IHA. Elle est sans doute liée à des ano-
malies métaboliques dues au fait que le
foie ne remplit plus son rôle d’homéo-
stasie. Son évolution est généralement
imprévisible mais souvent explosive en
pédiatrie.
Chez le nourrisson, l’encéphalopathie
hépatique revêt une sémiologie particu-
lière : modification du caractère, délire,
agitation et cris précèdent un coma
d’abord agité puis plus profond avec hy-
potonie et mydriase. Chez l’enfant plus
âgé, la sémiologie est identique à celle
de l’adulte, avec quatre stades de gravi-
té croissante allant de la confusion au
coma profond. Quel que soit l’âge, l’en-
céphalopathie hépatique s’accompagne
d’un œdème cérébral responsable d’hy-
pertension intracrânienne, celle-ci étant
la première cause de décès des IHA. Ce-
la souligne l’importance du transfert
précoce en unité de réanimation afin de
minimiser les conséquences neurolo-
giques de l’IHA par des techniques de
protection cérébrale.
QUELLES SONT
LES PRINCIPALES
COMPLICATIONS ?
Les IHA s’accompagnent d’un syndrome
de défaillance multiviscérale. L’encé-
phalopathie hépatique, avec ou sans hy-
pertension intracrânienne, a déjà été
évoquée. Il faut également signaler les
instabilités hémodynamiques, le risque
hémorragique, les anomalies métabo-
liques (anomalies de la coagulation, hy-
poglycémie, hyperlactacidémie…).
C’est pourquoi la prise en charge de ces
enfants ne se conçoit que dans un servi-
ce de réanimation spécialisé en réani-
mation hépatique pédiatrique.
QUAND PRENDRE CONTACT
AVEC UN GROUPE
DE TRANSPLANTATION ?
En pratique, il convient de transférer
l’enfant dès que le facteur V ou le taux
de prothrombine est inférieur à 50 %. Il
faut souligner l’importance d’arrêter
tout traitement dès qu’un enfant est
suspect d’IHA. En effet l’altération des
fonctions hépatiques risque de potentia-
liser les effets toxiques des médica-
ments. De même il faut se garder de
perfuser du plasma sous le seul prétexte
que les facteurs de coagulation sont ef-
fondrés. Les malades ne saignent spon-
tanément que très rarement, et cette
perfusion ne permettrait plus de suivre
le facteur V et le taux de prothrombine,
dont l’évolution est un des critères im-
portants de la décision de transplanta-
tion hépatique.
QUELS SONT
LES NOUVEAUX ESPOIRS
THÉRAPEUTIQUES ?
Certaines causes sont accessibles à un
traitement spécifique (galactosémie,
fructosémie, tyrosinémie, herpès, cer-
taines hépatites auto-immunes…).
D’autres vont nécessiter une transplan-
tation hépatique en urgence. L’enjeu est
donc de limiter les complications et la
défaillance multiviscérale en attendant
la transplantation. C’est pourquoi des
techniques sophistiquées de circulation
extracorporelle sont proposées : tech-
niques d’hémofiltration, de dialyse sur
albumine… Certaines maladies méta-
boliques peuvent également bénéficier
de la transplantation d’hépatocytes.
Toutes ces techniques restent du domai-
ne de la recherche.
QUAND TRANSPLANTER
OU NE PAS TRANSPLANTER
UN ENFANT AVEC UNE IHA ?
Les causes réversibles ou accessibles à
un traitement spécifique sont bien évi-
demment des contre-indications à la
transplantation. De même les causes
malignes contre-indiquent la greffe. En-
fin, lorsque l’enfant présente une dé-
faillance de plusieurs organes ou que
l’atteinte neurologique est jugée irré-
versible, la transplantation est contre-
indiquée. Dans les autres cas, le problè-
me est de trouver un greffon à temps :
ni trop tôt quand il existe des chances
de guérison, ni trop tard quand il n’exis-
te plus de chances de récupération, no-
tamment neurologique.
Les techniques de partage du foie (un
greffon pour deux patients), le don pa-
rental, permettent de pallier partielle-
ment la pénurie de greffon.
L’indication de transplantation repose
sur un faisceau d’arguments cliniques
(stade de l’encéphalopathie, taille du
foie…), biologiques (évolution des
transaminases, facteurs de coagulation,
lactacidémie…), étiologiques, voire his-
tologiques.
QUELS SONT LES
RÉSULTATS DE
LA TRANSPLANTATION ?
Grâce à la transplantation, la mortalité
des IHA du nourrisson et de l’enfant est
passée de plus de 90 % à moins de
30 %. La transplantation est donc deve-
nue la pierre angulaire du traitement
des IHA dans la majorité des cas où la
cause n’est pas accessible à un traite-
ment spécifique.
EN PRATIQUE
QUEL EST LE MESSAGE
LE PLUS IMPORTANT ?
Il se résume très simplement à la néces-
sité de la prise de contact immédiate
avec un groupe de transplantation pé-
diatrique dès lors que l’enfant présente
un taux de prothrombine ou un facteur
V inférieur ou égal à 50 % et avant que
les signes neurologiques n’apparaissent.
En effet, l’expérience montre que les
IHA avec encéphalopathie hépatique
évoluent vers la mort en moins de qua-
rante-huit heures. Or si l’indication de
transplantation est posée, il faut plus de
quarante-huit heures pour trouver un
greffon. C’est dire qu’à chaque fois une
course contre la montre est lancée.
첸
Référence
SQUIRES R. : « Acute liver failure in children »,
Seminars in Liver
Disease,
2008 ;
28 :
153-66.
Médecine
& enfance
mars 2011
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