Correspondances en Onco-hématologie - Vol. VI - n° 1 - janvier-février-mars 2011
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Risques organiques
Partie II
dossier thématique
du principe que la douleur provenait essentiellement
des fragments ostéo-cartilagineux désolidarisés de l’os
sous-chondral, du fait de l’ostéonécrose. Ainsi, en résé-
quant les clapets et en ravivant la perte de substance
cartilagineuse, nous espérions soulager les patients.
Le lavage arthroscopique étant une procédure peu
invasive, elle peut être répétée si les douleurs devaient
réapparaître. La prothèse de genou reste une solution
de dernier recours lorsque le traitement arthroscopique
ne permet pas de soulager le patient. Les prothèses
de genou utilisées sont alors des prothèses standard,
avec un ancrage plus extensif sur le tibia et le fémur.
Traitement de l’ostéoarthrose de l’épaule
L’épaule est la troisième localisation en termes de fré-
quence ( gure5). La nécrose se situe sur le versant
huméral de l’articulation. Selon le stade évolutif et la
gêne fonctionnelle, nous réalisons soit un traitement
conservateur par arthroscopie (même principe que
pour le genou), soit la pose d’une prothèse unipolaire
ne remplaçant que la partie humérale de l’articulation.
Traitement de l’ostéoarthrose de la cheville
La cheville est une localisation rare (nécrose de l’astra-
gale), mais qui peut également nécessiter un traite-
ment chirurgical. Pour ces patients, nous avons choisi
de réaliser une arthrodèse. Cette procédure permet
d’obtenir une indolence au prix d’une cheville bloquée
à 90degrés. Cela permet une marche sans boiterie ; la
course à pied reste cependant di cile.
Résultats
Les prothèses de hanche et les lavages arthroscopiques
ont été revus. Entre 1980 et 2005, 68patients ont été
pris en charge dans notre service pour la pose d’une
prothèse de hanche pour ostéonécrose après gre e
de moelle allogénique (14). Durant cette période,
107prothèses totales de hanche ont été posées ;
l’âge moyen au moment de l’intervention était de
33ans ; 24procédures bilatérales en un seul temps
opératoire ont été réalisées. Après un recul moyen
de 9,2ans, 93 % des patients ont un résultat excellent
ou satisfaisant. La survie à 10ans (en prenant comme
événement la reprise de la prothèse) est de 82,8 %.
Les nouvelles opérations sont dues pour moitié à un
problème septique tardif.
Entre 1993 et 2006, 10patients (âge moyen : 28ans)
ont été pris en charge chirurgicalement par arthros-
copie pour une ostéonécrose du genou ; 14genoux
ont ainsi été opérés selon cette technique (4arthros-
copies bilatérales). Le délai moyen entre la gre e et
l’arthroscopie était de 4,6ans. Une seconde arthros-
copie a été nécessaire pour 3patients, après un délai
respectif de 9mois, 2ans et 7ans. Un patient a dû
recevoir 3arthros copies. Après un recul de 5,2ans,
tous les scores fonctionnels sont améliorés, bien que
uctuants avec le temps. Deux patients ont nécessité
une prothèse totale de genou.
Conclusion
Les ostéonécroses après gre e de moelle ne doivent
pas être négligées et ne doivent pas être reléguées au
second plan. Les patients ayant survécu à une maladie
hématologique grave souhaitent pouvoir vivre norma-
lement. La prise en charge, le suivi de ces malades et la
collaboration étroite avec les services d’hématologie
nous a permis d’établir une stratégie thérapeutique
adaptée. La connaissance des complications liées à la
maladie hématologique et à son traitement (immuno-
suppresseur, GVH, amyotrophie, risque septique) nous
permet d’informer les malades lors de la consultation.
En n, l’utilisation de matériaux chirurgicaux adaptés
à l’âge des patients nous permet d’espérer une survie
à long terme satisfaisante (l’alumine utilisée comme
couple de frottement dans les prothèses de hanche
permet une survie à long terme satisfaisante chez les
sujets jeunes et actifs).
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Figure 5. Nécrose de l’épaule.