Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 3 - mars 2013
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Échos des congrès
© Valerijs Kostreckis
Journée thématique SFD
Rein et diabète : passé, présent et futur
Paris, le 7 décembre 2012
Louis Potier*
* Service d’endocrinologie,
diabétologie et nutrition,
GH Bichat-Claude Bernard,
Paris.
Cette journée thématique, organisée conjointement par la Société francophone
du diabète et la Société de néphrologie, a eu lieu à Paris à l’Institut Pasteur. Elle
a été mise en place cette année par les Prs Michel Marre (Paris), Maurice Laville
(Lyon) et Samy Hadjadj (Poitiers), qui ont invité de prestigieux orateurs venus du
monde entier. Ceux-ci ont abordé différents aspects de l’atteinte rénale du dia-
bète, allant de sa physiopathologie aux traitements du futur en passant par une
mise au point sur des problématiques d’actualité.
Pathophysiologie de la néphropathie
diabétique
(D’après la communication de Paola Fioretto,
Padoue, Italie)
Paola Fioretto, de l’université de Padoue, en Italie, a
présenté, au travers de travaux très élégants et impres-
sionnants, les relations entre les atteintes fonctionnelles
(excrétion urinaire d’albumine, diminution du débit de
filtration glomérulaire [DFG]) et les lésions structurelles
du rein visibles en histologie. Les lésions histologiques
présentes dans la néphropathie touchant les patients
diabétiques de type 1 sont caractéristiques et aujourd’hui
bien définies. Il s’agit principalement d’une atteinte glo-
mérulaire associant une expansion du mésangium, un
épaississement de la membrane basale glomérulaire et
une accumulation de matrice extracellulaire conduisant à
terme à la fibrose. Il existe une relation bien établie entre
le degré de l’atteinte histologique et l’évolution fonction-
nelle de la néphropathie diabétique. Il a été montré par
l’équipe de P. Fioretto qu’il existait une relation linéaire
entre le volume du mésangium et le niveau d’excrétion
urinaire d’albumine chez les patients diabétiques de
type 1. De même, une diminution du DFG est associée
à un épaississement de la membrane basale gloméru-
laire et à un volume du mésangium plus important. Ces
relations existent aussi chez les patients diabétiques de
type 2, mais la dispersion des patients dans des groupes
au niveau d’albuminurie identique est beaucoup plus
grande, de nombreux patients ayant une albuminurie
sans anomalie du mésangium ou de la membrane basale
glomérulaire. Ainsi, lorsqu’on compare des diabétiques
de type 1 et des diabétiques de type 2, à niveau d’albu-
minurie identique, les lésions glomérulaires sont moins
importantes chez les diabétiques de type 2. La relation
lésions histologiques-albuminurie n’est pas identique
chez les diabétiques de type 1 et de type 2. Cela est dû
à la proportion substantielle de patients diabétiques de
type 2 chez lesquels l’albuminurie est plus importante
qu’on ne l’attendait et non proportionnelle à l’atteinte
histologique typique de la néphropathie diabétique.
Cette discordance peut partiellement s’expliquer par la
diminution de la densité des podocytes, composants
essentiels du glomérule, qui est étroitement associée au
niveau de l’excrétion urinaire d’albumine chez le diabé-
tique de type 2. De plus, il existe une hétérogénéité des
lésions rénales chez les patients diabétiques de type 2,
qui présentent souvent des lésions atypiques associant
aux atteintes glomérulaires des lésions tubulo-intersti-
tielles et artériolaires. En effet, le diabète de type 2 est
beaucoup moins “pur” du fait de l’association fréquente
d’une hypertension artérielle, d’une dyslipidémie, de
lésions athéromateuses évoluées et de la prise potentielle
de médicaments néphrotoxiques chez cette population
plus âgée et polypathologique. Il est à noter, par ailleurs,
que la baisse du DFG est souvent plus lente en présence
de lésions atypiques qu’en présence de lésions typiques.
Une question importante en ce qui concerne la pathophy-
siologie de la néphropathie diabétique est celle de la possi-
bilité d’une réversibilité de ces lésions. P. Fioretto a présenté
les résultats très impressionnants de l’évolution de lésions
histologiques rénales après greffe pancréatique chez une
petite dizaine de patients. Ceux-ci montrent une disparition
complète et totale des lésions glomérulaires et interstitielles