Réseaux et cancer Des soins sans rupture Soins à domicile et réseaux en oncologie se développent. Voici deux exemples différents, autour de centres de lutte contre le cancer : le réseau de l’IGR, à Villejuif, et le réseau Oncora, à Lyon. D « e plus en plus de patients souhaitent bénéficier de soins à domicile, affirme Fatima Bellal, surveillante du service d’hématologie adulte et de greffes de cellules souches périphériques à l’Institut Gustave-Roussy (IGR), à Villejuif. Leur mise en œuvre remet en cause bien des pratiques médicales et paramédicales. » Un partenariat avec une entreprise privée « Notre réseau nécessite des partenariats avec les infirmières libérales, l’HAD, l’hôpital de jour, poursuit Fatima Bellal. Nous travaillons avec les hôtels. » Par ailleurs, l’IGR “externalise” une partie des tâches de coordination des soins en travaillant avec un prestataire de services, qui propose le matériel nécessaire à domicile en tarif tips. « Il assure un service de garde 24 heures sur 24, et 7 jours sur 7, explique-t-elle. L’extension de ses missions se trouve précisée par contrat : coordination des soins en hospitalisation à domicile, recherche d’infirmière si besoin, explication des procédures, aide à la mise en place des dossiers de soins ville-hôpital, conception d’ordonnances préformatées, récupération des déchets septiques, mise à disposition de conteneurs d’évacuation en fin de traitement. » Mais le retour à domicile se prépare à l’hôpital. « Nous simulons des traitements ambulatoires dans l’unité, dit Fatima Bellal. Nous évaluons le degré d’adaptation des patients et des familles. L’infirmière libérale est invitée dans l’unité pour se familiariser avec les traitements. Un suivi téléphonique est assuré par le cadre infirmier hospitalier. » Le patient a tout de même son mot à dire. « Il faut qu’il accepte 10 cette proposition pour que des soins à domicile soient mis en place, ditelle. Il faut ajouter à cela des critères d’exclusion médicaux de cette organisation ou d’autres critères liés au cadre de vie, évalués lors de la consultation infirmière. » Le réseau Oncologie Rhône-Alpes (Oncora) Le réseau Oncora est le réseau de cancérologie de la région RhôneAlpes. Il regroupe autour du centre anticancéreux de Lyon, l’hôpital Léon-Bérard, plus de quarante établissements ou structures. Il compte ainsi la plupart des centres hospitaliers publics, un hôpital des Armées, des établissements privés PSPH (participants du service public hospitalier), une dizaine de cliniques privées et des membres associés. « Fin 1996, le réseau comptait 50 malades par jour, et représentait une file active de 150 à 200 malades, explique le Dr Devaux, oncologue à l’hôpital Léon-Bérard. Fin 1998, il comptait 80 malades par jour. Le 6 juin 2000, il comptait 148 malades pris en charge dans 32 HAD et 116 SAS. » Le réseau Oncora ne travaille pas avec un prestataire de services comme le fait l’IGR. « Une telle société de services présente l’inconvénient de ne pas être reconnue par les tutelles, dit-il. Elle constitue un intermédiaire supplémentaire. Enfin, son statut à but lucratif me gêne un peu. » Autre danger, les réseaux et soins à domicile, faits pour “désengorger” l’hôpital et coûter, théoriquement, moins cher, peuvent présenter des effets inattendus. Les malades atteints moins gravement sont davantage pris en charge dans les réseaux ville- Professions Santé Infirmier Infirmière - No 35 - mars 2002 hôpital. « Les malades les plus lourds restent donc à l’hôpital, souligne le Dr Devaux, concentrant les traitements les plus onéreux au sein de ce dernier. Cela fait monter la valeur du point ISA, issu du PMSI. L’hôpital se trouve alors dans le collimateur de la tutelle pour ce qui apparaît comme un mauvais indice de rentabilité. » Marc Blin Ces propos ont été tenus lors de la conférence organisée aux RSTI par Amgen, contrairement à ce qui a été écrit dans le compte-rendu des RSTI (PSII no 33-34). Les réseaux de soins La notion de réseaux de soins est apparue, en France, il y a une quinzaine d’années environ. L’objectif poursuivi était de mieux coordonner la chaîne des soins à délivrer aux patients. Les réseaux de soins qui se sont créés sur la base de l’article 29 de l’ordonnance n° 96-346 de 1996 ont pour vocation de susciter des modes d’organisation et de coopération au bénéfice d’une population particulière comme les malades atteints de cancer, par exemple. Les réseaux visent tous à améliorer la qualité des soins délivrés aux patients. Ils doivent assurer une meilleure orientation du malade atteint de pathologie chronique, favoriser le maintien ou le retour sur les lieux de vie, assurer la continuité et la coordination des soins. Ils ont pour but une plus grande ouverture de l’hôpital sur la ville et une meilleure participation des soignants libéraux aux besoins spécifiques de certains établissements. Cela suppose un système d’information adapté et cohérent.