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La Lettre du Sénologue - n° 19 - janvier/février/mars 2003
Quoi de neuf
en imagerie ?
●R. Gilles*, E. Netter**
(* Polyclinique de Bordeaux Nord-Aquitaine. ** Centre Alexis-Vautrin, Vandœuvre-lès-Nancy)
Le dépistage du cancer du sein
Le dépistage organisé des cancers du sein est un thème médico-
social qui a suscité discours, promesses politiques, polémiques et
discussions passionnées. Ces débats ont été enflammés, car ils
concernent, d’une part, une communauté médicale hétéroclite et,
d’autre part, de nombreux intervenants sociaux tout aussi dispa-
rates. Les femmes, pourtant actrices les plus concernées, s’expri-
ment peu sur le sujet. Mal informées, elles sont parfois induites en
erreur par des prises de position médiatisées ou des campagnes de
promotion tendancieuses.
Pourtant, la thématique paraît relativement simple : avec plus de
10 000 morts par an en France, le cancer du sein est non seulement
un problème de santé publique, mais aussi un excellent modèle de
dépistage. Il est difficile, pour une communauté médicale en muta-
tion, d’accepter une action de santé publique. À une relation indi-
viduelle, base de la pratique médicale, se substitue la participation
à une action collective, à laquelle il faut adhérer en acceptant de
perdre son libre arbitre. Cette action implique une intégration de
données économiques et épidémiologiques que la majorité des
acteurs de santé n’ont apprises ni sur les bancs de la faculté ni lors
des actions de formation continue. Cela est d’autant plus difficile
que les interlocuteurs de ces acteurs de santé sont des représentants
des autorités de tutelle, elles aussi en pleine mutation, qui impo-
sent leur réflexion de maîtrise des coûts à la médecine aussi bien
de ville qu’hospitalière. Ce carcan économique n’est pas le seul
responsable des retards pris dans ce domaine. Les différents acteurs
médicaux ont bien fait état de leurs dissensions. On peut rappeler
quelques polémiques, certaines éteintes, telles que l’utilité même
du dépistage, le nombre d’incidences et la périodicité des contrôles,
d’autres encore vivaces, telles que le problème du dépistage entre
40 et 50 ans et la possibilité de cohabitation du dépistage organisé
et du dépistage sur prescription individuelle.
Malgré ces difficultés intrinsèques, des campagnes de dépistage
organisé se sont mises en place dans plusieurs pays d’Europe et sont
actuellement en cours de généralisation en France.
La sénologie interventionnelle
Les techniques de prélèvement guidées par l’imagerie (mammogra-
phie, échographie) ont acquis une place prépondérante dans la prise
en charge diagnostique des lésions infracliniques. Cette évolution très
rapide des matériels et donc de ces techniques s’est faite par étapes,
et a été grandement facilitée par la mise en place des campagnes de
dépistage du cancer du sein.
Avant 1990, le diagnostic des anomalies infracliniques découvertes
sur un examen mammographique et/ou échographique est effectué
par ce qu’il convient d’appeler la biopsie chirurgicale diagnostique.
En 1990, Parker, jeune radiologue interventionnel, transpose la
technique des prélèvements guidés par l’imagerie de la prostate à
la pathologie mammaire et publie ses premiers résultats. Dans les
années qui suivent, de nombreux travaux précisent ces différentes
techniques et leurs résultats, qui diffèrent en fonction de l’image
radiologique. Pour les masses non palpables, les techniques sté-
réotaxiques ou échographiques sont équivalentes, avec une sensi-
bilité de 99% et une spécificité de 100%. Pour le diagnostic des
foyers de microcalcifications, les résultats ne sont pas excellents,
avec une sensibilité de 90%. À partir de 1997, le développement
de la macrobiopsie assistée par l’aspiration (large core vacuum
DOSSIER
2001-2003
D
ans le domaine de l’imagerie, il est logique de penser
que les nouveautés sont toutes issues de progrès tech-
nologiques. Pourtant, le dépistage organisé des cancers
du sein par la mammographie, technique dite “ancienne” car analo-
gique, a profondément bouleversé la communauté médicale en sub-
stituant une action de santé publique à une relation individuelle. Bien
entendu, ces dernières décennies ont vu l’apparition de nouvelles
techniques telles que la sénologie interventionnelle, voire de nou-
veautés technologiques telles que l’imagerie par résonance magné-
tique et la mammographie numérique. Cependant, toutes n’ont pas
profondément modifié le diagnostic et la prise en charge de la patho-
logie mammaire. La sénologie interventionnelle a eu un impact tout
particulier, car elle a modifié le rôle et la place des radiologues dans
la communauté médicale. L’imagerie par résonance magnétique et
la mammographie numérique n’ont pas encore bouleversé le dia-
gnostic et la prise en charge de la pathologie mammaire.
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