transplantation, notamment si le patient
a un antécédent de sensibilisation. Les
deux tiers de ces rejets s’accompa-
gneront d’une dysfonction de greffon.
Les rejets à médiation par anticorps
peuvent également survenir tardivement
dans l’histoire du greffé (mois ou
années), 10 à 15 % de ces patients se
présentant avec un tableau de dysfonction
de leur greffon.
Le rejet par médiation par anticorps est
caractérisé par une combinaison de carac-
téristiques histologiques et immunohisto-
chimiques centrées sur les capillaires
myocardiques. Les capillaires sont
congestifs, avec des éléments de lésions
endothéliales, de cytoplasmes œdéma-
tiés, le noyau des cellules endothéliales
élargies (“cellules endothéliales gon-
flées”). Il y a de très nombreux macro-
phages présents dans la lumière des vais-
seaux. En fait, la plupart des cellules
intravasculaires qui étaient initialement
décrites comme des “cellules endothé-
liales gonflées” ont été finalement identi-
fiées comme des macrophages. On obser-
ve souvent des hémorragies interstitielles
de l’œdème et des neutrophiles à l’inté-
rieur et autour des capillaires. L’incidence
de ces rejets augmente chez les patients
avec un antécédent de sensibilisation aux
antigènes HLA. Parmi les causes d’allo-
sensibilisation, on inclut des antécédents
de transplantation, de transfusions, de
grossesses. Les transfusions de plaquettes
chez les patients sous assistance circula-
toire (LVAD) ont également été associées
à une augmentation du risque d’immuni-
sation, avec l’apparition d’immunoglobu-
lines G anti-HLA de classe 1. De plus, les
patients sous assistance circulatoire vont
développer une activation des cellules B
responsables de l’augmentation de la pro-
duction d’anticorps anti-HLA de classe 1
et de classe 2. L’apparition en post-trans-
plantation d’anticorps anti-HLA est éga-
lement associée au rejet à médiation par
anticorps, associé également au dévelop-
pement de l’athérosclérose du greffon.
Par ailleurs, nous avons actuellement de
plus en plus d’arguments pour considé-
rer qu’un certain nombre de ces rejets
médiés par des anticorps dépendent
d’anticorps non anti-HLA (MICA
[major histocompatibility class 1-rela-
ted chain A]), vimentine, protéines du
choc thermique, cellules musculaires
squelettiques, myosines cardiaques.
Parmi les autres facteurs prédictifs de la
survenue d’un rejet à médiation par anti-
corps, on note que ces rejets surviennent
plus volontiers chez les femmes (52 %
versus 26 %) dans la série de Fishbein et
chez les patients ou patientes porteurs
d’un cross-match positif (32 %, versus
12 %). On retient donc comme facteurs
de risque le sexe féminin, l’augmenta-
tion des anticorps anti-HLA (PRA), le
cross-match positif, les patients CMV+
et les antécédents de greffe.
Le diagnostic repose sur la fixation de
C4d sur l’endothélium des capillaires.
Cette fraction du complément est une
fraction inactive du C4b, fixation forte sur
l’endothélium, plus sensible que les autres
marqueurs précédemment étudiés (C1q,
C3). Dans une analyse comparant l’im-
munofluorescence et les marquages par
immunoperoxydase sur 1 104 biopsies de
442 patients réalisées à Los Angeles, il
semble que le marquage par immunofluo-
rescence (marquage du C4d) apporte une
sensibilité pour le diagnostic du rejet de
54 %, une spécificité de 93 %, une valeur
prédictive positive de 43,7 % et une valeur
prédictive négative de 95,5 %. Cela dit, la
sensibilité est faible (54 %), ce qui signi-
fie que la moitié des biopsies endomyo-
cardiques avec pourtant rejet humoral
étaient C4d-négatives…
M.C. Fishbein a conclu sa présentation
en rappelant les difficultés du diagnos-
tic, l’importance de rechercher systéma-
tiquement les rejets humoraux en fonc-
tion des possibilités locales, soit en ana-
lysant l’ensemble de la population, soit
en se concentrant sur les patients à haut
risque (femme, patiente multipare, élé-
vation du PRA, etc.). Les patients avec
un antécédent de rejet humoral doivent
également être suivis par des biopsies
ultérieures et être surveillés sur le plan
de la production d’anticorps anti-HLA
de classe 1 et de classe 2.
La présentation de R.N. Pierson était
axée sur les anticorps non anti-HLA et
l’athérosclérose du greffon. En effet, on
identifie aujourd’hui en transplantation
cardiaque un certain nombre d’anticorps
dirigés contre des protéines qui étaient
connues comme étant impliquées dans
des réactions auto-immunes : la vimen-
tine, les protéines de stress thermiques,
la myosine cardiaque ou le collagène de
type 5 (plutôt dans le poumon).
L’apparition de ces anticorps signe en
fait la perte de notre tolérance au soi,
plus spécialement en ce qui concerne la
vimentine, qui est une protéine de struc-
ture non spécifiquement cardiaque, puis-
qu’on la trouve également dans les vais-
seaux, les fibroblastes, les macrophages,
les cellules blanches ou le myocarde
fœtal. Les preuves de l’implication des
anticorps anti-vimentine en pathologie
dérivent des modèles expérimentaux ou
cliniques, puisqu’on a pu associer l’ap-
parition d’anticorps anti-vimentine à
l’augmentation de l’incidence de l’athé-
rosclérose du greffon. L’essai clinique
comparant mycophénolate mofétil
(MMF) et azathioprine (AZA) avait éga-
lement permis d’observer que l’incidence
et le titre des anticorps anti-vimentine
parallèlement à l’athérosclérose du greffon
étaient diminués par le MMF versus
AZA (Rose M et al. J Heart Lung
Transplant 2002;21[2]:282-5).
R.N. Pierson a également évoqué son
travail sur des transplantations car-
diaques chez le singe, où l’augmenta-
tion de ces anticorps s’associe à une
augmentation de l’athérosclérose.
Le Courrier de la Transplantation - Volume VI - n
o
2 - avril-mai-juin 2006
124
Congrès
réunion