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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 2, mars-avril 2007
Brèves…
Brèves…
d’épisodes infectieux pouvant conduire
à des convulsions, voire un coma, à des
infections fréquentes, à une susceptibi-
lité aux allergies et à une hyperpigmen-
tation cutanée. Sur le plan biologique,
les taux de cortisol plasmatique sont
très bas, non stimulables par le Synac-
thène® (tétracosactide), alors que les
taux circulants d’ACTH sont très
élevés, traduisant une résistance spéci-
fique à l’ACTH. Les taux d’aldostérone
et de rénine sont en général normaux et
répondent correctement à l’activation
de l’axe rénine-angiotensine. Il s’agit
d’un syndrome génétique de transmis-
sion autosomique récessive à incidence
faible. Une vingtaine de mutations du
récepteur de l’ACTH (MC2R) ont été
identifiées chez des patients atteints du
syndrome de déficit isolé en glucocorti-
coïdes de type 1. Lin et al. ont recherché
de nouvelles mutations du gène codant
le MC2R chez 22 enfants souffrant de
ce type de syndrome, dont 19 cas isolés
et 3 familiaux. Les auteurs ont retrouvé
deux mutations ponctuelles précé-
demment décrites dans la littérature, à
savoir la mutation S74I, correspondant
à la substitution de la sérine 74 par une
isoleucine dans le second domaine
transmembranaire, et la mutation
R146H, conduisant au remplacement de
l’arginine 146 par une histidine dans la
seconde boucle intracellulaire du récep-
teur. Ces mutations affectent la liaison
de l’hormone et la transduction du
signal. De plus, Lin et al. ont identifié
deux nouvelles délétions, l’une d’un
nucléotide en position 560 chez deux
enfants, et l’autre de trois nucléotides
en position 579-581 chez quatre nour-
rissons présentant une hypoplasie surré-
nalienne. Ces deux délétions entraînent
l’apparition précoce de codons stop en
position 215 et 193, ce qui génère des
formes tronquées et non fonctionnelles
du récepteur. Les enfants porteurs de
ces délétions ont présenté au cours
d’épisodes infectieux une hypona-
trémie et une hyperkaliémie associées
à une faible aldostéronémie, malgré
une activité de la rénine plasmatique
élevée. Ce tableau clinique a nécessité
un traitement par minéralocorticoïdes.
Cette étude révèle que les mutations
entraînant une perte de fonction du
MC2R se traduisent non seulement par
une insuffisance en glucocorticoïdes,
mais également par un déficit en aldos-
térone, tout particulièrement au cours
d’un stress aigu (fièvre, convulsion),
une restriction sodée ou une période de
relative insensibilité aux minéralocorti-
coïdes (période néonatale). Les auteurs
recommandent d’évaluer l’activité de la
rénine plasmatique, l’aldostéronémie et
la balance ionique chez tous les enfants
souffrant d’un syndrome de déficit isolé
en glucocorticoïdes de type 1.
E. Louiset,
Inserm U413, université de Rouen.
Lin et al. Clinical Endocrinology
2007;66:205-10.
Thé et tétons
À l’inverse des formes pubertaires,
considérées comme physiologiques et
le plus souvent spontanément régres-
sives, les gynécomasties prépuber-
taires, qui peuvent relever d’étiologies
sévères, sont majoritairement de cause
non identifiée (1). Hendley et al. (2)
ajoutent une nouvelle cause à la liste
des étiologies connues. Ils rapportent
les cas de trois garçons, âgés respecti-
vement de 4,5 ans, 8 ans et 10 ans, qui
ont consulté pour une gynécomastie
bilatérale d’apparition récente. Les
deux plus âgés avaient une ébauche de
pilosité pubienne. Pour tous, le volume
des testicules, en position intrascrotale,
était de 3 ml. Aucune anomalie de la
vitesse de croissance n’a été retrouvée.
Le reste de l’examen clinique était
normal pour l’âge. Le taux des gona-
dotrophines et ceux des stéroïdes
s’inscrivaient dans les valeurs habi-
tuelles de l’enfant prépubère. Hormis
la gynécomastie, le point commun de
ces observations, identifié après une
enquête quasi policière, est l’utilisation
d’huiles de bain, de shampoings ou de
savons contenant de l’huile de lavande
ou d’arbre à thé. La gynécomastie est
apparue quelques semaines après l’uti-
lisation fréquente de ces produits et
s’est notablement réduite ou a disparu
après cessation de leur emploi.
✓
La démonstration de la responsabi-
lité de ces huiles dans la genèse de la
gynécomastie a utilisé des méthodes
de transfection cellulaire et d’expres-
sion de gènes rapporteurs en présence
des produits suspects, d’agonistes et
d’antagonistes des stéroïdes sexuels.
L’activité de type estrogénique a été
évaluée sur une lignée de cellules
MCF-7 transfectées avec un vecteur
d’expression inductible par les estro-
gènes. L’huile de lavande comme celle
de l’arbre à thé possèdent un effet
estrogénique dose-dépendant dans ce
modèle. Cet effet, qui atteint pour les
concentrations les plus élevées 50 %
de celui de l’estradiol (10-9 M), est
totalement annulé par la présence de
1 mM d’un antiestrogène spécifique.
L’expression de gènes sous un contrôle
estrogénique positif (MYC et CTSD)
ou négatif (IGFBP3) est également
stimulée ou inhibée par l’estradiol,
l’huile de lavande ou l’huile d’arbre à
thé, effets antagonisés par l’adjonction
de l’antiestrogène. Un effet antiandro-
génique de ces produits a été également
recherché à l’aide d’une méthodologie
similaire sur des cellules MDA-kb2.
Les huiles de lavande et celles d’arbre
à thé réduisent l’effet de la dihydro-
testostérone aussi fortement que le
flutamide, antagoniste spécifique du
récepteur des androgènes.
La survenue de ces gynécomasties
s’explique très vraisemblablement par
l’association de facteurs combinés
incluant effets estrogénique et anti-
androgénique associés, sensibilité
individuelle de l’utilisateur et manière
dont les produits responsables sont
employés (dose, fréquence et durée
d’application). La fréquence de cette
“iatrogénie” reste à préciser, mais ces
cas cliniques attirent une fois de plus
l’attention sur les effets indésirables
potentiels des “disrupteurs” hormonaux
contenus dans nombre de produits,
notamment cosmétiques.
J.M. Kuhn, service d’endocrinologie
et maladies métaboliques,
CHU de Rouen.
Einav-Bachar et al. Clin Endocrinol
2004;61:55-60.
Hendley et al. N Engl J Med 2007;356:479-85.
1.
2.