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Pratique Soins
L’après AVC
La rééducation en pleine évolution
De nouvelles techniques de rééducation sont apparues pour aider les
patients victimes d’un AVC. Elles sont plus fonctionnelles et pragmatiques. Des preuves cliniques existent aujourd’hui.
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endant longtemps, le rôle
donné à la rééducation a été
de prévenir les complications secondaires aux lésions neurologiques. Grâce à l’imagerie fonctionnelle, on a pu démontrer que la
rééducation non seulement était efficace mais avait également un rôle
curatif. Ainsi, depuis la découverte de
la spasticité cérébrale, un des objectifs principaux de la rééducation est
d’essayer de diriger la réorganisation
cérébrale et de permettre la récupération de fonctions longtemps considérées comme perdues après un
AVC.
également à l’équilibre et aide à la
prévention des complications de la
spasticité (mobilisations actives ou
passives, répétées ; postures).
L’orthophoniste rééduque les
troubles du langage, de la phonation, de la déglutition, mais aussi les
troubles cognitifs comme les
troubles de la mémoire, de l’attention, les troubles d’origine frontale
ou liés à une hémi-négligence.
L’ergothérapeute propose au patient
différentes tâches plus ou moins
proches de la vie quotidienne, afin
de travailler entre autres la motricité
du membre supérieur et de rééduquer les troubles cognitifs.
Autonomie maximale
Infos
...
Glossaire
Spasticité :
hypertonie due à la
lésion des fibres
pyramidales ou
corticospinales
directes, et
s’accompagnant
d’une exagération
des réflexes
ostéotendineux.
Plasticité : propriété
des tissus à se
former ou se
reformer après
destruction.
Algodystrophie :
syndrome
caractérisé par des
douleurs, des
troubles
vasomoteurs, un
enraidissement
articulaire, des
troubles trophiques,
une ostéoporose, et
lié à une
perturbation de
l’innervation
sympathique.
Aider le patient à recouvrer une
autonomie physique dans ses activités quotidiennes et, si possible,
professionnelles et sociales est le
premier objectif. Mais la rééducation sert aussi à prévenir les complications comme les rétractions tendineuses liées à la spasticité, les
douleurs, l’algodystrophie, etc., qui
peuvent avoir des conséquences
sur la récupération fonctionnelle.
Par ailleurs, les compensations
développées par le patient ne doivent pas être recherchées trop tôt
afin de ne pas réduire la stimulation
de la spasticité cérébrale.
Organisation
La prise en charge des patients en
rééducation est le fait de toute une
équipe soignante. Cela permet une
efficience grâce à des apports complémentaires. Elle peut se faire
aussi en hôpital de jour.
L’implication de la famille est appréciable. Ainsi, le kinésithérapeute stimule la commande motrice du
patient en aidant notamment à la
récupération de la marche et de la
meilleure motricité possible du
tronc et des membres. Il travaille
Nouveautés
D’après A. Yelnika, les techniques
« tendent à être orientées vers la
tâche à accomplir en dirigeant les
capacités motrices du patient vers
une activité fonctionnelle concrète ».
Elles s’inspirent des règles de base
de l’apprentissage et sont efficaces
pour améliorer la récupération de
l’équilibre, de la marche ou de la
préhension. Le comportement de
non-utilisation acquise du membre
atteint réduit la récupération du
membre sous-utilisé. La technique
de contrainte induite est basée sur
le fait que l’immobilisation du
membre sain empêche l’apparition
d’un tel comportement en permettant un entraînement du membre
atteint**. Le tapis roulant est utilisé
pour le réentrainement de l’automatisme de la marche. L’électrostimulation fonctionnelle (SEF) permet, par le biais d’une contraction
électriquement entraînée, d’améliorer une fonction comme la marche
ou la préhension. La rééducation de
l’équilibre est basée sur un travail
de symétrie des appuis et un renforcement de la stabilité posturale.
Elle peut être proposée sur plate-
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 66 • octobre-novembre-décembre 2005
forme associée à un feedback
visuel et sonore. L’efficacité de la
rééducation en déprivation visuelle
est démontrée pour améliorer la
marche et l’équilibre des hémiplégiques chroniques.
Traiter la spasticité
Un traitement de la spasticité est
nécessaire lorsque celle-ci est
gênante, quand elle diminue la
liberté de mouvements, entraîne
des malformations orthopédiques,
inhibe la motricité des muscles
antagonistes et parfois entraîne des
douleurs par tendinites ou contractures. Le choix des traitements se
fait parmi les médicaments et/ou
les traitements locaux : injections
d’alcool, de toxine, chirurgie des
nerfs, des tendons. L’examen clinique permet de distinguer la part
de la gêne du patient due à la spasticité et celle due à la paralysie, de
définir les objectifs et les moyens
de traitement. On emploie la toxine
botulique car elle peut améliorer la
motricité du membre supérieur, la
marche, le confort, l’hygiène...
L’injection est guidée par électrostimulation et ne doit pas être
renouvelée à moins de deux mois
d’intervalle. La toxine botulique est
efficace pendant deux à trois mois,
parfois plus longtemps. Ce traitement doit être associé à une kinésithérapie, en particulier juste après
l’injection.
Dans l’idéal, la rééducation spécialisée devrait toujours être réalisée
dans un service de MPR, en hospitalisation ou en hôpital de jour.
ALP
Interventions de M.V. Gellez-Leman,
A. Yelnik (Lariboisière, Paris), Entretiens de
Bichat 2005.
* Yelnika : Évolution des concepts en rééducation du patient hémiplégique. Ann Readapt
Med Phys 2005;48(5):250-7.
** Dromerick AW, Edwards DF, Hahn M.
Does the application of Counstraind-Induced
Movement Therapy during acute rehabilitation reduce arm impairment after ischemic
stroke? Stroke 2000;31(12):2984-8.
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