“La page de la SFNV”
49
méconnaissance des indications (D. Deplanque
et al.). Ainsi , la prévention reste un domaine
difficile, et les résultats de l’étude PROGRESS
ne faciliteront sans doute pas les choses (M.G.
Bousser et al.). La prescription au décours de
l’AVC, d’une association de 2 traitements anti-
hypertenseurs (périndopril et indapamide), y
compris chez des sujets normotendus, doit être
envisagée, car elle permettrait de réduire de
28 % le risque de récidive ischémique ou
hémorragique à 4 ans. Il reste à convaincre nos
collègues de l’intérêt de cette association à
l’exclusion de toute autre. Parmi les approches
thérapeutiques du futur, il faut citer les don-
nées préliminaires rapportées par P. Cintas et
al. sur l’utilisation du doppler transcrânien dans
le but de favoriser la lyse du caillot à la phase
précoce des infarctus cérébraux. Cette tech-
nique, dont l’effet favorable sur le thrombus ne
semble pas actuellement se traduire par un
bénéfice clinique, mériterait d’être évaluée sur
un effectif plus important, en association avec
la thrombolyse médicamenteuse. Enfin, dans
un futur peut être plus proche, outre la pres-
cription d’antihypertenseur, la prévention des
AVC justifiera peut-être la prescription de médi-
caments visant à réduire la gravité des tableaux
cliniques et non plus simplement leur survenue
(Bordet et al.). Cette approche de neuroprotec-
tion prophylactique qui résulte de données
expérimentales, en particulier par l’utilisation
des statines ou des fibrates, pourrait être pro-
chainement confirmée chez l’homme, pour le
plus grand bénéfice des patients à haut risque
vasculaire cérébral.
L
ES PARAMÉDICAUX AU CŒUR DE LA PRISE EN
CHARGE DES AVC
Cette seconde demi-journée a d’abord été l’oc-
casion de partager l’expérience d’une équipe
italienne. Le Dr A. Falcou a exposé les modalités
de prise en charge des AVC à l’hôpital universi-
taire de la Sapienza, à Rome. L’unité vasculaire
aiguë de 4 lits (bientôt 6), installée au cœur des
urgences, est gérée en permanence par 1 méde-
cin et 2 infirmières. En revanche, comme dans la
plupart des autres pays européens, il n’y a pas
d’aide-soignant. En moins d’un an, près de
600 patients ont été admis, la durée de séjour
était inférieure à 3 jours. L’organisation des
soins a permis la réalisation de 9 fibrinolyses
(pour 49 infarctus admis dans les 3 heures),
ainsi que 18 endartérectomies carotide dans les
48 heures suivant l’admission. La plupart des
patients étaient ensuite admis dans le service
de neurologie vasculaire ou dans un autre ser-
vice de neurologie, services qui présentent l’in-
convénient de se situer à l’extérieur de l’en-
ceinte de l’hôpital universitaire. L’organisation
des unités neurovasculaires demeure, en Italie
comme en France, un problème important. La
mise en place d’une filière de soin (pré-, intra-
et posthospitalière) paraît être un élément
déterminant. Dans ce contexte, Mr Romatet
(directeur du CHU de Nice) a souligné la néces-
sité d’une concertation et d’un partenariat
entre l’administration et les acteurs de la prise
en charge des AVC afin d’évaluer les besoins et
de répartir au mieux les moyens humains et
technologiques. La projection du film sur la
prise en charge paramédicale de l’AVC à la
phase aiguë, réalisé par l’équipe de Dijon
(J.Y. Desbois et M. Giroud) et récemment primé
aux entretiens de Bichat, a été l’occasion d’un
débat sur le rôle de l’infirmière dans la sur-
veillance clinique neurologique des patients.
Comme au Canada, il est proposé que l’infir-
mière puisse évaluer de manière répétée le
score du NIH. Si la discussion concernant ce qui
relève du rôle du médecin et de celui de l’infir-
mière reste encore en suspens, il a été avancé
que la pratique de ce score, comme de celui de
Rankin ou plus souvent peut être de celui de
Barthel, pourrait permettre au personnel infir-
mier des unités neurovasculaires d’acquérir
une certaine spécificité. Le problème demeure
cependant la reconnaissance de celle-ci et la
possibilité pratique de l’exercer en raison du
manque de temps et d’effectifs encore trop sou-
vent insuffisants. Les résultats de l’enquête
nationale sur la charge de travail paramédical
dans les services (spécialisés ou non)
accueillant des AVC (O. Fornier, Paris ;
B. Saillard, Dijon) ainsi que l’évaluation de la
charge de travail dans une unité neurovascu-
laire (E. Huot-Marchand, Besançon) ont
confirmé la carence en personnel paramédical.
Si les besoins sont directement liés à la sévérité
des tableaux cliniques ainsi qu’au type d’AVC
(hémorragie, infarctus du tronc cérébral), il
apparaît que la charge de travail est plus impor-
tante sur les postes du matin. Les résultats de
ces deux enquêtes, dont chacun attend avec
impatience la publication, confirment par
ailleurs les chiffres avancés par la SFNV dans
ses recommandations pour l’ouverture d’unités
neurovasculaires. Dans la perspective d’une
Correspondances en neurologie vasculaire - n° 3 - octobre-novembre-décembre 2001