AvanCées JUIN 2016

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JUIN 2016
AvanCées
dans la
myasthénie
auto-immune
La myasthénie auto-immune est une maladie rare. Elle se
manifeste par une faiblesse musculaire d’intensité et de
durée variable pouvant toucher n’importe quel muscle.
Cette
faiblesse
fréquemment
musculaire
d’anomalies
fluctuante
du
s’accompagne
thymus,
sous
forme
d’hyperplasie chez le sujet jeune ou de thymome chez le
sujet âgé.
Ce document, publié à l’occasion des Journées des
Familles 2016 de l’AFM-Téléthon, présente les actualités
de la recherche dans la myasthénie auto-immune :
colloques internationaux, études ou essais cliniques en
cours, publications scientifiques et médicales...
Il est téléchargeable sur le site internet AFM-Téléthon où
se trouvent aussi d’autres informations concernant les
> myasthenia gravis
> myasthénie acquise
> myasthénie oculaire
> myasthénie généralisée
domaines
scientifiques,
médicaux,
psychologiques,
sociaux ou techniques sur la myasthénie auto-immune :
WEB www.afm-telethon.fr > Concerné par la maladie > Myasthénie
auto-immune
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
Sommaire
Rédaction
 Myoinfo,
Département d'information sur
les maladies neuromusculaires
de l'AFM-Téléthon, Évry
Validation
 S. Berrih-Aknin
UPMC UM76 – INSERM U974 –
CNRS UMR 7215, Institut de
Myologie Hôpital La PitiéSalpêtrière, Paris
Des évènements médico-scientifiques................................................ 7
Des études cliniques ............................................................................. 7
Des bases de données ..................................................................................................7
Étude FIGHT-MG .............................................................................................................8
Des essais cliniques ............................................................................... 9
Optimiser le traitement de la myasthénie auto-immune ................................9
Évaluer l’efficacité de la thymectomie ....................................................................... 9
Essai MYACOR..................................................................................................................... 9
Le méthotréxate .............................................................................................................. 10
Le belimumab .................................................................................................................. 10
Le tacrolimus .................................................................................................................... 10
Essai Myastérix ................................................................................................................. 10
L’exercice ............................................................................................................................ 11
Développer des traitements dans les myasthénies réfractaires................. 11
Le rituximab ...................................................................................................................... 11
L’eculizumab ..................................................................................................................... 12
Le bortezomib .................................................................................................................. 12
La thérapie cellulaire dans la myasthénie généralisée .................................. 13
Efficacité d’une thérapie cellulaire par greffe de cellules souches
hématopoïétique ............................................................................................................ 13
Un essai de thérapie cellulaire en cours ................................................................ 13
Développer des traitements dans la myasthénie oculaire ........................... 14
D’autres avancées médico-scientifiques ...........................................14
Des outils pour la recherche .................................................................................... 14
Un modèle de souris pour la myasthénie à anticorps anti-MuSK............... 14
Un modèle de myasthénie avec des anomalies du thymus .......................... 15
Sur la piste des éventuelles causes virales de la myasthénie...................... 15
Des traces d’infection par le virus d’Epstein-Barr .............................................. 15
Des traces d’infection par le virus du Nil occidental ........................................ 16
L’hypothèse d’un rôle des hormones dans la myasthénie et les maladies
autoimmunes se confirme ........................................................................................ 16
Des méthodes de détection des auto-anticorps plus sensibles ................ 16
Facteurs prédictifs de l’évolution d’une myasthénie oculaire vers une
myasthénie généralisée ............................................................................................. 17
*
*
2 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
*
Avancées dans la myasthénie auto-immune
Savoir & Comprendre
La myasthénie auto-immune est une maladie rare qui touche environ 10
personnes sur 100 000.
Elle apparaît souvent entre 20 et 40 ans, le plus souvent chez les femmes
(60% des cas). Après 40 ans, la répartition homme/femme tend à
s'inverser. Depuis plusieurs années, le nombre de personnes âgées de plus
de 60 ans chez qui on fait le diagnostic de myasthénie a augmenté,
surtout chez les hommes.
Elle se manifeste de façon très différente d'une personne à l'autre
(myasthénie oculaire, myasthénie généralisée, formes avec auto-anticorps
anti-récepteur de l'acétylcholine, formes avec anticorps auto-antirécepteur tyrosine kinase musculaire, formes avec auto-anticorps antiLRP4...) et peut fluctuer dans le temps pour un même individu.
Une maladie est dite rare quand
elle touche moins d'une personne
sur 2 000. Les maladies rares font
l'objet d'une politique de santé
publique commune dans les
domaines de la recherche, de
l'information et de la prise en
charge.
▪ La myasthénie auto-immune est caractérisée par une faiblesse
musculaire fluctuante qui s'accompagne souvent d'anomalies du thymus
(hyperplasie chez le sujet jeune ou thymome chez le sujet âgé).
Le thymus est une glande située dans le thorax derrière le sternum. Son
activité et sa taille sont maximales jusqu'à la puberté, avant de diminuer à
l'âge adulte. Son rôle est de rendre certaines cellules du système
immunitaire, les lymphocytes T, aptes à distinguer ce qui appartient à
l'organisme (le "soi") de ce qui provient de l'environnement (le "non-soi")
et à reconnaître spécifiquement les différents agents pathogènes (virus,
microbes, bactéries...).
▪ La myasthénie auto-immune est une maladie neuromusculaire due à un
dysfonctionnement du système immunitaire, qui entraîne une réaction
immunitaire dirigée contre des constituants de l'interface entre le nerf et
le muscle, c’est-à-dire la jonction neuromusculaire, aboutissant à un
défaut de transmission de l'influx nerveux.
Les lymphocytes T ne reconnaissent pas comme des constituants de
l'organisme des éléments de la jonction neuromusculaire que sont les
récepteurs de l'acétylcholine (RACh), les récepteurs musculaires de la
tyrosine-kinase (MuSK), ou encore les récepteurs LRP4.
Cela déclenche une réaction auto-immune dans laquelle les lymphocytes T
provoquent la production par les lymphocytes B d'auto-anticorps antirécepteurs de l'acétylcholine (anti-RACh), d'auto-anticorps anti-MuSK ou
encore d’auto-anticorps anti-LRP4.
Ces auto-anticorps en se fixant sur les RACh, les récepteurs MuSK ou les
protéines LRP4 entrainent respectivement la destruction des RACh, des
récepteurs MuSK ou des protéines LRP4.
▪ Plus de 85% des personnes atteintes de myasthénie fabriquent des autoanticorps dirigés contre le récepteur de l’acétylcholine (auto-anticorps
anti-RACh). En se fixant sur ces récepteurs, les auto-anticorps bloquent le
fonctionnement de ceux-ci ou provoquent leur destruction.
L'acétylcholine ne peut alors plus se fixer sur son récepteur et la
transmission de l'influx nerveux vers le muscle s'effectue mal : le muscle se
contracte moins bien et se fatigue. Il s'en suit une faiblesse musculaire
d'intensité et de durée variables, qui peut toucher n'importe quel muscle
et qui augmente à l'exercice.
Les anticorps sont des protéines
complexes impliquées dans
l'immunité, dont le rôle est de
reconnaître spécifiquement un
élément étranger à l'organisme
afin qu'il soit détruit par le
système immunitaire. Ils
appartiennent à la famille des
immunoglobulines (Ig) dont il
existe cinq grands types : IgA,
IgD, IgE, IgG, IgM. Les IgG sont les
plus fréquentes de notre
organisme.
Les auto-anticorps sont des
anticorps qui réagissent contre
des éléments de son propre
organisme, comme le muscle.
Les lymphocytes T sont des
globules blancs spécialisés dans
certains types de réponses
immunitaires. Il existe plusieurs
types de lymphocytes T chacun
assurant une fonction spécifique.
Les lymphocytes B sont des
globules blancs spécialisés dans
un autre type de réaction
immunitaire : ils produisent les
anticorps qui neutralisent des
substances ou des molécules
considérées comme étrangères
par l'organisme.
La jonction neuromusculaire
est la zone de communication
entre le nerf par qui le signal de
contraction (influx nerveux) arrive
et le muscle qui se contracte sous
l'impulsion de l'influx nerveux.
3 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
▪ Parmi les malades présentant une forme généralisée sans auto-anticorps
anti-RACh, environ 40% présentent des auto-anticorps contre le récepteur
tyrosine-kinase spécifique du muscle (auto-anticorps anti-MuSK). Le
récepteur MuSK joue un rôle important dans le développement et la
stabilité de la jonction neuromusculaire, en particulier dans le
déclenchement du regroupement des récepteurs de l'acétylcholine lors de
la formation de la jonction neuromusculaire.
▪ Environ 20% des patients chez qui on ne retrouve ni auto-anticorps antiRACh, ni auto-anticorps anti-MuSK, présentent des auto-anticorps contre
la protéine LRP4 (low-density lipoprotein (LDL) receptor-related protein 4),
un récepteur de l’agrine au niveau de la jonction neuromusculaire. En se
fixant sur son récepteur LRP4, l'agrine contribue au maintien du
regroupement des RACh sous la terminaison nerveuse.
Le rôle pathogénique des auto-anticorps anti-MuSK ou anti-LRP4 dans la
myasthénie autoimmune s’expliquerait par l’inhibition du regroupement
des récepteurs de l’acétylcholine au niveau de la jonction neuromusculaire.
▪ Le pourcentage de personnes atteintes de myasthénie qui n'ont ni autoanticorps anti-RACh, ni auto-anticorps anti-MuSK, ni auto-anticorps antiLRP4 est de l’ordre de 2 à 5%.
Mécanismes auto-immuns conduisant à la myasthénie
4 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
1
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5'
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La transmission synaptique à la jonction neuromusculaire
Le mouvement volontaire est déclenché par un influx nerveux qui chemine le long des nerfs et arrive au niveau de la
jonction entre le nerf et le muscle.
1 : Dans la terminaison axonale du nerf (élément pré-synaptique), le neurotransmetteur acétylcholine est stocké dans des
vésicules synaptiques.
2 : L’arrivée de l’influx nerveux à la terminaison nerveuse entraîne la fusion des vésicules avec la membrane présynaptique.
3 : Les vésicules libèrent l’acétylcholine dans la fente synaptique.
4 : Les molécules d’acétylcholine libérées vont se fixer sur la membrane de la cellule musculaire (membrane postsynaptique) au niveau des récepteurs de l'acétylcholine.
5 : Cette fixation entraîne un passage d’ions à travers la membrane de la fibre musculaire, qui par une cascade de
réactions chimiques aboutit à la contraction des myofibrilles et donc de la fibre musculaire.
5’ : Dans le même temps, les molécules d’acétylcholine présentes dans la fente synaptique sont soit recapturées par la
membrane pré-synaptique, soit détruites par l’acétylcholinestérase.
La machinerie de la transmission synaptique est alors prête à un nouveau cycle de transmission synaptique.
Les traitements actuels de la myasthénie auto-immune reposent sur les
connaissances acquises sur le fonctionnement de la jonction
5 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
neuromusculaire et le déroulement de la transmission neuromusculaire,
ainsi que sur les mécanismes immunitaires en jeu.
Traitement
Anti-cholinestérasiques
La plasmaphérèse consiste à
enlever des éléments du plasma
sanguin. Le sang est prélevé dans
une veine et le plasma en est
séparé par une machine pour être
traité. Une fois les éléments
prélevés les cellules sanguines
sont réinjectées aux patients.
6 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Corticoïdes
et immunosuppresseurs
Immunoglobulines
intraveineuses
Plasmaphérèse (échanges
plasmatiques)
Thymectomie
Action
Augmenter la quantité d’acétylcholine en inhibant l'action de
l'acétylcholinestérase, l'enzyme qui
dégrade l'acétylcholine au niveau
de la fente synaptique. Cela
entraine une accumulation de
l'acétylcholine dans les fentes
synaptiques qui renforce sa fixation
sur les récepteurs malgré la
présence des auto-anticorps.
L’influx nerveux est quand même
transmis au muscle qui se
contracte.
▪ Ce traitement est peu efficace
chez les personnes atteintes d’une
myasthénie auto-immune avec
anti-MuSK.
Diminuer l'hyper-réactivité du
système immunitaire.
Neutraliser les auto-anticorps antirécepteurs de l’acétylcholine
Épurer le sang d’un certain nombre
de substances, comme les autoanticorps qui circulent dans le sang.
Éliminer au moins partiellement les
cellules auto-réactives activées qui
participent à la réponse anti-RACh
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
Des évènements médico-scientifiques
▪ Le thème des 13èmes Journées annuelles de la Société Française de
Myologie (SFM) était « La jonction neuromusculaire dans tous ces
états ». Ces journées ont réuni, du 23 et 25 novembre 2015 à Lyon, une
centaine de médecins et de chercheurs européens impliqués dans ce
domaine.
Elles ont été l’occasion pour Jean Cartaud (Paris), Bernard Jasmin (Ottawa,
Canada) et Jean-Louis Bessereau (Lyon) de présenter un état des lieux sur
l’histoire et le fonctionnement de la jonction neuromusculaire et dont les
connaissances sur les différents acteurs moléculaires (au niveau présynaptique comme post-synaptique) se précisent.
Des sessions cliniques ont porté sur les dysfonctionnements de la jonction
neuromusculaire dans la myasthénie et les syndromes myasthéniques
congénitaux. S. Berrih-Aknin a fait le point sur la physiopathologie de la
myasthénie auto-immune.
▪ Une conférence sur la myasthénie a été organisée à Oxford (RoyaumeUni) en janvier 2016. Elle a été spécialement consacrée aux résultats de
l’étude randomisée des effets de la thymectomie.
▪ Lors du congrès international Myology 2016 organisé par l’AFM-Téléthon
du 14 au 18 mars à Lyon, une conférence a été consacrée à la
classification et la physiopathologie de différentes formes de
myasthénie auto-immune. Une session dédiée à la jonction
neuromusculaire a été l’occasion de faire le point sur la formation et le
fonctionnement de cette interface essentielle entre le nerf et le muscle.
Des études cliniques
Des bases de données
Le développement de bases de données de patients permet d’effectuer un
recensement des personnes atteintes d'une même maladie, de préciser
l’histoire
naturelle
de
celle-ci,
d'établir
des
corrélations
génotype/phénotype et de faciliter le recrutement de patients dans les
essais cliniques.
Base de données française de la myasthénie auto-immune
Étudier l’histoire naturelle de la maladie
(soutenue par l’AFM-Téléthon)
Statut
Pays
Date de création
Recrutement en cours
France
2003
En 2016, près de 2000 patients sont recensés dans la base de données
française. Des études histologiques ont été réalisées sur les thymus de patients
inclus dans cette base de données.
Ce que les médecins appellent
l'histoire naturelle d'une
maladie est la description des
différentes manifestations d'une
maladie et de leur évolution au
cours du temps en l'absence de
traitement.
Les études de corrélations
génotype/phénotype
recherchent l'existence de liens
entre les caractéristiques
génétiques, le génotype, et les
caractéristiques s'exprimant de
façon apparente, le phénotype
(taille, couleur et forme des yeux,
couleur des cheveux,
manifestation d'une maladie...).
On peut ainsi identifier une
relation plus ou moins étroite
entre la présence d'une anomalie
génétique de tel ou tel type et
celle de telles ou telles
manifestations d'une maladie
génétique.
7 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
Base de données européenne de la myasthénie auto-immune
Recueillir des données épidémiologiques, réaliser des comparaisons
entre les pays pour le traitement, le diagnostic et l’identification de facteurs
environnementaux jouant un rôle dans le déclenchement de la maladie
(soutenue par l’AFM-Téléthon)
Statut
Pays
Date de création
Recrutement en cours
Europe
2010
En 2016, près de 5000 patients sont recensés dans la base de données
européenne.
Étude FIGHT-MG
Les études observationnelles permettent de mieux comprendre une
maladie ou d’identifier de meilleurs outils diagnostiques ou de suivi,
étudier l’effet d’un traitement à long terme...
▪ L’étude FIGHT-MG est un projet européen qui avait pour objectif de
mieux comprendre la myasthénie pour mieux la traiter. Ce projet
comprenait, entre autre, une étude observationnelle sur des vrais jumeaux
dont l’un est atteint de myasthénie auto-immune, avec pour but de faire la
part de la génétique et de l’environnement dans l’apparition d’une
myasthénie auto-immune. L’étude a consisté à analyser le transcriptome
(l’ensemble des ARN messagers) et le méthylome (l’ensemble des sites de
méthylation de l’ADN) de populations sanguines des vrais jumeaux qu’ils
soient atteints de myasthénie ou pas.
Des résultats préliminaires communiqués en 2016 semblent mettre en
évidence une forte ressemblance des cellules sanguines du jumeau non
malade avec celles de son frère jumeau malade. De plus, cette étude a
permis de mettre en évidence des marqueurs génétiques spécifiques de la
maladie (notamment dans les monocytes).
Étude FIGHT-MG sur des vrais jumeaux dont l’un est atteint de
myasthénie auto-immune
Faire la part de la génétique et de l’environnement dans la maladie
(soutenue par l’AFM-Téléthon)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Recrutement
terminé
14
Europe
Durée du
suivi
Début-Fin
Résultats préliminaires (2016) : 14 paires de jumeaux ont été identifiées et 7
d’entre elles ont été incluses dans l’étude.
8 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
Des essais cliniques
Les essais cliniques consistent à tester un traitement potentiel (un
candidat-médicament, un dispositif médical…) dans le but de s’assurer
qu’il est bien toléré et efficace dans la maladie.
Optimiser le traitement de la myasthénie auto-immune
Le traitement à long terme d'une myasthénie généralisée consiste
généralement en une prise de corticoïdes associée à des
immunosuppresseurs, en complément d'une thymectomie, dont
l'indication est encore controversée en cas d'absence de thymome.
Compte tenu des effets secondaires des corticoïdes à long terme,
plusieurs études visent à réduire les doses de corticoïdes utilisées.
Évaluer l’efficacité de la thymectomie
La thymectomie est utilisée depuis longtemps dans le traitement de la
myasthénie, bien que les différentes études réalisées n'aient pu établir
formellement un bénéfice franc de cette procédure.
▪ Lors d’une conférence sur la myasthénie organisée à Oxford en janvier
2016, des résultats préliminaires concernant un essai randomisé pour
évaluer l’efficacité de la thymectomie ont été présentés.
Ils mettent en évidence que la thymectomie entraine des effets cliniques
favorables et permet une prise de dose plus faible de corticoïdes.
Essai de phase III
Déterminer si la thymectomie associée à une corticothérapie est plus efficace
que la corticothérapie seule
(Promoteur : University of Alabama at Birmingham)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début-Fin
Recrutement
terminé. Essai
en cours
126
(de 18 à 65
ans)
International
(mais pas en
France)
3 ans
Juin 2006 –
Juillet 2016
Essai MYACOR
Le traitement à long terme d'une myasthénie généralisée comporte
généralement de la prednisone et de l'azathioprine, en complément d'une
thymectomie. Toutefois, le protocole standard de la corticothérapie avec
diminution progressive de doses entraîne des doses cumulées importantes
de prednisone. Compte tenu des effets secondaires d’une corticothérapie
prolongée, une diminution progressive précoce - ou éventuellement un
arrêt - de la prednisone est un objectif thérapeutique pertinent.
Essai de phase IV
Comparer au protocole de traitement standard un protocole permettant une
diminution plus rapide de corticoïdes
Dans un essai randomisé, les
participants sont répartis par
tirage au sort dans les différents
groupes.
 Essais cliniques et maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM-Téléthon.
Au cours d'un essai clinique de
phase III, un médicament, pour
lequel on a déterminé lors
d'essais antérieurs l'innocuité et
le dosage optimum (essais de
phase I et II), est administré à un
grand groupe de malades, sur
une longue durée, dans le but
d'évaluer son efficacité
thérapeutique en la comparant à
celle d'un traitement de
référence ou un placebo. Il
permet aussi de mettre en
évidence les interactions
indésirables et les effets
secondaires du traitement à
moyen terme. Au terme de cet
essai, le médicament peut
obtenir une autorisation de mise
sur le marché.
 Essais cliniques et maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM-Téléthon.
(Promoteur : Assistance Publique - Hôpitaux de Paris)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Terminé. En
cours
d’analyse
118 (de 18 à
80 ans)
France
1 an
Juin 2009 –
Juillet 2016
9 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
Le méthotréxate
Le méthotrexate est utilisé dans le traitement de certains cancers et de
certaines maladies auto-immunes.
Essai de phase II
Évaluer l’efficacité du méthotréxate sur les signes cliniques
de la myasthénie afin de réduire les doses de prednisone
(Promoteur : University of Kansas)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Terminé,
Données en
cours
d’analyse
50
(plus de 18
ans)
Canada et
États-Unis
1 an
Avril 2009 –
Janvier 2014
Le belimumab
Le belimumab est un anticorps qui peut neutraliser un facteur stimulant
les cellules B. Cet immunomodulateur est déjà utilisé dans le traitement du
lupus.
Au cours d'un essai clinique de
phase II, un médicament, dont il
a été montré au préalable qu'il
était bien toléré (au cours d'un
essai de phase I) est administré à
un groupe de malades dans le
but de déterminer l'efficacité
thérapeutique, les doses
optimales et la sécurité du
traitement (Quel est le mode
d’administration et la dose
maximale tolérée ?).
 Essais cliniques et maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM-Téléthon.
Essai de phase II
Évaluer la tolérance et l'efficacité du bélimumab
(Promoteur : GlaxoSmithKline)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
terminé. Essai
en cours
40
(plus de 18
ans)
Allemagne,
Canada, ÉtatsUnis, Italie
6 mois
Avril 2014 –
Octobre 2015
Le tacrolimus
Le tacrolimus est un immunosuppresseur utilisé dans la prévention du
rejet du greffe.
Essai de phase III
Évaluer la sécurité d’utilisation et l'efficacité du tacrolimus chez des patients
pour lesquels la corticothérapie est inefficace
(Promoteur : Astellas Pharma Inc)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début-Fin
Terminé.
Données en
cours
d’analyse
83
(de 18 à 70
ans)
Chine
6 mois
Mars 2011 –
Mai 2014
Essai Myastérix
Un candidat-vaccin thérapeutique, CV-MG01, est à l’étude dans un essai
de phase Ib en Belgique.
10 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
Le CV-MG01 est un vaccin composé de peptides qui vont mimer le
récepteur de l’acétylcholine. Il a montré son efficacité dans un modèle de
chien spontanément atteint de myasthénie.
Le CV-MG01 a reçu le statut de médicament orphelin aux États-Unis et en
Europe.
Essai Myasterix
Évaluer la sécurité d’utilisation, la tolérance et l’immunogénicité du CV-MG01
(Promoteur : CuraVac)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début-Fin
Recrutement
en cours
32
(de 18 à 64
ans)
Belgique
2 ans
Novembre
2015 –
Septembre
2016
L’exercice
La fatigue généralisée dans la myasthénie entraîne un mode de vie
sédentaire et un important déconditionnement physique, qui lui-même
peut conduire à une forme physique diminuée (fatigue, risque accru
d’obésité, d’hypertension, de diabète de type 2 et de dyslipidémie du fait
de la sédentarité).
Essai MGEX
Évaluer la tolérance et l'efficacité de l'exercice pendant 3 mois sur une
machine à ramer
(Promoteur : Assistance Publique - Hôpitaux de Paris)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début-Fin
Recrutement
en cours
42
(de 18 à 70
ans)
France
9 mois
Octobre 2014
- Décembre
2017
Un médicament orphelin est
un médicament développé pour
le traitement d’une maladie dite
orpheline, c’est-à-dire une
maladie rare. La désignation de
« médicament orphelin »
s’applique à des candidatsmédicaments (qui n’ont pas
encore fait leur preuve
d’efficacité) dans les maladies
rares, dans le but de faciliter les
différentes étapes de leur
développement. Pour les
entreprises pharmaceutiques, le
coût de mise sur le marché d’un
produit préconisé dans une
maladie rare ne serait pas
couvert par les ventes attendues
sur ce marché "restreint" du fait
du peu de personnes concernées.
C'est pourquoi, sous la pression
des associations de maladies
rares, une politique incitative
économique a été mise en place
pour encourager les entreprises
pharmaceutiques à développer
et à commercialiser des
médicaments orphelins à
destination des patients atteints
de maladies rares et laissées
pour compte.
WEB www.eurordis.org/fr >
Médicaments orphelins
WEB www.afm-telethon.fr/myasthenie-autoimmune-exercice-essai-mgex-6677
Essai de l’entraînement physique
Évaluer les effets d’un entraînement physique pendant 3 mois sur l'activité
physique, la force, la remise en forme, la fonction pulmonaire
(Promoteur : Baltimore VA Medical Center)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début-Fin
Recrutement
en cours
30
(de 18 à 70
ans)
États-Unis
3 mois
Janvier 2010 –
Décembre
2020
Développer des traitements dans les myasthénies réfractaires
Le rituximab
Le rituximab est un médicament qui réduit le nombre de lymphocytes B et
est déjà utilisé dans le traitement de certaines leucémies et de maladies
autoimmunes. Plusieurs études ont montré que le rituximab améliore les
11 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
symptômes et réduit la dépendance aux corticoïdes dans des myasthénies
auto-immunes réfractaires aux traitements classiques.
Essai FORCE
Au cours d'un essai clinique de
phase II, un médicament, dont il
a été montré au préalable qu'il
était bien toléré (au cours d'un
essai de phase I) est administré à
un groupe de malades dans le
but de déterminer l'efficacité
thérapeutique, les doses
optimales et la sécurité du
traitement (Quel est le mode
d’administration et la dose
maximale tolérée ?).
 Essais cliniques et maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM-Téléthon.
Essai de phase II
Évaluer l'effet sur 18 mois du rituximab dans le traitement des myasthénies
généralisées réfractaires aux traitements habituels
(Promoteur : Assistance Publique - Hôpitaux de Paris)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début-Fin
Terminé.
Données en
cours
d’analyse
12
(de 18 à 80
ans)
France
18 mois
Janvier 2008 Décembre
2011
Essai du rituximab aux États-Unis
Essai de phase II
Évaluer la sécurité d’utilisation et le bénéfice du rituximab dans le traitement
de la myasthénie afin de programmer une étude d’efficacité plus
approfondie de phase III
(Promoteur : Yale University)
Le complément est un système
complexe, composé de différentes
protéines, qui est impliqué dans
la défense de l'organisme par le
système immunitaire. En se fixant
aux anticorps, ils forment un
complexe capable d’attaquer les
récepteurs membranaires. C’est le
mécanisme majeur des anticorps
anti-récepteur de l’acétylcholine
dans la myasthénie autoimmune.
Le protéasome est un complexe
enzymatique responsable de la
dégradation des protéines mal
repliées, dénaturées ou obsolètes
pour la cellule. Les protéines à
dégrader sont marquées par une
protéine appelée ubiquitine. Il
faut une chaîne d'au moins
quatre ubiquitines pour que le
protéasome reconnaisse la
protéine à dégrader.
12 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
en cours
50
(de 21 à 90
ans)
États-Unis
1 an
Mai 2014 Décembre
2017
L’eculizumab
L’eculuzimab est un anticorps qui bloque l’activation du complément.
Essai de phase III
Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité de l’éculizumab dans le
traitement de myasthénie généralisées réfractaires aux traitements habituels
(Promoteur : Alexion Pharmaceuticals)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début - Fin
Recrutement
terminé, Essai
en cours
92
(plus de 18
ans)
International
(dont la
France)
6 mois
Décembre
2013 - Février
2016
Extension de la phase III
Recrutement
en cours
92
(plus de 18
ans)
International
(dont la
France)
4 ans
Novembre
2014 - Janvier
2019
Le bortezomib
Le bortezomib est un inhibiteur du protéasome déjà utilisé dans le
traitement de myélomes multiples.
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
Essai de phase II
Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité du bortezomib dans le traitement
de myasthénies généralisées réfractaires aux traitements habituels
(Promoteur : Charite University)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Recrutement
en cours
18
(de 18 ans à
75 ans)
Allemagne
Durée du
suivi
Début - Fin
30 semaines Octobre 2014 Décembre
2016
La thérapie cellulaire dans la myasthénie généralisée
La thérapie cellulaire consiste à remplacer des cellules déficientes ou
anormales par des cellules souches. Cette technique consiste à, dans un
premier temps, prélever des cellules soit chez le patient à traiter
(autogreffe), soit chez un donneur (allogreffe). Ces cellules sont ensuite
purifiées, modifiées le cas échéant, puis multipliées en laboratoire. Elles
sont alors injectées à la personne malade par voie sanguine ou dans
l'organe à traiter.
Les cellules souches hématopoïétiques sont des cellules à l’origine des
différentes cellules du sang.
Efficacité d’une thérapie cellulaire par greffe de cellules souches
hématopoïétique
Les résultats d’une étude canadienne ayant concerné 7 personnes
atteintes d’une forme sévère de myasthénie traitées par auto-greffe de
cellules souches hématopoïétiques ont été publiés en avril 2016. Ils
montrent que cette stratégie s’est révélée efficace à long terme et a
permis la rémission stable et complète de la myasthénie. A noter qu’un
patient a développé une seconde maladie auto-immune après le
traitement.
Myasthenia Gravis Treated With Autologous Hematopoietic Stem Cell
Transplantation.
Bryant A, Atkins H, Pringle CE, Allan D, Anstee G, Bence-Bruckler I, Hamelin L, Hodgins
M, Hopkins H, Huebsch L, McDiarmid S, Sabloff M, Sheppard D, Tay J, Bredeson C.
JAMA Neurol., 2016 (Avr).
Un essai de thérapie cellulaire en cours
Essai de phase I
Évaluer la faisabilité et la toxicité d’une transplantation de cellules souches
hématopoïétiques autologue
(Promoteur : Northwestern University)
Statut
Nombre de
participants
(âge)
Pays
Durée du
suivi
Début-Fin
Recrutement
terminé. Essai
en cours
10
(de 15 ans à
65 ans)
États-Unis
5 ans
Février 2002 –
Février 2018
Les cellules souches possèdent à
la fois la capacité de se multiplier
à l’identique pour produire de
nouvelles cellules souches (autorenouvellement) et celle de
donner naissance, dans des
conditions déterminées, à des
cellules différenciées (cellules
sanguines, cellules du foie,
cellules musculaires...).
Au cours d'un essai clinique de
phase I un médicament dont
l'intérêt thérapeutique a été
montré sur des modèles animaux
et/ou cellulaires (essais
précliniques) est administré pour
la première fois à un petit
groupe de volontaires sains, plus
rarement à des malades, afin
d'évaluer leur tolérance à la
substance en fonction de la dose
(Comment le futur traitement
est-il absorbé et éliminé ?
Comment se fait sa répartition
dans les organes ? Est-il toxique
et à quelles doses ? Existe-t-il des
effets secondaires ?).
 Essais cliniques et maladies
neuromusculaires, Repères Savoir &
Comprendre, AFM-Téléthon.
13 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
Développer des traitements dans la myasthénie oculaire
Des résultats encourageants de l’essai EPITOME
L’essai EPITOME est le premier essai visant à évaluer la tolérance et
l'efficacité de la prednisone pendant 4 mois chez des personnes atteintes
de myasthénie oculaire nouvellement diagnostiquées et dont les
symptômes n'ont pas été améliorés par un inhibiteur de la cholinestérase
(comme la pyridostigmine).
Le critère principal d’évaluation de cet essai, qui a concerné 11 participants
(6 sous prednisone et 5 sous placebo), était l’échec du traitement, c'est-àdire l’impossibilité de la prednisone à réduire durablement (pendant 4
semaines) la symptomatologie (ni symptômes, ni gêne fonctionnelle liés à
la myasthénie).
Les résultats de cet essai multicentrique (États-Unis et Canada), publiés en
juillet 2015, ont mis en évidence un bénéfice statistiquement et
cliniquement significatif de la prise de prednisone : au bout de 4 mois
de traitement, la prise de prednisone a été efficace chez 5 des 6
participants sous prednisone (83%), alors que 100% des participants sous
placebo étaient en échec de traitement (aucune période de rémission
fonctionnelle d’au moins 4 semaines). De plus, aucun des participants sous
prednisone n’a vu sa myasthénie oculaire évoluer en myasthénie
généralisée.
À la fin de l’essai, 3 des 5 participants sous placebo ont pris une forte dose
de prednisone (60 mg/jour) et ont eu une réduction prolongée de leur
symptomatologie au bout de 4 à 8 semaines.
Alors que 80 participants étaient initialement prévus, l’essai a été réalisé
chez 11 participants. La difficulté rencontrée dans cet essai a été, du fait de
la rareté de la maladie, un très long délai d’inclusion (de janvier 2011 à
octobre 2013 dans 9 centres investigateurs).
Compte tenu de la petite taille de l’échantillon étudié, ces résultats
encourageants doivent être confirmés sur un plus grand nombre de
personnes atteintes de myasthénie oculaire.
Efficacy of Prednisone for the Treatment of Ocular Myasthenia (EPITOME): A
Randomized Controlled Trial.
Benatar M, McDermott MP, Sanders DB, Wolfe GI, Barohn RJ, Nowak RJ, Hehir M, Juel
V, Katzberg H, Tawil R; Muscle Study Group (MSG).
Muscle Nerve. 2015 (Juil)
D’autres avancées médico-scientifiques
Des outils pour la recherche
Un modèle animal est un
animal qui reproduit les
caractéristiques de la maladie (à
la fois sur le plan génétique et sur
le plan clinique) permettant
l'étude des mécanismes de la
maladie ou l'essai de traitements
potentiels.
Parmi les outils mis en place par les chercheurs, les modèles animaux
constituent un des moyens pour mieux comprendre la myasthénie autoimmune et tester de nouvelles approches thérapeutiques.
Les modèles animaux les plus utilisés par les chercheurs sont ceux pour
lesquels la myasthénie a été induite expérimentalement, comme la souris
modèle de myasthénie auto-immune expérimentale pour la myasthénie
avec anticorps anti-RACh.
Un modèle de souris pour la myasthénie à anticorps anti-MuSK
Récemment, une équipe australienne a mis au point un modèle de souris
reproduisant la myasthénie liée à MuSK en lui injectant le récepteur
MuSK dans le but de provoquer la formation d’auto-anticorps dirigés
14 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
contre cette protéine. Ces souris présentent une altération de la
transmission neuromusculaire liée notamment à la perte progressive de
MuSK. Comme MuSK est impliqué dans le regroupement des RACh, une
perte de RACh au niveau de la membrane post-synaptique est également
rapportée.
Dans le but d’augmenter la synthèse de MuSK pour en contrebalancer la
perte due aux auto-anticorps, les chercheurs ont injecté à ces souris
modèles un virus adéno-associé (AAV) transportant le gène qui code
MuSK. Le transfert du gène MuSK a entrainé une augmentation de
production de la protéine MuSK qui protège la souris de la perte des
RACh malgré la présence des auto-anticorps anti-MuSK.
Forced expression of muscle specific kinase slows postsynaptic acetylcholine
receptor loss in a mouse model of MuSK myasthenia gravis.
Ghazanfari N, Linsao EL, Trajanovska S, Morsch M, Gregorevic P, Liang SX, Reddel SW,
Phillips WD.
Physiol Rep., 2015( Déc).
Un modèle de myasthénie avec des anomalies du thymus
Les cellules thymiques de personnes atteintes de myasthénie présentent
une surprexpression d’une molécule potentiellement responsable de
l’attraction des lymphocytes B, la chimiokine CXCL13.
En faisant surexprimer CXCL13 dans le thymus des souris et en leur
injectant des RACh, une équipe française, soutenue par l’AFM-Téléthon, a
mis au point un modèle de souris atteinte de myasthénie qui mime
également l’atteinte au niveau du thymus (ce qui n’était pas le cas des
modèles développés jusqu’à présent).
Novel CXCL13 transgenic mouse: inflammation drives pathogenic effect of
CXCL13 in experimental myasthenia gravis.
Weiss JM, Robinet M, Aricha R, Cufi P, Villeret B, Lantner F, Shachar I, Fuchs S,
Souroujon MC, Berrih-Aknin S, Le Panse R.
Oncotarget. 2016 (Fév).
Sur la piste des éventuelles causes virales de la myasthénie
Depuis plusieurs années, l’hypothèse d’une infection
déclencherait le dysfonctionnement du thymus est à l’étude.
virale
qui
Des traces d’infection par le virus d’Epstein-Barr
Une étude avait mis en évidence la présence de protéines du virus
d’Epstein-Barr (EBV) dans le thymus de personnes atteintes de myasthénie
auto-immune alors qu’il est absent de celui de personnes non atteintes.
▪ L’équipe à l’origine de cette observation a récemment montré une
augmentation significative de la quantité d’ARN messagers de TLR7
et TLR9 dans des thymus atteints de myasthénie et infectés par l’EBV.
Cela suggère que la voie de signalisation de TLR7/TLR9 pourrait être
activée dans les thymus myasthéniques et infectés par l’EBV et contribuent
aussi à la perturbation de la tolérance par les lymphocytes B,
l’inflammation à long terme et au maintien de la réponse auto-immune
dans les thymus de patients.
Increased expression of Toll-like receptors 7 and 9 in myasthenia gravis thymus
characterized by active Epstein-Barr virus infection.
Cavalcante P, Galbardi B, Franzi S, Marcuzzo S, Barzago C, Bonanno S, Camera G,
Maggi L, Kapetis D, Andreetta F, Biasiucci A, Motta T, Giardina C, Antozzi C, Baggi F,
Mantegazza R, Bernasconi P.
Immunobiology. 2016 (Avr).
Le virus adéno-associé (AAV
pour adeno-associated virus) est
un petit virus à ADN, qui peut
infecter l'être humain. Toutefois,
il ne provoque pas de maladie et
n'entraine qu'une réponse
immunitaire de défense modérée.
Une fois à l'intérieur des cellules,
l’AAV, comme tous les virus,
incorpore ses gènes dans
l'ensemble des gènes de la cellule
infectée. Il est utilisé en génie
génétique comme vecteur pour la
thérapie génique.
Les TLR (pour Toll like
receptors) sont des récepteurs
présents à la surface des cellules
immunitaires qui vont
reconnaitre des morceaux de
parasites, bactérie, virus… Ainsi,
quand un agent pathogène
pénètre dans l'organisme, un (ou
plusieurs) TLR va s’associer à lui
et activer des voies de
signalisation dans le but
d’éliminer l’agent pathogène.
Les voies de signalisation
cellulaire permettent de
transmettre un message à
l'intérieur d'une cellule pour
moduler son activité (croissance,
division, différenciation, mort...).
Le message peut provenir
d'autres cellules de l'organisme
ou de l'environnement extérieur.
Son arrivée au niveau d'un
récepteur de la cellule déclenche
une cascade de réactions qui va
modifier le comportement de la
cellule.
15 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
Des traces d’infection par le virus du Nil occidental
En analysant le sérum de 29 personnes atteintes de myasthénie liée à
RACh, une équipe italienne a mis en évidence la présence d’anticorps
dirigés contre le virus de Nil occidental chez 17% d’entre elles. Aucune
manifestation liée à l’infection virale n’a cependant été rapportée.
Ces résultats viennent confirmer d’autres travaux suggérant que l’infection
par le virus pourrait être un facteur de risque supplémentaire pour
déclencher une myasthénie.
Seropositivity for West Nile Virus Antibodies in Patients Affected by Myasthenia
Gravis.
Greco M, Cofano P, Lobreglio G.
J Clin Med Res., 2016 (Mars).
L’hypothèse d’un rôle des hormones dans la myasthénie et les
maladies autoimmunes se confirme
Un facteur de transcription est
une protéine qui régule
l'expression des gènes, soit en
activant, soit en inhibant leur
transcription.
La plus grande fréquence de femmes atteintes de myasthénie que
d’hommes dans la forme jeune de la maladie, suggère l’hypothèse de
l’implication des hormones sexuelles dans le déclenchement de la maladie.
Il existe chez les femmes, dès la puberté, une diminution de l’expression
du facteur de transcription AIRE (pour Auto-immune regulator), qui n’est
pas retrouvée chez les hommes. AIRE est un facteur clé pour la tolérance
immune.
▪ Très récemment, une équipe de l’Institut de Myologie a montré que,
comme chez la souris, le facteur AIRE est moins exprimé dans le
thymus de femmes que celui d’hommes. Ce sont les œstrogènes qui
sont responsables de la baisse de l'expression du facteur AIRE dans les
cellules thymiques des femmes et augmentent ainsi la sensibilité des
femmes aux maladies auto-immunes.
Les niveaux d'expression de AIRE peuvent donc indiquer une
prédisposition à une maladie auto-immune.
Estrogen-mediated downregulation of AIRE influences sexual dimorphism in
autoimmune diseases.
Dragin N, Bismuth J, Cizeron-Clairac G, Biferi MG, Berthault C, Serraf A, Nottin R,
Klatzmann D, Cumano A, Barkats M, Le Panse R, Berrih-Aknin S.
J Clin Invest., 2016 (Avr).
Des méthodes de détection des auto-anticorps plus sensibles
La titine est une très grande
protéine musculaire qui est
impliquée dans le développement
et la structure du sarcomère.
Certaines personnes atteintes de
myasthénie présentent des autoanticorps anti-titine.
16 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
On estime à environ 5% des personnes atteintes de myasthénie autoimmune, la proportion de personnes atteintes de myasthénie triple
séronégative, c’est-à-dire chez qui on ne retrouve ni auto-anticorps antiRACh, ni auto-anticorps anti-MuSK, ni auto-anticorps anti-LRP4.
Une équipe européenne rassemblant 13 pays a cherché à améliorer la
sensibilité des méthodes de détection des auto-anticorps dans la
myasthénie.
▪ Dans une première étude, l’analyse du sérum de 633 personnes atteintes
de myasthénie triple séronégative par une technique appelée « cell based
assay », basée sur l’étude des cellules, a mis en évidence la présence
d’auto-anticorps anti-MuSK chez 13% de ces personnes atteintes de
myasthénie triple séronégative.
▪ Dans une seconde étude, la même équipe a analysé le sérum de 667
personnes atteintes de myasthénie (dont 372 étaient séronégatives) par
une méthode existante pour détecter des anticorps anti-titine, dont elle a
amélioré la sensibilité. Les chercheurs ont ainsi détecté des auto-
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
anticorps anti-titine non seulement chez 40,9% des personnes atteintes
de myasthénie liée à RACh, chez 14,6% des personnes atteintes de
myasthénie anti-MuSK (14,6%) et chez 16,4% des personnes atteintes de
myasthénie anti-LRP4, mais aussi chez 13,4% des personnes atteintes de
myasthénie triple séronégative.
MuSK autoantibodies in myasthenia gravis detected by cell based assay--A
multinational study.
Tsonis AI, Zisimopoulou P, Lazaridis K, Tzartos J, Matsigkou E, Zouvelou V, Mantegazza
R, Antozzi C, Andreetta F, Evoli A, Deymeer F, Saruhan-Direskeneli G, Durmus H,
Brenner T, Vaknin A, Berrih-Aknin S, Behin A, Sharshar T, De Baets M, Losen M,
Martinez-Martinez P, Kleopa KA, Zamba-Papanicolaou E, Kyriakides T, KosteraPruszczyk A, Szczudlik P, Szyluk B, Lavrnic D, Basta I, Peric S, Tallaksen C, Maniaol A,
Casasnovas Pons C, Pitha J, Jakubíkova M, Hanisch F, Tzartos SJ.
J Neuroimmunol., 2015 (Juil).
Titin antibodies in "seronegative" myasthenia gravis - A new role for an old
antigen.
Stergiou C, Lazaridis K, Zouvelou V, Tzartos J, Mantegazza R, Antozzi C, Andreetta F,
Evoli A, Deymeer F, Saruhan-Direskeneli G, Durmus H, Brenner T, Vaknin A, BerrihAknin S, Behin A, Sharshar T, De Baets M, Losen M, Martinez-Martinez P, Kleopa KA,
Zamba-Papanicolaou E, Kyriakides T, Kostera-Pruszczyk A, Szczudlik P, Szyluk B, Lavrnic
D, Basta I, Peric S, Tallaksen C, Maniaol A, Gilhus NE, Casasnovas Pons C, Pitha J,
Jakubíkova M, Hanisch F, Bogomolovas J, Labeit D, Labeit S, Tzartos SJ.
J Neuroimmunol., 2016 (Mars).
Facteurs prédictifs de l’évolution d’une myasthénie oculaire vers une
myasthénie généralisée
Dans une grande majorité des cas, la myasthénie auto-immune débute par
une atteinte au niveau des muscles des yeux ; on parle de myasthénie
oculaire. Puis, dans un certain nombre de cas, d’autres symptômes se
mettent à apparaître progressivement et la myasthénie se généralise à
tout le corps ; on parle de myasthénie généralisée.
A l’heure actuelle, il n’existe pas de test permettant de déterminer le
risque de développer une myasthénie généralisée chez une personne
atteinte d’une myasthénie oculaire.
▪ C’est pourquoi une équipe britannique a réalisé une étude chez 101
personnes atteintes de myasthénie oculaire depuis au moins 3 mois et ne
prenant pas d’immunosuppresseur pour identifier des facteurs prédictifs
de survenue secondaire de myasthénie généralisée. Sur les 101 personnes,
32 ont développé une myasthénie généralisée au bout d’un an et demi et
19 dans les 2 ans.
Les chercheurs ont identifié 3 facteurs significativement prédictifs : la
séropositivité aux autoanticorps, la présence d’au moins une autre
maladie (y compris une maladie auto-immune) et l’hyperplasie
thymique. Ils ont également mis au point un score prognostic permettant
de qualifier le risque de développer une myasthénie généralisée comme
faible ou fort.
Ocular Myasthenia Gravis: Toward a Risk of Generalization Score and Sample
Size Calculation for a Randomized Controlled Trial of Disease Modification.
Wong SH, Petrie A, Plant GT.
J Neuroophthalmol., 2016 (Mars)
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17 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
Savoir & Comprendre
Avancées dans la myasthénie auto-immune
▪ Pour en savoir plus sur la recherche dans la myasthénie auto-immune
vous pouvez consulter le Zoom sur…la recherche dans la myasthénie autoimmune qui présente les connaissances scientifiques et les pistes
thérapeutiques dans la myasthénie auto-immune.
 Zoom sur… la recherche dans la [maladie neuromusculaire]
▪ Tout au long de l'année, suivez l'actualité de la recherche dans les
maladies neuromusculaires sur le site de l’AFM-Téléthon :
WEB www.afm-telethon.fr > Voir toutes les Actus> Maladies
18 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016
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