CORRECTION DU DS N°6 du 24 janvier 2014
Introduction :
En cette période de croissance ralentie, les décisions des grandes banques centrales sont très attendues et
très commentées. C'est parce que les banques centrales occupent une place décisive dans le
fonctionnement économique d'une zone monétaire, en particulier dans le système de financement de
toute l'activité économique, et donc de la croissance. La décision de la BCE d’abaisser son taux d’intérêt
directeur à 0,5% en mai 2013 montre clairement la volonté de Mario Draghi (Président de la BCE) de
contribuer à la relance de l’activité au sein de la zone Euro (document 1).
La Banque centrale occupe une place particulière dans un système bancaire : elle est la « banque des
banques » et se trouve au sommet de la hiérarchie du système, de l'ensemble des banques dites de
second rang. Elle remplit plusieurs fonctions : elle supervise l'activité bancaire et limite la création
monétaire, elle met en œuvre la politique monétaire et enfin elle assure la stabilité du système bancaire
et financier. Nous allons donc revenir successivement sur ces trois rôles de la Banque centrale.
I- La Banque centrale a pour fonction première de contrôle la création monétaire.
• Les banques commerciales doivent se procurer de la monnaie banque centrale lorsqu'elles créent
de la monnaie : elles doivent se refinancer. En effet, elles doivent faire face aux demandes de billets de
leurs clients ; elles doivent régler leurs dettes vis-à-vis des autres banques, et enfin constituer des
réserves obligatoires proportionnelles au montant des crédits qu’elles accordent (le taux de réserves
obligatoires est décidé par la Banque centrale). Les banques commerciales ont alors deux possibilités :
soit elles s'adressent à la Banque centrale, soit elles se tournent vers le marché monétaire interbancaire,
pour se procurer la monnaie centrale qui leur fait défaut.
• Ce refinancement a un coût qui dépend étroitement du taux directeur décidé par la Banque
centrale. Le taux d'intérêt directeur correspond au « prix » que fait payer la Banque centrale aux banques
de second rang pour mettre à leur disposition les liquidités dont elles ont besoin. Ce taux directeur
influence le taux du marché interbancaire. Par exemple, en 2009, le taux directeur était de 1 %, et le taux
du marché interbancaire de 1,25 % (document 3). Lorsque le coût du refinancement est élevé, les
banques sont incitées à limiter leur création monétaire, afin de limiter leur besoin de refinancement.
Inversement, lorsque le coût de refinancement est bas, les banques commerciales sont incitées à créer
davantage de monnaie.
Transition : La création monétaire est donc contrôlée par la Banque centrale, qui influence le coût de
refinancement des banques commerciales. Mais son rôle va au-delà : elle peut orienter la création
monétaire en fonction d'objectifs économiques particuliers. En d'autres termes, la Banque centrale a
pour fonction de mettre en œuvre la politique monétaire qui sera, selon ses objectifs, soit
expansionniste, soit restrictive.
II- La banque centrale et son rôle dans la politique monétaire
• La Banque centrale fait varier son taux directeur en fonction de ses objectifs de politique
économique, et influence ainsi la création monétaire, puisqu'il existe une « cascade des taux »
(document 3) et que son taux directeur se répercute in fine sur les taux pratiqués par les banques
commerciales envers leurs clients. On voit nettement un spread de 2,9 points de % entre le taux
directeur proposé par la BCE (1% en mai 2009) et le taux offert par la banque commercial à son
entreprise cliente (3,9%).
• Lorsque la Banque centrale cherche à stimuler la croissance, elle mène une politique monétaire
expansionniste. Ce fut le cas en Europe à partir de 2007, où la BCE a considérablement baissé ses taux
d'intérêt pour stimuler la création monétaire et soutenir la consommation et l'investissement (document
1). Baisse des taux → baisse du coût de refinancement → Hausse du nombre de crédits accordés aux
ménages et aux entreprises → hausse de la consommation et de l'investissement => hausse de la
demande → hausse de la production pour répondre à cette demande => croissance économique.
• Lorsqu'au contraire la Banque centrale s'inquiète du niveau de l'inflation, elle monte ses taux
directeurs afin de limiter la création monétaire et la demande. Comme cela a été le cas entre 2005 et
2007 en Europe, puisque les taux directeurs sont passés de 2% à 4% (document 1).