La Lettre du Rhumatologue • N° 350 - mars 2009 | 37
VIE PRoFESSIoNNELLE
un salaire moins élevé), et dans les pays à faible
performance (Grande-Bretagne) où l’augmentation
de la qualité résulte de la coopération interprofes-
sionnelle.
On retrouve cependant la même problématique dans
tous les systèmes, ce qui oriente les collaborations
vers la prise en charge des maladies chroniques avec
promotion de l’éducation thérapeutique.
Par ailleurs, plus la densité médicale est faible et
moins la hiérarchie est marquée, plus se mettent en
place facilement des transferts importants. Les moda-
lités de mise en place diffèrent ainsi selon les pays.
En Allemagne et aux Pays-Bas, on a opté pour des
“assistantes de médecin”, nombreuses mais faible-
ment formées et rétribuées, essentiellement dédiées
à des tâches administratives. En Suisse, la délégation
est un “sujet tabou”. Il n’existe d’ailleurs pas d’infir-
mière libérale. En Italie, il y a pénurie d’infir mières,
celles-ci n’étant par ailleurs pas très bien formées.
Le problème serait plus de transférer des tâches des
infirmières vers des administratifs, car les activités
d’accueil, de prise de rendez-vous, etc., occupent
69 % du temps de travail de l’infirmière.
Parmi les pays les plus avancés dans ce domaine,
on trouve principalement le Québec et la Grande-
Bretagne. On peut citer la création, en 2000,
de groupes de médecins de famille au Québec,
auxquels sont associés des infirmières aux compé-
tences étendues (prévention, promotion, dépistage,
gestion de cas, suivi systématique des clientèles
vulnérables, etc.) et une dizaine de médecins. Ces
infirmières praticiennes ont toutes suivi une forma-
tion de niveau master et bénéficient de ce fait d’une
grande autonomie. Ces groupes offrent une gamme
de services médicaux de première ligne, 24 heures
sur 24 et 7 jours sur 7. Ils ont été créés pour améliorer
l’ accessibilité aux soins et pour promouvoir la prise en
charge globale des patients et la continuité des soins.
Ce modèle inspire largement les politiques actuelles,
mais l’extension de la formation des infirmières n’est
pas à l’ordre du jour pour des raisons économiques,
du fait à la fois du coût de cette formation, mais aussi
de la rémunération qu’elle entraîne. Pourtant, il est
important, comme la HAS le suggère, de revoir la
formation des professionnels de santé en identifiant
plusieurs niveaux de compétence des paramédicaux.
L’écart important entre la formation d’un médecin
(11 ans) et celle d’une infirmière (3 ans) crée un cadre
trop rigide, qu’il est important d’assouplir par des
formations adaptées. Ainsi, ces professions para-
médicales pourront devenir plus attrayantes grâce
à la reconnaissance de nouvelles compétences et à
l’évolution des carrières.
Au Royaume-Uni, si la place des infirmières dans
le secteur des soins primaires est ancienne, elle
s’est encore développée depuis 15 ans. Les réformes
engagées dans ce secteur comportent un système
d’incitations financières pour encourager les cabi-
nets de médecins généralistes à recruter des infir-
mières. Les infirmières réalisent dans ce cadre
des consultations de premier recours pour des
problèmes mineurs, le suivi des malades chro-
niques stabilisés ou une activité d’éducation et de
promotion de la santé.
Dans de nombreux pays (Royaume-Uni, Pays-Bas,
Norvège, Finlande, États-Unis ou Canada), au-delà
des soins primaires, la réalisation des examens
d’échographie est assurée par des manipulateurs,
sous la responsabilité d’un médecin radiologue.
De même, les endoscopies digestives peuvent
être réalisées par des infirmières préalablement
formées.
Un système relativement avancé existe en Catalogne,
avec délégations claires, responsabilités assignées et
compétences identifiées. Cela a nécessité la réorien-
tation de la formation infirmière, avec résolution de
plus de problèmes au niveau des soins primaires. Un
quart des consultations sont gérées par l’infirmière.
À noter : le système est fondé uniquement sur le
salariat. On trouve aussi des auxiliaires infirmiers
formés en 2 ans. Le spécialiste n’est accessible
qu’après consultation auprès du médecin généraliste.
Ce type de filière a malheureusement tendance à
devenir la règle en Europe. La France vient d’ailleurs
de perdre son premier rang de système de santé
depuis la réforme de 2004, qui a instauré la dési-
gnation du médecin traitant. On ne trouve nulle part
de système dans lequel les collaborations au niveau
du médecin spécialiste sont formalisées.
Expérimentations de la HAS
Le cahier des charges des expérimentations de la
HAS, qui conditionne la mise en place de nouvelles
collaborations interprofessionnelles, s’articule autour
de 4 grands chapitres.
Une démarche projet
et une formalisation rigoureuse
Dans le pilotage du projet, le rôle pivot du médecin
est souligné à de nombreuses reprises. Il s’agit
d’apprendre à s’appuyer sur des compétences spé-
cifiques, sans que cela remette en cause sa légitimité