cAs cLInIque Mots-clés

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cas clinique
Mots-clés
Microkystes rétiniens – Couche nucléaire interne – Atrophie optique.
Keywords
Retinal microcysts – Inner nuclear layer – Optic nerve atrophy.
Modifications microkystiques de la rétine
interne dans les atrophies optiques
Inner retinal microcystic changes in optic nerve atrophy
V. Vasseur1, B. Wolff1, 2, C. Vignal-Clermont1
U
ne femme âgée de 30 ans, suivie pour une sclérose en plaques,
se présente pour un bilan neuro-ophtalmologique à la suite
d’une névrite optique de l’œil gauche survenue 6 mois auparavant.
Observation
La vision est chiffrée à 10/10 à l’œil droit et à 6/10 à gauche ; la
patiente présente un déficit pupillaire afférent relatif (DPAR) de
l’œil gauche, une altération de la vision des couleurs et un déficit
non systématisé du champ visuel.
Une pâleur papillaire gauche est observée au fond d’œil (figure 1).
Une tomographie par cohérence optique (OCT) est réalisée pour
quantifier la perte de fibres nerveuses ganglionnaires au niveau du
nerf optique. Elle montre une importante diminution de l’épaisseur
des fibres optiques rétiniennes (RNFL) témoignant d’une atrophie
séquellaire de la névrite optique (figure 2).
L’examen rétinien en imagerie infrarouge (IR) met en évidence
une zone hyporéflective périmaculaire en cocarde (figure 3). Les
coupes OCT passant par cette zone hypo­réflective montrent des
modifications kystiques strictement localisées au niveau de la
couche nucléaire interne (CNI) [figure 4].
Une OCT “en face” est réalisée dans le plan de la CNI et montre
la correspondance parfaite entre la zone hyporéflective observée
en IR et les microkystes rétiniens (figure 5). L’angiographie à la
fluorescéine ne présente pas de rupture de la barrière hématorétinienne pouvant expliquer la présence de ces kystes.
Discussion
Les modifications microkystiques de la rétine interne associées
aux atrophies optiques ont fait l’objet de plusieurs publications
depuis l’avènement de l’OCT “spectral domain”.
Ces modifications, strictement localisées dans la CNI, peuvent être
observées quelle que soit l’origine de l’atrophie optique (atrophie
1 Service de neuro-ophtalmologie et urgences, Fondation ophtalmologique Rothschild, Paris.
2 Centre d’exploration de la rétine Kleber, Lyon.
V. Vasseur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
Les autres auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.
208 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - no 6 - juin 2014
▲ Figure 1. Rétinophotographie du fond d’œil montrant une pâleur
papillaire.
optique héréditaire, glaucome, neuropathie optique compressive,
inflammatoire, etc.) [1, 2].
Dans tous les cas publiés, la RNFL était diminuée de façon significative dans au moins un cadran péripapillaire. La présence des
microkystes rétiniens n’est cependant pas corrélée à une baisse
systématique de l’acuité visuelle (1).
Les microkystes isolés de la couche nucléaire interne doivent être
reconnus, car ils témoignent d’une perte sévère en fibres nerveuses
ganglionnaires. Ils ne doivent pas, par là même, être considérés
comme une atteinte exsudative de la rétine. Les traitements par
injection intravitréenne d’anti-VEGF et de corticoïdes n’ont pas
d’efficacité sur ces lésions.
■
Références bibliographiques
1. Wolff B, Basdekidou C, Vasseur V et al. Retinal inner nuclear layer microcystic
changes in optic nerve atrophy: a novel spectral-domain OCT finding. Retina
2013;33(10):2133-8.
2. Green AJ, McQuaid S, Hauser SL, Allen IV, Lyness R. Ocular pathology in
multiple sclerosis: retinal atrophy and inflammation irrespective of disease
duration. Brain 2010;133(Pt 6):1591-601.
cas clinique
S
66
N
29
T
40
I
48
300
180
120
60
0
45
Temporal
90
Supérieur
135
180
Nasal
225
270
Inférieur
315
360
Épaisseur (μm)
240
0
Temporal
Position (°)
◀ Figure 2. Tomographie par cohérence optique péripapillaire montrant une
diminution significative de l’épaisseur des fibres optiques rétiniennes (RNFL).
A
B
▲ Figure 3. Cliché en lumière infrarouge montrant une zone hyporéflective
­périmaculaire.
◀ Figure 5.
Correspondance entre
la tomographie par
cohérence optique “en
face” (A) et le cliché
en infrarouge (B).
▲ Figure 4. Tomographie par cohérence optique maculaire montrant que les microkystes rétiniens sont strictement localisés dans la couche nucléaire interne.
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