Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 3, mai-juin 2001
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notamment à partir des chiffres des triglycé-
rides (et du tour de taille).
L’hyperglycémie postprandiale ne doit pas
être prise en charge isolément, car si la nor-
malisation de la glycémie reste un objectif
essentiel du traitement, celle des anomalies
lipidiques est indispensable pour réduire effi-
cacement le risque cardiovasculaire associé au
diabète de type 2.
Restaurer la phase précoce
d’insulino-sécrétion
avec les analogues d’insuline
à action rapide
Le diabète de type 2 associe une réduction de
la sensibilité à l’insuline et des altérations des
cellules bêta pancréatiques entraînant des
troubles de la sécrétion insulinique.
L’altération de la phase précoce d’insulino-
sécrétion joue un rôle important dans
l’hyperglycémie postprandiale. En effet,
comme l’a rappelé S. Kahn (Washington,
États-Unis), la sécrétion précoce d’insuline
après une charge orale en glucose réduit la
glycogenèse hépatique et la libération de glu-
cose dans le sang.
Le traitement du diabète de type 2 doit res-
taurer la phase précoce d’insulino-sécrétion
pour améliorer la tolérance au glucose. Si l’in-
sulino-résistance et les troubles de l’insulino-
sécrétion sont associés au cours du diabète de
type 2, l’insulino-résistance précède de plu-
sieurs années la dysfonction des cellules bêta
et il convient donc de la dépister et de la trai-
ter avant le diagnostic clinique du diabète.
T. Kunt (Answeiler, Allemagne) a souligné
que l’amélioration de l’hyperglycémie post-
prandiale est un élément important de la stra-
tégie thérapeutique. Plutôt que la mesure de
l’hémoglobine glyquée ne permettant pas de
rendre compte des variations glycémiques
brutales et brèves survenant après un repas, il
recommande la mesure de la glycémie post-
prandiale, qui est un marqueur beaucoup plus
sensible des altérations des cellules bêta et du
risque cardiovasculaire. L’utilisation d’un
analogue d’insuline d’action rapide, qui mime
la phase précoce d’insulino-sécrétion pour
être au plus près de la physiologie, apporte un
progrès dans ce domaine. C’est le cas de l’in-
suline lispro (Humalog®), dont l’effet rapide
sur la glycémie postprandiale a été démontré.
Les analogues à action rapide auraient la
capacité de métaboliser le glucose hépatique
postprandial, soit en supprimant la libération
hépatique, soit en augmentant la capture péri-
phérique du glucose. Cela est en accord avec la
technique du clamp montrant que l’utilisa-
tion du glucose dépend non seulement de la
quantité d’insuline fixée sur le récepteur mais
plus encore de la vitesse à laquelle l’insuline se
présente au récepteur. Il semble donc que les
analogues, injectés plusieurs fois par jour (de
1 à 5 unités) après les repas sont susceptibles
de réduire ces pics hyperglycémiques en amé-
liorant le contrôle de la glycémie. Le régime
reste souple, le BMI est stable et les épisodes
hypoglycémiques sont rares, préservant ainsi
la qualité de vie du patient. Les effets favo-
rables du traitement sont d’autant plus mar-
qués qu’il est commencé précocement, dès le
diagnostic du diabète, avant le développement
de résistance des récepteurs à l’insuline.
L’impact de l’hypoglycémie
sur le cerveau
L’hypoglycémie reste un problème essentiel
du traitement du diabète, plus fréquent au
cours du diabète de type 1. Le cerveau y est
très sensible et déclenche une succession de
réactions afin de se protéger contre les effets
toxiques de la neuroglycopénie. B. M. Frier
(Édimbourg, Écosse) a rappelé que ceux-ci
surviennent à partir d’un certain seuil, qui
peut varier d’un sujet à l’autre et en fonction
des circonstances pour un même sujet.
Les effets de l’hypoglycémie aiguë sur le cer-
veau sont observés grâce aux modifications
EEG avec décharges épileptiformes plus spéci-
fiques du diabète de type 1. Les modifications
persistent plusieurs heures après l’hypoglycé-
mie. Celle-ci a aussi des effets cognitifs impor-
tants : elle diminue les capacités d’attention,
de mémoire, d’abstraction et ralentit les pro-
cessus d’apprentissage. La perception visuelle
est affectée et les contrastes de lumière sont
mal perçus. Lorsque la glycémie atteint
3,0 mM, les items les plus altérés sont l’atten-
tion sélective, la rapidité de décision, la flui-
dité mentale, la mémorisation à court terme
et la coordination main/œil. Le retour à la
normale a lieu 40 à 90 minutes après correc-
tion de la glycémie, et seulement 24 à
40 heures après un épisode sévère.
L’hypoglycémie répétée a un effet délétère sur
le quotient intellectuel, l’humeur et le com-
portement. Les patients ont une sensation de
fatigue intense, sont instables et coléreux avec
une grande labilité émotionnelle. Ils sont pes-
simistes et ont une attitude négative.
La crainte de l’hypoglycémie modifie le com-
portement et le contrôle glycémique est une
source d’anxiété pour le patient et son entou-
rage, entraînant des troubles du sommeil et
des problèmes socio-professionnels. Ceux-ci
sont aggravés par l’alcool, la notion de trau-
matismes répétés, les apnées du sommeil.
Les facteurs de risque de déficit cognitif sont
les hypoglycémies sévères, récurrentes, un
diabète précoce (avant 5 ans) évoluant depuis
longtemps et la présence de complications.
Chez l’enfant atteint de diabète de type 1, ce
déficit est plus insidieux et plus sévère et
entraîne parfois un déclin intellectuel. À long
terme, il peut être responsable d’une épilepsie,
d’accidents et de fractures, d’une hémiparésie,
d’une ataxie et de divers syndromes neurolo-
giques. Bien que le lien n’ait pas été établi de
façon formelle, on note aussi plus d’accidents
cardiaques aigus chez les patients atteints de
diabètes de type 1 et ayant des épisodes d’hy-
poglycémie.
Une étude très intéressante sur les effets de
l’hypoglycémie sur la conduite automobile a
été présentée par D. J. Cox (Virginie, États-
Unis).Il a montré qu’une glycémie inférieure
à 3 mM va de pair avec des troubles visuels,
des tremblements et une incoordination.
Grâce à un simulateur de conduite, il a pu
mettre en évidence une aggravation de l’hypo-
glycémie et des troubles lorsque le sujet ren-
contre des conditions de circulation difficiles.
Plus grave encore, les patients ne reconnaissent
pas leurs troubles et sont incapables de s’arrê-
ter pour compenser leur hypoglycémie et pré-
sentent des risques élevés d’accident.
Les recommandations sont donc d’éviter la
conduite avec une glycémie inférieure à
4,5 mM et de s’arrêter dès les premiers
malaises afin de mesurer la glycémie et de
stopper la conduite si la glycémie est infé-
rieure à 4 mM.