MISE AU POINT
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La Lettre du Cancérologue - Volume XII - no5 - septembre-octobre 2003
risques de développer un CCR ou un polype métachrone sont res-
pectivement évalués entre 3 et 8 % et entre 25 et 40 %. Le dépis-
tage se fait par une coloscopie à trois ans, puis, si elle est néga-
tive, tous les cinq ans (15, 16).
●
Antécédents personnels de colite inflammatoire (maladie
de Crohn [RCH]). Le risque est majeur dans les RCH avec pan-
colite et durée d’évolution supérieure à dix ans. Un dépistage
par coloscopie tous les deux ans avec biopsies étagées (à la
recherche de dysplasies) est conseillé à partir de quinze années
d’évolution (15, 16).
●
Antécédent familial de CCR ou de polypes. Un tel antécé-
dent est retrouvé dans environ 15 % des CCR. En cas de CCR,
le risque est nettement augmenté en cas d’atteinte de plusieurs
parents au premier degré (risque relatif de 4) et de survenue pré-
coce du CCR (risque relatif de 4 en cas de survenue chez un
parent de moins de 45 ans). De même, il existe un risque majoré
en cas d’antécédent familial de polype supérieur à 1 cm ou
survenu avant 60 ans.
En cas d’antécédent familial de CCR survenu avant 60 ans (ou
d’atteinte de plusieurs parents au premier degré, quel que soit
leur âge), une coloscopie de dépistage doit être proposée dès
45 ans ou cinq ans avant le cas index. L’intérêt d’un dépistage
en cas d’antécédent familial de CCR unique survenu après
60 ans, ou d’antécédent familial de polypes, et ses modalités
sont discutés (15, 16).
CONCLUSION
Le dépistage du CCR doit être une priorité du praticien en ce
début du XXIesiècle, au même titre que celui du cancer du sein
et du cancer du col de l’utérus, où des stratégies de dépistage de
masse ont fait la preuve de leur efficacité. À l’échelon indivi-
duel, en cas de signes d’appel ou de facteurs de risque, la colo-
scopie s’impose comme l’examen indispensable, en attendant la
coloscopie virtuelle. Au niveau national, l’organisation d’un
dépistage par Hémoccult®ne peut être envisagée que dans le cas
de stratégies bien définies dont le médecin traitant sera le pivot.
Dans l’immédiat, on ne peut que se réjouir de voir ce dépistage
figurer dans les priorités du gouvernement concernant la
lutte contre le cancer (conférence de presse du secrétariat d’État
de janvier 2000, discours du président de la République du
14 juillet 2002). À l’heure actuelle, plusieurs départements
entament la mise en place du dépistage. Souhaitons-leur bonne
chance dans ce travail de longue haleine !
■
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© mai 1992 - Imprimé en France - Point 44 - 94500 Champigny-sur-Marne
Ce numéro est routé avec :
✓un guide pratique “Prise en charge de la douleur des gestes invasifs” (20 pages) ;
✓un flyer “Journal On Line”, San Antonio ;
✓un numéro supplémentaire “actualités sur la gemcitabine à l’ASCO 2003” (20 pages).