Dossier thématique
Dossier thématique
310
La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 7 - septembre 2007
en mode conformationnel semble diminuer l’incidence des
complications (Casas F et al., abstract 201).
Reste ouverte la question de la comparaison d’une radiothé-
rapie adjuvante à une radiothérapie de rattrapage précoce, avec
un seuil de PSA ne dépassant pas 0,2 ng/ml. Ce sera l’objet
d’un futur essai du Groupe d’étude des tumeurs uro-génitales
(GETUG), GETUG 16, qui devrait s’ouvrir dans le courant de
l’année 2007.
QUALITÉ DE VIE
APRÈS CHIRURGIE OU RADIOTHÉRAPIE
Plusieurs abstracts ont rapporté les résultats comparatifs de
qualité de vie après traitement des cancers de prostate loca-
lisés, en particulier ceux de l’étude CAPSURE (Huang GJ et
al., abstract 111). Quel que soit le traitement réalisé (chirurgie,
radiothérapie externe ou curiethérapie), à 5 ans, les indices
globaux de qualité de vie sont identiques. L’incontinence urinaire
est plus fréquente après chirurgie, maximale dans l’année qui
suit le traitement, puis s’améliore progressivement, restant
cependant clairement plus fréquente et sévère qu’avec les
autres traitements. Les scores globaux de gêne urinaire ne sont
toutefois, à terme, pas diff érents ; les impériosités suivant en
particulier la curiethérapie paraissent presque aussi gênantes
que l’incontinence.
En termes de sexualité, les paramètres initiaux sont nettement
diff érents selon les groupes, les scores de performance sexuelle
étant manifestement plus élevés chez les patients traités par
chirurgie ou curiethérapie. Cela refl ète la moyenne d’âge plus
élevée des patients adressés aux radiothérapeutes. Ce qui
implique que toutes les études comparatives de qualité de vie
ne comportant pas une étude des scores avant traitement sont
ininterprétables. En bref, la chirurgie détériore fortement la
sexualité dans l’année qui suit le geste, puis une nette amélio-
ration dans les deux ou trois années qui suivent est notée. Au
contraire, l’altération des fonctions sexuelles après radiothérapie
est progressive. Les meilleurs résultats sont obtenus avec la
curiethérapie.
Enfi n, les complications digestives sont observées avec toutes
les techniques, sauf la chirurgie, mais sont dans l’ensemble très
modérées.
RADIOTHÉRAPIE EXTERNE
Une étude rétrospective du Radiation erapy Oncology Group
(RTOG) portant sur l’essai qui évaluait une radiothérapie avec
ou sans hormonothérapie (RTOG 85-31) a examiné l’infl uence
du poids sur les résultats de la radiothérapie (Efstathiou JA et
al., abstract 112). On sait que les patients obèses ont un moins
bon pronostic après chirurgie, peut-être du fait de raisons tech-
niques. Dans cette étude, les patients étaient stratifi és selon
leur indice de masse corporelle (IMC) : la mortalité spécifi que
à 5 ans était de 6,5 % pour les patients avec un IMC < 25 kg/m
2
,
de 13,1 % quand l’IMC était compris entre 25 et 30, et de 12,2 %
quand il était supérieur à 30. La diff érence persiste en analyse
multivariée. Les raisons de cette diff érence ne paraissent pas
évidentes ; un environnement hormonal particulier a bien été
incriminé, mais non démontré. Par ailleurs, la mobilité de la
prostate dans le pelvis semble supérieure chez les patients obèses,
ce qui laisserait penser que des champs standard ont pu sous-
doser le volume cible. Enfi n, on ignore si une diminution du
poids après le traitement infl uence les résultats.
Plusieurs abstracts se sont intéressés à l’infl uence respective de
l’hormonothérapie et de l’escalade de doses. Une étude rando-
misée anglaise (Dearnaley DP et al., abstract 295) a comparé
deux niveaux de dose (64 Gy et 74 Gy) en association avec une
hormonothérapie courte de 6 mois ; malgré celle-ci, un bénéfi ce
sur le contrôle biochimique a été obtenu avec l’augmentation
de dose (72 versus 60 %). Au contraire, le RTOG a repris les
patients inclus dans leur essai d’escalade de doses et ayant reçu
plus de 73,8 Gy. L’hormonothérapie était laissée libre. Dans
cette étude rétrospective, les patients ayant bénéfi cié d’une
hormonothérapie, qu’elle soit courte ou prolongée, n’ont pas
un meilleur contrôle biochimique que les autres, ce qui suggère
que l’escalade de doses permettrait de se passer de l’hormono-
thérapie. On rappelle que c’est précisément la question posée
par l’essai GETUG 14, qui évalue une irradiation à la dose de
80 Gy associée ou non à une hormonothérapie courte.
Enfi n, quelques essais évaluant l’hypofractionnement sont en
cours. Pour certains, il n’augmente pas la toxicité si une dose
de 60 Gy (par fractions de 3 Gy) est réalisée (Choueiri TK et al.,
abstract 203). Pour d’autres, en revanche, une dose de 66 Gy
(toujours par fraction de 3 Gy) entraîne une toxicité rectale
rédhibitoire (Sia M et al., abstract 384).
CONCLUSION
Ce congrès a vraiment inscrit la radiothérapie adjuvante comme
un standard ; la sélection des patients pour cette approche reste
cependant discutée. La qualité de vie était également un point
largement évoqué et l’équivalence des traitements a été montrée,
avec cependant des diff érences portant sur le type de toxicité
observée. Les résultats de l’étude CAPSURE méritent d’être
connus pour mieux expliquer au patient les résultats des diff é-
rentes thérapeutiques. ■
RéféRences bibliogRaphiques
1. Bolla M, Van Poppel H, Collette L et al. Postoperative radiotherapy after
radical prostatectomy; a randomized controlled trial (EORTC trial 22911).
Lancet 2005;366(9485):572-8.
2. ompson IM, Tangen CM, Paraadelo J et al. Adjuvant radiotherapy for
pathologically advanced prostate cancer: a randomized clinical trial JAMA
2006;296(19):2329-35.