respiratoires, diabète, tabac, alcool), et que 9 % font une sur-
infection. L’infection basse survient avant le dixième jour dans
54 % des cas, tandis que les infections hautes (otites) survien-
nent plutôt après. Le diagnostic des surinfections bronchiques
est clinique, alors que celui des pneumonies nécessite en plus
une radiographie thoracique. Compte tenu des bactéries res-
ponsables des surinfections (Streptococcus pneumoniae, Hae-
mophilus influenzae mais aussi Staphylococcus aureus), on peut
recommander l’abstention d’antibiotiques dans la bronchite
aiguë du sujet sain, un traitement oral dans la surinfection des
BPCO (amoxicilline-acide clavulanique, céfuroxime-axétil,
pristinamycine). Dans les pneumonies, compte tenu du risque
staphylococcique, on peut proposer en milieu hospitalier amoxi-
cilline + acide clavulanique, 3 à 4 g/j en intraveineuse ou céfu-
roxime, 750 mg 2 fois/j. On peut également proposer la pristi-
namycine per os, 3 g/j. Dans les pneumonies, le traitement
est urgent après évaluation des indices de gravité [Score de Fine
(5)]; la décision d’hospitalisation ou du recours aux soins
intensifs peut être envisagée pour traitement antibiotique et
surveillance.
–Les antiviraux ont-ils un rôle dans le traitement curatif ?
Pour être actifs, les antiviraux doivent être administrés préco-
cement (pas au-delà de 48 heures après le début des symptômes),
ce qui nécessite bien sûr un diagnostic rapide et des réseaux de
surveillance qui puissent donner l’alerte, afin de permettre un
traitement immédiat, éventuellement de type préemptif.
L’efficacité du traitement sera jugée sur la réduction de la durée
de la maladie et la réduction de l’excrétion du virus. Il y a une
variabilité des souches dans leur sensibilité aux antiviraux. On
connaît l’apparition de souches résistantes. Il est nécessaire de
surveiller de manière régulière les mutations possibles, de déter-
miner les conditions qui favorisent l’émergence des souches
résistantes. Enfin, il est tout à fait important d’apprécier la tolé-
rance à long terme.
Les agents antiviraux comme l’amantadine et la rimantadine, uti-
lisés en curatif à la phase aiguë (200 mg per os pendant 7 jours),
réduisent la durée de la maladie et diminuent l’excrétion du virus.
La rimantadine a moins d’effets secondaires que l’amantadine,
qui a une toxicité neurologique. Cette toxicité impose une réduc-
tion de la posologie chez les personnes âgées. Enfin, il y a 10 à
25 % de souches résistantes. Il existe une résistance croisée entre
les deux molécules. Seule l’amantadine est disponible.
Les inhibiteurs de la neuraminidase, tels que zanamivir et osel-
tamivir, qui, là encore, doivent être administrés très tôt au début
de la maladie, réduisent de 1 à 2,5 jours la fièvre mais aussi les
complications dans 6 % des cas chez les sujets sains et dans
30 % des cas chez les sujets à risque. Il y a peu d’effets secon-
daires avec ces médicaments, à l’exception de bronchospasmes
avec le zanamivir et de troubles digestifs avec l’oseltamivir. Il
est difficile d’affirmer dans l’immédiat qu’ils seront capables
de réduire la survenue des complications graves et de contrôler
la circulation virale, en un mot, de contrôler la grippe. Ces pro-
duits sont plus coûteux que l’amantadine, mais moins toxiques
(3, 6, 7). Il est très probable que les phénomènes de résistance
liés à la consommation de ces médicaments et le coût de ces
derniers limiteront leur utilisation dans les institutions.
ASPECTS PARTICULIERS DE LA PANDÉMIE
La survenue d’une pandémie, probable mais imprévisible,
constitue le véritable “challenge” pour la population, les soi-
gnants, les organismes de santé publique et les responsables
gouvernementaux.
La pandémie aura un impact mondial sur la morbidité et la mor-
talité, avec une évolution planétaire en quelques semaines ou
mois, une épidémiologie atypique (perte du caractère saison-
nier et rôle variable de l’âge dans l’impact de la grippe et de ses
complications). Serons-nous prêts, que pourrons-nous faire ?
Les pandémies du XXesiècle (1918 : AH1N1, 1957 : AH2N2
et 1968 : AH3N2) ont été à l’origine d’une très forte mortalité
(20 millions en 1918 et 10 millions en 1968). Il n’a pas été
observé de dissémination géographique en 1997-98.
Les projections d’une grippe pandémique non vaccinale sont
pour la France de 20 000 à 50 000 morts, 70 à 200 000 hospi-
talisations, 5 à 10 millions de consultations et 8 à 15 millions
de malades.
Sommes-nous prêts ? Les points forts sont la qualité de la sur-
veillance, les vaccins et les antiviraux, la préparation des soi-
gnants et des services d’urgences, la communication et les déci-
sions des autorités gouvernementales.
Surveillance
Au plan national, les réseaux fonctionnent bien avec les méde-
cins généralistes et les pédiatres, les laboratoires hospitaliers
des réseaux et le réseau militaire. Les réseaux européens sont
en place : la reconnaissance des cas, la notification hebdoma-
daire, l’identification des virus sont opérationnelles en routine.
L’articulation avec l’OMS est bonne : en cas d’apparition d’un
nouveau virus (en Asie ?), il sera possible de déceler son arri-
vée (il faudra raccourcir le délai de huit jours de l’annonce
écrite) et de déclencher les mesures “préventives”. Les autori-
tés devront en urgence informer et donner leurs instructions à
la population et aux intervenants sanitaires en fonction des
caractéristiques cliniques de l’épidémie (type des complica-
tions, âge et mortalité), différentes selon les épidémies.
Au niveau européen et aux États-Unis, la surveillance est
satisfaisante, même si, dans certains États, la reconnaissance
du virus, la connaissance de la progression de l’épidémie, les
recueils de morbidité et de mortalité (en France) sont inégaux.
Toutefois, on connaît peu de choses sur la circulation virale en
zone tropicale.
Vaccins
S’agissant d’un virus non vaccinal, il faut, après identification
et obtention d’une souche stable, préparer un vaccin, le pro-
duire en quantité suffisante, le distribuer. Il faut régler le pro-
blème de la distribution nationale ou internationale, essayer
d’obtenir un vaccin avec une seule injection et faire en sorte
que les autorités préparent les textes établissant les populations
prioritaires (police, contrôleurs aériens, personnels des trans-
ports, travailleurs, soignants ?).
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XV - n° 2 - février 2000
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OINT DE VUE
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