En autorisant l'esclavage, le Coran ne posait pas les fondations d'une nouvelle institu-­
tion arabe ; simplement, il donnait sa bénédiction à ce qui constituait un mode de vie très ancien dans cette partie du monde. L'existence de l'esclavage impliquait que, au cours des années, un ensemble de règles normatives s'était instauré entre maîtres et esclaves qui fai-­
sait partie du tissu social de la société musulmane. En décrétant la validité de l'esclavage, le Coran accepte une discrimination entre les êtres humains, en accord avec l'ordre des choses divin. Dans cet ordre d'idées, l'esclave devait se résigner à servir son maître. Cepen-­
dant, le Coran voulut tempérer les rigueurs de cette institution en cherchant un équilibre entre les droits et les obligations du maître et de l'esclave. Si l'esclave avait l'obligation de servir son maître, il jouissait aussi de droits reconnus. Son propriétaire ne pouvait pas les ignorer et était légalement responsable de leur respect. Sur le plan spirituel, l'esclave pos-­
sédait la même valeur que l'homme libre en ce sens qu'il pouvait espérer les mêmes récom-­
penses éternelles pour son âme dans l'au-­delà. Aux yeux de Dieu, il était l'égal de son maître. Sur un plan plus terrestre, le Coran se souciait autant des besoins sociaux et hu-­
mains de l'esclave que de ses droits légaux. On trouve ici reflétées les vues du droit isla-­
mique qui considéraient l'esclave à la fois comme une chose, c'est-­à-­dire un bien meuble, et comme une personne. [...] Dans la classification des propriétés, le statut de bien mobilier de l'esclave était renforcé qu'il était mis dans la même catégorie des animaux, au sort des-­
quels le sien ressemblait fort »[vii] Plus les conquérants musulmans s'emparaient de nouvelles terres et plus l'esclavage devint, aux termes de la loi islamique, difficile puisqu'il était interdit d'asservir des per-­‐
sonnes musulmanes nées libres au sein de la société, sauf si elles étaient nées de parents esclaves ou si elles avaient été faites prisonnières au cours du jihad. C'est Omar, le deu-­‐
xième calife de l'islam, qui prononça cette fatwa interdisant aux musulmans d'asservir d'autres musulmans. Le jihad fournit ainsi la plus grande source des esclaves durant les premiers siècles d'expansion de l'islam. Mais une fois les frontières stabilisées, les popu-­‐
Žƒ–‹‘• †̵‡•…Žƒ˜‡• ‡ ’‘—˜ƒ‹‡–ǡ  ‡ŽŽ‡• •‡—Ž‡•ǡ •ƒ–‹•ˆƒ‹”‡ Ž‡ „‡•‘‹ †̵—‡ ƒ‹ †̵à—˜”‡
servile toujours plus nécessaire. Ce sera donc l'achat et les razzias au-­‐delà des frontières des terres musulmanes qui vont prendre le dessus. En Espagne, depuis le 10ème siècle, des esclaves « slaves » sont des milliers à être asservis par les Omeyyades -­‐ ces derniers prolongeaient le califat des Omeyyades de Syrie qui fut déposé par les Abbassides d'Irak au milieu du 8ème siècle. Le « Slave » asservi par les Omeyyades est, comme à l'accoutumée dans les pays mu-­‐
sulmans, eunuque, « concubine », domestique de maison ou de cour, soldat, chanteuse, danseuse, secrétaire particulier, travailleur manuel, gardien de lieux, etc. Les Arabes nomment « slaves » (saqâliba) tous les peuples « blancs » d'Europe. De ce fait, lorsque l'on entend parler de « slaves » en réalité ça peut tout aussi bien concerner des Slaves réels que des Ibériques, des Germains, des Grecs, des Caucasiens, des Italiens, des Français etc. Dans cette appellation, aux premiers siècles de l'islam, on y trouvait [45] même les Turcs qu'ils asservissaient par dizaines de milliers en les achetant ou en les razziant en Asie Centrale. Les païens turcs étaient présentés comme de bons esclaves-­‐
soldats qui faisaient d'excellents archers. Des Africains viendront aussi combler ce lot de malheureux en constituant peu ou prou les mêmes catégories de servitude. —…à—”†‡Ž̵‡š’ƒ•‹‘†‡Ž̵‹•Žƒ‹Ž›ƒ†‘…Ž‡jihad -­‐ la guerre sainte. Le jihad est un alibi parfait puisque celui-­‐ci permet de partir en guerre au nom de l'expansion de la foi islamique et de soumettre des populations à l'esclavage. Car, dans ces conditions bien précises, les victimes infidèles de ce jihad sont esclavagisables aux yeux de la charia : « Le jihad» est une pratique typiquement islamique à laquelle on ne peut recourir en toute légalité que dans le but de consolider ou étendre la loi islamique. Toutes les autres formes de guerre (harb) dressant des musulmans contre d'autres musulmans étaient inter-­
dites parce que considérées comme brutales, impies et motivées par des intérêts terrestres. Pour les propagandistes, le jihad représentait une autorisation bien pratique de faire la guerre aux infidèles. [...] Des milliers de prisonniers étaient ramenés en territoire musul-­
man et réduits en esclavage par les armées victorieuses de l'islam, qui déferlaient sur l'Asie, l'Afrique du nord et le sud de l'Espagne [...]On dispose d'assez d'éléments pour affirmer que la capture d'esclaves resta un puissant motif de guerre même au cours des grandes cam-­
pagnes d'expansion militaire et religieuse»[viii] Au départ, l'esclavage des vaincus n'est supposé être qu'une conséquence du jihad. Mais très vite, le jihad ne deviendra qu'un prétexte pour rapporter des milliers d'es-­‐
claves. Il suffira de l'évoquer pour légitimer la capture d'hommes, de femmes et surtout d'enfants dans les territoires des infidèles et il va ainsi servir de prétexte systématique pour razzier des esclaves partout. La présence de cette multitude d'esclaves ne pouvait échapper à la codification. Et le premier code que l'on trouva sur la question des rap-­‐
ports maîtres/esclaves était présent dans la Moudawwana d'Ibn al-­‐Qasim qui a été re-­‐
censée par l'imam tunisien Abû Saïd Sahnoun -­‐ né à Kairouan (Tunisie) en 777. Ibn al-­‐
Qasim était un éminent juriste égyptien qui rencontra l'imam Malik ben Anas à Médine. Malik fut le fondateur du malékisme, l'une des premières écoles de l'islam sunnite légifé-­‐
rant sur le droit musulman. Née au 7ème siècle, cette école prédomine aujourd'hui en Afrique du nord et demeure influente en Afrique de l'ouest : un musulman sur cinq s'en réclame. Des érudits comme Ibn Khaldun ou Ibn Battûta se reconnaissaient d'elle. Le malékisme a codifié les rapports entre maîtres et esclaves avec un souci certain. Cette Moudawwana est découpée en plusieurs « livres » dont les principaux articles sont : Livre du négoce en terre ennemie, Livre de la vente à option, Livre de tromperies, Livres de la « propriété sexuelle » (sic) etc. Le Livre de la guerre sainte traite de tout ce qui touche les captifs : « Article 8 bis : le dhimmi ne peut pas donner asile à un esclave de musulman en fuite » Article 8 ter : « selon le baqt, le Nubien qui appréhende un esclave appartenant à un mu-­
sulman, perdu ou en fuite, devra le rendre sans jamais soulever de protestation ou de diffi-­
culté en la matière » Article 9 : « l'esclave, marchand d'un ennemi, se convertit en terre d'islam : les mar-­
chandises lui restent et ne sont pas soumises au partagent (quint, cinquième du butin) » Article 11 : « L'esclave d'un ennemi s'islamise en terre ennemie puis est acheté par un musulman : il reste esclave » [46] Le Livre de la vente à option : Article 21 : « On échange un esclave contre un autre avec option durant laquelle il meurt. Question analogue pour une bête de somme, mais dont on a déjà versé le prix. L'op-­
tion passe aux héritiers de qui en est titulaire » Article 27 : « La revente à bénéfice d'une esclave déflorée avec qui ont a coïté. Cas où elle était vierge. Cela peut en diminuer le prix » Le Livre de la propriété sexuelle : Article 58 : « Les "parties honteuses" de l'esclave femelle appartiennent de droit à son maître. Il en va ainsi de son ventre (ses enfants) » Article 59 : « L'esclave ne peut se marier sans l'accord de son maître, mais ce dernier peut l'y obliger » Article 60 : « L'esclave ne peut épouser que deux femmes (contre quatre pour l'homme libre) Article 61 : « L'esclave n'a pas le droit de prendre d'«esclaves-­concubines » (al-­tassarri) Article 66 : « L'enfant de l'esclave revient à son maître, sauf si ce dernier ne le reconnaît pas. »[ix] Ces quelques articles (en tout il y en a 68) démontrent parfaitement un désir, non pas de faire de l'affranchissement une règle, comme le conseille le Coran, mais bien de l'ins-­‐
crire dans des règles, elles-­‐mêmes adaptées à la loi islamique. En définissant ce qui était autorisé et ce qui était interdit, en validant et en invalidant telle opération de vente ou d'achat, c'est bel et bien un entérinement de l'esclavage qui est signé et non une rupture ou une culture de l'affranchissement. Le sunnisme, courant principal de l'islam, compte 4 écoles : le hanafisme, le malékisme, le chafiisme et le hanbalisme -­‐ qui donnera le wah-­‐
habisme saoudien après une reprise en main musclée d'al-­‐Wahab au 18ème siècle qui exigeait un retour à l'islam des origines. Le Hanafisme réglementera lui aussi les droits des esclaves en traitant, sur plusieurs chapitres, tous les cas d'affranchissement, de fuites d'esclaves, des droits du maître sur son esclave etc. Tout est pensé et réglementé avec un souci du détail relevant de la précision suisse. Malek Chebel cite un troisième code qui, dès le premier article, laisse pantois : « La loi permet la vente de nègres réduits à l'état d'esclavage, parce qu'en général ils sont infidèles. Toutefois, elle s'oppose à la vente de ceux de ces individus qui proviennent des peuples mu-­
sulmans ou des populations amies de ces derniers ». La source n'est pas précisée car l'ori-­‐
gine est incertaine. On sait juste que ce code provient d'Afrique, de peuples sans doute à la lisière entre monde maghrébin et monde négro-­‐africain. Malek Chebel évoque une possible origine haoussa mais on a du mal à imaginer que des Noirs promulguent un code dans lequel ils désigneraient les « nègres » comme pouvant être asservis à cause de leur kufr (incroyance). Quoique, ça ne m'étonnerait pas plus que ça vu le niveau d'aliéna-­‐
tion et le complexe d'infériorité que certains Africains musulmans faisaient par rapport aux musulmans blancs devant lesquels ils se courbaient comme s'ils faisaient face à des êtres supérieurs en tout point. Le dévouement de certains est assez consternant : En 1953, l'ambassadeur de France en Arabie Saoudite qui dénonça, grâce à la lecture d'une lettre à l'Assemblée nationale, les réseaux de traite d'esclaves institués par les Saoudiens [47] de Djedda et de la Mecque. Ces négriers modernes ne pouvant plus razzier des Africains, tentaient de les attirer par la ruse en envoyant...des émissaires Saoudiens d'origine afri-­‐
caine afin de tenter de duper les « nègres naïfs » à qui ils promettaient de payer le voyage du pèlerinage à la Mecque. Arrivés sur place, on confisquait le passeport des Burkinabais, Maliens et autres Soudanais roulés par leurs semblables avant de les distri-­‐
buer aux richissimes Arabes qui les avaient commandés. © Kahm Piankhy Source : www.Piankhy.com Notes [i] Coran (XXIV, 33) et (XC, 13). Cité par Malek Chebel « L'esclavage en terre d'Islam », p. 18 [ii] M. Chebel, op. cit., pp. 18, 20 et p. 43 [iii] Cité par M. Chebel p. 66 [iv] M. Chebel p. 167 [v] M. Chebel, op. cit., p. 34 [vi] Murray Gordon « L'esclavage dans le monde arabe », p. 25 [vii] Murray Gordon op. cit, p. 40-­‐41 [viii] Murray Gordon, op. cit., p. 30-­‐31-­‐32 [ix] Cité par Malek Chebel, op. cit., p. 339 à 346 http://www.lepost.fr/article/2008/11/19/1331121_l-­‐esclavage-­‐des-­‐noirs-­‐en-­‐terre-­‐d-­‐
islam.html [48] Diaspora africaine, esclavage et Islam À propos de Slavery on the F rontiers of Islam, Lovejoy Paul E. (dir.) Matthieu Fintz p. 203-­‐213 Référence(s) : Slavery on the F rontiers of Islam, Princeton, Markus Wiener Publishers, Lovejoy P. (ed.),
2004
Plan
•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–‡””‡†ǯ•Žƒ‡–—•—Žƒ•‡–‡””‡†ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ‡•ˆ”‘–‹°”‡•†‡Žǯ•Žƒ ‡•œ‘‡•ˆ”‘–‹°”‡•†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†ƒ•Ž‡Bilâd al-­Sûdân Esclaves noirs et frontières de la pratique religieuse islamique au Maghreb Esclaves musulmans aux Amériques 1 Cǯ‡•––‘—–Žǯ‹–±”²–†‡Slavery on the Frontiers of Islam, ouvrage dirigé par Paul E. Lo-­‐
vejoy, que de revenir sur la formation des frontières entre Dâr al-­Islâm et Dâr al-­Harb, entre musulmans et non musulmans, entre hommes libres et esclaves et sur la place †ǯentre-­deux du Bilâd al-­Sûdân (le « Pays des Noirs ») dans cet écheveau de frontières. Ce faisant, les différents contributeurs confrontent aussi la logique scolastique de Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǡ –‡ŽŽ‡ “—‡ †±’Ž‘›±‡ †ƒ• Ž‡• –”ƒ‹–±• Œ—”‹†‹“—‡• ‘— ”‡Ž‹‰‹‡—šǡ ƒ—š ’”ƒ–‹“—‡•
†ǯƒ••‡”˜‹••‡‡– “—‹ ‡––‡– ‡ Œ‡— Ž‡• †±–‡”‹ƒ–‹‘• ”‡Ž‹‰‹‡—•‡• ƒ—••‹ „‹‡ “—‡ Ž‡•
configurations variées de différenciation sociale et polit‹“—‡Ǥ ǯ‘—˜”ƒ‰‡ ‡•– Ž‡ ˆ”—‹– †—
travail accompli au sein du Nigerian Hinterland Project, programme de recherche héber-­‐
‰±’ƒ”Žƒ‘”‹˜‡”•‹–›ȋ‘”‘–‘ǡƒƒ†ƒȌǡ‡–‡±‡”‡Žƒ–‹‘ƒ˜‡…Žǯ‡–†‡•
—‹˜‡”•‹–±•‘—‡•–ƒˆ”‹…ƒ‹‡•Ǥǯ‘„Œ‡…–‹ˆ†‡…‡’”‘‰”ƒmme est de documenter la constitu-­‐
–‹‘†‡Žƒ†‹ƒ•’‘”ƒƒˆ”‹…ƒ‹‡‹••—‡†‡Žǯƒ””‹°”‡-­‐’ƒ›•‹‰±”‹ƒƒ—–‡’•†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǡ†‡
1650 à 1900. 2 Dans cet ouvrage, Paul E. Lovejoy défend une « approche afro-­‐centrique » dont le …‘–‡—ǯ‡•–†‹•…—–±“—‡†ƒ•Ž‡†ernier chapitre, même si le lecteur la devine dès les premières pages. Celle-­‐ci consiste à « ”‡‰ƒ”†‡” ˜‡”• Žǯ‡š–±”‹‡—” †‡’—‹• Žǯˆ”‹“—‡ » (« to look outward from Africa ») (p. 234) et vise à contrebalancer la vision euro-­‐centrique qui mettait davantage en valeur la subordination des esclaves à leur régime †ǯƒ••‡”˜‹••‡‡–ǡƒ—†±–”‹‡–†ǯ—‡’”‹•‡‡…‘’–‡†‡•†›ƒ‹“—‡•ǡ…‘ˆŽ‹…–—‡ŽŽ‡•‘—
non, de production des identités au sein des populations asservies et des arrangements possibles entre diaspora et « homeland »1. Cette perspective, qui appréhende les rela-­‐
tions entre Islam et esclavage depuis les pratiques et points de vue de ceux qui ont cons-­‐
titué la diaspora africaine, explique en grande partie la volonté des auteurs de soumettre Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†‡•‘†‡••—„-­‐saharien et atlantique au même questionnement en rappor-­‐
tant le regroupement de ces ensembles géographiques, culturels et politiques aux flux †‡• ’‘’—Žƒ–‹‘• ƒ••‡”˜‹‡• ’Ž—–Ø– “—ǯƒ—š ‹†±‘Ž‘‰‹‡• †‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ‡ —”‘’‡ ‡– †ƒ• Ž‡
[49] ‘†‡ —•—ŽƒǤ ǯ‘”‰ƒ‹•ƒ–‹‘ †‡ Žǯ‘—˜”ƒ‰‡ •—‹– ƒ‹•‹ Ž‡• ‹–‹±”ƒ‹”‡• †ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ †e-­‐
’—‹• Žǯˆ”‹“—‡ •—„-­‐saharienne, qui a retenu en son sein une partie importante des es-­‐
…Žƒ˜‡•ǡ Œ—•“—ǯƒ—š †‡—š ’‘‹–• †ǯƒ””‹˜±‡ †‡ Žƒ †iaspora africaine en Afrique du Nord et Méditerranée et aux Amériques. 3 ƒ –‡‡—”†‡• …‘–”‹„—–‹‘•”±—‹‡• †ƒ•…‡Ž‹˜”‡ ’‡”‡–ǡ’ƒ”ƒ‹ŽŽ‡—”•ǡ†ǯ‡–”‡˜‘‹”
”±–”‘•’‡…–‹˜‡‡– Ž‡ …Š‡‹ ’ƒ”…‘—”— ’ƒ” Ž‡• ”‡…Š‡”…Š‡• ‡±‡• •—” Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ‡–
Žǯ‹ˆŽ—‡…‡“—‡les postcolonial, subaltern, et diaspora studies ont eu sur les questionne-­‐
‡–• ’”ƒ–‹“—±•Ǥ ‡ …Šƒ’ †ǯ±–—†‡ •‡ †±’Ž‘‹‡ †±•‘”ƒ‹• Œ—•“—‡ •—” Ž‡• –‡””ƒ‹• †‡
ŽǯŠ‹•–‘‹”‡‘”ƒŽ‡2ǡ’‡”‡––ƒ–†ǯ‘„–‡ir de précieux éléments biographiques sur les cons-­‐
–”—…–‹‘• ‹†‡–‹–ƒ‹”‡•  Žǯà—˜”‡ …Š‡œ Ž‡• ‡•…Žƒ˜‡• ‡—š-­‐mêmes et leurs descendants. ǯ—–‹Ž‹•ƒ–‹‘†‡Žƒƒ••‡†‘…—‡–ƒ‹”‡“—‡…‘•–‹–—‡–Ž‡•ƒ—•…”‹–•ƒ”ƒ„‡•†ǯˆ”‹“—‡
†‡ Žǯ—‡•– ”‡•–±• Ž‘‰–‡’• ‹‡š’Ž‘”és est toujours une ressource importante des re-­‐
…Š‡”…Š‡•’—„Ž‹±‡•†ƒ•…‡Ž‹˜”‡Ǥ‡…‡––‡—–‹Ž‹•ƒ–‹‘ǡ‹Žƒ’’ƒ”ƒÁ–…Žƒ‹”‡‡–“—‡Žǯ‹†±‡’”é-­‐
˜ƒŽ‡–‡ †‡’—‹• Ž‡• …‘Ž‘‹•ƒ–‹‘• ‡– Œ‘—ƒ– •—” Ž‡ …‘—’Ž‡ ƒ„•‡…‡ †ǯ±…”‹–—”‡Ȁ ƒ„•‡…‡
†ǯŠ‹•–‘‹”‡†—…‘–‹‡–ƒˆ”‹…ƒ‹ ‡ˆ—–“—ǯ—›–Š‡ƒ””ƒ‰‡ƒ–„‹‡ŽƒǼ mission civilisa-­‐
trice » des puissances européennes. Grâce à ces manuscrits, il est désormais possible de †‘…—‡–‡”ŽǯŠ‹•–‘‹”‡†‡Žǯˆ”‹“—‡‹†±’‡†ƒ–‡Ǥ–Ž‡Ž‹˜”‡†‡ƒ—ŽǤ‘˜‡Œ‘›Ž‡ˆƒ‹–‡
adoptant de nouveauš“—‡•–‹‘‡‡–•‡–†‡‘—˜‡ŽŽ‡•±–Š‘†‘Ž‘‰‹‡•Ǥǯ‘—˜”ƒ‰‡’”o-­‐
’‘•‡‡‡ˆˆ‡–—‡•–”ƒ–±‰‹‡†‡”‡…Š‡”…Š‡“—‹•ǯ±Ž‘‹‰‡†‡•…ƒ‘•†‡ŽǯŠ‹•–‘‹”‡†‡•‹†±‡•
‹•Žƒ‹“—‡• ”‡Žƒ–‹˜‡•  Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ’‘—” •‡ ”ƒ’’”‘…Š‡” †ǯ—‡ Š‹•–‘‹”‡ †‡• ’”ƒ–‹“—‡•
†ǯagencyǡ …ǯ‡•–-­‐à-­‐dire des modalités historiques, donc flexibles et créatives, de percep-­‐
tion de soi parmi les membres de la diaspora africaine. 4 ˜ƒ–†‡”‡˜‡‹”•—”Žƒ’”±•‡–ƒ–‹‘†‡•±–—†‡•†‡…ƒ•†‡Žǯ‘—˜”ƒ‰‡†ƒ•Ž‡•“—‡ŽŽ‡•
ces questionnements et méthodologies sont déployés, il est peut être utile de donner “—‡Ž“—‡• …ƒ”ƒ…–±”‹•–‹“—‡• †‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ‡ –‡””‡ †ǯ•Žƒǡ –‡Ž “—ǯ‹Ž ƒ ’— ²–”‡ …‘†‹ˆ‹± ‡–
exercé aux frontières méridionales de Dâr al-­Islâm. •…Žƒ˜ƒ‰‡‡–‡””‡†ǯ•Žƒ‡–—•—Žƒ•‡–‡””‡†ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ 5 « ǯ‹ƒ [i.e. le leader musulman dirigeant le jihâd] devrait prendre en considéra-­‐
–‹‘Ž‡•‘”–†‡•’”‹•‘‹‡”•ƒ†—Ž–‡•ŸŽ‡•ǡ‡–’”‡†”‡…‡ŽŽ‡†ǯ‡–”‡Ž‡•‘’–‹‘••—‹˜ƒ–‡•
“—ǯ‹Ž…‘•‹†°”‡Žƒ’Ž—••ƒŽ—–ƒ‹”‡ : les mettre à mort, les libérer sans pénalité, demander une rançon pour eux, demander la taxe de capitation (jizya), ou les mettre en escla-­‐
vage ». Ainsi statue Khalîl ibn Ishâq al-­‐—†Áǡƒ—–‡—”†ǯ—‡…‘’‹Žƒ–‹‘Œ—”‹†‹“—‡ŸŽ‹Á
égyptienne du 14 siècle faisant autorité, sur les règles du jihâd3. La mise en esclavage de ’”‹•‘‹‡”•ǯ‡•–ƒ‹•‹“—ǯ—‡†‡•…‹“‘’–‹‘•Ǥ²‡–‡’•ǡŽ‡jihâd est la seule voie Ž±‰‹–‹‡’‘••‹„Ž‡ƒ—–‘”‹•ƒ–Žǯƒ••‡”˜‹••‡‡–•‡Ž‘Ž‡•’”±…‡’–‡•‹•Žƒ‹“—‡•Ǥƒ”ǡ…‘‡
le ”ƒ’’‡ŽŽ‡‡…‘”‡Žǯ±”—†‹–†‡‘„‘—…–‘—Šƒ†Ÿ„ŸŽƒˆ‹†—ͳ͸ siècle : « La cause †‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡•–Žƒ‘…”‘›ƒ…‡Ǥ‘—–‡•…Žƒ˜‡’‘••±†±†‘‹–ƒ˜‘‹”±–±…ƒ’–—”±ǡ‘——†‡
ses ancêtres doit avoir été capturé »4Ǥƒ‹•‡‡‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǯ‡•–†‘…’‘••‹„Ž‡ǡ†ǯƒ’”°•
la jurisprudence islamique (fiqhȌǡ“—ǯƒ—-­‐delà de Dâr al-­Islâm. e e 6 ‡’‡†ƒ–ǡ…‘‡Žƒ’ƒ”—–‹‘²‡†—–”ƒ‹–±†ǯŠƒ†Ÿ„ŸŽǯƒ––‡•–‡ǡ‡–”‡Dâr al-­
Islâm et Dâr al-­Harb, « la porte du doute est restée ouverte pour ceux qui cherchaient un prétexte pour la possession »5†ǯ‡•…Žƒ˜‡•Ǥ‡–”ƒ‹–±†ǯŠƒ†Ÿ„Ÿ…‘•–‹–—‡‡‡ˆˆ‡–—‡
”±’‘•‡—‡”‡“—²–‡†‡•Šƒ„‹–ƒ–•†‡Žǯ‘ƒ•‹••ƒŠƒrien de Tuwât concernant les catégo-­‐
”‹‡• †‡ ’‡”•‘‡• Ž±‰‹–‹‡‡– ”±†—…–‹„Ž‡•  Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ‡– •ǯ±–‘ƒ– †‡
[50] Žǯƒ••‡”˜‹••‡‡– †‡ ’‘’—Žƒ–‹‘• †— Bilâd al-­Sûdân ƒ›ƒ– ‡„”ƒ••± Žǯ•Žƒ †‡ Ž‘‰—‡
†ƒ–‡Ǥ ƒ ’ƒ”—–‹‘ †— –”ƒ‹–± ‹†‹“—‡ ƒ‹•‹ “—ǯ‡ †±’‹– †— …”‹–°”‡ religieux restrictif sur Žǯƒ’’”‘˜‹•‹‘‡‡–‡‡•…Žƒ˜‡•ǡ…‡Ž—‹-­‐…‹±–ƒ‹–•‘—˜‡–‹‰‘”±ƒ—’”‘ˆ‹–†ǯƒ—–”‡•ˆƒ…–‡—”•
…‘‡Žǯ‡–Š‹…‹–±ǡŽǯƒ•…‡†ƒ…‡‘—Žƒ…‘—Ž‡—”†‡’‡ƒ——–‹Ž‹•±‡’‘—”†‹•…”‹‹‡”“—‹±–ƒ‹–
libre et qui pouvait être asservi6. La « porte du doute ǽ†‡‡—”ƒ‹–†ǯƒ—–ƒ–’Ž—•‡–”‘u-­‐
verte que les frontières de Dâr al-­Islâm au Bilâd al-­Sûdân étaient elles-­‐mêmes fluc-­‐
tuantes selon les conjonctures historiques. 7 Il y a donc eu des musulƒ•ƒ••‡”˜‹•’ƒ”†ǯƒ—–”‡•—•—Žƒ•‡˜‹‘Žƒ–‹‘†‡ŽƒŒu-­‐
risprudence. La question de la mise en esclavage de musulmans noirs et, par là, la recon-­‐
ƒ‹••ƒ…‡ǡ‹’Ž‹…‹–‡‘—‡š’Ž‹…‹–‡ǡ†‡…”‹–°”‡•‡–Š‹“—‡•‘—”ƒ…‹ƒ—šŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǯƒ…‡••±
†ǯ²–”‡ ’‘•±‡ •‘—• Žǯ‡ˆˆ‡– †‡• ˜ƒ‰—‡• †ǯ‹•Žƒ‹•ƒ–‹‘ †ƒ• Ž‡ Bilâd al-­Sûdân. Malgré leurs ‡••ƒ‹•…ƒ”–‘‰”ƒ’Š‹“—‡•†‡†±ˆ‹‹–‹‘†‡•–‡””‡•†ǯ•Žƒ‡–†‡•œ‘‡•‘‹•‡‡‡•…Ža-­‐
˜ƒ‰‡ ’‘—˜ƒ‹– •ǯ‡š‡”…‡”ǡ Ž‡• ±”—†‹–• ǯ‘– •‘—˜‡– ’ƒ• –”ƒ…Š± ”ƒ†‹…ƒŽ‡‡– Žƒ “—‡•–‹‘ǡ
laissant une large place aux controverses7†‘– Žǯ‹••—‡ ƒ……”±†‹–ƒ‹– ’ƒ”ˆ‘‹• Žǯ‹†±‡ “—‡ Ž‡
critère décisif pouvait, dans certains contextes, reposer sur la couleur de la peau8. 8 Le contexte du jihâd qui domine le Soudan occidental et central au 19 siècle9est éga-­‐
Ž‡‡– ƒ”“—± ’ƒ” Žǯƒ••‡”˜‹••‡‡– †‡ —•—Žƒ• ’ƒ” †ǯƒ—–”‡• —•—Žƒs. Ces es-­‐
claves pouvaient être des réformistes musulmans capturés au cours du jihâd sans être rachetés ou libérés ou des individus perçus comme musulmans « syncrétiques », cor-­‐
rompus ou ennemis du jihâdǤ‘”•†‡ …‡…‘–‡š–‡ǡ‹Ž’‘—˜ƒ‹– ‡…‘”‡•ǯƒ‰‹”†‡ …‘er-­‐
çants musulmans attaqués et capturés le long des routes trans-­‐sahariennes par des ‰”‘—’‡•’”ƒ–‹“—ƒ–Ž‡„ƒ†‹–‹•‡‡–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‹•‡Ǥ e 9 Le commerce trans-­‐•ƒŠƒ”‹‡ˆ—–‘•‡—Ž‡‡–—’”‘†—…–‡—”†ǯ‡•…Žƒ˜‡•ǡƒ‹•ƒ—s-­‐
•‹ — ’”‘†—…–‡—” †ǯ‡•…Žƒ˜‡• musulmans. Comme le remarque John O. Hunwick dans la contribution que nous présenterons plus loin, des motifs économiques permettent aussi †‡ ”‡†”‡ …‘’–‡ †‡ Žǯ±…ƒ”– ‡–”‡ Žƒ Œ—”‹•’”—†‡…‡ ‡– Ž‡• ’”ƒ–‹“—‡• ‡ˆˆ‡…–‹˜‡•
†ǯƒ••‡”˜‹••‡‡–Ǥ —” Ž‡• ƒ”…Š±• †ǯ‡•…Žƒ˜‡• †‡ la Méditerranée, les esclaves noirs ±–ƒ‹‡– ‡ ‡ˆˆ‡– ˜‡†—• ‡ –ƒ– “—‡ —•—Žƒ•ǡ Ž‡• ƒ”…Šƒ†• †ǯ‡•…Žƒ˜‡• ‘’±”ƒ– Žƒ
transformation du païen en musulman au cours du trajet trans-­‐saharien. Circoncision, apprentissage des rudiments de la prière en arabe, o—‡…‘”‡‹’‘•‹–‹‘†ǯ—‘ƒ”ƒ„‡
étaient supposés offrir un argument commercial et un gage de probité de la marchandise —‡…Ž‹‡–°Ž‡”±•‡”˜±‡•—”Žǯ‹…—”•‹‘†‡‘—•—Žƒ•†ƒ•Ž‡ˆ‘›‡”‡–Žǯ‹–‹‹–±ˆa-­‐
miliale10Ǥ‡˜‡—•—•—Žƒ•ǡŽ‡•‡•…Žƒ˜‡•‘–†°•Ž‘”•—Ž–‹’Ž‹±Ž‡•ˆƒ­‘•†ǯ²–”‡u-­‐
sulman. ‡•ˆ”‘–‹°”‡•†‡Žǯ•Žƒ 10 Le chapitre introductif de Paul Lovejoy permet de donner toute sa dimension à la ‘–‹‘†‡ˆ”‘–‹°”‡•–‡ŽŽ‡“—ǯ‡ŽŽ‡‡•–ƒ’’Ž‹“—±‡Žǯ‡šƒ‡†‡•”‡Žƒ–‹‘•—Ž–‹’Ž‡•‡–”‡
‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–•ŽƒǤ‡•ˆ”‘–‹°”‡•†‡Žǯ•Žƒ•‘–”‡’”±•‡–±‡•’ƒ”Žǯƒ••‡„Žƒ‰‡†‡’Žu-­‐
•‹‡—”•…‘—…Š‡•Ǥ”‘‹•‘†ƒŽ‹–±•†‡Žƒˆ”‘–‹°”‡•–”—…–—”‡–‡ˆƒ‹–Žǯ‡•‡„Ž‡†‡•…‘–”i-­‐
„—–‹‘•Ǥ Ž •ǯƒ‰‹– †ǯƒ„‘”† †‡• ˆ”‘–‹°”‡• ‰±‘‰”ƒ’Š‹“—‡• †‡ Žǯ•Žƒ dont les contours sont †‡••‹±• †ƒ• Ž‡• •–”ƒ–±‰‹‡• †ǯ‡š’ƒ•‹‘ †‡• 2–ƒ–• •‘—†ƒ‹‡• ƒ—š †±’‡• †‡• ’‘’—Ža-­‐
tions voisines. Ces frontières sont les sources de constitution de la diaspora africaine qui est ensuite dirigée vers les ports du commerce transatlantique ou à travers le Sahara ˜‡”• Ž‡• ˜‹ŽŽ‡• †‡ Žƒ ±†‹–‡””ƒ±‡ǡ ‘— ‡…‘”‡ ƒ„ƒ†‘±‡ ƒ—š ƒ”…Š±• †ǯ‡•…Žƒ˜‡• †‡•
[51] États et royaumes soudaniens. À la lisière des émirats musulmans qui se constituent au début du 19 •‹°…Ž‡ǡ…‡•ˆ”‘–‹°”‡•‘„‹Ž‡•†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡•‘–ƒ—••‹Ž‡Ž‹‡—†‡†‹•…”‹‹a-­‐
tion entre Dâr al-­Islâm et Dâr al-­Harb. La référence géographique des frontières de Žǯ•Žƒ‡ˆ”‹“—‡•‘—†ƒ‹‡‡‡•–ƒ‹•‹”‡†‘—„Ž±‡’ƒ”Žƒfrontière symbolique entre mu-­
sulmans et non musulmansǤ  ‡ˆˆ‡–ǡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ƒ ‹–‡””‘‰± Žƒ †±ˆ‹‹–‹‘ ²‡ †‡ …‡
“—ǯ‡•–——•—ŽƒǤǯ‹–±‰”ƒ–‹‘…”‘‹••ƒ–‡†‡’‘’—Žƒ–‹‘•‘‹”‡•†—Bilâd al-­Sûdân au ‘†‡ —•—Žƒ ƒ †ǯƒ„‘”† …‘†—‹– ƒ— “—‡•–‹‘‡‡– †‡• …”‹–°”‡• †‡ ŽǯǼ esclavage juste ǽ‹•Žǯ±’”‡—˜‡’ƒ”Ž‡•’”ƒ–‹“—‡•†ǯƒ••‡”˜‹••‡‡–†‡’‘’—Žƒ–‹‘•‘‹”‡•—•—l-­‐
manes. Les érudits soudanais, interrogés par les souverains musulmans de ces zones frontalières, ont tenté de répondre à cette question. À un second niveau, par leurs pra-­‐
tique• ”‡Ž‹‰‹‡—•‡• †±’Ž‘›±‡• †ƒ• Ž‡—” •‘…‹±–± †ǯƒ……—‡‹Ž ȋ—•—Žƒ‡• ‘— ‘Ȍǡ Ž‡• ‡s-­‐
…Žƒ˜‡•—•—Žƒ•†ǯˆ”‹“—‡•‘—†ƒ‹‡‡‘–ƒ—••‹”±‹˜‡–±…‡“—ǯ²–”‡—•—Žƒ˜‡—–
dire et, par là, ont redéfini les frontières de la pratique religieuse islamique. Les fron-­‐
ti蔇• †‡ Žǯ•Žƒ•‘– ‡ˆ‹‡–‡†—‡•†ƒ•…‡– ‘—˜”ƒ‰‡…‘‡Ž‡• lieux atteints par la diaspora africaine musulmane, tant en Afrique du Nord et au Moyen-­‐Orient que dans les Amériques, démontrant ainsi la contribution du mouvement des Africains asservis à la formation du monde musulman moderne. e ‡•œ‘‡•ˆ”‘–‹°”‡•†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†ƒ•Ž‡Bilâd al-­Sûdân 11 ‡• •‹š …Šƒ’‹–”‡• •—‹˜ƒ–• ”‡†‡– …‘’–‡ †‡ Žǯ‘”‰ƒ‹•ƒ–‹‘ †— …‘‡”…‡
†ǯ‡•…Žƒ˜‡•‡–†‡Žƒ†‹ˆˆ±”‡…‹ƒ–‹‘•‘…‹ƒŽ‡†—‘†‡†‡•‡•…Žƒ˜‡••—”Ž‡•Ž‹‡—š-­‐frontières †‡…‘•–‹–—–‹‘†‡Žƒ†‹ƒ•’‘”ƒƒˆ”‹…ƒ‹‡ƒ—šˆ”‘–‹°”‡••‘—†ƒ‹‡‡•†—‘†‡†‡Žǯ•Žƒ
au 18 et, surtout, au 19 siècles. Les sites explorés dans les contributions correspondent à Žǯ‡•’ƒ…‡ †‡ †±˜‡Ž‘’’‡‡– †— …ƒŽ‹ˆƒ– †‡ ‘‘–‘11à partir du début du 19 siècle et au Soudan central dans le contexte du jihâd inauguré par Usman dan Fodio en 1804-­‐9 et poursuivi par ses successeurs tout au long du siècle. e e e 12 La contribution de George Michael La Rue est particulièrement éclairante sur la …‘•–‹–—–‹‘†ǯ—‡œ‘‡ˆ”‘–‹°”‡ †ǯƒ••‡”˜‹••‡‡–ƒ—ƒ‰‹”‹ȋ”‘›ƒ—‡‘……‹†‡–ƒŽ †—
Tchad contemporain) et son insertion dans le réseau des routes commerciales et de pè-­‐
lerinage traversant les émirats du Soudan central et le Sahara pour atteindre les villes méditerranéennes de Tripoli et de Benghazi, les ports de la mer Rouge en Égypte ou en-­‐
…‘”‡Ž‡•˜‹ŽŽ‡•†ǯ••‹‘—–‡–†‡‹‹ƒŽ‡Ž‘‰†‡Žƒ˜ƒŽŽ±‡†—‹ŽǤŽ‘–”‡…‘‡–Ž‡–”ƒ…±
†‡ …‡• ”‘—–‡• ‡– Žǯ—–‹Ž‹•ƒ–‹‘ †— ƒ‰‹”‹ …‘‡ ”±•‡”˜‘‹” †ǯ‡•…Žƒ˜‡• †±’‡†ƒ‹‡– †‡•
politiques des gouvernements situés le long et à la fin de ces routes. Le rôle de la poli-­‐
–‹“—‡ †ǯ‘……—’ƒ–‹‘ Ǽ ottomane égyptienne »12 du Soudan nilotique dans les années ͳͺʹͲ†ƒ•Ž‡–”ƒ•ˆ‡”–†ǯ‡•…Žƒ˜‡•†—ƒ‰‹”‹Žƒ˜ƒŽŽ±‡†—‹Ž‡•–’ƒ”‡š‡’Ž‡±˜‘“—±Ǥ
ƒ•…‡…‘–‡š–‡ǡŽǯ‘……—’ƒ–‹‘†—‘—†ƒ‹Ž‘–‹“—‡ǡ…——Ž±‡ƒ—š’”‡••‹‘•„”‹–ƒ‹“—‡•
•—” Žǯ’‹”‡ ‘––‘ƒ ’‘—” ƒ„‘Ž‹” Žǯ‡•…Žƒ˜age, est un des éléments déclencheurs de Žǯ±‡”‰‡…‡ †‡ Žƒ Zarîba. Le recrutement des esclaves, engageant également le com-­‐
‡”…‡ †ǯ‹˜‘‹”‡ǡǯ‡•–ƒŽ‘”•’Ž—•†‹”‡…–‡‡–‡± ’ƒ”†‡• 2–ƒ–• ƒ‹•’ƒ”†‡• slave rai-­
ders privés du Nord Soudan qui fuyaient la sécheresse de 1834-­‐1837, les taxations du régime « turc » et la réforme agraire ayant abouti à la constitution de vastes domaines privés reposant sur le travail des esclaves13. La sécheresse de cette décennie le long de Žƒ˜ƒŽŽ±‡†—‹Ž‹’‘•‡±‰ƒŽ‡‡–—•±”‹‡—š…‘—’†‡ˆ”‡‹Žƒ†‡ƒ†‡†ǯ‡•…Žƒ˜‡•’ƒ”
Žǯƒ‰”‹…—Ž–—”‡±‰›’–‹‡‡Ǥ‡•’‡”–—”„ƒ–‹‘•’‘Ž‹–‹“—‡•‡–±…‘Ž‘‰‹“—‡•†‡Žƒ˜‘‹‡…‘‡r-­‐
[52] ciale Bagirmi Ȃ Darfour Ȃ Assiout conduisent à son délaissement par les caravanes au ’”‘ˆ‹– †ǯ—‡ ‘—˜‡ŽŽ‡ ”‘—–‡ ”‡Ž‹ƒ– Ž‡ ƒ‰‹”‹  ƒ†ƒ‹ ȋ…Šƒ† …‡–”ƒŽ …‘–‡’‘”ƒ‹Ȍ
’—‹•‡‰Šƒœ‹ǡŽ‡…‘‡”…‡†ǯ‡•…Žƒ˜‡••—”Žƒ”‘—–‡†ǯ••‹‘—–‡”‡’”‡ƒ–“—ǯƒ’”°•Žƒ
décennie 1840 et perdurant au-­‐†‡Ž†‡Žǯƒ„‘Ž‹–‹‘†±…‹†±‡’ƒ”Žǯ’‹”‡‘––‘ƒ‡ͳͺͷ͹
en raison de la forte demande de main-­‐†ǯà—˜”‡‹†—‹–‡’ƒ”Ž‡„‘‘…‘–‘‹‡”±‰›’–‹‡Ǥ 13 ‡’Žƒ…‡‹’‘”–ƒ–‡†ƒ•…‡••‹š…Šƒ’‹–”‡•‡•–ƒ……‘”†±‡Žǯ±–—†‡†—‰”‘—’‡†‡•
« esclaves royaux ǽ ˆ‘”ƒ– —‡ ’ƒ”– ‰”ƒ†‹••ƒ–‡ †‡ Žǯ±lite militaire et administrative des émirs au fur et à mesure de la routinisation du jihâd. La contribution de Sean Stilwell est particulièrement stimulante à deux points de vue. Il étend la notion de mamlûk au-­‐
delà de ses contextes habituels de formation et de transformation au Moyen-­‐Orient pour la faire fonctionner dans le contexte du califat de Sokoto. Il montre comment ce groupe, ˆ‘”–‡‡– †‹ˆˆ±”‡…‹±ǡ †ǯ‡•…Žƒ˜‡• ”‘›ƒ—š ‡•– †‡˜‡— — …”‡—•‡– ’‘—” Žƒ …‘•–‹–—–‹‘ ‡–
Žǯƒ…“—‹•‹–‹‘†‡•ƒ˜‘‹”•†‡‰‘—˜‡”‡‡nt, à la fois militaires et administratifs14. Mais le †±˜‡Ž‘’’‡‡–†‡…‡–›’‡†ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡…‘…‘‹–ƒ–†‡Žƒ’”‹•‡†‡’‘—˜‘‹”’ƒ”Ž‡•±‹”•
†‡‘‘–‘ǯ‡•–’ƒ•–ƒ–”ƒ’’‘”–±’ƒ”Ž—‹Žƒˆ‘”–‡ inspiration islamique de ces mouve-­‐
‡–• ’‘Ž‹–‹“—‡• “—ǯƒ— ’”‘…‡••—• †‡ …‡–”ƒŽ‹•ƒ–‹‘ †— ’‘—˜‘‹”  Žǯ‹–±”‹‡—” †— …ƒŽ‹ˆƒ–Ǥ
ˆˆ”‘–ƒ–ŽǯŠ‘•–‹Ž‹–±†‡Žǯƒ”‹•–‘…”ƒ–‹‡Šƒ—•ƒ‡–Ž‡”‹•“—‡†‡ˆƒ…–‹‘ƒŽ‹•‡ǡŽ‡•Ž‡ƒ†‡”•†—
jihâd ‘––”‘—˜±†ƒ•Ž‡”‡…”—–‡‡–†ǯesclaves royaux le moyen de se maintenir en dis-­‐
’‘•ƒ–†ǯ—‡‰ƒ”†‡”ƒ’’”‘…Š±‡–‡†ƒ–†‡˜‡‹”—‹–‡”±†‹ƒ‹”‡‘„Ž‹‰±†ƒ•–‘—–—
‡•‡„Ž‡ †‡ –”ƒ•ƒ…–‹‘• ȋ…‘ŽŽ‡…–‡ †ǯ‹’Ø–•ǡ ‰‡•–‹‘ †‡ Žƒ –‡””‡ǡ ’”‘–‘…‘Ž‡Ȍ : « Les es-­‐
…Žƒ˜‡• ±–ƒ‹‡– —–‹Ž‹•±• ’ƒ”…‡ “—ǯ‹Ž › avait un impératif politique à agir ainsi » (p. 103). Cette étude stimulante permet ainsi de répondre en partie à la question souvent explo-­‐
”±‡ †— ”ØŽ‡ †‡ Žǯ•Žƒ †ƒ• Žǯƒ……”‘‹••‡‡– †— …‘‡”…‡ †ǯ‡•…Žƒ˜‡• ‡ ˆ”‹“—‡ •—„-­‐
saharienne au 19 siècle, en rapportant cette concomitance aux dynamiques politiques de Žǯ‡š‡”…‹…‡†—’‘—˜‘‹”†ƒ•…‡•”±‰‹‘•’Ž—–Ø–“—ǯ†‡•’”‹…‹’‡•”‡Ž‹‰‹‡—š‹•Žƒ‹“—‡•“—‹
•‡”ƒ‹‡–ˆ‘…‹°”‡‡–‡•…Žƒ˜ƒ‰‹•–‡•Ǥǯ•Žƒ‡ˆ—–“—ǯ—‡ǡ“—‘‹“—‡‹’‘”–ƒ–‡ǡ˜ƒ”‹ƒ„Ž‡
de la mise en esclavage ‡–†‡Žǯƒ……”‘‹••‡‡–†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†ƒ•…‡––‡”±‰‹‘ƒ—…‘—”•
du 19 siècle. e e 14 ƒ†‹ˆˆ±”‡…‹ƒ–‹‘†—‘†‡†‡•‡•…Žƒ˜‡•ˆƒ‹–‡…‘”‡Žǯ‘„Œ‡–†‡Žƒ…‘–”‹„—–‹‘†‡
John Edward Philips sur les Ribât, campements fortifiés et zones frontières par excel-­‐
lence, dont la présence est attestée avant le 19 siècle, mais qui sont développés au cours †‡ Žǯ‹•–ƒŽŽƒ–‹‘ †—…ƒŽ‹ˆƒ– †‡ ‘‘–‘Ǥǯƒ—–‡—”‘–”‡ “—‡†ƒ••‡• ˆ‘…–‹‘•—Ž–‹’Ž‡•
de défense des routes commerciales et des frontières du califat, de centres de produc-­‐
–‹‘†ǯƒ”–‹•ƒƒ–ǡ†‡‘›‡†‡•±†‡–ƒ”‹•‡”Ž‡•’ƒ•–‡—”•ˆ—Žƒ‹ǡ†‡²Ž‡”Žǯ•Žƒˆ—Žƒ‹‡–
Šƒ—•ƒ  Žǯ‹–±”‹‡—” †ǯ—‡ …‘…‡’–‹‘ Œ‹Šƒ†‹•–‡ ‡–ǡ ‡ˆ‹ǡ †ǯ‡–”‡’Ø– †ǯ‡•…Žƒ˜‡•ǡ Ž‡• Ribât ’‘—””ƒ‹‡– „‹‡ ƒ˜‘‹” •‹‰‹ˆ‹± Žƒ ƒ‹••ƒ…‡ †ǯ—‡ …—Ž–—”‡ ‹•Žƒ‹“—‡ hybride au sein de laquelle les esclaves auraient joué un rôle important. Le Ribât est en fait essentiel au dé-­‐
˜‡Ž‘’’‡‡–†ǯ—‡…Žƒ••‡†ǯ‡•…Žƒ˜‡•ˆ‘…–‹‘ƒ‹”‡•ǡŽ‡• mamlûk du califat, qui vont ac-­‐
quérir une place importante dans la structure politique mais aussi dans le recrutement †ǯ‡•…Žƒ˜‡• ‡– Ž‡—” ‰‡•–‹‘Ǥ ‡• ‡•…Žƒ˜‡• ”‘›ƒ—š ’‘—˜ƒ‹‡– †±–‡‹” ‡—š-­‐mêmes des es-­‐
…Žƒ˜‡•‡–Ž‡•›•–°‡†‡•’Žƒ–ƒ–‹‘•”‘›ƒŽ‡•ǡ‰”ƒ†‡•—–‹Ž‹•ƒ–”‹…‡•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•ǡ’‘—˜ƒ‹–±‰a-­‐
lement être entre leurs mains. e 15 Seule la contribution †‡ „”ƒŠ‹ƒœƒ “—‹––‡ Ž‡••’Š°”‡• †‡ Žǯ±Ž‹–‡†‡• ‡•…Žƒ˜‡•
pour revenir sur la situation des esclaves non royaux du califat, désignés par le terme de Gwarawa ‹•‹•–ƒ–•—”Ž‡ˆƒ‹–“—ǯ‹Ž•’ƒ”Ž‡–—‡Žƒ‰—‡†‹ˆˆ±”‡–‡†—ƒ—•ƒ‡–“—ǯ‹Ž••‘–
considérés co‡†ǯ‘”‹‰‹‡‘—•—Žƒ‡ǤŽ•ˆ‘”‡–•ƒ•†‘—–‡Žƒ’Ž—•‰”ƒ†‡’ƒr-­‐
–‹‡†‡Žƒ’‘’—Žƒ–‹‘†ǯ‡•…Žƒ˜‡•†‡Žǯ±‹”ƒ–†‡ƒ‘“—‹ǡŽ‘”•†‡•‘‹…‘”’‘”ƒ–‹‘ƒ—…ƒŽi-­‐
ˆƒ–†‡‘‘–‘‡ͳͺͲ͸ǡ”‡’”±•‡–‡Žƒ‘‹–‹±†‡Žƒ’‘’—Žƒ–‹‘–‘–ƒŽ‡†‡Žǯ±‹”ƒ–Ǥǯƒ—–‡—”
[53] montre …‘‡– …‡ …‘‡”…‡ •ǯ‡•– †±”‘—Ž± †ƒ• Ž‡ …ƒ†”‡ †— †±˜‡Ž‘’’‡‡– †‡
Žǯƒ‰”‹…—Ž–—”‡  ‰”ƒ†‡ ±…Š‡ŽŽ‡ •—” Ž‡• ’Žƒ–ƒ–‹‘• †‡•–‹±‡•  ƒŽ‹‡–‡” Ž‡ ’ƒŽƒ…‡ †‡
Žǯ±‹”Ǥ Esclaves noirs et frontières de la pratique religieuse islamique au Maghreb 16 Deux contr‹„—–‹‘• …‘…‘—”‡–  †‘…—‡–‡” Ž‡• ’”‘…‡••—• †ǯ‹’‘•‹–‹‘
†ǯ‹†‡–‹–±• ‡– †‡ ”‡†±ˆ‹‹–‹‘ †‡• ˆ”‘–‹°”‡• †‡ Žƒ ’”ƒ–‹“—‡ ”‡Ž‹‰‹‡—•‡ ‹•Žƒ‹“—‡ ‹†—‹–•
’ƒ”Žƒ’”±•‡…‡†ǯ‡•…Žƒ˜‡•—•—Žƒ•‘‹”•ƒ—ƒ‰Š”‡„ǤŽŽ‡•–”ƒ‹–‡–†—…—Ž–‡‘”i en Tunisie aux 18 et 19 •‹°…Ž‡•ǤŽǯ‹•–ƒ”†—Ÿr en Éthiopie, au Soudan, en Égypte ou dans la péninsule arabique, le Bori est un culte de possession développé au Maghreb par les esclaves importés du Bilâd al-­‐Sûdân ȋ’”‹…‹’ƒŽ‡‡–†‡•‡•…Žƒ˜‡•Šƒ—•ƒȌǤǯƒ’”°•Žƒ…‘n-­‐
tribution †‡‘ŠǤ—™‹…ǡ‘’‡—–’‡•‡”“—‡Ž‡•Ž‹‡—š†ǯ‡š‡”…‹…‡†—…—Ž–‡ Bori ont pu servir de zones de contact entre des pratiques stigmatisées comme païennes et des pratiques musulmanes. Il montre en effet que les esclaves sub-­‐sahariens ont trouvé dans les •‘…‹±–±•ƒ‰Š”±„‹‡• —‡ •–”—…–—”‡ †ǯ‘’’‘”–—‹–±•…ƒ”ƒ…–±”‹•±‡’ƒ”—‘„”‡’o-­‐
tentiellement infini de jinn et au sein de laquelle des systèmes de croyance sub-­‐
•ƒŠƒ”‹‡•‘–’—•ǯ‹–±‰”‡”‡–’‡”‡––”‡Ž‡—”•’‘”–‡—”• †‡ ˆƒ‹”‡ˆƒ…‡ ƒ—–”ƒ—ƒ–‹•‡
psycholog‹“—‡†‡Žǯƒ••‡”˜‹••‡‡–ǤǼ Des croyances et des pratiques prenant leur source en Afrique sub-­‐•ƒŠƒ”‹‡‡‘–±–±ƒ……‘‘†±‡•Žǯ‹–±”‹‡—”†ǯ—‡•–”—…–—”‡‹•Žƒ‹“—‡
généreuse et sont devenues une influence importante dans la vie religieuse des Nord Africains » (p. 167). e e 17 Dans sa contribution, Ismael Musah Montana souligne également que la prégnance du soufisme dans la vie religieuse tunisienne aux 18 et 19 siècles et le pluralisme reli-­‐
gieux (les cultes de saints en particulier) ont certainement concouru à faire entrer le culte Bori †ƒ• Žǯ‡•’ƒ…‡ ”‡Ž‹‰‹‡—š Ž±‰‹–‹‡ –—‹•‹‡Ǥ ƒ‹•ǡ ’ƒ” Žǯ‡šƒ‡ †‡• ±…”‹–• †‡
Žǯ±”—†‹–Šƒ†‹„ƒŽ-­‐Qâdî al-­‐Timbuktâwî, il insiste sur le fait que la frontière entre pra-­‐
tiques religieuses légitimes et illégitimes fut âprement discutée et controversée au tour-­‐
nant du 19 siècle, conjoncture marquée à la fois par le jihâd ‡ˆ”‹“—‡†‡Žǯ—‡•–‡–Ž‡
mouvement wahhâbî ‡ ”ƒ„‹‡ǡ …‡ †‡”‹‡” •ǯ±”‹‰‡ƒ– …‘–”‡ Ž‡• ‹‘˜ƒ–‹‘• ȋ„‹†Ǯƒ) de Žǯ•Žƒ’‘’—Žƒ‹”‡…‘‡Ž‡•…—Ž–‡•†‡•ƒ‹–•‘—Ž‡•‘—ˆ‹•‡Ǥ‹Ž•†ǯ—qâdî de Tombouc-­‐
tou, éduqué dans la ville sainte de Jenne avant de revenir à Tombouctou, al-­‐Timbuktâwî écrit en 1808-­‐9 deux opuscules dans lequel il dénonce la pratique du culte Bori –‡ŽŽ‡“—ǯ‹Ž
ƒ ’— Žǯ‘„•‡”˜‡” ‡ —‹•‹‡  •‘ ”‡–‘—” †‡ ’°Ž‡”‹ƒ‰‡Ǥ ǯƒ––ƒ“—‡ †ǯƒŽ-­‐Timbuktâwî cible ‘•‡—Ž‡‡–Ž‡•ƒ†‡’–‡•†—…—Ž–‡“—ǯ‹Žƒ……—•‡†ǯŠ±”±•‹‡ȋshirkȌ‡–†ǯ‹…”‘›ƒ…‡ȋkufr) ƒ‹•’Ž—•‡…‘”‡Ž‡•’”ƒ–‹…‹‡•†—…—Ž–‡’‘—”Ž‡•“—‡Ž•‹Ž”±…Žƒ‡Žǯ‹–‡”†‹…–‹‘†‡’”ƒ–i-­‐
quer, la persécution et le maintien en esclavage comme juste punition à leur déviance religieuse. Les femmes prêtresses du culte Bori sont particulièrement frappées par le …‘—””‘—š†‡Žǯ±”—†‹–“—‹Ž‡•”‡’”±•‡–‡…‘‡†‡••‘—”…‡•†‡†±˜‘‹‡‡–‡–†‡Ž‡•„‹a-­‐
nisme (musâhaqaȌǤ ‡Ž‘ Žǯƒ—–‡—”ǡ Ž‡• ˜—‡• †‘‰ƒ–‹“—‡• ‡– ’—”‹–ƒ‹‡• †ǯƒŽ-­‐Timbuktâwî reconnaissent explicitement une relation entre identité ethnique et légalité de Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥ‘—”’”‡—˜‡ǡ•‘—–‹Ž‹•ƒ–‹‘†‡Žƒ…ƒ–±‰‘”‹‡†‡• Sûdân Tûnis, terme qui dis-­‐
…”‹‹‡  Žǯ‹–±”‹‡—” †‡ Žƒ …‘—auté des wusfân (domestiques) la portion des es-­‐
…Žƒ˜‡•±•†ƒ•Ž‡—”•’ƒ–”‹‡•†ǯ‘”‹‰‹‡‡–ƒ””‹˜±•”±…‡‡–‡—‹•‹‡‡–“—‹ǡ•‡Ž‘ƒŽ-­‐
Timbuktâwî, sont les principaux propagateurs du culte. La condamnation du culte Bori e e [54] e •ǯ‹–°‰”‡ƒ‹•‹ƒ—’”‘Œ‡–’Ž—•˜ƒ•–‡†‡†±ˆ‹‹–‹‘†‡•…”‹–°”‡•†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǡ˜‘‹”‡†‡•é-­‐
grégation sociale (il promeut par exemple une législation interdisant le mariage entre wusfân et femmes musulmanes). Esclaves musulmans aux Amériques 18 Les trois derniers chapitres, tous cosignés par Paul E. Lovejoy, sont des tentatives ‡š‡’Žƒ‹”‡• ’‘—” ”‡–”ƒ…‡” Ž‡• ’”ƒ–‹“—‡• †ǯagency déployées par les esclaves africains —•—Žƒ•†ƒ•Ž‡•±”‹“—‡•ǡˆ‹‰—”ƒ–ƒ‹•‹—‡‘—˜‡ŽŽ‡ˆ”‘–‹°”‡†‡Žǯ•ŽƒǤ‡•…‘n-­‐
–”‹„—–‹‘••ǯ‹•…”‹˜‡–†ƒ•Žƒ†‹•…—••‹‘ •—”Žǯ‹’‘”–ƒ…‡†‡•’”‘…‡••—•†‡…”±‘Ž‹•ƒ–‹‘ǡ
†‡ ”±•‹•–ƒ…‡ ‡–Ȁ‘— †ǯƒŒ—•–‡‡–• ȋaccommodation) des rapports de la diaspora afri-­‐
…ƒ‹‡•‡••‘…‹±–±•†ǯƒ……—‡‹ŽǤ‘—”Ž‡•ƒ—–‡—”•ǡŽƒ†‹ƒ•’‘”ƒ†ǯƒˆ”‹…ƒ‹•—•—Žƒ•ƒ••‡r-­‐
vis met en question les processus de créolisation qui décrivent un background africain –‘–ƒŽ‡‡–”‡ˆ‘”‰±†ƒ•Žƒ…—Ž–—”‡ƒ±”‹…ƒ‹‡ǤŽ•’ƒ”–‡–†‡ŽǯŠ›’‘–Š°•‡‹˜‡”•‡ǡ†ǯ—‡
continuité entre ce que les esclaves musulmans africains pouvaient espérer aux Amé-­‐
riques compte tenu de leurs caractéristiques sociales et de la fréquentation antérieure †‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†ƒ•Ž‡—”••‘…‹±–±•—•—Žƒ‡•†ǯ‘”‹‰‹‡‡ˆ”‹“—‡†‡Žǯ—‡•–Ǥ 19 Le profil sociographique des africains musulmans asservis et déportés aux Amé-­‐
riques en fait une population, certes différenciée, mais qui regroupe un certain nombre †‡…ƒ”ƒ…–±”‹•–‹“—‡•…‘—‡•Ǥǯƒ„‘”†ǡ‹Ž••‘–”‡Žƒ–‹˜‡‡–’‡—‘„”‡—šǤ”ǡƒŽ‰”±
cette faiblesse numérique, il apparaît que le nombre de manumission est relativement plus important pour les esclaves musulmans que pour les autres15Ǥ •—‹–‡ǡ ‹Ž •ǯƒ‰‹–
†ǯ—‡’‘’—Žƒ–‹‘‡••‡–‹‡ŽŽ‡‡–ŸŽ‡ǡŒ‡—‡‡–—”„ƒ‹‡16. Enfin, ces esclaves africains musulmans proviennent souvent de familles de commerçants ou des élites aristocra-­‐
–‹“—‡•‡–‹Ž‹–ƒ‹”‡•†‡•2–ƒ–•—•—Žƒ•†ǯˆ”‹“—‡†‡Žǯ—‡•–“—‹’‘••°†‡–‡ŽŽ‡•-­‐mêmes des esclaves. De ce fait, ils possèdent une éducation religieuse, un savoir pratique et une connaissance des textes arabes définissant les conditions de la mise en esclavage légi-­‐
time. Ces esclaves musulmans avaient dès lors des « raisons légitimes de rechercher leur Ž‹„‡”–±ƒ—–‹–”‡“—‡ǡ‡–ƒ–“—‡±•Ž‹„”‡•ǡ‹Ž•ǯƒ—”ƒ‹‡–Ž±‰ƒŽ‡‡t pas dû avoir été as-­‐
servis » (p. 240). Cette continuité entre Afrique et Amérique permet de résoudre Žǯƒ’’ƒ”‡– ’ƒ”ƒ†‘š‡ †‡ Žƒ ˆƒ‹„Ž‡••‡ —±”‹“—‡ †‡• ‡•…Žƒ˜‡• ƒˆ”‹…ƒ‹• —•—Žƒ• ‡– Ž‡
‘„”‡ ”‡Žƒ–‹˜‡‡– ’Ž—• ‹’‘”–ƒ– †‡ ƒ—‹••‹‘ “—ǯ‹Ž• •‘– ’ƒ”˜‡—s à obtenir ƒ˜ƒ–²‡Žƒ‹•‡‡’Žƒ…‡†‡Žǯƒ„‘Ž‹–‹‘Ǥ 20 ǯ±–—†‡ †‡ ƒ…‹‡ƒ††‹ ††‘—‡–ƒ—ŽǤ‘˜‡Œ‘›•—”—ƒ—•…”‹–ƒ”ƒ„‡ ±…”‹–
autour de 182317 par Muhammad Kabâ Saghanughu, esclave dans une plantation des environs de Kingston et leader de la communauté musulmane locale, permet de mieux •ƒ‹•‹” …‡ ’”‘…‡••—•Ǥ ”‹‰‹ƒ‹”‡ †ǯ—‡ ˆƒ‹ŽŽ‡ †‡ …Ž‡”…• ƒ†‹‰—‡• ”‡Ž‹±‡  — …‘—”ƒ–
quiétiste de la Tarîqa Qâdiriyya18, il arrive en Jamaïque comme esclave en 1777. En ͳͺͳʹǡ†ƒ•Ž‡…‘–‡š–‡†ǯ—‡†‹•’—–‡‡–”‡‡•…Žƒ˜‡•‡–’”‘’”‹±–ƒ‹”‡•ǡ‹Ž–”‘—˜‡ƒ••‹•–ƒ…‡
ƒ—’”°• †ǯ—‡ ‹••‹‘ …Š”±–‹‡‡ ‘”ƒ˜‡ǡ •—‹–‡  “—‘‹ ‹Ž •‡ …‘˜‡”–‹– ƒ— …Š”‹•–ianisme. Pour les auteurs, la trajectoire de Kabâ illustre le comportement des esclaves musul-­‐
mans en Jamaïque qui « ont utilisé le langage parlé pour transmettre un message †ǯƒ†ƒ’–ƒ–‹‘ȋaccommodationȌ‡–†ǯƒ†Š±•‹‘Žƒ…Š”±–‹‡–±–‘—–‡—–‹Ž‹•ƒ–Žǯƒ”ƒ„e écrit et des symboles particuliers, tels que les noms, pour clamer leur autonomie religieuse et leur supériorité spirituelle en tant que musulmans ǽ ȋ’Ǥ ʹͲ͹ȌǤ ƒ„Ÿ •ǯ‹•–‹–—‡ ƒŽ‘”•
comme un véritable intermédiaire entre les esclaves et les propriétaires : il fréquente les [55] ’”‡‹‡”•†ƒ•Ž‡•…Šƒ’•‡–Ž‡••‡…‘†•Žǯ±‰Ž‹•‡ǡ’”±ˆ±”ƒ–ǡ‡”ƒ‹•‘†‡…‡•ƒ’’ƒ”–e-­‐
ƒ…‡•—Ž–‹’Ž‡•ǡ‡’ƒ•’ƒ”–‹…‹’‡”ƒ—š”±˜‘Ž–‡•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•†‡ͳͺ͵ͳ-­‐32. 21 Dans cette optique, les comportements de résistance, ou de compromis avec les ƒÁ–”‡•ǡ ‘— ‡…‘”‡ Ž‡• •–”ƒ–±‰‹‡• †‡ ”‡–‘—” ‡ ˆ”‹“—‡ ƒ— ‘‡– †‡ Žǯƒ„‘Ž‹–‹‘
•ǯ‡š’Ž‹“—‡”ƒ‹‡–’ƒ”Žƒ‘†—Žƒ–‹‘†‡••›•–°‡•†ǯƒ––‡–‡•ƒ…“—‹•‡ˆ”‹“—‡†‡Žǯ—‡•–
et expérimentés aux Amériques. Les auteurs distinguent deux types de réactions des esclaves musulmans africains. La première, davantage expérimentée par les esclaves en provenance de terres du jihâd comme le Hausaland, comportait un fort engagement ré-­‐
•‹•–ƒ– ƒŽŽƒ– Œ—•“—ǯ Žƒ ˆ‘‡–ƒ–‹‘ †‡ ”±˜‘Ž–‡• ȋƒŠ‹ƒǡ ͳͺ͵ͷȌǤ ƒ •‡…‘†‡ǡ †ƒ˜ƒ–ƒ‰‡
exploitée par des esclaves provenant des traditions musulmanes plus quiétistes du pays ƒ†‹‰—‡ǡ…‘•‹•–ƒ‹–”‡…Š‡”…Š‡”ǡ•—”Ž‡‘†°Ž‡±–ƒ„Ž‹‡ˆ”‹“—‡†‡Žǯ—‡•–ǡ†‡•”‡Ža-­‐
tions de compromis avec les maîtres évoluant sur le registre patron/ client. Selon Paul E. ‘˜‡Œ‘› ȋ†‡”‹‡” …Šƒ’‹–”‡Ȍǡ Žǯ‘’’‘•‹–‹‘ †‡• †‡—š •–”ƒ–±‰‹‡• ǯ‡•– ’ƒ• ‹±Ž—…–ƒ„Ž‡ ‡– ‹Ž
ǯ‡•– ’ƒ• •ð” “—‡ Ž‡• •–”ƒ–±‰‹‡• †ǯƒŒ—•–‡‡–• ǯƒ‹‡– ’ƒ• ƒ—••‹ •‡”˜‹ Žƒ ”‡…Š‡”…Š‡
†ǯƒ—–‘‘‹‡ǡ †ǯ±ƒ…‹’ƒ–‹‘ ‡– †‡ ”‡–‘—” ‡ ˆ”‹“—‡Ǥ ‡ ˆƒ‹•ƒ–ǡ …‡”–ƒ‹• ‡sclaves mu-­‐
sulmans ont pu se faire les porte-­‐parole de leur communauté auprès de leurs maîtres ƒˆ‹†‡Ž—‹ƒ••—”‡”—‡‹ŽŽ‡—”•‘”–ȋ…‘‡Žǯƒ••‹‰ƒ–‹‘†‡•–”ƒ˜ƒ—š“—ƒŽ‹ˆ‹±•Ȍ–‘—–‡
ƒ‹–‡ƒ–—‡‹†‡–‹–±—•—Žƒ‡“—‡’‡”‡––ƒ‹–†ǯ‡–”‡–‡‹”Žǯ—–‹Ž‹•ƒ–‹‘†‡Žǯƒ”ƒ„‡ǡ
‹…‘’”‹•†‡•ƒÁ–”‡•Ǥǯ‡•–Žƒ†‡•…”‹’–‹‘†‡–›’‡•†ǯethos que tend le projet de Paul E. Lovejoy. Notes 1 Cette interprétation « révisionniste ǽ†‡ŽǯŠ‹•–‘‹”‡†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡•–†ƒ˜ƒ–ƒ‰‡‡x-­‐
plicitée dans Lovejoy P. E., 1997, « The African diaspora : revisionist interpretations of ethnicity, culture and religion under slavery », Studies in the World History of Slavery, Abolition and Emancipationǡ ʹȋͳȌǤ ǯ‘—˜”ƒ‰‡ ’”±•‡–± ‹…‹ ±Žƒ”‰‹– Žƒ ’”‘„Ž±ƒ–‹“—‡ ƒ—
commerce trans-­‐saharien. 2 Stilwell S., Hamza I., Lovejoy P. E., Dako S., 2001, « The oral history of royal slavery in the Sokoto Caliphate : an interview with Sallama Dako », History in Africa, 28, p. 273-­‐
91. 3 Cité dans Hunwick J. O., Troutt Powell E., 2002, The African Diaspora in the Mediter-­
ranean Lands of Islam, Princeton, Markus Wiener publishers, p. 23. 4 Barbour B., Jacobs M., 1985, « Š‡‹Ǯ”ƒŒ : a legal treatise on slavery by Ahmad Ba-­‐
ba » dans Willis J. R. (dir.), Slaves and Slavery in Muslim Africa. 1-­ Islam and the ideology of enslavement, Londres, Franck Cass, p. 136. 5 Willis J. R., 1985, « The ideology of enslavement in Islam » dans Willis J. R. (dir.), op. cit., p. 6. 6 Sikainga A. A., 2000, « Comrades in arms or captives in bondage : sudanese slaves in the turco-­‐egyptian army, 1821-­‐1865 » dans Toru M., Philips J. E. (dirs), Slaves elites in the Middle East and Africa. A comparative study, Londres/New York, Kegan Paul Interna-­‐
tional, p. 199-­‐200. 7 Hunwick J. O., 1999, « Islamic law and polemics over slavery in North and West Africa, 16th-­‐19th century », dans Marmon S. (dir.), Slavery in the Islamic Middle East, Princeton, Markus Wiener Publishers, p. 43-­‐68 ; Hunwick J. O., 2000, « Ahmad Bâbâ on [56] Slavery », Sudanic Africa, 11, p. 131-­‐139 ; Hunwick J. O., Troutt Powell E., 2002, The Afri-­
can Diaspora in the Mediterranean Lands of Islam, op. cit., p. 35-­‐50. 8 ‡Žƒ‡•–†ǯƒ—–ƒ–’Ž—•˜”ƒ‹ƒ—ˆ—”‡–‡•—”‡“—‡Žǯ‘•ǯ±Ž°˜‡†ƒ•Ž‡•Š‹±”ƒ”…Š‹‡•
entre esclaves. Nasser Rabbat souligne en effet que lors de son institutionnalisation le mot mamlûk ne fut jamais utilisé pour désigner les esclaves noirs, même lorsque ceux-­‐ci servaient exclusivement comme guerriers, comme ils le firent durant la période fatimide en Égypte. Ainsi, le mot mamlûk en vint à avoir des connotations géographiques et eth-­‐
niques : « il signifiait des jeunes hommes blancs, principalement des turcs ou turqui-­‐
sés ǽǡ‡Žǯ‘……—””‡…‡†‡•‹”…ƒ••‹‡•ǡ†‡•—”…•‘—†‡•‘‰‘Ž•ǡƒ„„ƒ–ǤǡǼ The Chan-­‐
ging Concept of Mamlûk in the Mamluk Sultanate in Egypt and Syria » dans Toru M., Phi-­‐
lips J. E. (dirs), Slaves Elites in the Middle East and Africa. A comparative study, op. cit., p. 82. 9 —”Ž‡…‘–‡š–‡‹–‡ŽŽ‡…–—‡Ž†‡Žǯ•Žƒƒ—‘—†ƒ‘……‹†‡–ƒŽ…‡––‡’±”‹‘†‡ǡ‹ŽŽ‹•Ǥ
R., 1967, « Jihad fi Sabil Allah Ȃ Its doctrinal basis in Islam and some aspects of its evolu-­‐
tion in nineteenth-­‐century West Africa », Journal of African History, 8(3), p. 395-­‐415. 10 ‡ †‡• …ƒ”ƒ…–±”‹•–‹“—‡• †‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ †ƒ• Žǯ’‹”‡ ‘––‘ƒǡ ’ƒ” ”ƒ’’‘”– 
Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡–”ƒ•ƒ–Žƒ–‹“—‡ǡ”±•‹†‡‡‡ˆˆ‡–†ƒ•Žǯ—–‹Ž‹•ƒ–‹‘ƒ••‹˜‡†ǯ‡•…Žƒ˜‡•†‡•ˆ‹•
†‘‡•–‹“—‡•Ǥ ‡––‡ …ƒ”ƒ…–±”‹•–‹“—‡ ƒ ±–± ‘„‹Ž‹•±‡ ’ƒ” Ž‡• ƒ˜‘…ƒ–• †‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ’‘—”
contrer les campagnes abolitionnistes britanniques dans la première moitié du 19e siècle ‡ †±ˆ‡†ƒ– Žǯ‹†±‡ †ǯ— ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ †‘—š •‡ †±’Ž‘›ƒ– †ƒ• Žǯƒ„‹ƒ…‡ ˆ‡—–”±‡ †‡• ha-­
rems ”‘›ƒ—š ‡– ’ƒ••ƒ– •‘—• •‹Ž‡…‡  Žƒ ˆ‘‹• Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ƒ‰”‹…‘Ž‡ǡ Žƒ †‹ˆˆ±”‡…‹ƒ–‹‘ •o-­‐
…‹ƒŽ‡ ‡–”‡ ˆ‘”‡• †ǯ‡•…lavage domestique et la différenciation raciale calculée sur la couleur de peau (pour les concubines notamment). Voir à ce sujet, Baer G., 1967, « Slave-­‐
ry in Nineteenth Century Egypt », Journal of African History, 8(3), p. 417-­‐41 ; Toledano E. R., 1998, Slavery and Abolition in the Ottoman Middle East, Seattle/ London, University of Washington Press ; Troutt Powell E. M., 2003, A Different Shade of Colonialism. Egypt, Great Britain and the mastery of Sudan, Berkeley Ȃ Los Angeles Ȃ Londres, University of California Press. 11 ‡• ˆ”‘–‹°”‡• ƒ––‡‹–‡• ’ƒ” Ž‡ …ƒŽ‹ˆƒ– †‡ ‘‘–‘ †—”ƒ– …‡––‡ ’±”‹‘†‡ •ǯ±–‡†‡–
†‡’—‹•Žƒœ‘‡•ƒŠ±Ž‹‡‡†——”‹ƒƒ•‘ƒ…–—‡ŽŽǯ—‡•–ǡ’‘—”‡‰Ž‘„‡”Ž‡‘”†‹‰e-­‐
”‹ƒŒ—•“—ǯƒ—‘”†ƒ‡”‘—ƒ…–—‡ŽŽǯ•–Ǥ 12 ‘—•”‡’”‡‘•‹…‹Žǯƒ’’‡ŽŽƒ–‹‘—–‹Ž‹•±‡’ƒ”Žǯƒ—–‡—”‡–’ƒ”•‡•”±ˆ±”‡…‡•‘Že-­‐
dano E. R., 1998, Slavery and Abolition in the Ottoman Middle East, Seattle/ London, Uni-­‐
versity of Washington Press ; Toledano E. R., 2003, State and Society in mid-­nineteenth-­
century Egypt, Cambridge, Cambridge University Press ; Troutt Powell E. M., 2003, A Dif-­
ferent Shade of Colonialism. Egypt, Great Britain and the mastery of Sudan, Berkeley/Los Angeles/Londres, University of California Press. Ces différents travaux parlent de Žǯ±‡”‰‡…‡†ǯ—‡±Ž‹–‡‘––‘ƒ‡-­‐±‰›’–‹‡‡ƒ—‘‡–†‡Žǯƒ””‹˜±‡ƒ—’‘—˜‘‹”†‡u-­‐
hammad Ali. En porte-­‐à-­‐ˆƒ—šƒ˜‡…Ž‡•”±…‹–•†‡ŽǯŠ‹•toire nationaliste officielle en Égypte, ces études situent Muhammad Ali comme un simple gouverneur ottoman, plutôt que …‘‡ — Ž‡ƒ†‡” ƒ–‹‘ƒŽ‹•–‡ ±‰›’–‹‡ ˜‹•ƒ–  Ž‹„±”‡” Žǯ2‰›’–‡ †— Œ‘—‰ ‘––‘ƒǤ 
’‡—–”ƒ’’‡Ž‡”ƒ—••‹“—‡ǡ†ƒ•ŽǯŠ‹•–‘‹”‡†—‘—†ƒ‹Ž‘–‹“—‡ǡŽƒ’±”‹‘†‡†ǯ‘……—’ƒ–‹‘’ƒ”
les armées de Muhammad Ali est nommée la Turkiyya, indiquant que le point de vue afro-­‐centrique légitimerait la nature « ottomane-­‐égyptienne » du gouvernement de Mu-­‐
hammad Ali. 13 Sur ce point, Spaulding J., 1982, « Slavery, land tenure and social class in the Nor-­‐
thern Turkish Sudan », International Journal of African historical Studies, 15(1), p. 1-­‐20. [57] 14 Dans une publication antérieure, Sean Stilwell suggère, en référence à Pierre ‘—”†‹‡—ǡ†‡’‡•‡”Žǯƒ…“—‹•‹–‹‘†ǯ‡•…Žƒ˜‡•”‘›ƒ—š…‘‡—‡ƒ……——Žƒ–‹‘†‡Ǽ capi-­‐
tal culturel », Stilwell S., 2000, « The power of knowledge and the knowledge of power: kinship, community and royal slavery in pre-­‐colonial Kano, 1807-­‐1903 » dans Toru M., Philips J. E. (dirs), Slave Elites in the Middle East and Africa, Londres/ New York, Kegan Paul International, p. 117-­‐56. 15 Cette faiblesse numérique des esclaves musulmans fait dire à Paul Lovejoy que « ǯǼ abolition » européenne a été possible parce que les gouvernements musulmans étaient opposés à la vente de quelque esclave que ce soit aux chrétiens, comme un ‘›‡†‡’”‘–±‰‡”Žƒˆ‘‹•…‡—š†ǯ‡–”‡Ž‡•—•—Žƒ•“—‹’‘—””ƒ‹‡–²–”‡‹•‡‡s-­‐
…Žƒ˜ƒ‰‡–‘”–‡–Ž‡•‡•…Žƒ˜‡•“—‹ƒ—”ƒ‹‡–’—•‡…‘˜‡”–‹”Žǯ•Žƒ—Ž–±”‹‡—”‡‡– » (p. 238). 16 Cette dernière caractéristique étant développée plus récemment dans Lovejoy P. E., 2005, « The urban background of enslaved Muslims in the Americas », Slavery and Abolition, 26(3), p. 349-­‐76. 17 Le manuscrit porte le titre de Kitâb al-­Salât (Le livre des prières). 18 ‘ˆ”±”‹‡ •‘—ˆ‹‡ †ǯˆ”‹“—‡ †‡ Žǯ—‡•– ˆ‘†±‡ ’ƒ” „† ƒŽ-­‐Qâdir al-­‐Jîlânî (mort en 1166). Pour citer cet article Référence électronique Matthieu Fintz, « Diaspora africaine, esclavage et Islam », Égypte/Monde arabe, Troi-­‐
sième série, 3 | 2006, [En ligne], mis en ligne le 08 juillet 2008. URL : http://ema.revues.org/index1725.html. Consulté le 02 février 2009.
[58] L a vérité sur l'esclavage en Islam
Dans une enquête mondiale, l'anthropologue musulman révèle les pratiques d'asservissement
dans le monde islamique et leur inquiétante persistance par malek chebel
-­ Un combat actuel La Mauritanie a voté le 8 août 2007 une nouvelle loi antiesclavagiste plus répressive. En mai dernier, à Marrakech, s'est également tenu le premier colloque international sur l'esclavage dans les pays arabo-­‐musulmans, sous l'égide de l'Unesco. Et un peu partout dans le monde arabe, dans le Golfe, en Iran, en Afrique, des écrivains s'engagent, des as-­‐
sociations, composées d'anciens esclaves ou de leurs descendants, apparaissent et mili-­‐
tent, malgré l'hostilité des Etats. Un véritable mouvement se dessine, dont l'Occident ne mesure pas encore l'ampleur, mais qu'il faut soutenir, sans quoi le pire est toujours à venir. Ces enfants de Bamako qui courent vers les étrangers pour se livrer eux-­‐mêmes en servitude ne nous le disent-­‐ils pas ? La traite atlantique avec son système triangulaire, concentrée entre le XVIe et le XIXe siècle, nous est désormais bien connue. Malgré l'existence de travaux universitaires de qualité, on connaît encore malheureusement trop peu la traite orientale ou musulmane, qui s'étend, elle, sur près de quinze siècles et qui a asservi des millions de Noirs (15 mil-­‐
lions ? peut-­‐être plus ?), mais aussi des Européens captifs de guerre, des Slaves, à l'instar des janissaires dans l'armée ottomane, ou des Circassiennes, ces femmes originaires du Caucase qui remplirent les harems du calife et des notables de Bagdad. Parce que je suis un intellectuel musulman, un anthropologue qui défend depuis tou-­‐
jours le droit des personnes et qui combat les tabous de l'islam, je me sens missionné pour dénoncer ce drame de l'esclavage qui a contaminé tous les pays où l'islam a pros-­‐
péré. A Brunei, au Yémen, dans les pays du Sahel, chez les Touaregs, en Libye, dans le Sud tunisien, en Egypte, en Arabie, en Mésopotamie, à Oman et Zanzibar, au Soudan ou à Djibouti, il n'est en effet pas un lieu gagné par l'islam où ne se soit jamais pratiqué le commerce d'esclaves. Le phénomène demeure encore vivace. Les marchés de chair humaine à ciel ouvert n'existent certes plus, mais que sont d'autre que des «esclaves modernes» les domes-­‐
tiques non rémunérés, réquisitionnés nuit et jour, fondus dans le décor des palais et des maisons bourgeoises marocaines, les ouvriers auxquels on retire leur passeport dans les pays pétroliers du Golfe, les jeunes enfants exploités en Afrique, en Inde ou en Indonésie, les femmes qu'on livre à des inconnus contre quelques billets ou lors de «mariages de jouissance», et les concubines qui subissent un asservissement sexuel dans les familles ? Sans oublier la polygamie, qui est selon moi une forme soft d'esclavage. Comment expli-­‐
quer ces pratiques, si ce n'est par la survivance d'une mentalité esclavagiste au sein même de l'Islam ? -­ Le Coran et les esclaves On me dira peut-­‐être que j'aggrave les attaques continuelles contre l'Islam ou l'on uti-­‐
lisera mes positions pour tenter de déculpabiliser l'Occident de son passé colonialiste. Tant pis, je cours le risque de ces récupérations idéologiques. Je parle avec ma cons-­‐
cience et avec l'objectivité du scientifique. Je n'en demeure pas moins scandalisé par les [59] discours de la droite, ceux de 2005 sur les «effets positifs de la colonisation» comme ce-­‐
lui prononcé cet été à Dakar par le président Sarkozy, qui réitère le refus du «repentir de l'homme blanc». Or il y a bel et bien eu crime. J'ajoute qu'il est tout autant nécessaire que l'Islam fasse lui aussi son travail de remise en question. Les pays musulmans ont leur propre responsabilité pour un esclavage qu'ils ont eux-­‐mêmes fait prospérer. Héritage de l'Antiquité, l'esclavage, lors de l'avènement de l'islam, au vif siècle, était une pratique largement répandue. La situation des hommes asservis dans le Hedjaz et dans la péninsule Arabique était alors déplorable. Le Coran, qui évoque la question dans vingt-­‐cinq versets, a voulu y mettre fin en promulguant une politique d'affranchissement suivie par le calife Abû Bakr (mort en 634), qui consacra sa fortune personnelle au rachat et à la libération des esclaves. Mais dès Omar, le deuxième calife, elle fut contrecarrée. Dans un hadith classé «authentique», le Prophète dit que «Dieu n'a rien créé qu'il aime mieux que l'émancipation des esclaves, et rien qu'il haïsse plus que la répudiation». A celui qui Lui demandait ce qu'il devait faire pour mériter le Ciel, Mohammed aurait répondu : «Délivrez vos frères des chaînes de l'esclavage.» En adoptant la nouvelle religion, l'esclave païen acquiert aussi la liberté. Tout musul-­‐
man sincère qui possède un esclave est donc invité à l'affranchir. Mais l'Islam n'a prati-­‐
qué qu'une politique timorée, sans réelles contraintes pour les grands propriétaires ter-­‐
riens et les marchands d'esclaves, les gellab en arabe (le même mot utilisé pour désigner les marchands de bestiaux !), qui ont continué à faire fructifier leur abject commerce. C'est là qu'est la faille constitutive de l'islam qui fait de l'esclavage l'une de ses patho-­‐
logies : le Coran n'étant pas contraignant, l'abolition relève de la seule initiative person-­‐
nelle du maître. L'idée d'affranchir un esclave en vue de gagner la bénédiction du Ciel a ainsi été reléguée au second plan. J'ai même découvert que juristes et théologiens avaient édicté un «Code noir» arabe, composé d'articles réglementant toutes les ques-­‐
tions concernant l'esclave, depuis sa vente jusqu'à sa place dans la guerre sainte, en pas-­‐
sant par son échange pour vice caché. J'en ai trouvé trois versions. Au paragraphe 58 du Livre de la propriété sexuelle, extrait de la «Moudawwana» d'Ibn al-­‐Qâsim, telle que rapportée par Sahnoun (776-­‐854), il est par exemple écrit : «Les parties honteuses» de l'esclave femelle appartiennent de droit à son maître. Il en va ainsi de son ventre (ses en-­
fants) et de son dos (sa force de travail).» Le grand penseur Ibn Khaldoun (1332-­‐1406) lui-­‐même, dans sa «Muqaddima», explique les diverses manières de choisir son «domes-­‐
tique». Il a fallu attendre le XVIIIe siècle vertueux et surtout l'émergence, au XIXe siècle, d'une morale universelle, impulsée par les Constitutions occidentales, pour que s'amor-­‐
cent lentement des politiques d'abolition dans le bassin méditerranéen. Certains souve-­‐
rains réformateurs, comme Ahmed Bey, à Tunis, virent là l'occasion de rattraper la marche du progrès, mais trop souvent ces politiques furent hypocrites et peu suivies. -­ Pour un sursaut Aujourd'hui encore le constat demeure affligeant. Je regrette que de nombreux mu-­‐
sulmans, arabes ou non, ne semblent éprouver de plaisir, hélas, qu'en accomplissant l'inverse de ce que recommande si clairement le Prophète, et s'emploient sans vergogne à répudier leurs femmes et à mettre en servitude leurs domestiques. Au Koweït comme au Qatar, en Arabie Saoudite ou à Dubaï, l'employeur a de puis longtemps remplacé le négrier. «Esclaves économiques», Philippins, Indiens, Malais, Bangladais se sont substi-­‐
tués aux anciens captifs d'Afrique, Habachis et Zandj. Au Maroc se pose aujourd'hui la [60] question des domestiques, ces «petites bonnes» non rémunérées, corvéables à merci, qu'on réquisitionne jour et nuit, et que les autorités elles-­‐ mêmes évaluent à plus de 1 million. Que dire aussi des eunuques à La Mecque ! Oui, en 2007, des eunuques gardent toujours les lieux saints de l'islam ! Soyons clairs, je n'attaque ni un pays en particulier, ni l'islam en tant que religion. Mais son dévoiement, qui n'en finit pas de faire des ravages. Il faut que l'Islam retrouve sa vraie nature et rejoigne enfin les grandes civilisations libératrices. Anthropologue et spécialiste de l'islam, Malek Chebel est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, dont le «Dictionnaire amoureux de l'islam» (Plon, 2004). En 2007, il a publié «l'Islam expliqué par Malek Chebel» (Perrin) et «Treize Contes du Coran et de l'islam» (Flammarion). Il publie aujourd'hui chez Fayard «l'Esclavage en terre d'Islam. Un tabou bien gardé». Marie Lemonnier Le Nouvel Observateur http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2236/articles/a354186.html
[61] Maroc : Islam, esclavage et servitude Posté par achkoune le 19/2/2008 21:33:41 'DQV³/¶HVFODYDJHHQWHUUHG¶,VODP´(GLWLRQV)D\DUG0DOHN&KHEHOUHYLHQWVXUXQ
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ductivité de ses usines et la fertilité de ses champs, que de la condition des millions †ǯ²–”‡•Š—ƒ‹•ǡ”±†—‹–•ƒ—•–ƒ–—–†ǯ‘—–‹Ž•†‡’”‘†—…–‹‘Ǥ ƒ•Žǯ‹ƒ‰‹ƒ‹”‡…‘ŽŽ‡…–if musulman, la figure de Bilal, esclave affranchi devenu pre-­‐
‹‡”—‡œœ‹†‡Žǯ‹•Žƒǡ†‘‹‡Žƒ’‡”…‡’–‹‘†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡—•—Žƒǡ‡–Ž—‹†‘‡—‡
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•ǯƒ––ƒ“—‡ƒŽ‡Š‡„‡Ž†ƒ•ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–‡””‡†ǯ•Žƒǡ‡‡••ƒ›ƒ–†‡†±‘–”‡”“—‡
DzŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡•–‡”±ƒŽ‹–±Žƒ’”ƒ–‹“—‡Žƒ‹‡—š’ƒ”–ƒ‰±‡†‡Žƒ’Žƒ°–‡dzǤǯƒ–Š”‘’‘Ž‘‰—‡
ƒŽ‰±”‹‡ –‡–‡ †ǯƒƒŽ›•‡” …‡––‡ ’”ƒ–‹“—‡ ‡ …‘’—Ž•ƒ– †‡• †‘…—‡–• Š‹•–‘”‹“—‡•ǡ“—‹
constituent de véritables codes noirs musulmans, mais aussi en partant sur les traces de …‡––‡’”ƒ–‹“—‡†ƒ•Dz—˜‘›ƒ‰‡ƒ—š’ƒ›•†‡•‡•…Žƒ˜‡•dzǤ Un paradoxe musulman ±˜±Ž± †ƒ• —‡ –‡””‡ ‘î Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ±–ƒ‹– …‘•‹†±”± …‘‡ ƒ–—”‡Žǡ Žǯ‹•Žƒ ǯƒ ’ƒ•
aboli cette pratique, ƒ‹•ƒ‡••ƒ›±†ǯ‹…‹–‡”•‡•ˆ‹†°Ž‡•ƒˆˆ”ƒ…Š‹”Ž‡•‡•…Žƒ˜‡•ǡ‘–ƒm-­‐
‡–Ž‡•—•—Žƒ•’ƒ”‹‡—šǤǯ‹•Žƒƒ˜ƒ‹–†‡•ƒŽŽ—”‡•†‡”±˜‘Ž—–‹‘•‘…‹ƒŽ‡†ƒ••‘
aspect égalitariste, en soumettant tous les hommes à un seul maître, Dieu. Des esclaves ‡ “—²–‡ †ǯƒˆˆ”ƒ…Š‹••‡‡– ‘– ±–± ’ƒ”‹ Ž‡• ’”‡‹‡”• …‘˜‡”–‹•  Žǯ‹•Žƒ ‡– ƒŽŽƒ‹‡–
former par la suite le noyau de la première armée musulmane. Toutefois, et comme le ”‡ƒ”“—‡ ƒŽ‡ Š‡„‡Žǡ Ž‡ ‘”ƒ ǯ±–ƒ‹– ’ƒ• …‘–”ƒ‹‰ƒ– ‡ ƒ–‹°”‡ †ǯƒ„‘Ž‹–‹‘Ǥ ƒ•
une démarche †ǯƒˆˆ”ƒ…Š‹••‡‡–’”‘‰”‡••‹ˆ„ƒ•±‡•—”Žǯ‹‹–‹ƒ–‹˜‡‹†‹˜‹†—‡ŽŽ‡ǡŽǯ‹•Žƒ‡
˜‘—Žƒ‹–’ƒ••—•…‹–‡”Žǯƒ‹‘•‹–±†‡•ƒ”‹•–‘…”ƒ–‡•ƒ”ƒ„‡•“—‹–‹”ƒ‹‡–…‘ˆ‘”–‡–’”‘ˆ‹–†‡…‡
“—ǯ‘’‡—–ƒ’’‡Ž‡”Žƒ–”ƒ‹–‡†‡•Š‘‡•Ǥƒ’”±ˆ±”‡…‡ƒŽŽƒ‹–ƒ‹•‹ƒ—š±–Š‘†‡•†‘uces, Žǯ‹•–ƒ”†—…ƒŽ‹ˆ‡„‘—ƒ”ǡ“—‹˜‘—Žƒ‹–†‘‡”Žǯ‡š‡’Ž‡ƒ—šˆ‘”–—±•†‡‘”ƒÃ…Š‡
…‘•ƒ…”ƒ–—‡’ƒ”–‹‡†‡•ƒˆ‘”–—‡’‡”•‘‡ŽŽ‡Žǯƒˆˆ”ƒ…Š‹••‡‡–†‡•‡•…Žƒ˜‡•ǥ ‘—–‡ˆ‘‹•ǡ Žǯ‡š–‡•‹‘ ’”‘‰”‡••‹˜‡ †‡ Žǯ‡’‹”‡ —•—Žƒǡ Ž‡ „‡•‘‹ ‹’±”‹‡—š †ǯune ƒ‹†ǯà—˜”‡’‘—”–”ƒ˜ƒ‹ŽŽ‡”†ƒ•Ž‡•‘—˜‡ŽŽ‡•–‡””‡•ƒ‡š±‡•‡–Žǯƒ„‘†ƒ…‡†‡•’”i-­‐
sonniers tombés en captivité après les conquêtes musulmanes, ont relégué les recom-­‐
ƒ†ƒ–‹‘• ”‡Ž‹‰‹‡—•‡• ƒ— •‡…‘† ’ŽƒǤ Dz‡ †›ƒ•–‹‡ ‡ †›ƒ•–‹‡ ‡–†‡ •‹°…Ž‡ ‡ •‹°…le, Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡•–†‡˜‡——ˆƒ‹–—•—ŽƒǤ—ŽŽ‡’ƒ”–‘‡–”‘—˜‡…‘–”‡Ž—‹†ǯ‘’’‘•‹–‹‘
‘— †‡ ”±’”‘„ƒ–‹‘Ǥ ‡ ‘„”‡ †ǯ‡•…Žƒ˜‡• ‡– Žƒ …‘†‹–‹‘ •‡”˜‹Ž‡ ±–ƒ‹‡– ’”‘ˆ‘†±‡–
‡”ƒ…‹±•†ƒ•Žƒ•‘…‹±–±ˆ±‘†ƒŽ‡‡–’ƒ••ƒ‹‡–’‘—”—ˆƒ‹–ƒ–—”‡Ždzǡ”±•—‡alek Che-­‐
bel. ”‘‰”‡••‹˜‡‡–Žǯ‹†±‡†ǯƒˆˆ”ƒ…Š‹”—‡•…Žƒ˜‡‡˜—‡†‡‰ƒ‰‡”Žƒ„±±†‹…–‹‘†‹˜‹‡
disparaissait, laissant la place au sentiment de puissance et de supériorité que procure la situation de maître. La production théologique allait suivre cette évolution, en fournis-­‐
[62] •ƒ–†‡•…‘†‡•’‘—””±‰Ž‡‡–‡”Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǡ“—ƒ†‹Ž‡•–†‡˜‡—‹’‘••‹„Ž‡†‡Žǯƒ„‘Ž‹”Ǥ
ƒ•Žƒ†‡”‹°”‡’ƒ”–‹‡†‡•‘Ž‹˜”‡ǡƒŽ‡Š‡„‡Ž’”±•‡–‡–”‘‹•–‡š–‡•ǡ“—ǯ‹Ž“—ƒŽ‹ˆ‹‡†‡
Dz…‘†‡•ƒ”ƒ„‡•†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡dzǡŽǯ‹•–ƒ”†—Dz…‘†‡‘‹”dz†—”‘‹‘—‹•ǡ“—‹”±‰Žƒ‹–Žƒ˜‹‡
des esclaves dans les colonies françaises. Dans ces textes, on prodigue des conseils sur Žǯƒ…Šƒ– †‡• ‡•…Žƒ˜‡• ‡– Ž‡—”• ’”‹šǡ …‘‡– ±˜‹–‡” Ž‡• –”‘’‡”‹‡• •—” DzŽƒ ƒ”…Šƒ†‹•‡dzǡ
on y précise les droits dont disposent les maîtres sur les esclaves, y compris les droits •‡š—‡Ž•Ǥ Ž ƒ ˆƒŽŽ— ƒ––‡†”‡ Ž‡ ͳͻ°‡ •‹°…Ž‡ ‡– Žǯ‹ˆŽ—‡…‡ †ǯ—‡ ‘”ƒŽ‡ ‘……‹†‡–ƒŽ‡ †‡
ƒ‹••ƒ…‡‡–—‹˜‡”•‡ŽŽ‡†‡’‘”–±‡ǡ’‘—”“—ǯƒ’’ƒ”ƒ‹••‡–Ž‡–‡‡–†‡•†‡ƒ†‡•‡–†‡•
’‘Ž‹–‹“—‡•†ǯƒ„‘Ž‹–‹‘†ƒ•les pays musulmans. La galerie des esclaves ǯŠ‹•–‘‹”‡†‡ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–‡””‡†ǯ‹•Žƒ”±˜°Ž‡†‡•’”ƒ–‹“—‡•†‹ˆˆ±”‡–‡•‡–†‡••–a-­‐
–—–•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•ƒ—••‹˜ƒ”‹±•“—‡Ž‡•–Ÿ…Š‡•ƒ—š“—‡ŽŽ‡•‹Ž•‘–±–±ƒ••‹‰±•Ǥ‡•ˆ‹‰—”‡•‡–
des destins différents déterminés par le sexe, la couleur de la peau ou le sexe de ces es-­‐
claves. ƒ• …‡––‡ Š‹•–‘‹”‡ ‘ ’‡—– –”‘—˜‡” ƒ‹•‹ Ž‡ ǮƒŽ‘—ǯǡ ‡•…Žƒ˜‡ •‘Ž†ƒ– “—‹ ’‡—– ƒt-­‐
teindre le sommet du pouvoir grâce à ses talents militaires et à la puissance de sa corpo-­‐
ration. Baybars, le s—Ž–ƒ †ǯ‰›’–‡ǡ ‹…ƒ”‡ …‡ Dz”²˜‡ —•—Žƒdzǡ ‘î ‘ …‘‡…‡ ‡s-­‐
clave et on finit grand vainqueur des Croisés et des Mongols. On y croise aussi ǮŽǯ‡——“—‡ǯǡ‡•…Žƒ˜‡ƒ•‡š—±†‘–Žƒ—–‹Žƒ–‹‘‡•–Ž‡’”‹š’ƒ›‡”’‘—”•ǯ‹–”‘†—‹”‡†ƒ•Ž‡
sanctuaire du harem. U ‡•’ƒ…‡‘–”‘—˜‡ ±‰ƒŽ‡‡– Žǯ‡•…Žƒ˜‡ Ǯ…‘…—„‹‡ǯǡ‘„Œ‡–†‡
ˆƒ–ƒ•‡• †‡• ’‡‹–”‡• ‡– ˜‘›ƒ‰‡—”• ‘……‹†‡–ƒ—šǡ †‘– Ž‡ …Šƒ”‡ ‡– Žǯ—–±”—• •‘– Ž‡•
principaux atouts pour accéder au statut de sultane et mère de sultans. Mais il y a aussi la figure moins glamour des esclaves noirs des marais irakiens, qui ont déclenché au ͻ°‡•‹°…Ž‡Žƒ’”‡‹°”‡”±˜‘Ž—–‹‘•‘…‹ƒŽ‡†‡ŽǯŠ‹•–‘‹”‡†‡Žǯ‹•Žƒǡˆƒ‹•ƒ–ƒ‹•‹–”‡„Ž‡”
Bagdad et les califes abbassides pendant 14 ans. Une révolution qui ressemble, comme deux chaînes de fer, à celle de Spartacus face au tout-­‐puissant empire romain, mais qui †‡‡—”‡ƒŽ…‘—‡ǡ‡ƒ––‡†ƒ–—–ƒŽ‡›—„”‹…’‘—”Žƒˆƒ‹”‡†±…‘—˜”‹”Ǥƒ‹•DzŽ‡
‡‹ŽŽ‡—”dz‡•…Žƒ˜‡ǡ•‹Žǯ‘…”‘‹–ƒŽ‡Š‡„‡Žǡ†‡‡—”‡Dz…‡Ž—‹“—‹‡•–ǡŽƒ„ƒ•‡ǡ—ƒ”ƒ„‡
sachant manier la langue du Coran, qui se convertit avec ferveur à la foi islamique et qui, †‡ •—”…”‘Á–ǡ ‘–”‡ †‡ ”±‡ŽŽ‡• †‹•’‘•‹–‹‘•  ’ƒ”–ƒ‰‡” Ž‡• ˜ƒŽ‡—”• †— ƒÁ–”‡dzǤ ‘—” Ž‡•
ƒ—–”‡•‡•…Žƒ˜‡•ǡ“—‹ǯ±–ƒ‹‡–’ƒ•ƒ”ƒ„‡•‘——•—Žƒ•ǡ‹ŽˆƒŽŽƒ‹–†±‘–”‡”†es qualités exceptionnelles, ou naître sous une bonne étoile, pour connaître un destin différent de leurs semblables. Voyage au pays des asservis Ž—•‹‡—”••‹°…Ž‡•†ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–†‡•‹ŽŽ‹‘•†‡’‡”•‘‡•‹•‡•‡•‡”˜‹–—†‡‘–Žƒ‹s-­‐
•± †‡• –”ƒ…‡•†ƒ•ŽǯŠ‹stoire et la culture des peuples musulmans. Elles sont encore vi-­‐
•‹„Ž‡•ǡ†ǯƒ—–ƒ–“—‡Žǯƒ„‘Ž‹–‹‘†‡…‡––‡Dz’”ƒ–‹“—‡dz†ƒ•…‡”–ƒ‹•’ƒ›•—•—Žƒ•‡•–‡n-­‐
…‘”‡”±…‡–‡ȋ‡š‡’Ž‡†‡Žƒƒ—”‹–ƒ‹‡“—‹ǡ²‡ƒ’”°•ƒ˜‘‹”ƒ„‘Ž‹Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡ͳͻͺͳǡ
a dû faire voter une nouvelle loi en 2003 pour réprimer la traite des personnes). La langue, les hiérarchies sociales, la musique et la littérature dans ces pays comportent des réminiscences ou des séquelles encore vivaces de la servitude. Pour les besoins de son livre, Malek Chebel a voyagé dans plusieurs pays musulmans. Objectif : effectuer une •‘”–‡†‡Dz…ƒ”‘––ƒ‰‡dz…‘‡Ž‡•‰±‘Ž‘‰—‡•“—‹ˆ‘”‡–Ž‡•‘—•-­‐sol en quête de minerais ou [63] †‡ ƒ’’‡• †‡ ’±–”‘Ž‡ ǣ Dz‡ ‡š–”ƒ…–‹‘ †‡ †‘±‡• Š‹•–‘”‹“—‡• ‡– •‘…‹‘Ž‘‰‹“—‡• ƒ›ƒ–
vocati‘’ƒ”Ž‡”dzǤ — ƒ”‘…  Žǯ†‡ ‡– †‡ ƒ‰†ƒ†  ‘„‘—…–‘—ǡ “—ƒ† Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ‡ †‹•’ƒ”ƒÁ– ’ƒ•
…‘’Ž°–‡‡–ǡ ‘— “—ƒ† ‹Ž ‡ ’”‡† ’ƒ• †ǯƒ—–”‡• ˆ‘”‡• ȋ’Ž—• ‘†‡”‡• ƒ‹• ‘
moins dégradantes), il est encore présent sous forme de monuments ou de lieux de mé-­‐
moire. Au Maroc, la musique gnaouie a la même portée historique que le blues aux Etats-­‐
Unis : une musique créée par des esclaves et leurs descendants. Les racines de cette mu-­‐
sique sont à retrouver dans les chants et les rythmes des pays africains dont ces esclaves ±–ƒ‹‡– ‘”‹‰‹ƒ‹”‡•Ǥ ‡Ž‘ Ž‡• Š‹•–‘”‹‡•ǡ Ž‡ ‘– ²‡ †‡dz‰ƒ‘—‹dz †±”‹˜‡ †‡ Dz‰—‹±‡dzǡ
—‡ ”±‰‹‘ ‘î Ž‡• ±‰”‹‡”• ƒ”ƒ„‡• ±–ƒ‹‡– –”°• ƒ…–‹ˆ•Ǥ Dz
”ƒ†‡ ’—‹••ƒ…‡ ‡•…Žƒ˜ƒ‰‹•–‡dzǡ
•‡Ž‘ Žǯ‡š’”‡••‹‘ †‡ ƒŽ‡ Š‡„‡Žǡ Ž‡ ƒ”‘… …‘–”ØŽƒ‹– Ž‡• ˜‘‹‡• …ƒ”ƒ˜ƒnières venant †ǯˆ”‹“—‡•—„•ƒŠƒ”‹‡‡‡–”‡‘–ƒ–˜‡”•Ž‡‘”†Ǥ‡”ƒ…‹•‡“—‹–‘—…Š‡Ž‡•‘‹”•†ƒ•
†‡•’ƒ›•—•—Žƒ•…‘‡Žƒƒ—”‹–ƒ‹‡‡•–—‡•±“—‡ŽŽ‡„±ƒ–‡†ǯ—‡Ž‘‰—‡Š‹•–‘‹”‡
†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†ƒ•…‡•’ƒ›•Ǥ‡Š‹•–‘‹”‡†‘–Ž‡’”‹…‹’ƒŽ‡•‡‹‰‡ment semble être : tous les musulmans sont égaux, mais certains moins que les autres. 3 questions à Malek Chebel. Dzǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡’ƒ”–‹ǡŽƒ•‡”˜‹–—†‡‡•–”‡•–±‡dz —‡ŽŽ‡•‘–±–±Ž‡•…‘•±“—‡…‡•†‡Žƒ”±˜±Žƒ–‹‘‹•Žƒ‹“—‡•—”Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǫ ǯ”ƒ„‹‡ ƒ…‹‡‡ était une société esclavagiste avec des strates sociale serviles. ǯ‹•Žƒƒ±–±—‡”±˜‘Ž—–‹‘•‘…‹ƒŽ‡…‘–”‡Žƒ†‘‹ƒ–‹‘†‡Žǯƒ”‹•–‘…”ƒ–‹‡“‘”ƒÃ•Š‹–‡‡
•ǯƒ†”‡••ƒ–ƒ—š’ƒ—˜”‡•‡–ƒ—š‹•±”‡—šǤ‡•’”‡‹°”‡•‰±±”ƒ–‹‘•†‡Žǯ‹•Žƒ‘–•ƒ‹•‹
Žǯ‹–±”²–†ǯƒˆˆ”ƒ…Š‹”Ž‡•‡•…Žƒ˜‡•ǡ“—‹ƒŽŽƒ‹‡–ˆ‘—”‹”Ž‡‘›ƒ—†ǯ—‡ƒ”±‡—•—Žƒ‡Ǥ
Toutefois, cet affranchissement a été relatif et soumis à des conditions bien déterminées. ‘‡– ‡š’Ž‹“—‡” “—‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ •ǯ‡•– –‘—– †‡ ²‡ ”±’ƒ†— ‡ –‡””‡
†ǯ‹•Žƒǫ ǯ‹•Žƒ•ǯ‡•–‹’‘•±‡‰”ƒ†‡’ƒ”–‹‡’ƒ”Ž‡„‹ƒ‹•†‡•…‘“—²–‡•Ǥǯƒ”±‡—•—Žƒ‡
•ǯ‡•– ”‡–”‘—˜±‡ ƒ˜‡… †‡• ‹ŽŽ‹‡”• †‡ …ƒ’–‹ˆ• ȋŠ‘‡•ǡ ˆ‡‡• ‡– ‡ˆƒ–•Ȍ ƒ—š“—‡Ž• ‹Ž ƒ
ˆƒŽŽ—–”‘—˜‡”—•–ƒ–—–Ǥ‡ˆ—–…‡Ž—‹†ǯ‡•…Žƒ˜‡Ǥǯ‡•–ƒ‹•‹“—ǯ‘•ǯ‡•–”‡–”‘—˜±†‡˜ƒ–—n ’ƒ”ƒ†‘š‡‡–”‡…‡“—‡†‹–Žǯ‹•Žƒ‡–Žƒ’”ƒ–‹“—‡Š‹•–‘”‹“—‡†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–‡””‡†ǯ‹•Žƒǡ
entre la théorie et la réalité effective de la chose. ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ƒ-­t-­il complètement disparu des pays musulmans ?  ’”‹…‹’‡ ‘—‹ǡ •‘—• Žǯ‡ˆˆ‡– †‡• Ž‘‹• “—‹ ‘t aboli cette pratique à partir du 19ème •‹°…Ž‡ǤŽ‡ˆƒ—–’ƒ•‘—„Ž‹‡”“—‡Žƒ—‹•‹‡ƒƒ„‘Ž‹Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡ͳͺͶͲǤ‘—–‡ˆ‘‹•ǡŒǯ‹•‹•–‡
•—”Žƒ†‹•–‹…–‹‘‡–”‡‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–‹•‡‡•‡”˜‹–—†‡Ǥǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ƒ†‹•’ƒ”—‡–ƒ–“—‡
marché, mais la mise en servitude persiste encore dans ces pays sous différentes formes ǣŽƒ…‘†‹–‹‘†‡•†‘‡•–‹“—‡•ǡŽǯ‡š’Ž‘‹–ƒ–‹‘†‡•‘—˜”‹‡”•±–”ƒ‰‡”•ǡŽ‡”ƒ…‹•‡Žǯ±‰ƒ”†
†‡•†‡•…‡†ƒ–•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•ǥ Parution. Maîtres musulmans, esclaves chrétiens [64] Dans son livre Don Quichott‡ǡ‡”˜ƒ–°•‹–”‘†—‹–Ž‡’‡”•‘ƒ‰‡†ǯ—…ƒ’–‹ˆ‡•’ƒ‰‘Ž
±…Šƒ’’±†‡•ƒ‰‡ØŽ‡ƒŽ‰±”‹‡‡Ǥǯ‡•–—±Ž±‡–ƒ—–‘„‹‘‰”ƒ’Š‹“—‡Ǥ‡ˆˆ‡–ǡ†‡•‘”e-­‐
–‘—”‡•’ƒ‰‡ǡŽǯ‹ŽŽ—•–”‡±…”‹˜ƒ‹‡•–…ƒ’–—”±’ƒ”†‡•…‘”•ƒ‹”‡•—•—Žƒ•‡–”±†—‹–‡
esclavage pendant cinq ans à Alger. Après plusieurs tentatives de fuite sans succès, Cer-­‐
˜ƒ–°•”‡–”‘—˜‡•ƒŽ‹„‡”–±‰”Ÿ…‡Žǯƒ”‰‡–˜‡”•±’ƒ”—‘”†”‡”‡Ž‹‰‹‡—šǡ“—‹ƒ’‘—”˜‘…a-­‐
–‹‘Ž‡”ƒ…Šƒ–†‡•…ƒ’–‹ˆ•…Š”±–‹‡•Ǥ•ǯƒ’’—›ƒ–•—”†‡•†‘…—‡–•Š‹•–‘”‹“—‡•‡–•—”
des archives de cette période, Robert C. Davis fournit dans Esclaves chrétiens, maîtres —•—Žƒ•ȋ†‹–‹‘•ƒ„‡ŽǡʹͲͲ͹Ȍǡ—‡±–—†‡‡šŠƒ—•–‹˜‡•—”Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†‡•—”‘’±‡•
ƒ—ƒ‰Š”‡„ǤǯŠ‹•–‘”‹‡ƒ±”‹…ƒ‹”‡˜‹‡–•—”Žƒ–”ƒ‹–‡†‡•„Žƒ…•’”ƒ–‹“—±‡‡±†‹–‡r-­‐
ranée pa”†‡•…‘”•ƒ‹”‡•ƒ‰Š”±„‹•ǡ“—‡Žǯ‘‘ƒ‹–ƒŽ‘”•Ž‡•ƒ”„ƒ”‡•“—‡•Ǥ‡––‡’”a-­‐
–‹“—‡ ƒ †—”± –”‘‹• •‹°…Ž‡• ȋ†— ͳ͸°‡ ƒ— ͳͻ°‡ •‹°…Ž‡Ȍ ‡– ƒ ”±†—‹– ’Ž—• †ǯ— ‹ŽŽ‹‘
†ǯ—”‘’±‡• ‡ ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ †ƒ• Ž‡• ˜‹ŽŽ‡• †ǯŽ‰‡”ǡ —‹•ǡ ”‹’‘Ž‹ ‡– ƒŽ±Ǥ ‡• …‘”•ƒ‹”‡•
écumai‡–Žƒ±†‹–‡””ƒ±‡‡–’‘—••ƒ‹‡–†‡•’‘‹–‡•Œ—•“—ǯƒ—š…Ø–‡•„”‹–ƒ‹“—‡•ǡŽƒ
recherche de nouveaux captifs. Toutefois, cet esclavagisme se distingue des autres ˆ‘”‡•†‡‹•‡‡•‡”˜‹–—†‡’ƒ”•ƒ†‹‡•‹‘”‡Ž‹‰‹‡—•‡Ǥǯ‡•–ƒ—••‹—‡‰—‡””‡‡±‡
contre les chrétiens. En plus des bénéfices réalisés grâce à cette traite, les corsaires ƒ‰Š”±„‹•…‘•‹†±”ƒ‹‡–“—ǯ‹Ž›ƒ˜ƒ‹–—‡”‡˜ƒ…Š‡’”‡†”‡•—”…‡—š“—‹‘–…Šƒ••±
Ž‡•—•—Žƒ•†—’ƒ”ƒ†‹•’‡”†—†ǯŽ†ƒŽ‘—•Ǥ Extrait. Les eunuques du sultan William Lemprière, médecin anglais reçu à la fin du 18ème siècle par le sultan Sidi Mohammed, roi du Maroc, décrit les eunuques en charge du harem du sultan. Dz—••‹–Ø– “—‡ Ž‡ ’”‹…‡ ‡—– †±…‹†± “—‡ Œǯ‡–”ƒ‹• †ƒ• Ž‡ Šƒ”‡ †‡ •‡• ˆ‡‡•ǡ ‹Ž ‘r-­‐
†‘ƒ “—ǯ‘ ‡ …‘†—‹•‹t avec mon interprète. Le chef des eunuques me reçut à la porte. Il est à observer que les eunuques chargés spécialement de la garde des femmes •‘–‹••—•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•°‰”‡•Ǥƒ˜‘‹š†‡•‡——“—‡•ƒ—ƒ……‡–’ƒ”–‹…—Ž‹‡”ǡ‡ŽŽ‡”‡••‡„Ž‡
un peu à celle des je—‡•‰‡•“—‹•‘–‡…‘”‡†ƒ•Žǯƒ†‘Ž‡•…‡…‡Ǥˆ‹ǡ…‡•²–”‡•—–i-­‐
Ž±•‘ˆˆ”‡––‘—–Žƒˆ‘‹•—‡‹ƒ‰‡†±‰‘𖃐–‡†‡ˆƒ‹„Ž‡••‡‡–†‡‘•–”—‘•‹–±Ǥǯƒ—–‘”‹–±
“—ǯ‘Ž‡—”†‘‡•—”—•‡š‡“—ǯ‹Ž•–›”ƒ‹•‡–Ž‡—”ˆƒ‹–’”‡†”‡—ƒ‹”†ǯ‹’‘”–ƒ…‡ǡ‹Ž•
sont pŽ—•ˆ‹‡”•‡–’Ž—•‹•‘Ž‡–•“—ǯ‘‡•ƒ—”ƒ‹–Žǯ‹ƒ‰‹‡”Ǥdz Extrait. Un abolitionniste marocain Ahmed Ibn Khalid Al-­‐Nassiri, le grand historien marocain, né à Salé et mort en 1893, était un abolitionniste convaincu. Dz‡˜‡—š’ƒ”Ž‡”†‡…‡––‡’Žƒ‹‡•‘…‹ƒŽ‡“—ǯ‡•–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†‡•°‰”‡•‘”‹‰‹ƒ‹”‡•†—‘u-­‐
†ƒǡ“—ǯ‘ƒŽǯŠƒ„‹–—†‡†ǯƒ‡‡”…Šƒ“—‡ƒ±‡†‡Ž‡—”’ƒ›•ǡ‡‰”ƒ†‘„”‡ǡ…‘‡
des troupeaux, pour les vendre à la criée comme des bêtes de somme. Sans honte, les gens ferment les yeux sur ce crime qui se commet au grand jour depuis une longue suite †‡‰±±”ƒ–‹‘•ǡ–‡Ž’‘‹–“—‡Žƒƒ••‡†—’‡—’Ž‡…”‘‹–“—‡Žǯ‘”‹‰‹‡Ž±‰ƒŽ‡†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡
consiste dans la noirceur du teint et la provenance du Soudan. En principe, tous les hommes sont, par nature, de condition libre et sont exempts par conséquent de toute …ƒ—•‡†ǯƒ••‡”˜‹••‡‡–Ǣ“—‹…‘“—‡ǡ†‘…ǡ‹‡…‡––‡Ž‹„‡”–±‹†‹˜‹†—‡ŽŽ‡ǡ‹‡…‡’”‹…‹’‡
ˆ‘†ƒ‡–ƒŽdzǤ Extrait Jouir sans entraves [65] ƒ‘—†ƒ™ƒƒ†ǯ„Žƒ••‹ǡ–‡š–‡†‡”±ˆ±”‡…‡†—”‹–‡ƒŽ±‹–‡ǡ…‘–‹‡nt des dis-­‐
positions liées à la propriété sexuelle des esclaves : -­‐ ‡•Dz’ƒ”–‹‡•Š‘–‡—•‡•dz†‡Žǯ‡•…Žƒ˜‡ˆ‡‡ŽŽ‡ƒ’’ƒ”–‹‡‡–†‡†”‘‹–•‘ƒÁ–”‡ǤŽ
en va ainsi de son ventre (ses enfants) et de son dos (force de travail). -­‐ ǯ‡•…Žƒ˜‡‡’‡—–±’‘—•‡”“—‡†‡—šˆ‡‡•ȋ…‘–”‡“—ƒ–”‡’‘—”ŽǯŠ‘‡Ž‹„”‡ȌǤ -­‐ ǯ‡•…Žƒ˜‡‡’‡—–•‡ƒ”‹‡”•ƒ•Žǯƒ……‘”††‡•‘ƒÁ–”‡ǡƒ‹•…‡†‡”‹‡”’‡—–Žǯ›‘„Ži-­‐
ger. -­‐ Une esclave ne peut être co-­‐épouse avec une femme de condition libre. -­‐ Le nombre de concubines que peut posséd‡”——•—Žƒǯ‡•–’ƒ•Ž‹‹–±ȋ…‘–”ƒi-­‐
rement au nombre de femmes légitimes et de condition libre). source:telquel-­‐online.com http://www.portaildumaroc.com/news+article.storyid+5748.htm
[66] Islam et « esclavage ǽ‘—Žǯ‹’‘••‹„Ž‡Ǽ négri-­
tude » des Africains musulmans ǯ‹•Žƒ‹•ƒ–‹‘ †‡ Žǯˆ”‹“—‡ •—„•ƒŠƒ”‹‡‡ •ǯ‡•– ƒ……‘’ƒ‰±‡
†ǯ—‡‡–”‡’”‹•‡ƒ••‹˜‡†ǯƒ••‡”˜‹••‡‡–†‡•’ƒÃ‡•Ǥ‡–‡•…Ža-­‐
vage musulman et la traite « orientale » quǯ‹Žƒ‹’Ž‹“—±‡†‡‡u-­‐
rent refoulés par les Africains comme par les Occidentaux. ǯ‹•–‘”‹‡ ‡ƒ …Š‹–œ ”‡˜‹‡– •—” Ž‡• ”ƒ‹•‘• †‡ …‡ •‹Ž‡…‡ ‡–
éclaire sa portée ǣ†‡Žǯˆ”‹“—‡†‡Žǯ—‡•–ƒ—š„ƒŽ‹‡—‡•ˆ”ƒ­ƒ‹•‡•
en passant par le Maghreb. Par Jean Schmitz
ˆ”‹…—Ž–—”‡•‡•–ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹Žƒ”‡˜—‡‡–Ž‡•‹–‡–‡”‡–†‡”±ˆ±”‡…‡•—”Ž‡•‡š’”‡••‹‘•
culturelles contemporaines africaines. Créée en 1997, la revue compte 67 numéros théma-­‐
–‹“—‡• “—‹ ƒ„‘”†‡– Ž‡• ‘„”‡—•‡• ˆƒ…‡––‡• †‡• …—Ž–—”‡• †‡ Žǯˆ”‹“—‡ ‡– †‡ sa diaspora. •’ƒ…‡†‡Ž‹„”‡’ƒ”‘Ž‡ǡ†‡”±ˆŽ‡š‹‘‡–†ǯ±…Šƒ‰‡ǡˆ”‹…—Ž–—”‡•à—˜”‡’‘—”—‡‡‹ŽŽ‡—”‡
(re)connaissance de ces cultures et une décolonisation partagée des imaginaires. Pour ’Ž—•†ǯ‹ˆ‘”ƒ–‹‘‡–’‘—”†±…‘—˜”‹”Ž‡•—Ž–‹’Ž‡•ƒ…–‹˜‹–±•†ǯˆ”‹…ultures (agenda cultu-­‐
rel, critiques, chroniques, murmures, petites annonces, sites web spécialisés : afriphoto, afriblog, africiné...) rendez-­‐vous sur le site : www.africultures.com. Une première version †‡…‡–‡š–‡ƒ±–±’”±•‡–±‡ƒ—•±‹ƒ‹”‡†—ƒ”‹•‡•‡ƒ”…Š‡–‡”†‡Žǯ‹˜‡”•‹–±†‡Žo-­‐
”‹†‡ȋ•‡••‹‘†ǯ„†‘—Žƒ›‡ƒ‡Ȍ“—‹•ǯ‡•–†±”‘—Ž±Ž‡•ͳͳ‡–ͳʹƒ˜”‹ŽʹͲͲ͸ƒ”‹•Ǥ‡–‡š–‡
est tiré du n°67 de la revue Africultures dont le dossier a pour thème : "Esclavage, enjeux †ǯŠ‹‡”ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹̶Ǥ‡––‡”‡˜—‡’‡—–²–”‡…‘ƒ†±‡‡Ž‹„”ƒ‹”‹‡‘—•—”Ž‡•‹–‡–‡”‡–
†ǯˆ”‹…—Ž–—”‡•Ǥ̶ 2QYRXGUDLWPHWWUHHQUDSSRUWODVWUDWpJLHGHYLVLELOLWpG¶XQHPLQRULWp© noire » en France
regroupant Africains et Antillais avec la création du Conseil représentatif des associations
QRLUHV&5$1jODILQ1GLD\HFRQVWUXLWHjSDUWLUGHODPpPRLUHGHO¶HVFODYDJH
HWOHUHODWLIVLOHQFHGHVLPPLJUpVPXVXOPDQVRULJLQDLUHVG¶$IULTXHGHO¶2XHVWjFHWHQGURLW
SymétriquemHQW RQ HVW IUDSSp SDU O¶DEVHQFH GH UHFRXUV j OD UKpWRULTXH LVODPLVWH SDU OHV
mêmes jeunes « blacks ªGHVFLWpVGXUDQW O¶LQFHQGLHGHVEDQOLHXHVGHQRYHPEUH 1RXV
voudrions montrer que le « grand récit ª PHWWDQW HQ FRQWLQXLWp O¶HVFODYDJH OD FRORQLVDWLon,
O¶pPLJUDWLRQ HW OD GLVFULPLQDWLRQ j O¶HPEDXFKH SHUPHW OH UHWRXUQHPHQW GH OD VWLJPDWLVDWLRQ
OLpHjODFRXOHXUGHODSHDXGDQVODPHVXUHRLOVHVLWXHjO¶LQWpULHXUG¶XQHVSKqUHRFFLGHQWDOH
HW FKUpWLHQQH QRQ FRQIHVVLRQQHOOH FRPPH O¶RQW IDLW GDQV OHV années 1930 Léopold Sédar
Senghor (Vaillant 2006) et Aimé Césaire, puis après 1945 Alioune Diop (Jules Rosette 1992)
HW)UDQW])DQRQ¬O¶LQYHUVHQRXVWHQWRQVLFLGHPRQWUHUTX¶XQHWHOOHRSpUDWLRQGRQWQRXVQH
pouvons développer les conditions, est difficilement possible dans la sphère musulmane, sinon au prix de malentendus débouchant sur des violences et cela pour deux raisons principales.
[67] /¶HVFODYHHVWGpILQLFRPPHQRQPXVXOPDQ
(Q $IULTXH GH O¶2XHVW DX VHQV ODUJH LQFOXDQW OH 6DKDUD HW OH 6DKHO © O¶Hsclavage » et la
« négritude » ont moins une valeur « ethnique » ou raciale que morale et religieuse, en
O¶RFFXUUHQFHLVODPLTXHFDUOLpHjODGRFWULQHGXMLKkG O¶REOLJDWLRQpWDQWIDLWHjWRXWFUR\DQWGH
PHQHUODJXHUUHVDLQWHDILQG¶DVVHUYLUOHVSDwHQVO¶HVFODYHHVWGpILQLFRPPHQRQPXVXOPDQ¬
SDUWLUGXPRPHQW RO¶$IULTXH&{WHG¶$IULTXHGHO¶(VWHW $IULTXHVXEVDKDULHQQHGHYLQWOD
SULQFLSDOH]RQHSRXUYR\HXVHG¶HVFODYHVGHODWUDLWHRULHQWDOHODQpJULWXGHGHYLQWV\QRQ\PHGH
servitude (Lewis 1993) et corrélativement la noirceur de la peau fut associée à un déni
G¶LVODP
2QDVVLVWHDXMRXUG¶KXLjODUpDFWXDOLVDWLRQGHVYLROHQFHVFXOWXUHOOHVHWVRFLDOHVLQGXLWHVSDU
FHV DVVLPLODWLRQV DXWDQW DX 0DJKUHE TX¶HQ 2FFLGHQW '¶XQH SDUW OD SROLWLTXH
G¶H[WHUQDOLVDtion et de délégation aux États du Maghreb du contrôle des migrations des SubVDKDULHQV PHQpH SDU OHV eWDWV HXURSpHQV PHW HQ OXPLqUH O¶DWWULEXWLRQ GX TXDOLILFDWLI
« G¶HVFODYHV ªµDELGVJµDEGjFHVGHUQLHUV$RXDG-Badoual 2004), comme en Libye et ce
depuis plusieurs années (Bensaad 2005).
'¶DXWUHSDUWOHPrPHVREULTXHW© G¶HVFODYH ªXWLOLVpjO¶HQGURLWGHVPLJUDQWVDIULFDLQVPuVXOPDQVGDQVOHVFLWpVHWOHVEDQOLHXHVGH)UDQFHQ¶HVWSDVVHXOHPHQWXQHPpWDSKRUHSXLVTX¶LO
légitime la réticence des Maghrébins à voir des mosquées dirigées par des Africains ou à prier
GHUULqUHXQLPDPQRLU'LRSHW0LFKDODN'LRXI6RDUHV&¶HVWXQGHVSULnFLSDX[ pOpPHQWV SHUPHWWDQW GH FRPSUHQGUH OD WUqV IDLEOH UHSUpVHQWDWLRQ GH O¶,VODP DIULFDLQ
aussi bien au nLYHDXSROLWLTXHGX&RQVHLOIUDQoDLVGHVPXVXOPDQVGH)UDQFH&)&0TX¶DX
VHLQ GH O¶HVSDFH SXEOLF HQ )UDQFH UDVVHPEOHPHQW UHOLJLHX[ OLHX[ GH SULqUH PRVTXpHV HW
SOXV ODUJHPHQW O¶LPSRVVLEOH LGHQWLILFDWLRQ j XQH © umma » [1] imaginaire, à la fois gage de
PRUDOLVDWLRQPDLVDXVVLWHUUHDXGHO¶LVODPLVPHUDGLFDOHWGXMLKkGG¶$O4DµLGD0RKDPPDGArif et Schmitz 2006).
Islamisation et mise en esclavage des païens
&H GpQL G¶LVODP TXL SURFqGH GH O¶LPSDFW GX UpIRUPLVPH PXVXOPDQ HW GX QDWLRQDOLVPH
arabe du XXe siècle au Maghreb, réduit à néant la longue et vénérable entreprise intellectuelle
et religieuse des savants musXOPDQVDIULFDLQVTXLV¶DSSOLTXqUHQWjGpFRQQHFWHUODFRXOHXUGHOD
SHDX GH O¶LVODP ,QVWDXUDQW XQH GLVWDQFH FULWLTXH SDU UDSSRUW j © O¶HWKQRJUDSKLH DUDEH » dualiste reposant sur le couple bîdân (Blanc) / sûdân (Noir) et assimilant ce dernier à un païen ou
LGROkWUHNDILUXQVDYDQWGH7RPERXFWRXSULVSDUOHV0DURFDLQVDYDQWG¶rWUHOLEpUp$KPHG
Baba (1556-1627), élabora une « ethnographie religieuse » (Robinson 2004) distinguant, à
O¶LQWpULHXU GHV 1RLUV OHV PXVXOPDQV GHV SDwHQV HW FRUUpODWLYHPHQW LQWHUGLsant la capture
G¶HVFODYHVSDUPLOHVSUHPLHUVPDLVO¶DXWRULVDQWSDUPLOHVVHFRQGV
Cette distinction fut lourde de conséquences puisque près de deux siècles après, elle fut au
fondement des jihâd des XVIIIe et XIXe siècles dont les plus importants furent celui de SokoWR1RUGGX1LJHULDDFWXHOPHQpSDU8WKPDQGDQ)RGLRYHUVHWG¶DO-Hâjj Umar au Mali
DXPLOLHXGX;,;HVLqFOH5RELQVRQ6FKPLW]/DFUpDWLRQGHFHWDUFKLSHOG¶eWDWV
PXVXOPDQVTXLV¶pJUHQqUHQWGX6pQpJDOjO¶2XHVWMXVTX¶DX1LJHULDHWDX&DPHURXQjO¶(VWIXW
un phénomène à double face. Car la lutte contre la mise en esclavage et la traite atlantique au
QRP GH O¶LQWHUGLFWLRQ GH FDSWXUH G¶XQ PXVXOPDQ IXW j OD IRLV OH PRWHXU GH O¶LVODPLVDWLRQ
(Diouf 1998), en créant des États qui étaient autant de zones refuges, et simultanément la légiWLPDWLRQG¶XQHHQWUHSULVHPDVVLYHG¶DVVHUYLVVHPHQWGHVSDwHQVVLWXpVSOXVDXVXGGX6DKHOHQ
Guinée, Mali, Burkina, Cameroun.
[68] En effet, ces guerres saintes inaugurèrent des traites et des mises au travail des esclaves au
VHLQ GH SODQWDWLRQV LQWHUQHV j O¶$IULTXH 0HLOODVVRX[ /RYHMR\ 3pWUp*UHQRXLOOHDXDLQVLTXHGHVRSpUDWLRQVGHFRORQLVDWLRQDXQRPGHO¶LVODPFHVGHUQLqUHV
VH SRXUVXLYDQW VRXV GHV IRUPHV SDFLILTXHV MXVTX¶j DXMRXUG¶KXL 6FKPLW] $YDQW GH
SRXUVXLYUH PHVXURQV O¶LPSRUWDQFH GH FHWWH UHFRQILJXUDWLRQ FRPSRUWDQW GHX[ IDFHWWHV GH
O¶LGHQWLILFDWLRQHQWUHODFRXOHXUGHSHDXO¶pOpPHQWPpGLDQHWO¶LVODPG¶XQHSDUWODFDWpJRULH
VHUYLOHG¶DXWUHSDUW
Des musulmans ouest-africains se qualifient de « Blancs »
Premièrement, le dualisme blanc-noir fut réservé à la sphère religieuse et à celle du caractère de la personne, la blancheur du « F°XU ª VLqJH GH O¶LQWHOOLJHQFH HW GH OD YRORQWp pWDQW
opposée à la noirceur de la dissimulation (Taine Cheikh 1986). Aussi les musulmans
G¶$IULTXH GH O¶2XHVW 6RQLQNH 3HXOV )XO%H )XODQL VH TXDOLILqUHQW-ils de « Blancs » (du
point de vue religieux) au grand étonnement des voyageurs occidentaux du début du XIXe
siècle qui pratiquaient une observation de type « sensualiste » assurant le passage du physique
au moral. Ces derniers étaient en quête de « races » identifiées et mesurées au nom du paradigme naturaliste de « O¶DQWKURSRORJLH » (physique) (Broca). Ne pouvant expliquer la présence
GH%ODQFVSDUPLOHV1RLUVLOVLQYHQWqUHQWGHVPLJUDWLRQVHQSURYHQDQFHGHO¶2ULHQW5RELQVRQ
1988, Botte & Schmitz 1994).
En second lieu se répandit particulièrement au Sahara et au Sahel une ethnographie ou une
raciologie non pas dualiste mais comportant trois termes, en ajoutant au couple Blancs /
1RLUVFHOXLGH %ODQFV 5RXJHVRXG¶DXWUHVWHUPHVGHFRXOHXUGpFOLQp HQDUDEHRX HQ7amasheq (berbère des Twaregs) (Lewis 1993). Les « Rouges » servaient à qualifier les nobles
au statut ambigu, comme les Haratîn du Sahara occidental (Mauritanie, Maroc), affranchis ou
GHVFHQGDQWVG¶HVFODYHV© noirs » mais musulmans et « arabophones ». Échappe également au
GXDOLVPHO¶DSSHOODWLRQGHV1RLUVPXVXOPDQVGH0DXULWDQLHTXLQHVRQWSDVGpVLJQpVHQDUDEH
hassaniyya par O¶DQWRQ\PHGH%ODQFVELGkQV€GkQ- UpVHUYpDX[µDEGHW+DUDWvQ- mais par le
WHUPHNZkUGpVLJQDQWODFRXOHXUYHUWIRQFpHG¶RULJLQHWDPDVKHT7DLQH&KHLNK
Enfin, le dualisme moral fut affecté à ces catégories ambiguës. En effet, les esclaves ou affranchis compris dans cette zone du Sahara et du Sahel sont moins stigmatisés par rapport à
leur couleur de peau que pour leur absence de vergogne ou de sens moral (Klein 2005). Cela
UHQYRLHjGHVFRGHVGHO¶KRQQHXUHWGHODJpQpURVLWpWUDQVPLVSDUODJpQéalogie (Botte 2000),
qui sont des lieux communs des sociétés des milieux arides ou désertiques et non des sociétés
PXVXOPDQHVjSURSUHPHQWSDUOHUFHVGHUQLqUHVYDORULVDQWO¶DXP{QHHWOHGRQSRXUUHFHYRLUOD
EpQpGLFWLRQ$XVVLO¶LVODPLVDWLRQGHFHVFDWpJRULHVTX¶RQUHQFRQWUHDXVVLELHQDX1RUGTX¶DX
Sud du Sahara ne suffit pas à les émanciper.
Une sous-estimation de la traite « arabe »
Cette déconnexion entre couleur de peau, islam et esclavage et le dépassement du dualisme
Blanc-Noir par une ethnographie j WURLV WHUPHV Q¶RQW GXUp TX¶XQ WHPSV HW RQW pWp OLPLWpV j
$IULTXHGHO¶2XHVWjODIRLVSDUODUDFLRORJLHRFFLGHQWDOHHWSDUO¶DUDELVDWLRQTXLDUHPLVHQ
pratique « O¶HWKQRJUDSKLHDUDEH ».
Le dualisme Noirs / Blancs, construit aux États-Unis par des dispositifs à fabriquer de la
UDFHUDFHPDNLQJLQVWLWXWLRQVTXHVRQWDSUqVO¶HVFODYDJHO¶K\SHUJKHWWRHWO¶LQFDUFpUDWLRQGH
masse des Afro-DPpULFDLQV:DFTXDQWDGRPLQpO¶LQWHUSUpWDWLRQGHVYLROHQFHVTXLRpposèrent Sahariens (bîdân donc blancs) et Sahéliens (noirs, négro-mauritaniens...) au cours
[69] des années 1990 : « événements sénégalo-mauritaniens ª GHMXVTX¶jDVVLPLOpVDX
conflit du sud Soudan (Bullard 2005) et rébellion puis chasse aux Twaregs au nord du Mali
entre de 1990-1996 (Maiga 1997).
Au Proche-Orient comme au Maghreb, cette construction a été recouverte par le nationaOLVPHDUDEHGRQWO¶LVODPLVPHHVWXQKpULWLHUHWTXLSUDWLTXDXQH© politique du passé » à deux
volets. En effet, la mise entre parenthèses de la traite à la fois « orientale » (océan indien et
0DJKUHEHWLQWHUQHjO¶$IULTXHDXSURILWG¶XQHDWWHQWLRQTXDVLH[FOXVLYHjODWUDLWHDWODQWLTXH
était la condition de la fusion des victimes, « Arabes » et Subsahariens.
La reconnaissance de la traite (principalement atlantique) HW GHO¶HVFODYDJHFRPPHFULPH
FRQWUHO¶KXPDQLWpDpWpUHFRQQXHSDUXQHORLIUDQoDLVHSURSRVpHSDU&KULVWLDQH7DXELUDGpSutée de la Guyane et promulguée le 21 mai 2001. De même, une telle reconnaissance, quoique
moins nette, a été opérée à la conférence de Durban (Afrique du Sud) contre le racisme et la
discrimination raciale... en septembre 2001. Dans les deux cas, on a assisté à une sousestimation de la traite orientale ou « arabe ». Le second événement nous semble le plus révélateur. Précédant le 11 septembre, les conférenciers réunis à Durban ont réussi à faire passer
au premier plan des « victimes ª FRQWHPSRUDLQHV GH O¶2FFLGHQW QRQ SOXV OHV $IULFDLQV
O¶DSDUWKHLGpWDQWVXSSULPpHWO¶HVFODYDJHpWDQWUHQYR\pDXSDVVpPDLVOHV© Arabes » à travers
les figures des Afghans ou des Palestiniens.
$XFHQWUHGHO¶RSpUDWLRQPHQWLRQQRQVO¶DFWLRQPHQpHGHSXLVOHGpEXWGHVDQQpHVSDU
un groupe de pression, le Group of Eminent Person ayant à sa tête deux historiens, J. F. Ade
Ajayi et un politologue américain G¶RULJLQH NHQ\DQH $OL 0D]UXL TXL DUJXqUHQW GH OD WUDLWH
atlantique pour demander des « réparations ªHQGpFHPEUHDXFROORTXHGHO¶$IULFDQ6WuGLHV$VVRFLDWLRQ+RZDUG+DVVPDQ2XWUHO¶H[FOXVLRQGHODWUDLWHRULHQWDOHGXUpTXLVitoire, les membreVGX JURXSHV¶DSSX\DLHQWVXUO¶DEVHQFHGHFDUDFWqUHUDFLDOGHODWUDLWHPuVXOPDQH/¶LQQRFHQFHGHODWUDLWHDUDEHHVWXQP\WKHRFFLGHQWDOGDWDQWGX;9,,,HVLqFOH/ewis 1993 : 50) qui se cristallisa lors de la première abolition de 1792 et de la suppression de la
WUDLWH/¶HXSKpPLVDWLRQGHO¶HVFODYDJHTXLSUHQGUDOHUHODLVDWWULEXHpJDOHPHQWXQFDUDFWqUH
EpQLQ j O¶HVFODYDJH DIULFDLQ DORUV TXH O¶DQDO\VH KLVWRULTXH DFWXHOOH LQYHUVH OHV WHUPHV : au
XIXe siècle, le sort des esclaves aux États-Unis est plus enviable que celui de ceux capturés
en Afrique mais également des prolétaires en Europe (Botte 2000).
1pDQPRLQVO¶HVFODYDJHPXVXOPDQpWDLWGLIIpUHQWGXFKDWWHOVODYHU\RFFLGHQWDO- en dehors
des « plantations ª VDKpOLHQQHV 6HV GHX[ IRUPHV GRPLQDQWHV O¶HVFlavage domestique et les
DUPpHVG¶HVFODYHVpWDQWO¶RFFDVLRQG¶XQHUpHOOHPRELOLWpVRFLDOH5RELQVRQ&HGpQLGH
O¶HVFODYDJHLQWHUQHVHUDUHSULVSDUOHV$IULFDLQVSURWRQDWLRQDOLVWHV- Senghor, Nyerere, Nkrumah -, mais aussi les ethnologues comme Griaule (Botte 2000) qui construisirent en miroir
XQHFLYLOLVDWLRQDIULFDLQHpJDOLWDLUHHWFRPPXQDXWDLUHHQO¶DEVHQFHG¶XQHKLVWRULRJUDSKLHFRnVLVWDQWHVXUOHVMLKkGGHV;9,,,HHW;,;HVLqFOHVTXLQ¶DSSDUXWTXHGDQVOHVDQQpHV
V ictimes ici, dominants là-bas
&HGpQLGHO¶HVFODYDJHDIULFDLQVHUDpWHQGXjFHOXLGHV© Arabes » au nom du nationalisme
GHVLQGpSHQGDQFHVTXLUpFXVDO¶DEROLWLRQQLVPHFKUpWLHQSULQFLSDODUJXPHQWGHODFRORQLVDWLRQ
En effet, pour les Occidentaux de la fin du XIXe siècle, le caraFWqUHEpQLQGHO¶HVFODYDJHGHV
musulmans fait place à un abolitionnisme militant véhiculé en Afrique par les missionnaires à
travers deux figures dominantes.
'DYLG/LYLQJVWRQHH[SORUDWHXUGHO¶$IULTXHGX6XGHWGHO¶(VWHWpYDQJpOLVWHpFRVVDLVIXW
le promoteur des « three Cs - Christianity, commerce et civilisation ». Son équivalent français
IXW &KDUOHV /DYLJHULH pYrTXH FDWKROLTXH G¶$OJHU HW IRQGDWHXU GH O¶RUGUH GHV 3qUHV %ODQFV
[70] FKDUJp GH PHQHU XQ FRPEDW VDQV PHUFL FRQWUH O¶HVFODYDJH HW OH FRPPHUFH GHV Hsclaves de
O¶$IULTXHLVODPLTXHVRXV IRUPHG¶XQHYpULWDEOHFURLVDGH-1892) à laquelle participa un
GHVIRQGDWHXUVGHO¶$IULFDQLVPH0DXULFH'HODIRVVH
Ainsi, en conclusion, dirions-QRXVTX¶DXVVLELHQHQPDWLqUHG¶LVODPTXHG¶HWKQRQ\PLHOH
qualificatif GH FRXOHXU IDLW O¶REMHW GH FRQWRXUQHPHQWV PDQLIHVWHV ORUVTX¶LO HVW TXHVWLRQ GHV
$IULFDLQV GH O¶2XHVW 2Q SDUOH SOXV YRORQWLHUV G¶LVODP DIULFDLQ ' 5RELQVRQ TXH
« G¶LVODPQRLU » comme dans la première moitié du XXe siècle (Schmitz 1998). Cet évitement
signale un ensemble complexe de représentations et de configurations réversibles et formant
cascades : les victimes ici sont les dominants là-EDVHQIRQFWLRQG¶XQHVpULHGHFULWqUHVpJDOement contextuels : maîtrise de la langue arabe, signes visibles de piété musulmane...
Ces phénomènes de « stigmatisation dans la stigmatisation » rendent difficile mais indispensable le « GHYRLUG¶KLVWRLUH ªSOXVTXHGHPpPRLUH:HLOHW'XIRL[jO¶HQGURLWGHFHV
GHX[HQVHPEOHVTXHO¶RQDWHQWpGHFURLVHUHWTXLIRQWO¶REMHWG¶XQHDWWHQWLRQUHQRXYHOpHVXrtout dans le monde anglo-saxon O¶LVODP5RELQVRQHWO¶HVFODYDJH%RWWH
Pétré-Grenouilleau 2004, Lovejoy 2004). Afin de rendre justice aux valeurs et à cette éconoPLHPRUDOHGHO¶LVODPTXLDSHUPLVDX[PLJUDQWVG¶$IULTXHGHO¶2XHVWGHJDUGHUODWrWHGURLWH
même dans des conditions de vie très difficiles.
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[1@/¶XPPD est la communauté musulmane ou la communauté mondiale des croyants. Elle
a un triple sens FRPPXQDXWpPRQGLDOHFDUGLVSHUVpHGHO¶,QGRQpVLHjO¶$IULTXHGHO¶2XHVW
UHJURXSHPHQWXQLWDLUHGpSDVVDQWOHVGLYLVLRQVVHFWDLUHVHWHQILQXWRSLHG¶XQHFRPPXQDXWp
imaginaire (Anderson) qui dépasse les divisions internes, la guerre civile (la fitna) qui est la
JUDQGHREVHVVLRQGHO¶LVODPGHSXLVODGLYLVLRQFKLLWHVVXQQLWHV
http://www.afrik.com/article10236.html
[73] ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ˆƒ‹–’ƒ”–‹‡†‡Žǯ•Žƒ (Slavery is part of Islam) 16 septembre 2007 ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ˆƒ‹–’ƒ”–‹‡†‡Žǯ•ŽƒǤǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ˆƒ‹– encore partie du jihad, et le jihad du-­‐
rera aussi Ž‘‰–‡’•“—‡Žǯ•ŽƒǤŠ‡‹ŠƒŽ‡ŠŽ-­‐Fawzan (imam saoudien, nov . 2003) Mauritanie, Arabie saoudite, pays du Golfe, Soudan, Pakistan, Maroc, Inde, Iran, sans par-­‐
ler de la Libye avec le retour des rançons barbaresques ǥ ‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡–”ƒ†‹–‹‘‡Ž‘—†‡–”ƒ‹‡ƒ—šƒ”‹ƒ‰‡•‹”ƒ‹‡•ŽǯŠ‡—”‡ǥ Autant de formes de ser˜‹–—†‡ǡ ’Š›•‹“—‡ǡ ±…‘‘‹“—‡ ‡–Ȁ‘— ’•›…Š‘Ž‘‰‹“—‡ “—ǯƒ Ž‡
±”‹–‡†‡”ƒ’’‡Ž‡”Žǯƒ–Š”‘’‘Ž‘‰—‡ˆ”ƒ…‘-­‐algérien Malek Chebel dans son dernier livre sur le sujet tabou ȋ’‘—” Ž‡• —•—Žƒ• …‘‡ ’‘—” ‘„”‡ †ǯ‹•Žƒ‘Ž‘‰—‡•Ȍ †‡
Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡•—”Ž‡•–‡””‡•†ǯ—‹•Žƒm qui ne les a toujours pas remises en question pour les non-­‐musulmans ou les femmes. Extraits de son entretien dans le Point : •ŽƒǡŽ‡•—Œ‡–‡•––ƒ„‘—Ǥǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡›‡•––‡ŽŽ‡‡–‹–±”‹‘”‹•±“—‡Ž‡•‡•…Žƒ˜ƒ‰‹•–‡•
eux-­²‡•”‡ˆ—•‡–†ǯƒ†‡––”‡“—ǯ‹Ž• le sont. Même des islamologues occidentaux comme Vincent Monteil, Jacques Berque ou Louis Massignon, qui comptent parmi ceux qui ont le mieux connu Žǯ•Žƒ‡–“—‹†‹•’‘•ƒ‹‡–†‡•‹ˆ‘”ƒ–‹‘•’‘—”ˆƒ‹”‡–ƒ‹”‡…‡•…ƒ†ƒŽ‡‘–’”±ˆ±”±•‡…‘n-­
centrer sur la hauteur mystique des grands théosophes plutôt que de faire la lumière sur les réalités scandaleuses des marchands de chair humaine. ‡Ž—‹“—‹‡•–…‘˜‡”–‹‡’‡—–²–”‡”±†—‹–‡‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǡ…ǯ‡•–—’”‹…‹’‡ˆ‘†ƒ‡–ƒŽ†‡
Žǯ‹•ŽƒǤ Pourtant, dès le VIIe siècŽ‡ǡ Žƒ –”ƒ‹–‡ •ǯ‘”‰ƒ‹•‡ ˜‡”• Žǯ•‹‡ǡ Ž‡• ƒŽƒ• ‡– •—”–‘—–
Žǯˆ”‹“—‡ǥ [74] ǯ‡’‹”‡ƒ˜ƒ‹–„‡•‘‹†‡„”ƒ•ǡ‡–…‘‡Œ—•–‡‡–Žǯ‡•…Žƒ˜‡‡’‘—˜ƒ‹–²–”‡—•—Žƒǡ
on est parti le chercher ailleurs, en Asie, en Turquie, en Afrique. En échange du paiement †ǯ—‡ –ƒš‡ǡ Ž‡ ‘‘–Š±‹•–‡ǡ Œ—‹ˆ ‘— …Š”±–‹‡ǡ ±–ƒ‹– ’”‘–±‰± ’ƒ” Žǯ‹•Žƒǡ †ǯ‘î •‘ ‘ †‡
dhimmi . Mais il y a le texte et la réalité, et il est vrai que nombre de Slaves de confession orthodoxe ont été réduits en esclavage, notamment sous le califat turc, pour remplir les Šƒ”‡•‡–’‡—’Ž‡” Žǯƒ”±‡ǤŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡š‹•–‡†ƒ•†‡‘„”‡—š’ƒ›•ǡ’ƒ”–‹…—Ž‹°”‡‡–‡
Mauritanie, en Arabie saoudite, dans les pays du Golfe, mais aussi au Maroc et en Inde, où vous citez les intouchables.la petite fille placée ad vitam aeternam comme bonne dans une ˆƒ‹ŽŽ‡ƒ”‘…ƒ‹‡ǡŽǯ‡ˆƒ–‹†‹‡ƒ••‡”˜‹•—”—…Šƒ–‹‡”’ƒ”…‡“—‡•‡•’ƒ”‡–••‘–‡†‡t-­
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ritanien Et je ne parle pas des femmes qui, en Iran ou ailleurs, sont utilisées comme des objets, par le biais notamment des mariages de convenance : on se marie le matin, on con-­
somme et on divorce le soir, le bénéficiaire de ce tour de passe-­passe étant bien sûr ŽǯŠ‘‡Ǥ‡Ž‹‡‡–”‡–‘—–‡•Ž‡••‹–—ƒ–‹‘•ǡ…ǯ‡•–Žƒ•‡”˜‹–—†‡ǡ’Š›•‹“—‡ǡ±…‘‘‹“—‡‡–’•y-­
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la dernière ayant été promulguée en août 2007. Dzǯ‹•Žƒ‡•–˜‹…–‹‡†‡•ƒ…—Ž–—”‡‡•…Žƒ˜ƒ‰‹•–‡dz Le Point 13/09/2007 -­‐ Propos recueillis par Catherine Golliau Malek Chebel, défenseur de Žǯ‡•’”‹–†‡•—‹°”‡•‡•Žƒǡ‡‰ƒ‰‡—‘—˜‡ƒ—
combat : éradiquer la culture esclavagiste, toujours vivante selon lui dans le monde musulman. Un cri de guerre. L'esclavage existe toujours en terre d'islam. Au pire, on le nie, au mieux, on le tait : telle est la thèse de « L'eslavage en terre d'islam », le dernier livre de l'anthropologue Malek Chebel, publié cette semaine chez Fayard. Cet ancien psychanalyste s'est fait une habitude d'attaquer la société musulmane là où elle a mal, dans son rapport à la raison et à la liberté de conscience, au plaisir et au sexe. Son dernier opus est encore plus déran-­‐
geant : plus qu'une étude scientifique, c'est un brûlot. L'Islam qu'il décrit est celui des négriers et des trafiquants, des enfants exploités et des femmes violées. Le fond comme la forme de ce pamphlet peuvent déranger. L'auteur a choisi de se mettre en scène et de livrer sans contrainte ses impressions, au risque d'altérer la rigueur de son propos. Qu'importe ! ll ose ce que d'autres amoureux de l'Islam n'ont jamais oser faire : clamer haut et fort son indignation face à la culture de l'esclavage en Islam. Le Point : L'esclavage dans les pays musulmans est un fait connu : nous avons tous en tête des visions de harem où les eunuques et les concubines sont au ser-­
vice du sultan. De nombreux auteurs comme Bernard Lewis, Robert C. Davis et Olivier Pétré-­Grenouilleau, pour n'en citer que quelques-­uns, ont travaillé sur ce thème. Qu'apportez-­vous de neuf sur le sujet ? Malek Chebel : Le fait que ces auteurs, tout à fait estimables, ne soient pas musul-­‐
mans pèse sur la lecture que l'on fait de leurs travaux en terre d'islam. Je les cite d'ail-­‐
leurs abondamment. Mais en Islam, le sujet est tabou. L'esclavage y est tellement intério-­‐
[75] risé que les esclavagistes eux-­‐mêmes refusent d'admettre qu'ils le sont. Même des isla-­‐
mologues occidentaux comme Vincent Monteil, Jacques Berque ou Louis Massignon, qui comptent parmi ceux qui ont le mieux connu l'Islam et qui disposaient des informations pour faire taire ce scandale ont préféré se concentrer sur la hauteur mystique des grands théosophes plutôt que de faire la lumière sur les réalités scandaleuses des mar-­‐
chands de chair humaine. Moi, je suis musulman. Ma parole a un poids différent. Mon étude est une enquête de terrain. J'ai visité tous les pays dont je présente la culture es-­‐
clavagiste. Je suis allé sur place, à Zanzibar, en Mauritanie, au Maroc, en Egypte... J'ai ren-­‐
contré les victimes de l'esclavage. Mais en touchant aussi violemment à l'islam et à ses pratiques, vous ne craignez pas d'être frappé d'une fatwa ? Je pourrais craindre une fatwa si j'insultais l'islam. Mais justement, je le défends. L'es-­‐
clavage est en contradiction avec les fondements de la religion musulmane. Nous pou-­‐
vons dire que l'islam est victime de la culture esclavagiste. Il est temps de dénoncer l'hy-­‐
pocrisie de tous ceux qui se revendiquent de l'islam le plus pur et qui dans le même temps violent son esprit en réduisant les autres en servitude. Mon livre est un manifeste et un cri de guerre contre ces pratiques. Le Coran est pourtant très ambigu sur l'esclavage. Le Coran, qui est le texte sacré de l'islam, évoque la question de l'esclavage dans vingt-­‐cinq versets distincts répartis sur quinze sourates. Si certains versets peuvent pa-­‐
raître ambigus, la tonalité d'ensemble penche en faveur de l'esclave. « Délivrez vos frères des chaînes de l'esclavage », dit le Prophète. Celui qui se convertit à l'islam ne peut être retenu en esclavage. Une loi édictée sous le calife Omar (mort en 644) stipule par ailleurs que le musulman ne peut asservir son coreligionnaire, ni être asservi par lui. Imaginez, au VIIe siècle, dans une Arabie où l'esclavage se pratique couramment, ce que cette affirmation peut avoir de révolutionnaire. Tout musulman sincère qui possède un esclave est encouragé à l'affr anchir. Celui qui commet un acte que la morale réprouve peut ainsi se racheter en libérant un esclave. Tous les hommes ne sont pas pourtant égaux dans l'islam ? C'est vrai, et le Livre précise que Dieu « a élevé les uns au-­‐dessus des autres, en de-­‐
grés, afin que les premiers prennent les autres à leur service, tels des serviteurs ». C'est sur un verset comme celui-­‐ci que se fondent aussi les musulmans wahhabites d'Arabie saoudite et ceux du Golfe pour réduire leurs domestiques en servitude, en leur enlevant leur passeport et en les traitant comme des esclaves. Celui qui est converti ne peut être réduit en esclavage, c'est un principe fonda-­
mental de l'islam. Pourtant, dès le VIIe siècle, la traite s'organise vers l'Asie, les Balkans et surtout l'Afrique... L'empire avait besoin de bras, et comme justement l'esclave ne pouvait être musul-­‐
man, on est parti le chercher ailleurs, en Asie, en Turquie, en Afrique. En échange du paiement d'une taxe, le monothéiste, juif ou chrétien, était protégé par l'islam, d'où son nom de dhimmi . Mais il y a le texte et la réalité, et il est vrai que nombre de Slaves de confession orthodoxe ont été réduits en esclavage, notamment sous le califat turc, pour remplir les harems et peupler l'armée. De Zanzibar à Socotra, vous énumérez tous les comptoirs de traite qu'a connus l'Afrique. Des villes comme Le Caire ont fondé une partie de leur richesse sur le [76] trafic d'esclaves. Si la traite atlantique organisée par les Européens du XVIIe au XIXe siècle est inexcusable, les musulmans n'ont pas vraiment de leçon à donner : ils ont organisé la traite des Noirs pendant près de dix siècles en toute bonne conscience. C'est vrai, et j'ai même découvert un ensemble de documents qui correspondent au Code noir en vigueur dans les Antilles françaises à l'époque de la traite : des préceptes et des règles qui expliquent comment acheter, vendre et traiter l'esclave. Mais si les condi-­‐
tions de vie pendant le transport sont tout aussi odieuses, le statut de l'esclave en Islam était très différent de celui qui lui a été imposé par les Européens dans les plantations d'Amérique. Les témoignages montrent quand même qu'un eunuque ou un serviteur ne va-­
lait pas grand-­chose... Il est difficile de résumer dix siècles d'esclavage. Je vous donnerai seulement trois exemples. Le premier est celui des femmes enlevées pour peupler les harems. Si elles avaient un enfant du maître, elles étaient affranchies et leur enfant était reconnu. On connaît plusieurs cas de sultans ou de califes qui étaient fils d'esclave. Deuxième exemple : les esclaves qui grimpent dans l'administration ou dans l'armée. Les mame-­‐
louks ont ainsi dirigé l'Egypte du XIIIe au XVIe siècle : ils étaient à l'origine des esclaves utilisés comme soldats, qui un jour ont pris le pouvoir. Troisième exemple : les « sultans-­‐
esclaves » de l'Inde moghole, au XIIIe siècle. D'une manière générale, l'esclave peut se convertir, il ne peut prétendre qu'à une demi-­‐part d'un héritage, mais rien ne l'empêche de devenir suffisamment riche pour racheter sa liberté, et ensuite de détenir lui-­‐même des esclaves ! Vous assurez que l'esclavage existe dans de nombreux pays, particulièrement en Mauritanie, en Arabie saoudite, dans les pays du Golfe, mais aussi au Maroc et en Inde, où vous citez les intouchables. De quel esclavage parlez-­vous ? Peut-­on mettre au même niveau la petite fille placée ad vitam aeternam comme bonne dans une famille marocaine, l'enfant indien asservi sur un chantier parce que ses parents sont endettés et le descendant d'esclave devenu métayer sur le domaine d'un grand propriétaire mauritanien ? Il y a plusieurs niveaux d'esclavage, certes. Et je ne parle pas des femmes qui, en Iran ou ailleurs, sont utilisées comme des objets, par le biais notamment des mariages de convenance : on se marie le matin, on consomme et on divorce le soir, le bénéficiaire de ce tour de passe-­‐passe étant bien sûr l'homme. Le lien entre toutes les situations, c'est la servitude, physique, économique et psychologique. Nombre des exemples que je donne relèvent de l'esclavage de traîne : l'homme reste asservi parce qu'il n'a pas les moyens de quitter ses liens, même s'il est en théorie affranchi. Ce n'est pas un hasard si la Mauri-­‐
tanie en est à sa troisième loi d'affranchissement, la dernière ayant été promulguée en août 2007. Il faut une grande volonté pour lutter contre la servitude. Depuis trop long-­‐
temps, les musulmans sont imprégnés d'une culture de l'asservissement. Ils doivent s'en affranchir. Ǽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–‡””‡†ǯ‹•Žƒǽȋƒ›ƒ”†ǡͶͻ͸’ƒ‰‡•ǡʹͶȌ Source : http://jcdurbant.blog.lemonde.fr/2007/09/16/islam-­‐lesclavage-­‐existe-­‐toujours-­‐enterre-­‐
dislam-­‐slavery-­‐is-­‐still-­‐part-­‐of-­‐islam/ [77] /·HVFODYDJHHQWHUUHG·,VODP
IŽˆƒŽŽƒ‹–†—…‘—”ƒ‰‡ƒŽ‡Š‡„‡Ž’‘—”’ƒ”Ž‡”†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡’ƒ”‹Ž‡•—•—l-­
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ture est vivement conseillée et qui a comme titre ǣ ǯ
ǯǡ’—„Ž‹±’ƒ”ƒ›ƒ”†ȋƒ”‹•ȌǤ Il fallait du courage pour en parler, surtout par un musulman et pour les Musulmans.  ‡ˆˆ‡–ǡ ‘ ’‡•‡ …‘—”ƒ‡– ȋ‡– ‘ Žǯ‡•‡‹‰‡ ’ƒ”–‘—– †ƒ• Ž‡• ±…‘Ž‡•ǡ •—”–‘—– ‡
Afrique) que les esclavagistes étaient essentiellement des Européens, qui ont pratiqué ’‡†ƒ–’”‡•“—‡“—ƒ–”‡•‹°…Ž‡•—…‘‡”…‡Œ—–‡—š‡–”‡Žǯˆ”‹“—‡ȋ‡•…Žƒ˜‡•ȌǡŽ‡•é-­‐
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gulaire» entre trois continents. Mais dans les régions colonisées par les arabes musul-­‐
ƒ• ǫ  ƒ—••‹ǡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ±–ƒ‹– ’”ƒ–‹“—±ǡ …‘‡ †— ”‡•–‡ ’ƒ”–‘—– †ƒ• Ž‡ ‘†‡Ǥ –
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successeur du ”‘’Š°–‡ƒ˜ƒ‹–±–±ˆ‹†°Ž‡Žǯ‡•‡‹‰‡‡–†—ƒÁ–”‡Ǥ Abû Bakr, mort en 634, fut remplacé par le deuxième Calife, Omar (581 Ȃ 684), qui au …‘–”ƒ‹”‡‡…‘—”ƒ‰‡ƒ…‡…‘‡”…‡‡–Ž‡•ƒ”…Šƒ†•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•ǯƒ˜ƒ‹‡–’Ž—•†‡Ž‹‹–‡•
à leurs entreprises. Des collaborateurs  ƒ”ƒ„‡ǡ ‡•…Žƒ˜‡ •‡ †‹– Ǯƒ„†ǡ ‘— Ǯƒ„‹† ‡– ƒǯ„ð† ’‘—” †±•‹‰‡” •—”–‘—– Ž‡• ‡•…Žƒ˜‡•
noirs. Ces esclaves noirs venaient essentiellement de Zanzibar, où les Arabes sont arri-­‐
˜±•ƒ—…‘—”•†—†‘—œ‹°‡•‹°…Ž‡ǡ‘—†ǯƒ—–”‡•’ƒ›•†—ƒŠ‡Žƒ—ˆ—”‡– mesure des con-­‐
quêtes. De là viennent les mots zandj et aswad, toujours pour désigner les esclaves noirs. ƒ‹•…‘„‹‡†ǯ‡•…Žƒ˜‡••‘–-­‐‹Ž•’ƒ”–‹•†‡Žǯˆ”‹“—‡ǫƒ–”ƒ‹–‡‘……‹†‡–ƒŽ‡ǡ•‡Ž‘Ž‡•‡x-­‐
perts, aurait transporté en Amérique au moins 12 millions de personnes à partir du XVI Œ—•“—ǯƒ—•‹°…Ž‡Ǥ‘—”Ž‡•…ƒ’–—”‡”ǡ‹ŽˆƒŽŽƒ‹–±˜‹†‡‡–‡–”‡”Žǯ‹–±”‹‡—”†‡•…Ø–‡•
africaines. Cela était le travail des collaborateurs africains de la traite et des roitelets locaux. A ce propos, il ne faut pas oublier, selon les experts, que pour capturer un es-­‐
clave, il fallait en tuer cinq autres. Donc nous pouvons seulement imaginer la tragédie “—‡Žƒ–”ƒ‹–‡†‡•‡•…Žƒ˜‡•ƒ’”‘˜‘“—±‡†ƒ•–‘—–‡Žǯˆ”‹“—‡•—„•ƒŠƒ”‹‡‡ǤƒŽ‡Š‡„‡Ž
a voulu dans son livre nous rappeler que la traite «orientale», pratiquée essentiellement par les arabes et les islamisés, a été aussi meurtrière que celle occidentale, sinon pire. On ’ƒ”Ž‡ †ǯ‡˜‹”‘ ʹͲ ‹ŽŽ‹‘• †‡ ’‡”•‘‡•ǡ …ƒ’–—”±‡• ‡••‡–‹‡ŽŽ‡‡– ‡ ˆ”‹“—‡ǡ ƒ‹•
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à la suppress‹‘†‡Žƒ–”ƒ‹–‡†‡•‡•…Žƒ˜‡•Ǥǯƒ„‘Ž‹–‹‘†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ƒ±–±†±…‹†±‡ͳͺ͵Ͷ
en Angleterre, en 1843 en Inde, en 1847 en Tunisie, en 1848 en France, en 1850 au Bré-­‐
sil, en 1856 au Portugal, en 1865 aux Etats-­‐‹•ǡ‡–…Ǥ‡†‡”‹‡”‡˜‘‹†ǯ‡•…Žƒ˜‡•†—o-­‐
zamb‹“—‡˜‡”•Ž‡”±•‹Ž•ǯ‡•– ˆƒ‹– ‡ ͳͺ͸ʹǤ– ’‘—”Ž‡•’ƒ›•‹•Žƒ‹•±•ǫƒ ’—„Ž‹±†‡•
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Žǯƒ„‘Ž‹–‹‘†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ƒ±–±†±…‹†±‡‡ͳͻͻʹ‡–‡ƒ—”‹–ƒ‹‡‡ʹͲͲ͹ǨǤǤǤ [78] De nos jours –ƒ…–—‡ŽŽ‡‡–ǫƒ–”ƒ‹–‡†‡•‡•…Žƒ˜‡•…‘–‹—‡ǥ•‘—•†ǯƒ—–”‡•ˆ‘”‡•Ǥ‡•‹Žlions †ǯŠ‘‡•‡–†‡ˆ‡‡•˜‹‡‡–†ƒ•Ž‡•’ƒ›•†—‘›‡”‹‡–’‘—”…Š‡”…Š‡”†—–”a-­‐
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chapelle ou à se réunir pour la prière. Au Mali, au TcŠƒ† ‡– †ƒ• †ǯƒ—–”‡• ’ƒ›• †‡
Žǯˆ”‹“—‡•—„•ƒŠƒ”‹‡‡ǡ‘’”ƒ–‹“—‡‡…‘”‡Žƒ˜‡–‡†ǯ‡ˆƒ–•Ǥ‡Ž‘Ž‡•ƒ–‹‘•‹‡•ǡ‹Ž
y en a au moins deux cent mille qui disparaissent chaque année dans ces pays et qui ’”‡‡–Žƒ”‘—–‡†—‘›‡”‹‡–‘—†ǯƒ‹ŽŽ‡—”•Ǥ‡s « esclaves » avaient et parfois ont ‡…‘”‡ ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹–‘—Œ‘—”•Ž‡ ²‡”ØŽ‡ †ƒ•Ž‡•’ƒ›•†‡ Žǯ•ŽƒǣŽ‡–”ƒ˜ƒ‹Ž’Š›•‹“—‡ǡ
les jouissances sexuelles et le service domestique. ’ƒ”Ž‡”‘—˜‡”–‡‡–ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹†ƒ•Ž‡•’ƒ›•†‡Žǯ•ŽƒǫŽ˜ƒ—–‹‡—š†‡ ne pas Ž‡ ˆƒ‹”‡Ǥǯ‡•–‰²ƒ–Ǥ‘—”…‡––‡”ƒ‹•‘ǡƒŽ‡Š‡„‡Žƒ ‡—†—…‘—”ƒ‰‡ ’‘—”ƒ„‘”†‡”Žƒ
“—‡•–‹‘†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–‡””‡†ǯ•Žƒ†ƒ•Ž‡–‡’•’ƒ••±ǡƒ‹•ƒ—••‹ǡ†ƒ•’Ž—•‹‡—”•
’ƒ›•ƒŒ‘”‹–±—•—Žƒ‡ǡƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹‡…‘”‡Ǥ Tonino Falaguasta Nyabenda Les pays visités ˜ƒ–†‡’ƒ”Ž‡”†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–‡””‡†ǯ•ŽƒǡƒŽ‡Š‡„‡Žƒ’ƒ”…‘—”——…‡”–ƒ‹‘„”‡
†‡’ƒ›•“—‹•‡”±…Žƒ‡–†‡Žǯ‡•‡‹‰‡‡–†‡‘Šƒ‡†Ǥƒ—”“—‹‡†ǯƒ„‘”†Ǥ Ce pays avec la domination ottomane contrôlait la vie politique, éc‘‘‹“—‡‡–•‘…‹ƒŽ‡†ǯ—‡
‰”ƒ†‡ ’ƒ”–‹‡ †‡• ’ƒ›• ‹•Žƒ‹“—‡• Œ—•“—ǯƒ— ι •‹°…Ž‡Ǥ – ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹ǡ ‰”Ÿ…‡  Žƒ ”±ˆ‘”‡ †‡
Atatürk Mustafa Kemal (1881-­‐ͳͻ͵ͺȌǡŽƒ—”“—‹‡…‘–‹—‡Œ‘—‹”†ǯ—‡‰”ƒ†‡‹ˆŽ—‡…‡•—”–‘—–
•—”Ž‡•’ƒ›•Žǯ‹•Žƒ‘†±”±ǡ‡ˆ”‹“—‡ǡau Moyen Orient et en Asie Centrale. ǯ”ƒ ‡– Žǯ”ƒǣ Ž‡ ƒ”‹ƒ‰‡ †‡ …‘’Žƒ‹•ƒ…‡ “—‹ › ‡•– ’”ƒ–‹“—± ‡•– —‡ ˆ‘”‡ ‘†‡”‡
†ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥ ǯ”ƒ„‹‡ ƒ‘—†‹–‡ǡ Ž‡• ‹”ƒ–• ”ƒ„‡• ‹•ǡ Ž‡ ±‡ǡ Ž‡ •—Ž–ƒƒ– †ǯƒ ǣ Ž‡• ‡s-­‐
claves des temps modernes ne viennent pas des guerres ou des razzias, mais ce sont des ou-­‐
˜”‹‡”•“—‹ˆ‘–Ž‡–”ƒ˜ƒ‹ŽŽ‡’Ž—•†—”‡–Ž‡‘‹•”±—±”±Ǥ‘—–‡Žǯˆ”‹“—‡†—‘”†‡–Ž‡•’ƒ›•†‡
Žƒ‘”‡‘–±–±—‡’Žƒ“—‡–‘—”ƒ–‡†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥ–‘„‘—…–‘—ǡŽƒ˜‹ŽŽ‡•ƒ‹–‡†—‹‰‡”ǫ On disait “—ǯ‹Ž›ƒ˜ƒ‹–͵͵͵•ƒ‹–•Ǥƒ‹•…‡••ƒ‹–•ȋŽ‡•‹ƒȌǡ‘›‡ƒ–†‡•‘ˆˆ”ƒ†‡•‰±é-­‐
”‡—•‡•ǡŽ±‰‹–‹ƒ‹‡–ȋƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹‡…‘”‡Ȍ—…‘‡”…‡‹‘ƒ„Ž‡Ǥ ‘—•ƒŽŽ‘•–‡”‹‡”’ƒ”Žƒƒ—”‹–ƒ‹‡ǡ‘îŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ƒ±–±†±…Žƒ”±†±Ž‹–’ƒ••‹„Ž‡†ǯ—‡’‡‹‡
allant jus“—ǯ†‹šƒ•†‡’”‹•‘ǡŽ‡ͺƒ‘ð–ʹͲͲ͹Ǩ ƒ‹•Ž‡•ƒ””ƒ–‹‡ǡ†‡•…‡†ƒ–•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•‘‹”•ǡ•‘–‡…‘”‡‡–”‡…‡–‹ŽŽ‡‡–…‡–
cinquante mille, concentrés dans la vallée du fleuve Sénégal et «propriété» de cinq grandes tribus du pays. A la face des Droit•†‡Žǯ‘‡’”‘…Žƒ±•’ƒ”Ž‡•ƒ–‹‘•‹•
en 1948 ! http://www.afriquespoir.com/ae43/index_fichiers/esclavage.htm
[79] U N A F R I C A I N C O NSI D È R E
/¶(6&/$9$*(,6/$0,48(,N F L I G É
A U X A F R I C A I NS AFRICAINS LIBÉRÉS DES MAINS D'UN NÉGRIER ARABE DU ZANZIBAR EN 1884
(Ofosu-Appiah, p.82)
http://debate.org.uk/gesu-corano/francese/t12_f.htm
Ǥ2ǯ —Œ‘—”†ǯŠ—‹‹Ž›ƒ†‡‘„”‡—šˆ”‘-­‐Caraïbes et Afro-­‐Americains qui se convertissent ƒ Žǯ•ŽƒǤ ‡Ž‘ Ž‡• ”‡…Š‡”…Š‡•ǡ …‡• ‘—˜‡ƒ—š —•—Žƒ• •‡ •‘– …‘˜‡”–‹• ƒ˜ƒ– –‘—–
’ƒ”…‡“—ǯ‹Ž•’‡•ƒ‹‡–“—‡Žǯ•Žƒ±–ƒ‹–—‡”‡Ž‹‰‹‘†‡̶ˆ”ƒ–‡”‹–±‡–†ǯ±‰ƒŽ‹–±̶Ǥ‡ƒ—…‘—’
†ǯ‡–”‡ ‡—š …”‘›ƒ‹‡– “—‡ Žǯ•Žƒ ǯƒ˜ƒ‹– ’ƒ• †‡ ’”‘„Ž°‡• ”ƒ…‹ƒ—š ‡– “—ǯ‹Ž ǯ±–ƒ‹– ’ƒ•
impliqué dans la traite des esclaves, ainsi que plusieurs pays occidentaux européens. Ǯ„†-­‐al-­‐œ‹œǯ „†-­‐al-­‐ƒ†‹” ƒƒŽ ±…”‹– ‡ ̶ǯ•Žƒ ‡– Žƒ “—‡•–‹‘ ”ƒ…‹ƒŽ‡̶ǣ ̶ƒ•
Žǯ•ŽƒǡŽǯŠ—ƒ‹–±…‘•–‹–—‡—‡•‡—Ž‡‰”ƒ†‡ˆƒ‹ŽŽ‡ǡ…”±±‡ȋƒ˜‡…ȌǤǤǤ†‹˜‡”•‹–±†‡…‘—Ž‡—”
de la peau... (pour cette raison)... en adorant Dieu, tous les hommes sont égaux, et un ”ƒ„‡ǯƒ’ƒ•Žƒ’”‹‘”‹–±•—”—‘”ƒ„‡ǥ‘—•Ž‡•²–”‡•Š—ƒ‹••‘–ǤǤǤ±‰ƒ—šǥ‡–Ž‡•
mariages sont conclus sans tenir compte de la couleur de la peau." Il affirme donc que †ƒ•Žǯ•Žƒ‹Ž›ƒŽ̵Šƒ”‘‹‡”ƒ…‹ƒŽ‡‡–“—‡–‘—•ǡ‹†±’‡†‡ent de leur couleur, ont ̶Ž‡•²‡•†”‘‹–••‘…‹ƒ—šǥŽ‡•‘„Ž‹‰ƒ–‹‘•Ž±‰ƒŽ‡•ǤǤǤŽǯ‘’’‘”–—‹–±†‡–”‘uver du travail et... la protection de leur personne" (pag. 64). Mais est-­‐ce vrai? Ces prétentions sont-­‐‡ŽŽ‡•˜ƒŽƒ„Ž‡•ŽƒŽ—‹°”‡†‡ŽǯŠ‹•–‘‹”‡ǫ‘›‘•
par ‡š‡’Ž‡Žƒ“—‡•–‹‘†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†‡Žǯ•ŽƒǤ II. LES SOURCE ISLAMIQUES CONFIRMENT-­ELLES CES PRÉ-­
TENTIONS? [80] Colonialisme arabe musulmane Région de l'esclavage arabe Région de l'esclavage européen Malheureusement il y a beaucoup de personnes de couleur noire qui croient “—‡ Žǯƒ––ƒ“—‡ ƒ…Šƒ”±‡ †‡• ”ƒ„‡• 
Žǯ……‹†‡– •ǯƒ……‘”†‡ ƒ˜‡… Žƒ …ƒ—•‡ ƒˆ”i-­‐
…ƒ‹‡Ǥ ǯ‡•– —‡ ‡””‡—” ‘”–‡ŽŽ‡Ǥ ‡• ’”e-­‐
miers écrivains Musulmans des traditions islamiques (qu-­‐ont été rédigées assez tard, …ǯ‡•–-­‐à-­‐dire entre le 9ème et le 10ème siècle après J.C.) admettent que déjà aux temps de Mahomet il était devenu appro-­‐
prié de propager ses idées par des con-­‐
“—²–‡•‹Ž‹–ƒ‹”‡•Ǣ†‘…‹Žǯ‡•–’ƒ••—”’”e-­‐
nant que selon la tradition il ait dit: ̶ǯƒ…–‹‘ Žƒ ’Ž—• †‹‰‡ †ǯƒ––‡–‹‘ǥ ‡– Žƒ
meilleur source de gain est la guerre" (Mishkat II, pag. 340). —ƒ† Ž‡• ’”‡‹‡”• Ž‡ƒ†‡”• †‡ Žƒ …‘“—²–‡ ƒ”ƒ„‡ ȋ…ǯ‡•–-­‐à-­‐dire Abu Bakr, Umar et †ǯƒ—–”‡•Ȍ ‡˜ƒŠ‹••ƒ‹‡– Ž‡• ’ƒ›•ǡ ŽǯŠ‹•–‘‹”‡ †±‘–”‡ “—‡ Ž‡• Šƒ„‹–ƒ–• ‹‘…‡–• ’‘u-­‐
vaient être dominés ou bien "accepter la ‘”–’ƒ”Žǯ±’±‡̶ȋ‹…–‹‘ƒ”›‘ˆ•Žƒǡ’ƒ‰ǤʹͶȌǤ ‡‘”ƒ²‡…‘ƒ†‡ƒ—š—•—Žƒ•ǣ̶ǥ–—‡œ…‡•ˆƒ‹•‡—”•†‡†‹‡—šǡ‘î“—‡˜‘—•
les trouviez; et capturez-­‐les, et assiégez-­‐les, et tenez-­‐vous tapis pour eux dans tout guet-­‐
apens..." (Sourate 9:5). En outre iŽ ”‡…‘ƒ†‡ ƒ—š —•—Žƒ• †ǯƒ˜‘‹” †‡• ‡•…Žƒ˜‡•ǡ
hommes et femmes (Sourate 4:24-­‐25). Selon la tradition islamique le général Abu Ubaidah, durant le siège de Jérusalem, †‘ƒŽ‡…Š‘‹šƒ—šŠƒ„‹–ƒ–•̶†ǯƒ……‡’–‡”Žǯ•Žƒ‘—„‹‡†‡•‡’”±’ƒ”‡”ƒ²–”‡–—±•’ƒ”
Žǯ±’±‡̶ȋƒ—ƒ–—ǡ‘Ž—‡ǡ’ƒ‰ǤʹͶͳȌǤ Les compilateurs Musulmans à la fin du 9ème siècle admettent franchement que Ma-­‐
homet fut un chef militaire. Alors que les premières descriptions de la vie de Mahomet en disent peu sur son activité prophétique, il abonde de récits, concernant ses batailles. Al-­‐Waqidi (mort en 820) estime que Mahomet fut impliqué personellement dans 19 ba-­‐
tailles sur 26 (Al Waquidi 1966:144). Ibn Athir dit que leur nombre a été de 35 (Ibn Athir, pag. 116), alors que Ibn Hisham (mort en ͺ͵͵ȌŽǯ±˜ƒŽ—‡ʹ͹ȋ„‹•Šƒǡ’ƒ‰Ǥ͹ͺȌǤ Le conseil belliqueux de Mahomet à ses partisans fut celui-­‐ci: "Faites la guerre avec moi pour envahir la Sirie, peut-­‐être aurez-­‐vous les filles de Al Asfar" (Al Waqidi 1966:144). Il faut savoir que Al Asfar était —Š‘‡†ǯƒˆˆƒ‹”‡•ƒˆ”‹…ƒ‹ƒ›ƒ–†‡
très belles filles au point que "leur beauté était devenue proverbiale" (Al Waqidi 1966:144). Par conséquent, les pauvres disciples de Mahomet ne restèrent pas pauvres pour longtemps. Ils devinrent ultra-­‐riches avec les butins de la guerre, et accumulèrent beau-­‐
…‘—’†ǯƒ‹ƒ—š‡–†ǯǡ‡–‡’Ž—•„‡ƒ—…‘—’†ǯ‘”ȋ‹•Šƒ–ǡ‘Ž—‡ǡ’ƒ‰Ǥʹͷͳ-­‐
253, 405-­‐406). Ž ǯ‡•– ’ƒ• •—”’”‡ƒ– “—‡ Ž‹ „ „— ƒŽ‹„ •‡ ˜ƒ–Ÿ– ‡ †‹•ƒ–ǣ ̶‘• ˆŽ‡—”• •‘–
Žǯ±’±‡‡–Ž‡’‘‹‰ƒ”†ǤLes narcisses et les myrtes ne valent rien; notre boisson est le sang [81] de nos ennemis, notre calice est leur crane après les avoir combattus" (Tarikh-­‐ul Khula-­‐
fa, pag. 66-­‐67). Ž ǯ‡•– ’ƒ• •—”’”‡ƒ– “—‡ Ž‡ ‘”ƒ ”±•‘‡ †‡ …‡––‡ ’‡•±‡ ‡ †‹•ƒ–ǣ ̶‘”• †‘… que (en combattant) vous rencontrez ceux qui mécroient, alors, frappez aux cols. Puis, quand vous les avez dominés..." (Sourate 47:4) et "Combattez ceux qui ne croient ni en ‹‡—ǤǤǤǡ‡–…‡—š†‡•‰‡•†—‹˜”‡ȋ…ǯ‡•–†‹”‡Ž‡•—‹ˆ•‡–Ž‡•Š”±–‹‡•ȌǤǤǤ̶(Sourate 9:29). Ǥǯ-­T-­ELLE CES PRÉTENTIONS? ‡ ‰±±”ƒŽ —•—Žƒ ” „ Žǯ• ‡˜ƒŠ‹– Žǯ‰›’–‡ †‡ ͸͵ͻ  ͸Ͷʹ ȋ‹ŽŽ‹ƒ•
1974:147-­‐ͳ͸ͲȌǤǯ‰›’–‡‡Ž—‹•—ˆˆ‹–’ƒ•‡–’‘—”…‡Žƒ‹Ž–‡–ƒ†‡…‘Ž‘‹•‡”ŽƒMakuria, un royaume Chrétien indépendant. Mais le roi Kalydossas découvriet le complot on 643. Al'As tenta de nouveau de s'emparer de la Makuria en 651, mais il échoua et il fut con-­‐
traint de signer un traité de paix (Williams 1974:142-­‐145). En 745 le général Omarǡ Ž‡ ‘—˜‡ƒ— ‰‘—˜‡”‡—” †ǯ‰ypte, intensifia la persécution des Chrétiens, mais le roi Cyriacus de la Makuria réussit à stopper cette nouvelle attaque (Williams 1974:142-­‐145). En 831 le roi Zakaria, le nouveau monarque de la Makuria •̵‹“—‹±–ƒ  …ƒ—•‡ †‡• …Šƒ••‡—”• —•—Žƒ• †ǯ‡•…Žƒ˜es qui envahissaient son pays ȋŽǯƒ…–—‡Ž ‘—†ƒȌǤ Ž ‡˜‘›ƒ —‡ †±Ž±‰ƒ–‹‘ ‹–‡”ƒ–‹‘ƒŽ‡ ƒ— …ƒŽ‹ˆ‡ †‡ ƒ‰†ƒ†ǡ †‡ a-­‐
nière que ces violations du traité de paix fussent arrêtées, mais il ne reçut aucune aide (Williams 1974:142-­‐145). Le sultan Balbar †ǯ‰›’–‡continua à violer le traité de 651 (voire Sourate 9:1-­‐4). Plus –ƒ”†ǡ‡ͳʹ͹ͶǡŽ‡•—•—Žƒ•†‡Žǯ‰›’–‡•—„Œ—‰—±‡ǡ…‘‡…°”‡–…‘Ž‘‹•‡”‡–†é-­‐
–”—‹”‡ŽǯAlwa, la Makuria et la Nobatia, les 3 royaumes antiques chrétiens en Afrique. Les peuples de ces nations, autrefois indépendantes et rayonnantes, furent vendus comme esclaves. Ž‘”•“—‡Žǯ•Žƒ‡–Žƒ …—Ž–—”‡ ƒ”ƒ„‡ •‡ ”±’ƒ†ƒ‹‡– ‡ˆ”‹“—‡ǡ•‡ †‹ˆˆ—•ƒ‹‡–±‰ƒŽe-­‐
‡–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–Ž‡ ‰±‘…‹†‡ …—Ž–—”‡ŽǤ…‘‡­ƒ ˆƒ‹”‡ Žƒ ‰—‡””‡ ’‘—”ƒ˜‘‹”†‡•
esclaves africains. Kumbi Kumbi, la capital du Ghana, fut détruite par les envahisseurs musulmans en 1076. Le Mali avait une "mafia" musulmane qui "encourageait" les rois ƒˆ”‹…ƒ‹•†—ƒŽ‹‡„”ƒ••‡”Žǯ•ŽƒǤ‡––‡̶ƒˆ‹ƒ̶…‘–”ØŽƒ‹–Ž‡•‹’‘”–ƒ–•…ƒ”ƒ˜ƒ‹‡”•
et Ž‡•’‘”–•…‘‡”…‹ƒ—š†‡Žǯˆ”‹“—‡Ǥ‡•—•—Žƒ•”±—••‹”‡–•ǯ‡’ƒ”‡”†‡•’Žƒ…‡•
Ž‡•’Ž—•‹’‘”–ƒ–‡•†—‰‘—˜‡”‡‡–‡–…‘‡…°”‡–…Šƒ‰‡”ŽǯŠ‹•–‘‹”‡ƒ–‹“—‡†—
Mali de façon que les évènements préislamiques furent effacés. Pour des raisons de sé-­‐
curité, le gouvernement du Ghana des Mossi, conscient du pouvoir des commerçants mu-­‐
•—Žƒ•ǡ ‹•–‹–—ƒ — †±’ƒ”–‡‡– ‰‘—˜‡”‡‡–ƒŽ ’‘—” …‘–”ØŽ‡” Žǯ‡•’‹‘ƒ‰‡ —•—l-­‐
man (Davidson,Wills et Williams). La traite islamique des esclaves se déroulait également autour du Lac de Giad, dans les états musulmans de Bagirmi, Wadai et Darfur ȋǯƒŠŽ‡›‡–”‹‹‰Šƒͳͻ͸ʹǣʹͳͺ-­‐
219). Au Congo les négriers Jallaba commerçaient avec les Kreish et avec les Azande, un peuple du nord (Barth et Roome). Également fréquentée était la route qui suivait la ligne de partage des eaux entre le Nil et le fleuve Congo, où les négriers arabes-­‐musulmans (par exemple Tippu Tip †— ƒœ‹„ƒ”Ȍ ƒ””‹˜°”‡– †‡• œ‘‡• ‘”‹‡–ƒŽ‡• †‡ Žǯˆ”‹“—‡
(Roome 1916, et Sanderson 1965). [82] ƒ• Žǯˆ”‹“—‡ ‘”‹‡–ƒŽ‡ǡ Žes promoteurs du commerce des esclaves étaient les peuples Yao, Fipa, Sangu et Bungu, tous Musulmans (Trimmingham 1969 et Gray 1961). Sur la rive du Lac Nyasa (appellé actuellement Lac du Malawi) fut institué en 1846 le sultanat musulman du Jumbe avec le but précis de favoriser le commerce des esclaves (Barth 1857 et Trimmingham 1969). En 1894 le gouvernement britanique évalua que le ͵ͲΨ†‡Žƒ’‘’—Žƒ–‹‘†‡ƒ—•ƒŽƒ†±–ƒ‹‡–…‘•–‹–—±•†ǯ‡š-­‐esclaves. Il en était ainsi aus-­‐
•‹†ƒ•Žǯˆ”‹“—‡‘……‹†‡–ƒŽ‡ˆ”ƒ­ƒise entre 1903 et 1905 (Mason 1973, Madall et Ben-­‐
nett, et Boutillier 1968). Ǥǯǯ A. CES PRÉTENTIONS SONT-­ELLES VALABLES? ‡• ˆ”‹…ƒ‹• ‘†‡”‡• ‘– ’”ƒ–‹“—± –”‘’ Ž‘‰–‡’• Žǯƒ±•‹‡ •±Ž‡…–‹˜‡ “—ƒ– 
Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ‹•Žƒ‹“—‡Ǥ ‡• ˆ”‹…ƒ‹• †‡ …‘—Ž‡—” ‘– ‹• ‡ˆˆ‡…–‹˜‡‡– Žǯ‡’Šƒ•‡ •—”
Žǯ‹’ƒ…– †‡•–”—…–‹ˆ †— …‘Ž‘‹ƒŽ‹•‡ ‡—”‘’±‡ ‡– †— …‘‡”…‡ –”ƒ•ƒ–Žƒ–‹“—‡ †‡• ‡s-­‐
claves, mais ils ont étrangement ignoré la traite arabe-­‐musulmane des esclaves en Afrique, de durée plus longue et dont l'effet fut dévastant.  ǯ‡–‡† ’”ƒ–‹“—‡‡– Œƒƒ‹• ’ƒ”Ž‡” †‡• ˆ”‹…ƒ‹• “—‹ ±–ƒ‹‡– …‘–”ƒ‹–•
†ǯ‹‹‰”‡”…ƒ—•‡†‡•‹…—”•‹‘•†‡•±‰”‹‡”•—•—Žƒ•†‡Žǯ‘—‡•–ǡ†‡Žǯ‡•–‡–†—‘”†
†ǯˆ”‹“—‡ ƒ’”°• Ž‡ ͹°‡ •‹°…Ž‡Ǥ ‡• ‡•…Žƒ˜‡• ƒˆ”‹…ƒ‹•ǡ –”ƒ•’‘”–±• ’ƒ” voie navale de Zanzibar, Lamu ‡–†ǯƒ—–”‡•’‘”–•‡•–-­‐ƒˆ”‹…ƒ‹•ǡǯ±–ƒ‹‡–’ƒ•…‘†—‹–•‡……‹†‡–ȋƒ‹•‹
que certains Musulmans veulent nous le faire croire), mais aboutissaient en Arabie, en †‡ ‡– †ƒ• †ǯƒ—–”‡• ±–ƒ–• —•—Žƒ• ‡ •‹‡ ȋ—™‹… ͳͻ͹͸ǡ ‡– Ofosu-­‐Appiah 1973:57-­‐63). Des rapports non-­‐‘ˆˆ‹…‹‡Ž•±˜ƒŽ—‡–“—‡’Ž—•†‡ʹͲ‹ŽŽ‹‘•†ǯˆ”‹…ƒ‹•‘–
±–±˜‡†—•‡–ƒ–“—ǯ‡•…Žƒ˜‡•’ƒ”Ž‡•—•—Žƒ•‡–”‡͸ͷͲ‡–ͳͻͲͷȋ‹ŽŽ•ͳͻͺͷǣ͹ȌǨŽ
‡•– ‹–±”‡••ƒ– †‡ ”‡ƒ”“—‡” “—‡ Žƒ ƒŒ‘”‹± †‡ …‡• ʹͲ ‹ŽŽ‹‘• †ǯ‡•…Žƒ˜‡• ǯ±–ƒ‹– ’ƒ•
constituée par des hommes, mais par des femmes et des enfants qui sont plus vulné-­‐
rables (Wills 1976:7). Ceci est logique, vue que la position du sexe femminin dans le Co-­‐
ran a toujours été inférieure à celle du sexe masculin (Sourate 2:224; 4:11,34,176). Les théologiens musulmans, comme le fameux Ahmad Baba (1556-­‐1527), soutenaient “—‡ ̶ǤǤǤŽƒ ”ƒ‹•‘ †‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ‹’‘•± ƒ—š ‘—†ƒ‹‡• ‡•– Ž‡—” ”‡ˆ—• †‡ …”‘‹”‡ǥ ȋ…̵‡•–
’‘—”“—‘‹Ȍ‹Ž‡•–Ž±‰ƒŽ†‡•ǯ‡’ƒ”‡”†‡“—‹…‘“—‡‡•–…ƒ’–—”±‡–ƒ–“—ǯ‹nfidèle... Maho-­‐
‡–ǡ Ž‡ ’”‘’Š°–‡ǡ ”±†—‹•ƒ‹– ‡ ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ Ž‡• ’‡”•‘‡•ǡ ’ƒ”…‡ “—ǯ‡ŽŽ‡• ±–ƒ‹‡– Kuffarǥ
ȋǯ‡•–ƒŽ‘”•ȌŽ±‰ƒŽ†‡’‘••±†‡”Ž‡•–‘’‹‡•ǥ̶ȋƒ„ƒ’ƒ‰Ǥʹ-­‐10). Hamid Mohomad (alias "Tippu Tip"), qui est mort en 1905, était un des négriers les plus commerçants de Zanzibar. Chaque année il vendait plus de 30.000 Africains (Lewis pag. 174-­‐193 et Ofosu-­‐Appiah 1973:8). Il est important de se souvenir que la traite des ‡•…Žƒ˜‡• ƒœ‹„ƒ”ƒ …‘–‹—± Œ—•“—ǯ‡ͳͻ͸ͶǨ ‡ˆˆ‡–ǡ‡ƒ—”‹–ƒ‹‡ Žƒ–”ƒ‹–‡ ǯƒ ’ƒ• ±–± †±…Žƒ”±‡ ‘ˆˆ‹…‹‡ŽŽ‡‡– ‹ŽŽ±‰ƒŽ‡ƒ˜ƒ–ͳͻͺͳǡƒŽ‘”•“—ǯƒ—‘—†ƒ‘…‘–‹—‡ Œ—•“—ǯ
ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹ǡ•‡Ž‘—”ƒ’’‘”–†‡Žǯ†—ͳͻͻͶȋ˜‘‹”‡ƒ—••‹ˆ‘•—-­‐Appiah 1973:57-­‐63; "The Times" du 25 aout 1995; Darley 1935; MacMichael 1922 et Wills 1985). Ces exemples concernent un esclavage uniquement islamique. B. FAUT-­IL RECONNAITRE CES PRÉTENTIONS? [83] On survole généralement les fait cités ci-­‐dessus, on les ignore et on les oublie dans la Ž‹––±”ƒ–—”‡ǡ’‘—”Ž‡•‹’Ž‡ˆƒ‹– “—ǯ‹Žǯ‡•–’ƒ• ̶…‘””‡…–’‘Ž‹–‹“—‡‡–̶†ǯ‡’ƒ”Ž‡”Ǥ2–ƒ–
moi-­‐même Africain, je dis honnêtement que nous devons révaluer le rôle de Žǯ‹’±”‹ƒŽ‹•‡‡—”‘’±‡†—ͳͻ°‡•‹°…Ž‡”‡…‘ƒ‹••ƒ–“—ǯ‹Žƒ±–±ǡƒŽ‰”±Žƒ̶ƒ—˜ƒ‹•‡
’”‡••‡̶ †‘– ‹Ž Œ‘—‹–ǡ —‡ †‡• ”ƒ”‡• ˆ‘”…‡ “—‹ ƒ ƒ””²–± Žǯ‹’±”‹ƒŽ‹•‡ ƒ”ƒ„‡•-­‐musulman •—” Ž‡ …‘–‹‡– ƒˆ”‹…ƒ‹Ǥ ‡• —•—Žƒ• ƒ”ƒ„‡• †ǯƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹ †‹•…”±†‹–‡–
Žǯ‹’±”‹ƒŽ‹•‡ ‘……‹†‡–ƒŽ †— ’ƒ••± •ƒ• …‘•‹†±”‡” ‘— †‹•…—–‡” Žǯƒ”‰—‡– †‡ Ž‡—”
propre histoire sordide du continent. CONCLUSION ‡…‹ ƒ ±–± — „”‡ˆ ”±•—± †‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒge islamique en Afrique. Les compilateurs du Coran et les écrivains islamiques postérieurs admettent que la guerre et la traite des ‡•…Žƒ˜‡•ˆ—”‡–Ž‡•‘›‡•Ž‡•’Ž—•‡ˆˆ‹…ƒ…‡•’‘—”•ǯ‡’ƒ”‡”†‡•’ƒ›•‡—ˆ•‡–‹†±’‡n-­‐
dants en Afrique. Cette théologie a gravement endommagé non seulement la vie de fa-­‐
‹ŽŽ‡ ƒˆ”‹…ƒ‹‡ǡ ƒ‹• ƒ—••‹ Žǯƒ–‹“—‡ Š±”‹–ƒ‰‡ …Š”±–‹‡ ‡ ˆ”‹“—‡ ‡– Ž‡ †±˜‡Ž‘’’‡‡–
±…‘‘‹“—‡Œ—•“—ǯƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹Ǥǯ•Žƒƒ†±Ž‹„±”‡‡–ƒ––ƒ“—±†ǯƒ„‘”†Ž‡•ˆ‡‡•‡–
puis les enfants, la partie la plus vulnérable et importante de la population africaine. Les Š‘‡•“—‹ǯ‘–’ƒ•±–±˜‡†—•…‘‡‡•…Žƒ˜‡•‘–±–±•‹’Ž‡‡––—±•Ǥƒ…‘Ž‘‹•a-­‐
–‹‘‡–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‹•Žƒ‹“—‡•‘–…‘‡…±’Ž—•†‡ ͳͲͲͲƒ•ƒ˜ƒ–Žƒ’Ž—•”±…‡–‡ ‡–
brève traite européenne et transatlantique (Hughes 1922:49). Beaucoup de cultures africaines, aussi bien païennes que chrétiennes, ont été détruites. Pourquoi? En plus, pourquoi les Musulmans ne protestent-­‐‹Ž•’ƒ•…‘–”‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‹’‘•±ƒ—š
ˆ”‹…ƒ‹•†ƒ•Ž‡‘—†ƒ†ǯƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹‡–’‘—”“—‘‹‡Žǯƒ””²–‡–-­‐ils pas? Leur silence est très éloquent! Alors que les esclaves dans les pays occidentaux ont été libérés, il y a des •‹°…Ž‡•ǡ Ž‡• ˆ”‹…ƒ‹• •‡ †‡ƒ†‡– ’‘—” …‘„‹‡ †‡ –‡’• ‡…‘”‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ †—”‡”ƒ
encore sur le continent africain. Le Seigneur Jésus a dit: "Allez, faites de toutes les nations des disciples", y compris Žǯˆ”‹“—‡ȋƒ––Š‹‡—ʹͺǣͳͻ-­‐20). Il ne nous a pas demandé de faire la guerre ou de réduire Ž‡• ’‡—’Ž‡• ‡ ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥ — …‘–”ƒ‹”‡ǡ Ž‘”•“—‡ Ž‡ ‹Ž• †‡ ‹‡— –ǯƒ—”ƒ Ž‹„±”±ǡ tu seras ˜”ƒ‹‡– Ž‹„”‡Ǥ  ˆƒ‹–ǡ Žƒ ‹„Ž‡ …‘†ƒ‡ –‘—– ‰‡”‡ †ǯ‹’±”‹ƒŽ‹•‡ǡ ƒ—••‹ „‹‡ ƒ”ƒ„‡ǡ
“—ǯ‡—”‘’±‡ǡ ƒ•‹ƒ–‹“—‡ ‘— ƒˆ”‹…ƒ‹ ȋ˜‘‹”‡ š‘†‡ ʹ͵ǣͶ-­‐5; Levitique 19:15; Deutèronome 27:17; Proverbes 10:2-­‐4, Isaie 5:20; Matthieu 5:13-­‐18, 38-­‐48, 15:19; Jean 18:36-­‐37; Ro-­‐
mains 1:16-­‐3:20; Hébreux 11:8-­‐16 et Jacques 4-­‐5). Jésus a également dit: "vous les re-­‐
connaitrez à leurs fruits". ‡• Š”±–‹‡• ‘”ƒ˜‡• „Žƒ…• †‡ ŽǯŽŽ‡ƒ‰‡ •‡ ̶˜‡†ƒ‹‡–̶
†±Ž‹„±”‡‡–…‘‡‡•…Žƒ˜‡•’‘—”’‘—˜‘‹”’”²…Š‡”Žǯ±˜ƒ‰‹Ž‡ƒ—š‡•…Žƒ˜‡s noirs des Indes occidentaux! Les Arabes musulmans auraient-­‐ils fait quelque chose de semblable pour les noirs? Le bon arbre de Jésus Christ porte de bons fruits. Le mauvais arbre de Žǯ•Žƒƒ’‘”–±†‡ƒ—˜ƒ‹•ˆ”—‹–•‡ˆ”‹“—‡’ƒ”–‹”†‡͸͵ͻ‡–ƒ’”°•ǡ‡t il continue à le ˆƒ‹”‡‡…‘”‡ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹Ǥ̵‡•––‘‹†‡ˆƒ‹”‡Žƒ…‘’ƒ”ƒ‹•‘‡–†‡’”‡†”‡’‘•‹–‹‘Ǩ Frère Banda *Ce traité a été réalizé par des Chrétiens évangéliques pour diffuser efficacement la vérité de Jesus le Messie aux Musulmans. Attention: Les citations sont prises du "Le Saint Coran", traduction et commentaire de Muhammad Hamidullah, Nouvelle Edition 1989 [84] ǯesclavage en islam jeudi 13 novembre 2008, par Marie
‡ ‘”ƒǡ –‡š–‡ •ƒ…”± †‡ Žǯislamǡ ‡–±”‹‡ Žǯ‡š‹•–‡…‡ †‡
Žǯesclavage. La chariaǡ“—‹•ǯƒ’’—‹‡•—”Ž‡‘”ƒ‡–Ž‡•†‹–•†‡a-­‐
homet (hadiths), autorise la réduction en esclavage de qui-­‐
…‘“—‡ǯ‡•–’ƒ•—•—Žƒȋ•‹—‡•…Žƒ˜‡˜‹‡–•‡…‘˜‡”–‹”ǡ‹Ž
ǯ‡•–’ƒ•ƒˆˆ”ƒ…Š‹’‘—”ƒ—–ƒ–ȌǤ Après la mort de Mahomet et la soumission de la péninsule arabique, les Arabes conquièrent les rives méridionales et orien-­‐
tales de la Méditerranée. Multipliant les prises de guerre, ils pro-­‐
Ž‘‰‡–†ƒ•…‡•”±‰‹‘•Žǯesclavage à la mode antique. Ils inaugurent aussi une longue et douloureuse traite négrière q—‹˜ƒ•ƒ‹‰‡”Žǯˆ”‹“—‡‘‹”‡Œ—•“—ǯŽƒˆ‹†—‡•‹°…Ž‡Ǥ Les arabo-­‐—•—Žƒ• •ǯƒ„•–‹‡‡– †‡ ”±†—‹”‡ ‡ esclavage leurs coreligionnaires ƒ‹•…‡––‡”°‰Ž‡•‘—ˆˆ”‡†‡‘„”‡—•‡•–”ƒ•‰”‡••‹‘•‡–Žǯ‘‡”‡…Š‹‰‡’ƒ•ƒ••‡”˜‹”
des musulmans, notamment noirs, au prétexte que leur conversion est récente. ǯesclavage †‡˜‹‡–”ƒ’‹†‡‡–Žǯ—†‡•’‹Ž‹‡”•†‡Žǯ±…‘‘‹‡†‡Žǯ‡’‹”‡ƒ„ƒ••‹†‡†‡
Bagdad. Les harems du calife et des notables de Bagdad se remplissent de femmes origi-­‐
naires du Caucase réputées pour l‡—”„‡ƒ—–±Ǥ‡•„‡ŽŽ‡•‡•…Žƒ˜‡•‘–…‘–‹—±Œ—•“—ǯƒ—
‡•‹°…Ž‡†ǯƒŽ‹‡–‡”Ž‡•Šƒ”‡•‘”‹‡–ƒ—š‡…‘…—””‡…‡ƒ˜‡…Ž‡•„‡ƒ—–±•‘‹”‡•‘”i-­‐
‰‹ƒ‹”‡•†ǯ2–Š‹‘’‹‡Ǥ Pour les tâches domestiques et les travaux des ateliers et des champs, les sujets du ca-­‐
life rec‘—”‡–  †ǯ‹‘„”ƒ„Ž‡• ‡•…Žƒ˜‡• ‡ ’”‘˜‡ƒ…‡ †‡• ’ƒ›• •Žƒ˜‡•ǡ †‡ Žǯ—”‘’‡
±†‹–‡””ƒ±‡‡‡–•—”–‘—–†ǯˆ”‹“—‡‘‹”‡Ǥ‡•‡•…Žƒ˜‡••‘–ƒŽ–”ƒ‹–±•‡–•‘—˜‡–u-­‐
tilés et castrés. ǯƒ—–”‡• ‡•…Žƒ˜‡• ‡– ‡——“—‡• •‘– ‡’Ž‘›±• …‘‡ •‘Ž†ƒ–• ‡– …Š‡ˆ• †‡ ‰—‡””‡ par les différentes dynasties musulmanes, du Maroc aux Indes. ƒ•Ž‡•’”‡‹‡”•–‡’•†‡ŽǯislamǡŽ‡•‘–ƒ„Ž‡•†‡ƒ‰†ƒ†•ǯƒ’’”‘˜‹•‹‘‡–‡‡s-­‐
claves blancs auprès des tribus guerrières du Caucase mais aussi auprès des marchands vénitiens qui leur vendent des prisonniers en provenance des pays slaves, encore païens. En Europe orientale et dans les Balkans, pendant la même période, les Ottomans pré-­‐
Ž°˜‡–‡˜‹”‘–”‘‹•‹ŽŽ‹‘•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•Ǥƒ‹•Žǯ‡š’ƒ•‹‘‡—”‘’±‡‡ǡ’ƒ”–‹”†‡Žƒˆ‹
du XVIIIe siècle, met fin à ces razzias. Si la traite des esclaves blancs a rapidement buté sur la résistance des Européens, il ǯ‡ƒ’ƒ•±–±†‡²‡†—–”ƒˆ‹…†ǯ‡•…Žƒ˜‡•‘‹”•‡’”‘˜‡ƒ…‡†—…‘–‹‡–ƒˆ”‹…ƒ‹Ǥ La traite arabe commence en 652, lorsque le général arabe Abdallah ben Sayd impose aux Nubiens (habitants de la vallée supérieure du Nil) la livraison de 360 esclaves par an. Les spécialistes évaluent de douze à dix-­‐Š—‹– ‹ŽŽ‹‘• †ǯ‹†‹˜‹†—• Ž‡ ‘„”‡
†ǯˆ”‹…ƒ‹• ˜‹…–‹‡• †‡ Žƒ –”ƒ‹–‡ ƒ”ƒ„‡ ƒ— …‘—”• †— †‡”‹‡” ‹ŽŽ±naire, du VIIe au XXe •‹°…Ž‡ǡ •‘‹–  ’‡— ’”°• ƒ—–ƒ– “—‡ Žƒ –”ƒ‹–‡ ‡—”‘’±‡‡  –”ƒ˜‡”• Žǯ‘…±ƒ –Žƒ–‹“—‡ǡ †—
XVIe siècle au XIXe siècle. [85] ‡–”ƒˆ‹…•—‹–†ǯƒ„‘”†Ž‡•”‘—–‡•–”ƒ••ƒŠƒ”‹‡‡•Ǥ‡•…ƒ”ƒ˜ƒ‡•˜‡†‡–‘„‘—c-­‐
tou par exemple des chevaux, du sel et des produits manufacturés. Elles en repartent Žǯƒ±‡ •—‹˜ƒ–‡ ƒ˜‡… †‡ Žǯ‘”ǡ †‡ Žǯ‹˜‘‹”‡ǡ †‡ Žǯ±„°‡ ‡–ǤǤǤ †‡• ‡•…Žƒ˜‡•Ǥ — ‡ •‹°…Ž‡ •‡
†±˜‡Ž‘’’‡ƒ—••‹Žƒ–”ƒ‹–‡ƒ”‹–‹‡‡–”‡Ž‡’‘”–†‡ƒœ‹„ƒ”ȋƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹‡ƒœƒ‹‡Ȍ‡–
les côtes de la mer Rouge et du Golfe persique. Le sort de ces esclaves, razziés par les chefs noirs à la solde des marchands arabes, est †”ƒƒ–‹“—‡Ǥ’”°•Žǯ±’”‘—˜ƒ–˜‘›ƒ‰‡–”ƒ˜‡”•Ž‡†±•‡”–ǡŽ‡•ŸŽ‡••‘–•›•–±ƒ–‹“—e-­‐
‡–…ƒ•–”±•ƒ˜ƒ–Ž‡—”‹•‡•—”Ž‡ƒ”…Š±ǡƒ—’”‹š†ǯ—ne mortalité effrayante, ce qui fait †‹”‡  Žǯƒ–Š”‘’‘Ž‘‰—‡ ‡– ±…‘‘‹•–‡ ‹†‹ƒ‡ ǯ‹›ƒ‡ : « Le douloureux chapitre de la †±’‘”–ƒ–‹‘†‡•ˆ”‹…ƒ‹•‡–‡””‡†ǯislam est comparable à un génocide. Cette déporta-­‐
–‹‘ ‡ •ǯ‡•– ’ƒ• •‡—Ž‡‡– Ž‹‹–±‡  Žƒ ’”‹˜ƒ–ion de liberté et au travail forcé. Elle fut aussi Ȃ et dans une large mesure -­‐ —‡˜±”‹–ƒ„Ž‡‡–”‡’”‹•‡’”‘‰”ƒ±‡†‡…‡“—‡Žǯ‘
’‘—””ƒ‹–“—ƒŽ‹ˆ‹‡”†ǯ‡š–‹…–‹‘‡–Š‹“—‡’ƒ”…ƒ•–”ƒ–‹‘ ». Le mépris des Noirs a perduré au fil des siècles. Ainsi peut-­‐on lire sous la plume de ŽǯŠ‹•–‘”‹‡ „ ŠƒŽ†‘— ȋͳ͵͵ʹ-­‐1406) : « ‡• •‡—Ž• ’‡—’Ž‡•  ƒ……‡’–‡” Žǯesclavage sont Ž‡• °‰”‡•ǡ ‡ ”ƒ‹•‘ †ǯ— †‡‰”± ‹ˆ±”‹‡—” †ǯŠ—ƒ‹–±ǡ Ž‡—” ’Žƒ…‡ ±–ƒ– ’Ž—• ’”‘…Š‡ †—
stade animal ». « Comparé à la traite des Noirs organisée par Ž‡• —”‘’±‡•ǡ Ž‡ –”ƒˆ‹… †ǯ‡•…Žƒ˜‡• †—
monde musulman a démarré plus tôt, a duré plus longtemps et, ce qui est plus impor-­‐
–ƒ–ǡƒ–‘—…Š±—’Ž—•‰”ƒ†‘„”‡†ǯ‡•…Žƒ˜‡• ǽǡ±…”‹–‡”±•—±Žǯ±…‘‘‹•–‡ƒ—Žƒi-­‐
”‘…ŠǤ ‡– ƒ—–‡—” ƒ‹•‹ “—‡ ‹†‹ƒ‡ ǯ‹ƒ›‡ ”ƒ’’‡ŽŽ‡– “—ǯ‹Ž ‡ ”‡•–‡ ’”ƒ–‹“—‡‡– ’Ž—•
–”ƒ…‡†‡•‡•…Žƒ˜‡•‘‹”•‡–‡””‡†ǯislam en raison de la généralisation de la castration, †‡•ƒ—˜ƒ‹•–”ƒ‹–‡‡–•‡–†ǯ—‡–”°•ˆ‘”–‡‘”–ƒŽ‹–±ǡƒŽ‘”•“—‡Ž‡—”•†‡•…‡†ƒ–••‘–
ƒ—‘„”‡†ǯ‡˜‹”‘͹Ͳ‹ŽŽ‹‘••—”Ž‡ continent américain. Notons le parallèle avec les États arabes du Golfe Persique qui recourent massive-­‐
ment à des travailleurs étrangers tout en empêchant ceux-­‐ci de faire souche sur place... à la différence des pays occidentaux. Dès les premiers temps de Žǯislam, des caravaniers arabes ont puisé dans le vivier de nombreux esclaves en vue de les revendre au Moyen-­‐Orient. Des chefs noirs se sont mis à leur service pour guerroyer contre leurs voisins et les fournir en prisonniers. Ž •ǯ‡ ‡•– ‡•—‹˜‹ — –”ƒˆ‹c de 5.000 à 10.000 esclaves par an en direction des pays musulmans. En témoignage de ce trafic, le mot arabe abd qui désigne un serviteur ou un esclave, est devenu synonyme de Noir. Au XIXe siècle, des musulmans de confession chiite en provenance du Golfe persique •‡•‘–±–ƒ„Ž‹••—”—‡ÁŽ‡†‡Žǯ…±ƒ‹†‹‡’”‘…Š‡†—Ž‹––‘”ƒŽƒˆ”‹…ƒ‹Ǥ Ž•Žǯ‘–ƒ’’‡Ž±ƒœ‹„ƒ”ȋ†‡‡Œ‡–„ƒŠ”ǡ†‡—š‘–•ƒ”ƒ„‡•“—‹•‹‰‹ˆ‹‡–Ž‹––‘”ƒŽ†‡•
Noirs) et y ont créé de fructueuses plantations de girofliers sur lesquelles travaillaient des esclaves noirs du continent. Les conditions de travail y étaient épouvantables : « La mortalité était très élevée, ce qui signifie que 15 à 20% des esclaves de Zanzibar (soit entre 9.000 et 12.000 individus) devaient être remplacés chaque année », écrit Catherine Coquery-­‐Vidrovitch. ”°•˜‹–‡ǡƒœ‹„ƒ”‡•–†‡˜‡——‹’‘”–ƒ–ƒ”…Š±†ǯ‡š’‘”–ƒ–‹‘†ǯ‡•…Žƒ˜‡•†‡•–i-­‐
nation du Golfe arabo-­‐’‡”•‹“—‡Ǥ‡•…‘’–‡•’”±…‹•–‡—•’ƒ”Žǯƒ†‹‹•–”ƒ–‹‘†—•—Ž–ƒ
‘– ’‡”‹• †ǯ±˜ƒŽ—‡”  ’Ž—• †‡ ͹ͲͲǤͲͲͲ Ž‡ ‘„”‡ †ǯ‡•…Žƒ˜‡• “—‹ ‘– –”ƒ•‹–± ’ƒ” ŽǯÁŽ‡
entre 1830 et 1872. [86] —Œ‘—”†ǯŠ—‹ ‡…‘”‡ǡ Ž‡• Šƒ„‹–ƒ–• ‘‹”• †‡ ƒœ‹„ƒ” …‘•‡”˜‡– — •–ƒ–—– †‡ “—ƒ•‹-­‐
esclave. http://kabyles.net/L-­‐esclavage-­‐en-­‐islam,3969.html 3 M essages de forum
x
ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡‹•Žƒ 14 novembre 2008 07:14, par Rainbird O¶2FFLGHQWVHVHQWDXMRXUG¶KXLFRXSDEOHGHO¶HVFODYDJHTXHOHVPXVXOPDQVQ¶HQIRQW
même pas mention.
&¶HVWGHSOXVHQFRUHO¶(XURSHTXLDLQWHUGLWFHWWHSUDWLTXHMHFURLVTXHO¶LVODPQHO¶D
pas encore abrogée.
x
ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡‹•lam 14 novembre 2008 08:31, par [email protected] Il ne faut pas oublier que le "butin" consacré par la sourate VIII (mais aussi sourate
XLVIII ; la victoire) était constitué non seulement par des marchandises ou du bétail,
PDLVDXVVLG¶KRPPPHVHWGHIHmmes, qui pouvaient selon le bon vouloir de ceux qui
V¶HQpWDLHQWHPSDUUpVrWUHH[pFXWpVUHQGXVFRQWUHUDQoRQRXUpGXLWVHQHVFODYDJH
&¶HVWDLQVLTXHOHSURSKqWHGHO¶LVODPDSUqVODUpGLWLRQGHODWULEXMXLYHPpGLQRLVHGHV
Bânu Quraydha, décida de décapiter tous les hommes et de réduire en esclavage leurs
femmes et leurs enfants.se réservant pour lui la belle Ryhâna, en lui disant : "Si tu le
veux, je te libererai et je tépouserai. Mais si tu le préfères, tu resteras au nombre de
mes captives et je te prendrai comme je les prends." (Al-Sïra, tome II chap. 4) Il ne
IDXWSDVRXEOLHUTXHVLOHFRUDQOLPLWHjTXDWUHOHQRPEUHG¶pSRXVHVOpJLWLPHVOH
nombre de concubines est illimité.
[87] ǯ•…Žƒ˜ƒ‰‡†ƒ•Ž‡•’ƒ›•—•—Žƒ• ‡Žƒ’‡—–…Š‘“—‡”ƒ‹•…ǯ‡•–’‘—”–ƒ– vrai ǣŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǯ‡•–’ƒ•—‡…‘—–—‡
”±˜‘Ž—‡Ǥ ǯ‡•– ²‡ — ’Š±‘°‡ ”±’ƒ†—ǡ ‘–ƒ‡– †ƒ• Ž‡• ’ƒ›• —•—l-­
mans, où il revêt diverses formes et est fréquemment officialisé. Bien sûr, il ne ’‘”–‡’ƒ•Ž‡˜‹Žƒ‹‘†ǯ̶‡•…Žƒ˜ƒ‰‡̶ǡƒ‹••‡…ƒ…Š‡†‡””‹°”e les appellations plus ”‡•’‡…–ƒ„Ž‡•†‡̶–—–‡ŽŽ‡̶‘—†‡̶„‘‡•̶Ǥ—ƒ”‘…Žǯ”ƒ„‹‡•ƒ‘—†‹–‡ǡ’‡–‹––‘—”
†ǯŠ‘”‹œ‘ †‡• ’”ƒ–‹“—‡• ‡•…Žƒ˜ƒ‰‹•–‡•Ǥ ‡•ˆ‡‡• ‡– Ž‡• ‡ˆƒ–•‡ •‘– Ž‡• ’”e-­
mières victimes ǯ‡•– ƒŽ‡Š‡„‡Žǡƒ–Š”‘’‘Ž‘‰—‡‡–•’±…‹ƒŽ‹•–‡ ƒŽ‰±”‹‡†‡ Žǯ‹•Žƒǡ“—‡”‡˜‹‡– Ž‡
±”‹–‡†ǯƒ˜‘‹””‡‹•Žǯ‘”†”‡†—Œ‘—”ǡ‡”ƒ…‡ǡ—’Š±‘°‡‰²ƒ–ǡ…‡Ž—‹†‡Žǯ̶‡s-­‐
…Žƒ˜ƒ‰‡ ‡ –‡””‡ Žǯ‹•Žƒ̶ǡ –‹–”‡ †ǯ— ”‹…Š‡ ‘—˜”ƒ‰‡ †‡ ͷͲͲ ’ƒ‰‡• ’—„Ž‹± …Š‡œ ƒ›ƒ”† ‡
2007 et sous-­‐titré : "Un tabou bien gardé". Ch‡„‡Ž ǯŠ±•‹–‡ ’ƒ•  †±•‹‰‡” †ƒ• Žǯ‹•Žƒ
²‡ Ž‡• ”ƒ…‹‡• †‡ …‡”–ƒ‹‡• ˆ‘”‡• †ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‹•‡Ǥ ǯ‹Ž •ǯ±–‡† Ž‘‰—‡‡– •—” Ž‡•
racines historiques du phénomène, il en décrit aussi certaines manifestations actuelles. Mariage et prostitution, deux façons dǯƒ••‡”˜‹” Ž‡• ˆ‡‡• : Afghanistan, Ma-­
roc... ̶‘„‹‡†‡ˆ‡‡•ǡƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹²‡ǡ•ƒ•’‘”–‡”’”‘’”‡‡–’ƒ”Ž‡”Žǯ±–‹“—‡––‡
†ǯ ǯ‡•…Žƒ˜‡•ǯǡ –ƒ– ‡ •‹‡ —•—Žƒ‡ “—ǯ‡ ˆ”‹“—‡ ±†‹ƒ‡ ‡– ƒ— ƒ‰Š”‡„ǡ •‘–-­‐elles maintenues dans une condition qui les obli‰‡  ‘ƒ›‡” Ž‡• ’Žƒ‹•‹”• •‡š—‡Ž• “—ǯ‡ŽŽ‡•
ˆ‘—”‹••‡–ƒ—’”‘ˆ‹–†ǯ—’”‘š±°–‡ ? Plus pervers encore est le système de mise en es-­‐
clavage matrimonial de jeunes filles pubères -­‐ pratiquement des enfants -­‐ au nom de …‘—–—‡•–”‹„ƒŽ‡•†ǯ—ƒ—–”‡Ÿ‰‡Ǥǯ‡•–Ž‡…ƒ•ǡ‡…‘”‡ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹ǡ‡ˆ‰Šƒ‹•–ƒǡ‘•
jeunes filles à peine nubiles sont mariées à des chefs tribaux, riches et souvent séniles, ‡–‡”‡•†‡…‡“—‹ƒ’’ƒ”ƒÁ–…‘‡—‡ˆ‘”‡†‡ǯ†”‘‹–†‡…—‹••ƒ‰‡ǯ̶ǡ‘–‡Š‡„‡ŽǤ Dans un dialogue avec le généticien français Albert Jacquard (Jamais soumis, jamais soumise, –‘… ʹͲͲ͹Ȍǡ ƒ†‡Žƒ ƒ”ƒ ±˜‘“—‡ ‡ –‡”‡• –”°• …Žƒ‹” Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ †‡• Œ‡—‡•
filles dont elle a été témoin au Maroc : "Je suis allée dans les villages marocains, en fin fond du bled (...) Autour †‡ ͳͲƒ•ǡŽ‡•ˆ‹ŽŽ‡• •‘–‡Ž‡˜±‡•†‡Žǯ±…‘Ž‡’‘—”²–”‡ ‹•‡•
disposition de familles bourgeoises et devenir des bonnes, avec tout ce que ça implique : certaines vont être violées par le chef de famille, mises enceintes et fichues dehors par Žǯ±’‘—•‡Žégitime (...)" Les Marocaines qui tentent de se libérer en fuyant pour des pays arabes riches ris-­‐
“—‡–†ǯ²–”‡†±­—‡•Ǥ‡“—‘–‹†‹‡ƒ”‘…ƒ‹TelQuel ‡•–ƒŽŽ±Œ—•“—ǯƒˆˆ‹…Š‡”•—”•‘•‹–‡ǡ
en 2007, une pétition intitulée "Pour le respect des droits de la f‡‡ƒ”‘…ƒ‹‡ǯ‹i-­‐
‰”±‡ǯ ƒ—š ’ƒ›• †— ‘Žˆ‡̶ ƒˆ‹ †‡ Ž—––‡” …‘–”‡ Ž‡ ’Š±‘°‡ †‡• ƒ”‘…ƒ‹‡• ˆƒ‹–‡• ‡s-­‐
claves aux Emirats arabes unis, où elles croyaient trouver argent et liberté : "Parties tra-­‐
vailler dans les pays du Golfe comme coiffeuses ou hôtesses, des milliers de Marocaines •‡”‡–”‘—˜‡–•±“—‡•–”±‡•ǡ„ƒ––—‡•‡–ˆ‘”…±‡••‡’”‘•–‹–—‡”ǤŠ‡”…Šƒ–•ǯ±˜ƒ†‡”ǡ…‡r-­‐
taines sont emprisonnées ou même assassinées Ǩ–Ž‡ƒ”‘…•‡–ƒ‹–ǡƒ—‘†‡ǯ…‘•‹†é-­‐
”ƒ–‹‘•†‹’Ž‘ƒ–‹“—‡•ǯǤ̶ ‡•‹–—ƒ–‹‘“—‹ǯ‡•––‘—–‡fois pas le seul fait du Maroc. Au Liban aussi, les "travail-­‐
leuses étrangères" sont fréquemment faites esclaves par leurs employeurs. [88] Liban : le phénomène des "bonnes" Le 11 octobre 2007, Le Monde publiait un article de Dominique Torres sur la situation des "bonnes à vendre" au Liban. Des jeunes femmes naïves et démunies venues de pays ’ƒ—˜”‡•ǡ ‘–ƒ‡– †— ”‹ ƒƒǡ †ǯ–Š‹‘’‹‡ ‡– †‡• Š‹Ž‹’’‹‡•ǡ ’‘—” •‡ ˆƒ‹”‡ — ’‡–‹–
•ƒŽƒ‹”‡ǡ‡•‡†‘—–‡–’ƒ•“—ǯ‡ŽŽ‡•˜‘–•‡˜‘‹”…‘ˆ‹•“—‡”Ž‡—”’ƒ••‡’‘”–‡–•‡–”‘—ver à Žƒ‡”…‹†ǯ‡’Ž‘›‡—”•“—‹ˆ‡”‘–†ǯ‡ŽŽ‡•‘†‡•„‘‡•ǡƒ‹•†‡•‡•…Žƒ˜‡•Ǥ̶‡—”’ƒ••e-­‐
’‘”––”ƒ•‹–‡”ƒ†‹”‡…–‡‡–†‡•ƒ‹•†—’‘Ž‹…‹‡”†‡•ˆ”‘–‹°”‡•…‡ŽŽ‡†‡Žǯ‡’Ž‘›‡—”̶ǡ
‘–‡Žǯƒ”–‹…Ž‡Ǥ Le marché des bonnes est intéressant pour les agences qui "à la signature du contrat, se versent entre dix et quinze fois le premier salaire de la domestique." Quant aux "bonnes", elles sont très peu payées -­‐ quand elles ont la chance de tomber sur un em-­‐
ployeur qui respecte le contrat. Mais face aux abus en tous genres, dont la privation du •ƒŽƒ‹”‡ ǯ‡•– ’ƒ• Ž‡ ‘‹†”‡ǡ …‡• Œ‡—‡• ˆ‡‡• ǯ‘– †ǯƒ—–”‡• ‘›‡• †‡ •‡ †±ˆ‡†”‡
“—‡†‡ˆ—‹”’‘—”Žǯƒ„ƒ••ƒ†‡†‡Ž‡—”•’ƒ›•ǡ‘î•‘–…ƒ…Š±‡•‘„”‡†ǯ‡–”‡‡ŽŽ‡•Ǥ Ces jeunes femmes sont peut-­‐être les seules à avoir profité de la deuxième guerre du Liban ǣ ̶—”ƒ– Žǯ±–± ʹͲͲ͸ǡ Žǯƒ––ƒ“—‡ ‹•”ƒ±Ž‹‡‡ ƒ— ‹„ƒ ‡– Ž‡ †±•ƒ””‘‹ †‡• ‹„ƒƒ‹•
ˆ—›ƒ– Ž‡• „‘„‡• ‘– ±–± Žƒ”‰‡‡– …‘—˜‡”–•Ǥ ‡• ±†‹ƒ• ‘– ±˜‘“—±ǡ •ƒ• •ǯƒ––ƒ”†‡”
sur le sujet, le nombre de 30 000 domestiques abandonnées dans des appartements fermés à clé, souvent avec le chien. A leur retour, les employeurs étaient furieux. La do-­‐
mestique était partie Ǩ̶‘–ƒ‹–Žǯƒ—–‡—”ǡ‘•ƒ•Š—‘—”Ǥ —–‡—”Ž±‰ƒŽ‘—ƒÁ–”‡†ǯ‡•…Žƒ˜‡ ? Le 15 novembre 2007, le quotidien libanais ǯrient Le Jour ”±ƒ‰‹••ƒ‹–  Žǯƒ”–‹…Ž‡ †‡
Dominique Torrès par un article intitulé : "Bientôt une législation pour la protection à ±‰ƒŽ‹–±†‡•†‘‡•–‹“—‡•±–”ƒ‰°”‡•‡–†‡•‡’Ž‘›‡—”•̶Ǥ‡“—‘–‹†‹‡Ž‹„ƒƒ‹•ƒ†‡–“—ǯ
̶—”±‡Ž’”‘„Ž°‡‡š‹•–‡ȋǤǤǤȌǯ‡’Ž‘›‡ur, tuteur légal de la domestique, unique respon-­‐
sable aux yeux de la loi libanaise, est seul maître à bord." Ainsi "certains employeurs, •‘—…‹‡—š†‡”‡–ƒ„‹Ž‹•‡”ȏŽƒ…ƒ—–‹‘˜‡”•±‡Žǯƒ‰‡…‡’‘—”Žǯ‘„–‡–‹‘†‡Žƒ„‘‡Ȑǡ•‘–
parfois poussés à des compor–‡‡–•‡•…Žƒ˜ƒ‰‹•–‡•̶ǡ‘–‡’—†‹“—‡‡–Žǯƒ”–‹…Ž‡ǡ…‘‡
†ǯ̶‡ˆ‡”‡”Ž‡—”†‘‡•–‹“—‡ȋǤǤǤȌ’ƒ”’‡—”†‡Žƒ˜‘‹”’”‡†”‡Žƒˆ—‹–‡Ǥ̶Ž‡•–‡‡ˆˆ‡–’Ž—•
intéressant de travailler au noir, avec un meilleur salaire et la liberté à la clé. ǯƒ”–‹…Ž‡ ‘–‡ : " ‹•–ƒ—”ƒ– Ž‡ ’”‹…‹’‡ †‡ Žƒ –—–‡ŽŽ‡ǡ ’”‹…‹’‡ “—‹‡•– †ǯƒ‹ŽŽ‡—”• ”é-­‐
’ƒ†—†ƒ•Ž‡•’ƒ›•ƒ”ƒ„‡•ǡŽǯ–ƒ–‡–‡†‡š‡”…‡”—…‘–”ØŽ‡•–”‹…–•—”Ž‡•…‘—ƒu-­‐
–±• †‡ ‹‰”ƒ–•Ǥ̶ ‡ ’”‹…‹’‡ †‡ Žƒ –—–‡ŽŽ‡ •ǯƒ˜°”‡ †ƒ• Ž‡• ˆƒ‹–• •›‘›‡
†ǯƒ••‡”˜‹••‡‡–Ǥ Traf‹…†ǯ‡ˆƒ–•ƒ—‡‰Žƒ†‡•Š Après les femmes, les enfants ne sont pas en reste ǣ Ž‡ •‹–‡ †ǯ‡•–› –‡”ƒ–‹‘ƒŽ
‡Ž‰‹“—‡ ƒˆˆ‹…Šƒ‹–ǡ ‡ †±…‡„”‡ ʹͲͲͶǡ —‡ ‡“—²–‡ ‹–‹–—Ž±‡ ̶–‹±”ƒ‹”‡ †ǯ— ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡
asiatique", qui abordait presque exclusivement le sujet d‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ‡ ’ƒ›• —•—l-­‐
ƒ•Ǥ‡”ƒ’’‘”–±˜‘“—ƒ‹–‘–ƒ‡–Ž‡–”ƒˆ‹…†ǯ‡ˆƒ–•†—‡‰Žƒ†‡•Šǡ…‹–ƒ– : "La mi-­‐
•°”‡‡–Žƒ…”±†—Ž‹–±†ǯ—‡Žƒ”‰‡’ƒ”–†‡Žƒ’‘’—Žƒ–‹‘„ƒ‰Žƒ†ƒ‹•‡ˆƒ…‹Ž‹–‡–Ž‡•–”ƒˆ‹…•†‡
ˆ‡‡• ‡– †ǯ‡ˆƒ–• ˜‡”• Žǯ±–”ƒ‰‡”Ǥ ǯ†‡ǡ Ž‡ ƒkistan et les riches pays arabes sont leurs principaux destinataires (...) Les filles aboutissent souvent dans des réseaux de prostitution forcée ou de travail domestique, parfois dans le secteur industriel (notam-­‐
[89] ment les usines de vêtements)." Quant aux garçons, ils se retrouvent fréquemment joc-­‐
keys dans les courses de chameaux de la Péninsule : "Leurs cris de peur sont censés ef-­‐
frayer les animaux et les faire courir plus vite". Pour garder ces garçons petits et lestes, on les prive de nourriture. Et, au Bengladesh aussi, "la passivité des autorités" est dé-­‐
noncée ǣ̶‡•Ž‘‹•‡š‹•–‡–ƒ—ƒ‰Žƒ†‡•Š’‘—”’—‹”Ž‡•–”ƒˆ‹“—ƒ–•†ǯ²–”‡Š—ƒ‹•Ǥa-­‐
”‡‡–ƒ’’Ž‹“—±‡•ǡ‡ŽŽ‡•ǯ‘–ƒ—…—‡ˆˆ‡–†‹••—ƒ•‹ˆǤ̶ Arabie saoudite et Emirats arabes unis : une opulence qui repose aussi sur le travail des esclaves ƒŽ‡Š‡„‡Žǯ‡•–’ƒ•–‡†”‡˜‹•-­‐à-­‐˜‹• †‡Žǯ”ƒ„‹‡•ƒ‘—†‹–‡, ‘îŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡•–’‡—–-­‐
être le plus généralisé, les hommes aussi en étant victimes : "Ouvriers soumis, eunuques, domestiques, concubines : tous les degrés de la servitude sont pratiqués et entretenus †ƒ• Žǯ—‡ †‡• ”±‰‹‘• Ž‡• ’Ž—• ‘’—Ž‡–‡• †‡ Žƒ ’Žƒ°–‡ ȋǤǤǤȌ ǯ‡•…Žƒ˜‡ ‡•– …‡”–‡• —‡
ombre inconsistante aux yeux de son maître, mais sa présence est pratiquement indis-­‐
pensable au fonctionnement de la cité en Arabie." Chebel précise : "La ville princière de Taîf, à une centaine de kilomètres de la ville sainte, peut se prévaloir de compter encore ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹ — ‰”ƒ† ‘„”‡ †ǯ‡•…Žƒ˜‡•Ǥ Ž• •‘– ‡’Ž‘›±•  Žǯƒ””‘•ƒ‰‡ †‡• ”‘•‡”ƒ‹‡•ǡ
des vignes et des vergers qu‹ ˆ‘– Žƒ ”±’—–ƒ–‹‘ †‡ Žǯ‡†”‘‹–ǡ ‘— „‹‡ ƒ— ‡––‘›ƒ‰‡ ‡– 
Žǯ‡–”‡–‹‡†‡•’ƒŽƒ‹•ǤŽ‡˜ƒ†‡²‡Œ‡††ƒǡ˜‹ŽŽ‡’‘”–—ƒ‹”‡ǡ‹›ƒ†ǡ…ƒ’‹–ƒŽ‡’‘Ži-­‐
–‹“—‡†—’ƒ›•ǡ‡–²‡†ƒ•Ž‡•’”—†‡•±†‹‡‡–Žƒ‡…“—‡‘…‘”’•†ǯ‡——“—‡•ˆ—–
encore signalé, pho–‘‰”ƒ’Š‹‡•Žǯƒ’’—‹ǡ‹Ž›ƒ‘‹•†ǯ—‡†‹œƒ‹‡†ǯƒ±‡•Ǥ̶ Les Emirats arabes unis ne sont pas en reste ǣ̶‡Ž‡—”…Ø–±ǡ‡”ƒ‹•‘†‡Ž‡—”ǯ„‘‘ǯ
économique, les Emirats arabes unis ont connu et connaissent un besoin vital de main-­‐
†ǯà—˜”‡ “—ǯ‹Ž• ˜‘– ’—‹•‡” ‡ •‹‡ǡ ‡– ǯŠ±•‹–‡– ’ƒ•ǡ ƒ— „‡•‘‹ǡ  ‡––”‡ ‡ •‡”˜‹–—†‡
dans les demeures privées." On le voit : les Marocaines ne sont donc pas les seules vic-­‐
–‹‡• †‡ …‡• ’‡–‹–• –ƒ–• “—‹ ‘– ’‘—”–ƒ– Ž‡• ‘›‡• †ǯ‡’Ž‘›‡” †±…‡‡– †— ’‡r-­‐
sonnel. Laissons le mot de la fin à Wajiha Al-­‐Huweidar, militante des droits de la femme en Arabie saoudite, dont les propos prononcés sur la télévision saoudienne Al-­‐Hurra le 13 janvier 2008 ont été relayés par le MEMRI (Middle East Research Institute). Dénonçant la situation †‡•ˆ‡‡•‡”ƒ„‹‡•ƒ‘—†‹–‡ǡ“—ǯ‡ŽŽ‡“—ƒŽ‹ˆ‹‡†‡̶’‹”‡“—ǯ
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‡ŽŽ‡ ‡•–‹‡ “—‡ ̶Žƒ •‘…‹±–± •ƒ‘—†‹‡‡ •‡ „ƒ•‡ •—” Žǯƒ••‡”˜‹••‡‡– ǣ Žǯƒ••‡”˜‹••‡‡–
†‡•ˆ‡‡•ƒ—šŠ‘‡•‡–†‡Žƒ•‘…‹±–±Žǯ–ƒ–Ǥ̶‘—–—•›•–°‡“—ǯ‹Žˆƒ—†”ƒ‹–”‡˜‘‹”
pour mettre fin à des pratiques dégradantes pour tous : maîtres comme esclaves. Paru dans IMag http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=38238 [90] L' ESC L A V A G E E T L E M O N D E M USU L M A N
ǯ‹•Žƒ ȋ‡–‡†— ‹…‹ …‘‡ …‹˜‹Ž‹•ƒ–‹‘Ȍ ’ƒ”–ƒ‰‡ Žǯ‹•‹‰‡ ’”‹˜‹Ž°‰‡ǡ ƒ˜‡… Žǯ‘……‹†‡–ǡ
†ǯƒ˜‘‹”±–±Žƒ•‡—Ž‡…‹˜‹Ž‹•ƒ–‹‘’”ƒ–‹“—‡”Žƒ–”ƒ‹–‡‹†—•–”‹‡ŽŽ‡Ǥ –”‡Ž‡͹°‡‡–Ž‡ͳͻ°‡•‹°…Ž‡ǡ‡˜‹”‘ͳ͹‹ŽŽ‹‘•†ǯˆ”‹…ƒ‹•ƒ—”ƒ‹‡–±–±̶”ƒœœ‹±•
et vendus par des négriers musulmans". ̶ ‡ŽŽ‡• •‡—Ž‡•ǡ Ž‡• –”ƒ‹–‡• ‘”‹‡–ƒŽ‡• •‡”ƒ‹‡– †‘…  Žǯ‘”‹‰‹‡ †ǯ— ’‡— ’Ž—• †‡ ͶͲΨ
†‡•Ͷʹ‹ŽŽ‹‘•†‡’‡”•‘‡•†±’‘”–±‡•’ƒ”Žǯ‡•‡„Ž‡†‡•–”ƒ‹–‡•±‰”‹°”‡•Ǥ ŽŽ‡•…‘•–‹–—‡”ƒ‹‡–ƒ‹•‹Ž‡’Ž—•‰”ƒ†…‘‡”…‡±‰”‹‡”†‡ŽǯŠ‹•–‘‹”‡̶ǡ±…”‹–Žǯ—†‡•
ƒ—–‡—”••‘ŽŽ‹…‹–±•’ƒ”Žƒ”‡˜—‡ǡŽǯ—‹˜‡”•‹–ƒ‹”‡Ž‹˜‹‡”±–”±-­‐Grenouilleau. ‡‰”ƒ†Œ‘—”ƒŽƒ”ƒ„‡Žƒ›ƒ–‹•‹•–‡†ǯƒ‹ŽŽ‡—”••—”Žƒ…‘—’ƒ„Ž‡̶ƒ±•‹‡̶†—‘†‡
musulman à ce sujet : Comme en témoigne le drame soudanais, les Arabe•‘–’”ƒ–‹“—±Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡•—”—‡
Žƒ”‰‡±…Š‡ŽŽ‡Ǥ‘—”Žƒ›ƒ–ǡ‹Ž‡•–‰”ƒ†–‡’•“—ǯ‹Ž•”‡…‘ƒ‹••‡–Ž‡—””‡•’‘•ƒ„‹Ž‹–±Ǥ ƒƒ”—ǡ…Š‡”…Š‡—”Žǯ•–‹–—–†ǯ–—†‡•‘Ž‹–‹“—‡•†‡›‘ǣ "Dès le 11ème siècle, ce que les historiens arabes, ont dénommé Bilâd as-­‐sûdân, (le pays des noirs) est entré en contact avec les Arabes par le commerce touchant surtout Žǯ‘”ǡŽ‡•‡•…Žƒ˜‡•Žƒ‰‘‡̶ƒ”ƒ„‹“—‡̶‡–Ž‡•‡ŽǤ ǯ‡•–ǡ ’‡—–-­‐²–”‡ǡ …‡ ̶…‘‡”…‡ •‹Ž‡…‹‡—š̶ “—‹ ˆƒ˜‘”‹•ƒ –”°• –Ø– Žǯ‹•Žƒ‹•ƒ–‹‘ †‡
Žǯˆ”‹“—‡…cidentale, par le Sud marocain. ‡•”‹…Š‡••‡•†‡Žǯˆ”‹“—‡‘‹”‡‘–ƒ—••‹’”‘ˆ‹–±ƒ—š…±Ž°„”‡•‡’‹”‡•±†‹±˜ƒ—š†‡•
Almoravides et même des Almohades . ǯ‹•Žƒ‹•ƒ–‹‘†‡Žǯˆ”‹“—‡‘‹”‡†‘‹–†—”‡•–‡‡••‡–‹‡ŽŽ‡‡–Žƒ–”ƒ‹–‡†‡•‘‹”•’ƒ”
les musulmƒ•ȋ˜‘‹”‡”‹ƒ„‘—”‡–ǡ‹•–‘‹”‡†‡•‘‹”•†ǯˆ”‹“—‡ǡǡͳͻͷͲǡ’Ǥ͵͸Ȍ Jacques Heers, qui se fonde en grande partie sur le travail des historiens africains contemporains, arrive exactement aux mêmes conclusions (Les négriers en terres †ǯ‹•ŽƒǡŽƒ’”‡‹°re traite des Noirs VII-­‐XVIème siècle, Perrin,2003.) On apprend aussi dans son ouvrage que la castration des esclaves mâles était chose couramment pratiquée. ƒ”‡˜—‡‡Ž‹‰‡±”‘†‘–‡ǡ…”±±‡’ƒ”†‡•’”‘ˆ‡••‡—”•†ǯŠ‹•–‘‹”‡ǡ‡––”ƒ˜ƒ‹ŽŽƒ–’ƒ”–‹”
de travaux de références, arrive aux mêmes conclusions. Les esclaves blancs de Bagdad venaient au début des pays slaves encore païens. ǯ±–ƒ‹‡–†‡•’”‹•‘‹‡”•†‡‰—‡””‡˜‡†—•’ƒ”Ž‡•—”‘’±‡•Ǥ  ±˜ƒŽ—‡  — ‹ŽŽ‹‘ Ž‡ ‘„”‡ †ǯŠƒ„‹–ƒ–• ‡Ž‡˜±• ‡ —”‘’‡ occidentale entre le16ème et le 18ème siècle, au temps de François 1er, Louis XIV et Louis XV. En Europe orientale et dans les Balkans, pendant la même période, les Ottomans pré-­‐
Ž‡˜°”‡–‡˜‹”‘–”‘‹•‹ŽŽ‹‘•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•Ǥ [91] La traite arabe a commencé en 652, dix ans après la mort de Mahomet, lorsque le gé-­‐
néral arabe Abdallah ben Sayd a imposé aux Nubiens (les habitants de la vallée supé-­‐
rieure du Nil) la livraison de 360 esclaves par an. Les spécialistes évaluent de douze à dix-­‐Š—‹– ‹ŽŽ‹‘• †ǯ‹†‹˜‹†—• Ž‡ ombre †ǯˆ”‹…ƒ‹•˜‹…–‹‡•†‡Žƒ–”ƒ‹–‡ƒ”ƒ„‡ƒ—…‘—”•†—†‡”‹‡”‹ŽŽ±ƒ‹”‡ǡ†—͹°‡ƒ—ʹͲ°‡
siècle: Ǽ ‘’ƒ”±  Žƒ –”ƒ‹–‡ †‡• ‘‹”• ‘”‰ƒ‹•±‡ ’ƒ” Ž‡• —”‘’±‡•ǡ Ž‡ –”ƒˆ‹… †ǯ‡•…Žƒ˜‡• †—
monde musulman a démarré plus tôt, a duré plus longtemps et, ce qui est plus impor-­‐
–ƒ–ǡƒ–‘—…Š±—’Ž—•‰”ƒ†‘„”‡†ǯ‡•…Žƒ˜‡•ǽǡ±…”‹–‡”±•—±Žǯ±…‘‘‹•–‡ƒ—Žƒi-­‐
roch. —ƒ–Žǯƒ„‘Ž‹–‹‘†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǡˆƒ—–-­‐il le rappeler ? elle a commencé dans les pays occidentaux : Š”‘‘Ž‘‰‹‡†‡Žǯƒ„‘Ž‹–‹‘†‡Žƒ–”ƒ‹–‡†‡•‘‹”•‡–†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǣ ͳ͹ͷͳǣ‡•—ƒ‡”•‹–‡”†‹•‡–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ƒ—•‡‹†‡Ž‡—”…‘—ƒ—–±Ǥ 1792 : Le Danemark est le premier pays à abolir la traite négrière. ͳ͹ͻ͵ǣ„‘Ž‹–‹‘†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ƒ‹–-­‐Domingue. 1794 : La Convention française abolit Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†ƒ•Ž‡•…‘Ž‘‹‡•Ǥ ͳͺͲʹǣƒ’‘Ž±‘‘ƒ’ƒ”–‡”±–ƒ„Ž‹–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥ 1807 : Abolition de la traite négrière aux États-­‐Unis et en Angleterre. 1815 : Les puissances européennes, dont la France, décident au congrès de Vienne †ǯƒ„‘Ž‹”Žƒ–”ƒ‹–‡±grière. ͳͺ͵͵ǣǯ‰Ž‡–‡””‡ƒ„‘Ž‹–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥ ͳͺͶͺȋʹ͹ƒ˜”‹ŽȌǣƒ”ƒ…‡ƒ„‘Ž‹–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥ 1865 : Les États-­‐Unis abolissent esclavage. ͳͺͺͺǣ‡”±•‹Ž‡•–Žƒ†‡”‹°”‡…‘Ž‘‹‡ƒ„‘Ž‹”Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥ ͳͻʹ͸ ǣ ‘ˆ±”‡…‡ ‹–‡”ƒ–‹‘ƒŽ‡ •—” Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡. La Société des Nations adopte une ‘˜‡–‹‘‹–‡”†‹•ƒ–Žƒ–”ƒ‹–‡‡–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡Ǥ ͳͻͶͺǣ±…Žƒ”ƒ–‹‘—‹˜‡”•‡ŽŽ‡†‡•†”‘‹–•†‡ŽǯŠ‘‡ƒ†‘’–±‡’ƒ”ŽǯǤ ‡•†‡”‹‡”•’ƒ›•Žǯƒ„‘Ž‹”‘ˆˆ‹…‹‡ŽŽ‡‡–ȋ…‡“—‹‡˜‡—–’ƒ•†‹”‡“—ǯ‹Ž•‘–…‡••±†‡Ž‡
prati“—‡”Ȍ •‘– †ǯƒ‹ŽŽ‡—”•ǤǤǤŽ‡• ‡–ƒ–• —•—Žƒ• ǣ ”ƒ„‹‡ ƒ‘—†‹–‡ǡ ͳͻͷͷ Ǣ ƒ—”‹–ƒ‹‡ǡ
1980... ƒ ƒ—”‹–ƒ‹‡ …‡’‡†ƒ– …‘–‹—‡ †‡ Ž‡ ’”ƒ–‹“—‡”Ǥ ǯ‡•– …‡ “—ǯƒˆˆ‹”‡ ‡ ‘†‡ †i-­‐
’Ž‘ƒ–‹“—‡ǡ’‘—”–ƒ–’‡—•—•’‡…–†ǯ‹•Žƒ‘’Š‘„‹‡ǡ‘—‡…‘”‡ǡ’Ž—••±”‹‡—šǡ‡•–›n-­‐
ternational. ‡”–ƒ‹• ‹–‡”˜‡ƒ–•ǡ …‘‡ Žǯ‘”‰ƒ‹•ƒ–‹‘ ƒ–‹‡•…Žƒ˜ƒ‰‹•–‡ •…Žƒ˜‡•ǡ ’‡•‡–
“—‡Ž‡’”‘„Ž°‡†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡…‘…‡”‡Žǯ‡•‡„Ž‡†‡Žƒ•‘…‹±–±ƒ—”‹–ƒ‹‡‡ ‡ ‘—†ƒǡ †ƒ• — …‘–‡š–‡ †‡ ‰—‡””‡ …‹˜‹Ž‡ ˜‹•ƒ–  Žǯ±…”ƒ•‡‡– †‡• ’‘’—Žƒ–‹‘ns ƒ‹‹•–‡• ‡– …Š”±–‹‡‡• †— —† ȋʹ ‹ŽŽ‹‘• †‡ ‘”–•  …‡ Œ‘—”Ȍǡ ǯ‡•– ’ƒ• ‡ ”‡•–‡ǡ
…‘‡‡–±‘‹‰‡Ž‡”ƒ’’‘”–ʹͲͲʹ†ǯ‡•–›–‡”ƒ–‹‘ƒŽǤ [92] Il faut préciser que la presse soudanaise est muselée et peine à dénoncer ces méfaits. Ainsi le 10 mai 2003, le journal Khartoum Monitor était condamné pour cette raison, ‘–ƒ‡–ǡ’‘—”̶‹•—Ž–‡Žǯ‹•Žƒ̶Ǥ En mars 1994, le délégué spécial des Nations-­‐‹‡•’‘—”Ž‡•”‘‹–•†‡ŽǯŠ‘‡ǡ
ƒs-­‐
’ƒ”‹”‘ǡƒˆƒ‹–…‘ƒÁ–”‡Žǯ‡š‹•–‡…‡ƒ—‘—†ƒ†‡…‡“—‹’‘—””ƒ‹–²–”‡ appelé des mar-­‐
…Š±•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•‘†‡”‡•Ǥ Comme toute marchandise, le prix de la chair humaine au Soudan a varié en fonction de la demande. En 1988, une arme automatique pouvait valoir six ou sept enfants esclaves. En 1989, une femme ou un enfant de la tribu Dinka -­‐ une peuplade pastoral du Nil de taille exceptionnellement grande -­‐ pouvait être achetée pour 90 $. En 1990, les raids ont augmenté, le marché inondé, et le prix est tombé à 15 $. ˆ±˜”‹‡”ͳͻͻͻǡŽǯƒ”‡…‘—“—‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡š‹•–ƒ‹–ƒ— Soudan. —‡ †‹”‡ †‡ Žǯ”ƒ„‹‡ ƒ‘—†‹–‡ǡ “—‹ ’”ƒ–‹“—‡ …‘—”ƒ‡– Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ †‘‡•–‹“—‡
(source : Amnesty International): "Le pire des sort est réservé aux nombreuses femmes employées comme domes-­‐
–‹“—‡•Ǥ‡—”•…‘†‹–‹‘•†‡˜‹‡•ǯƒ’’ƒ”‡–‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǡ‡Žles sont privées de leur pas-­‐
•‡’‘”–ǡ‡’‡—˜‡–•‘”–‹”†‡Žƒƒ‹•‘•ƒ•ƒ—–‘”‹•ƒ–‹‘ǡ‡’‡—˜‡–ˆ”±“—‡–‡”†ǯƒ—–”‡•
personnes et sont régulièrement battues et violées. Dans la très grande majorité des cas, …‡•ƒ„—•‡ˆ‘–Žǯ‘„Œ‡–†ǯƒ—…—‡’‘—”•—‹–‡‡–Ž‡s employeurs sont encouragés par cette impunité". —‡Žǯ‘……‹†‡–•‡•‘‹–”‡†—…‘—’ƒ„Ž‡†‡Žƒ–”ƒ‹–‡†‡•‘‹”•‡–†—…‘‡”…‡–”‹ƒ‰u-­‐
Žƒ‹”‡ ‡•– —‡ …Š‘•‡ “—‡ ‘—• ƒ†‡––‘• •ƒ• †‹ˆˆ‹…—Ž–±Ǥ ‡ Žƒ „‘—…Š‡ ²‡ †ǯŽ-­‐
Mawdudi : "Les livres écrits par les auteurs occidentaux eux-­‐mêmes témoignent de ces faits." On regrette que le même effort critique ne soit pas produit par les apologistes mu-­‐
sulmans". http://www.bladi.net/forum/37787-­‐lesclavage-­‐monde-­‐musulman/ [93] Esclaves chrétiens, maîtres musulmans. L'esclavage blanc en Méditerranée (1500-­1800) Cahors, Éditions Jacqueline Chambon, 2006, 335 p. Carmen Bernand L'une des scènes les plus populaires de Molière est celle où le fourbe Scapin extorque cinq cents écus à Géronte en lui faisant croire que son fils Léandre a été emmené à Alger comme esclave. « Que diable allait-­‐il faire dans cette galère ? » se lamente Géronte, qui finit par lui remettre cet argent, le prix de la rançon. Cet épisode des « Fourberies de Scapin », exposé sur le mode comique, révèle en fait une pratique relativement fré-­‐
quente et, en tout cas, dramatique que Robert C. Davis présente et analyse dans ce livre passionnant sur l'esclavage des chrétiens par les Turcs et leurs corsaires algérois, tuni-­‐
siens et tripolitains. L'esclavage des Blancs, explique l'auteur, minimisé et tenu pour re-­‐
lativement doux en comparaison de celui des Noirs dans les Amériques, offre pourtant des chiffres qui montrent l'étendue d'une activité qui se maintiendra jusqu'au XIXe siècle et ne disparaîtra qu'avec l'installation du colonialisme français. Combien de chrétiens Ȃ car il s'agit bien d'un prélèvement d'ennemis, d'infidèles, par les corsaires musulmans dont beaucoup sont des renégats Ȃ ont été soumis en escla-­‐
vage ? L'auteur, qui a travaillé principale-­‐
ment en Italie avec une documentation de première main Ȃ dont une partie émane des archives de Propaganda Fide Ȃ expose les difficultés de chiffrer de façon exacte le nombre des captifs ainsi que les biais inévi-­‐
tables de la documentation, fournie essen-­‐
tiellement par les ordres religieux qui avaient tendance à exagérer le nombre de ces esclaves. Toutefois, sur la base de cer-­‐
tains recoupements, R.C. Davis arrive à la conclusion qu'entre 1580 et 1680, la pé-­‐
riode la plus active de cette course méditer-­‐
ranéenne Ȃ les « Fourberies » datent de 1671 Ȃ on peut accepter une moyenne an-­‐
nuelle de 35 000 captifs vivants répartis, pour la grande majorité, à Alger et, en nombre moins important, à Tunis (6 000) et Tripoli, bien que d'autres bagnes aient existé notamment à Dulcigno (Montene-­‐
gro), en fait une étape dans la traversée de la Méditerranée jusqu'à Alger. S'il est vrai qu'aucun royaume européen n'était à l'abri des incursions corsaires, qui pouvaient remonter de Salé jusqu'au sud de l'Angleterre, ce sont les côtes espagnoles et italiennes qui furent les plus touchées par les razzias. Les corsaires ne se contentaient pas d'aborder des galères chrétiennes ou des bateaux de pêche : ils mouillaient dans des criques isolées et pénétraient dans les terres, pillaient, [94] saccageaient au passage, et emportaient des paysans ou des religieux, soit pour rançon-­‐
ner la famille, soit pour emmener leurs victimes dans les bagnes d'Alger ou d'ailleurs et en faire des esclaves. Avec justesse, l'auteur explique que ces prises non seulement ter-­‐
rorisaient les habitants du littoral et rendaient très risqués la pêche et le commerce ma-­‐
ritime, mais que la ponction humaine régulière et la difficulté de payer des rançons éle-­‐
vées de la part de ceux qui restaient, eurent pour conséquence la ruine d'une partie de ces populations et la décomposition du tissu social. La vie dans les bagnes, ainsi que les différentes fonctions des esclaves, est décrite avec des détails puisés dans la documentation examinée par l'auteur. Le passage con-­‐
cernant la vie dans les galères turques est saisissant, et R. Davis précise que le contraire était aussi cruel. Cependant, on a l'impression que ces esclaves étaient soumis à l'arbi-­‐
traire des maîtres, voire à leur sadisme. Par comparaison avec les esclaves noirs des Amériques, que R. Davis réduit à tort aux seules plantations alors que l'esclavage urbain était important (l'évoquer lui aurait permis une comparaison plus exacte avec Alger et les autres ports), ceux d'Afrique du Nord n'ont absolument aucun recours, même si les bagnes hébergent une petite chapelle. En Amérique ibérique, du moins dans les centres urbains, l'esclave jouit d'une protection minimale de l'Église ; son travail comme journa-­‐
lier lui permet de constituer un (maigre) pécule qui lui permettra de racheter sa liberté ; il est également nourri par son maître. En Afrique du Nord, l'esclave n'a rien et il doit acheter sa nourriture et payer son « logement » dans le bagne. Toutefois, il existait des différences très grandes entre les esclaves : d'une part, ceux qui pouvaient être rachetés à bon prix, qui savaient lire et qui jouissaient d'un régime moins sévère, d'autre part, les laissés pour compte : paysans et pêcheurs razziés qui finissaient souvent leurs jours at-­‐
tachés à la rame d'une galère. Pas de manumission mais une possibilité d'échapper à ce destin en abjurant sa religion. À plusieurs reprises, R. Davis affirme que la conversion à l'islam n'était pas recherchée par les maîtres d'esclaves ni par le pacha parce qu'elle les privait d'une main-­‐†̵à—˜”‡ „‘ ƒ”…Š±Ǥ ‡’‡†ƒ– „‡ƒ—…‘—’ ”‡‹°”‡– Ž‡—” ˆ‘‹ …Š”é-­‐
tienne, donnant par là aux frères rédempteurs, comme les Trinitaires, un argument pré-­‐
cieux pour recueillir les fonds destinés à payer les rançons. Un autre argument pour faire appel à la charité et réunir les sommes demandées par les corsaires et leurs com-­‐
manditaires, était le danger, pour les jeunes gens enlevés, de la sodomie ou du harem pour les jeunes filles. Les descriptions des bagnes et de leur ordonnancement consti-­‐
tuent un passage fort de ce livre, ainsi que la question des sabirs, de la lingua franca et de la difficile communication entre les uns et les autres. Signalons encore les observa-­‐
tions très fines sur la vie quotidienne et les menaces constantes d'incursions corsaires : les victimes, dit l'auteur, « prenaient la mer un matin et disparaissaient purement et simplement » sans laisser de trace. Les plus fortunés de ces captifs réussissaient après des années à envoyer une lettre à leur famille. D'autres, illettrés ne pouvant se payer ni le scribe, ni l'encre ni le papier, restaient « disparus ». Quant aux corsaires, pour la plu-­‐
part des renégats animés par la haine et le ressentiment envers leurs anciens frères chrétiens, ils s'en prenaient aux symboles religieux, croix, images, chapelles, qu'ils sac-­‐
cageaient. La dernière partie retrace le retour des captifs, une fois rédimés, dans leur pays natal. En moyenne, ils passaient cinq ou six ans en captivité. Or, le retour de l'absent n'était pas aisé et de nombreux cas montrent que, les familles s'étant accommodées de leur ab-­‐
sence, leur réapparition remettait en cause les héritages, les dots, les mariages et l'équi-­‐
libre de la maisonnée. Signalons le chapitre consacré au rôle des frères rédempteurs, trinitaires ou mercédaires, et aux rituels que ceux-­‐ci accomplissaient afin d'effacer la [95] « souillure » de l'esclavage et de réintroduire le chrétien dans un tissu social où il de-­‐
meurait l'obligé de ceux qui avaient payé sa rançon et restait, au moins symboliquement, l'esclave des moines ou des puissants. Un esclave reste un esclave, et le négrier n'a ni race ni couleur : Robert Davis a raison de mettre l'accent sur ce drame méditerranéen, souvent oublié par le « politiquement correct ». Jusqu'à quel point la tragédie de cet esclavage chrétien inspira les critiques abolitionnistes, comme il le suggère à la fin de son ouvrage ? La réponse n'est pas claire mais la richesse des matériaux nous incite à rechercher cette connexion et à rapprocher toutes les formes d'exploitation du travail servile pour en saisir la redoutable logique, quels que soient ceux qui l'ont développée. Les Archives... cinquante ans après, [En ligne], mis en ligne le 12 février 2007. URL : http://assr.revues.org/index3905.html. Consulté le 02 février 2009.
[96] L'histoire oubliée des Blancs réduits en esclavage
Les Blancs ont oublié ce dont les Noirs se souviennent
Robert C. Davis, Christian Slaves, Muslim Masters: White Slavery in the Mediterranean, the Barbary Coast, and Italy, 1500-­1800, Palgrave Macmillan, 2003, 246 pages, 35 dollars US. Présenté par Thomas Jackson Dans son exposé instructif sur l'esclavage barbaresque, Robert C. Davis remarque que les historiens américains ont étudié tous les aspects de l'esclavage des Africains par les Blancs mais ont largement ignoré l'esclavage des Blancs par les Nord-­‐Africains. Christian Slaves, Muslim Masters [Esclaves chrétiens, maîtres musulmans] est un récit soigneuse-­‐
ment documenté et clairement écrit de ce que le Prof. Davis nomme «l'autre esclavage», qui s'épanouit durant approximativement la même période que le trafic trans-­‐
atlantique, et qui dévasta des centaines de communautés côtières européennes. Dans la pensée des Blancs d'aujourd'hui, l'esclavage ne joue pas du tout le rôle central qu'il joue chez les Noirs, mais pas parce qu'il fut un problème de courte durée ou sans importance. L'histoire de l'esclavage méditerranéen est, en fait, aussi sombre que les descriptions les plus tendancieuses de l'esclavage américain. Le Prof. Davis, qui enseigne l'histoire so-­‐
ciale italienne à l'Université d'Etat de l'Ohio, projette une lumière perçante sur ce coin fascinant mais négligé de l'histoire. Un commerce en gros La côte barbaresque, qui s'étend du Maroc à la Libye moderne, fut le foyer d'une in-­‐
dustrie florissante de rapt d'êtres humains depuis 1500 jusqu'à 1800 environ. Les grandes capitales esclavagistes étaient Salé au Maroc, Tunis, Alger et Tripoli, et pendant la plus grande partie de cette période les marines européennes étaient trop faibles pour opposer plus qu'une résistance symbolique. Le trafic trans-­‐atlantique des Noirs était strictement commercial, mais pour les Arabes, les souvenirs des Croisades et la fureur d'avoir été expulsés d'Espagne en 1492 semblent avoir motivé une campagne de rapt de chrétiens, ressemblant presque à un djihad. «Ce fut peut-­‐être cet aiguillon de la vengeance, opposé aux marchandages af-­‐
fables de la place du marché, qui rendit les esclavagistes islamiques tellement plus agressifs et initialement (pourrait-­‐on dire) plus prospères dans leur travail que leurs homologues chrétiens», écrit le Prof. Davis. Pendant les XVIe et XVIIe siècles, plus d'es-­‐
claves furent emmenés vers le sud à travers la Méditerranée que vers l'ouest à travers l'Atlantique. Certains furent rendus à leurs familles contre une rançon, certains furent utilisés pour le travail forcé en Afrique du Nord, et les moins chanceux moururent à la tâche comme esclaves sur les galères. Ce qui est le plus frappant concernant les raids esclavagistes barbaresques est leur ampleur et leur portée. Les pirates kidnappaient la plupart de leurs esclaves en intercep-­‐
tant des bateaux, mais ils organisaient aussi d'énormes assauts amphibies qui dépeuplè-­‐
rent pratiquement des parties de la côte italienne. L'Italie était la cible la plus appréciée, [97] en partie parce que la Sicile n'est qu'à 200 km de Tunis, mais aussi parce qu'elle n'avait pas de gouvernement central fort qui aurait pu résister à l'invasion. De grands raids ne rencontraient souvent aucune résistance. Quand les pirates mirent à sac Vieste dans le sud de l'Italie en 1554, par exemple, ils enlevèrent un total stupéfiant de 6.000 captifs. Les Algériens enlevèrent 7.000 esclaves dans la baie de Naples en 1544, un raid qui fit tellement chuter le prix des esclaves qu'on disait pouvoir «troquer un chrétien pour un oignon». L'Espagne aussi subit des attaques de grande ampleur. Après un raid sur Grenade en 1556 qui rapporta 4.000 hommes, femmes et enfants, on disait qu'il «pleuvait des chrétiens sur Alger». Pour chaque grand raid de ce genre, il a dû y en avoir des douzaines de plus petits. L'apparition d'une grande flotte pouvait faire fuir toute la population à l'intérieur des terres, vidant les régions côtières. En 1566, un groupe de 6.000 Turcs et corsaires tra-­‐
versa l'Adriatique et débarqua à Fracaville. Les autorités ne purent rien faire, et recom-­‐
mandèrent l'évacuation complète, laissant aux Turcs le contrôle de plus de 1300 kilo-­‐
mètres carrés de villages abandonnés jusqu'à Serracapriola. Quand les pirates apparaissaient, les gens fuyaient souvent la côte pour aller dans la ville la plus proche, mais le Prof. Davis explique que ce n'était pas toujours une bonne stratégie: «Plus d'une ville de taille moyenne, bondée de réfugiés, fut incapable de sou-­‐
tenir un assaut frontal par plusieurs centaines de corsaires, et le reis [capitaine des cor-­‐
saires] qui aurait dû autrement chercher les esclaves par quelques douzaines à la fois le long des plages et dans les collines, pouvait trouver un millier ou plus de captifs oppor-­‐
tunément rassemblés en un seul endroit pour être pris.» Les pirates revenaient encore et encore pour piller le même territoire. En plus d'un bien plus grand nombre de petits raids, la côte calabraise subit les déprédations sui-­‐
vantes, de plus en plus graves, en moins de dix ans: 700 personnes capturées en un seul raid en 1636, un millier en 1639 et 4.000 en 1644. Durant les XVIe et XVIIe siècles, les pirates installèrent des bases semi-­‐permanentes sur les îles d'Ischia et de Procida, presque dans l'embouchure de la baie de Naples, d'où ils faisaient leur choix de trafic commercial. Quand ils débarquaient sur le rivage, les corsaires musulmans ne manquaient pas de profaner les églises. Ils dérobaient souvent les cloches, pas seulement parce que le métal avait de la valeur mais aussi pour réduire au silence la voix distinctive du christianisme. Dans les petits raids plus fréquents, un petit nombre de bateaux opéraient furtive-­‐
ment, tombant sur les établissements côtiers au milieu de la nuit de manière à attraper les gens «paisibles et encore nus dans leur lit». Cette pratique donna naissance à l'ex-­‐
pression sicilienne moderne, pigliato dai turchi, «pris par les Turcs», ce qui veut dire être attrapé par surprise en étant endormi ou affolé. La prédation constante faisait un terrible nombre de victimes. Les femmes étaient plus faciles à attraper que les hommes, et les régions côtières pouvaient rapidement perdre toutes leurs femmes en âge d'avoir des enfants. Les pêcheurs avaient peur de sortir, ou ne prenaient la mer qu'en convois. Finalement, les Italiens abandonnèrent une grande partie de leurs côtes. Comme l'explique le Prof. Davis, à la fin du XVIIe siècle «la péninsule ita-­‐
lienne avait alors été la proie des corsaires barbaresques depuis deux siècles ou plus, et ses populations côtières s'étaient alors en grande partie retirées dans des villages fortifiés sur des collines ou dans des villes plus grandes comme Rimini, abandonnant des kilo-­‐
mètres de rivages autrefois peuplés aux vagabonds et aux flibustiers». [98] C'est seulement vers 1700 que les Italiens purent empêcher les raids terrestres spec-­‐
taculaires, bien que la piraterie sur les mers continua sans obstacles. Le Prof. Davis pense que la piraterie conduisit l'Espagne et surtout l'Italie à se détourner de la mer et à perdre leurs traditions de commerce et de navigation, avec des effets dévastateurs: «Du moins pour l'Ibérie et l'Italie, le XVIIe siècle représenta une période sombre dont les so-­‐
ciétés espagnole et italienne émergèrent comme de simples ombres de ce qu'elles avaient été durant les époques dorées antérieures.» Certains pirates arabes étaient d'habiles navigateurs de haute mer, et terrorisèrent les chrétiens jusqu'à une distance de 1600 km. Un raid spectaculaire jusqu'en Islande en 1627 rapporta près de 400 captifs. Nous pensons que l'Angleterre était une redoutable puissance maritime dès l'époque de Francis Drake, mais pendant tout le XVIIe siècle, les pirates arabes opérèrent librement dans les eaux britanniques, pénétrant même dans l'estuaire de la Tamise pour faire des prises et des raids sur les villes côtières. En seule-­‐
ment trois ans, de 1606 à 1609, la marine britannique reconnut avoir perdu pas moins de 466 navires marchands britanniques et écossais du fait des corsaires algériens. Au milieu des années 1600, les Britanniques se livraient à un actif trafic trans-­‐atlantique de Noirs, mais beaucoup des équipages britanniques eux-­‐mêmes devenaient la propriété des pirates arabes. La vie sous le fouet Les attaques terrestres pouvaient être très fructueuses, mais elles étaient plus ris-­‐
quées que les prises en mer. Les navires étaient par conséquent la principale source d'esclaves blancs. A la différence de leurs victimes, les navires corsaires avaient deux moyens de propulsion: les esclaves des galères en plus des voiles. Cela signifiait qu'ils pouvaient avancer à la rame vers un bateau encalminé et l'attaquer quand ils le vou-­‐
laient. Ils portaient de nombreux drapeaux différents, donc quand ils naviguaient ils pouvaient arborer le pavillon qui avait le plus de chances de tromper une proie. Un navire marchand de bonne taille pouvait porter environ 20 marins en assez bonne santé pour durer quelques années dans les galères, et les passagers étaient habituelle-­‐
ment bons pour en tirer une rançon. Les nobles et les riches marchands étaient des prises attractives, de même que les Juifs, qui pouvaient généralement rapporter une forte rançon de la part de leurs coreligionnaires. Les hauts dignitaires du clergé étaient aussi précieux parce que le Vatican payait habituellement n'importe quel prix pour les tirer des mains des infidèles. A l'approche des pirates, les passagers enlevaient souvent leurs beaux vêtements et tentaient de s'habiller aussi pauvrement que possible, dans l'espoir que leurs ravisseurs les rendraient à leur famille contre une rançon modeste. Cet effort était inutile si les pi-­‐
rates torturaient le capitaine pour avoir des informations sur les passagers. Il était aussi courant de faire déshabiller les hommes, à la fois pour rechercher des objets de valeur cousus dans leurs vêtements et pour voir si des Juifs circoncis ne s'étaient pas déguisés en chrétiens. Si les pirates étaient à court d'esclaves pour les galères, ils pouvaient mettre certains de leurs captifs au travail immédiatement, mais les prisonniers étaient généralement mis dans la cale pour le voyage de retour. Ils étaient entassés, pouvant à peine bouger dans la saleté, la puanteur et la vermine, et beaucoup mouraient avant d'atteindre le port. [99] Dès l'arrivée en Afrique du Nord, c'était la tradition de faire défiler les chrétiens ré-­‐
cemment capturés dans les rues, pour que les gens puissent se moquer d'eux et que les enfants puissent les couvrir d'ordures. Au marché aux esclaves, les hommes étaient obli-­‐
gés de sautiller pour prouver qu'ils n'étaient pas boiteux, et les acheteurs voulaient sou-­‐
vent les faire mettre nus pour voir s'ils étaient en bonne santé. Cela permettait aussi d'évaluer la valeur sexuelle des hommes comme des femmes; les concubines blanches avaient une valeur élevée, et toutes les capitales esclavagistes avaient un réseau homo-­‐
sexuel florissant. Les acheteurs qui espéraient faire un profit rapide avec une forte ran-­‐
çon examinaient les lobes d'oreilles pour repérer des marques de piercing, ce qui était une indication de richesse. Il était aussi habituel de regarder les dents d'un captif pour voir s'il pourrait survivre à un dur régime d'esclave. Le pacha ou souverain de la région recevait un certain pourcentage d'esclaves comme une forme d'impôt sur le revenu. Ceux-­‐ci étaient presque toujours des hommes, et deve-­‐
naient propriété du gouvernement plutôt que propriété privée. A la différence des es-­‐
claves privés, qui embarquaient habituellement avec leur maître, ils vivaient dans les bagnos ou «bains», ainsi que les magasins d'esclaves du pacha étaient appelés. Il était habituel de raser la tête et la barbe des esclaves publics comme une humiliation sup-­‐
plémentaire, dans une période où la tête et la pilosité faciale étaient une part importante de l'identité masculine. La plupart de ces esclaves publics passaient le reste de leur vie comme esclaves sur les galères, et il est difficile d'imaginer une existence plus misérable. Les hommes étaient enchaînés trois, quatre ou cinq par aviron, leurs chevilles enchaînées ensemble aussi. Les rameurs ne quittaient jamais leur rame, et quand on les laissait dormir, ils dor-­‐
maient sur leur banc. Les esclaves pouvaient se pousser les uns les autres pour se soula-­‐
ger dans une ouverture de la coque, mais ils étaient souvent trop épuisés ou découragés pour bouger, et se souillaient là où ils étaient assis. Ils n'avaient aucune protection contre le brûlant soleil méditerranéen, et leur maître écorchait leur dos déjà à vif avec Ž̵‹•–”—‡–†̵‡…‘—”ƒ‰‡‡–ˆƒ˜‘”‹†—…‘†—…–‡—”†̵‡•…Žƒ˜‡•ǡ—’±‹•†‡„à—ˆƒŽŽ‘‰±
‘—Ǽ‡”ˆ†‡„à—ˆǽǤŽ̵› avait presque aucun espoir d'évasion ou de secours; le travail d'un esclave de galère était de se tuer à la tâche -­‐-­‐ principalement dans des raids pour capturer encore plus de malheureux comme lui -­‐-­‐ et son maître le jetait par-­‐dessus bord au premier signe de maladie grave. Quand la flotte pirate était au port, les esclaves de galères vivaient dans le bagno et faisaient tout le travail sale, dangereux ou épuisant que le pacha leur ordonnait de faire. C'était habituellement tailler et traîner des pierres, draguer le port, ou les ouvrages pé-­‐
nibles. Les esclaves se trouvant dans la flotte du Sultan turc n'avaient même pas ce choix. Ils étaient souvent en mer pendant des mois d'affilée, et restaient enchaînés à leurs rames même au port. Leurs bateaux étaient des prisons à vie. D'autres esclaves sur la côte barbaresque avaient des travaux plus variés. Souvent ils faisaient du travail de propriétaire ou agricole du genre que nous associons à l'esclavage en Amérique, mais ceux qui avaient des compétences étaient souvent loués par leurs pro-­‐
priétaire. Certains maîtres relâchaient simplement leurs esclaves pendant la journée avec l'ordre de revenir avec une certaine quantité d'argent le soir sous peine d'être sévèrement battus. Les maîtres semblaient attendre un bénéfice d'environ 20% sur le prix d'achat. Quoi qu'ils faisaient, à Tunis et à Tripoli, les esclaves portaient habituellement un anneau de fer autour d'une cheville, et étaient chargés d'une chaîne pesant 11 ou 14 kg. [100] Certains maîtres mettaient leurs esclaves blancs au travail dans des fermes loin à l'in-­‐
térieur des terres, où ils affrontaient encore un autre péril: la capture et un nouvel escla-­‐
vage par des raids de Berbères. Ces infortunés ne verraient probablement plus jamais un autre Européen pendant le reste de leur courte vie. Le Prof. Davis remarque qu'il n'y avait aucun obstacle à la cruauté: «Il n'y avait pas de force équivalente pour protéger l'esclave de la violence de son maître: pas de lois locales contre la cruauté, pas d'opinion publique bienveillante, et rarement de pression efficace de la part des Etats étrangers». Les esclaves n'étaient pas seulement des marchandises, ils étaient des infidèles, et méritaient toutes les souffrances qu'un maître leur infligeait. Le Prof. Davis note que «tous les esclaves qui vécurent dans les bagnos et qui survé-­‐
curent pour écrire leurs expériences soulignèrent la cruauté et la violence endémiques pratiquées ici». La punition favorite était la bastonnade, par lequel un homme était mis sur le dos et ses chevilles attachées et suspendu par la taille pour être battu longuement sur la plante des pieds. Un esclave pouvait recevoir jusqu'à 150 ou 200 coups, qui pou-­‐
vaient le laisser estropié. La violence systématique transformait beaucoup d'hommes en automates. Les esclaves chrétiens étaient souvent si abondants et si bon marché qu'il n'y avait aucun intérêt à s'en occuper; beaucoup de propriétaires les faisaient travailler jus-­‐
qu'à la mort et achetaient des remplaçants. Le système d'esclavage n'était cependant pas entièrement sans humanité. Les es-­‐
claves recevaient habituellement congé le vendredi. De même, quand les hommes du bagno étaient au port, ils avaient une heure ou deux de temps libre chaque jour entre la fin du travail et avant que les portes du bagno ne soient fermées pour la nuit. Durant ce temps, les esclaves pouvaient travailler pour une paie, mais ils ne pouvaient pas garder tout l'argent qu'ils gagnaient. Même les esclaves du bagno étaient taxés d'une somme pour leurs logements sales et leur nourriture rance. Les esclaves publics contribuaient aussi à un fonds pour entretenir les prêtres du ba-­‐
gno. C'était une époque très religieuse, et même dans les plus horribles conditions, les hommes voulaient avoir une chance de se confesser et -­‐-­‐ plus important -­‐-­‐ de recevoir l'extrême-­‐onction. Il y avait presque toujours un prêtre captif ou deux dans le bagno, mais pour qu'il reste disponible pour ses devoirs religieux, les autres esclaves devaient contribuer et racheter son temps au pacha. Certains esclaves de galères n'avaient donc plus rien pour acheter de la nourriture ou des vêtements, bien que durant certaines pé-­‐
riodes des Européens libres vivant dans les villes barbaresques contribuaient aux frais d'entretien des prêtres des bagnos. Pour quelques-­‐uns, l'esclavage devenait plus que supportable. Certains métiers -­‐-­‐ en particulier celui de constructeur de navire -­‐-­‐ étaient si recherchés qu'un propriétaire pouvait récompenser son esclave avec une villa privée et des maîtresses. Même quelques résidents du bagno réussirent à exploiter l'hypocrisie de la société islamique et à améliorer leur condition. La loi interdisait strictement aux musulmans de faire le commerce de l'alcool, mais était plus indulgente avec les musulmans qui le consom-­‐
maient seulement. Des esclaves entreprenants établirent des tavernes dans les bagnos et certains eurent la belle vie en servant les buveurs musulmans. Une manière d'alléger le poids de l'esclavage était de «prendre le turban» et de se convertir à l'islam. Cela exemptait un homme du service dans les galères, des ouvrages pénibles, et de quelques autres brimades indignes d'un fils du Prophète, mais ne le fai-­‐
sait pas sortir de la condition d'esclave. L'un des travaux des prêtres des bagnos était d'empêcher les hommes désespérés de se convertir, mais la plupart des esclaves sem-­‐
[101] blent ne pas avoir eu besoin de conseil religieux. Les chrétiens pensaient que la conver-­‐
sion mettrait leur âme en danger, et elle signifiait aussi le déplaisant rituel de la circon-­‐
cision adulte. Beaucoup d'esclaves semblent avoir enduré les horreurs de l'esclavage en les considérant comme une punition pour leurs péchés et comme une épreuve pour leur foi. Les maîtres décourageaient les conversions parce qu'elles limitaient le recours aux mauvais traitements et abaissaient la valeur de revente d'un esclave. Rançon et rachat Pour les esclaves, l'évasion était impossible. Ils étaient trop loin de chez eux, étaient souvent enchaînés, et pouvaient être immédiatement identifiés par leurs traits euro-­‐
péens. Le seul espoir était la rançon. Parfois, la chance venait rapidement. Si un groupe de pirates avait déjà capturé tant d'hommes qu'il n'avait plus assez d'espace sous le pont, il pouvait faire un raid sur une ville et ensuite revenir quelques jours plus tard pour revendre les captifs à leurs fa-­‐
milles. C'était généralement à un prix bien plus faible que celui du rançonnement de quelqu'un à partir de l'Afrique du Nord, mais c'était encore bien plus que des paysans pouvaient se le permettre. Les fermiers n'avaient généralement pas d'argent liquide, et pas de biens à part la maison et la terre. Un marchand était généralement prêt à les ac-­‐
quérir pour un prix modique, mais cela signifiait qu'un captif revenait dans une famille qui était complètement ruinée. La plupart des esclaves ne rachetaient leur retour qu'après être passés par l'épreuve du passage en pays barbaresque et de la vente à un spéculateur. Les riches captifs pou-­‐
vaient généralement trouver une rançon suffisante, mais la plupart des esclaves ne le pouvaient pas. Les paysans illettrés ne pouvaient pas écrire à la maison et même s'ils le faisaient, il n'y avait pas d'argent pour une rançon. ƒƒŒ‘”‹–±†‡•‡•…Žƒ˜‡•†±’‡†ƒ‹–†‘…†‡Ž̵à—˜”‡…Šƒ”‹–ƒ„Ž‡†‡•”‹‹–ƒ‹”‡•ȋˆ‘†±
en Italie en 1193) et de celle des Mercedariens (fondé en Espagne en 1203). Ceux-­‐ci étaient des ordres religieux établis pour libérer les Croisés détenus par les musulmans, ƒ‹•‹Ž•–”ƒ•ˆ±”°”‡–„‹‡–Ø–Ž‡—”à—˜”‡ƒ—”ƒ…Šƒ–†‡•‡•…Žƒ˜‡•†±–‡—•’ƒ”Ž‡•ƒ”„a-­‐
resques, collectant de l'argent spécifiquement dans ce but. Souvent ils plaçaient des boîtes à serrure devant les églises avec l'inscription «Pour la récupération des pauvres ‡•…Žƒ˜‡•ǽǡ‡–Ž‡…Ž‡”‰±ƒ’’‡Žƒ‹–Ž‡•”‹…Š‡•…Š”±–‹‡•Žƒ‹••‡”†‡Ž̵ƒ”‰‡–†ƒ•Ž‡—”•˜à—š
de rédemption. Les deux ordres devinrent des négociateurs habiles, et réussissaient ha-­‐
bituellement à racheter les esclaves à des meilleurs prix que ceux obtenus par des libé-­‐
rateurs inexpérimentés. Cependant, il n'y avait jamais assez d'argent pour libérer beau-­‐
coup de captifs, et le Prof. Davis estime que pas plus de 3 ou 4% des esclaves étaient rançonnés en une seule année. Cela signifie que la plupart laissèrent leurs os dans les tombes chrétiennes sans marque en-­‐dehors des murs des villes. Les ordres religieux conservaient des comptes précis de leurs succès. Les Trinitaires espagnols, par exemple, menèrent 72 expéditions de rachats dans les années 1600, comptant en moyenne 220 libérations chacune. Il était habituel de ramener les esclaves libérés chez eux et de les faire marcher dans les rues des villes dans de grandes célébra-­‐
tions. Ces défilés devinrent l'un des spectacles urbains les plus caractéristiques de l'époque, et avaient une forte orientation religieuse. Parfois les esclaves marchaient dans leurs vieux haillons d'esclaves pour souligner les tourments qu'ils avaient subis; parfois ils portaient des costumes blancs spéciaux pour symboliser la renaissance. D'après les [102] archives de l'époque, beaucoup d'esclaves libérés ne se rétablissaient jamais complète-­‐
ment après leurs épreuves, particulièrement s'ils avaient passé beaucoup d'années en captivité. Combien d'esclaves? Le Prof. Davis remarque que des recherches énormes ont été faites pour évaluer aussi exactement que possible le nombre de Noirs emmenés à travers l'Atlantique, mais qu'il n'y a pas eu d'effort semblable pour connaître l'ampleur de l'esclavage en Méditerranée. Il n'est pas facile d'obtenir un compte fiable -­‐-­‐ les Arabes eux-­‐mêmes ne conservaient généralement pas d'archives -­‐-­‐ mais au cours de dix années de recherches le Prof. Davis a développé une méthode d'estimation. Par exemple, les archives suggèrent que de 1580 à 1680 il y a eu une moyenne de quelques 35.000 esclaves en pays barbaresque. Il y avait une perte régulière du fait des morts et des rachats, donc si la population restait constante, le taux de capture de nou-­‐
veaux esclaves par les pirates devait égaler le taux d'usure. Il y a de bonnes bases pour estimer les taux de décès. Par exemple, on sait que sur les près de 400 Islandais capturés en 1627, il ne restait que 70 survivants huit ans plus tard. En plus de la malnutrition, de la surpopulation, de l'excès de travail et des punitions brutales, les esclaves subissaient des épidémies de peste, qui éliminaient généralement 20 ou 30% des esclaves blancs. Par un certain nombre de sources, le Prof. Davis estime donc que le taux de décès était d'environ 20% par an. Les esclaves n'avaient pas accès aux femmes, donc le rem-­‐
placement se faisait exclusivement par des captures. Sa conclusion: «Entre 1530 et 1780, il y eut presque certainement un million et peut-­‐être bien jusqu'à un million et un quart de chrétiens européens blancs asservis par les musulmans de la côte barbaresque». Cela dépasse considérablement le chiffre généralement accepté de 800.000 Africains trans-­‐
portés dans les colonies d'Amérique du Nord et, plus tard, dans les Etats-­‐Unis. Les puissances européennes furent incapables de mettre fin à ce trafic. Le Prof. Davis explique qu'à la fin des années 1700, elles contrôlaient mieux ce commerce, mais qu'il y eut une reprise de l'esclavage des Blancs pendant le chaos des guerres napoléoniennes. La navigation américaine ne fut pas exempte non plus de la prédation. C'est seule-­‐
ment en 1815, après deux guerres contre eux, que les marins américains furent débar-­‐
rassés des pirates barbaresques. Ces guerres furent des opérations importantes pour la jeune république; une campagne est rappelée par les paroles «vers les rivages de Tripo-­‐
li» dans l'hymne de la marine. Quand les Français prirent Alger en 1830, il y avait encore 120 esclaves blancs dans le bagno. Pourquoi y a-­‐t-­‐il si peu d'intérêt pour l'esclavage en Méditerranée alors que l'érudi-­‐
tion et la réflexion sur l'esclavage des Noirs ne finit jamais? Comme l'explique le Prof. Davis, des esclaves blancs avec des maîtres non-­‐blancs ne cadrent simplement pas avec «le récit maître de l'impérialisme européen». Les schémas de victimisation si chers aux intellectuels requièrent de la méchanceté blanche, pas des souffrances blanches. Le Prof. Davis remarque aussi que l'expérience européenne de l'asservissement à grande échelle fait apparaître le mensonge d'un autre thème gauchiste favori: que l'es-­‐
clavage des Noirs aurait été un pas crucial dans l'établissement des concepts européens de race et de hiérarchie raciale. Ce n'est pas le cas; pendant des siècles, les Européens vécurent eux-­‐mêmes dans la peur du fouet, et un grand nombre assista aux défilés de [103] rachat des esclaves libérés, qui étaient tous blancs. L'esclavage était un sort plus facile-­‐
ment imaginable pour eux-­‐mêmes que pour les lointains Africains. Avec un peu d'efforts, il est possible d'imaginer les Européens se préoccupant de l'es-­‐
clavage autant que les Noirs. Si les Européens nourrissaient des griefs concernant les esclaves des galères de la même manière que les Noirs font pour les travailleurs des champs, la politique européenne serait certainement différente. Il n'y aurait pas d'ex-­‐
cuses rampantes pour les Croisades, peu d'immigration musulmane en Europe, les mi-­‐
narets ne pousseraient pas dans toute l'Europe, et la Turquie ne rêverait pas de re-­‐
joindre l'Union Européenne. Le passé ne peut pas être changé, et les regrets peuvent être pris à l'excès, mais ceux qui oublient paient aussi un prix élevé. http://www.solargeneral.com/mirrors/Flawless%20Logic%20Library/library.flawle
sslogic.com/slavery_fr.htm [104] H istoire: L a traite oubliée des esclaves chrétiens raz-
ziés par les musulmans
Bien au-delà des récits, plus ou moins romancés, de traite des blanches de nos enfances, ce
VHUDLWVHORQO¶KLVWRULHQDPpULFDLQ5REHUW&'DYLVGRQWOH)LJDURSUpVHQWHDXMRXUG¶KXLOHGHrQLHUOLYUHSOXVG¶XQPLOOLRQGHSHUVRQQHVGHVFKUpWLHQVGRQFHWSULQFLSDOHPHQWGHVKRPPHV
habitant leVF{WHVPpGLWHUUDQpHQQHVGXVXGGHO¶(XURSHQRWDPPHQWG¶,WDOLHHWGH)UDQFHRX
G¶(VSDJQH GRQW OH IDPHX[ &HUYDQWHV OXL-même !), qui entre 1530 et 1780 ont été vendus
FRPPHHVFODYHVGDQVOHVPDUFKpVGHVJUDQGHVYLOOHVGHOD³%DUEDULH´$OJHU7ULSROLRX7Xnis.
Razzias permanentes qui hanteront et traumatiseront pendant des siècles des villages enWLHUVFRPPHHQWpPRLJQHQWHQFRUHDXMRXUG¶KXLFHVLQpYLWDEOHVWRXUVGHJXHWHWODFRQVWUXFWLRQ
systématique sur des promontoires rocheux, faisant dos à la mer. Mais DXVVL« OD WrWH GH
Maure du drapeau corse !
Les conditions, souvent dans des sortes de bagnes publics, étaient particulièrement atroces
DYRLU GHV HVFODYHV FKUpWLHQV pWDQW DSSDUHPPHQW XQH PDQLqUH G¶DIILUPHU OD SULPDXWp GH
O¶LVODP DYHF XQ WDX[ GH PRUWDOLWé très élevé (autour de 15 % vs 10% pour la traite noire
atlanWLTXHPDLVMXVTX¶j«GDQVODWUDLWHPXVXOPDQH
&HUWDLQVUD]]LpVLURQWPrPHMXVTX¶jVHFRQYHUWLUjO¶,VODPHWPHQHUHQVXLWHjOHXUWRXUGHV
razzias contre leurs anciens compatriotes. Sans parler de ces Occidentaux qui, comme par
H[HPSOHO¶RUGUHGH0DOWHVHPLUHQWjSRVVpGDLHQWHX[DXVVLOHXUVHVFODYHV«PXVXOPDQVFHWWH
fois !
'RQFSDVGH³FRGHQRLU´LFLSRXUOLPLWHUOHVSRXYRLUVGXPDvWUHPXVXOPDQVXUVRQHVFODYH
même si les captifs pouvaient, à la différence de la traite africaine et moyennant rançon,
pFKDSSHU j OHXU FDSWLYLWp $YHF KpODV FRPPH DXMRXUG¶KXL HQ Afrique orientale ou dans les
DIIDLUHV GH SULVHV G¶RWDJes au Moyen-RULHQW O¶HIIHW SHUYHUV TXDQG GHV LQVWLWXWLRQV UHOi[105] JLHXVHV YRQW V¶HQ PrOHU GH UHQGUH O¶DIIDLUH SOXV UHQWDEOH SRXU OHV UD]]LHXUV HW GRQF«
G¶DFFHQWXHUOHVGLWVUDLGV
-XVTX¶DX[IORWWHVGHVXSHUSXLVVDQFHVFRPPHO¶$QJOHWHUUHRXOD)UDQFHTXLVe virent forcées
GHSD\HUGHVWULEXWVDX[GH\VRXDX[FpOqEUHV«%DUEHURXVVHVGHOD³&{WHEDUEDUH´DYHFOH
PrPH HIIHW SHUYHUV G¶LQFLWHU j OD SULVH HQ RWDJH GH YDLVVHDX[ HQWLHUV (W LO IDXGUD GRQF Dttendre que le jeune état américain en ait assez de payer son million de dollars annuel et la
FUpDWLRQG¶XQHIORWWHDVVH]SXLVVDQWH± assistée des fameux Marines avec leur non moins céOqEUHK\PQH³7RWKHVKRUHVRI7ULSROL´ - SRXUILQDOHPHQWDUUrWHUWRXWoDG¶DERUGHQ
puis finalement en 1815 !
Razzias en terres chrétiennes
Jacques de Saint-Victor
Le Figaro Littéraire
11 mai 2006
/¶KLVWRULHQDPpULFDLQ5REHUW&'DYLVUDSSHOOHTXHSOXVG¶XQPLOOLRQGe chrétiens ont été
asservis par les Barbaresques entre le XVIe et le XVIIIe siècle.
VOILÀ UN LIVRE savant qui fera date en ce lendemain de la journée commémorative de
O¶DEROLWLRQGHO¶HVFODYDJH/¶pWXGHGHO¶KLVWRULHQDPpULFDLQ5REHUW&'DYLVYLHQWDSSRUter un
élément entièrement nouveau dans ce dossier en évoquant la traite dont les chrétiens furent
victimes par les arabo-musulmans en Méditerranée du XVIe et XVIIIe siècle. Son travail, le
SUHPLHUG¶XQHWHOOHDPSOHXUUHQRXYHOOHODFRQQDLVVDQFHTXHO¶RQSHXWDYRLUGHO¶HVFODYDJHFH
FULPHFRQWUHO¶KXPDQLWpGRQWODOLVWHGHVSUDWLTXHVQHILQLWSDVKpODVGHV¶DOORQJHU2QFRnQDvW ELHQ DXMRXUG¶KXL QRWDPPHQW JUkFH DX[ WUDYDX[ G¶KLVWRLUH JOREDOH G¶2OLYLHU 3pWUpGrenouilleau, la traite des Africains par les Blancs, tout comme celle des Noirs par les
Arabes. Mais celle des chrétiens par les musulmans restait, en revanche, totalement ignorée.
&HTXH'DYLV DSSHOOH © O¶DXWUHHVFODYDJH ª DSRXUWDQWWRXFKpXQQRPEUHFRQVLGpUDEOHGH
chrétiens. Contrairement à ce TX¶DYDLWFUX)HUQDQG%UDXGHOTXLDYDLWPLQLPLVpOHSKpQRPqQH
GDQVVHVWUDYDX[VXUOD0pGLWHUUDQpHFHVHUDLWSOXVG¶XQPLOOLRQGHSHUVRQQHVSULQFLSDOHPHQW
des hommes habitant les pourtours de la Méditerranée, qui ont été vendus comme esclaves
dans les maUFKpVG¶$OJHUGH7ULSROLRXGH7XQLVOHVSULQFLSDOHVYLOOHVGHFHTX¶RQDSSHODLW
DORUVOD%DUEDULH2QHVWORLQGXWDEOHDXDQHFGRWLTXHG¶XQH$QJpOLTXHOLYUpHDX[%DUEDUHVTXHV
SRXUVDEHDXWp /DSOXSDUWGHVYLFWLPHV IXUHQW G¶DLOOHXUVSULQFLSDOHPHQW GHVKRmmes, venus
G¶(VSDJQHGH)UDQFHHWVXUWRXWG¶,WDOLH$YDQWO¶pWXGHGH'DYLVFHSKpQRPqQHQ¶DYDLWMDPDLV
SXrWUHFKLIIUp3URIHVVHXUG¶KLVWRLUHVRFLDOHLWDOLHQQHjO¶XQLYHUVLWpGHO¶2KLRO¶DXWHXUDFRnVDFUpGHORQJXHVDQQpHVG¶pWXGHjFHSKpQRPqQHTXLDmarqué pendant des siècles les populations du sud de la Méditerranée, notamment celles qui étaient les plus proches des Etats barbaresques et qui ont été en butte à des razzias très fréquentes (ainsi subsistent sur les côtes
méditerranéennes ces tours destLQpHVjLQIRUPHUOHVSRSXODWLRQVG¶XQHUD]]LDLPPLQHQWH/H
GDQJHUpWDLWSHUPDQHQW/¶DXWHXUUDSSHOOHTXHOHVPXVXOPDQVFRQVHUYDLHQWDX;9,HVLqFOHGHV
EDVHV GDQV FHUWDLQHV vOHV GH OD SpQLQVXOH LWDOLHQQH FRPPH ,VFKLD DX ODUJH GH 1DSOHV« 'H
nombreux villages, construits sur des promontoires rocheux, faisant dos à la mer, portent téPRLJQDJH GX WUDXPDWLVPH GH FHV SRSXODWLRQV ORFDOHV TXL SRXYDLHQW j O¶DXEH rWUH FDSWXUpHV
par des bateaux surgissant en silence de la brume. Les plus durement frappés furent les maULQVOHVPDUFKDQGVHWOHVPRGHVWHVSrFKHXUVGHFHTX¶LOpWDLWDORUVFRQYHQXG¶DSSHOHU©ODPHU
de la peur » !
[106] Les conditions de vie des esclaves chrétiens ont été souvent effroyables, particulièrement
dans les bagnes publics, où il régnait un climat de violence sexuelle. Mais, à la différence de
la traite africaine, les captifs pouvaient, moyennant rançon, échapper à leur captivité. Des insWLWXWLRQV UHOLJLHXVHV YRQW G¶DLOOHXUV VH VSpFLDOLVHU HQ (XURSH SRXU UDFKHWHU FHV PDOKHXUHX[
comme les Trinitaires RX OHV 0HUFpGDLUHV $XVVL OHV HVFODYHV FKUpWLHQV Q¶RQW-ils pas fait
VRXFKH HQ WHUUH G¶,VODP 3RXUWDQW LOV \ UHVWqUHQW HQ PR\HQQH SUqV G¶XQH GL]DLQH G¶DQQpHV
TXDQGLOVQ¶\PRXUDLHQWSDVWRXWVLPSOHPHQWOHWDX[GHPRUWDOLWp\pWDLWpOHYpDXWRXUGH
%)&HUWDLQVSUpIpUqUHQWVHFRQYHUWLUjO¶,VODPHWPHQHUHQVXLWHjOHXUWRXUGHVUD]]LDVFRQWUH
leurs anciens compatriotes.
Mais les récits des chrétiens ont parfois été romancés, ce qui explique que pendant longWHPSVRQDQpJOLJpFHW\SHG¶HVFODYDJH2QVDLWGpVRUPDLVTX¶LOIDXWOHFRQVLGpUHUDYHFDWWHntion. Ainsi peut-RQ OLUH &DSWLIV HQ %DUEDULH FH UpFLW SRLJQDQW G¶XQ MHXQH PRXVVH DQJODLV
Thomas Pellow, capturé au XVIIIe siècle en Méditerranée et vendu comme esclave au terrible
sultan Moulay Ismaïl, qui l¶XWLOLVH DYHF GHV PLOOLHUV G¶DXWUHV FKUpWLHQV j OD FRQVWUXFWLRQ GH
son palais gigantesque. Racontée par le journaliste anglais Giles Milton, cette histoire, certes
DQHFGRWLTXHFRPSOqWHODPDJQLILTXHpWXGHGH5REHUW&'DYLVTXLUDSSHOOHTX¶LOQ¶\HXW HQ
Barbarie aucun pendant du célèbre « code noir » pour venir limiter les pouvoirs du maître
musulman sur son esclave.
Esclaves chrétiens Maîtres musulmans. /¶HVFODYDJHEODQFHQ0pGLWHUUDQpH-1800) de
Robert C. Davis, Editions Jacqueline Chambon, 333p., 2¼
&DSWLIV HQ %DUEDULH /¶KLVWRLUH H[WUDRUGLQDLUH GHV HVFODYHV HXURSpHQV HQ WHUUH G¶,VODP de
Giles Milton, 1RLUVXUEODQFS¼
Voir aussi:
O livier Pétré-*UHQRXLOOHDX©8QHVFODYDJHTXLQ¶DSDVODLVVpGHWUDFHVª
Propos recueillis par J. S.-V.
LeFigaro Littéraire, le 11 mai 2006,
/¶KLVWRULHQ TXL D SXEOLp FKH] *DOOLPDUG XQH VRPPH TXL IDLW DXWRULté sur les traites néJULqUHVFRPPHQWHOHVGpFRXYHUWHVGH'DYLVVXUO¶HVFODYDJHGHVFKUpWLHQV
LE F IGARO LITTÉRAIRE. ± /¶pWXGHGH5REHUW&'DYLVPRQWUHTXHO¶HVFODYDJHGHVFKU éWLHQVSDUOHVPXVXOPDQVHQ0pGLWHUUDQpHQ¶DULHQG¶XQSKpQRPqQHDQHFGRWLTXH
Olivier PÉTRÉ-GRENOUIL-LEAU. ± (Q HIIHW F¶HVW O¶XQ GHV DSSRUWV GH FH OLYUH TXL
RXYUHXQHQRXYHOOHSLVWHGDQVOHFKDPSGHVpWXGHVVXUO¶HVFODYDJH-XVTX¶jSUpVHQWHQGHKRUV
de quelques spécialistes, on pouvait penser que la captivité des chrétiens par les barbaresques
relevait de la simple anecdote. Les récits de captivité, à commencer par celui de Cervantès,
contribuaient à cette légende car ils étaient souvent romancés. Et il était surtout très difficile
GH VH IDLUH XQH LGpH GH O¶DPSOHXU GX SKpQRPqQH /¶ptude de Davis donne pour la première
IRLVXQHDQDO\VHFKLIIUpH2QVHUHQGFRPSWHTX¶LOV¶DJLWG¶XQHVFODYDJHG¶DVVH]JUDQGHDmpleur qui est resté longtemps ignoré. Pour le XVIe siècle, le nombre des esclaves chrétiens
razziés par les musulmans est supérieur à celui des Africains déportés aux Amériques. Il est
YUDLTXHODWUDLWHGHV1RLUVQHSUHQGUDYUDLPHQWVRQHVVRUTX¶jODILQGX;9,,HVLqFOHDYHFOD
révolution sucrière dans les Antilles. Mais, selon Davis, il y aurait eu environ un million de
Blancs chrétiens réduits en esclavage par les barbaresques entre 1530 et 1780.
[107] &¶HVWXQFKLIIUHLPSUHVVLRQQDQW
&HUWHV0DLVLOQHIDXWSDVVHIRFDOLVHUVXUODTXHVWLRQGHVFKLIIUHVDILQG¶pWDEOLUXQHVRUWH
G¶pFKHOOHGH5LFKWHUGHVHVFODYDJHV&HTXHOHWUDYDLOGH 'DYLVSHUPHWG¶DIILUPHUF¶HVWTXH
cet esclavage des chrétiens entre le XVIe et le XVIIIe siècle renvoie à une réalité non négliJHDEOH5LHQGHSOXV6¶LOHVWUHVWpSRXUXQHODUJHSDUWLJQRUpF¶HVWTX¶LOQ¶DSDVODLVVpEHDucoup de traces. Les esclaves blancs étaient en effet principalement, à 90%, des hommes, qui
QHIDLVDLHQWSDVVRXFKHHQWHUUHG¶,VODPjO¶LQYHUVHGHV$IULFDLQVDX[$PpULTXHV&¶HVWDXVVL
TXH OH TXHVWLRQQHPHQW HVW VRXYHQW SUHPLHU HQ KLVWRLUH RQ VH SRVH GHV TXHVWLRQV SXLV O¶RQ
recherche OHV VRXUFHV SHUPHWWDQW pYHQWXHOOHPHQW G¶\ UpSRQGUH HW TXH FHW HVFODYDJH Q¶D SDV
beaucoup intéressé les historiens.
/¶DVVHUYLVVHPHQW GHV%ODQFVSDUOHVPXVXOPDQVQ¶HVW-il pas cependant assez différent de
celui subi par les esclaves africains aux Amériques ?
,OHVWGLIIpUHQWjSOXVLHXUVWLWUHV7RXWG¶DERUGFHWHVFODYDJHQHUpSRQGSDVjODPrPHOogique. Au départ, les barbaresques se livrent à des opérations de course et de piraterie sur les
F{WHV GH OD 0pGLWHUUDQpH FRPPH F¶HVW O¶XVDJH FKH] FHUWDLQV SHXSOes marins depuis la plus
+DXWH$QWLTXLWp2QDYDLWSULVO¶KDELWXGHGHSXLVO¶pSRTXHE\]DQWLQHGHUpGLJHUGHVWUDLWpVSUéYR\DQWO¶pFKDQJHUpFLSURTXHG¶HVFODYHV3XLVOHVFKUpWLHQVVHPRELOLVDQWSRXU©UDFKHWHUªOHXUV
SURFKHVWRPEpVHQHVFODYDJHO¶DIIDLUHGHYLQWSOXVUHQWDEOHSRXUOHVUD]]LHXUV&¶HVWSDUDGR[alement cette perspective financière qui accentua les raids musulmans à partir du XVIe siècle.
En devenant directement et assez facilement monnayables, les esclaves devinrent des proies
plus séduisantes que les navires ou les cargaisons. Les barbaresques se mirent alors à multiplier leurs razzias sur les côtes de la Méditerranée, notamment en Italie du Sud. Dans le cas de
ODWUDLWHWUDQVDWODQWLTXHO¶HVFODYDJHUpSRQGDLWjXQDXWUHEXWIRXUQLUXQHPDLQ-G¶oeuvre bon
marché aux colonies. Les Noirs ne pouvaient être rachetés mais seulement ± rarement ± se
racheter eux-mêmes. Ils firent souche en Amérique, ce qui ne fut jamais le cas des chrétiens.
,OQ¶\DGRQFSDVHXGHWUDLWHSURSUHPHQWGLWH
On ne devrait SDVHQHIIHWSDUOHUG¶XQH©WUDLWHªGHV%ODQFVFDUOHVPXVXOPDQVFKHUFKDLHQW
GHO¶DUJHQWSOXVRXPRLQVUDSLGHPHQWLOVQHVHVRQWSDVOLYUpVjXQWUDILFGHPDLQ-G¶RHXYUH
Au bout de quelques années, les esclaves chrétiens étaient soit rachetés et ils rentraient chez
eux, ou ils disparaissaient. Le taux de mortalité était assez fort. Autour de 15%, selon Davis.
Certaines pratiques laissent penser que cet esclavage répond aussi à une volonté
G¶KXPLOLHUOHVFKUpWLHQVODSUpILJXUDWLRQG¶XQHVRUWHGH©FKRFGHFLvilisation» ?
Il peut y avoir eu un arrière-SODQGHOXWWHUHOLJLHXVHHQWUHO¶LVODPHWODFKUpWLHQWp$YRLUGHV
HVFODYHVFKUpWLHQVpWDLWXQHPDQLqUHG¶DIILUPHUODSULPDXWpGHO¶LVODP0DLVFHFULWqUHQ¶pWDLW
pas prioritaire, il pouvait simplement devenir un facteur aggravant dans certains cas. Les esFODYHVFKUpWLHQVRQWG¶DLOOHXUVpWpWUDLWpVG¶XQHPDQLqUHWUqVGLIIpUHQWHVHORQOHVFDV,OVDYDLHQW
GHVIRQFWLRQVWUqVYDULpV&¶HVWOjXQWUDLWGLVWLQFWLIHQWUHOHVVHUIVWRXMRXUVDWWDFKpVjODJOqEH
et les eVFODYHV &HUWDLQV RQW VHUYL FRPPH GRPHVWLTXHV G¶DXWUHV FRPPH RXYULHUV DJULFROHV
beaucoup ont moisi dans des bagnes.
Quand cette pratique a-t-elle cessé ?
On évoque encore cette question en 1815 au congrès de Vienne. Mais, dès le début du
XIXe siècle, les avantages de la course et de la piraterie ont considérablement baissé et cette
SUDWLTXH YD GLVSDUDvWUH (Q FRQFOXVLRQ MH UHSURFKHUDL VXUWRXW DX WUDYDLO GH 'DYLV GH Q¶DYRLU
SDVDVVH]LQVFULWFHWWHWUDLWHGDQVOHFDGUHGHO¶HVFODYDJHHQ0pGLWHUUDQpH&¶HVW ainsi que des
2FFLGHQWDX[MHSHQVHSDUH[HPSOHjO¶RUGUHGH0DOWHSRVVpGDLHQWHX[DXVVLGHVHVFODYHVPu-
[108] VXOPDQV ,O IDXGUD G¶DLOOHXUV DWWHQGUH O¶LQYDVLRQ GH 0DOWH SDU %RQDSDUWH SRXU TX¶LOV VRLHQW
OLEpUpV«
* Vor les paroles du célèbre hymne des Marines:
From the halls of Montezuma, to the shores of Tripoli,
:HILJKWRXUFRXQWU\¶VEDWWOHVLQWKHDLURQODQGDQGVHD
First to fight for right and freedom, and to keep our honor clean;
We are proud to claim the title of United States Marine.
2XU)ODJ¶VXQIXUOHGWRHYHU\EUHH]HIURPGDZQWRVHWWLQJVXQ
We have fought in every clime and place, where we could take a gun.
In the snow of far off northern lands and in sunny tropic scenes,
You will find us always on the job, the United States Marines.
+HUH¶VKHDOWKWR\RXDQGWRRXU&RUSVZKLFKZHDUHSURXGWRVHUYH
,QPDQ\DVWULIHZH¶YHIRXJKWIRUOLIHDQGQHYHUORVWRXUQHUYH
,IWKH$UP\DQGWKH1DY\HYHUORRNRQKHDYHQ¶VVFHQHV
They will find the streets are guarded by United States Marines.
9RLUHQILQO¶RXYUDJHGHO¶KLVWRULHQQHEULWDQQLTXH/LQGD&ROOH\´FDSWLYHV´
as late as 1715 the British army was no larger than that commanded by the king of Sardinia, while at the same period there were at least 20,000 British civilians enslaved in the Barbary sultanates of north Africa.
Your country needs you. And your beard
:LOOLDP'DOU\PSOHLVIDVFLQDWHGE\/LQGD&ROOH\¶VIRUJRWWHQWDOHVRI%ULWLVKGHIHDWVLQ,ndia and north Africa in Captives
William Dalrymple
Saturday November 9, 2002
Guardian
Captives: Britain, Empire and the World 1600-1850, by Linda Colley, 438pp, Cape, £20
However embarrassed we may be by our former Raj heroes - those Havelocks and Napiers
swaggering imperiously on their plinths in Trafalgar Square or staring portentously, ossified
and khaki-clad, all the way up Whitehall - we still tend to think of them as rather manly men:
the sort of outdoor types who would not flinch from a 500-mile route march in the midsummer tropical heat, and who would know what to do with a Gatling gun when faced with
KRUGHVRIPDUDXGLQJ2WKHUV<HW DFFRUGLQJWR /LQGD&ROOH\¶VEULOOLDQWVXEWOHDQGLPSRUWDQW
new book, Captives, there was a time when Indians looked on their would-be British rulers in
a very different and much less flattering manner; when they thought of the British military as
effeminate, indeed as little better than eunuchs.
&ROOH\¶VWKHVLVLVWKDWWKHXQSUHFHGHQWHd military success and world political and economic
domination achieved by the Victorian British has blinded us to the smallness and vulnerability
of Britain in the preceding two and a half centuries: after all, she points out, as late as 1715
the British army was no larger than that commanded by the king of Sardinia, while at the
same period there were at least 20,000 British civilians enslaved in the Barbary sultanates of
north Africa.
It is significant that this surprises us as much as it does: it is as if the Victorians colonised
not just one quarter of the globe, but also, more permanently, our imaginations, to the exclusion of all other images of the British encounter and collision with the wider world, from the
[109] Elizabethan period onwards. Colley shows the extent to which tales of British weakness and
defeat at the hands of sophisticated Muslim states in north Africa, the Middle East and India
have been consciously edited out of the historical record.
So, for example, we remember our various military triumphs in and around Bombay but
have performed a collective act of amnesia about another far more important colony gained at
the same time (1661) - Tangier, part of the dowry of Catherine of Braganza, with its bowling
greens, pubs and Anglican churches. It ZDV RQFH WKH SULGH RI %ULWDLQ¶V LQWHQGHG 0HGLWHUUanean empire, but was humiliatingly lost to the Moroccans in 1684, despite unprecedented investment by the crown in its defences.
Hence also our failure to remember many other British military defeats and losses such as
the catastrophic defeat of the armies of the East India Company by Tipu Sultan at Pollilur in
1780, only a few months before the equally disastrous surrender of Yorktown and the loss of
America.
Pollilur led to the slaughter of an entire army and the capture of one in five of all the British soldiers in India. No fewer than 7,000 British men, along with an unknown number of
women, were held captive by Tipu in his sophisticated fortress of Seringapatam. Of these
more than 300 were circumcised and given Muslim names and clothes. Even more humiliatingly, several British regimental drummer boys were made to wear ghagra cholis and entertain the Mysore court as nautch girls.
$WWKHHQGRI\HDUV¶FDSWLYLW\RQHRIWKHVHSULVRQHUV-DPHV6FXUU\IRXnd that he had
IRUJRWWHQKRZWRVLWLQDFKDLURUXVHDNQLIHDQGIRUNKLV(QJOLVKZDV³EURNHQDQGFRQIXVHG
KDYLQJ ORVW DOO LWV YHUQDFXODU LGLRP´ KLV VNLQ KDG GDUNHQHG WR WKH ³VZDUWK\ FRPSOH[LRQ RI
1HJURHV´DQGKHIRXQGKHDFWLYHO\GLVOLNHGZHDULQJ(XURpean clothes. This was the ultimate
colonial nightmare, and in its most unpalatable form: the captive preferring the ways of his
captors, the coloniser colonised.
7KHLPDJHRIWKH%ULWLVKGHIHDWDW3ROOLOXUSDLQWHGRQWKHZDOOVRI7LSX¶VVXPPHUSDODFHDW
6HULQJDSDWDP LV EULOOLDQWO\ LQWHUSUHWHG E\ &ROOH\ DV VKRZLQJ KRZ 0\VRUH¶V YLFWRUV YLHZHG
WKH VXUURXQGHG DQG GHIHDWHG %ULWLVK DW WKH PRPHQW WKH %ULWLVK GHIHDW EHFDPH FHUWDLQ ³7KH
white soldiers all appear in uniform jackets of red, a colour associated in India with eunuchs
DQG ZRPHQ´ ZULWHV &ROOH\ 0RUHRYHU WKH %ULWLVK DUH ³FRQVSLFXRXVO\ DQG LQYDULDEO\ FOHDQ
shaven. Neatly side-burned, with doe-like eyes, raised eyebrows and pretty pink lips, they
have been painted to look like girls, or at least creatureVWKDWDUHQRWIXOO\PDOH´
Colley is certainly on to something here: a few years later, another British soldier of the
WLPH *HQHUDO &KDUOHV ³+LQGRR´ 6WXDUW FDPSDLJQHG IRU %ULWLVK WURRSV WR EH HQFRXUDJHG WR
grow extensive facial hair as otherwise their masculinity would not be taken seriously by their
,QGLDQ HQHPLHV QRWLQJ WKDW XQWLO KH KLPVHOI JUHZ D EHDUG ³PHQGLFDQWV VXSSOLFDWHG PH IRU
charity, by the appellation of Beeby Saheb [Great Lady], mistaking my sex from the smoothQHVVRIP\IDFH´
Captives is at once a human tale of the forgotten and marginal individuals - ³FRPPRQ
VHDPHQDQGSULYDWHVROGLHUVLWLQHUDQWVDQGH[LOHVFRQYLFWVDQGDVVRUWHGZRPHQIRON´- involved in a succession of little-known British defeats and captivities, and a wider meditation on
WKHFKDUDFWHUDQGGLYHUVLW\RI%ULWDLQ¶VLQFLSLHQWHPSLUH8VLQJWKHULFKDQGUHYHDOLQJVRXUFH
of captivity narratives as a way of unlocking some of the central truths about British weakness, smallness and vulnerability, she shows how the British rise to world domination was
neither smooth nor inevitable.
She also dramatically highlights the human cost of that expansion. The lives of ordinary
British men and women were completely disrupted in the process of imperial adventures
[110] overseas: men like John Rutherford, captured in North America, who for a while became a
Chippewa warrior; or Sarah Shade, an East India Company camp follower, who became one
RI7LSX¶VFDSWLYHVDW6HULQJDSDWDP
Colley is especially good on those who after capture fell hopelessly under the spell of India
or Islamic north Africa, and entered what in those days must have seemed like a parallel universe, responding to their travels and captivities with a profound alteration of the self, slowly
shedding their Britishness and Christianity like an unwanted skin, and adopting Islamic dress,
studying Islamic teachings and taking on the ways of the Moroccan or Mughal governing
classes they would in time come to replace. In particular, she shows how many British captives converted to Islam in India and north Africa: both the Moroccans and the Mughals were
able to field entire regiments of European renegade converts to Islam.
,W LV DW WKLV SRLQW SHUKDSV WKDW &ROOH\¶V PHWKRGRORJ\ OLPLWV KHU YLVLRQ %\ FRQFHQWUDWLQJ
principally on captivity narratives (a genre much studied in American universities but relatively neglected in Europe) she misses the possibly more interesting point that until the mid19th century many Europeans chose of their own free will to convert to Islam and take on
eastern ways, without necessarily becoming captives first.
This had always been the case: as early as the mid-17th century, the English ambassador to
WKH2WWRPDQ3RUWH6LU 7KRPDV6KLUOH\FRPSODLQHGDERXW WKHODUJHQXPEHURI³URDJXHV the skumme of people whyche arHIOHGGHWRWKH7XUNHIRUVXFFRXUUHOH\IIH´7KHIDFWZDV
as Shirley pointed out in one of his dispatches, that the more time Englishmen spent in the
HDVWWKHFORVHUWKH\PRYHGWRDGRSWLQJWKHPDQQHUVRIWKH0XVOLPV³FRQXHUVDWLRQZLWKLQIidelles doeth PXWFKFRUUXSWH´KHZURWH³0DQ\Z\OGH\RXWKHV«LQHXHU\H\HHUHWKDWWKH\
VWD\HLQ7XUN\HWKH\ORRVHRQHDUWLFOHRIWKH\UHID\WKH´
Islam overcame the English as much by its sophistication and power of attraction as by its
power to seize and enslave. In 1606 even the English consul in Egypt, Benjamin Bishop, converted and promptly disappeared from public records. The same was true in Mughal India:
ZLWKLQDIHZ\HDUVRIWKH(DVW,QGLD&RPSDQ\HVWDEOLVKLQJLWVHOILQ$JUDWKHFRPSDQ\¶VPRVW
senior official LQ,QGLDKDGWREUHDNWKHQHZVRI³\HGDPQHGDSRVWDF\RIRQHRI\RXUVHUYDQWV
-RVXD%ODFNZHOOH´ZKRKDG³SULYDWHO\FRQYHLJKHGKLPVHOIHWRWKH*RYHUQRURI\HFLWW\ZKR
being prepaired, with the Qazi and others attended his comeing; before whome hee most wicNHGO\DQGGHVSHUDWHO\UHQRXQFHGKLV&KULVWLDQIDLWK«DQGLVLUUHFRYHUDEO\ORVW´
1RUZDVLWMXVW,VODPWKDWOXUHGWKH%ULWLVKRXWRIWKHLUVRODWRSHHV³+LQGRR´6WXDUWKHRI
the smooth cheeks) firmly believed he had become a Hindu (though it is technically impossible to convert to Hinduism) and took to travelling around the country with a team of Brahmins who used to attend his idols and dress his food, to the astonishment of at least one memVDKLEUHFHQWO\DUULYHGIURP(QJODQG³7KHUHZDVKHUHDQ(QJOishman, born and educated in a
&KULVWLDQ ODQG´ ZURWH (OL]DEHWK )HQWRQ LQ KHU MRXUQDO ³ZKR KDV EHFRPH WKH ZUHWFKHG DQG
degraded partaker of this heathen worship, a General S- who has for some years adopted the
habits and religion, if religion it be named, of these people; and he is generally believed to be
LQDVDQHPLQG´
Despite the occasional errors and inaccuracies, especially in the Indian section (there was,
for example, no such person as the Begum Sumru Sardhana - 6DUGKDQDZDVWKHEHJXP¶VFDSital, not her name), Captives is a major work: a complete reappraisal of a period, strikingly
original in both theme and form, mixing narrative and fine descriptive prose with analysis in
an entirely fresh and gripping way. It is at once clever and perceptive, making you look afresh
DWWKHPHVDQGVXEMHFWV\RXWRRNFRPSOHWHO\IRUJUDQWHG,WZLOOXQGRXEWHGO\FRQILUP&ROOH\¶V
reputation not only as one of the most exciting and original historians of her generation, but
also one of the most interesting writers of non-fiction around.
[111] Â:LOOLDP'DOU\PSOH¶VERRN:KLWH0XJKDOV/RYHDQG%HWUD\DOLQWK-Century India is
published by HarperCollins
Guardian Unlimited © Guardian News and Media Limited 2006
Extrait de son entretien sur le site de Princeton :
«
British identity also seems to be in jeopardy in Captives (2002). What is the book about,
and what inspired you to write it?
In part this project was inspired by my reading of American history. American historians
have written about captives for a long time, typically captives held by Native Americans in
the 17th, 18th, and 19th centuries. The British have not really studied this aspect of their past.
I wanted to write about the British Empire, but not in the usual way. The standard narrative
of the empire involves Brits going abroad, taking various countries captive, invading them,
and being dominant until they are forced out. I wanted to alter that picture. Britain was a small
country with a limited army, its forces stretched very thin over the world as its empire grew
bigger and bigger. Between 1600 and 1850 tens of thousands of Britons were taken captive by
IRUHLJQHUV7KLVVKRXOGQ¶WUHDOO\FRPHDVDVXUSULVHLI\RXLQWUXGHYLROHQWO\LQWRanother perVRQ¶VWHUULWRU\FDSWLYH-taking is one of the results. I thought that by exploring what happened
to these people I could construct a rather more nuanced picture of what the empire was like,
and I could show the weakness and vulnerability of the British, not just the strength and aggression. I looked at cases of captivity in the Mediterranean and North Africa, in India, in
Afghanistan, and in North America. I also wanted to revise standard imperial history in another way. Histories of the British Empire have generally focused on elite groups±´JHQHUDOV
politicians, the major merchants and investors, and so forth. The big people. In fact, the majority of the people involved in making the empire were poor whites, and their experiences have
hardly been written about. I also showed that a surprising number of these individuals were
not involuntary captives. Some crossed over to the other side deliberately. A lot of the people
I was writing about had been driven into the army or navy against their will. Many decided
after being captured that their new circumstances were an improvement over the old. There
were Brits who joined Native American communities in North America. In North Africa quite
a few British captives converted to Islam and some married local women. There were British
soldiers in India who ended up serving Indian princes. These kinds of stories had tended to be
brushed under the carpet when the empire was still in existence±´WKLVZDVQ¶WWKHVRUWRIWKLQJ
you wanted in the history books.
Unlike your previous books, Captives is global in scale. Was this a challenging book to
write?
It was a tremendous challenge. I was only able to do it because in 1998 I won a Leverhulme Research Professorship, which gives you five years to do your own work. I was able to
do masses of reading outside my area of specialization. I also spent a lot of time visiting the
places I was writing about. Unless you have some sense of geography, of just how huge these
expanses of land were that the Brits tried to move into, \RX GRQ¶W IXOO\ XQGHUVWDQG ZKDW D
IUDXJKWEXVLQHVVWKLVRIWHQZDV$QG,ZDVQ¶WORRNLQJDWHPSLUHLQWKHODWHWKFHQWXU\ZKHQ
many things were mechanized and you had the telegraph; I was looking at the 17th and 18th
and early 19th centuries, when for thH PRVW SDUW \RX FRXOGQ¶W PRYH IDVWHU RQ ODQG WKDQ D
KRUVH,IHOWWKDW,ZRXOGQ¶WEHDEOHWRUHFRQVWUXFWWKHH[SHULHQFHVRIWKHVHSHRSOHXQOHVV,KDG
a better sense of the geography.
Your current project also concerns a British captive.
[112] <HVULJKWQRZ,¶PZRUNLQJRQDVKRUWHUERRNWKDWIROORZVWKHOLIHRIDVLQJOHZRPDQ,W
started as a spin-off from Captives, although it has become more than that. Quite a few former
captives, those who made it back, went on to publish accounts of their experiences. So there is
a lot of written evidence from these people, although you have to sieve it with care. As I was
working on this very broad book, Captives, I came across a lot of personal stories that I had to
compress. I decided that when I finished, I wanted to take a single person and devote a short
book to his or her story. I chose a woman named Elizabeth Marsh who was taken captive in
the Mediterranean in 1756 by Moroccan corsairs. Later she wrote a book about her experiences in captivity in Morocco. As I did research on this woman I discovered that she had
had an extraordinary life. She was conceived in Jamaica and was probably of mixed race; she
spent time in Minorca and Gibraltar, as well as North Africa; she and her husband went bankrupt in the 1760s (after buying land in Florida) and moved from London to India, where she
wrote a travel narrative; and she even had connections with the Pacific! People in the mid18th century were becoming much more conscious of what we might call proto-globalization,
the way that different parts of the world were impacting on one another and migration among
the continents was increasing. My new book follows the life of Elizabeth Marsh as a way of
exploring these global currents. All these trends are concentrated in her life, and thanks to her
writings I was able to write a deeper book about the topic. The book also comes back to questions of identity, as I guess all my books do. What happens to your sense of who you are when
you are uprooted from where you came from? And not just once, but repeatedly?
Et celui du non-VSpFLDOLVWH*LOHV0LOWRQ´:KLWHJROG´
Editorial Reviews
From Publishers Weekly
For this harrowing story of white captives in 18th-century Morocco, Milton (author of the
KLJKO\SUDLVHG1DWKDQLHO¶V1Xtmeg) draws primarily on the memoir of a Cornish cabin boy,
Thomas Pellow, who was taken by Islamic pirates in 1716 and sold as a slave to the legendarily tyrannical Sultan Moulay Ismail. Pellow remained in Morocco for more than 20 years, his
family barely UHFRJQL]LQJ KLP ZKHQ KH DW ODVW HVFDSHG KRPH 3ODFLQJ 3HOORZ¶V WDOH ZLWKLQ
wider horizons, Milton describes how, during the 17th and 18th centuries, thousands of European captives were snatched from their coastal villages by Islamic slave traders intent on waging war on Christendom. Put into forced labor and appalling living conditions, they perished
in huge numbers. As a pragmatic convert to Islam, Pellow fared better, earning a wife who
ERUHKLPDGDXJKWHU0LOWRQLQFOXGHV3HOORZ¶V\HDUVDVDVROGLHULQ0RXOD\,VPDLO¶VDUP\DQG
draws out his cliff-KDQJLQJHVFDSHEDFNWR(QJODQG3HOORZ¶VVHQVDWLRQDO WDOHGRPLQDWHVWKH
book, and though rendered in seductively poised prose, in the end it feels short on ideas and
argument. Milton also fails to cite other historians working in this area (a prime example
being Linda Colley). 16 pages of b&w illus. not seen by PW; 2 maps.
Copyright © Reed Business Information, a division of Reed Elsevier Inc. All rights reserved.
)URP7KH:DVKLQJWRQ3RVW¶V%RRN:RUOGZDVKLQJWRQSost.com
*LOHV 0LOWRQ¶V QHZ ERRN LV D IDVFLQDWLQJ DFFRXQW RI D ORQJ-forgotten era when an awful
menace terrorized the coastal waters of North Africa. In the 17th and 18th centuries, countless
vessels leaving the coasts of Europe and colonial North America were seized at sea by bands
of Barbary corsairs, who confiscated their cargo and dragged their hapless crews to the shores
of Morocco, Algiers, Tunis and Tripoli to be sold into slavery.
Based primarily on narratives published by freed or escaped slaves, White Gold recounts
the story of Thomas Pellow, who at age 11 joined the crew of an English trading vessel, the
[113] )UDQFLVDVDFDELQER\DQGPHUFKDQW¶VDSSUHQWLFH3HOORZ¶VVKLSOHIW&RUQZDOOLQFDrrying a cargo of salted pilchards to trade in Genoa. Upon setting sail for home, the Francis
ZDVRYHUWDNHQE\DEDQGRI³IDQDWLFDOFRUVDLUVRI%DUEDU\´ZKRLQD³GHUDQJHGIXU\´ERDrded the ship, overpowered its unarmed crew and seized its precious cargo of Italian wares
meant for sale in England. But the merchandise was a mere pittance compared to the real
prize of the ship: its crew.
In the early 1700s, the trade in European slaves was a booming business throughout North
$IULFDHYHQWKRXJKLQVL]HDQGVFRSHLWGLGQRWFRPSDUHWR(XURSH¶VRZQLPPHQVHO\SURfitable African slave trade. According to Milton, nearly 1 million Europeans passed through the
markets of coastal towns like Salé, on the north coast of Morocco, where they were auctioned
RIIWRWKHKLJKHVWELGGHU)RUEHWWHURUZRUVH3HOORZ¶VFUHZZDVVpared such humiliation and
instead marched directly to the imperial city of Meknes, where they were ceremonially presented as gifts to the cruel and capricious sultan of Morocco, Moulay Ismail.
Being a strong and hearty young boy, Pellow immediately caught the attention of Moulay
,VPDLODQGZDVLQLWLDWHGLQWRWKHVXOWDQ¶VSHUVRQDOUHWLQXHRIVHUYDQWV3HOORZVSHQWWKHQH[W
years as a slave at the imperial court, where he was routinely beaten and starved, forced to
convert to Islam and ultimately placed aWWKHKHDGRIWKHVXOWDQ¶VDUPLHV7KURXJKDVHULHVRI
fortunate accidents, Pellow not only managed to survive his ordeal but eventually escaped
back to England to publish his adventures for a captive audience.
$OWKRXJKQDUUDWLYHVOLNH3HOORZ¶VKDYHORQJEeen dismissed as part of a genre of deliciouVO\ VFDQGDORXV ³2ULHQWDOLVW´ IDQWDVLHV ZLOGO\ SRSXODU ZLWK WKH %ULWLVK XSSHU FODVVHV 0LOWRQ
notes that European and Arab chronicles of the time have corroborated many of the events
and experiences recounted in these fanciful books. Perhaps. But White Gold would have been
better served by a critical analysis of these sources. Far from providing any such criticism,
Milton seems to accept these fantastic narratives as gospel.
This tendency is perhaps most apparent in his description of Moulay Ismail, who comes
DFURVVLQWKHERRNDVFRPLFDOO\HYLO7KHVXOWDQ¶VZKLPVLFDOEUXWLVKQHVVDWRQHSRLQWKHHOaborately tortured and executed a cat that had snatched and killed a rabbit), his supernatural
sexual appetite (he is reported to have had 10,000 concubines), and his limitless capacity for
wickedness (he took particular pleasure in greeting guests while drenched in the blood of
slaves he had personally dismembered) are reminiscent of the oriental depravities caricatured
LQ7KH$UDELDQ1LJKWVSRSXODUL]HGLQ(XURSHE\$QWRLQH*DOODQG¶VKXJHO\VXFFHVVIXO)UHQFK
translation of 1704-1717.
Indeed, by conflating these tales with history, Milton occasionally proves himself as gullible as the 18th-century audiences for whom storLHVOLNH3HOORZ¶VZHUHRULJLQDOO\ZULWWHQ)RU
example, many European slaves certainly were forced to convert to Islam, either through torWXUHRUE\EHLQJRIIHUHGFHUWDLQ³SULYLOHJHV´OLNHIRRGDQGVKHOWHUDVUHZDUGV%XW3HOORZ¶V
account of his own forced conversion ² in which his 11-year-old self patiently endures
month after month of horrific torture, administered by the crown prince himself, with whom
Pellow remarkably engages in a quasi-WKHRORJLFDOGHEDWHLQ$UDELFRU(QJOLVKRQHFDQ¶WWHOO
which) before finally submitting to Islam ² is so absurd that the reader is stunned to find
Milton swallowing the tale whole.
7KDW:KLWH*ROGPHUHO\UHJXUJLWDWHV3HOORZ¶V³PHPRLUV´LVHYHQPRUHWURXEOLQJEHFDXVH
Milton enthusiastically adopts the outmoded vocabulary of the era, repeatedly referring in his
ERRNWR³&KULVWLDQ´VODYHVDQGHYHQ³&KULVWLDQ´YHVVHOVEHLQJFDSWXUHGE\³0XVOLP´SLUDWHV
DQG VROG WR ³0XVOLP´ PDVWHUV (YHQ WKH ERRN¶V VXEWLWOH ZLWK LWV UHIHUHQFH WR ³,VODP¶V 2QH
0LOOLRQ:KLWH6ODYHV´² obviously meant to cash in on contemporary fixations with the Muslim world ² LVDQLQGLFDWLRQRI0LOWRQ¶VGHOLEHUDWHO\SHUYHUVHWHUPLQRORJ\:K\WKHUHDGHU
[114] ZRQGHUV LV LW QRW 1RUWK $IULFD¶V VODYH WUDGH UDWKHU WKDQ ,VODP¶V" $IWHU DOO WKLV LV WKH RQO\
region in the whole of the Muslim world where such a phenomenon occurred. And Milton
QHYHUUHIHUVWR(XURSH¶VRZQVODYHWUDGHZKLFKHQVODYHGPLOOLRQ$IULFDQVDVD³&KULVWLDQ´
slave trade. Still, while such oddities should not be easily forgiven, particularly in our current
climate, they do not spoil what is ultimately a fun and fanciful story from a little-known chapter in history.
Reviewed by Reza Aslan
Copyright 2005, The Washington Post Co. All Rights Reserved.
From Booklist
The horrors of the transatlantic slave trade have been extensively documented in print and
eloquently portrayed on film and television. But chattel slavery was a well-established African as well as European institution, and its victims were not exclusively people of color. In
the seventeenth, eighteenth, and early nineteenth centuries, the Barbary states of North Africa
used Islamic pirates, or corsairs, to conduct slave raids, which fed the flourishing slave markets of Algiers, Tunis, and Tripoli. Many of the enslaved were white Europeans or North
Americans captured at sea. Among them was Thomas Pellow, an 11-year-old English child
who was seized in 1716 and served for 23 years as a personal servant to Sultan Moulay Ismail
RI0RURFFR0LOWRQUHODWHV3HOORZ¶VFRPSHOOLQJVWRU\DVDWULXPSKRf wile, pluck, and endurance; but this is also a tale of great brutality and suffering, as Milton eloquently shows that
all of the indignities one associates with European and American slavery were visited upon
those held in North Africa. A riveting account. Jay Freeman
Copyright © American Library Association. All rights reserved
Simon Winchester, The Boston Globe
³>$@IDVFLQDWLQJQDUUDWLYH´
Review
Praise from Britain for White Gold :
³:KLWH*ROGLVOLYHO\DQGGLOLJHQWO\UHVHDUFKHGDFKURQLFOHRIFUXHOWy on a grand scale. An
XQIDLOLQJO\HQWHUWDLQLQJSLHFHRISRSXODUKLVWRU\´±Sunday Telegraph
³>*LOHV0LOWRQ@LVDSRSXODUQRQ-academic historian drawn to dramatic, even bizarre subjects, researched in highly enterprising ways, and told in a vividly swashbuckling style. An
exciting and sensational account of a really swashbuckling historical episode, White Gold will
GRYHU\ZHOOIRUWKLVVXPPHU¶VEHDFKUHDG´±The Spectator
³:KLWH*ROGGHOLYHUVRQLWVSURPLVHRIH[RWLFWKULOOV´±Rhoda Koenig, The Evening Standard
Book Description
The true story of white European slaves in eighteenth century Algiers, Tunis, and Morocco
In the summer of 1716, a Cornish cabin boy named Thomas Pellow and fifty-one of his
comrades were captured at sea by the Barbary corsairs. Their captors±Ali Hakem and his network of Islamic slave traders±had declared war on the whole of Christendom. France, Spain,
England and Italy had suffered a series of devastating attacks. Thousands of Europeans had
been snatched from their homes and taken in chains to the great slave markets of Algiers, Tunis and Salé in Morocco.
[115] Pellow and his shipmates were bought by the tyrannical sultan of Morocco, Moulay Ismail,
who was constructing an imperial palace of such scale and grandeur that it would surpass every other building in the world, a palace built entirely by Christian slave labor.
Resourceful, resilient, and quick-thinking, Pellow was selected by Moulay Ismail for special treatment, and was one of the fortunate few who survived to tell his tale.
An extraordinary and shocking story, drawn from unpublished letters and manuscripts
written by slaves and by the padres and ambassadors sent to free them, White Gold reveals a
disturbing and long forgotten chapter of history.
About the Author
Giles Milton is the author of Samurai William (FSG, 2003), The Riddle and the Knight
)6*%LJ&KLHI(OL]DEHWK)6*DQG1DWKDQLHO¶V1XWPHJ)6*+HOLYHV
in London.
http://jcdurbant.wordpress.com/2006/05/11/histoire-­‐la-­‐traite-­‐oubliee-­‐des-­‐esclaves-­‐
chretiens-­‐razzies-­‐par-­‐les-­‐musulmans/ [116] Des esclaves anglais aux mains des Barbaresques
December 19th, 2005 ·∙ La terreur islamique commença dans les îles britanniques lors du « terrible été de 1625 »
quand des corsaires esclavagistes nord-africains envahirent et dévastèrent les côtes sud de
O¶$QJOHWHUUHHWKLVVqUHQWPrPH SHQGDQWXQEUHILQVWDQWO¶pWHQGDUGGHEDWDLOOHYHUWGHO¶LVODP
sur le territoire anglais, un étendard sur lequel était inscrite la terrible promesse : « Les portes
GX3DUDGLVVRQWjO¶RPEUHGHVpSpHV ».
Sur les côtes de Cornouailles, du Devon, du Dorset HWG¶,UODQGHGX6XGOHVFRUVDLUHVLVOaPLTXHVWXqUHQWHWSLOOqUHQWGHVYLOODJHVHQWLHUVSRXUOHVYHQGUHFRPPHHVFODYHVGDQVO¶HPSLUH
LVODPLTXHG¶2ULHQW
(QOHVPDUFKDQGVG¶HVFODYHVUHWRXUQqUHQWHQVXLWHj$OJHU± dans ce seul raid ± avec
un millier d¶KRPPHVGHIHPPHVHWG¶HQIDQWVEULWDQQLTXHVjYHQGUHFRPPHHVFODYHV$XWotal, les pirates islamiques nord-africains enlevèrent et réduisirent en esclavage 1,3 million
G¶(XURSpHQVEODQFVHQWUHHWGDQVXQHVpULHGHUDLGVTXLGpSHXSOqUHQWOHVYLOOes côtières, de la Sicile à la Cornouaille.
Pour que la population esclave reste stable, environ un quart devait être remplacé chaque
année, ce qui pour la période de 1580 à 1680 signifiait environ 8.500 nouveaux esclaves par
an, arrivant à un total de 850.000 esclaves. La même méthodologie suggère que 475.000 fuUHQWHQOHYpVGDQVOHVVLqFOHVSUpFpGDQWHWVXLYDQW'HjTXDQGO¶HVFODYDJHWUDQVaWODQWLTXHpWDLWHQFRUHjVHVGpEXWVLO\HXWSUREDEOHPHQWSOXVG¶HVFODYHVFKUpWLHQVEODQFVHmmenés chez OHV%DUEDUHVTXHVTXHG¶HVFODYHVDIULFDLQVQRLUVDX[$PpULTXHV
'¶DSUqVXQHHVWLPDWLRQ$QJODLVIXUHQWHQOHYpVHQWUHHWEHDXFRXSG¶HQWUH
eux étant des équipages et des passagers de bateaux qui furent interceptés et capturés par des
marchandVG¶HVFODYHV
/¶LPSDFW GH FHV DWWDTXHV VXU OHV QDWLRQV HXURSpHQQHV DWWDTXpHV SDU OHV SLUDWHV PHXUWULHUV
fut dévastateur ± OD )UDQFH O¶$QJOHWHUUH HW O¶(VSDJQH SHUGLUHQW FKDFXQH GHV PLOOLHUV GH Eateaux, et de longues étendues des côtes espagnoles et italiennes furent presque complètement
dépeuplées et abandonnées par leurs habitants. A leur apogée, la destruction et le dépeuplement de certaines régions européennes excédèrent probablement ce que les esclavagistes euURSpHQV LQIOLJHURQW SOXV WDUG j O¶LQWpULHXU africain quand les esclavagistes africains vendront
OHXUVFRPSDJQRQVQRLUVDX[HVFODYDJLVWHVHXURSpHQV$FHWWHpSRTXHO¶(XURSHYLYDLWGDQVOD
SHXUGHO¶LVODP
%LHQTXHOHVFHQWDLQHVGHPLOOLHUVG¶HVFODYHVFKUpWLHQVIXUHQWSULQFLSDOHPHQWHQOHYpVGDQV
les pays méditerranéens, les effets des raids esclavagistes musulmans furent ressentis beauFRXSSOXVORLQHWGXUDQWODSOXVJUDQGHSDUWLHGX;9,,HVLqFOHO¶$QJOHWHUUHSHUGLWDXPRLQV
PDULQVSDUDQGXIDLWGHVPDUFKDQGVG¶HVFODYHVLVODPLTXHV
Les Américains ne furent pas épargnés. Par exemple, un esclave américain raconta que 130
autres Américains avaient été réduits en esclavage par les Algériens en Méditerranée et dans
O¶$WODQWLTXHULHQTX¶HQWUHHW
0DLVOHVFRUVDLUHVQ¶LQWHUFHSWDLHQWSDVVHXOHPHQWOHVQDYLUHVDXPLOLHXGHO¶RFpDQ ; ils déEDUTXDLHQW DXVVL VXU OHV SODJHV QRQ JDUGpHV VRXYHQW GH QXLW SRXU V¶HPSDUHU GHV YLOODJHRLV
endormis. Cela se passa dans des parties de la Cornouaille et presque tous les habitants du
village de Baltimore, en IrlDQGHIXUHQWFDSWXUpVHQHWLO\HXWG¶DXWUHVUDLGVGDQVOH'eYRQ/¶XQHGHVSOXVULFKHVpSDYHVDXWUpVRUWURXYpHVDXODUJHGHO¶$QJOHWHUUH ± à Salcombe,
Devon ± était un bateau barbaresque du XVIe siècle en route pour capturer des esclaves.
[117] Un certain révérend Devereux Spratt rapporta avoir été capturé par des « Algérians » alors
TX¶LOWUDYHUVDLWODPHUG¶,UODQGHGH&RUNYHUVO¶$QJOHWHUUHHQDYULOHWHQ6DPXHO
Pepys écrivit sur deux hommes, le capitaine Mootham et Mr. Dawes, qui avaient aussi été
enlevés.
Les milliers de chrétiens blancs qui étaient capturés chaque année devaient travailler
comme esclaves sexuels, galériens, travailleurs et concubins des seigneurs musulmans dans ce
TXLHVWDXMRXUG¶KXLOH0DURFOD7XQLVLHO¶$OJpULHHWOD/ibye.
Ce furent en fait des esclaves anglais qui furent forcés de construire les palais de Meknès
pour le tyran marocain, Moulay Ismail, au début du XVIIIe siècle. Dépassant Versailles en
taille et en splendeur, ils furent construits par des esclaves chrétiens, par un souverain qui se
JORULILDLW GH VRQ SRXYRLU DEVROX 3DU H[HPSOH LO WUDLWDLW OH URL G¶$QJOHWHUUH GH IDLEODUG Sitoyable, puisque celui-ci permettait à un parlement de limiter son autorité.
/H FDXFKHPDU QH FHVVD TX¶HQ TXDQG OD 5R\DO 1DY\ REligea par la force le port
G¶$OJHU j OD VRXPLVVLRQ HW LPSRVD OD FHVVDWLRQ GH OD YHQWH G¶HVFODYHV FKUpWLHQV GDQV OH
Maghreb, une action inspirée par Sir Sidney Smith et sa « Société des Chevaliers Libérateurs
GHV(VFODYHV%ODQFVG¶$IULTXH ».
Le bombardement G¶$OJHUSRXUOLEpUHUOHVHVFODYHVEODQFVHXWOLHXOHDR€WTXDQG
une flotte anglo-KROODQGDLVHVRXVOHFRPPDQGHPHQWGHO¶DPLUDO/RUG([PRXWKERPEDUGDOHV
EDWHDX[HWOHVGpIHQVHVSRUWXDLUHVG¶$OJHU
%LHQTX¶LO\HXWXQHFDPSDJQHFRQWLQXHGHGLYHUVHV marines européennes et de la marine
américaine pour supprimer la piraterie contre les Européens de la part des Etats barbaresques
nord-africains, le but spécifique de cette expédition était de libérer les esclaves chrétiens et de
VWRSSHU OD SUDWLTXH GH O¶esclavage contre les Européens. Cette fin fut partiellement atteinte
TXDQG OH 'H\ G¶$OJHU OLEpUD XQ PLOOLHU G¶HVFODYHV DSUqV OH ERPEDUGHPHQW HW VLJQD XQ WUDLWp
FRQWUHO¶HVFODYDJHGHV(XURSpHQV
3RXUWDQWVLO¶RQIDLWGHVUHFKHUFKHVVXUODEDWDLOOHG¶$OJHU en 1816 et les raisons se trouYDQW GHUULqUH O¶DWWDTXH RQ GpFRXYUH TXH OD EDWDLOOH HOOH-même semble avoir été évacuée de
O¶KLVWRLUH
Une exposition actuellement tenue à Leicester, nommée « Passé et présent : 1.000 ans
G¶LVODPHQ$QJOHWHUUH » au New Walk MuVHXPGH/HLFHVWHUMXVTX¶DXGpFHPEUHHWODQFpH
durant la récente Semaine de la Conscience Islamique, fait un grand effort pour révéler la
« vérité acceptable ªFRQFHUQDQWO¶KLVWRLUHGHO¶LVODPHQ$QJOHWHUUHPDLVELHQV€UO¶H[SRVLWLRQ
ne fait aucune menWLRQGXPLOOLRQG¶(XURSpHQVEODQFVTXLIXUHQWUpGXLWVHQHVFODYDJHSDUOHV
PDUFKDQGV G¶HVFODYHV LVODPLTXHV %LHQ V€U FHW HVFODYDJLVPH HVW FRQVLGpUp DXMRXUG¶KXL
comme un « enrichissement culturel ».
1RXVVXJJpURQVTXHFHX[TXLUHVVHQWHQWO¶pYDFXDWLRQKRUVGHO¶KLVWRLUHGHO¶HQOqYHPHQWUaFLVWHHWJpQRFLGDLUHG¶XQPLOOLRQG¶(XURSpHQVEODQFVSDUOHVPDUFKDQGVG¶HVFODYHVDUDELTXHV
comme un acte de trahison envers notre peuple et envers ses souffrances envoient des mails
ou téléphonent aux gens cités plus loin eWGHPDQGHQWSRXUTXRLO¶KLVWRLUHGHO¶LVODPHQ*UDQGH%UHWDJQHQ¶LQFOXWSDVOHU{OHGHVHVFODYDJLVWHVLVODPLTXHV1RXVVDYRQVWRXVTXHODYpULWDEOH
UDLVRQGHO¶H[SRVLWLRQGXPXVpHHVWG¶HPPHQHUOHVMHXQHVHQIDQWVYRLUO¶H[SRVLWLRQHWGHOHXU
faire un lavage GH FHUYHDX SRXU TX¶LOV SHQVHQW GH O¶LVODP FH TXH OH JRXYHUQHPHQW VRXKDLWH
TX¶LOVHQSHQVHQW'HPrPHTXHOHVMHXQHVHQIDQWVpWDLHQWHQGRFWULQpVHQ5XVVLHVRYLpWLTXHHW
OHVRQWHQFRUHGHQRVMRXUVHQ&RUpHGX1RUGSRXUTX¶LOVFRQVLGqUHQW FRPPHODYpULWp uniTXHPHQWFHTXHOHJRXYHUQHPHQWGpFUqWHTX¶HOOHHVWDLQVLF¶HVWODYHUVLRQGX1HZ/DERXUGH
O¶HQGRFWULQHPHQWGHVHQIDQWV
[118] &RPEDWWUHO¶© ignorance »
La propagande du Museum dit elle-même : « Les médias occidentaux ont utilisé toutes les
opportunités pour VRXPHWWUHO¶LVODP HW OHVPXVXOPDQVjXQH[DPHQPLQXWLHX[OHVGpFULYDQW
VRXYHQWG¶XQHPDQLqUHGpVREOLJHDQWHFHTXLDLQpYLWDEOHPHQWFRQGXLWjO¶LJQRUDQFHPDVVLYH
VXU OD YUDLH VLJQLILFDWLRQ GH OD UHOLJLRQ /RLQ G¶rWUH XQH UpVHUYH GH µIDQDWLTXHV HW GH WHUUoULVWHV¶O¶LVODPIDLWSDUWLHLQWpJUDQWHGHQRPEUHXVHVFRPPXQDXWpVHQ*UDQGH-Bretagne, amenant souvent des relations harmonieuses entre les musulmans et les non-musulmans.
/¶H[SRVLWLRQ DX 1HZ :DON 0XVHXP j /HLFHVWHU DPqQH j OD OXPLqUH OD ORQJXH KLVWRLUH GH
O¶LVODPGDQVODYLOOH/HVRUJDQLVDWHXUVGHFHWWHH[SRVLWLRQLQFOXHQWGHVRUJDQLVPHVLVODPLTXHV
nationaux, comme la Société Islamique de Grande-Bretagne, le Groupe de Jeunesse Musulman et la Fondation Islamique ».
Elle a même le culot de déclarer : « Ces organisations fournissent des vues inestimables sur
O¶LVODPFRPEDWWDQWO¶LJQRUDQFHPDVVLYH± ce qui est plus que nécessaire dans le climat poliWLTXHHWVRFLDOWXUEXOHQWG¶DXMRXUG¶KXL ».
Journée nationale de mémoire
/¶LQWHQWLRQGX%13HVWG¶HQIDLUHXQHMRurnée nationale de mémoire pour commémorer le
JpQRFLGH GHV %ULWDQQLTXHV EODQFV DVVHUYLV SDU OHV PDUFKDQGV G¶HVFODYHV LVODPLTXHV HW SRXU
que soit érigée à Trafalgar Square une statue de Sir Sidney Smith et de sa « Société des Chevaliers Libérateurs des EscODYHV%ODQFVG¶$IULTXH » qui combattit longtemps et durement pour
obtenir la libération des esclaves blancs capturés par les esclavagistes islamiques.
3RXUOHVRXPLOOLRQG¶HVFODYHVHQOHYpVG¶(XURSHSDUOHVPDUFKDQGVG¶HVFODYHVLVOamiques, le BNP a aXVVLO¶LQWHQWLRQGHGHPDQGHUGHVUpSDUDWLRQVjGHVSD\VFRPPHOH0DURF
OD7XQLVLHO¶$OJpULHHW ODULFKH /LE\H1RXV HVWLPRQVTXHOHJRXYHUQHPHQW EULWDQQLTXHGRLW
recevoir plus de dix milliards de livres de dommages et intérêts pour les souffrances et le
meurtre de nos gens.
Le 27 août chaque année, à partir de 2006, le BNP décernera un prix aux personnes qui auURQWIDLWOHSOXVSRXUIDLUHFRQQDvWUHOHVTXHVWLRQVFRQFHUQDQWO¶H[SDQVLRQLVODPLTXHHQ2FFident. Ce Prix sera appelé le Prix Sidney Smith.
Informations sur le musée :
Lundi-samedi de 10h à 17h.
Dimanche de 11h à 17h.
Entrée libre.
Fermé les 24, 25, 26, 31 et 1er janvier.
New Walk Museum and Art Gallery
53 New Walk, Leicester,
LE1 7EA
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Article publié sur www.nationalvanguard.org
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[119] Esclavage, vous avez bien dit esclavage ?
Par Paul Garcin le vendredi 12 mai 2006, 14:20 Dans le cadre de la commémoration le 10 mai, pour la première fois en France, de l'abolition de lǯesclavage , il est bon de rappeler que lǯesclavage nǯa pas toujours été comme on voudrait nous le faire croire le seul fait de la civilisation occidentale On nous parle beaucoup, actuellement d'esclavage, du refus de certains pays ou de personnes qui nient leur participation dans l'esclavage. Personnes ou pays qui deman-­‐
dent en permanence, soutenus par diverses associations ou partis politique le pardon pour des faits de l'histoire. Hors un fait est ignoré volontairement, les millions, d'Européens kidnappés sur le sol europen ou des bateaux et vendus comme esclaves, et ce pendant plusiuers siècles, dont leur malheur est la cause directe de la bataille d'Alger en 1816. Rappel de l'histoire, volontairement occultés, pour faire plaisir a des organisations islamique, notre histoire, celle de nos aieuls. La terreur islamique commença dans les îles britanniques lors du « terrible été de 1625 » quand des corsaires esclavagistes nord-­‐africains envahirent et dévastèrent les côtes sud de lǯAngleterre, et hissèrent même pendant un bref instant lǯétendard de ba-­‐
taille vert de lǯislam sur le territoire anglais, un étendard sur lequel était inscrite la ter-­‐
rible promesse : « Les portes du Paradis sont à lǯombre des épées ». Sur les côtes de Cornouailles, du Devon, du Dorset et dǯIrlande du Sud, les corsaires islamiques tuèrent et pillèrent des villages entiers pour les vendre comme esclaves dans lǯempire islamique dǯOrient. En 1625, les marchands dǯesclaves retournèrent ensuite à Alger « dans ce seul raid » avec un millier †ǯhommes, de femmes et d’ enfants britanniques à vendre comme es-­‐
claves. Au total, les pirates islamiques nord-­‐africains enlevèrent et réduisirent en escla-­‐
vage 1,3 million dǯEuropéens blancs entre 1530 et 1780 dans une série de raids qui dé-­‐
peuplèrent les villes côtières, de la Sicile à la Cornouaille. Pour que la population esclave reste stable, environ un quart devait être remplacé chaque année, ce qui pour la période de 1580 à 1680 signifiait environ 8.500 nouveaux esclaves par an, arrivant à un total de 850.000 esclaves. La même méthodologie suggère que 475.000 furent enlevés dans les siècles précédant et suivant. De 1500 à 1650, quand lǯesclavage transatlantique était encore à ses débuts, il y eut probablement plus dǯesclaves chrétiens blancs emmenés chez les Barbaresques que dǯesclaves africains noirs aux Amériques. Dǯaprès une estimation, 7.000 Anglais furent enlevés entre 1622 et 1644, beaucoup dǯentre eux étant des équipages et des passagers de bateaux qui furent interceptés et capturés par des marchands dǯesclaves. Lǯimpact de ces attaques sur les nations européennes attaquées par les pirates meur-­‐
triers fut dévastateur : la France, lǯAngleterre et lǯEspagne perdirent chacune des milliers de bateaux, et de longues étendues des côtes espagnoles et italiennes furent presque complètement dépeuplées et abandonnées par leurs habitants. Des villages entiers de ces pays furent vidés de leurs habitants enmenés en esclavages. A leur apogée, la des-­‐
[120] truction et le dépeuplement de certaines régions européennes excédèrent ce que les es-­‐
clavagistes européens infligeront plus tard à lǯintérieur africain quand les esclavagistes africains vendront leurs compagnons noirs aux esclavagistes européens. A cette époque, lǯEurope vivait dans la peur de lǯislam. Bien que les centaines de milliers dǯesclaves chrétiens furent principalement enlevés dans les pays méditerranéens, les effets des raids esclavagistes musulmans furent res-­‐
sentis beaucoup plus loin et durant la plus grande partie du XVIIe siècle lǯAngleterre perdit au moins 400 marins par an du fait des marchands dǯesclaves islamiques. Les Américains ne furent pas épargnés. Par exemple, un esclave américain raconta que 130 autres Américains avaient été réduits en esclavage par les Algériens en Médi-­‐
terranée et dans lǯAtlantique rien quǯentre 1785 et 1793. Mais les corsaires nǯinterceptaient pas seulement les navires au milieu de lǯocéan ; ils débarquaient aussi sur les plages non gardées, souvent de nuit, pour sǯemparer des vil-­‐
lageois endormis. Cela se passa dans des parties de la Cornouaille et presque tous les habitants du village de Baltimore, en Irlande, furent capturés en 1631, et il y eut dǯautres raids dans le Devon. Lǯune des plus riches épaves au trésor trouvées au large de lǯAngleterre -­‐ à Salcombe, Devon -­‐ était un bateau barbaresque du XVIe siècle en route pour capturer des esclaves. Toutes les côtes des pays bordant l'Atlantique et la Méditér-­‐
rannée furent toucher. Le nombres exactes de personnes enlevées est surement sous estimé. Les milliers de chrétiens blancs qui étaient capturés chaque année devaient travailler comme esclaves sexuels, galériens, travailleurs et concubins des seigneurs musulmans dans ce qui est aujourdǯhui le Maroc, la Tunisie, lǯAlgérie et la Libye. Ce furent en fait des esclaves européens qui furent forcés de construire les palais de Meknès pour le tyran marocain, Moulay Ismail, au début du XVIIIe siècle. Dépassant Ver-­‐
sailles en taille et en splendeur, ils furent construits par des esclaves chrétiens, par un souverain qui se glorifiait de son pouvoir absolu. Par exemple, il traitait le roi dǯAngleterre de faiblard pitoyable, puisque celui-­‐ci permettait à un parlement de limiter son autorité. Le cauchemar ne cessa quǯen 1816, quand la Royal Navy obligea par la force le port dǯAlger à la soumission et imposa la cessation de la vente dǯesclaves chrétiens dans le Maghreb, une action inspirée par Sir Sidney Smith et sa « Société des Chevaliers Libéra-­‐
teurs des Esclaves Blancs dǯAfrique ». Le bombardement dǯAlger pour libérer les esclaves blancs eut lieu le 27 août 1816, quand une flotte anglo-­‐hollandaise sous le commandement de lǯamiral Lord Exmouth bombarda les bateaux et les défenses portuaires dǯAlger. Bien quǯil y eut une campagne continue de diverses marines européennes et de la ma-­‐
rine américaine pour supprimer la piraterie contre les Européens de la part des Etats barbaresques nord-­‐africains, le but spécifique de cette expédition était de libérer les esclaves chrétiens et de stopper la pratique de lǯesclavage contre les Européens. Cette fin fut partiellement atteinte quand le Dey dǯAlger libéra un millier dǯesclaves après le bom-­‐
bardement et signa un traité contre lǯesclavage des Européens. Pourtant, si lǯon fait des recherches sur la bataille dǯAlger en 1816 et les raisons se trouvant derrière lǯattaque, on découvre que la bataille elle-­‐même semble avoir été éva-­‐
cuée de lǯhistoire. [121] Cet esclavagisme est considéré aujourdǯhui par les musulmans comme un « enrichis-­‐
sement culturel ». Pour les 1 ou 1,3 million dǯesclaves enlevés dǯEurope par les marchands dǯesclaves islamiques, a aussi lǯintention de demander des réparations à des pays comme le Maroc, la Tunisie, lǯAlgérie et la riche Libye. Nous estimons que le gouvernement britannique doit recevoir plus de dix milliards de livres de dommages et intérêts pour les souffrances et le meurtre de nos gens. Le 27 août de chaque année, à partir de 2006, une journée de mémoire pour les 1 ou 1,3 million dǯesclaves enlevés dǯEurope par les marchands dǯesclaves islamiques. Ce jour là un prix sera decerné aux personnes qui auront fait le plus pour faire connaître les questions concernant lǯexpansion islamique en Occident.Une association européenne le BNP a lǯintention de demander des réparations à des pays comme le Maroc, la Tunisie, lǯAlgérie et la riche Libye. Les enlèvements d'européens pour en faire des esclaves continuent. http://www.mediaslibres.com/tribune/post/2006/05/12/3-­‐esclavage-­‐vous-­‐avez-­‐
bien-­‐dit-­‐esclavage [122] /DILQGHO¶HVFODYDJHHQ$IULTXHGX1RUG
Un bienfait de la colonisation ? Généalogie A lgérie M aroc T unisie ± Décembre 2008 ± N°100
« ‘—”“—‘‹ ’‡”•‘‡ ǯƒ˜ƒ‹– Œƒƒ‹• ’‘•± Žƒ “—‡•–‹‘ †‡ Žǯ±–‡†—‡ †— –”ƒˆ‹… †ǯ‡•…Žƒ˜‡•
„Žƒ…• ‡ ±†‹–‡””ƒ±‡ Ǣ ‘—• ‘—• ƒ’‡”…‡˜‘• ƒ‹–‡ƒ– “—‡ …ǯ‡•– ‡ ‰”ƒ†‡ ’ƒ”–‹‡
parce que connaître ou même risquer des conjectures quant à la réponse ne servait Žǯ‹–±rêt de personne » (1) ‡––‡…‘…Ž—•‹‘†‡ŽǯŠ‹•–‘”‹‡ƒ±”‹…ƒ‹‘„‡”–ǤǤƒ˜‹•”‡Œ‘‹–Žǯ‘„•‡”˜ƒ–‹‘†—’”o-­‐
fesseur Jean-­‐‘—‹•‹°‰‡”ƒ’’‡Žƒ–Ǽ“—ǯƒ—ƒ”‘…²‡ǡŽƒ“—‡•–‹‘†‡Žƒ…‘—”•‡”‡•–‡
—†‘ƒ‹‡•‡•‹„Ž‡†‡ŽǯŠ‹•–‘‹”‡ǽ (2) et celle du professeur S. Bono pour lequel « nous ǯƒ˜‘•’ƒ•˜‘—Ž—ǡ‘—•—”‘’±‡•ǡ”ƒ’’‡Ž‡”‡–…‘ƒÁ–”‡†ƒ˜ƒ–ƒ‰‡—‡”±ƒŽ‹–±’‡—‰Žo-­‐
rieuse qui pouvait déranger » (3) . ‘—”–ƒ–ǡ•—’’‘•‡”“—ǯ‹Ž•‘‹–’‘Ž‹–‹“—‡‡–‹…‘””‡…–ǡŽ‡•—Œ‡–ǯ‡±”‹–‡’ƒ•‘‹•
une étude, ne serait-­‐ce que pour permettre aux descendants de ces esclaves européens, †‘– Žǯƒ—–‡—” †‡ …‡• Ž‹‰‡• ˆƒ‹– ’ƒ”–‹‡ǡ †‡ ‹‡—š …‘ƒÁ–”‡ Ž‡ …‘–‡š–‡ Š‹•–‘”‹“—‡ ‡– Ž‡•
”ƒ‹•‘•“—‹‘–’—…‘†—‹”‡Ž‡—”•ƒŽŠ‡—”‡—šƒ…²–”‡••—”Žǯƒ—–”‡”‹˜‡†‡Žƒ±†‹–‡””a-­‐
née jusquǯƒ—†±„—–†—e siècle . Cette traite des blancs répondait, le plus souvent, moins à un besoin de main-­‐†ǯà—˜”‡
•‡”˜‹Ž‡ǡ“—ǯŽƒ”‡…Š‡”…Š‡†ǯ—‡”ƒ­‘•—„•–ƒ–‹‡ŽŽ‡‡–‡ŽŽ‡•ǯƒ’’ƒ”‡–ƒ‹–†‘…’Ž—•—‡
ˆ‘”‡†‡ ”ƒ’– “—‡†ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ǤŽŽ‡‡ †‘‹–’ƒ•ˆƒire oublier la traite des noirs en pays †ǯ•Žƒ‡–•ƒ†‹ˆˆ‹…‹Ž‡±”ƒ†‹…ƒ–‹‘–ƒ–…‡ŽŽ‡-­‐…‹±–ƒ‹–ƒ…”±‡†ƒ•Ž‡•à—”•(4) . La traite des blancs (5) La domination turco-­‐barbaresque en Méditerranée, illustrée en 1560 par la victoire de Soliman le Magnifique sur la flotte espagnole à Djerba, un temps éclipsée par la vic-­‐
toire de Lépante en 1571 (6)ǡ•‡–”ƒ†—‹–‡•—‹–‡’ƒ”Žǯ‡••‘”†‡Žǯƒ…–‹˜‹–±…‘”•ƒ‹”‡†‡•„ƒr-­‐
baresques et la multiplication des captifs chrétiens. Robert. C. Davis a chiffré à un million les blancs chrétiens réduits en esclavage par les barbaresques entre 1530 et 1780 et ces actes de piraterie, exercés par les populations †‡ Žƒ …Ø–‡ •‡’–‡–”‹‘ƒŽ‡ †‡ Žǯˆ”‹“—‡ǡ Ǽ Ž‡• ”‡†‹– — ‘„Œ‡– †ǯŠ‘””‡—” ’‘—” –‘—• Ž‡•
peuples chrétiens qui pendant si longtemps frémirent au récit des cruautés que les es-­‐
claves de leur religion eurent à souffrir de la part des maures ». (7) Une honte ! —…—‡ ƒ–‹‘ƒŽ‹–± ǯ±–ƒ‹– ±’ƒ”‰±‡ ‡– …ǯ‡•– ƒ‹•‹ “—ǯƒ— …‘—”• †‡• …‘„ƒ–• ‡–”‡
Žǯ’‹”‡‡–Ž‡•––‘ƒ•ǡ†‡ͳͷ͸ʹͳͷͻͶǡ†‡‘„”‡—š‘‰”‘‹•ˆ—”‡–…ƒ’–—”±•Ǣ’ƒr-­‐
mi ceux-­‐ci se trouvait un certain Mickaël Sarkosi (Sàrkösi) dont la rançon fut fixée à 800 thalers (8). Devant ce fléau, les états européens, divisés, se contentaient de négocier des trêves et –‡–ƒ‹‡–†ǯ‘„–‡‹”Žƒ’ƒ‹š‡˜‡”•ƒ–†‡•–”‹„—–•‡ƒ”‰‡–‘—‡ƒ–—”‡ (9), faisant dire à [123] Ludovico Antonio Muratori dans ses ƒŽ‡•†ǯ–ƒŽ‹‡: « Ce sera toujours une honte pour Ž‡•’—‹••ƒ…‡•†‡Žƒ…Š”±–‹‡–±ƒ—••‹„‹‡…ƒ–Š‘Ž‹“—‡•“—‡’”‘–‡•–ƒ–‡•ǡ“—‡†‡˜‘‹”“—ǯƒ—
Ž‹‡— †ǯ—‹” Ž‡—”• ˆ‘”…‡• ’‘—” ±…”ƒ•‡”ǡ …‘‡ ‡ŽŽ‡• Ž‡ ’‘—””ƒ‹‡–ǡ …‡• ‹†• †‡ •…±Ž±”ƒ–•
corsaires, elles vont de temps à autre mendier par tant de sollicitations et de dons, pour ‡’ƒ•†‹”‡†‡• –”‹„—–•ǡŽ‡—”ƒ‹–‹±ǡŽƒ“—‡ŽŽ‡ǡ‡•—‹–‡ Žǯ±’”‡—˜‡ǡ•‡–”‘—˜‡ •‘—˜‡– ‡n-­‐
cline à la perfidie » (10) . Conscients de la faiblesse de leurs adversaires pris isolément, les ±–ƒ–• „ƒ”„ƒ”‡•“—‡• ‡ ’—”‡– “—‡ –‹”‡” ƒ˜ƒ–ƒ‰‡ †ǯ—‡ •‹–—ƒ–‹‘ “—‹ Ž‡• ’Žƒ­ƒ‹– •—” —
’‹‡† †ǯ±‰ƒŽ‹–± ƒ˜‡… Ž‡—” ‹–‡”Ž‘…—–‡—” †ƒ• Ž‡ …ƒ†”‡ †ǯƒ……‘”†• „‹Žƒ–±”ƒ—š …‘•–ƒ‡–
remis en cause (11) . Le plus souvent des renégats Pour eux, la course était une des formes militaires de la guerre pratiquée contre les états chrétiens et les corsaires étaient présentés dans les régences comme des héros pratiquant le djihad qui leur assurait, en cas de mort, le pardon de leurs péchés et de leurs dettes en leur qualité de mudjahid (12) . Ces corsaires étaient le plus souvent des renégats « turcs de profession, qui, de sang et parents chrétiens se sont faits Turcs de leur libre volonté pour devenir les principaux en-­
nemis du nom chrétien et qui avaient presque tout le pouvoir, la domination, le gouverne-­
‡–‡–Ž‡•”‹…Š‡••‡•†ǯŽ‰‡”ǽ(13). Légitimée par la religion, la course permettait aux régences barbaresques de •ǯ‹’‘•‡” †‹’Ž‘ƒ–‹“—‡‡– ‡– †ǯ‘ˆˆ‹…‹ƒŽ‹•‡” —‡ ’”ƒ–‹“—‡ …”‹‹‡ŽŽ‡ †‡ ”ƒ’–•
†ǯ‹†‹˜‹†—•‡˜—‡†ǯ‘„–‡‹”Ž‡’ƒ‹‡‡–†ǯ—‡”ƒ­‘‘—†ǯƒ—–”‡•ƒ˜ƒ–ƒ‰‡•ǡ…‡“—‹”‡†
difficile Ǽ †ǯƒ••‹‹Ž‡” …‡• ’‹ŽŽƒ”†• ’”‘ˆ‡••‹‘‡Ž•  †‡• …‘”•ƒ‹”‡• †‡ Žƒ ’ƒ–”‹‡ǡ ˜‘‹”‡  †‡•
martyrs de la foi » (14). Funeste aventure ƒ”‹Ž‡•”ƒœœ‹ƒ•ǡŽǯ—‡†ǯ‡–”‡‡ŽŽ‡•ƒ’ƒ”ticulièrement marqué les mémoires par son ƒ’Ž‡—”Ǥ ƒ• Žƒ —‹– †— ʹ •‡’–‡„”‡ ͳ͹ͻͺǡ ͻͶͷ ’‡”•‘‡• ˜‹˜ƒ– •—” ŽǯÁŽ‡ †‡ ƒ‹–-­‐
Pierre, au sud-­‐ouest de la Sardaigne, ont été brutalement capturées par des pirates tuni-­‐
siens (15). J. Marcel a relaté cette funeste aventure : « Les hommes furent enchaînés, entassés les uns sur les autres, dans la cale du bâtiment. Les mères, les filles, les enfants se pressaient, hurlaient et se cherchaient réciproquement dans cette foule confuse... jamais un spectacle plus lamentƒ„Ž‡ǯƒ˜ƒ‹–’ƒ”——‹•Ǣ…ƒ”Œƒƒ‹•—ŽŽ‡’”‹•‡ǡ—ŽŽ‡†‡•…‡–‡ǯ›ƒ˜ƒ‹–ƒe-­
± — ƒ—••‹ ‰”ƒ† ‘„”‡ †‡ ˜‹…–‹‡•ǤǤǤ …ǯ±–ƒ‹– —‡ ˜‹ŽŽ‡ ‡–‹°”‡ “—‡ …‡––‡ ˆ‘‹• Ž‡• ’‹”ƒ–‡•
amenaient prisonnière dans leur bagne » (16) . Sur la liste de ces victimes dressée en avril 1799 (17) figurait mon hexaïeul (huitième génération) Rombi Rocco dont la descendance allait servir les beys de Tunis : Giuseppe (garde pipe), son fils Agostino (grand aqua) et le fils de ce dernier Giuseppe (cuisinier). ‡Žƒ…Š‹”—”‰‹‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ǯ‡•–†—ƒ”‹ƒ‰‡†‡…‡…—‹•‹‹‡”‡–†‡ƒ”‹‡ƒ•–”‘˜‹–…Šǡ‡ŽŽ‡-­‐²‡ˆ‹ŽŽ‡†ǯ—‡•…Žƒ˜‡
autrichien (garde pipe du bey) que naquit ma trisaïeule Mathilde, laquelle unit sa desti-­‐
[124] née avec Sauveur Lombard, petit-­‐fils de Joseph Frédéric Lombard, capturé en Méditer-­‐
ranée par les Tunisiens en 1806. Personnage haut en couleur, Joseph Frédéric, né à Dôle le 13 avril 1773, avait com-­‐
‡…±–”ƒ˜ƒ‹ŽŽ‡”†°•ŽǯŸ‰‡†‡ͳʹƒ•†ƒ•Ž‡•ŠØ’‹–ƒ—š‹Ž‹–ƒ‹”‡•Ǥ“—‹±–±•‘—•Žƒ‡r-­‐
reur, ce chirurgieŽǯƒ”±‡†ǯ‰Ž‡–‡””‡’—‹•†ǯ–ƒŽ‹‡•‡”‡–”‘—˜ƒ‡•…Žƒ˜‡—‹•ƒ˜ƒ–
†ǯ²–”‡”ƒ…Š‡–±’ƒ”Ž‡…‘•—Ž†‡”ƒ…‡‡˜‘‹œ‡Ǥ –ƒ–’ƒ”˜‡—‰—±”‹”Ž‡„‡›†ǯ——Ž…°”‡ŽƒŒƒ„‡ǡ‹Ž‡–”ƒ•‘•‡”˜‹…‡‡–…‡Ž—‹†‡
ses successeurs. Mais ce franc-­‐maçon fronde—”ǯƒ˜ƒ‹–’ƒ•“—‡†‡•ƒ‹•‡–ǡ†ƒ•—”ƒp-­‐
’‘”–†ǯ‘…–‘„”‡ͳͺʹͲ(18), il est présenté comme un déserteur des armées napoléoniennes, « pervers et composé de tous les vices fondus ensemble » ƒ›ƒ–†‡—šˆ‡‡•ǡŽǯ—‡ƒr-­‐
•‡‹ŽŽ‡ǡ Žǯƒ—–”‡  —‹• « crime anciennement puni de mort » (sic). Il lui était notamment ”‡’”‘…Š±†ǯƒ˜‘‹”’‘—••±Ž‡ƒ—˜ƒ‹•‡•’”‹–Œ—•“—̵†‘‡”•‡•‡ˆƒ–•« les noms de Na-­
’‘Ž±‘‡–†ǯƒ—–”‡•†‡Žƒˆƒ‹ŽŽ‡†‡‘ƒ’ƒ”–‡ǽ. ‘„ƒ”†ǡ‹Ž‡•–˜”ƒ‹ǡƒ˜ƒ‹–†‡—šˆƒ‹ŽŽ‡•†‘–Žǯ—‡±–ƒ‹–‹••—‡†‡ son union illégitime avec Justine Alzetto, de laquelle naquit le père de Sauveur, mon tétraïeul Eugène. Curieux destin qui a ainsi permis de réunir au palais du Bardo mes ancêtres tabarkins, sardes, autri-­‐
chiens, maltais et jurassiens, pour la plupart esclaves (le grand père maternel de Justine Žœ‡––‘±–ƒ‹–…‘ƒ‰›†—„‡›ǡ…ǯ‡•–-­‐à-­‐dire intendant ). Pour en finir avec ces transferts forcés de populations, la voix de Chateaubriand •ǯ±Ž‡˜ƒŽƒŠƒ„”‡†‡•ƒ‹”•Ž‡ͻƒ˜”‹Žͳͺͳ͸ǤǤǤǼŽ•˜‹‡‡–†ǯ‡Ž‡˜‡”Žƒ ’‘’—Žƒ–‹‘†ǯ—‡
île entière ; hommes, femmes, enfants, vieillards, tout a été plongé dans la plus affreuse ser-­
˜‹–—†‡ǤǤǤ ǯ‡•– ‡ ”ƒ…‡ “—‡ ˆ—– ’”²…Š±‡ Žƒ ’”‡‹°”‡ …”‘‹•ƒ†‡ Ǣ …ǯ‡•– ‡ ”ƒ…‡ “—ǯ‹Ž ˆƒ—–
Ž‡˜‡”Žǯ±–‡†ƒ”††‡Žƒ†‡”‹°”‡ǤǤǤǽ Cet appel, relƒ›±’ƒ”Žǯ‰Ž‡–‡””‡‡–Žƒ‘…‹±–±†‡•…Š‡˜ƒŽ‹‡”•Ž‹„±”ƒ–‡—”•†‡•‡•…Žƒ˜‡•
blancs, allait être entendu (19). Traité ƒ”ƒœœ‹ƒ†—”ƒÃ•–—‹•‹‡‘—•–ƒˆƒ…‘–”‡ŽǯÁŽ‡†‡ƒ‹–-­‐Antioche en octobre 1815 dé-­‐
cida les puissances réunies au congrès de Vienne à réagir et lord Exmouth obtint Žǯ‡‰ƒ‰‡‡–±…”‹–†— „‡›ƒŠ‘—††‡•—’’”‹‡”Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡…Š”±–‹‡†ƒ••‡•±–ƒ–•‡
mai 1816, pendant la semaine de Pâques (20). Il fallut cependant attendre la capitulation †ǯŽ‰‡”ǡŽ‡ͷŒ—‹ŽŽ‡–ͳͺ͵Ͳǡ’‘—”“—‡Ž‡„‡›†‡—‹•ǡŽ‡ͺƒ‘ð–ͳͺ͵Ͳǡ‡–Ž‡’ƒ…Šƒ†‡”‹’‘Ž‹ǡ
–”‘‹• Œ‘—”• ’Ž—• –ƒ”†ǡ •‹‰‡– ƒ˜‡… Žƒ ”ƒ…‡ — –”ƒ‹–± ‹–‡”†‹•ƒ– Žƒ …‘—”•‡ǡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡
des chrétiens et la réclamation de tout tribut aux états européens (21). ‹Žƒ…”‘‹•ƒ†‡†‡•–‹±‡ƒ„‘Ž‹”Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†‡•„Žƒ…•ƒ˜ƒ‹–‡ˆ‹ƒ––‡‹–•‘‘„Œ‡…–‹ˆǡ‹Ž
ǯ‡ƒŽŽƒ‹–’ƒ•†‡²‡†‡…‡ŽŽ‡‡±‡’ƒ”Ž‡•‰Žƒ‹•’‘—”‡––”‡—–‡”‡Žƒ–”ƒ‹–‡
des noirs qui, outre son mobile philanthropique devait leur permettre de « ruiner les colonies qui leur faisaient (22) concurrence » . La traite des noirs [125] ‘–”ƒ‹”‡‡–—‡–Š°•‡Ž‘‰–‡’••‘—–‡—‡ǡŽƒ–”ƒ‹–‡ƒ–Žƒ–‹“—‡ǯƒ nullement tari à partir du XVIe •‹°…Ž‡Žƒ–”ƒ‹–‡–”ƒ••ƒŠƒ”‹‡‡ǣŽ‡–”ƒˆ‹…±‰”‹‡”•ǯ‡•–’‘—”•—‹˜‹Œ—•“—ǯƒ—
XIXe •‹°…Ž‡Žǯ‡…‘–”‡†‡•’‘’—Žƒ–‹‘•‘‹”‡•‘—•—Žƒ‡•(23). ǯƒŽ‹„‹ †‡ Žƒ ”‡Ž‹‰‹‘ ȋ†Œ‹Šƒ†Ȍ ‡– Žƒ †±˜ƒŽ‘”‹•ƒ–‹‘ †— ‘‹” ƒ••‹‹Ž±  Žƒ ˆ‹‰—”‡ †‡
Žǯ‡•…Žƒ˜‡ (24) •‡”˜‹”‡–  Ž±‰‹–‹‡” Žƒ –”ƒ‹–‡ ‘”‹‡–ƒŽ‡ †‘– Žǯƒ’Ž‡—” ‡•– …‘•‹†±”ƒ„Ž‡Ǥ
ǯŠ‹•–‘”‹‡ƒ›‘†ƒ—›ƒ±˜ƒŽ—±†‡—š‹ŽŽ‹‘•’ƒ”•‹°…Ž‡ǡ†—e au XIXe siècle, les noirs déportés à travers le désert (25). ‡’ƒ”–‹‡†‡…‡•‡•…Žƒ˜‡•±–ƒ‹–†‡•–‹±‡Žǯˆ”‹“—‡†—‘”†‡–‘ƒ±˜ƒŽ—±—‹ŽŽ‹‡”
ceux qui arrivaient chaque année en Tunisie au XIXe siècle pour assurer des tâches do-­‐
mestiques ou militaires (26). Au Maroc, le sultan Moulay Ismaïl (1672-­‐1727) organisa une armée noire dans laquelle les enfants des soldats devenaient eux-­‐mêmes des soldats-­‐
esclaves (27). En 1836, à Tunis, le bey tenta de créer un bataillon formé de « tous les nègres en état de porter les armes » (28).. —ƒ–ƒ—šˆ‡‡•‘‹”‡•Žǯ‘”‹‰‹‡†—±–‹••ƒ‰‡†ǯ—‡’ƒ”–‹‡†‡Žƒ’‘’—Žƒ–‹‘ǡ‡ŽŽ‡•
étaient des concubines recherchées et il semblerait que les musulmans déportaient plus †‡ˆ‡‡•“—‡†ǯŠ‘‡•(29) . ǯ‡•–•‘—•Žƒ’”‡••‹‘†‡Žƒ
rande-­‐Bretagne que les esclaves noirs furent déclarés li-­‐
bérés en Tunisie en1846 par le bey Ahmed, lequel, pour justifier cette décision, invoqua, ’ƒ” Žǯ‹–‡”±†‹ƒ‹”‡ †‡ •‘ ‹‹•–”‡ ‡ Š‹ƒˆǡ —‡ ƒ”‰—‡–ƒ–‹‘ Œ—”‹†‹…‘-­‐religieuse dans une fetwa qui mettait en avant le non respect par les maîtres des normes musul-­‐
ƒ‡•”±‰‹••ƒ–Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡‡–Ž‡•‘—…‹†ǯ±˜‹–‡”Žǯ‹–‡”˜‡–‹‘†ǯƒ—–‘”‹–±•±–”ƒ‰°”‡•Ǥ(30) Žǯ‹•–ƒ” †‡• …‘†‡• ‘‹”• –ƒ– †±…”‹±•ǡ ‹Ž ‡š‹•–ƒ‹– ‡ ‡ˆˆ‡– — …‘†‡ †‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ †‡•
musulmans qui posait en premier principe que Ǽ Žƒ ˜‡–‡ †‡• °‰”‡• ”±†—‹–•  Žǯ±–ƒ–
†ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡±–ƒ‹–’‡”‹•‡’ƒ”…‡“—ǯ‡‰±±”ƒŽ‹Ž••‘–‹ˆ‹†°Ž‡•ǽ(31). Il a cependant fallu attendre le protectorat et un décret beylical du 28 mai 1890 pour faire respecter la suppre••‹‘ †‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ‡ —‹•‹‡Ǥ ‡ ²‡ǡ ƒ— ƒ”‘…ǡ …ǯ‡•– Žƒ
”ƒ…‡“—‹ƒˆƒ‹–ˆ‡”‡”Ž‡•ƒ”…Š±•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•‡ͳͻͳʹ‡–“—‹ƒ‘„–‡—Žǯƒ„‘Ž‹–‹‘–‘–ƒŽ‡
avec la pacification du Sud en 1932. ‘—” ŽǯŽ‰±”‹‡ ‡ˆ‹ǡ Ž‡ †±…”‡– †— ʹ͹ ƒ˜”‹Ž-­‐3 mai 1848 a été appliqué, son article 1er précisant que ǼŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡•‡”ƒ‡–‹°”‡‡–ƒ„‘Ž‹†ƒ•–‘—–‡•Ž‡•…‘Ž‘‹‡•‡–’‘••‡••‹‘•
françaises ». ‹•‹ǡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ‡– Žƒ –”ƒ‹–‡ ±‰”‹°”‡ Ǽ “—‹ ǯƒ ’ƒ• ±–± —‡ ‹˜‡–‹‘ †‹ƒ„‘Ž‹“—‡ †‡
Žǯ—”‘’‡ǽ (32) ont été efficacement prohibés par le législateur colonial au nom du dogme républicain Liberté, égalité, fraternité. Faut-­‐‹Žƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹•ǯ‡”‡’‡–‹”ǫ(33)ǤȈ Christian Dureuil N.B.-­Postérieurement à la rédaction de cet article, a paru aux éditions Fayard l'ouvrage de Malek Chebel : L'esclavage en terre d'Islam, avec une importante bibliographie, pp. 419-­471. Bibliographie 1-­‐Davis Robert C. Esclaves chrétiens, maîtres musulmans, p. 308. Ed. G. Chambon, 2006. 2-­‐Miège J.L. Les Aspects de la course marocaine du XVIIe au XIXe s. in La Guerre de [126] course en Méditerranée (1515-­1830), p.40. Ed. A Piazzola. Ajaccio 2000. 3-­‐Bono Salvador. Les Corsaires en Mé-­diterranée, p.8. Paris Méditerranée 1998 4-­‐Pétré Grenouilleau O. Les Traites négrières, p.27. Ed. Gallimard. 2004. 5-­‐Le terme est utilisé par le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle. Larousse, t. VII, p. 861 et suiv. 1870. 6-­‐Courtinat R. La Piraterie barbaresque en Méditerranée. XVIe-­XIXe, p.81 et suiv. Ed.J.Gandini.2003. 7-­‐Larousse XIXe. p.861 et s. (note 5). 8-­‐Collenberg W.H.Rudt (de). Esclavage et rançons des chrétiens en Méditerranée (1570-­1600), p.221. †Ǥ±‘’ƒ”††ǯ‘”Ǥͳͻͺ͹ͻ-­‐Plantet E. Correspondance des beys de Tunis. Tome III p. LXV et suiv. Félix Alcan éd.1899. Masson P. Histoire du commerce français dans le Levant au XVIIIe s. p. 357. Hachette. 1911. 10-­‐Cité par Bono S. (préc.3) p.37 11-­‐Panzac D. La course barbaresque revisitée XVIe-­XIXe s. In La Guerre de courses en Méditerranée (préc.2) p.33 12-­‐Idem. 13-­‐Haedo Diego (de). Topografia e historia de Argel. Valladolid 1612 chap.XI à XIII traduction B. Bennassar 14-­‐Deschamps H. Pirates et flibustiers, p. 25. Que sais-­‐je ? n°554 15-­‐Sebag Paul. Tunis au XVIIe s. ǯƒ”ƒ––ƒ’Ǥʹʹͳ‡–•Ǥ Nozières L. et C. ‡• Ǽ ƒ„ƒ”‹‹ ǽ †‡ ŽǯÁŽ‡ †‡ ƒ ‹±–”‘. GAMT n°37, p. 3 16-­‐Revue ǯ‹˜‡”•, p.124 et suiv. 1862 17-­‐Archives du secrétariat général du gouvernement tunisien. Dossier Courses et corsaires, cité par Grandchamp P. in Autour du consulat de France à Tunis, p.123. Tunis 1943. 18-­‐Notice sur le gouvernement de la régence de Tunis oct.1820. SHAN cote AEB III 304 19-­‐Plantet (note 9) p. L 20-­‐Grandchamp P. (note 17) p.97 21-­‐Panzac D. (note 11) p.37 22-­‐Mandat-­Grancey. ‘—˜‡‹”• †‡ Žƒ …Ø–‡ †ǯˆ”‹“—‡. Paris 1900 p.79 cité par Grandchamp p.99 23-­‐Pétré Grenouilleau O. préc. n°4 p.30 et s. 24-­‐C. Coquery Vidrovitch, in Marc Ferro, Le Livre noir du colonialisme. XVI-­XXIe s. Ha-­‐
chette 2004 p.867 25-­‐Deveau J.M. Esclaves noirs en Méditerranée. Cahiers de la Méditer-­‐
ranée. vol.65, mis en ligne le 25 juillet 2005 URL : http://cdlm.revues.org/document27.html 26-­‐Valensi L. Esclaves chrétiens et es-­
claves noirs 27-­‐Deveau J.M. préc.n°24 28-­‐Abîl-­Diyäf Ahmad Ibn. Chronique des rois de Tunis et du pacte fondamental vol. II, p. 107. Tunis 1994 29-­‐Deveau J.M., préc.n°24 30-­‐
Chater K. Islam et réformes politiques dans la Tunisie du XIXe s. The Maghreb Review vol.13 n°1 & 2, p.77-­‐83b. 1988 31-­‐Daumas. Le grand désert, p.319 et suiv. Paris 1857. Ed. Michel Levy 32-­‐Braudel F. Grammaire des civilisations -­‐Flammarion 1933 p.168 33-­‐
Bruckner P. La tyrannie de la pénitence. Grasset 2006 p.179 ‡”ƒ­‘†‡“—ƒ–”‡‹ŽŽ‡Ž‘—‹•ǥ Les A.O.M. possèdent des dossiers sur l'esclavage en A.F.N. sous les cotes F.8O et 45/MIOM. Nous en avons extrait les deux documents ci-­†‡••‘—•ǡƒ••‡œ±˜‘…ƒ–‡—”•ǥ Ces dossiers contiennent également une liste de plus de 300 esclaves européens, ori-­‐
ginaires de France et du pourtour méditerranéen. Nous publierons peut-­‐être ultérieu-­‐
rement cette liste (après l'avoir déchiffrée !). Année 1750 André Alexandre Lemaire, écuyer conseiller du Roy, Consul de France à Alger, man-­‐
dons au sieur Jean Baptiste Germain, chancelier de ce Consulat, ayant l'administration des deniers de la Chambre de Commerce, de payer entre nos mains trois mille cinq cent cinquante cinq "pataque" et demy, valeur de quatre mille louis monnaye de France, que nous avons employé par ordre de Mgr Rouillé, ministre et secrétaire d'Etat pour servir à une partie de la rançon de M. François Ricaud, officier françois au service du Roy d'Es-­‐
[127] pagne, laquelle somme il passera au compte des messieurs de la Chambre du Commerce de Marseille, qui en seront remboursés conformément aux ordres que Mgr Rouillé voudra bien donner à ce sujet. Et ledit sieur Germain au moyen de notre présent mandat en sera bien et valablement déchargé. Fait à Alger le 3 juillet 1750 Lemaire Année 1784 ǯƒ‹Ž•‡’–…‡–“—ƒ–”‡˜‹‰– “—ƒ–”‡ǡ‡–Ž‡Š—‹–†‡‘˜‡„”‡ǡ‘– …‘’ƒ”—ȋ•Ȍ†‡˜ƒ–
‘—•ǡ ‡‘‹•– ‘•‡’Š ƒŽƒǡ ’”‘˜‹…ƒ‹”‡ ƒ’‘•–‘Ž‹“—‡ †‡• ”‘›ƒ—‡• †ǯŽ‰‡” ‡– †‡ —‹•ǡ n-­
toine Belin et Charles Maillé, tous deux français et esclaves de cette régence ; lesquels ont †±’‘•±ȋ•Ȍ“—‡ǡŽ‘”•“—‡Žǯƒ”±‡ƒ˜ƒŽ‡†ǯ•’ƒ‰‡‡•–˜‡—‡‡Œ—‹ŽŽ‡–†‡”‹‡”’‘—”„‘„ƒr-­
†‡” …‡––‡ ’Žƒ…‡ǡ ‹Ž• ‘– ˜—ȋ•Ȍ Ž‡ …ƒ†ƒ˜”‡ †ǯ— ‘›± “—ǯ‹Ž• ‘– ”‡…‘—ȋ•Ȍ  ǯ‡ ’‘—˜‘‹”
dout(t)er, être celui de Dominique Camus fils de feu Jean et de Marie Anne Charret, baptisé en mil sept cent cinquante trois à St Maurice de Mouriville, à une lieue de Chatel, diocèse de Metz. Esclave depuis environ deux ans, lequel voulant se sauver à bord de quelque navire ‡•’ƒ‰‘Žǡ•ǯ‡•–‘›±ǣ“—‘‹ŒǯƒŒ‘—–‡ƒ˜‘‹”˜——‡Ž‡––”‡˜‡—‡†ǯ•’ƒ‰‡‡˜‹”‘†‡—š‘‹•
ƒ’”°•Žƒ”‡–”ƒ‹–ȋ–Ȍ‡†‡Žƒ†‹–‡ƒ”±‡“—‹ƒ••—”ƒ‹–“—ǯ‹Ž‡•ǯ±–ƒ‹–•ƒ—˜±„‘”††‡Ž‡—”•˜ƒ‹s-­
seaux que deux esclaves : lesquels deux étaient espagnols, et que depuis ledit mois de juillet “—ǯƒ†‹•’ƒ”—Ž‡†‹–‘‹‹“—‡ƒ—•Œ—•“—ǯ…‡Œ‘—”ǡ‘ǯƒƒ—…—‡‡–‡–‡†—’ƒ”Ž‡”Ǥ
foi de quoy nous avons signé(s) à Alger les jour, mois et an que dessus. Antoine Belin C. Maillé B.J. Lalan, provic.apost Source : ANOM-­45 MIOM 23 http://www.genealogie-­‐gamt.org/images2/esclavage_en_afn.pdf [128] L'Esclavage des blancs.
Pourquoi ce silence sur cette réalité?
Olivier Pétré-*UHQRXLOOHDX3URIHVVHXUjO¶XQLYHUVLWpGH%Uetagne-Sud (Lorient)
Žǯ‹‰‘”‡–‘–ƒŽ‡‡–ǣƒ—‡•‹°…Ž‡ǡles esclaves blancs razziés par les musulmans furent plus nombreux que les Africains déportés aux Amériques. ǯŠ‹•–‘”‹‡ ƒ±”‹…ƒ‹
Robert C. Davis restitue les pénibles conditions de vie de ces captifs italiens ou espa-­‐
gnols*. ƒ ’”‹• ƒ—Œ‘—”†ǯŠ—‹Žƒ‡•—”‡ †‡ Žƒ traite des esclaves noirs organisée par les né-­‐
griers musulmans –”ƒ˜‡”•Ž‡ƒŠƒ”ƒǡƒ‹•‹“—ǯ‡†‹”‡…–‹‘†—‘›‡-­‐Orient et des ré-­‐
‰‹‘•†‡Žǯ‘…±ƒ†‹‡ȋͳȌǤ•ƒ‹–ƒ—••‹“—‡Žǯƒˆˆ”‘–‡‡–‡–”‡Žǯ‹•Žƒ‡–Žƒ…Š”±–‹‡–±
ƒƒŽ‹‡–±‡ƒ—”‡•‡–‡…Š”±–‹‡•Ž‡•ƒ”…Š±•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•†‡•†‡—š…Ø–±•†‡Žƒ±†i-­‐
terranée médiévale. ƒ‹••‹†‡•–”ƒ˜ƒ—šǡƒ‹–‡ƒ–ƒ••‡œ‘„”‡—šǡƒ˜ƒ‹‡–’‡”‹•†ǯ±…Žƒ‹”‡”Žƒ“—‡•–‹‘
†‡Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†ƒ•Ž‡•pays chrétiens, et notamment dans la péninsule Ibérique, on ne savait pas grand-­‐chose de la condition réelle des esclaves chrétiens †ƒ•Ž‡•2–ƒ–•Dz„ƒr-­‐
„ƒ”‡•“—‡•dz†ǯˆ”‹“—‡†—‘”†Ǥ‡Š‹•–‘‹”‡•‘—˜‡–‘„•…—”…‹‡’ƒ”ŽƒŽ±‰‡†‡Ǥ ”‘ˆ‡••‡—” †ǯŠ‹•–‘‹”‡ •‘…‹ƒŽ‡ ‹–ƒŽ‹‡‡  Žǯ—‹˜‡”•‹–± †ǯ2–ƒ– †‡ ŽǯŠ‹‘ǡ‘„‡”– Ǥ ƒ˜‹•
nous en livre désormais, dans un ouvrage remarquable, une approche véritablement scientifique. Le fruit de dix ans de travail, principalement en Italie. ƒ” Žǯ–ƒŽ‹‡ǡ Dz à‹Ž †‡ Žƒ …Š”±–‹‡–± dzǡ fut sans aucun doute, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, la région la plus touchée par les raids des Barbaresques, ou Africains du Nord. Des villages y furent sinistrés, des activités (comme la pêche) entravées, des esprits et des sociétés durablement seco—±•Ǥƒ±†‹–‡””ƒ±‡†‡˜‡ƒ–Dz la mer de la peur dzǡ‘„”‡
†ǯ–ƒŽ‹‡•ƒ—”ƒ‹‡–ƒŽ‘”•†±Žƒ‹••±Ž‡•Ž‹––‘”ƒ—š’‘—”•ǯ‹•–ƒŽŽ‡”’Ž—•Ž‘‹ǡ˜‡”•Žǯ‹–±”‹‡—”Ǥ
’”‘’‘•†‡•‡ˆˆ‡–•Ž‘‰–‡”‡†‡…‡•”ƒœœ‹ƒ•ǡŽǯƒ—–‡—”˜ƒŒ—•“—ǯ’ƒ”Ž‡”†‡Dzdésastre so-­
cial et psychologique dzȂ une question qui mériterait sans doute des études plus étoffées. ‹ŽŽ‹‘†ǯ‡•…Žƒ˜‡•‡–”‡ͳͷ͵Ͳ‡–ͳ͹ͺͲ ‡• …ƒ—•‡• †‡ Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ †‡• …Š”±–‹‡• •‘– –‘—”  –‘—” ‡–‹‘±‡• ’ƒ” ‘„‡”– Ǥ
Davis : la Reconquista, le désir, de la part des musulmans, de prendre une revanche sur Ž‡•…”‘‹•ƒ†‡•ǡŽǯƒ’’Ÿ–†—‰ƒ‹Ǥƒ‹•…‡“—‹Žǯ‹–±”‡••‡ǡ…ǯ‡•–•—”–‘—–Žƒ“—‡•–‹‘†‡•…‘†i-­‐
–‹‘• †‡ ˜‹‡ †‡ …‡• ‡•…Žƒ˜‡•Ǥ ‡ “—‡•–‹‘ “—‹ ˆ—– Žǯ— †‡• –Š°‡• ’‘”–‡—”• †‡
ŽǯŠ‹•–‘”‹‘‰”ƒ’Š‹‡ …‘•ƒ…”±‡  Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ ƒéricain, et que Robert C. Davis tente †ǯƒ’’Ž‹“—‡”ǡ‹…‹ǡŽǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡—•—ŽƒǤ ‹ˆˆ‹…‹Ž‡ †ǯ‡•–‹‡” Ž‡ ‘„”‡ †‡• ‡•…Žƒ˜‡• „Žƒ…• †ƒ• Ž‡•’ƒ›• „ƒ”„ƒ”‡•“—‡•Ǥ On ne †‹•’‘•‡ “—‡†‡ †‘±‡•’ƒ”–‹‡ŽŽ‡•ǡ†ǯ±’‘“—‡•†‹ˆˆ±”‡–‡•ǡ“—ǯ‹Žˆƒ—– ”‡…‘—’‡”ƒ˜‡…•‘‹Ǥ
Parfois même se contenter de projections. ‘–”‡‡”ƒ†”ƒ—†‡Žǡ“—‹‡ƒ˜ƒ‹–‹‹‹•±Žǯƒ’Ž‡—”ȋʹȌǡ–‘—–…‡–”ƒ˜ƒ‹Ž…‘†—‹–
Žǯƒ—–‡—”—‡‘—˜‡ŽŽ‡’‡•±‡†—’Š±‘°‡Ǥ•–‹ƒ–‡˜‹”‘ͳͷ؎‡–ƒ—š†‡‘”–a-­‐
lité des esclaves déjà plus ou moins acclimatés à leur nouvelle condition, il évalue entre [129] —‹ŽŽ‹‘‡–ͳʹͷͲͲͲͲŽ‡‘„”‡†ǯ‡•…Žƒ˜‡•„Žƒ…•†±–‡—•ǡ‡–”‡ͳͷ͵Ͳ‡–ͳ͹ͺͲǡ•—”—
–‡””‹–‘‹”‡ •ǯ±–‡†ƒ– †‡ ŽǯŽ‰±”‹‡  Žƒ‹„›‡ ƒ…–—‡ŽŽ‡•Ǥ Au XVIe siècle, il y avait donc an-­‐
—‡ŽŽ‡‡–’Ž—•†ǯ‡•…Žƒ˜‡•„Žƒ…•”ƒœœ‹±•“—‡†ǯˆ”‹…ƒ‹•†±’‘”–±•ƒ—š±”‹“—‡•Ǥ 90 % au moins de ces esclaves blancs étaient des hommes. Et comme on ne leur laissa ‰—°”‡Žǯ‘……ƒ•‹‘ǡ†‡ˆƒ‹–ǡ†ǯƒ˜‘‹”—‡†‡•…‡†ƒ…‡ǡŽƒ•‡—Ž‡…Š‘•‡†ǯ‡—š“—‹ƒ—”ƒ‹–’—Ž‡—”
survivre est le produit de leur travail, du moins pour ceux qui étaient affectés à de grandes tâches étatiques : construction de digues, de fortifications, de ports, de rues ou encore de palais. Mais une bonne partie de ces constructions a disparu. Cette institution, qui dura pourtant près †‡–”‘‹••‹°…Ž‡•ǡǯƒ†‘…Žƒ‹••±’”ƒ–‹“—‡‡–ƒ—…—‡–”ƒ…‡’‡r-­‐
…‡’–‹„Ž‡ǤDzǯƒ—–”‡‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ dzǡ±…”‹–‘„‡”–Ǥƒ˜‹•ǡ‡•–ƒ‹•‹†‡˜‡—DzŽǯ‹˜‹•‹„Ž‡‡•…Žƒ˜ƒ‰‡ dzǤ Au XVIe siècle, de vastes opérations militaires étaient menées par les États barba-­‐
resques, j—•“—ǯ Žǯ‹–±”‹‡—” †‡• –‡””‡• ‡‡‹‡• ’‘—” •‡ ’”‘…—”‡” †‡• ‡•…Žƒ˜‡•Ǥ Mais, à partir des premières décennies du XVIIe siècle, les captifs blancs furent surtout le pro-­‐
†—‹–†ǯ‘’±”ƒ–‹‘•…‘”•ƒ‹”‡•’”‹˜±‡•Ǥ La valeur des esclaves pouvait représenter entre 20 et 100 % de celle des autres prises, navire et marchandises inclus. Aussi les Barba-­‐
”‡•“—‡••ǯ‘……—’ƒ‹‡–-­‐ils directement, non seulement de capturer les esclaves, mais aussi de les transporter et de les vendre. ǯƒ’’Ÿ–†—‰ƒ‹±–ƒ‹–”‡ˆ‘”…±’ƒ”Žǯƒ””‹°”‡-­‐plan conflictuel entre chrétienté et islam. ‹‘ǡ…‘‡–…‘’”‡†”‡ŽǯŠ‘””‡—”–‘—–‡’ƒ”–‹…—Ž‹°”‡“—‡Ž‡•…Ž‘…Š‡•†‡•±‰Ž‹•‡•†‡•
˜‹ŽŽƒ‰‡• “—ǯ‹Ž• ”ƒœœ‹ƒ‹‡– ‹•’‹”ƒ‹‡– ƒ—š …‘”•ƒ‹”‡• Ȃ dont certains étaient des chrétiens ”‡±‰ƒ–• ǫ ‡• …Ž‘…Š‡• “—ǯ‹Ž• †±’‘•ƒ‹ent souvent, et parfois emportaient avec eux Ȃ le „”‘œ‡ǯ±–ƒ–’ƒ••ƒ•˜ƒŽ‡—”Ǥƒ˜‹‘Ž‡…‡‡š‡”…±‡Ž‘”•†‡…‡•”ƒ‹†•ƒ˜ƒ‹–±‰ƒŽ‡‡–—‡
–‘ƒŽ‹–±‡’ƒ”–‹‡•›„‘Ž‹“—‡“—‹’‡”‡––ƒ‹–†ǯ‡–”‡–‡‹”Žƒ…”ƒ‹–‡†‡•’‘’—Žƒ–‹‘•Ž‹t-­‐
torales. Même chose pour les humiliations infligées dès leur capture aux nouveaux esclaves : ‘„Ž‹‰ƒ–‹‘ †‡ •‡ †±—†‡”ǡ ƒ†‹‹•–”ƒ–‹‘ †‡ …‘—’•  Žǯƒ‹†‡ †‡ …‘”†‡•  à—†•ǡ ’—‹•ǡ 
leur arrivée à bon port, défilé des nouveaux asservis destiné à officialiser le triomphe de leurs nouveaux maîtres. Ainsi désocialisés, les esclaves étaient plus facilement soumis. ǯƒ„‘”† — ’‡— ‹‡—š –”ƒ‹–±•ǡ ƒˆ‹ “—ǯ‹Ž• •ǯƒ……Ž‹ƒ–‡– …‘””‡…–‡‡–ǡ ‹Ž• ±–ƒ‹‡– ‡n-­‐
suite orientés vers des activités variées, allant du travail dans les orangeraies de Tunis au service domestique. Néanmoins, la plupart se voyaient confier des tâches particuliè-­‐
rement dures : galères, extraction et convoyage de pierres, construction, etc. Et ƒ—…—Dz
…‘†‡ „Žƒ… dz ȋ Žǯ‹‹–ƒ–‹‘ †— ˆƒ‡—š …‘†‡ ‘‹” ƒ’’Ž‹“—± †ƒ• Ž‡• –‹ŽŽ‡• ˆ”ƒ­ƒ‹•‡•), ²‡•›„‘Ž‹“—‡ǡ‡˜‡ƒ‹–Ž‹‹–‡”Ž‡’‘—˜‘‹”†—ƒÁ–”‡•—”•‘‡•…Žƒ˜‡Dz‹ˆ‹†°Ž‡dzǤ ‡”–ƒ‹• …ƒ’–‹ˆ• Œ‘—‹••ƒ‹‡– …‡’‡†ƒ– †ǯ— …‡”–ƒ‹ †‡‰”± †‡ Ž‹„‡”–±  Ž‡—” †‡ƒn-­‐
†ƒ‹–•‡—Ž‡‡–†‡”ƒ‡‡”ǡ…Šƒ“—‡ƒ–‹ǡ—‡…‡”–ƒ‹‡•‘‡†ǯƒ”‰‡–Ž‡—”ƒÁ–”‡Ǣ
•›•–°‡”ƒ’’‡Žƒ–…‡Ž—‹ǡ†ƒ•Ž‡•–‹ŽŽ‡•ǡ†‡•Dz°‰”‡•–ƒŽ‡–•dzŽ‘—±•†‡•‡–”‡’”e-­‐
neurs. Le vol pouvait alors être à la fois acte de résistance et moyen de survivre au sein du système esclavagiste. Cervantès captif des Barbaresques Souvent, les esclaves chrétiens travaillaient comme domestiques au service de fa-­‐
‹ŽŽ‡•—•—Žƒ‡•Ǥƒ‹•…‡–›’‡†ǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡†±…Ž‹ƒ’Ž—•”ƒ’‹†‡‡–“—‡…‡Ž—‹‘”‰ƒ‹•±
[130] au bénéfice des États barbaresques. Au point que, à la fin du XVIIIe siècle, la moitié des esclaves chr開‡• †ǯŽ‰‡” ˜‹˜ƒ‹‡– †ƒ• †‡• „ƒ‰‡• ’—„Ž‹…•Ǥ Les conditions †ǯ‡š‹•–‡…‡›±–ƒ‹‡–‡š–”²‡‡–†—”‡•ǣ‹Ž›”±‰ƒ‹–—…Ž‹ƒ–†‡˜‹‘Ž‡…‡ǡ‘–ƒ‡–
•‡š—‡ŽŽ‡ǡ Ž‡• ‰‡ØŽ‹‡”• ±–ƒ– ƒ……—•±• †ǯ› ˆƒ˜‘”‹•‡”ǡ …‘–”‡ ’ƒ‹‡‡–ǡ †‡• ’”ƒ–‹“—‡• •‘†o-­‐
mites. Les captif•“—‹’‘—˜ƒ‹‡–ˆƒ‹”‡Žǯ‘„Œ‡–†ǯ—‡ˆ‘”–‡”ƒ­‘±…Šƒ’’ƒ‹‡–˜‹–‡…‡•…‘†i-­‐
–‹‘•†ǯ‡š‹•–‡…‡Ǥǯƒ—–”‡•’‘—˜ƒ‹‡– ²–”‡ ”ƒ…Š‡–±• ƒ—„‘—–†‡ “—‡Ž“—‡• ƒ±‡•Ǥ‡ “—‹
fut le cas de Miguel de Cervantès (1547-­‐ͳ͸ͳ͸Ȍǡ Žǯƒ—–‡—” †‡ Don Quichotte, esclave des Barbaresques entre 1571 et 1580. La chose devint théoriquement plus facile avec le temps, car des institutions religieuses spécialisées dans le rachat des captifs furent or-­‐
‰ƒ‹•±‡• †‡ Žǯƒ—–”‡ …Ø–± †‡ Žƒ ±†‹–‡””ƒ±‡ Ǣ ‡ –ƒŽ‹‡ǡ †‡• •‘‡• ‹’‘”–ƒ–‡• ˆ—”‡–
mobilisées pour le paiement des esclaves chrétiens. ƒ †—”±‡ †‡ …ƒ’–‹˜‹–± •ǯ±–‡†ƒ‹– ƒ‹•‹ǡ †ƒ• ‘„”‡ †‡ …ƒ•ǡ †‡ …‹“  †‘—œ‡ ƒ• ƒ—
maximum. Le taux de mortalité, cependant, demeurait élevé. ‡ƒ—…‘—’ †ǯ‡•…Žƒ˜‡•
ǯƒ˜ƒ‹‡–†‘…“—‡’‡—†ǯ‡•’‘‹”†‡”‡–‘—”‡”ǡ—Œ‘—”ǡ…Š‡œ‡—šǤ O. P.-­‐G. Notes * Robert C. Davis, Christian Slaves, Muslim Masters. White Slavery In The Mediterranean , The Barbary Coast And , 1500-­1800, Basingstoke , Palgrave Macmillan, 2003. ͳǤˆǤDzƒ˜±”‹–±•—”Žǯ‡•…Žƒ˜ƒ‰‡dzǡ•’±…‹ƒŽǡǯ‹•–‘‹”‡ n° 280. 2. ƒ ±†‹–‡””ƒ±‡ ‡– Ž‡ ‘†‡ ±†‹–‡””ƒ±‡  Žǯ±’‘“—‡ †‡ Š‹Ž‹’’‡ , Paris, Armand Colin, 9e éd., 1990
http://synpol.over-­‐blog.net/article-­‐2721583.html [131] 
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