L Prise en charge nutritionnelle dans la SLA : actualités et perspectives

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MISE AU POINT
Prise en charge nutritionnelle
dans la SLA : actualités
et perspectives
Nutritional management in ALS: current practice
and perspectives
G. Lehéricey1, 2, N. Le Forestier2, 3, P.F. Pradat2, 4
L
a sclérose latérale amyotrophique (SLA) est
une maladie neurodégénérative atteignant les
motoneurones et dont les origines et la physiopathologie sont encore inconnues. Son évolution
rapide nécessite dès le diagnostic une approche pluridisciplinaire, régulière et spécifique, dans laquelle
les soins de confort partagent l’accompagnement
avec les soins techniques. Outre la prévention de
la malnutrition et notamment de la dénutrition,
l’intérêt de la prise en charge nutritionnelle réside
dans l’adaptation de l’alimentation à chaque
symptôme et à leur évolution variable, irrégulière
et individuelle. Cela demande une grande disponibilité de l’équipe soignante envers le patient et les
personnes aidantes.
État nutritionnel
et métabolisme
des patients SLA
Malnutrition
1 Service
de diététique, hôpital de la
Pitié-Salpêtrière, Paris.
2 Département
des maladies du système nerveux, centre SLA, hôpital
de la Pitié-Salpêtrière, Paris.
3
Espace éthique, département
de recherche en Éthique-Science,
Santé et Société ; équipe d’accueil
1610 “Études sur les sciences et les
techniques”, université Paris-Sud 11.
4 Inserm UMRS975, CNRS UMR7225,
hôpital de la Pitié-Salpêtrière,
université
Pierre-et-Marie-Curie,
et Centre de recherche de l’Institut
du cerveau et de la moelle, Paris.
Les études montrent que 9 à 55 % des patients
atteints de SLA présentent une dénutrition (1, 2).
Comme le montre le tableau I, cette grande variabilité peut s’expliquer par l’hétérogénéité des
paramètres de mesure (le pourcentage de perte de
poids ou l’indice de masse corporelle [IMC]) et de
leurs valeurs seuils elles-mêmes, choisies pour le
dépistage de la dénutrition. En outre, les caractéristiques de la population sélectionnée diffèrent ou
sont imprécises. D’ailleurs, les recommandations
ne spécificient pas la nature du poids de référence
130 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - no 4 - avril 2014
pour le calcul de la perte de poids ou de l’IMC,
que l’on considère, par usage, comme celui que
le patient avait avant la maladie et qui est appelé
“poids habituel” ou “poids de forme”. Quant à la
prévalence de la surcharge pondérale, elle est mal
connue dans la SLA.
◆ Sous-alimentation
La sous-alimentation − qui peut conduire à la
dénutrition − est le plus souvent multifactorielle
avec, dans la SLA, les éléments suivants.
➤ Une carence de l’apport protéino-énergétique,
liée aux troubles de la déglutition, cause principale
de la dénutrition dans la SLA. Divers obstacles à la
prise alimentaire interviennent également, comme la
perte de l’autonomie pour l’accès à la nourriture, les
troubles du transit, l’état cognitif, etc. La restriction
en calories et en protéines de haute valeur biologique
peut résulter de régimes restrictifs et non justifiés :
sans gluten et sans protéine de lait de vache, pauvre
en cholestérol, etc.
➤ Une augmentation des besoins énergétiques,
résultant de l’hypermétabolisme chez de nombreux
patients, indépendamment de toute atteinte respiratoire, à elle seule responsable d’un hypercatabolisme.
➤ L’atteinte motrice où la dégénérescence des
neurones moteurs conduit à une atrophie musculaire.
Le handicap moteur qui en découle engendre une
diminution de l’activité physique qui majore également l’amyotrophie par sous-utilisation de la masse
musculaire.
Tous ces facteurs induisent une perte de poids
souvent rapide, et majoritairement de la masse
maigre, plus facilement mobilisable, ce qui a un
impact sur l’état général du patient.
Points forts
» La perte de poids, principalement secondaire à la dysphagie en cas d’atteinte bulbaire, est un facteur
pronostique de survie négatif indépendant.
» Des troubles du métabolisme sont souvent observés avec, en dépit d’une atrophie musculaire, un hypermétabolisme paradoxal au repos associé à une tendance à l’hyperlipidémie et à l’intolérance au glucose.
» Bien que la relation causale ne soit pas établie, la présence d’une hyperlipémie semble associée à une
survie plus longue.
» Une assistance nutritionnelle spécifique à la SLA est un élément essentiel dans la prise en charge
multidisciplinaire et sa précocité semble déterminante dans son évolutivité.
Tableau I. Prévalence de la dénutrition au cours de la SLA.
Auteurs
Type
d’étude
Commentaires
Mazzini et al., 1995 (3)
Sl/c
Patients avec GPE
Kasarskis et al., 1999 (4)
Sl/c
Desport et al., 1999 (5)
Sl/c
Lechtzin et al., 2001 (1)
R
Sherman et al., 2004 (2)
Sl/c
Critère
utilisé
31
53
IMC < 20
Patients avec GPE
136
28
IMC ≤ 20
–
55
16
IMC ≤ 18,5
1 600
36
Non précisé
34
26
IMC < 20
Bouteloup et al., 2009 (6)
Sl/c
–
61
9,8 % selon l’IMC
29,5 % selon le
pourcentage de perte
de poids
IMC ≤ 18,5 (< 65 ans)
IMC < 21 (≥ 65 ans)
Perte de poids
> 10 %
Limousin et al., 2010 (7)
Sl/c
–
63
21 % (au diagnostic)
48 % (4 ans après)
Perte de poids
> 10 %
Marin et al., 2011 (8)
Sl/c
–
93
Étude de
calorimétrie
Effectifs*
8,70 % (au diagnostic) IMC ≤ 18,5 (< 70 ans)
15,2 % (non significatif, IMC < 21 (≥ 70 ans)
au cours du suivi)
* Les effectifs donnés correspondent au sous-groupe de patients pour lesquels les données nutritionnelles sont disponibles.
GPE : gastrostomie percutanée endoscopique ; R : rétrospective ; Sl/c : suivi longitudinal/cohorte.
◆ Sur-alimentation
Une balance énergétique positive peut résulter
de la diminution des dépenses énergétiques avec
l’amyotrophie et de la sédentarisation qu’elle
induit et/ou de l’excès d’apport alimentaire dans
un contexte dépressif ou d’atteinte cognitive avec,
notamment, une démence fronto-temporale (DFT).
Aucun consensus ne définit la stratégie diététique
en cas de surcharge pondérale dans la SLA. L’objectif
est d’éviter un nouvel accroissement de la masse
grasse. Cela limiterait les complications fonctionnelles telles que la perte de l’autonomie à la marche
ou aux transferts, et des complications respiratoires
ou cardiaques. Toutefois, il a été suggéré qu’un
régime hypercalorique pourrait améliorer le statut
métabolique et la fonction neuromusculaire comme
dans d’autres maladies chroniques. Une étude, qui
reste à confirmer, a ainsi suggéré une réduction
du risque de décès en cas de surpoids et d’obésité
dans la SLA (9).
SLA
Dénutrition
Nutrition
Gastrostomie
Multidisciplinarité
Highlights
Prévalence
de la dénutrition (%)
Base de données
américaine à
partir de patients
hospitalisés
Mots-clés
» In ALS, weight loss that is
mainly due to dysphagia is an
independent negative prognostic factor.
» Despite the presence of
amyotrophy, a paradoxical
hypermetabolism can be
observed together with hyperlipidemia and glucose intolerance.
» Although the causal relationship remains unknown, hyperlipidemia is associated with a
longer survival in ALS patients.
» Nutritional management is a
key element in the multidisciplinary care of ALS patients and
must be initiated at an early
stage of the disease.
Keywords
ALS
Malnutrition
Nutrition
Gastrostomy
Multidisciplinary
Désordres métaboliques
◆ Hypermétabolisme
Un hypermétabolisme paradoxal, au regard de
l’atrophie musculaire, est observé chez les patients
atteints de SLA dans 42 à 68 % des cas selon les
études (2, 6). Son origine reste encore mal comprise.
◆ Dyslipidémie et intolérance au glucose
Récemment, des travaux français menés en collaboration entre les équipes de la Pitié-Salpêtrière
(P.F. Pradat et V. Meininger) et de Strasbourg
(L. Dupuis et J.P. Loeffler) ont montré que des
anomalies du métabolisme lipidique et glucidique
pourraient jouer un rôle dans la physiopathologie
de la SLA. Ainsi, une hyperlipidémie (ratio LDL-HDL
élevé) semble corrélée à une survie plus longue.
Par ailleurs, on retrouve une incidence plus élevée
d’intolérance au glucose que dans la population
générale. Des études sont en cours afin de mieux
La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - no 4 - avril 2014 |
131
MISE AU POINT
Prise en charge nutritionnelle dans la SLA : actualités et perspectives
caractériser ces anomalies métaboliques et d’établir
le lien avec la dégénérescence motoneuronale. Ces
travaux pourraient, à terme, conduire à des stratégies
thérapeutiques nouvelles.
Prise en charge nutritionnelle
Équipe pluridisciplinaire
Le caractère très évolutif de la SLA justifie une prise
en charge précoce des patients et de l’entourage,
d’emblée multidisciplinaire et spécifique. Le diététicien travaille en étroite collaboration avec d’autres
professionnels de soins. L’assistant social facilite,
par exemple, la mise en place d’une livraison à
domicile des repas par la mairie. Grâce à un orthophoniste, le patient peut apprendre à s’adapter à
ses handicaps de mastication pour maintenir une
texture entière plus longtemps sans risque majeur de
fausse route. L’ergothérapeute aménage également
l’environnement du repas. À la suite de l’annonce du
diagnostic et tout au long du suivi, le psychologue et
l’ensemble des professionnels accompagnent d’une
même voix le patient et son entourage, par exemple,
dans l’acceptation des adaptations qui s’avèrent
nécessaires pour son alimentation : modifications
de textures, recours à l’alimentation artificielle, etc.
Évaluation et diagnostic nutritionnels
Le dépistage de la dénutrition est primordial car elle
est un facteur de mauvais pronostic aux multiples
répercussions sur le capital musculaire du patient,
son autonomie, sa qualité de vie et celle de son
entourage. L’évaluation nutritionnelle apprécie les
habitudes alimentaires à risque et les capacités à
s’alimenter et à s’hydrater. L’analyse des résultats
des études (tableaux I et II) portant sur la prévalence de la dénutrition et l’utilité pronostique des
variables nutritionnelles dans la SLA nous permet
une certaine mise au point quant aux stratégies de
diagnostic diététique à tenir chez les patients SLA.
La Haute Autorité de santé retient, dans la SLA,
2 critères pour diagnostiquer une dénutrition :
➤ l’IMC, lorsqu’il est inférieur à 18 kg/m2, pour les
adultes jusqu’à 65 ans, et inférieur à 20 kg/m2 pour
ceux de plus de 65 ans ;
➤ la perte de poids, lorsque son pourcentage est
d’au moins 5 à 10 % en 6 mois.
Une étude a montré que la diminution de chaque
unité de l’IMC habituel augmentait le risque de
132 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - no 4 - avril 2014
décès de 20 %. De même, le pourcentage de perte
de poids est un facteur prédictif négatif sur la survie.
Ainsi, une perte de poids supérieure à 5 % du poids
habituel augmenterait le risque de mortalité de 30 %.
Le seul suivi longitudinal du poids mesuré par une
balance ne renseigne pas − comme celui de la composition corporelle − sur l’évolution de la maladie et
des facteurs de risque. Une fonte musculaire en cas
d’accroissement de la masse grasse ou d’œdèmes peut
être sous-estimée ou non perçue. Une étude utilisant
l’impédancemétrie (équation spécifique à la SLA) a
mis en évidence le facteur pronostique favorable du
taux de masse grasse et l’existence d’une corrélation
négative entre une augmentation du ratio des volumes
d’eau intra- et extracellulaires et la survie. Enfin, l’évaluation des ingesta, semi-quantitative et qualitative,
reflète un possible risque alimentaire de malnutrition
et permet d’orienter les stratégies nutritionnelles qui
seront proposées. Les éventuels obstacles à la prise
alimentaire, notamment les obstacles volontaires de
type sociétal et environnemental (difficultés pour se
déplacer aux toilettes, incontinence urinaire, allongement du temps des repas, etc.), sont pris en considération. Les attentes, les motivations et les ressources,
comme les connaissances du patient, doivent être
étudiées pour adapter la réponse diététique, tout
comme celles des aidants (familles, proches et aidants
sociaux), source d’informations fondamentales et
ressources humaines précieuses, qui permettent
d’assurer la continuité de la prise en charge nutritionnelle à domicile.
Stratégies nutritionnelles et diététiques
La stratégie nutritionnelle et l’éducation constituent un véritable défi pour l’équipe multidisciplinaire afin de respecter au mieux à la fois le projet
de vie, les recommandations nutritionnelles et les
aspects identitaires du patient (dimensions culturelles, psychologiques, etc.). En outre, les solutions
proposées doivent pallier les besoins croissants
d’adaptation : modification des textures, enrichissement des portions, aides aux repas, etc.
◆ Recommandations nutritionnelles
Dans le contexte actuel des connaissances, les
recommandations nutritionnelles sont les suivantes :
➤ apport énergétique moyen : 35 kcal/kg/j ;
➤ apport protéique : 0,8 à 1 g/kg/j en privilégiant
les protéines d’origine animale pour leur valeur
biologique, un apport minimum de 1 g/kg/j sans
dépasser les 1,5 g/kg/j, en cas d’hypercatabolisme ;
MISE AU POINT
Tableau II. Utilité pronostique des variables nutritionnelles au cours de la SLA.
Auteurs
Mazzini et al., 1995 (3)
Lacomblez et al., 1996 (10)
Stambler et al., 1998 (11)
Kasarskis et al., 1999 (4)
Type
d’étude
Commentaires
Effectifs
Variables influençant la survie
Sl/c
Patients ayant refusé la GPE
35
Perte de poids > 10 %
Et
Suivi du groupe placebo
959
Perte de poids
Etm
Suivi du groupe placebo
245
Pourcentage de perte de poids
Variables n’influençant
pas la survie
–
–
R
Patients avec GPE
136
Chiò et al., 1999 (12)
Sl/c
Patients avec GPE
50
Perte de poids ≥ 10 %
Desport et al., 1999 (5)
Sl/c
55
IMC ≤ 18,5 au cours du suivi
Desport et al., 2000 (13)
R
30
IMC < 18,5
Bouteloup et al., 2009 (6)
Sl/c
–
61
Limousin et al., 2010 (7)
R
–
63
Perte de poids > 10 %
IMC < 18,5
Marin et al., 2011 (8)
Sl/c
–
92
Au moment du diagnostic :
• perte de poids habituel* ≥ 5 %
• variation de l’IMC habituel*
≥ 1 unité
Au cours de l’évolution de la SLA :
• IMC ≤ 18,5 et à la pose de la GPE
• chaque perte de 5 % de poids
habituel*, après le diagnostic
• variation de l’IMC habituel*
≥ 1 unité
• masse grasse (gain, surpoids
et obésité)
• angle de phase et le ratio
des volumes hydriques intraet extracellulaires
Taux de perte de poids
après le diagnostic
(au cours du suivi)
Rio et al., 2010 (14)
Sl/c
Patients ayant une maladie
du motoneurone avec GPE,
GPR ou SNG
159
GPE, GPR
Pourcentage de perte de poids
dysphagie sévère
SNG
R
Base de données issues de
3 essais thérapeutiques
427
IMC
Dyslipidémie
Paganoni et al., 2011 (9)
–
Patients avec GPE
–
Force musculaire
IMC, albumine
IMC, albumine
–
Perte de poids > 5 %
–
DER, masse maigre,
apports protéiques
et caloriques
IMC
Albumine
* Par rapport au poids ou à l’IMC 6 mois avant l’apparition des symptômes.
DER ; dépense énergétique de repos ; Et : essai thérapeutique ; Etm : essai thérapeutique médicamenteux ; GPE : gastrostomie percutanée endoscopique ; GPR : gastrostomie percutanée radiologique ;
R : rétrospective ; Sl/c : suivi longitudinal/cohorte ; SNG : sonde nasogastrique.
➤ apport lipidique : les connaissances actuelles
mènent à garantir l’apport en graisses animales,
substrats privilégiés des fibres musculaires lentes.
Bien que l’hyperlipidémie semble associée à une
survie plus longue, l’absence de preuve pour un lien
de causalité, ne permet pas encore de préconiser un
régime accru en lipides ;
➤ apport glucidique : conseils de l’alimentation
équilibrée où les apports en glucides complexes,
source principale d’énergie, doivent être réguliers
et répartis sur la journée (3 à 4 repas) et ceux en
glucides simples limités ;
➤ suppléments nutritionnels : pas de supplémentation en absence de carence identifiée à
l’exception peut-être de la vitamine D (800 UI/j à
100 000 UI/3 mois) pour ces patients à risque.
◆ Adaptations sur mesure
Adaptations de la texture
Le manque d’attention (lors d’un repas très animé
ou pris devant la télévision, etc.) ou l’utilisation
de textures à risque (eau plate à température
ambiante et non aromatisée, fruits très juteux
comme les agrumes ou le melon, etc.) sont régulièrement à l’origine de fausses routes. Pour conserver
au mieux et le plus longtemps possible une texture
normale avec les aliments appréciés du patient, il
est préférable de faire évoluer progressivement la
préparation des aliments problématiques avant de
les supprimer et de les remplacer par un équivalent
nutritionnel. Pour réduire les risques de fausses
routes aux solides et aux liquides, il faut privilégier
la température (boissons chaudes ou froides), la
La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - no 4 - avril 2014 |
133
MISE AU POINT
Références
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10. Lacomblez L, Bensimon G,
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Group-II. Neurology 1996;47
(6 Suppl 4):S242-50.
11. Stambler N, Charatan M,
Cedarbaum JM. Prognostic
indicators of survival in ALS. ALS
CNTF Treatment Study Group.
Neurology 1998;50(1):66-72.
... / ...
Prise en charge nutritionnelle dans la SLA : actualités et perspectives
texture (homogène, gazeuse, plus dense comme le
potage ou le yaourt à boire, lubrifier les aliments
secs, granuleux ou qui s’émiettent avec les sauces,
etc.) et les saveurs (sucré, salé, amer, etc.). La
poudre épaississante et l’eau gélifiée industrielle
sont recommandées.
Enrichissement et fractionnement
L’appétence d’une recette diminue souvent lorsque
l’on hache ou mixe sa préparation et les quantités
consommées sont, de ce fait, moindres. Même en
l’absence d’un hypermétabolisme où l’enrichissement en calories et en protéines est indispensable,
il est recommandé d’enrichir toute préparation de
texture modifiée (hachée, moulinée, etc.). Lorsque
les apports spontanés per os restent insuffisants,
les compléments nutritionnels oraux sont utilisés.
Ils sont intégrés dans les préparations culinaires,
consommés au cours des repas ou pris individuellement en complément du repas et en collation.
Au-delà de 45 minutes, la durée du repas constitue
un risque accru de fausses routes et de perte
d’appétit. Le fractionnement des repas (collations
hypercaloriques et hyperprotéinées) et des plats
favorise la prise alimentaire.
Nutrition artificielle
Sans spécificité à la SLA, un mode de nutrition artificielle peut être proposé au patient. Toutefois, l’effet
positif de la gastrostomie sur la qualité de vie et
sur la survie n’a pas été démontré par des études
contrôlées.
➤ La nutrition entérale
Lorsque le tube digestif est fonctionnel, la nutrition
entérale reste toujours prioritaire à la nutrition
parentérale. La sonde nasogastrique (SNG) − dont
la tolérance est reconnue pour être mauvaise
au-delà de 2 mois − est habituellement indiquée
pour une courte durée (3 à 4 semaines), en
attendant la gastrostomie. Dans notre pratique, une
meilleure tolérance sur de plus longues périodes
est observée avec des sondes pédiatriques de petit
calibre, dont la fixation sur le visage permet une
certaine amplitude de mouvement. La gastrostomie
reste la méthode de choix avec la voie percutanée
endoscopique (GPE) ou radiologique (GPR). La GPR,
qui a l’avantage de ne pas nécessiter une anesthésie
générale, est recommandée pour les patients SLA
présentant un risque de décompensation respiratoire et/ou bulbaire avec un rétrécissement laryngé
entravant le passage par les voies aérodigestives
de l’endoscope. Le bouton de gastrostomie, qui
134 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - no 4 - avril 2014
apporte un certain nombre d’avantages pratiques
et physiques, semble mieux accepté par les patients
et les soignants et pourrait permettre une pose
plus précoce. Outre les bonnes pratiques usuelles,
avec notamment les contraintes organisationnelles
(nombre important d’intervenants à domicile) et
la gastroparésie fréquente, le débit moyen est de
180 ml/h (max. 300 ml/h) et le volume total peut
être limité. Dans la pratique, les formules hypercaloriques et hyperprotéinées sont préférées avec
éventuellement 1 ou 2 boissons hyperprotéinées
et hypercaloriques, administrées à la seringue, par
bolus de 100 à 200 ml, avant ou entre les poches
de produits de nutrition entérale. En l’absence de
recommandations spécifiques pour ces patients,
il est raisonnable de prévenir le syndrome de
renutrition inapproprié (perturbations métaboliques lors de la renutrition) [15] dans un contexte
de dénutrition sévère et de sous-alimentation
chroniques voire de jeûne prolongé.
➤ La nutrition parentérale
Lorsque la pose de gastrostomie ou de la SNG est
contre-indiquée ou refusée par le patient, la nutrition
parentérale constitue parfois une alternative dont
les risques ne sont pas spécifiques à la SLA.
Confort digestif
Le fractionnement des repas et une répartition
des macronutriments (glucides, lipides, protéines)
peuvent améliorer la gastroparésie fréquemment
rencontrée. L’atteinte des muscles responsables
du péristaltisme peut occasionner un ralentissement du transit intestinal voire une constipation.
Un enrichissement en fibres alimentaires et une
hydratation suffisante peuvent être envisagés
selon la tolérance du patient. Toutefois, si l’augmentation du volume des selles qui en résulte
est plus inconfortable, il convient de réduire les
aliments riches en fibres et notamment les fruits
et légumes. En cas de gaz et de ballonnements,
l’utilisation du charbon végétal (sous la forme de
poudres, de gélules, de comprimés ou de granules)
à distance des prises de médicaments peut être
conseillée. Dans la pratique, le contrôle quantitatif et qualitatif (pourcentage de fibres solubles
versus insolubles) de la teneur en fibres des poches
de produits de nutrition, ne semble pas anodin
pour la tolérance digestive. Toutefois, il est difficile
d’établir une règle face aux tolérances variables
de chaque patient.
MISE AU POINT
Conclusion
D I A P O R A M A
Les troubles nutritionnels sont au premier plan dans
l’évolution de cette maladie neurodégénérative : la
prise en charge nutritionnelle des patients atteints
de SLA doit être systématique dès le diagnostic
et tout au long de l’évolution de la maladie. La
dénutrition est un facteur de mauvais pronostic
pour les patients atteints de SLA selon des critères
spécifiques de pourcentage de perte de poids ou
de variation de l’IMC habituels. L’état nutritionnel
au moment du diagnostic semble avoir une valeur
pronostique notable et nous pouvons proposer que
les critères d’évaluation doivent désormais être
étudiés en considérant à la fois la perte de poids
− pourcentage de perte de poids par rapport à un
poids de référence défini, habituel ou précédent,
en précisant l’intervalle de temps concerné −, la
composition corporelle − nature et variation −, et le
moment de la mesure − au début des symptômes,
au diagnostic ou au cours du suivi.
Le retentissement d’un traitement nutritionnel
oral et/ou entéral, quantitatif et/ou qualitatif, est
probable sur le cours évolutif de la SLA, la survie et
la qualité de vie des patients. Beaucoup de réponses
sont encore du domaine de la recherche. Cependant,
cette pathologie chronique d’évolution rapide
demande une grande synergie des équipes soignantes
pour composer entre projet de vie, recommandations
et aspects identitaires du patient.
■
... / ...
12. Chiò A, Finocchiaro E,
Meineri P et al. Safety and factors
related to survival after percutaneous endoscopic gastrostomy
in ALS. ALS Percutaneous Endoscopic Gastrostomy Study Group.
Neurology 1999;53(5):1123-25.
13. Desport JC, Preux PM,
Truong CT et al. Nutritional
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Scler Other Motor Neuron Disord
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clinique de l’adulte. Comité
éducationnel et de pratique
clinique de la SFNEP. Paris SFNEP
2006.
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.
LES INCONTOURNABLES
DU 66th
AAN 2014
American Academy of Neurology
Philadelphie, 26 avril- 3 mai 2014
Attention : les comptes-rendus de congrès ont pour objectif de fournir des informations sur l’état actuel de la
recherche ; ainsi, les données présentées seront susceptibles de ne pas être validées par les autorités françaises et
ne doivent donc pas être mises en pratique. Ces informations sont sous la seule responsabilité des auteurs et du
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Thibault Moreau (Dijon)
Evelyne Planque (Épinal)
Emmanuel Touze (Caen)
Patrick Vermersch (Lille)
ENVI-2014-02-120
En cas de diarrhée, toute cause médicale ou liée
au débit d’une alimentation entérale doit être
éliminée. Pour l’alimentation per os, les conseils
ne sont pas spécifiques. Dans la pratique, un
rééquilibre de l’apport en fibres peut stabiliser le
transit. Dans le cadre d’une nutrition entérale, des
mélanges contenant 100 % de fibres solubles ou
semi-élémentaires spécifiques pour les patients
hypercata boliques et/ou agressés peuvent être
momentanément utilisés.
Sous l’égide de
Avec le soutien
institutionnel de
La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - no 4 - avril 2014 |
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