
3) Parmi les différents domaines sur lesquels les services de santé
au travail doivent exercer un rôle de conseil et de suivi, le législateur
a introduit de manière explicite la prévention du risque « Alcool et
drogues sur le lieu de travail » ; le rôle du médecin du travail dans
la démarche de prévention collective en entreprise a également
été renforcé. Toutefois, celui-ci devra rester vigilant aux conditions
d’élaboration et de mise en œuvre des dépistages, à la protection du
salarié, au respect des règles de confidentialité ; il devra prolonger
la prise en charge du salarié en difficulté en se rapprochant du
médecin généraliste et du système de santé pour un suivi adapté.
4) La gestion des âges, le maintien dans l’emploi, l’adaptation des
postes de travail aux travailleurs vieillissants soulignent ici encore
l’importance des échanges entre médecins, tant pour une meilleure
connaissance de l’état de santé du salarié que pour une réelle
adaptation des conditions de travail de la personne concernée.
Dans ce cadre, la double mission (individuelle et collective) du
médecin du travail trouve sa pleine dimension avec, bien entendu,
la gestion éventuelle d’une limitation d’aptitude mais aussi un
développement des actions de promotion de la santé en milieu de
travail.
Que ce soit au sein de l’équipe pluridisciplinaire, avec les IPRP
(Intervenants en prévention des risques professionnels) et les
infirmières santé-travail, le développement de ces actions va
en augmentant, les enquêtes présentées dans cet ouvrage le
confirment. Ces actions doivent permettre au salarié de devenir
acteur de sa propre santé, et à l’entreprise de développer son
programme santé au travail…
Il a fallu près de soixante-cinq ans pour modifier la loi de 1946
mais ses principes de prévention primaire, avec suivi individuel, sont
toujours d’une réelle pertinence. La loi « Hôpital, patients, santé et
territoires », en créant les Agences régionales de santé, permet un
rapprochement entre les différents acteurs en s’investissant dans
les politiques de prévention en santé-travail. Il n’en reste pas moins
qu’une vraie politique régionale, au sein des Comités régionaux de
prévention des risques professionnels (CRPRP), avec déclinaison
territoriale (pourquoi pas dans les futures maisons de santé ?)
permettrait enfin de rapprocher les « deux approches médicales »
nécessaires à tout travailleur pendant plus de quarante années de
vie.
P
r Paul Frimat
Centre Hospitalier Régional Universitaire
de Lille, Université de Lille 2
161
Médecin du travail / médecin généraliste : constats et perspectives