Médecine
& enfance
décembre 2013
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DANGER LÉGISLATIF ?
RÉSIDENCE ALTERNÉE
IMPOSÉE À TOUT ÂGE
Pr. B. Golse, Pr A. Guédéney, Dr M.
Berger, E. Bonneville, Pr A. Ciccone,
Dr E. Izard, J. Phélip (1)
Cher(e)s Collègues,
C’est dans un contexte inhabi-
tuel que nous sollicitons votre
attention. Le 7 décembre 2013
va être votée à l’Assemblée na-
tionale une loi sur la famille
(1). Or le 17 septembre, des
lobbys médiatiquement très
actifs ont fait voter au Sénat,
en catimini, à trois heures du
matin, un amendement qui, en
cas de séparation des parents,
exige que la préférence soit
donnée à la résidence alternée
paritaire sans limite d’âge
pour l’enfant (à charge pour le
juge des Affaires familiales
d’argumenter son refus éven-
tuel d’appliquer ce mode d’hé-
bergement). A cela s’ajoute un
article de loi voté dans la fou-
lée : « Le fait par tout ascen-
dant d’entraver l’exercice de
l’autorité parentale par des
manipulations diverses […]
est puni d’un an d’emprisonne-
ment et de 15000 euros
d’amende », sanction supposée
empêcher tout « syndrome
d’aliénation parentale » (cf. in-
fra), et qui peut menacer tout
parent si son enfant manifeste
des réticences, même justi-
fiées, à aller chez l’autre pa-
rent. C’est aussi au nom de
l’équité homme-femme que, le
18 septembre, un autre groupe
politique a présenté un projet
de loi prônant la mise en place
immédiate d’une résidence al-
ternée dès la séparation d’un
couple, une médiation étant
ensuite supposée permettre
d’évaluer ce qui convient le
mieux à la situation.
d’insécurité, l’apparition d’une
angoisse d’abandon majorée le
soir (l’enfant ne supportant
plus l’éloignement de sa mère
et demandant à être en perma-
nence avec elle), une agressivi-
té, en particulier à l’égard de la
mère considérée comme res-
ponsable de la séparation, une
perte de confiance dans les
adultes, en particulier dans le
père, dont la vision déclenche
une réaction de refus. Chez
certains enfants plus âgés, on
peut observer une hyperkinésie
avec trouble attentionnel et un
refus de se soumettre à la
moindre contrainte scolaire ou
familiale. Il est logique de ré-
clamer, comme le font les au-
teurs de la lettre, la consulta-
tion des sociétés scientifiques
et professionnelles pour tout
projet de loi concernant plus
ou moins directement la vie
des enfants !
Résidence alternée : un danger
législatif ?
Notre confrère M. Maidenberg
fait part d’un texte signé par
des spécialistes de pédopsy-
chiatrie et de pédopsychologie
au sujet de la loi sur la famille
qui devait être présentée à l’As-
semblée nationale le 7 dé-
cembre dernier mais qui ne l’a
toujours pas été au moment où
nous imprimons. Le texte inti-
tulé « Danger législatif. Rési-
dence alternée imposée à tout
âge » est reproduit in extenso
ci-après. Les spécialistes, au-
teurs de cette lettre, décrivent
les troubles spécifiques liés à la
résidence alternée, distincts de
la souffrance que tout enfant
peut éprouver face à la sépara-
tion de ses parents. Tous les
enfants en résidence alternée
ne présentent pas ces troubles,
mais leur fréquence semble im-
portante et ils sont durables.
Chez les moins de trois ans, les
auteurs citent : un sentiment
AU COIN DU WEB
Rédaction : G. Dutau
Dessin : B. Heitz
Résidence alternée : un dangergislatif ?
Maladies mains-pieds-bouche
et herpangines associées aux entérovirus : un
réseau national de surveillance
Erythème noueux : durée d’évolution ?
(1) NDLR : Au moment où nous mettons sous
presse, le vote n’a toujours pas eu lieu.
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Médecine
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Dans le même temps et pour la
première fois en France, des
sociétés savantes et représen-
tantes des professionnels de la
santé psychique et de la psy-
chopathologie de l’enfant ont
mis en route un processus de
réflexion concernant l’impact,
sur les enfants, des modes
d’hébergement dans les situa-
tions de séparation parentale,
dont on sait qu’elles concer-
nent maintenant près d’un
couple sur deux et des enfants
de plus en plus jeunes. Deux
colloques ont ainsi eu lieu, un
le 8 avril 2013, organisé par la
Société française de psychiatrie
de l’enfant et de l’adolescent,
l’APPEA (Association de psy-
chologie et psychopathologie
de l’enfant et de l’adolescent)
et le COPES (Centre d’ouvertu-
re psychologique et sociale) (2) ;
et un autre le 4 octobre 2013
par la WAIMH francophone (3),
centré sur les enfants âgés de
zéro à trois ans et dont les
actes vont être publiés rapide-
ment. Il n’est pas exclu que le
temps que nous nous sommes
ainsi donné pour la réflexion
clinique et la recherche biblio-
graphique ait été perçu comme
une menace par les lobbys
concernés et ait participé à la
mise en place de pressions
« émotionnelles » et médiati-
sées telles que le mouvement
des « pères perchés ». Les at-
taques écrites dont nous avons
été l’objet n’ont pas troublé
notre capacité de réflexion et
d’échange qui, à partir de l’ex-
périence des cliniciens présents
et des juristes invités, et de
l’analyse de recherches interna-
tionales portant sur un nombre
élevé d’enfants et très structu-
rées méthodologiquement, a
abouti aux conclusions sui-
vantes.
Il existe des troubles spéci-
fiques chez l’enfant liés à la ré-
sidence alternée, qui sont dis-
tincts de la souffrance que tout
enfant peut éprouver face à la
séparation du couple de ses pa-
rents. Tous les enfants en rési-
dence alternée ne présentent
pas ces troubles, mais leur fré-
quence est importante, statisti-
quement très significative, et
ils sont durables.
Chez les enfants de moins de
trois ans, ces troubles se carac-
térisent par un sentiment d’in-
sécurité, avec apparition d’une
angoisse d’abandon qui n’exis-
tait pas auparavant, l’enfant ne
supportant plus l’éloignement
de sa mère et demandant à être
en permanence avec elle, symp-
tôme majoré le soir ; un senti-
ment dépressif avec un regard
vide pendant plusieurs heures,
et parfois un état de confusion,
de non-reconnaissance des
lieux au retour chez la mère ;
des troubles du sommeil ; de
l’eczéma ; de l’agressivité, en
particulier à l’égard de la mère
considérée comme responsable
de la séparation ; une perte de
confiance dans les adultes, en
particulier dans le père, dont la
vision déclenche une réaction
de refus ; chez certains enfants
plus grands, une hyperkinésie
avec trouble attentionnel, un
refus de se soumettre à la
moindre contrainte scolaire ou
familiale.
Ces troubles, qui peuvent être
qualifiés d’attachement insécu-
re désorganisé-désorienté, peu-
vent aussi être décrits en
termes psychodynamiques. Ils
peuvent être reliés à un non-
respect d’un besoin essentiel, le
besoin de continuité, lorsque
l’enfant est confronté répétiti-
vement à deux sortes de perte.
Perte de la figure principale sé-
curisante de l’enfant, et ce
d’autant plus que cette perte se
répète avec régularité et qu’elle
est durable dans le temps, l’en-
fant ne pouvant garder cette fi-
gure en mémoire que pendant
un temps limité en fonction de
son niveau de maturation et de
sa sensibilité personnelle. Et
perte des lieux et des objets qui
constituent l’environnement
matériel de l’enfant, l’arrière-
fond sur lequel se construisent
et s’étayent son identité et son
sentiment de sécurité.
La psychopathologie parentale
peut jouer un rôle important
dans la décision de mettre en
place une résidence alternée et
dans les dysfonctionnements
qui apparaissent alors. Les
troubles augmentent en cas de
conflit parental, lequel est en
lui-même une source de discon-
tinuité dans le vécu de l’enfant,
et de clivage. Mais ils peuvent
aussi exister en cas de résidence
alternée non conflictuelle.
Parmi les traces précoces qui
persistent, les études montrent
la fréquence de l’hyperkinésie
avec troubles attentionnels.
L’augmentation de ce motif de
consultation est peut-être à
mettre en lien avec l’augmenta-
tion du nombre de séparations
parentales concernant des en-
fants en bas âge, Winnicott
ayant souligné dès 1962 que ce
trouble peut dans certains cas
être lié à une rupture répétée
de la continuité du sentiment
d’exister. Persistent aussi les
troubles internalisés sous for-
me d’angoisse, dépression, in-
hibition, qu’on peut retrouver à
l’âge adulte sous la forme d’at-
taques de panique, de troubles
anxieux généralisés, de gel des
émotions, de tension perma-
nente, de difficultés à s’enga-
ger dans une relation. Les
prises en charge thérapeu-
tiques chez les enfants petits ne
parviennent souvent pas à faire
contrepoids à la répétition
traumatique de la perte des
personnes et des lieux et peu-
vent échouer en l’absence de
modification du rythme d’hé-
bergement.
Pour pouvoir être mise en pla-
ce, une résidence alternée de-
vrait satisfaire aux conditions
suivantes : concerner des en-
fants âgés de plus de six ans,
être flexible sans être chao-
tique, reposer sur une bonne
base de coopération entre les
parents avant la séparation, et
l’arrangement doit être centré
sur l’enfant et pas sur l’adulte.
Enfin la distance géographique
entre les domiciles parentaux
doit être faible. Au-dessous de
six ans, des précautions parti-
culières doivent être prises
concernant le droit d’héberge-
ment en général. Tout enfant a
besoin d’un contact avec ses
deux parents, lesquels consti-
tuent un apport affectif diffé-
rent et complémentaire. Des
contacts fréquents et signi-
fiants doivent avoir lieu avec le
parent qui n’a pas l’héberge-
ment principal, mais selon un
principe de progressivité qui
doit respecter les besoins pri-
maires de stabilité et de conti-
nuité. Passer des nuits réguliè-
rement hors du lieu d’héberge-
ment principal est décomman-
avant l’âge de deux ans, et
n’est souhaitable ensuite que
lorsque l’enfant comprend ce
qu’on lui dit, peut anticiper,
peut comprendre ce que « de-
main » veut dire, peut exprimer
verbalement ses besoins, et s’il
existe une communication flui-
de entre ses parents (cf. site de
la WAIMH).
Il est évident qu’à partir de ces
constatations, les projets de loi
actuels ne peuvent aboutir qu’à
un véritable problème de santé
publique : des milliers d’en-
fants risquent de présenter les
symptômes décrits ci-dessus,
que nous aurons beaucoup de
mal à prendre en charge, tant
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G. Zanella vient de diagnosti-
quer un érythème noueux ap-
paru après une angine à strep-
tocoque chez une jeune fille de
dix-sept ans. Elle se demande
combien de temps il peut durer
à partir du moment où la pa-
tiente est traitée.
S. El Yafi, consultant un cours
de l’université de Strasbourg,
lit «évolution en dix jours».
F. Vié le Sage, citant E. Gros-
shans, indique une durée un
peu plus longue : «L’évolution
est régressive spontanément,
accélérée par le repos ou le
traitement symptomatique;
chaque nouure évolue en une
dizaine de jours, en prenant
des aspects contusiformes
bleus et jaunâtres, vers la dis-
parition intégrale sans sé-
quelles. […] Ne comportant ja-
mais de nécrose, d’ulcérations
ou de cicatrices, l’érythème
noueux évolue souvent en plu-
sieurs poussées, favorisées par
la position debout, pouvant
s’échelonner sur quatre à huit
semaines ; la succession des
poussées confère à l’éruption
un aspect polymorphe avec des
nouures d’âges différents, com-
portant les diverses teintes de
la biligénie locale» (1).
(1) GROSSHANS E., DOUTRE M.S., SOUTEY-
RAND P., CRIKX B. : « Erythème noueux»,
Ann.
Dermatol. Vénéréol.,
2002 ;
129 :
2S228-31.
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& enfance
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du fait de leur nombre que par
la difficulté à mobiliser les
traces de souffrance précoce.
Dans la lignée de Serge Lebovi-
ci, Michel Soulé, Myriam Da-
vid, Jeanine Noël, et d’autres
de nos modèles qui ont agi à
partir de leur savoir et de leur
expérience clinique, nous de-
vons solliciter une loi claire et
protectrice centrée sur les be-
soins de stabilité affective et
matérielle des enfants, la déci-
sion judiciaire pouvant au be-
soin être nuancée secondaire-
ment au cas par cas. Si nous ne
nous positionnons pas mainte-
nant, nous nous retrouverons
dans la même situation qu’en
mars 2002, lorsque la loi léga-
lisant la résidence alternée a
été rédigée et votée sans que
l’avis d’un seul psychologue ou
pédopsychiatre ait été sollicité.
Nous devons aussi demander
que, pour tout projet de loi
concernant plus ou moins di-
rectement la vie d’un enfant,
les sociétés scientifiques et pro-
fessionnelles soient consultées.
Nous pensons qu’il faut des
propositions concrètes qui sont
effectives dans d’autres pays.
Pour ces raisons, nous deman-
dons à tous les professionnels
de l’enfance qui se sentent
concernés de soutenir la péti-
tion, accessible en suivant le
lien ci-dessous, en la signant et
en la transmettant à des col-
lègues.
Lien d’accès à la pétition en
ligne : http://www.petition
publique.fr/?pi=RADL2013.
(1) Bernard Golse, professeur de pédopsychia-
trie à l’université Paris-V, chef de service à l’hô-
pital Necker-Enfants Malades. Antoine
Guédéney, professeur de pédopsychiatrie à
l’université Paris-VII, chef de service à l’hôpital
Bichat-Claude Bernard. Maurice Berger, chef
de service en pédopsychiatrie au CHU de
Saint-Etienne. Emmanuelle Bonneville, maître
de conférences en psychologie de l’enfant à
l’université Paris-V. Albert Ciccone, professeur
de psychologie et de psychopathologie de
l’enfant à l’université Lyon-2. Eugénie Izard,
pédopsychiatre en libéral, auteure de
« Troubles psychiques observés chez les en-
fants vivant en résidence alternée non conflic-
tuelle ». Jacqueline Phélip, présidente de l’as-
sociation « L’enfant d’abord », auteure de «Le
livre noir de la garde alternée » (Dunod, 2006)
et de « Divorce, séparation : les enfants sont-ils
protégés » (Dunod, 2012).
(2)
http://www.copes.fr.
(3) World Association for Infant Mental Health,
http://www.waimh.org/i4a/pages/index.cfm?
pageid=1.
le 1er mars 2014 et durer un an
avec comme objectifs :
déterminer la prévalence
de ces atteintes cutanéo-
muqueu ses motivant une
consultation (déclaration heb-
domadaire du nombre d’en-
fants vus en consultation pour
une maladie mains-pieds-
bouche et/ou une herpangine
sur le nombre total de consul-
tations);
déterminer les types d’enté-
rovirus responsables, à partir
de prélèvements de gorge (1).
Depuis deux ou trois ans, le
nombre de syndromes mains-
pieds-bouche et des herpan-
gines a augmenté. Leur aspect
est souvent atypique (chute
d’ongles) et leur localisation
peut être inhabituelle. Cette
évolution est mondiale. De
plus, en Asie, certains séro-
types sont à l’origine de formes
graves. En l’absence de don-
nées fiables sur l’épidémiologie
Maladies mains-pieds-bouche
et herpangines associées
aux entérovirus : un réseau
national de surveillance
Erythème noueux: quelle est la
durée d’évolution?
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[email protected] (cette désinscription est
automatique; aucune explication ne vous sera demandée).
de ces maladies, l’Afpa (Asso-
ciation française de pédiatrie
ambulatoire), en association
avec Activ (Association cli-
nique et thérapeutique infanti-
le du Val-de-Marne) et le labo-
ratoire associé du centre natio-
nal de référence, propose de
participer à un réseau de sur-
veillance des entérovirus et du
Coxsackie en particulier.
Cette surveillance doit débuter
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