Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 6, novembre/décembre 2005
L’affection causale doit être dépistée
et traitée par une thérapeutique spé-
cifique.
Prévention
Lorsque l’insuffisance surrénale pri-
maire est connue, le traitement de la
décompensation aiguë doit être pré-
ventif. Le patient doit avoir acquis
les notions suivantes :
✓
Adaptation de la posologie de la
substitution hormonale aux nécessités
de la vie courante avec, notamment,
accroissement transitoire de la poso-
logie de l’hydrocortisone en cas de
stress quelconque.
✓
Recours à la forme injectable en
cas de troubles digestifs incompa-
tibles avec une prise orale.
✓
Port d’une carte de traitement
mentionnant la posologie.
✓
Nécessité d’informer tout anes-
thésiste lorsqu’une intervention
chirurgicale est programmée.
À l’éducation du patient doivent
s’associer des règles thérapeutiques
simples :
✓
Apport alimentaire sodé quotidien
normal (150 à 200 mmol/24 h).
✓
Modulation de la posologie de la
substitution en glucocorticoïdes en
fonction d’éventuelles associations
médicamenteuses.
✓
Proscription de principe des théra-
peutiques connues pour entraîner
une déplétion sodée (diurétiques, en
particulier).
✓
Passage à la forme injectable dans
les circonstances où une impossibi-
lité de la prise orale est prévisible.
Références
■ Burke CW. Adrenal insufficiency. Clin Endocrinol
Metab 1985;15:947-76.
■ Joly M, Lefebvre H, Kuhn JM. Insuffisance
surrénale aiguë. Rev Prat 1998;48:724-30.
■ Arlot S. Insuffisance surrénale aiguë de
l’adulte. Étiologie, diagnostic, prévention, gestion
d’une situation d’urgence par la posologie du
traitement. Rev Prat 1999;49:1805-8.
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Troisième partie : Hypophyse-Surrénales
Des antimigraineux
induiraient-ils
une résistance à la leptine ?
L’amitriptyline, un antidépresseur,
et la flunarizine, un antagoniste cal-
cique, sont utilisées en traitement de
fond contre la migraine. La pres-
cription de ces molécules doit être
fréquemment interrompue à cause
d’une prise de poids excessive de
certains patients. Berilgen et al. ont
recherché les mécanismes mis en
jeu dans l’augmentation de la masse
pondérale induite par ces antimi-
graineux. Pour cela, les chercheurs
ont mesuré les variations de concen-
trations plasmatiques d’hormones
impliquées dans le contrôle de la
satiété et de la balance énergétique
chez 49 personnes sujettes aux
crises de migraine. Ils ont observé
une corrélation entre la prise de
poids et une augmentation des
concentrations d’insuline, de pep-
tide C et de leptine circulants après
4 et 12 semaines de traitement par
amitriptyline (25 mg/j) ou par flu-
narizine (10 mg/j). Les auteurs de
l’article publié dans la revue Cepha-
lalgia indiquent que l’amitriptyline
et la flunarizine, qui provoquent
une sécheresse buccale, peuvent
renforcer la consommation de bois-
sons et de nourritures sucrées. Dans
les conditions physiologiques nor-
males, la sécrétion d’insuline induite
par le glucose stimule à son tour la
production de leptine par les adipo-
cytes. Après transport à travers la bar-
rière hémato-encéphalique, la lep-
tine inhibe au niveau central la prise
de nourriture en freinant la trans-
mission NPY-ergique orexigène et
en stimulant l’activité des neurones
produisant de l’-MSH, un peptide
anorexigène. À l’inverse, la régula-
tion de l’appétit des patients traités
par amitriptyline et par flunarizine
échappe au contrôle négatif de la
leptine. Les auteurs suggèrent que les
deux antimigraineux induisent une
résistance à la leptine semblable à
celle observée chez les obèses. À cet
égard, il a été rapporté que, chez le rat,
la flunarizine réduit le transport des
protéines à travers la barrière hémato-
encéphalique. Par ailleurs, il a été
montré que le transport de la leptine
chez les rongeurs est stimulé par
l’activation des récepteurs adréner-
giques -1. L’amitriptyline, qui est
un antagoniste -1, pourrait inhiber
le transport de la protéine à travers
la barrière hémato-encéphalique.
Selon Berilgen et al., l’amitriptyline
et la flunarizine réduiraient le trans-
port de la leptine dans le cerveau,
entravant l’action freinatrice de la
protéine sur l’appétit, ce qui pour-
rait expliquer la prise de poids. Ce
travail met en cause pour la pre-
mière fois un traitement médica-
menteux dans le développement
d’une résistance à la leptine.
E. Louiset, Inserm U413, IFRMP 23,
université de Rouen.
Brèves…
Brèves…
✔
Berilgen MS et al. Cephalalgia 2005;25:
1048-53.