vites infectieuses ne sont pas purulentes.
Parmi les conjonctivites aiguës infec-
tieuses, nous évoquerons séparément les
conjonctivites néonatales et celles de
l’enfant plus grand, car leurs agents in-
fectieux sont volontiers différents.
CONJONCTIVITES NÉONATALES
Nous ne ferons que citer les conjoncti-
vites néonatales gonococciques, herpé-
tiques ou à Chlamydia, car elles sont de-
venues beaucoup plus rares de nos
jours. Elles sont la conséquence d’une
infection non traitée de la filière génita-
le maternelle, au niveau de laquelle le
nouveau-né se contamine, notamment
en cas de travail prolongé ou de rupture
prématurée des membranes. Le temps
d’incubation de ces diverses conjoncti-
vites est extrêmement variable, allant
de 3 jours pour les conjonctivites gono-
cocciques à 10 à 15 jours pour les
conjonctivites herpétiques et à Chlamy-
dia. Les conjonctivites herpétiques s’as-
socient parfois à une kératite dendri-
tique. Leur prévention par l’instillation
systématique d’un collyre antibiotique à
tous les nouveau-nés ainsi que la détec-
tion et le traitement des infections ma-
ternelles restent donc indispensables.
Le choix du collyre est une question
d’école, en sachant que le nitrate d’ar-
gent n’est plus utilisé.
Dans les premiers mois de vie, la surve-
nue d’une conjonctivite à répétition ou
traînante, volontiers unilatérale ou dé-
butant toujours du même côté, doit fai-
re évoquer une imperforation du canal
lacrymo-nasal. Le traitement doit asso-
cier des lavages oculaires réguliers, un
collyre antibiotique ou antiseptique
adapté à l’âge (2) et une prise en charge
de l’anomalie de développement des
voies lacrymales. Un simple massage de
celles-ci ou leur sondage, selon l’âge de
l’enfant, permet généralement de régler
le problème. Ces conjonctivites sont
parfois dites « lacrymales ».
CONJONCTIVITES DE L’ENFANT
Les conjonctivites infectieuses de l’en-
fant, bactériennes ou virales, réalisent
le tableau classique d’œil rouge non
douloureux.
Les conjonctivites bactériennes
Elles associent un prurit, une hyperhé-
mie, un œdème conjonctival peu inten-
se et d’abondantes sécrétions puru-
lentes ou mucopurulentes. Chez l’en-
fant, ces conjonctivites bactériennes
sont bilatérales ou se bilatéralisent rapi-
dement, l’enfant contaminant l’œil
adelphe en se frottant les yeux avec ses
mains infectées. Elles peuvent être asso-
ciées à des rhinopharyngites, les germes
remontant par les voies lacrymales. Il
est tout à fait inutile de pratiquer des
frottis conjonctivaux dans les formes
habituelles. Lorsque ceux-ci sont réali-
sés, ils trouvent des Staphylococcus epi-
dermidis, des streptocoques, voire des
pneumocoques.
Il faut expliquer aux parents que, sous
traitement, les signes cliniques de
conjonctivite doivent disparaître en une
huitaine de jours. Aucune éviction sco-
laire n’est habituellement nécessaire.
Néanmoins, dans bien des cas, les
crèches refusent d’accepter un enfant
porteur d’une conjonctivite infectieuse,
du fait de leur grande contagiosité. Le
traitement peut, dans un premier temps,
être administré par le pédiatre ; il repose
sur un lavage oculaire plusieurs fois par
jour, pour éliminer les sécrétions et les
agents infectieux, et sur l’instillation 4 à
6 fois par jour d’un collyre antiseptique
ou, éventuellement, antibiotique. Ce
traitement doit impérativement être
poursuivi pendant 7 jours pour éviter les
rechutes, même si les manifestations cli-
niques se sont amendées plus rapide-
ment. En l’absence de disparition des
symptômes en quelques jours, il faut vé-
rifier qu’il n’existe pas de corps étranger
passé inaper çu. En effet, celui-ci peut
rester dans un cul-de-sac conjonctival et
secondairement se surinfecter, en impo-
sant pour une « simple » conjonctivite.
En présence d’une conjonctivite traînan-
te, il peut être utile de réaliser un frottis
conjonctival pour rechercher un germe
atypique ou résistant.
Il faut mettre à part les conjonctivites à
Chlamydia, lesquelles réalisent une for-
me aiguë apparaissant après 8 à 10 jours
d’incubation et dont la symptomatologie
est maximale vers le cinquième jour. Il
sale permet de trouver des anomalies
ayant également un intérêt dans le dia-
gnostic étiologique. Les papilles, élé-
ments rosés, centrés par un vaisseau,
n’ont aucun caractère spécifique et
constituent un mode réactionnel à toute
irritation ou inflammation conjonctiva-
le. Lors des conjonctivites allergiques,
ces papilles peuvent être particulière-
ment importantes, réalisant de véri-
tables végétations groupées en mo-
saïques appelées « pavés », et être res-
ponsables de lésions cornéennes. Les
follicules tarsaux sont une hyperplasie
des follicules lymphoïdes normalement
présents dans l’épithélium conjonctival
à partir de la sixième semaine de vie. Ils
se présentent sous forme de nodules
translucides avasculaires. Leur présence
oriente vers une infection virale, une
conjonctivite à Chlamydia trachomatis
ou une conjonctivite allergique aiguë
saisonnière.
SIGNES « NÉGATIFS »
Une conjonctivite n’est pas doulou reu se ;
il n’y a pas de photophobie ni de blépha-
rospasme, et l’acuité visuelle (lorsque
l’enfant est assez grand pour qu’elle puis-
se être évaluée) est strictement normale.
La présence de ces différents signes doit
faire évoquer en premier lieu une kérati-
te. Celle-ci peut partager les mêmes étio-
logies que la conjonctivite et ainsi lui
être associée. Elle peut également consti-
tuer une « complication » d’une conjonc-
tivite allergique avec pavés conjonctifs
importants. La présence d’une kératite
doit amener à modifier et à accentuer le
traitement.
CONJONCTIVITES
INFECTIEUSES
Le diagnostic d’une conjonctivite infec-
tieuse, notamment bactérienne, pose
peu de problèmes, surtout chez l’enfant.
En effet, celui-ci présente les différents
signes positifs que nous avons déjà évo-
qués, en particulier les sécrétions puru-
lentes, qui sont caractéristiques. Par
ailleurs, il n’est pas trouvé de signe né-
gatif. Cependant certaines conjoncti-
Médecine
& enfance
mai 2010
page 229
129930 228-31 19/05/10 21:05 Page229