Éditorial
Éditorial
La Lettre du Cardiologue - n° 409 - novembre 2007
5
Dans l’étude CAPRIE, l’analyse des 2 180 patients atteints
d’une AOMI symptomatique rapporte qu’un faible IPS
est un indicateur important du risque de survenue d’un
événement cardiovasculaire (AVC ischémique, IDM ou décès
d’origine vasculaire) ; chaque diminution de 0,1 de l’indice
s’accompagne d’une augmentation significative de 10,2 %
du risque relatif d’événements cardiovasculaires. Pour un
indice inférieur à 0,5, le taux annuel d’événements cardio-
vasculaires est de 5,4 % versus 4,1 % pour un indice compris
entre 0,5 et 0,85 (11).
Des études récentes, fondées sur des échantillons représentatifs
de la population générale, ont montré que l’existence
d’une AOMI asymptomatique avec un IPS inférieur à 0,90
témoignait d’un risque vital d’accident cardiovasculaire
analogue à celui d’un patient claudicant de même IPS (2).
La mortalité cardiovasculaire annuelle était de 2 %
avec une incidence annuelle d’IDM de 3 % et d’AVC de
1 à 2 % chez les patients ayant un IPS inférieur à 0,90.
L’incidence annuelle de mortalité cardiovasculaire était
de 3 à 4 % pour un IPS inférieur à 0,70 (2). Cependant, un
IPS supérieur à 1,3 était aussi associé à un risque accru
d’événements cardiovasculaires (3, 5, 6, 9). Il y a ainsi
une véritable courbe en U entre l’IPS et les événements
cardiovasculaires entre les valeurs-seuils de 0,9 et de 1,3 (9)
[figures 2 et 3]. La classification du RCV chez le sujet
artériopathe repose aussi sur l’évaluation des facteurs de
risque cardiovasculaire (FRCV) classiques et sur un bilan
d’extension vasculaire a minima (3, 5, 6). L’existence d’une
AOMI implique la recherche d’antécédents, de symptômes
ou de signes cliniques cérébrovasculaires ou coronariens qui
auraient pu passer inaperçus. Une échographie de l’aorte
abdominale (recherche d’un anévrysme) et un ECG de repos
sont justifiés. Un test coronaire non invasif est souhaitable
chez le sujet avec FRCV. Un écho-doppler cervical peut être
proposé à la recherche d’une sténose asymptomatique de
degré supérieur à 60 % pouvant relever d’une indication
chirurgicale (5).
LES CONSÉQUENCES THÉRAPEUTIQUES
D’UN IPS ALTÉRÉ
Une AOMI doit être prise en compte au même titre qu’une
atteinte coronaire ou cérébrovasculaire. Il s’agit d’optimiser
la prise en charge des FRCV. Ces mesures nécessitent une
contractualisation dans le temps avec le patient sur les
objectifs thérapeutiques à atteindre :
– arrêt du tabac, qui nécessite une évaluation du degré des
dépendances physique et psycho-comportementale avec une
approche comportementale, complétée si besoin par une
aide pharmacologique ;
– surcharge pondérale : prise en charge spécifique pour un
index de masse corporelle inférieur à 25 kg/m2 ;
– diabète : équilibre glycémique (HbA1c < 6,5 %) ;
– dyslipidémie : régime adapté, instauration ou adaptation
posologique d’un traitement par statines (LDL-cholestérol
≤ 1 g/l) ;
– HTA : PA inférieure à 140/90 mmHg, inférieure à 130/
80 mmHg en cas de diabète ou d’insuffisance rénale, inférieure
à 125/75 mmHg en cas de protéinurie associée ;
– pratique d’une activité physique quotidienne d’intensité
modérée (marche) pendant au moins 30 mn.
La mise en place d’une éducation thérapeutique structurée
est justifiée par la nécessité de changements de mode de vie
importants, d’une bonne observance aux traitements et du
diagnostic précoce des autres localisations cardiovasculaires ;
dans l’idéal, celle-ci s’intègrera dans un réseau de santé,
comme c’est le cas dans le Nord-Pas-de-Calais avec HTA
Vasc (5).
Le RCV étant comparable, que l’AOMI soit symptomatique
ou non, la HAS recommande d’“instaurer un traitement
médicamenteux au long cours afin de prévenir la survenue
d’événements cardiovasculaires, bien que les données
disponibles dans la littérature ne permettent pas de
préciser dans quelles conditions l’association des différents
traitements peut être recommandée”. Celui-ci comportera
au minimum : antiagrégant plaquettaire (aspirine à faible
dose : 75 à 160 mg/j, ou clopidogrel : 75 mg/j, qui est le seul à
avoir l’AMM pour l’AOMI) ; statine (simvastatine : 40 mg/j) ;
inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC)
(ramipril à 10 mg/j) d’instauration progressive par paliers
de 2 à 4 semaines sous surveillance de la pression artérielle
et de la créatininémie. En cas d’intolérance aux IEC, les
antagonistes des récepteurs à l’angiotensine 2 pourront être
utilisés (4). Les bêtabloquants, prescrits dans le cadre du
traitement BASIC chez le sujet athéromateux, ne sont pas
contre-indiqués dans l’AOMI compensée (12).
CONCLUSION
Symptomatique ou non, l’AOMI, diagnostiquée par la
mesure de l’IPS, doit être considérée comme un véritable
marqueur de RCV, plaçant ces patients en situation de
prévention secondaire. La majorité des patients va décéder
d’une complication cardiovasculaire ou d’une affection
tumorale favorisée par le tabac. L’IPS remplit toutes les
conditions d’un test fiable de dépistage et est aussi un
marqueur pronostique. L’IPS doit être réalisé chez toute
personne, homme ou femme, présentant un ou plusieurs
des FRCV suivants : âge supérieur à 65 ans, HTA, tabac,
diabète, dyslipidémie (13). Une première campagne