lombalgies chroniques. Les comportements douloureux notés
étaient une marche perturbée, la plainte exprimée pendant les
activités, les grimaces, l’arrêt, le repos, les postures raides et
inadaptées, le port de la main vers la zone douloureuse. La
reproductibilité interobservateurs de cette quantification est
bonne, quel que soit le secteur exploré, sauf pour les grimaces,
où le coefficient Kappa est compris entre 0,30 et 0,60. Il se
révèle donc possible de quantifier des comportements phy-
siques douloureux dans des atteintes chroniques de l’appareil
locomoteur.
La question de l’intérêt d’une éducation précoce et de l’adap-
tation des tâches professionnelles des patients souffrant de
maladie chronique rhumatologique a été également abordée
au cours de ce congrès. Gilworth et coll. (Leeds, Royaume-
Uni) ont montré que seuls 17 % des patients souffrant d’une
affection chronique de l’appareil locomoteur utilisent l’aide
des services sociaux. Après un travail d’éducation comprenant
trois à quatre entretiens avec un ergothérapeute, 37 % des
patients y font appel. Soixante-quinze pour cent des patients
considèrent que ces entretiens avec l’ergothérapeute sont
utiles, et 94 % des patients à qui une aide technique ou une
adaptation des tâches ont été proposées considèrent que cela
améliore leur qualité de vie au travail.
Loto et coll. (Kapyla, Finlande) ont tenté de trouver une expli-
cation à l’association entre l’atteinte des fonctions cognitives
et les douleurs chroniques lombaires. En effet, comme dans
la dépression, il a été démontré que les douloureux chroniques
lombaires avaient des temps de réaction allongés et des fonc-
tions cognitives perturbées. Les auteurs ont émis l’hypothèse
que, dans cette population de douloureux chroniques, l’effi-
cience plus importante de la main dominante était abolie et
qu’un programme de rééducation pourrait la restaurer. Le
temps de réaction de la main dominante par rapport à la main
controlatérale n’est en effet pas différent chez les lombalgiques
chroniques, alors qu’il l’est dans un groupe contrôle. Après un
programme de rééducation lombaire multidisciplinaire, ce
temps de réaction de la main dominante est restauré dans la
population de lombalgiques chroniques. Les auteurs concluent
que les processus de mémoire immédiate sont perturbés chez
le lombalgique chronique.
Après l’école du dos, certains auteurs proposent maintenant
l’école de la hanche. Klassbo et coll. (Karlstad, Finlande) ont
évalué un programme de quatre sessions avec un suivi à deux
mois. Soixante-dix-sept patients ayant bénéficié de cette école
de la hanche ont été comparés à 68 patients témoins, avant et
six mois après la fin du programme. Le groupe ayant participé
aux sessions a une douleur significativement moins impor-
tante, une meilleure fonction et un score de l’indice de Womac
plus bas. La question d’un effet à plus long terme reste posée.
C’est à la question du résultat à long terme des programmes
de restauration fonctionnelle qu’ont tenté de répondre Stor-
kemp et coll. (Huddinge, Suède). Des patients souffrant de
lombalgies chroniques ont été réévalués six ans après la fin
d’un programme de restauration fonctionnelle. Avant ce pro-
gramme, 14 % des patients travaillaient à mi-temps ou à temps
partiel et 86 patients étaient en arrêt complet depuis en
moyenne quinze mois. Six ans plus tard, 38 % des patients tra-
vaillent à plein temps, 8 % des patients recherchent un emploi
mais 54 % des patients sont toujours en arrêt complet. Le
nombre de patients qui travaillent six ans après un programme
de restauration fonctionnelle est donc relativement faible, bien
que significativement plus important qu’avant le programme.
C’est pourquoi des études avec groupe contrôle sont mainte-
nant absolument nécessaires pour juger réellement de l’effi-
cacité à long terme de ce type de programme. Les facteurs de
risque et l’épisode récurrent de lombalgie chez l’enfant et
l’adolescent restent aujourd’hui débattus.
Salminom et coll. (Turku, Finlande) ont réalisé une étude
prospective de neuf ans portant sur des adolescents de 15 ans
avec ou sans douleurs lombaires. Trente-cinq pour cent des
patients du groupe lombalgique rapportent des épisodes récur-
rents. Chez les patients ayant une discopathie dégénérative à
l’âge de 15 ans, le risque relatif d’épisodes récurrents de dou-
leurs lombaires est de 16. L’existence d’une protrusion dis-
cale ou d’une maladie de Scheuermann constitue également
un facteur de risque d’épisodes récurrents. Il semble donc que
les discopathies survenant au moment de l’adolescence soient
responsables d’épisodes récurrents de douleurs lombaires chez
l’adolescent et l’adulte jeune.
L’intérêt des techniques de relaxation au cours des douleurs
rachidiennes chroniques n’a toujours pas été formellement éta-
bli. Gerdle et coll. (Soderpalje, Suède) ont comparé l’effica-
cité d’un travail de physiothérapie à celle d’un programme de
relaxation chez des femmes employées dans l’industrie et souf-
frant de cervicalgies et des épaules. Trois groupes ont été
constitués : un groupe contrôle, un groupe physiothérapie et
un groupe relaxation. À la fin du traitement, le groupe relaxa-
tion avait une diminution significative des douleurs du cou et
des épaules et une diminution de l’incapacité fonctionnelle. Il
n’y avait pas de modification dans le groupe physiothérapie
et dans le groupe contrôle. Ces résultats à court terme doivent
évidemment être confirmés par des études à plus long terme.
L’intérêt des instruments de mesure de
la qualité de vie pour évaluer l’effica-
cité des programmes de rééducation a été
abordé au cours de ce congrès. On recourt à
des instruments généralement utilisés en neurologie. Une des
questions soulevées était de savoir si le score de qualité de vie
d’un patient était influencé par le fait qu’il se compare à la
population générale ou non. Stensman (Uppsala, Suède) a
évalué, chez 248 patients, la qualité de vie ainsi que son esti-
mation par rapport à la population générale, et a cherché à
savoir si, lorsque les patients remplissaient un questionnaire
de qualité de vie, ils se comparaient à la population générale
La Lettre du Rhumatologue - n° 257 - décembre 1999
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Qualité de vie