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Jeudi 3 février 2011,
Madame, monsieur, chers amis,
Nous sommes alertés depuis hier matin par la dure situation que l'on fait vivre à Cindy une petite fille
de 5 ans, dans le Gers.
Les institutions ont décidé, il y a cinq ans, que la maman de cette petite fille ne pouvait plus s'en
occuper, ce que je ne discute pas.
La petite fille a été confiée à 2 mois et demi, à une famille d'accueil : Séverine et François BOYER,
cette mesure de justice visant à assurer la protection du bébé, ce que je ne discute pas.
Elle rencontre actuellement ses parents biologiques, son papa régulièrement en particulier.
La petite fille a cinq ans et il est décidé qu'elle doit quitter cette famille où elle est heureuse, trop
heureuse, très bien intégrée, trop bien intégrée.
Elle est aimée ! Selon le premier droit de la CIDE.
Nous y voilà !
Après une première alerte très tôt dans l'enfance, nous pourrions nous réjouir que cette enfant ait
retrouvé un équilibre dans son développement global, un épanouissement.
J'ai contacté Madame puis Monsieur Boyer, la famille d'accueil, et j'ai échangé avec eux deux longs
moments au téléphone, avant de pouvoir les rencontrer.
La première conversation a eu lieu dix minutes après "l'enlèvement" hier de la petite par les services
de l'ASE. C'est moi qui emploie ce terme.
La seconde un peu plus tard, ils étaient extrêmement soucieux mais pour Cindy ; ils restaient
réfléchis malgré un grandsarroi.
La famille d'accueil avait été prévenue que l'enfant allait être confiée à une autre famille d'ici deux
mois, la raison étant "trop d'attachement" entre eux.
Les jours derniers lors d'un rendez-vous une psychologue aurait expliqué le projet à la petite fille, je
vous laisse imaginer son état à la sortie du rendez-vous, à l’idée de quitter ceux qui l’élèvent depuis
toujours, son école, ses camarades, tout son environnement.
De plus, il n’est évidemment pas tenu compte du rythme scolaire, de l’année scolaire de l’enfant, des
jours d’absence provoqués, alors que tout va bien.
La famille d'accueil a eu à préparer la suite, Madame et Monsieur Boyer ont débuté dignement ...
pour Cindy, selon l'honnêteté constante de leur conscience professionnelle.
Puis la famille a été convoquée à l'ASE le 2 février au matin, afin que l'enfant fasse connaissance avec
sa nouvelle famille d'accueil lors d'un rendez-vous.
Le projet annonçait qu'ils rentreraient chez eux jusqu'à vendredi où aurait lieu le passage réel, le
ménagement ! (Une famille d'accueil, ça se jette !)
Hier matin la famille d'accueil correcte, s'est rendue au rendez-vous avec Cindy.
Et là une personne est venue la chercher, l'a emmenée sans un mot, les Boyer ont attendu comme il
le leur avait été demandé ... attendu ...
Un moment long après, ils se sont "permis" de demander et ont appris sans vergogne qu'ils ne
verraient plus Cindy !
Pas un mot, pas un baiser, pas un doudou, aucun effet personnel des 5 ans vécus (toute la vie de la
petite fille) et avec pour ces personnes sur la conscience, un mensonge expliqué à l'enfant contre
leur gré (ils avaient expliqué un autre programme tout aussi sauvage mais différent).
Je souhaite vous interpeller en deux sens :
Le premier, un problème de fond, la décision de priver cette enfant de la famille dans laquelle elle
grandit depuis cinq ans, avec comme argument l'attachement ?
D’autres contrées attachent beaucoup d’importance à l’attachement.
Apprendre à créer des liens, à les conserver même si d’autres se présentent n’est ce pas de l’ordre de
la VRAIE vie.
Depuis des dizaines d'années pour Enfance Majuscule et personnellement depuis plus de trente ans,
nous tentons de défendre, d'accompagner des enfants, des adolescents révoltés, des adultes en
recherche, qui n'ont pas eu le DROIT d'être aimés, simplement.
Je ne comprends pas encore pourquoi l'ENFANT n'a pas le droit d'être aimé, certes dans des relations
et des liens divers alors que c’est la richesse de cet amour au cours de toute sa vie qui lui permet de
se construire.
La négation de la famille biologique n'a pas de sens mais le refus d'un "village" possible attentionné
autour de l'enfant est un refus grave.
Le second sens qui n’est pas simplement un problème de forme, mais bien de fond, lui aussi, est la
pratique de ces "enlèvements" organisés sans témoin dans l'ombre de bureaux "dits responsables de
la protection de l'enfant".
Qu'appelle-t-on Protection de l'Enfance ?
Dans ces services par ailleurs des personnes peuvent effectuer un travail remarquable comme ces
familles d'accueil qui jour après jour, heure après heure, nuit après nuit, redonnent confiance à des
enfants chamboulés.
Pourquoi choquer, casser volontairement, jouer avec une stabilité affective si précieuse.
Comment peut-on se permettre sans contrôle ces maltraitances institutionnelles ?
Consciente du ton de mon écrit je précise que les témoignages, si nombreux, remontant à 50, 30
ans... deux jours ... évoquant les blessures ancrées par de tels comportements suffisent pour être
convaincu que cela doit cesser !
Je suis à votre disposition pour toute information complémentaire dont je pourrais disposer et qui
pourrait vous être utile, car cet écrit est un résumé et ne traduit pas suffisamment le sentiment
d'insupportable que ces situations trop répétées éveillent en chacun.
Je compte sur l’acharnement de tous à faire valoir le respect, à travers cette enfant, cette famille
d'accueil, de tous les enfants et familles d’accueil en risque de pareille situation, à faire admettre que
chacun est une personne à respecter.
Je vous remercie d'accepter mes sincères salutations,
Anne-Marie Clément
Présidente nationale d'Enfance Majuscule
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