Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 6, novembre/décembre 2005
urinaire sur la première miction
émise.
L’insuffisance surrénale se caracté-
rise en outre par :
✓
une hypoglycémie ;
✓
une hyperkaliémie ;
✓
une tendance à l’acidose ;
✓
une hémoconcentration.
Les résultats des dosages
hormonaux plasmatiques sont
les suivants:
✓
Taux du cortisol et de l’aldostérone
plasmatiques normaux ou abaissés,
mais inadaptés à la situation.
✓
Taux plasmatique de 17-hydroxy-
progestérone élevé en cas d’hyper-
plasie congénitale des surrénales.
Pour cette mesure, le prélèvement
est effectué sur un tube sec de 5 ml,
centrifugé, décanté, puis congelé à
–20°C jusqu’au dosage.
✓
Dans ce cas, la réninémie et le taux
plasmatique d’ACTH sont élevés.
Pour ces dosages, les prélèvements
sont les suivants : 2 ml de sang sur
EDTA, conservé à température
ambiante pour la réninémie, et 5 ml
de plasma sur EDTA, centrifugé à
froid, décanté, puis immédiatement
congelé pour l’ACTH.
Un électrocardiogramme peut être
pratiqué à la recherche de signes
d’hyperkaliémie.
Enfin, les facteurs déclenchants,
notamment infectieux, doivent être
recherchés.
Traitement
Remarques préliminaires
L’insuffisance surrénale aiguë de
l’enfant est une urgence thérapeu-
tique. Le risque vital immédiat est
lié à la kaliémie. Il ne faut pas
inclure de potassium dans la perfusion
dans le cas d’une insuffisance surré-
nale aiguë avec perte de sel, perte de
poids, hyponatrémie, hyperkaliémie
et virilisation chez la fille.
La prise en charge de l’enfant doit
inclure :
✓
la prise en compte des constantes
vitales ;
✓
la mise en place d’un scope de
surveillance ;
✓
la pose d’urgence d’une voie
d’abord.
Le laboratoire doit être averti aux
fins de rendu téléphonique rapide
des résultats.
Le réanimateur de garde doit être
mis au courant de la présence de ce
nouveau-né ou de cet enfant. Ces
enfants doivent être pris en charge
en unité de soins intensifs ou en
service d’endocrinologie si la struc-
ture en comporte.
Les prélèvements sanguins doivent
être faits avant tout traitement,
chaque fois que possible, mais sans
retarder la mise en route de la théra-
peutique.
Pour éviter le risque de récidive, il
faudra penser à la prévention des
facteurs de risque et à l’éducation
familiale. L’enfant doit donc porter
une carte ou une médaille gravée
indiquant sa pathologie.
Traitement de l’insuffisance
surrénale avec perte de sel
Deux voies d’abord sont posées, si
possible d’emblée.
La réhydratation
s’effectue par
administration de glucosé à 5 % le
plus souvent, ou de glucosé à 10 %
en cas d’hypoglycémie persistante
avec du glucosé à 5 %. S’y adjoint
un apport sodé (NaCl) sans KCl.
Le volume est de :
✓
180 ml/kg par jour chez le nou-
veau-né très déshydraté ;
✓
150 ml/kg par jour chez le nou-
veau-né présentant une déshydrata-
tion peu sévère ;
✓
2,5 à 3 l/m2par jour pour l’enfant
plus grand.
Les apports en NaCl
sont de 10 à
15 mEq/kg par jour pour le nou-
veau-né, jusqu’à un apport maximal
de 24 g de NaCl (soit 408 mEq de
sodium sur 24 heures) chez le grand
enfant.
La supplémentation hormonale
inclut :
✓
des glucocorticoïdes sous forme
d’hémisuccinate d’hydrocortisone
en administration intraveineuse, à la
posologie de 2 à 4 mg/kg toutes les
6heures selon la gravité ;
✓
et des minéralocorticoïdes sous
forme d’acétate de désoxycortico-
stérone par voie intramusculaire
(Sincortyl®) à la posologie de 1 à
2mg par 24 heures chez le nouveau-
né, 2 à 4 mg par 24 heures chez
l’enfant en une seule fois par jour.
Il n’existe aucun risque de sur-
dosage aigu en glucocorticoïdes.
L’apport sodé, qui ne doit pas faire
remonter la natrémie de plus de
1mEq/heure, et la réhydratation
sont au moins aussi importants que
la substitution hormonale.
Mesures très urgentes
Un
collapsus
nécessite l’apport de
plasmion (10 à 20 ml/kg en 30 mi-
nutes à répéter éventuellement),
parfois par une perfusion intra-
osseuse ou du sinus longitudinal
selon la pratique de chacun.
Une
hyperkaliémie menaçante
,
objectivée par une anomalie sur le
profil scopique, est traitée de la
manière suivante :
✓
par une dose de charge de salbu-
tamol i.v. lorsqu’il n’y a pas d’élar-
gissement du QRS. La posologie est
de 5 µg/kg sur 20 minutes (salbuta-
mol faible 1 ampoule de 5 mg =
500 µg), avec du Kayexalate®1g/kg
per os et 1 g/kg en lavement. Si
le pH plasmatique est acide ou si le
taux de bicarbonates est abaissé,
une alcalinisation intraveineuse
(bicarbonate 1 à 3 mEq/kg) sera
réalisée sous forme de bicarbonate
isotonique à 14 pour 1 000 (6 ml =
1mEq).
✓
si le QRS est élargi ou s’il existe
des troubles du rythme cardiaque,
le traitement repose sur l’apport
de gluconate de calcium à 10 %
(0,5 ml/kg), puis sur celui de lactate
de sodium molaire.
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en endocrinologie, diabétologie
et maladies métaboliques
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