CAS CLINIQUE
▲ Figure 1. Rétinophotographie du fond d’œil montrant une pâleur
papillaire.
208 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - no 6 - juin 2014
Mots-clés
Microkystes rétiniens– Couche nucléaire interne– Atrophie optique.
Keywords
Retinal microcysts– Inner nuclear layer– Optic nerve atrophy.
Modifications microkystiques de la rétine
interne dans les atrophies optiques
Inner retinal microcystic changes in optic nerve atrophy
V. Vasseur1, B. Wolff1, 2, C. Vignal-Clermont1
1 Service de neuro-ophtalmologie et urgences, Fondation ophtalmologique Rothschild, Paris.
2 Centre d’exploration de la rétine Kleber, Lyon.
Une femme âgée de 30 ans, suivie pour une sclérose en plaques,
se présente pour un bilan neuro-ophtalmologique à la suite
d’une névrite optique de l’œil gauche survenue 6 mois auparavant.
Observation
La vision est chiffrée à 10/10 à l’œil droit et à 6/10 à gauche ; la
patiente présente un décit pupillaire afférent relatif (DPAR) de
l’œil gauche, une altération de la vision des couleurs et un décit
non systématisé du champ visuel.
Une pâleur papillaire gauche est observée au fond d’œil (figure 1).
Une tomographie par cohérence optique (OCT) est réalisée pour
quantier la perte de bres nerveuses ganglionnaires au niveau du
nerf optique. Elle montre une importante diminution de l’épaisseur
des bres optiques rétiniennes (RNFL) témoignant d’une atrophie
séquellaire de la névrite optique (figure 2).
L’examen rétinien en imagerie infrarouge (IR) met en évidence
une zone hyporéective périmaculaire en cocarde (figure 3). Les
coupes OCT passant par cette zone hypo réective montrent des
modications kystiques strictement localisées au niveau de la
couche nucléaire interne (CNI) [figure 4].
Une OCT “en face” est réalisée dans le plan de la CNI et montre
la correspondance parfaite entre la zone hyporéective observée
en IR et les microkystes rétiniens (figure 5). L’angiographie à la
uorescéine ne présente pas de rupture de la barrière hématoré-
tinienne pouvant expliquer la présence de ces kystes.
Discussion
Les modications microkystiques de la rétine interne associées
aux atrophies optiques ont fait l’objet de plusieurs publications
depuis l’avènement de l’OCT “spectral domain”.
Ces modications, strictement localisées dans la CNI, peuvent être
observées quelle que soit l’origine de l’atrophie optique (atrophie
optique héréditaire, glaucome, neuropathie optique compressive,
inammatoire, etc.) [1, 2].
Dans tous les cas publiés, la RNFL était diminuée de façon signi-
cative dans au moins un cadran péripapillaire. La présence des
microkystes rétiniens n’est cependant pas corrélée à une baisse
systématique de l’acuité visuelle (1).
Les microkystes isolés de la couche nucléaire interne doivent être
reconnus, car ils témoignent d’une perte sévère en bres nerveuses
ganglionnaires. Ils ne doivent pas, par là même, être considérés
comme une atteinte exsudative de la rétine. Les traitements par
injection intravitréenne d’anti-VEGF et de corticoïdes n’ont pas
d’efcacité sur ces lésions. ■
1.
Wolff B, Basdekidou C, Vasseur V et al. Retinal inner nuclear layer microcystic
changes in optic nerve atrophy: a novel spectral-domain OCT finding. Retina
2013;33(10):2133-8.
2.
Green AJ, McQuaid S, Hauser SL, Allen IV, Lyness R. Ocular pathology in
multiple sclerosis: retinal atrophy and inflammation irrespective of disease
duration. Brain 2010;133(Pt 6):1591-601.
Références bibliographiques
V. Vasseur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
Les autres auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.