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La détérioration de la situation en Asie a, bien entendu, provoqué aussi le
retrait des investisseurs internationaux. Ceux-ci ont témoigné d’un pessimisme
comparable à l’optimisme qui les avait conduits dans cette partie du monde.
Ils avaient, sans doute, sous-évalué les risques qu’ils courraient en
finançant, en devises et à court terme, les investissements considérés désormais
comme douteux dans le secteur immobilier et dans celui des exportations. Peut-
être surévaluent-ils les risques qu’ils courent en conservant leurs positions.
Ces économies ont également pâti du rattachement trop rigide de leur
monnaie au dollar et de l’appréciation de celui-ci à partir de 1997.
Selon la Banque des règlements internationaux, que cite le Rapport
économique, social et financier, au second semestre de 1997, les banques
occidentales ont retiré d’Asie plus de 29 milliards de dollars (soit 2,7 % du PIB
de la zone) de créances à court terme. Des mouvements de capitaux de cette
ampleur ne pouvaient que rompre l’ancrage des monnaies locales au dollar.
D’où les dévaluations en chaîne qui se sont produites : modérées à Singapour et à
Taïwan, considérables en Corée du Sud et en Indonésie.
Ces dépréciations ont entraîné de nombreuses faillites (par interruption des
crédits) et une baisse de la valeur des actifs mobiliers et immobiliers.
Malgré les prêts bilatéraux ou multilatéraux accordés aux pays les plus
touchés, le résultat global de ces mouvements a été une « réaction macro-
économique brutale » : une diminution d’environ 10 % de la demande intérieure
en 1998, d’une part parce que l’investissement productif s’est effondré et d’autre
part parce que le chômage et la baisse du pouvoir d’achat ont réduit la demande
des ménages.
Cette baisse de la demande a réduit les importations. De leur côté, malgré la
dépréciation des changes, les exportations ont peu progressé. Ces pays ont donc
amélioré leur solde courant.
La crise asiatique a aggravé la situation du Japon, en réduisant ses
débouchés, en affaiblissant davantage encore son secteur bancaire très engagé en
Asie, en diminuant aussi la confiance des ménages.
Après avoir perdu près de 2 points en 1998, le PIB japonais ne se
redresserait que de 1 % en 1999. Cette perspective de reprise est suspendue,
toujours selon le rapport gouvernemental : d’une part, à l’efficacité de la
restructuration bancaire, problème central du Japon depuis le début des années
1990 ; d’autre part, à la relance de la demande par la voie budgétaire.